Les chiens aboient. La caravane passe

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Derkos Vardrin
Capitaine Pirate
Derkos Vardrin

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Les chiens aboient. La caravane passe EmptyMar 3 Juil 2012 - 13:09
La brise marine qui soufflait depuis tôt le matin ne semblait pas être en passe de stopper et c'est avec un léger frisson que Derkos resserra le foulard qu'il aimait porter autour du cou, tant pour passer inaperçu que pour se protéger des assauts de son pire ennemi, le vent, lorsqu'il était en mer. À ses côtés, Salem qui marchait avec la jeune femme qu'il venait tout juste d'acheter après des négociations plus que musclées avec le marchand d'esclaves d'Omar. La jeune femme, éloignée de la cage et de la captivité dans laquelle elle avait été retenue pendant Eru sait seul combien de temps, paraissait plus élancée et élégante que la première impression qu'avait eu le capitaine. En fait il l'aurait vu comme ça au premier coup d'oeil et il se la serait peut être achetée pour lui avant de la revendre au premier bordel venu, pratique dont il avait l'habitude et qu'il affectionnait particulièrement étant donné qu'elle lui apportait des ristournes non négligeables dans ces mêmes bordels. Enfin bref, une petite vie bien tranquille en somme.

La rue dans laquelle ils se trouvaient à présent était une artère secondaire aux grands axes de la ville (enfin axes, c'est un bien grand mots pour une cité construite de manière chaotique et dont l'ordre est un mot rayé du dictionnaire...il y a même pas de dictionnaire là bas en fait !), et avachis sur les trottoirs pavés puant de celle-ci se trouvaient bon nombre de mendiants et estropiés qui espéraient sûrement grapiller quelques pièces des passants qui passer (d'où leur nom d'ailleurs) devant eux, ou au moins ramasser ce qui pouvait tomber de leur poche. Et peut être même plus à voir l'expression malsaine qu'on pouvait voir dans leurs petits yeux fatigués lorsque leur regard se portait sur l'esclave que venait de s'acheter Salem. D'une claque sur l'épaule, il capta l'attention de son compagnon :

"Fais gaffe à ta petite prise mon ami, il y en a deux ou trois dans le coin qui ne refuserait ton petit bout de viande. Pressons le pas, je pense pas avoir le courage de mourir aujourd'hui."

Après un petit rire moqueur Derkos balaya tout de même la rue avec un regard suspicieux afin de s'assurer qu'ils ne risquaient quand même vraiment rien, on est jamais trop sûr avec le genre d'énergumène qui traîne dans les ruelles encrassées de la cité pirate.


Dernière édition par Derkos Vardrin le Jeu 5 Juil 2012 - 14:17, édité 1 fois
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Ryad Assad
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Les chiens aboient. La caravane passe EmptyMer 4 Juil 2012 - 0:11
La négociation avec le petit marchand était enfin terminée. Il m'avait fallu utiliser plus d'influence que je ne le pensais en entrant, et j'étais très satisfait d'avoir obtenu gain de cause, même si pour cela j'avais dû mettre en péril ma couverture. Enfin mettre en péril...J'avais surtout été à deux doigts de mettre en péril la vie du marchand. J'avais capté quelque chose qui dépassait la simple escroquerie, mais je n'avais pas compris de quoi il s'agissait. Fort heureusement, je n'avais pas eu à en arriver à de telles extrémités, et j'avais pu effectuer mon paiement sans avoir à le menacer physiquement. La captive fut libérée de son collier de sûreté, et elle me fut confiée sans rien d'autre que ce qu'elle portait sur elle : une tunique qui ne couvrait guère plus que la pudeur, et qui était bien insuffisante à l'heure où le temps fraîchissait anormalement. Je ne fis cependant aucun commentaire au vendeur, qui devait être excédé par ma présence, et qui ne faisait aucun effort pour le cacher. Je lui répondis par le plus sincère désintérêt, et une fois que les dernières formalités furent remplies, je m'éclipsai non sans me fendre d'un "Au revoir" des plus sadiques. Non. Il ne devait pas avoir envie de me revoir.

Je me retrouvai dehors, une esclave sous le bras, sans vraiment trop savoir quoi en faire. J'avais agi sur un coup de tête, ce qui ne m'arrivait pour ainsi dire jamais, et je devais maintenant réfléchir à ce que j'allais faire. Le plus sage serait encore de la renvoyer par les rues, qu'elle se débrouille toute seule, et qu'elle vive sa propre vie - et puis cela m'évitait d'avoir à m'en occuper. J'avais acheté sa liberté parce qu'elle ressemblait à ma défunte épouse...mais elle n'était pas Samia, et peut-être que si je me séparais d'elle immédiatement, tout cette histoire finirait par être oubliée.

- Maintenant que vous êtes librre, fis-je d'un ton que je voulais tranquille et rassurant, vous pouvez parrtirr. Allez où il vous plaîrra...

Je pensais bien faire. Je pensais que c'était ce qu'elle attendait. Depuis combien de temps était-elle au service de ce marchand d'esclave ? Depuis combien de temps attendait-elle d'être achetée par un passant, en espérant qu'il ne la maltraite pas davantage, en espérant qu'elle ne quitterait pas sa prison dorée pour devenir fille de joie ? Que pouvait-elle espérer d'autre de la vie que la liberté ? En tous cas, moi...je n'aurais pas hésité. Mais pas elle. Au lieu de quoi, elle se dressa de toute sa hauteur, fit une moue qui trahit sa mauvaise humeur, et lança avec impertinence :

- Vous vous moquez de moi !? Vous m'avez fait sortir de là pour me jeter en pâture à cette ville horrible ? Je serai morte avant ce soir ! Seriez-vous donc sans cœur ?

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle avait du caractère, et pas peur d'ouvrir sa bouche quand ça lui chantait. Toutefois, si elle voulait survivre, il allait falloir qu'elle se plie aux règles - les miennes, en l'occurrence.

- Que je sache, c'est moi qui vous ai acheté. Si vous ne souhaitez pas que je vous abandonne, baissez d'un ton. C'est clairr ? Je suis aux orrdrres de mon Capitaine, et tant que vous rresterrez, si tant est que vous vouliez rrester, vous serrez sous les miens. Comprris ?

Visiblement, elle ne s'attendait pas à ce qu'on lui parle de cette façon. J'avais parlé de manière assez martiale, et elle avait été contrainte de se taire, comme muselée par le pouvoir de l'épée que je portais au côté. Cependant, je n'avais pas totalement dominé son esprit rebelle, je le savais. Je voyais bien dans ses yeux froids et durs que ce n'était que partie remise. La présence de Vardrin, sans doute. Comme pour avoir le dernier mot elle conclut :

- Très bien, j'ai compris. Mais trouvez-moi quelque chose à me mettre. Je meurs de froid.


*
**

Nous avions quitté les principales rues de la ville, et il y avait à présent moins de monde, ce qui ne faisait pas les affaires d'Agathe. En effet, sa peau nue était exposée à la fraîcheur ambiante, et nous n'avions toujours pas trouvé où acheter des vêtements. Elle frissonnait perceptiblement à chaque fois que le vent se levait, et il n'était pas difficile de voir qu'elle n'en pouvait plus d'arpenter les rues. Les muscles finement dessinés de son dos étaient contractés, et elle avait ramené ses bras contre elle en une vaine protection. Ses pieds, chaussés de souliers trop fins pour la protéger réellement des aspérités de la route, semblaient avancer machinalement, portés par des jambes frappées d'horripilation. Pour ma part, je n'étais pas non plus totalement à mon aise, davantage habitué à des températures plus élevées. Toutefois, je jouissais d'une bien meilleure protection qu'elle - et sauf à me mettre à nu, j'aurais été bien incapable de m'en séparer. C'était pour cela qu'il nous fallait trouver de quoi la protéger au plus vite.

Vardrin avait observé d'un oeil mi-intéressé mi-blasé la tenue - et le corps - de l'esclave, et il en était sans doute parvenu aux mêmes conclusions, et quand je lui avais demandé s'il nous était possible, avant de continuer nos pérégrinations, de chercher un quelconque marchand susceptible de nous fournir des vêtements, il n'avait pas objecté. Mais malheureusement, le pirate n'était pas le seul à avoir noté que la mise d'Agathe était légère. Et ceux qui l'avaient noté ne la prenaient pas en pitié parce qu'elle avait froid, loin de là. Ces gens-là n'étaient pas nécessairement animés de bonnes intention à notre égard non plus, ceci dit. Cela n'avait pas échappé à mon regard particulièrement acéré, mais je n'avais rien dit, de peur, d'une part, d'intriguer mon désormais supérieur et, d'autre part, d'effrayer inutilement l'ancienne esclave. Visiblement, Vardrin ne s'embarrassait pas de telles considérations, et ce fut de manière assez crue qu'il me demanda de faire attention à mon "petit bout de viande". Je captai l'expression scandalisée d'Agathe, qui ne devait pas supporter de se faire traiter ainsi, et je lui sus gré de garder sa bouche fermée. Afin de préserver ma couverture, je haussai un sourcil interloqué, et jetai un coup d'oeil aux alentours sans me préoccuper de la discrétion, pour poser mon regard sur les quelques mendiants, parias et autres rebuts de la société qui nous dévisageaient avec un mélange subtil d'envie, de crainte et de haine.

Agathe, à qui le capitaine n'avait pas adressé directement la parole, mais qui comprenait très bien quelles étaient les implications de ce qu'il venait de dire, se rapprocha vivement de moi. Elle enserra mon bras droit entre les siens, et se pressa à mon côté. Elle désirait probablement éviter que je ne revienne sur ma décision, et que je finisse par l'abandonner. Mais elle avait peut-être aussi simplement envie de montrer aux mendiants qu'elle était plus qu'une marchandise dont nous pouvions nous séparer contre menaces. Et, à n'en pas douter, elle en profitait pour réchauffer son corps transi. La proximité soudaine entre nous aurait pu me faire m'empourprer, mais j'étais surtout concentré sur les sourires qui venaient d'apparaître sur le visage des plus hardis - ceux qui avaient leur quatre membres, pour ainsi dire. Ils décelaient la peur qui émanait de la jeune femme à mon bras, et, tels des prédateurs en pleine chasse, ils gagnaient en confiance. Il n'était pas difficile de les comprendre : un pirate dont le souci premier n'était vraisemblablement pas l'argent, escorté par un quarantenaire - je fais souvent plus vieux que mon âge - et par une donzelle à peine vêtue. Loin d'être impressionnant. Loin d'être décourageant. Le rire sec de Vardrin ne suffit pas à chasser la tension qui régnait entre nous. J'étais un soldat, rompu aux arts guerriers, mais je savais aussi bien que n'importe qui que dans un coupe gorge comme Umbar, même le plus aguerri des bretteurs pouvait recevoir une blessure fatale par le dernier des malandrins. A cet instant, j'aurais aimé pouvoir disposer de ma rutilante armure de plates, de mon épais bouclier d'acier poli et de mon menaçant casque hérissé de pointes. Mais je n'avais en tout et pour tout qu'une épée simple, que je n'étais même pas censé savoir manier correctement. Quelle plaie !

- À vos orrdrres, Capitaine, lançai-je d'un ton que je voulais proche de l'inquiétude qu'un érudit aurait dû ressentir en cet instant - et je n'eus pas besoin de trop forcer. Plus tôt nous parrtirrons d'ici, mieux...

Je n'eus pas le temps de finir ma phrase que deux ombres nous emboîtèrent le pas. Je ne la finis d'ailleurs pas, trop occupé à surveiller du coin de l'oeil les deux individus qui suivaient désormais le même chemin que nous. Ca n'était peut-être qu'une simple coïncidence, qu'un simple hasard, mais je préférais faire preuve de prudence, car ici plus qu'ailleurs, le Destin était malicieux. Et puis au vu de leur gabarit et de leur mine patibulaire, ils n'étaient sans doute pas moines pour deux pièces d'or. Les doigts d'Agathe se resserrèrent lentement autour de mon bras, et je devinai qu'elle avait, elle aussi, perçu un danger. J'inspirai profondément, cherchant à trouver un état de calme qui me permettrait soit de réfléchir à une option de fuite, soit de réagir promptement et efficacement à toute agression. Mais après tout, peut-être qu'ils cherchaient simplement à s'enrôler dans un équipage ?


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Les chiens aboient. La caravane passe EmptyMer 4 Juil 2012 - 15:27
- Si, moi j'vous l'dit ! Bientôt bah moi j'ch'rais r-roi du... du Gondor ! Oui monsieur !

Moi !


Denam déambulait oisivement dans les rues d'Umbar, bousculant les passants qui se risquaient dans ces dédales sinueuses, semblables aux tentacules d'une femme irascible qui aurait pris un malin plaisir à désorienter les badauds. Cette ville possédait une l'architecture disloquée en de nombreux couloirs labyrinthique, menat pour la plupart, à des impasses ou à des repaires de coupe-gorges. Denam admirait l'esprit intelligent de l'architecte qui avait conçu brillamment une cité efficace à gérer, où la justice pouvait aisément circuler et arrêter les malfrats. Sans doute l'engagerait-il, lui ou son petit fils - s'ils n'étaient pas morts, pour rebâtir Minas Tirith après sa prise de pouvoir.

Esquissant quelques mouvements aléatoires, l'index collé au pouce, il s'esquiva tout en dodelinant des reins, le nez froncé, les lèvres recourbées, après avoir remarqué quelques viols et détroussages en pleine rue. Des hommes en arme jetaient des cadavres dans le fleuve. Un pot à fleur tomba d'un bâtiment, manquant d'un cheveu de porter atteinte au royal couvre-chef du jeune noble.
Denam, pour on ne sait quelles raisons, avait les yeux cernés de maquillage noire, des défections d'oiseaux, à en juger l'odeur. Il portait toujours son gare-robe de seigneur haradrim qui semblait avoir un petit peu souffert du voyage : le noble tissu de pourpre de sa tunique s'était embarrassé de boue, sa chemise d'un blanc immaculé à l'origine, vacillait entre le vert et le noir, tandis que son épais manteau se cachait timidement derrière un mélange de tourbe, d'alcool, d'ordure, de crasse et de fange. Il venait de débourser le dernier bijou en sa possession pour s'acheter une autre bouteille qu'il tenait dans une main gantée de bandages tâchés par le sang. Un bouvier aurait hésité à deux fois avant de l'engager. Il s'en sortait uniquement grâce au petit poignard qu'il avait dissimulé contre sa cheville droite, au moyen de quelques bandages, ce qui lui permettait de détrousser quelques badauds égarés.

Le regard vide, perdu, il scrutait paresseusement les passants, cherchant une éventuelle cible encore plus désoeuvrée que lui. Son foie le faisait souffrir et son entrejambe se lamentait de n'avoir pas fait de l'exercice depuis des semaines. Il contempla son divin reflet dans une flaque d'eau. Certes, celui-ci avait connu des jours meilleurs, mais il avait toujours plus de charme qu'un elfe, même avec les cheveux crépus par la chaleur, un faciès injuriant la vie, une barbe mal entretenue. Peut-être avait-il encore ne serait-ce qu'une once de charme.
La vie est un risque, celui qui n'a pas risqué n'a pas vécu, sa rhétorique l'emporterait sûrement sur son physique.
Une fillette le bouscula, il tomba la tête la première dans son céleste reflet. La saveur de l'eau putride mêlé au sang et à la terre lui fit remarqué qu'il n'avait pas forcément bon goût. Qu'importe ! Ce qui ne me tue pas me rend plus fort, se dit-il, donc il faut boire tout son saoûl pour devenir plus fort, interprétant ainsi les sages paroles d'un grand roi numénoréen.

Il porta les lèvres à sa bouteille, la leva en direction du ciel. Rien.
Il réessaya. Raté.
Il secoua la bouteille, espérant quelques gouttes de ce breuvage infecte; il récolta un mal aux dents. La douleur le lança puis se calma, le lança puis se calma. Une idée de génie lui vint alors. La douleur est semblable à la respiration, une inspiration puis une expiration, les choses se faisaient en deux temps. L'inspiration de la douleur est désagréable, l'expiration calmait la douleur. Il fallait donc arrêter d'inspirer pour calmer toutes douleurs. Il devait absolument noter quelque part cette découverte sensationnelle, qui, semble-t-il, allait changer la face du monde. Sur un pavé, il écrivit à l'aide d'un petit cailloux cette morale parfaite :

"La douleur respire la souffrance du monde par l'inspiration, inspirer c'est mourir."

Satisfait de sa découverte, il se jura d'appliquer ce noble précepte dès le lendemain, pourvu qu'il sache quand viendra le lendemain. Il n'avait évidemment plus conscience du temps, il ne savait pas depuis combien de temps il errait, seul, en dehors des murs de Minas Tirith.
Se détournant de ce pavé mystique, il balaya la rue du regard. Ses yeux s'arrêtèrent sur une divine créature.

L'air hautain, les bras croisés, dévoilant une inaccessibilité possible, du fait d'un haut rang potentiel, elle se badaudait nue, sans prétentions. Ses jolies formes rappela l'image de la soeur de Denam, non pas qu'il ait fait quelconque acte avec elle, mais l'avait souvent imaginé.
Ces courbes arrondies à la perfection fredonnaient un petit air, alors qu'elles remuaient au fur et à mesure qu'elle se mouvait avec une grâce féline. Mais l'homme qui l'accompagnait, n'avait pas la même félinité dans sa démarche : d'apparence plutôt banale, quoique la peau un peu jaunâtre, il s'évertuait à jeter des regards froids à droite, à gauche, une main dangereuse portée à la manche d'un sabre qu'on imaginait long. En effet, Denam n'était pas le seul à apprécier le spectacle, de nombreux regards avides étaient tournés vers la donzelle, qui, d'ailleurs, s'empressait de se coltiner au bras du "Chien Jaune" car deux grands individus armés les suivaient de près.

Seulement, Denam n'était pas comme toute cette plèbe. Il était différent. Son coeur battait la chamade, il avait tant envie de lui porter secours, de la couvrir de son manteau, de la porter, de la cajoler, de fonder une famille, de faire sauter ses enfants sur ses genoux...

Trop tard.

Son instinct animal prit le dessus. "On va voir qui a la plus longue, dit-il en regardant la lame de l'homme."

- Combien ?

***

Les muscles de "Chien Jaune" se tendirent, un inconnu s'était approché trop près de son espace intime, une goutte de sueur perlait son front saillant, il dégaina lentement une partie de son sabre avant d'apercevoir le faciès de son interlocuteur. Son visage semblait avoir pris la couleur de la terre, il portait des loques et était couvert de bandages; il sentait le sang, la sueur et l'alcool. Cependant, le bas de son pantalon formait une bosse, ce qui suspectait la présence d'une petite arme cachée. Sa façon d'aborder le petit groupe, son regard et sa postures peu commune pour un vagabond, un sans-logis, un ivrogne, lui donnait un air plus dangereux qu'il ne le paraissait à la première vue.

- Combien quoi ? répondit l'homme, la voix pleine de suspicion et de défiance.

- Pour que la fille ouvre ses jambes, lança Denam, du ton le plus naturel au monde.
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Derkos Vardrin
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Les chiens aboient. La caravane passe EmptyJeu 5 Juil 2012 - 16:54
Et voilà, les ennuis commençaient ! Enfin pas forcément pour lui mais êtes impliqué dans ce genre d'affaires n'apportait jamais de très bonnes chances et on finissait plus vite six pieds sous terre que les mains resserrés sur une chope de bière à festoyer tous ensemble. Deux groupes avaient emboîtés le pas de nos trois protagonistes, le premier était composé de deux marins probablement en quête d'une nuit à tarif réduit mais à voyage garanti. Ces derniers étaient probablement les plus dangereux quand on les comparait au pauvre et malheureux vagabond qui s'était également levé pour les suivre mais qui allait dans le meilleur des cas se faire fracasser le crâne par les deux mastodontes qui verraient d'un mauvais oeil son intervention.

Par simple mesure de précaution, Derkos resserra sa prise sur le manche de son sabre, on n'était jamais trop prudent. Mais à la grande surprise du capitaine ce fut le vagabond qui s'approcha directement d'eux, sans prendre pincettes ni aucun autre ustensile qui aurait pu démontrer d'une certaine subtilité, non il était tel le marteau battant le fer, direct et cassant. Et son discours aurait sûrement fait hurler Derkos de rire, chose qui n'avait plus dû lui arriver depuis ses quatorze ans, en d'autres circonstances mais la tension qui s'échappait de la situation présente n'invitait en aucun cas au rire et c'est d'une réplique cinglante que Derkos rétorqua au jeune impudent :

"Passe ton chemin petit, je suis sûr qu'il y a pleins d'autres jambes à ouvrir dans cette ville !"

Bien que tentant de dissimuler sa nervosité, on ne pouvait s'empêcher de sentir une pointe de menace dans la voix du Capitaine, cette rue commençait vraiment à ressembler à un vulgaire traquenard et ça n'était pas du tout, mais alors pas du tout, du goût de Vardrin. D'ailleurs juste derrière eux les deux bouledogues, sûrement frustrés de s'être fait doubler par une telle loque, se mirent en action. Le premier bouscula le jeune homme que venait de rabrouer Derkos, l'insultant copieusement de quelques noms chastes et innocents comme vous pouvez vous en douter tandis que le second tentait de fondre sur la femme qu'avait Salem à son bras, c'était sans nul doute elle qu'il voulait et il était peu d'hommes pour blâmer un telle comportement, se promener ici avec une telle créature était toujours un risque à courir, à mourir même après tout. Malgré tout Derkos laissa souffler un soupir de soulagement, ces hommes n'étaient pas là pour lui, il n'avait pas que des amis ici et quelques dettes portant son nom traînaient encore dans les rues. Toujours était il qu'on était en train d'attenter indirectement à sa vie et ça faisait partie des choses qu'il n'appréciait pas vraiment, d'un habile croche-patte il réussit à déséquilibrer lapremière brute, celle qui avait bousculé Denam et qui souhaitait à présent rejoindre son compagnon qui se dirigeait toujours vers Salem et sa protégée. D'un souffle rauque, la bête mugit en jetant un coup d'oeil pour voir d'où venez l'agression, et dans ce qui semblait être un rugissement, il lança :

"Alors ça mon pirate d'opérette ça va te coûter cher, très cher, foi de Marvos !"

Se mettant en position de combat, l'homme sorti une dague ridiculement courte comparé à sa taille de sa poche, se pourléchant déjà les babines du sang de Derkos. Ce dernier poussa encore un soupir, il n'était pas habillé pour ce battre et le faire dans des petites ruelles sombres l'avait toujours rebuté, il préférait la lumière et les vivats de la foule l'encourageant dans son combat contre le Mal mais pour cette fois, il devrait s'en contenter.
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Les chiens aboient. La caravane passe EmptyJeu 5 Juil 2012 - 20:21
Pourquoi avait-il fallu que nous allions précisément chez ce marchand d'esclave ? Dans ma tête, mes pensées fusaient à toute vitesse, et je me rendais compte que toutes mes actions, tous les choix que j'avais fait nous avaient conduits précisément dans cette situation. Le message de Vardrin à la table des Seigneurs d'Umbar, la vision d'Agathe dans sa cellule, la dispute avec le marchand, tout. Et tous ces événements nous avaient mené directement et inéluctablement dans ce problème pour le moins critique. Pour résumer la situation aussi clairement que possible, il y avait nous : Agathe, Vardrin et moi-même ; l'ivrogne manquant cruellement de poésie et les deux bandits. Si le premier nous avait abordé d'une manière assez étrange pour ne pas dire délirante, ses paroles n'avaient pas eu pour autre conséquence que de faire naître une fureur noire dans les yeux de la femme. Il y a fort à parier que si elle n'avait pas été pendue à mon bras, transie de froid, elle lui aurait sauté à la gorge pour le tailler en pièces. Et il y a fort à parier que dans cette situation, je n'aurais pas levé le petit doigt pour sauver la vie de ce manant. Et pourtant, tout s'était emballé précisément à cause de lui. Pour tout dire, peut-être que s'il n'était pas venu nous aborder de manière aussi grotesque, nous aurions eu le temps de nous glisser jusqu'à une artère plus fréquentée, où les deux individus n'auraient pas osé nous suivre - enfin, avec beaucoup de chance. Mais, craignant de perdre l'occasion de s'amuser avec une donzelle fort peu vêtue, ils étaient passé à la vitesse supérieure, faisant ainsi s'effondrer l'espoir qui subsistait en moi qu'ils ne soient en quête d'un équipage dans lequel s'enrôler.

En quelques secondes, la ruelle calme et paisible - aussi calme et paisible que peut l'être une ruelle d'Umbar - s'était transformée en une arène dans laquelle le plus fort aurait le droit de repartir sur ses deux jambes, plus ou moins entier, et où le plus faible terminerait la tête sur le pavé, en espérant que son corps ne soit pas trop loin. L'ivrogne fut promptement écarté de la mêlée par le bras puissant d'un homme à peu près sobre, mais qui surtout lui rendait bien trente livres. Il fut le premier à finir la tête sur le pavé, et il put s'estimer heureux que celle-ci restât sur ses épaules. Nous n'aurions peut-être pas cette chance. Du coin de l'oeil, je vis les autres mendiants de la rue, le regard chargé d'envie, se lever les uns après les autres. J'espérais sincèrement que c'était pour mieux voir, et pas pour passer à l'action. Je n'eus pas le temps de déterminer laquelle des deux options était la bonne, puisque l'un des types louches s'approchait vivement d'Agathe - toujours agrippée à mon bras, rappelons-le. Je focalisai toute mon attention sur lui, et sur la menace qu'il pouvait représenter. Vardrin ferait sans doute de même : je ne devais pas compter sur son aide - et d'ailleurs, je n'en avais pas besoin. Trente années d'entraînement intensif, dont plus de vingt ans dans les rangs de la Glorieuse Armée de Rhûn au service de Sa Majesté Lyra m'avaient rendu largement apte à massacrer n'importe quel vaurien, mécréant ou pirate sur ma route. Je plaçai logiquement Agathe dans mon dos, m'érigeant comme un bouclier vivant contre l'agresseur, et dégageai ce faisant ma main droite. L'homme continuait d'avancer, sûr de sa force. Il était plus grand, plus épais, et je ne payais pas de mine. Ma main droite était loin du manche de mon sabre, et il savait que la principale menace viendrait de là. Ses doigts se tendirent vers moi pour m'écarter. Avec la vitesse du serpent à cornes frappant sa proie, mon poing fermé se détendit.


~~~

Les chiens aboient. La caravane passe Agathe10


Agathe lâcha un bref cri de terreur, lorsqu'elle vit la main de cet inconnu patibulaire se tendre vers l'ivrogne, et le jeter de côté sans ménagement aucun. Son esprit acéré lui envoya une gifle pour la réveiller, la ramener à la dure réalité. Elle ne se rendait compte que maintenant qu'un quotidien qu'elle avait cru immuable venait de disparaître tout à coup, à cause de cet homme sans cheveux. Esclave, elle ne l'avait pas toujours été, non. Mais les souvenirs d'avant sa captivité lui semblaient appartenir à quelqu'un d'autre. Un visage souriant. Un éclat de rire. Le parfum d'une fleur. Rien de concret. Elle s'était forgée une seconde vie. Au sein de la maison d'Omar, elle était connue, reconnue même. Son maître n'appréciait guère son esprit rebelle, mais il savait reconnaître ses qualités. Il savait apprécier son travail, et plus que tout, il savait la protéger. A l'exception de cette unique fois, où elle avait frôlé la mort lorsqu'un assassin s'en était pris au marchand, elle n'avait jamais eu à se préoccuper de sa sécurité. A l'intérieur de sa cage, quoi qu'on puisse en dire, elle était une reine intouchable. Même les pires porcs, qui venaient parfois lorgner sur les "marchandises" d'Omar le magnifique ne pouvaient pas la toucher. Omar ne l'aurait pas toléré. Alors forcément, se retrouver aussi brutalement dans une situation de totale vulnérabilité, cela la terrorisait. Mais la partie rationnelle de son esprit lui commandait de regarder, de se tenir prête, et de réfléchir aux éventualités, aux opportunités, comme elle l'avait toujours fait. Cet homme sans cheveux, sans montrer un quelconque signe d'affection ni même de désir pour elle, s'était cependant spontanément placé entre elle et la menace. Elle pouvait donc en déduire qu'en sa présence, elle était relativement en sécurité. Mais s'il venait à être vaincu, vers qui pourrait-elle se tourner ?

Son regard pivota vers celui que tout le monde appelait "Capitaine". C'était un pirate, à n'en pas douter. Il était plutôt jeune, pas laid, et visiblement assez puissant pour venir se fournir chez le meilleur marchand de la ville. Pour preuve, les hommes de son équipage pouvaient se payer des esclaves à 6500£. Combien de matelots pouvaient en dire autant ? Ceci dit, Agathe ne l'appréciait pas plus que cela. Il avait une façon de la regarder qui lui déplaisait souverainement...une façon de parler d'elle comme si elle n'était qu'un vulgaire objet, comme si elle n'était pas là...Elle ignorait si elle pourrait lui faire confiance en cas de besoin, aussi préféra-t-elle le garder à l'oeil. Elle fut cependant surprise quand il osa s'attaquer à la brute. Son croc-en-jambe ne suffit pas à jeter le malandrin à terre, mais cela fut suffisant pour que l'homme sans cheveux ne soit pas débordé. Furieux, le coupe-jarret changea brutalement de cible, mais changea aussi de méthode. Une dague visiblement entretenue apparut dans sa main, annonciatrice d'un combat qui dépasserait de loin la simple rixe. C'était désormais une lutte à mort. Les deux lutteurs, Agathe le vit, étaient tendus comme la corde d'un arc, et ils n'allaient pas tarder à se rouler dans la poussière, chacun cherchant à ôter la vie de l'autre. Mais le Capitaine était pour l'heure le dernier de ses soucis. En effet, l'autre homme arrivait, rendu plus menaçant encore par la proximité. Agathe fit un pas en arrière, consciente que son protecteur n'avait absolument aucune chance. Le bandit souriait de toutes ses dents, et même si elle ne voyait pas son visage, la jeune femme devinait que l'homme à la peau cuivrée n'en menait pas large.

Ce fut avec une sincère surprise qu'Agathe vit le poing droit de son désormais propriétaire fuser à toute vitesse, et percuter en plein visage la brute sauvage qui les agressait. Avec une précision presque malsaine, elle vit l'expression de l'homme passer de l'assurance à la surprise, puis à l'indignation, et enfin à la douleur pure. Visiblement, l'attaque qu'il venait de recevoir était plus qu'un coup de semonce. Il fit trois pas en arrière, sonné, la main pressée contre sa joue enflée, et contre sa lèvre fendue. Le sang qui coulait entre ses doigts était la preuve de la violence de l'impact. La bouche entrouverte, Agathe n'en revenait pas. Elle n'aurait pas parié une seule mèche de ses cheveux sur lui, et le voilà qui venait ébranler les convictions d'un titan. Mais son euphorie disparut bien vite, lorsque ledit titan se ressaisit, et elle comprit que s'il avait été touché, c'était uniquement parce qu'il avait fait preuve de trop de confiance en lui. Il porta la main à sa poche, et en sortit une dague d'acier menaçante, à l'instar de son comparse. Il ne referait pas deux fois la même erreur. Plongée dans ses estimations pour savoir lequel des deux combattants avait le plus de chances de l'emporter, Agathe sortit brutalement de ses rêveries, en tournant la tête vers l'ivrogne. Ses yeux s'agrandirent, et elle lâcha dans un souffle :

- Oh...


~~~


Mon coup de poing l'avait touché, assurément. Toutefois, il n'était pas tombé, contrairement à ce que j'avais prévu. Sa grande carcasse avait-elle suffi à ce qu'il y trouve les ressources nécessaires pour se remettre d'une telle agression, ou bien était-il simplement plus costaud que je l'avais cru au premier abord ? Question de pure forme que j'écartai aussi rapidement qu'elle était arrivée. La dague qu'il venait de sortir nous faisait plonger dans un autre registre. Néanmoins, je n'étais pas encore disposé à me débarrasser de lui à l'épée. Après tout, j'avais une couverture à garder. Je pouvais toujours justifier un coup de chance dans une bagarre, mais la maîtrise - quasi-parfaite, disons-le - d'une arme était trop loin du personnage que j'étais censé incarner. Ainsi, je n'avais d'autre choix que d'attendre une deuxième passe pour neutraliser mon adversaire, tout en faisant en sorte qu'il ne me surprenne pas. J'ignorais ce que faisait Vardrin pendant ce temps, mais au cas où il aurait été à portée d'oreille - et peut-être aussi pour mettre en colère mon adversaire - je lâchai :

- Je ne veux pas me battrre !

Là, j'étais plus proche de l'image que l'on pouvait se faire d'un érudit, privilégiant toujours le dialogue à la voie des armes, plaçant le pacifisme et la tolérance au dessus de toutes choses, rejetant toute opposition autre que spirituelle et intellectuelle. Un sourire discret naquit sur mes lèvres, et vint fendre pendant une fraction de seconde ma couverture. Que Melkor prenne son âme en pitié s'il décidait malgré tout de m'attaquer.


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Denam
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Les chiens aboient. La caravane passe EmptyDim 8 Juil 2012 - 23:42
- Passe ton chemin petit, je suis sûr qu'il y a pleins d'autres jambes à ouvrir dans cette ville !

Denam s'attendait évidemment à cette réaction, quoique le terme "petit" lui fit mordre ses lèvres, inconvenant à la prestance de son rang. Il porta alors la main à la poche extérieure de son manteau en haillons, désireux de monnayer la garce à sa valeur. Vide. Il passa lentement ses doigts dans chaque coin et recoin de sa poche, toujours vide, étrange, il la connaissait comme sa poche. Il avait pensé à sortir la dague qui sommeillait, accrochée à son talon, mais ses deux interlocuteurs ne semblaient pas commodes dans leur manière de le regarder. A défaut de ne pas batailler avec les armes, il bataillera avec les mots, se dit-il, prêt à armer ses lèvres d'une remarque si cinglante qu'elle transpercerait le coeur de ses nouveaux ennemis.

Mais un puissant coup de coude sortit de nul part eut raison du souffle de Denam, le propulsant à terre, lui et sa rhétorique. Son agresseur se présenta en lui détonnant un torrent d'insultes grasses et grossières, ce qui ne fit qu'agrandir la plaie douloureuse portée à son amour-propre, contusion délirante qui n'avait fait que s'accroître ces derniers mois. La colère détrôna la surprise; il était temps de réagir, et vite.

- Denam, Denam...

Il est temps de te ressaisir, tu es trempé de honte, couvert de boue, mouillé d'alcoolisme, noyé dans une pauvreté matérielle et de l'esprit. Tu vas finir asphyxié par ta bêtise. Et en vaut-elle le coup, cette stupidité émergente ? Je te le demande, Denam. Car à présent, deux choix s'offrent à toi. Sois tu agis avec bêtise en prenant la fuite, ce qui te vaudra de ne point connaître les délicats plaisirs de la chair en la compagnie de cette magnifique créature. Ou bien, tu agis avec stupidité en corrigeant l'inopportun qui a osé toucher ta noble personne, ce qui te coûtera probablement quelques vilaines blessures.

- Quelles sont mes chances, ô subconscience ?

- Honnêtement ? Je vais être franc avec toi, Denam, la pureté du corps de la donzelle est ardemment défendue par ces quatre brutes tandis que, la pureté de la lame de ces derniers n'attend que d'être souillée en se délectant de ton propre sang, ce qui compromet toute éventuelle réussite. Je le dis, quel meilleur choix possible que la fuite ?

- Tu as raison, allons nous-en.


Rampant pour ne pas se faire remarquer, Denam observa, muet d'étonnement les quatre compères se séparer pour en venir aux mains : l'un déséquilibra l'agresseur de Denam, tandis qu'un autre abattit farouchement son poing sur le faciès d'un colosse de deux têtes son ainé. Sans doute se disputait-il la fille, pensa Denam, c'était peut-être le moment opportun pour se venger et rafler le magot. Mais il fallait demander conseil à son subconscient, lui seul était doué de raison. Seulement, il ne répondait pas présent. Il fallait donc agir. Quel parti prendre ? De toute évidence, ses deux premiers interlocuteurs semblaient plus protéger la fille plutôt que de la ravir, ils semblaient plus défendre cet inconnu qu'était Denam, plutôt que de le martyriser. Certes, ils pourraient faire de bons larbins, admit Denam, désormais certain de son choix.

Se relevant difficilement, il rejoignit les combattants en titubant, ces derniers trop concentrés sur l'enjeu pour pouvoir lui prêter ne serait-ce qu'une once d'attention. La main droite pendant à son orteil droit, il délia la dague de ses chaînes de soie, s'élança vers le colosse qui assiégeait Chien Jaune, criant d'une voix aigue au possible :

- Denam, roi du Gondor !

Ryad Assad, ne soupçonnant pas l'aide fortuite de ce vagabond avait levé les mains au ciel, tentant d'apaiser les tensions en lançant :

- Je ne souhaite pas me battrre !

Trop tard. Denam lui avait déjà sauté au dos, dague à la main, tranchant la jugulaire du coup. Le géant s'effondra sans bruit, écrasant de ses cinquante livres le corps frêle de Denam contre les pavés de la rue. Le corps sans vie du colosse se vidait en un torrent d'hémorragie sanguine qui s'écoulait rapidement pour étouffer un Denam prisonnier sous son dos, comme si l'esprit du défunt cherchait à se venger de son tueur.
Comble de malchance, dans la chute, l'arme du crime était venue se planter dans son bras, lui faisant perdre conscience.

Le ciel se mit à pleurer des larmes salées, le sang se mêlant de concert à l'eau tandis que résonnait en une cacophonie métallique la complainte d'un bretteur isolé.


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Derkos Vardrin
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Les chiens aboient. La caravane passe EmptyJeu 12 Juil 2012 - 12:47
Homme contre homme, le duel millénaire déjà tant joué tout au long se répétait une fois de plus, inlassablement. Parfois glorieuse bataille entre le Bien et le Mal il n'était là que l'opposition entre deux hommes aux morales plus que douteuses et aux ambitions bien loin de celles des héros d'antan. Malgré tout l'intensité qui s'en dégageait et l'appel de la mort qui planait au-dessus des deux compagnons n'avait rien à envier aux grandes batailles qui avaient pu se dérouler en Arda par le passé.

Faisant jouer sa dague dans ses grosses mains, l'adversaire de Derkos passa sa langue sur ses lèvres, se délectant du sang qui y suintait depuis que son visage et le mur avaient fait connaissance avec la participation plus qu'enthousiaste du Capitaine. Mais à présent le véritable affrontement pouvait débuter, la surprise et la traîtrise n'était plus de mise, il ne restait plus que les deux combattants, prêts à faire mordre la poussière à l'autre. Du coin de l'oeil, Vardrin aperçut furtivement le poing de son compagnon s'enfoncer avec une violence qu'il ne lui connaissait pas encore dans la tempe de son opposant, tant mieux, il avait peur de se retrouver trop rapidement face à deux adversaires en même temps, il n'était pas forcément un trop mauvais guerrier mais il ne fallait pas exagérer non plus. Recentrant son attention sur son propre duel, Derkos fit jouer son sabre dans sa main, il aurait bien aimé conclure cette histoire rapidement.

Au même moment son opposant passa à l'attaque, faisant décrire à sa dague un mouvement transversal que notre pirate contra avec facilité, son sabre étant beaucoup plus résistant que la petite lame du dénommé Marvos. Malheureusement il n'eut pas le temps de profiter du moment de flottement car le poing resté libre du bougre s'abattait à sa tour sur la mâchoire du Capitaine qui sentit plusieurs de ses dents frémir sous l'impact, titubant quelques pas avant de prendre appui sur le mur de la ruelle, Derkos, qui ne voyait plus que de belles étoiles tourner autour de lui, reprit sa position de combat, il ne devait plus se laisser dominer par la bête en face de lui, et quand on était pas plus fort, on se devait d'être plus intelligent :

"Bah alors, c'est quoi cette droite de vieille ? Un manchot frappe mieux que toi !"

Ah ! Les phrases subtiles qui pimentent touts les combats, on pourrait écrire plusieurs centaines de livres qui traiterait ce thème qu'il resterait encore des milliers de choses à raconter dessus. Et le sourire moqueur se dessinant sur le visage de Derkos en disait long sur la fierté qu'il retirait de cette petite pique simplement destiné à énerver son adversaire. Ce dernier ne rétorqua rien, se contentant d'un beuglement animal avant de s'élancer vers ce qu'il devait à présent considérer comme une proie fragile et esseulée, ce que n'était en aucun cas notre Capitaine à ce moment là, mettons nous d'accord, bien que sa mâchoire le fasse souffrir comme jamais et qu'il y voit encore un peu trouble mais bon, il avait déjà été bien pire. Alors que Marvos fondait sur lui avec la grâce et la subtilité d'une baleine adulte de bonne taille, Derkos pivota sur lui même en s'accroupissant, faisant décrire un arc de cercle parfait à son sabre qui vint entailler son adversaire au niveau de l'entrejambe, exactement à l'endroit ou ça fait mal, très mal. D'ailleurs le hurlement de douleur qui suivit ne fit que confirmer tout ceci et un petit sourire satisfait s'étala sur le visage de Vardrin :

"Comme ça tu passeras peut être moins de temps à essayer de violer des femmes trop bien pour toi petit merde !"

Essuyant sa lame à présent tâchée de sang sur les vêtements de son infortunée victime qui gisait à présent sur le sol, se demandant, entre deux gémissements de douleur, si son engin fonctionnerait encore jamais. Se retournant afin de prêter main forte à Ryad, le Capitaine eut la surprise de voir que son opposant gisait à terre, la gorge tranchée. Et plus étonnant encore, il ne semblait pas que ce soit son compagnon qui soit l'auteur de cette tuerie mais le jeune homme qui les avait abordés plus tôt, tentant de mettre l'esclave dans son lit, ou dans son but de rue en tout cas. Immédiatement Derkos le saisit par le bras et le plaqua contre le mur, sa lame menaçant sa fine gorge qu'il serait si aisé de trancher :

"Mais t'es qui toi bordel ? Non en fait je m'en fous, allez casse-toi ! Si je te saigne pas comme un porc c'est bien parce que t'as eu l'autre gros mais je te préviens que si je te vois encore dans nos pattes j'hésiterais pas une seule seconde, puis, après une pause et avoir reposé sa victime, Salem, tout va bien de ton côté ? Allez dépêchons nous, j'aimerais pas qu'on reste là trop longtemps, nos amis pourraient en avoir d''autre qui ne nous voudraient que du bien."

D'un rapide coup d'oeil, Vardrin vérifia que le reste de la ruelle était dégagé avant de s'engager dans l'autre rue adjacente, une rue plus large et plus fréquentée dans laquelle ils risquaient moins de se faire attaquer. Ils se dirigeaient à présent vers l'extérieur de la ville où Taorin et ses hommes devaient avoir commencés les premiers préparatifs de leur petite guérilla, essuyant le sang qu'il avait sur le visage et massant sa mâchoire endolorie par sa petite rixe, Derkos jubilait intérieurement, les choses sérieuses allaient sûrement bientôt commencer.
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Ryad Assad
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Les chiens aboient. La caravane passe EmptyJeu 12 Juil 2012 - 20:04
C'est triste à dire, surtout pour un soldat de la Glorieuse Armée de Rhûn, mais je crois que même moi, j'aurais été vaincu par ce foutriquet en haillons, assez rempli d'alcool pour que son sang fasse cicatriser ses propres blessures. J'avais bien compris ce qui intéressait nos deux amis menaçants : Agathe. Ils étaient prêt à tout pour l'avoir, quitte à commettre un crime ici, en pleine rue. Mais je supposais que, à l'instar de tous les malandrins de ce monde, ils n'étaient pas prêts à donner leur vie pour obtenir satisfaction. C'était ce qui nous rendait supérieurs, nous les soldats, à ces vauriens nés dans la fange. Toujours est-il que, face à une résistance qu'ils jugeraient trop importante, ils battraient précipitamment en retraite, tels des chiens effrayés par le rugissement d'un dragon. Restait à trouver quel niveau de résistance serait suffisant pour les faire fuir. Mais mon magnifique plan, qui impliquait au moins trois passes d'armes supplémentaires, ainsi qu'une demi-douzaine d'actions subtiles destinées à impressionner mon adversaire, ce magnifique plan, donc, fut réduit à néant par l'arrivée inattendue de l'ivrogne.

J'aurais sincèrement pu être tué par un tel homme, même si Agathe, qui de toute évidence avait un temps d'avance sur nous, m'avait involontairement averti du danger, en lâchant un "oh" surpris. J'avais immédiatement tourné la tête, craignant de voir Vardrin touché, car j'étais peu désireux de me retrouver seul face à deux adversaires. J'avais d'ailleurs eu l'occasion de voir qu'il bataillait avec le brigand, fer contre fer. Durant ce bref instant, j'eus tout de même le temps de noter qu'il semblait bénéficier d'un certain avantage, essentiellement dû à l'allonge supérieure que lui conférait son arme. Mais, brutalement arraché à mon analyse par l'arrivée impromptue de l'ivrogne, je n'eus pas le temps de voir le premier engagement. J'ouvris grand les yeux, en entendant crié d'une voix suraigüe "Denam, Roi de Gondor !". Pendant un très, très bref instant, je demeurai figé sur place, complètement abasourdi. Ce freluquet dépenaillé, armé d'une dague qu'il avait sortie d'on ne sait où, et porté par ce que l'on pourrait appeler "l'effet de surprise" se jeta littéralement à la gorge de mon adversaire.

Ce dernier devait être aussi ébahi que moi, devant autant de témérité, d'ingéniosité et de folie furieuse. Ce mélange particulièrement dangereux se retourna contre lui, et il n'eut le temps de rien faire. Le geste fut vif, étonnamment précis, et particulièrement efficace. La gorge ouverte du mécréant vomit un flot de sang écarlate qui se répandit généreusement sur les vêtements malodorants de son assassin, avant que la montagne vacillante ne se décide enfin à chuter. Agathe ne put s'empêcher de lâcher un cri horrifié. Les yeux vides, le monstre s'effondra sur le gringalet qui, enseveli, ne donna plus signe de vie. Je me retournai vers l'esclave, et vit qu'une telle débauche de violence l'avait secouée. Beaucoup de gens ont déjà été confrontés à la mort, mais il y a mort et mort. Un décès naturel, ou tout du moins sans violence, n'est absolument rien comparé à la vision macabre du sang, à l'odeur entêtante qui s'échappe de ce chaud liquide, et au spectacle morbide d'un corps dépossédé de son étincelle de vie. Secouée par autant de brutalité, Agathe était pâle comme un linge, figée comme une statue d'albâtre, les yeux rivés sur la scène. Il y avait longtemps que je ne m'étais pas pris d'affection pour un autre être vivant, aussi fus-je un peu maladroit lorsque je pris doucement sa tête pour la placer contre mon épaule, la protégeant ainsi de cette vision par trop violente.

Pendant ce temps, à quelques mètres de là, Vardrin terminait de neutraliser son adversaire. Il s'y était pris d'une manière peu honnête, mais je ne lui en tins pas rigueur. Qu'attendre d'autre de la part d'un pirate ? Avec un dédain à la mesure de son personnage, il essuya le sang qui maculait sa lame sur le pauvre bougre qu'il avait meurtri dans la partie la plus fragile de son anatomie, et s'approcha de moi. Je jetai un bref coup d'oeil à "l'homme" qui hurlait toujours comme un beau diable, attestant de la précision de l'assaut du Capitaine. Il avait peu de chances de s'en remettre un jour, et il y avait fort à parier qu'il ne reviendrait pas de sitôt. En temps normal, j'aurais été d'avis de l'exécuter purement et simplement, mais il valait mieux que je préserve ma couverture, et que je continue à jouer à l'érudit respectueux de la vie. De toute manière, il avait bien peu de chances de survivre, au vu de la population des lieux. Mon Capitaine observa la scène dans son ensemble, cherchant probablement à comprendre comment il était possible que je sois en vie, et mon adversaire mort. Je fus heureux que l'intervention de l'ivrogne m'ait permis de ne pas avoir à me salir les mains, et je laissai le champ libre à Vardrin pour déchaîner sa colère sur lui.

Sans douceur aucune, il sortit le pilier de taverne de sous sa pauvre victime, avant de le plaquer contre une maison adjacente - ce qui eut pour effet de ramener l'intéressé sur notre plan d'existence. Il l'invectiva avec force, non sans user de menaces qui, je le savais, étaient totalement superflues pour lui, mais pas inutiles compte tenu des badauds, parfois inquiétants, qui s'étaient approchés. Je répondis par un hochement de tête affirmatif - et qui valait aussi pour Agathe - lorsque Vardrin m'interrogea. Je sentais à son empressement que, comme moi, il était désireux de quitter les lieux au plus vite. Nous mîmes le cap sur une ruelle qui nous ramènerait plus près d'êtres humains "normaux" - si tant est qu'il y ait quelque chose de normal, dans cette ville maudite.

- Attendez, me dit Agathe qui s'arrêta brusquement. Cet homme est blessé ! Ils vont le tuer !

Je la saisis par le bras, pour l'entraîner en avant, mais elle se défit de mon étreinte d'un geste rageur :

- Dites-lui ! M'ordonna-t-elle en désignant Vardrin du menton. Il vous écoutera ! Cet homme vous a quand même sauvé la vie !

Je haussai les épaules, et répondis, laconique :

- Le sauver nous mettrrait tous en grrand pérril. Nous avons déjà eu de la chance...

Je captai son agacement une fraction de seconde trop tard, et je ne parvins pas à la retenir lorsqu'elle fonça sur Vardrin, d'un pas décidé et plein de noblesse, malgré sa mise indécente.

~~~

Les chiens aboient. La caravane passe Agathe2

Agathe savait qu'elle n'avait pas l'esprit d'une servante. Elle avait toujours été capable de dire à tout le monde le fond de sa pensée, et les grades, titres de noblesse et autre ne l'en avaient jamais empêché. Elle avait simplement appris à endurer les coups qu'elle recevait en retour, car elle n'était pas prête de se taire. C'est pourquoi elle marcha droit sur le pirate qui lui tournait présentement le dos, et l'apostropha d'un ton plein de condescendance :

- Capitaine ! Cet homme, que vous avez si injustement rudoyé, a été blessé en sauvant la vie d'un de vos (elle enfonça son index dans la poitrine du pirate) hommes. Ne pensez-vous pas qu'il serait honorable de le protéger de ces malandrins, et de le soigner ? À moins que vous n'aillez frappé votre adversaire sur ce qui vous fait précisément défaut !

Elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire juste après que les mots fussent sortis de sa bouche. Elles n'eut même pas le temps de lâcher un "oups" désolé...


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Denam
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Les chiens aboient. La caravane passe EmptySam 14 Juil 2012 - 20:10
Denam barbotait dans le sang, une enclume de chair et d'os - surtout de chair pesait sur lui, le précipitant lentement et silencieusement vers le fond, réceptacle d'une mort certaine. L'avalanche de caillots de sang ne faisait qu'aggraver la situation, engourdissant les membres du futur défunt sans jamais cesser de couler, inépuisable dans son élan ensanglanté mouvementé par on ne sait quelle force vindicative. Le temps coulait lentement, les secondes semblaient des heures, mais le sang continuait inlassablement de filer, sans se préoccuper de quoi que ce soit.

Denam était profondément vexé de devoir attendre encore et encore. Lassé, sa vie semblait être un éternel sillon dans un champs trop aride, où la terre n'avait rien à offrir. Attendre et attendre. Toujours et encore. La vie, cette pendule oscillant en permanence entre souffrance et ennui. Même au plus profond d'un de ses lits des plus douillets, il souffrait. Même au plus profond de l'aventure la plus trépidante, il s'ennuyait. Le privilège du luxe et de l'or n'assainissaient pas la donne. Conneries. Tout n'est que vanité.

- Arrête de penser, Denam, tu me fais peur.

- J'essaie de tuer le temps, Denam, ne m'en tiens pas rigueur.

- C'est plutôt le manque de temps qui va te tuer, Denam.

- J'ai peur, Denam.

- Ne t'en fais pas, Denam, tout le monde a été aux petits soins pour nous ces dix neuf dernières années, que crains-tu en vérité ? La fortune nous a toujours sourit et nous avons toujours profité du malheur des autres.

- La roue tourne, Denam, nous sommes sans le sou et bientôt sans le sang. Il faut faire quelque chose.

- Suivons tes conseils avisés, Denam, que faisons-nous ?

- Attendons que quelqu'un fasse quelque chose pour nous, que savons-nous faire d'autre ?


La fontaine de sang se tut. Le poids qui l'entraînait jusqu'au fond de cette mare de sang semblait avoir disparu. Il remonta à la surface. Vide, mais plein d'espoir et de sang. A défaut de le coller au sol, un cadavre sur le corps, on le plaqua au mur, une injure cinglante et une menace humiliante en guise de chaînes, la lame sous la gorge. Il y a quelques instants seulement, c'était Denam qui était dans la position de son agresseur. A présent, il gémissait lamentablement et hoquetait des bulles de sang, abondement répartis sur toute la surface de son corps que l'on aurait pu le confondre avec une statue de glaise. Denam avait beau se démener, immobile, rien n'y faisait, même son petit doigt refusait d'obtempérer.

- On assiste à un cas de mutinerie, mon capitaine !

- On va se mater ça, matelot ! A bâbord toutes, et narguez moi ces flots !

- Capitaine, oui, capitaine !

- Hissez les voiles, faites pleuvoir sur nos assaillants l'expression de notre rhétorique la plus violente !

- Capitaine, la rhétorique est hors d'état de nuire !

- Fi de la rhétorique, crachez votre trop plein d'insultes et de critiques !

- Capitaine, plus de salive invective !

- Nous sommes cernés, moussaillons ! Larguez les amarres et sortez les armes !


Denam s'affaissa sur le sol, vomissant sur les bottes de l'homme qui venait de le rudoyer. La chance avait finit par tourner, cette unique occasion de s'en sortir était perdue, vouée à l'échec, il n'y avait plus qu'à baisser la tête et attendre la Mort, qui, avec un peu de chance, lui dispenserait d'une prestation rapide et indolore. Seulement la Mort était vraisemblablement une garce pour lui ôter le plaisir fou de rompre à toute existence. Une voix féminine s'élançait vers lui, suppliant de lui venir en aide et de le soigner. Conscient que les belles jambes de la donzelle ne disposeraient pas de suffisamment d'éloquence pour plaider en sa faveur, Denam parvint à marmonner deux mots avant d'entrer dans le royaume de l'inconscience :

- 'Vous r'compens'rait...


(désolé, un peu court puisqu'assez limité de par l'état actuel de Denam, difficile de donner la réplique ! Smile )


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Derkos Vardrin
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Les chiens aboient. La caravane passe EmptyLun 16 Juil 2012 - 14:51
À peine avait il lâché Denam pour s'engouffrer dans la prochaine ruelle que Derkos fut rattrapé par Agathe, plus fulminante et virulente que jamais, l'esclave cracha alors sa bile la plus infecte sur le Capitaine qui n'eut même pas le temps de rétorquer avant que la tempête d'insultes ne s'abatte sur lui, plus violente que jamais. Rouge de colère de se faire ainsi dicter la morale par une esclave et qui plus est une femme, Vardrin saisit la main qu'elle avait, de manière bien prétentieuse d'ailleurs, posée sur son torse pour la repousser avant de lui asséner une claque qui résonna dans la petite ruelle comme une bien douce musique après l'affrontement violent qui avait eu lieu quelques instants plus tôt seulement, les râles de douleur de l'opposant de Derkos toujours à terre témoignant de l'altercation qui venait tout juste de se terminer :

"Pour qui t'es tu pris à me parler comme ça femme ? Et honorable de soigner cet homme ? Qu'est ce que j'en ai à faire moi d'être honorable ? Je vis de pillages et de viols, alors je ne pense pas avoir à être honorable pour te faire plaisir ! Et parle moi de la sorte encore une seule fois et je te vide de ton sang comme un mouton, qu'on soient bien d'accord !

Les derniers mots avaient été lâchés comme une menace des plus sérieuses. Derkos n'aimait pas tuer les gens inutilement mais se faire insulter de la sorte n'était pas dans ses habitudes et il souhaitait que ça ne devienne une habitude pour personne, et encore moins pour une femme esclave. Malgré tout le respect qu'il pouvait avoir pour Salem, il n'hésiterais pas une seconde à trancher la gorge de la malheureuse si cette dernière en revenait à lui dicter ainsi sa conduite, avec une autorité qu'elle ne possédait plus depuis qu'elle avait des chaînes, quitte à devoir rembourser son compagnon en guise de dédommagement. Déambulant dans la ruelle, étrangement calme et vide après toute cette agitation, seuls restants Derkos et son petit groupe, le mort qui avait fait face à Ryad ainsi quel'innocente et à présent émasculée victime du Capitaine et bien évidemment le pauvre inconscient qu'Agathe souhaitait tant voir sauvé. Se tournant vers Salem, resté droit comme un I et légèrement désabusé par la situation présente qui échappait un peu à son contrôle, il pointa Denam du doigt :

"C'est ta vie qu'il a sauvé, pas la mienne, c'est ton choix, tu es maître de son destin mon ami. Qu'allons nous en faire ?"

Laissant quelques instants pour réfléchir, Derkos se cala dos à un mur, se saisissant de l'outre de vin qui l'accompagnait partout où il allait, sa meilleure amie depuis de longues années, fidèle et loyale, il se délecta de quelques gorgées de ce divin breuvage venu tout droit des cales d'un quelconque vaisseau gondorien pillé par ses soins. Passant sa main sur son visage, il tendit l'outre à Salem, toujours en pleine réflexion :

"Tiens, ça pourrait t'aider à réfléchir. Son regard se posa alors sur le cadavre, mort de la plus bête des manières mais mort quand même, sacrée droite au passage, j'imagine que c'est pas au Palais que tu as appris ce genre de tour, tu es un homme mystérieux Salem, j'espère ne pas avoir à en pâtir un jour."

La menace était là bien plus légère que celle adressée à Agathe quelques minutes plus tôt, pas que Derkos ait une confiance totale en son nouveau compagnon, il n'avait déjà pas entière confiance en ses propres matelots, mais il se disait être tout à fait apte à se débarrasser de l'homme s'il devait un jour lui poser des problèmes, l'âge et la force parlant pour le pirate, en apparence tout du moins car l'ancien servant avait démontré tout à l'heure qu'il était tout à fait capable de se défendre seul. Mais faisons fi de ces questions pour le moment, quand qu'il n'y a pas de problèmes, pourquoi déjà chercher les solutions ?
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Ryad Assad
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Les chiens aboient. La caravane passe EmptyMar 17 Juil 2012 - 0:04
Les chiens aboient. La caravane passe Agathe2


Agathe n'aurait pas pu dire qu'elle ne s'y attendait pas. Elle avait toujours eu un caractère bien trempé, et seul son joli minois empêchait qu'on porte trop souvent la main sur elle. Elle avait parfois eu l'impression d'être capable de tout dire à son maître, et même ses éventuels acheteurs avaient parfois été contraints de se résigner. Personne ne pourrait jamais la changer. Peut-être avait-elle fait preuve de trop de confiance en elle lorsqu'elle avait parlé à Vardrin. Peut-être qu'elle avait voulu tester les limites de cet homme, pour mesurer sa propre marge de manœuvre. Toujours est-il qu'elle avait dû faire preuve de trop de zèle dans son ambition de défendre le malheureux qui se vidait de son sang, car la réaction de ce pirate ne se fit pas attendre. Prestement repoussée à une distance respectable - et par là même déstabilisée -, elle paya son outrecuidance d'une gifle cinglante qui la fit chanceler. Le pirate n'y était pas allé de main morte. Des larmes lui montèrent aux yeux, et elle se mordit la lèvre férocement pour qu'elles ne coulent pas sur ses joues. Ça aurait été, pour elle, le comble de l'humiliation. Les paroles du pirate, ses menaces, son mépris furent autant d'estocades qu'il lui porta sans qu'elle ne réponde. Non pas qu'elle n'avait rien trouvé à lui dire - bien au contraire, son esprit fourmillait de somptueuses insultes prêtes à fuser -, mais c'était son instinct de conservation, peut-être la seule partie raisonnable de son cerveau suicidaire, qui lui commandait de se taire, et de ne pas en rajouter. Tête basse, comme si elle était encore ébranlée par son coup, elle se permit de lâcher entre ses dents "Salaud". Il n'avait rien entendu, mais elle, au moins, savait qu'elle n'avait pas totalement abandonné. De toutes façons, le Capitaine avait déjà changé de sujet de préoccupations, comme s'il avait terminé de crier après un animal qu'il aurait jugé stupide, pour ensuite retourner à ses principaux sujets de préoccupation. Agathe ne put s'empêcher de relever la tête. Elle pointa ses deux yeux flamboyants sur ce "Salem", qui de toute évidence allait devoir décider de la suite des événements.

~~~

Mais quelle idiote ! Agathe avait eu la très mauvaise idée de venir titiller le Capitaine Vardrin - qui en temps normal était déjà un pirate, soit un homme particulièrement infréquentable, rustre, mal élevé, et violent - juste après qu'il ait été menacé par des hommes rendus agressifs à cause d'elle. Il y avait de quoi me faire perdre mon sang froid, alors inutile de préciser que le pirate, qui était par nature un homme d'action davantage qu'un homme de réflexion - comme tous les gens de son espèce - avait réagi dans la seconde. La poussée, la claque, les insultes, le ton qui s'élève. La totale. Bien à ma place dans le rôle de subalterne terrorisé, parfaitement servile et très peu désireux de m'insurger contre le sabre de mon supérieur, je demeurai figé, les traits plus ou moins volontairement tendus dans un masque d'inquiétude pas totalement feinte. En effet, j'ignorai jusqu'à quel point Vardrin pouvait se montrer violent, et je ne tenais pas vraiment à ce qu'il se débarrasse d'Agathe avec autant de célérité qu'il s'était débarrassé du malandrin qui nous avait attaqués. Je regardai brièvement dans la direction de la jeune femme qui, la main pressée sur sa joue rougie, les yeux embués de larmes qu'elle retenait péniblement, tremblant de rage à peine contenue, semblait attendre que je me décide à répondre à Vardrin. Il avait décidément la fâcheuse manie de faire peser sur mes seules épaules des responsabilités qu'il aurait pu assumer avec facilité. Simple test ou poil dans la main, je n'aurais su le dire. Toujours est-il qu'il était décidé à rester simple spectateur. Je jetai brièvement un coup d'œil à Agathe, dont le regard aurait pu se traduire en substance par : "Sauve-le, ou bien je te jure que tu le regretteras !" Difficile de faire plus explicite. Je réfléchis un instant à comment j'allais bien pouvoir faire pour m'en sortir. Satisfaire Vardrin était ma priorité absolue. Il fallait que j'aie sa confiance, pour qu'il puisse m'accepter dans son entourage proche. Contenter Agathe était, disons, secondaire. Elle n'avait absolument aucun intérêt pour moi, et à vrai dire que je demande pourquoi je ne la supprimai pas sur le champ. La garder en vie pourrait m'attirer plus de problèmes que je n'en avais besoin, et pourrait compromettre ma couverture. Il me fallait rester lucide et clair, et elle ne m'aidait pas. Quant à ce pauvre bougre baignant dans son sang, il était le dernier de mes soucis, et pourtant il jouait un rôle central dans toute cette mascarade.

Le Capitaine, qui semblait visiblement peu pressé de continuer, me laissa réfléchir quelques instants, plutôt occupé à explorer une outre contenant quelque liquide vraisemblablement alcoolisé. Il en avala quelques gorgées, sans guère prêter attention au regard méprisant que lui jetait Agathe, avant de me tendre le récipient. Je le pris sans vraiment réfléchir, davantage concentré sur ses paroles, et sur tout ce qu'elles pouvaient impliquer. Je ne m'étais pas trompé en le jugeant plus intelligent que la moyenne de ses camarades de piraterie, et j'étais assez fier de mon analyse, même si j'avais pris un gros risque en me rapprochant d'un homme doté d'un certain instinct. Mais pour continuer à le manipuler, il fallait que je joue entre le noir et le blanc, entre ce qu'il penserait être la vérité, et ce qu'il penserait être un mensonge. Ce fut donc pour la première fois depuis que j'avais rencontré Vardrin que je me laissai aller à un sourire mi-figue mi-raisin, le genre de ceux qu'il est extrêmement difficile d'interpréter convenablement. Peut-être parce qu'il n'y a pas d'interprétation possible. Je répondis d'un ton empreint du mystère qui caractérisait Salem :

- Vous serriez surrprris d'apprrendrre tout ce qui se passe au Palais d'Umbarr, Capitaine, et tout ce qu'on peut y découvrrirr...

Je laissai planer le doute une seconde, avant d'ajouter, d'un ton plus léger, et en dosant subtilement les éléments qui me permettraient de le perdre :

- Mais je n'ai pas apprris à me défendrre au Palais (vérité) , ni nulle parrt ailleurrs (mensonge). C'était un simple...coup de chance (évident manque de respect), Capitaine (servilité). Je suppose que vous l'aurriez vaincu à vous seul (flatterie), sans l'aide de cet ivrogne (détournement d'attention).

Appuyant du geste mes paroles, je tournai la tête en direction du manant qui demeurait étendu dans une mare de sang, visiblement en proie à une lutte interne pour essayer de rester conscient. Je m'approchai de lui, et avant qu'il ne sombre dans le sommeil, je captai quelques paroles qu'il avait probablement lâchées sous le coup du désespoir, et que je ne compris qu'après un examen plus minutieux de sa personne. Faisant abstraction de l'odeur insoutenable qui émanait du dormeur, j'étudiai de plus près ses vêtements, pour constater avec un certain étonnement qu'ils étaient, malgré la crasse - crasse recouvrant un ensemble beaucoup plus vaste d'immondices divers et variés, de détritus de toutes origines ainsi que d'autres joyeusetés dont la seule mention pourrait retourner l'estomac d'un commis aux commodités - d'une certaine élégance. Se pourrait-il que le dormeur soit en réalité issu d'une quelconque famille riche ? Que la promesse d'une récompense, énoncée d'une voix plus que pâteuse, soit en réalité le moyen d'acheter - au sens propre du terme - sa vie. J'entrevis là la possibilité de contenter tout le monde, voire plus encore, si je manœuvrais habilement. Avec une surprise feinte, le lançai :

- Capitaine ! Loin de moi l'idée de vous dirre ce que vous devez fairre, mais cet homme vient de me prroposer une rrécompense si on le sauvait. Je crrois qu'il pourrait êtrre intérressant d'explorrer cette possibilité. J'ai la conviction que cet homme vaut plus qu'il n'y parraît.

C'était déjà un bon début, mais j'espérais en tirer plus, aussi ajoutai-je :

- Je ne m'y connais que trrès peu en matièrre de soins, et je pense qu'il aurra besoin de rrepos. Peut-êtrre pourrions nous lui aménager une place dans votrre navirre ? Et Agathe pourrait s'occuper de lui ? Je suis perrsuadé qu'elle sait soigner ce genrre de blessurres. N'est-ce pas ?

L'intéressée hocha vivement la tête, visiblement désireuse de ne pas contrarier le plan que je mettais en place, et qu'elle comprenait juste assez pour deviner qu'elle jouait peut-être sa survie dans cette affaire. Elle ne trouva rien à dire - et je lui en sus gré -, peut-être à cause de sa joue encore par trop douloureuse. Je jetai un coup d'oeil à Vardrin, qui pesait encore le pour et le contre de ma proposition :

- Faites-moi confiance, Capitaine, dis-je sans sourire, à moins que vous ne prréférriez surr-le-champ dissiper les mystèrres qui m'entourrent bien malgrré moi ?

Puis je me retournai vers le malandrin, et le réveillai en lui parlant à voix basse. Il émergea timidement de son sommeil agité, et je lui fis glisser quelques gorgées de vin dans le bec, pour qu'il puisse se désaltérer quelque peu, et retrouver quelques forces. Il était assez ironique d'essayer de le ranimer avec de l'alcool, alors que c'était précisément la cause de la plupart des ses soucis actuels. Lorsque je vis qu'il était assez remis pour parler, je lui demandai :

- Pouvez-vous vous lever ?


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Les chiens aboient. La caravane passe EmptyDim 29 Juil 2012 - 23:03
HRP: La suite avec toutes mes plus plates excuses pour ce grave retard.
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