Tanakh u Gundulfatu na felak.

- Un peu frisquet... avait déclaré Hadhod Croix-de-Fer en entrant pour la première fois dans cette haute salle, le 22 septembre de l'an 270 du Quatrième Âge, au matin.

- Une salle parfaite, avait rétorqué Bahïn le Général, sauf ce qui est des courants d'air, en effet.

Oïn avait alors pris la parole:

- Mais regardez toutes ces étagères cachant les murs, et les innombrables manuscrits emplissant les étages! On ne saurait trouver pareil lieu de savoir dans tout le Khazad-dûm!

L'intérêt du vieux sage pour les livres avait été grandement éveillé, tout comme celui de Fréor pour l'architecture:

- Voyez! Voyez donc comment est bâtie cette remarquable pièce. Tout comme une grande croix s'élevant jusqu'au haut plafond à soixante-dix pieds au-dessus de nos têtes!

Tels étaient les avis de quelques futurs Compagnons de la Croix-de-Fer et leur première impression à la vue de cette salle pour le moins caractéristique. Et ce fut ce matin même, quatre heures et demi après le lever du soleil, quand les dix personnes requises furent rassemblées, que Hadhod, ancien Capitaine de l'Ordre du Corbeau, leur fit son célèbre discours, restaurant de ce fait l'antique Maison de la Croix-de-Fer. Il apparaît dans bien des écrits, mais le revoici néanmoins:

- Vous, parents plus ou moins éloignés, amis de toujours, vous connaissez mon ascendance et mes ambitions, vous connaissez mon surnom et le prestige de ma hache. M'aiderez-vous à accomplir ma mission? Serez-vous de la Maison de la Croix-de-Fer, plusieurs fois millénaire?

Et on raconte que tous répondirent à l'unisson et d'une voix rageuse:

- OUI !

Salle de la Confrérie, Chambre de la Croix-de-Fer, Pièce aux 66 flammes, Gund-ulfatu (qui signifie La Salle du Courant d'Air), nombreux sont ses noms. Elle est sans nul doute l'un des lieux les plus importants du Royaume, après la salle du trône naturellement. Nul n'a le droit d'y entrer de son propre chef, officiellement, que les neuf membres de la Croix-de-Fer, et bien entendu Hadhod lui-même. Officiellement, dis-je dis, car en pratique, le roi Krohr y aurait bien sûr le droit d'asile, et les deux gardes ont reçu l'autorisation d'y pénétrer pour accompagner tout individu qui demanderait une audience. Si les Compagnons de la Croix-de-Fer sont absents, le duo de sentinelles saura ce qu'il y a lieu de faire avec vous, et cela vous évitera bien les ennuis que vous auriez eu en cherchant Hadhod directement dans la salle du Trône.

Les deux gardes sont moins caparaçonnés que les Khazad, mais se montrent tout aussi hargneux et tenaces si besoin est; ils sont armés de hallebardes presque aussi grandes qu'eux.

Si vous avez la chance d'y pénétrer, vous vous apercevrez que cet endroit est un paradoxe unique: compromis entre la rudesse nanesque et le raffinement venant de je ne sais quelle contrée. Les murs de pierre brute formant une croix parfaite montent à soixante pieds de haut jusqu'à une sorte de passerelle à demi écroulée, sorte de pont d'un niveau supérieur depuis longtemps oublié.

À chaque extrémité de la Croix se trouve une arche, une ouverture, mais seule celle donnant sur le sud possède une porte et est utilisable. Les autres sont vides mais débouchent sur d'anciens corridors obstrués par des éboulements, vestiges du passé. Voilà qui explique les courants d'air...

Le sol est couvert d'un plancher sombre et lustré à la mode de la Comté, chose incongrue chez les Naugrim. Au centre de celui-ci est posée, massive, une table ronde faite de la même pierre que les murs, mais taillé et ouvragée avec des motifs étranges; autour, dix sièges couverts de cuir rouge, séparés chacun par le même intervalle. Dans un coin, un petit bureau et des chaises de bois et de paille, pour les visiteurs.

Contre toutes les parois et jusqu'à une hauteur de quinze pieds sont installées des étagères emplies de manuscrits divers, anciens ou récents. Un escabeau de bois traîne toujours dans les parages.

Dernier détail, et non des moindres, une cheminée a été ménagée voilà peu de temps dans une alcôve, contrant ainsi les courants d'air et le froid qu'ils amènent par un feu vif et réconfortant, qui y brûle en permanence. Feu que l'on retrouve également sur les soixante-six torches fixées aux murs et qui fait danser les ombres des occupants sur les grimoires époussetés.

Aurez-vous le privilège de passer le seuil de cet endroit hors du commun?

Arrivé à hauteur des deux gardes de la porte, Kibïn s'arrêta, impressionné. Certains disaient que l'accès à cette salle était un privilège et que, outre les membres de la Maison de Hadhod, bien peu étaient ceux qui avaient réussi à en visiter l'intérieur. Mais en ce jour, malgré les hallebardes abaissées et peu encourageantes, le soldat était bien décidé à tenter sa chance.

"Je suis venu voir Thörn de la Compagnie de la Croix-de-Fer! S'il est là, pouvez-vous lui dire que Kibïn fils de Hibîn souhaite promptement s'entretenir avec lui."

Hurdïn cala son arme imposante contre la paroi du mur, ouvrit la lourde porte cloutée, puis, passant le seuil, il s'engouffra à l'intérieur et la referma. Sous le regard inquisiteur de Brön, Kibïn trouva le temps long; pourtant il ne se passa pas plus d'une minute avant que le deuxième garde ne revienne.

"Thörn est prêt à vous recevoir."

Les deux gardes laissèrent le champ libre au soldat, mais ils refermèrent vivement la porte derrière lui. Maintenant à l'intérieur, Kibïn contempla un instant la singulière architecture de la salle, tout en hauteur. Il porta ensuite son regard sur les personne présente, et les salua: ne se trouvaient ici que Dràr, Oïn, et Thörn. Ce dernier invita le visiteur à se rendre dans un coin, où deux petits sièges de pierre les attendaient.

- Alors, Kibïn, mon ami, ce n'est pas souvent qu'on vous vois par là, que venez-vous donc faire? Qu'avez-vous à me dire?

"Je viens de la part de Flosi, le forgeron. Ses créations, armes et armures, sont de toute beauté, mais selon lui, il lui manque l'essentiel pour accomplir son œuvre jusqu'au bout: le mithril. Nous voudrions lancer une expédition dans les anciennes mines, lieu où les chances sont les plus importantes, ou plutôt les moins minces. Car je dois l'avouer, le succès de ce projet est fort incertain, mais pas impossible cependant. Enfin... qui ne tente rien n'a rien, comme on dit."

Thörn n'avait pas bougé d'un pouce, mais ses paupières s'étaient légèrement refermé sur ses yeux sombres, comme s'il souriait, ou bien s'il essayait de deviner ce que son vis-à-vis lui voulait. Il finit tout de même par ouvrir la bouche:

- Cela est bien vrai, mon cher, mais je me demande ce que je peux faire pour vous dans cette histoire... Je ne suis ni mineur ni forgeron, et encore moins puits de science.

"En vérité, continua le fils de Hibîn comme s'il n'avait rien écouté, Flosi compte trouver une équipe de minage d'ici une semaine, mais il faudrait également des guides, des gens versés dans l'histoire de la Moria, et une compagnie de guerrier pour protéger cette expédition de la cupidité de nos chers ennemis à peau verte. Et un tel projet, seul Hadhod peut en donner l'autorisation."

- Je vois... répondit calmement Thörn. Eh bien, puisque vous m'avez sauvé la vie lors de la bataille de la Bruyère Fanée, je veux bien lui en parler, et plaider votre cause. Mais je ne te garantis rien concernant sa décision.

Voilà qui était fait. Ils se quittèrent donc, et Kibïn ressorti. Il y avait encore de l'espoir concernant l'accomplissement du rêve de Flosi, mais bien peu.

Qui sommes-nous pour croire que nos exploits d'antan nous assurent une gloire éternelle? Qui sommes-nous pour penser que nos lourdes portes suffisent à tenir le Mal à distance? La soldatesque orque n'a pas refait surface depuis une demi-décennie, et pourtant nous ne sommes jamais passés aussi près de l'abîme que nous venons de le faire. J'ai vu des royaumes frères se tourner le dos et manquer d'entrer en conflit. J'ai vu des mères ourdir des machinations démoniaques contre leurs propres fils. J'ai vu des nains capturer des nains. J'ai vu des nains combattre des nains. J'ai vu des nains amoncelés devant ma mine, morts dans la haine mutuelle, révérant le nom de Mahal de deux manières antagonistes... J'ai moi-même envoyé amis et bienfaiteurs dans mes geôles, rongé par la crainte de perdre mon pouvoir. Où sont donc passés l'honneur et l'unité d'antan, les liens de roc qui unissaient les gens de Durin? Où sont à présent Thorin Oakenshield, victorieux au combat avec une unique branche d'arbre, et Narvi à l'ouverture d'esprit légendaire? Et Azaghâl de Belegost, roi volant au secours des peuples de bien? Ils dorment tous aujourd'hui dans la pierre. Durin lui-même ne se réincarnera plus. Le temps de ces héros appartient au passé, et dans le passé il doit rester. La gloire la plus merveilleuse est devant nous, et non derrière nous. Mais elle est hors d'atteinte, si nous nous laissons ainsi emporter vers la décadence. Il nous faut cesser de contempler nos barbes. Et réagir, moi le premier.

Extrait de la copie du livre de Mazarbul ─ Journal de Hadhod ─ 15 février de l'an 300.

·· Ça pourrait aller mieux, mais ça pourrait être bien pire aussi ·· pense-t-il en faisant légèrement tomber sa tête en arrière.


« Je me réchauffais au coin du feu, si vous tenez à le savoir, et j'y séjournerai doublement plus souvent maintenant que je sais à quel point l'endroit est bon pour observer les gens à leur insu. »
« Mais si j'étais un intrus malveillant, enchérit Hadhod, je n'aurais pas tardé à savoir de quel bois tu te chauffais, n'ai-je pas raison? C'est la raison pour laquelle j'estime tant. J'espère toutefois inspirer plus de valeur qu'un intrus à mettre sur la tête, malgré le chemin chaotique de ces derniers temps... »

« Ne dites pas de bêtises, grogne son fidèle compagnon, et dites-moi plutôt ce que vous avez appris. »

« J'ai appris ce que Gamil et Tôrhun ont bien voulu me dire. Ils ont été longs à se décider, et les informations qu'ils m'ont transmises piquent ma curiosité et appellent de nouvelles interrogations. Selon eux, l'armée qui a attaqué nos mines n'est pas une armée. Ce serait plutôt un régiment, voire une frêle compagnie d'une plus grande organisation, qui voudrait s'en prendre à plusieurs royaumes, pas seulement à nous autres fils d'Aulë. Mais ils n'en sont pas sûrs du tout. À croire qu'une fraternité voudrait s'emparer du monde tout entier, cela paraît ridicule... oui mais voilà, ces deux-là ont eu raison une fois déjà, et, quant à moi j'ai eu tort sur toute la ligne. Aussi cette idée risible pourrait bien se transformer en grande vérité dans quelques temps, demain qui sait? Note bien ce que je viens de te dire. »
« Pour contrer la menace, certains individus à travers la terre du Milieu, sans doute les plus bienveillants et désintéressés, ont formé peu ou prou la même structure, mais l'ont appelé différemment et lui ont attribué, ma foi, un but opposé. Mais ils n'ont pas voulu m'en révéler le nom ni le fonctionnement. Gamil m'a juste signifié que, si nous voulions les aider militairement, il faudrait suivre leurs directives. »

« Suivre leurs directives? Mais pour qui vous prennent-ils, ces diables à ressort? »

« Ils me prennent pour le Seigneur que j'aurais dû être depuis des mois, Thörn. »

« Le seigneur que vous auriez dû être depuis des mois? déclama une voix derrière Hadhod. Pour ça oui, maître Croix-de-Fer, ça nous aurait évité bien des complications, à mon frère et moi... C'est qu'ils commençaient à devenir franchement farouches à notre égard, là-haut sous la Montagne! J'ai bien cru qu'ils allaient nous mettre du vinaigre en lieu et place de bière, ou pis encore. »

« Ah! s'exclama avec joie le souverain. Qu'Aulë soit loué, que je suis heureux de vous revoir sain et sauf après tout ce temps! Entrez, mes amis, entrez vite et reposez vous de vos voyage, car vous devez être éreintés par toutes ces lieues; vous avez bien mérité tout le confort de cette salle. Thörn ira quérir le cuisinier dans un moment, et vous pourrez vous rassasier convenablement; et il ira chercher Bahïn, par la même occasion, et Oïn s'il le trouve, ils seront tous deux enchantés de vous retrouver enfin, et en un seul morceau, ce qui est un luxe par les temps qui courent! »

« Votre mission diplomatique à Erebor se sera prolongée bien au-delà du terme que je lui avait prévu, car hélas, comme tu le dis si bien Fréor, les choses n'ont pas été toutes roses. J'ai commis des erreurs, et, si les conséquences auraient pu être funestes pour Khazad-dûm tout entier, je suis meurtri de savoir qu'elles auraient pu vous mettre dans une situation fort périlleuse. J'espère seulement que vous ne m'en voulez pas trop. »



« La situation était très compliquée à gérer, fut-ce, sauf votre respect, pour un personnage de votre trempe. En fait, les métaux précieux, quels qu'ils soient, ont toujours la fâcheuse manie de rendre les choses compliquées. Mais nous avons finalement sorti la tête de l'eau à ce qu'il semble, et ce tout ce qui compte. Bien que nous ayons dû nous atteler à des pourparlers en tête à tête plus que tendus avec l'intendant Grimbeärd, non, nous ne vous en voulons pas. »

« Mes paroles de tout à l'heure étaient à prendre au second degré, ajouta Fréor, je ne les pensais pas vraiment. »

« J'avais bien compris, répliqua Hadhod du tac-o-tac, je commence à te connaître, mon jeune ami. »

« Trêve de plaisanterie maintenant, prévint Frehïn. J'ai une chose à vous remettre, qui vous ravira. Grimbëard a bien reçu la lettre que votre corbeau lui a transmis et, étant donné la nouvelle entente qui règne entre Erebor et Moria, étant donné la promesse que vous lui avez faite, il a décidé d'accorder ce que vous avez demandé. Prenez-en soin, elles viennent tout droit du registre d'état civil Mont Solitaire et sont paraphées par Durin VII en personne. »


« Bien qu'elle soit coupable de haute trahison et que nos lois m'en donne le droit, déclara Hadhod, le peuple rechigne contre le fait qu'une personne puisse jeter sa propre mère, qui l'a élevé et fait grandir, en prison. Maintenant la preuve est faite qu'elle était déjà une mère indigne bien avant de comploter contre son fils. Je ne dois pas me mettre le peuple à dos; avec ça, ils seront satisfaits. »

« Parlez-nous de ce qui s'est passé ici. »

« C'est parti... » dit-il.

Deux jours plus tard...


« Mais comment, répondait Hadhod sans doute à une demande du vieux sage, comment pouvons-nous vous suivre dans des aventures et des guerres alors que l'Ordre de la Couronne de Fer risque, selon vos dires, de frapper de nouveau, et que vous nous tenez dans l'ignorance concernant toute cette affaire. Si je ne sais pas quelles sont vos forces, je ne peux savoir de combien de mes guerriers je peux me passer! »

« Vous parlez sagement, et dans d'autres circonstance j'aurais été d'accord. Mais je vous demande de me faire confiance à moi, le serviteur qui n'a voulu que votre bien depuis toutes ces années, même si vous ne portez pas la Loge dans son ensemble dans votre cœur. Une seconde attaque sur Khazad-dûm est envisageable, mais non certaine; une attaque sur une autre cité de la Terre du Milieu, en revanche, est inévitable, selon ce que nous devinons du but final de cet Ordre. L'avenir se jouera dehors. Je pense, après avoir pesé le pour et le contre et tous les risques, que vous pouvez vous permettre de vous séparer d'une Compagnie, voire de deux, et d'y ajouter quelques éléments utiles, comme des éclaireurs, champions, ou autres... Les Passeurs de Khazad-dûm ont une bonne connaissance du conflit au niveau local, aussi resteront-ils ici pour compenser l'envoi de forces à l'extérieur, hors mis quelques-uns qui accompagnerons l'éventuelle expédition. Qu'en pensez-vous, fils de Trehod? »

« Je ne répèterai pas les erreurs du passé, Gamil mon ami. Oui, la Moria est prête à venir en aide à un royaume qui se trouverait dans un danger encore supérieur au nôtre, mais ce en proportion raisonnable, qui garantisse la défense de ma propre cité. Je m'en remets à vous pour m'indiquer la meilleure action à mener. »

« La Loge est une confrérie puissante et ramifiée, et ses affiliés tâchent d'être bien renseignés: l'information clé pourra venir à tout moment. Je vous conseille de préparer vos soldats. »

#Hadhod

Leur périple ne fut pas des plus longs mais avec cet hiver de plus en plus rude, les jours étaient vécus comme des mois. La neige a beau offrir un magnifique paysage, la luminosité ,elle, rendait la progression beaucoup plus compliquée, obligeant les quatre marcheurs à se protéger les yeux.
Durant le voyage, Lièvre et Fennec avaient chacun derrière eux un Naugrim sur leur monture. Fatigués et blessés, Murin et Drar auraient eu grande peine de se mouvoir dans cette neige épaisse.

Puis, après plusieurs jours d'avancée, la porte Est de la Moria était enfin en vue. Tout semblait calme et personne n'imaginait qu'une sanglante bataille avait eu lieu peu de temps auparavant. Tandis que Fennec accompagné de Drar fermait la marche, Lièvre s'avança vers les gardes de la porte, marchant devant son étalon. Après quelques minutes de discussion et une prise de parole de Murin pour confirmer les dires de l'Arnoréen, le petit groupe s'enfonça dans les mines, se rendant auprès du Seigneur de la Moria.

Alors que dehors, les hommes menaient la marche, ici bas, dans les profondeurs de Khazad-dûm, Fennec et Lièvre avançaient, guidés par leurs compagnons, les yeux bandés comme la coutume le voulait.

Au bout d'un moment qui sembla une éternité aux deux humains, les pas cessèrent et un grondement de porte qui s'ouvre se fit alors entendre.

"Le Seigneur Hadhod va vous recevoir."

On leur retira leurs bandeaux et ils purent alors découvrir l'incroyable talent d'architecture du peuple de sous la montagne. Jamais les deux Passeurs n'avaient vu pareil endroit, Fennec en eut le souffle coupé.

Plus loin, un Nain d'allure noble et dont une aura toute particulière émanait, semblait les attendre -avec une étonnante impatience dissimulée. Sans détour, Lièvre prit la parole :

"Ô Seigneur de la Moria, moi et mon ami sommes venus raccompagner deux de vos frères, ici présents. Nous sommes venus parler au nom d'un homme que vous avez rencontré jadis."

Laissant Hadhod assimiler ses paroles, il reprit brièvement.

"Nous apportons la parole du dénommé Sirion."