Deux frères et un coffre d'or

Rhîm avait pris sa sacoche et, suivis de son frérot, était passé sous l'arche de la pièce où il venaient de passer la journée, quittant les bas niveaux de Tronjheim pour remonter en direction du haut. Et le haut signifiait bien sûr que l'activité augmenterait tandis que leur tranquillité diminuerait. Et ce fut bien cela: dans les allées, les Nains de passage s'arrêtaient et les épiaient avec intérêt, tandis que d'autres passaient leur chemin - ce qui ne les empêchaient pas d'observer les deux frères.

Ils étaient au centre de toutes les discussions et de tous les intérêts, tout comme le troisième frangin.

"Ils sont attendus là-haut, murmuraient certains..."

Rhîm avait depuis longtemps saisi ces conciliabules, à force de les entendre, et il se demanda un instant pourquoi le Seigneur n'avait pas envoyé un messager pour les prévenir... depuis quand les attendaient-on comme cela? Eh bien pas depuis longtemps, car les débats aveitn fait rage dans la grande salle: le Seigneur et ses conseillers avaient discuté longtemps et jusqu'à tard dans l'après-midi, et il avait finalement été décidé d'envoyer Grîm et Rhîm, faute de mieux. Ils croisèrent donc le Nain qui avait pour tâche de les en avertir...

"Eh bien je vois que les nouvelles arrivent aux oreilles des intéressés avant même qu'on ne les mettent au courant, dites-moi à quoi je sers... Suivez-moi!"

Et ils se rendirent dans la grand'salle d'un pas rapide. Le Seigneur état là, debout, et assis autour de lui, il y avait ses proches conseillers et collaborateurs, tout comme certains généraux et personnages de haut rang. Harvïn n'était point là. A côté du Seigneur se voyait un coffre de bois fermé à clef. Il prit la parole - le Seigneur, non pas le coffre.

"Je suppose que vous savez pourquoi je vous ai fait mander..."

Grîm était resté silencieux tout au long de la remontée, se contentant de suivre Rhîm à quelques mètres de distance. Il regardait le sac que son frère avait sur le dos danser devant ses yeux au rythme de son pas lourd. Il était satisfait que la carte qu'il avait dessiné à la hâte se trouve à l'intérieur ...

Bougon comme à son habitude, il n'avait pas le détachement de son frère par rapports aux autres nains qu'ils croisaient sur leur route et accompagnaient leur progression de commentaires plus ou moins agréable et ne supportait pas leur regard entendus ... Il sortit soudain de son mutisme n'y tenant plus :

- Qu'est ce que t'as à me regarder comme ça toi ??? Tu veux ma photo !!!!!!

Ou encore des :

- Z'avez rien d'autre à faire !! ???

et autre :

- M'énervent à marmonner dans leur barbes ceux là !!!

Il avait regardé tristement la porte de la taverne qu'il n'avait pas franchit depuis qu'il était de retour à la cité tout occupé à mettre en place ce qu'il appelait : ''Le plan foireux du globuleux'' ...

D'un autre côté, fallait avouer que pour l'instant, tout se passait comme prévu ...

Le messager sensé les prévenir de leur convocation le fit sortir de ses pensées. Il lui répondit d'un air amusé malgré tout :

- Ben ... A rien ... Tu sers à rien ! Tu F'rais mieux d'changer d'boulot ... Fin ... Merci quand même ...

Ils avaient donc suivit le messager jusqu'à la grande salle ...

A leur arrivée, les yeux de grîm s'était immédiatement posés sur le coffre qui trônait à côté du Seigneur ... Il pensait en lui même :

** Pfffffffffffffffffffh, j'espère qu'on va nous filer un ou deux aides pour faire la route ... Manquerait plus qu'on doivent se taper à porter le coffre tout seul tient !!! J'suis sur qu'y doit peser des tonnes ce truc ... Mmmmmmmfh .... **

Puis la voix grave du Seigneur avait résonné :

Citation :

"Je suppose que vous savez pourquoi je vous ai fait mander..."

Grîm s'était incliné très bas devant le Seigneur avant de répondre :

- Que la force d'Aulë soit toujours avec vous ...

Avant d'en revenir à la question proprement dites ...

- Comme toujours, vous supposez avec grande acuité Seigneur.

Le Seigneur fronça les sourcils. Ce Nain lui donnait une réponse un brin énigmatique comme l'aurait fait un conseiller de haut rang, pas un simple soldat. Enfin... cela n'avait que peu d'importance.

"Si donc vous savez pourquoi vous êtes ici, vous ne serez pas surpris de savoir que vous et votre frère êtes réquisitionnés pour tenter de libérer votre troisième frère, l'éclaireur Khîm!"

Il s'interrompit, se demandant avec un peu de retard pourquoi Grîm - et passablement Rhîm - semblaient si sûrs de la raison pour laquelle ils avaient été appelés. Qui donc les avaient prévenus, alors que lui-même avait préféré ne leur révéler leur nouvelle mission qu'au dernier moment pour éviter que des imprévus ne viennent perturber le plan. Le Seigneur n'en savait rien, mais il avait de gros soupçon, nottement envers le conseil des runes. Il reprit:

"Vous devrez porter ce coffre empli de cinquante pièces d'or au croisement des trois chemins, qui se trouve à égale distance entre ici-même et Belegost... mais cela, vous le savez mieux que moi. Leur chef nous a donné sa parole - si tant est que la parole d'un Gobelin vous suffise - qu'il n'everrait que le stricte minimum de ses gens, seulement pour escorter Khîm, un ou deux gardes, je pense. Nous procéderons ainsi également: vous serez deux, assez pour porter ce coffre, et nul ne vous accompagnera, sans quoi cela pourrait être pris pour une tentative d'entourloupe et se révéler désastreux!"

Rhîm n'en revenait pas... nul Nain ne pouvait donc les aider dans cette tâche si difficile, sur cette route si morose.

"Si vous partez maintenant, vous serez là-bas avant le coucher du soleil. C'est à ce moment, en principe, que les rançons s'effectuent. Si Khîm n'est point rendu, vous pourrez ainsi rentrer à la Cité sous le couvert de l'obscurité."

- Qui mieux que les frères du frère perdu pour s'aquitter au mieux de cette remise de rançon votre Seigneurie ... Il en sera selon votre désir et nous irons promptement sur les chemins rocailleux porter ce coffre en échange de Khîm. En vous remerciant vivement de nous avoir choisis ...

Grîm s'inclina encore plus bas qu'en arrivant puis se tourna vers Rhîm qui n'avait toujours pas bougé. Il lui fît les gros yeux et un petit signe discret :

- Mmmmmh .... Mmmmmmh !!!

Mais Rhîm semblait ne pas comprendre au grand désarroi de Grîm qui finit par lui donner une grande tape dans le dos pour l'obliger à s'incliner à son tour. Il se retourna vers le Seigneur de Tronjheim en levant les yeux au ciel puis ajouta :

- Khîm sera rendu, votre Seigneurie, foi de Grîm !!

Le nain jeta un nouveau regard au coffre qui trônait au pied du seigneur de Tronjheim tentant d'évaluer son poids ... C'était déjà une belle bête et il avait des poignées en fer et les cerclages étaient de fer aussi ... Il tenta de cacher son trouble et enchaina :

- Qu'est ce donc que de porter ce coffre à deux, fusse-t-il lesté de plomb, sur des milles de sentier montagneux, chaotiques, pierreux à souhait et rendu glissant par la neige et la glace pour nous autres nains de Tronjheim ?

Il marcha sur le pied de Rhîm qui avait fini par s'incliner mais du coup ne se relevait plus ...

- Nous nous mettrons donc immédiatement en route conformément au souhait de votre Seigneurie, à moins que votre Seigneurie ait autre chose à ajouter ?

"Qu'Aulë vous gardent!"

Le Seigneur n'avait que cela à ajouter. Les deux frères s'avancèrent vers le coffre... - oui car Rhîm s'était finalement relevé, même s'il venait de s'incliner pendant plusieurs dizaines de secondes et si les Nains présents avaient eut la folle pensée qu'il s'était endormi, ce n'était point cela, même si le pauvre frère de Khîm était bien fatigué par toute cette histoire.

Les deux frères s'avancèrent donc en direction du coffre qui contenait la rançon et se saisirent chacun d'une poignée. Le côté que tenait Grîm s'éleva vite, tandis que celui de Rhîm restait désespérément au sol.


"Mrrrr! Mmmrrrrrrrr !!! Hhhiiii !"

Rhîm semblait forcer de toutes ses forces; il était rouge comme une pivoine, pourtant il ne se passait rien...

"Bon en route, au croisement des trois chemins!"

Le coffre se leva alors instentanément, et le visage du Nain reprit sa teinte habituelle. Décidement, ce Rhîm... toujours le mot pour rire, même dans les situations sérieuses et précaires.

Les deux frangins descendirent jusqu'à la grande porte, où ils furent salués gravement par les gardes, avant de prendre le chemin du Nord. Une compagnie de Nains habiles et rapides les suivit de loin pendant un certain temps pour éviter toute attaque par d'éventuels bandits, mais ils rebroussèrent chemin lorsque le sentier devint plus ardu - par paresse ou par ordre du Seigneur, on se le demande... peut-être les deux.

Le soleil se coucherait à l'Ouest dans quelques heures. Rhîm et Grîm étaient seuls à présents, seuls dans le froid de la montagne. Enfin... pas tout à fait seuls... ils avaient pour compagnon un coffre d'or.

La pénible marche durait déjà depuis une heure et Grîm n'avait toujours pas desserré les dents. Rien, il n'avait absolument pas prononcé le moindre mot depuis le départ de la cité, plutôt mauvais signe .... Courbé en deux sous le poids du coffre empli d'or, il se contentait de soupirer bruyamment toutes les quarante trois secondes environs, ce qui correspondait grosso modo au temps où les deux frères progressaient en portant leur fardeau avant de, n'y tenant plus, les muscles de leurs bras tétanisés par l'effort, le reposer pour souffler un moment ... Le coffre n'était pas lourd, non .... Il était très, très lourd !
A la soixante quatorzième pause, la colère longtemps retenue de Grîm éclata soudainement :

- RHÂÂÂÂÂÂÂÂÂ !!!! Z'ont enfermé un mûmakil là dedans ou quoi ??? C'est pas possible autrement hein Rhîm !!! Pis z'ont rajouté des grosses pierres exprès sur not' chemin pour sur, et des coupantes en plus !!! M'rappelle pas qu'y en avait autant par ici !!!! j'ai la marque de la poignée de ce maudit coffre incrusté dans la paume de la main !!! Partira plus ça j'suis sur !!! Tiens regarde ... Iva ... Ivaldi !! C'est surement celui qui les a forgés !! Et mon bras, mon pauvre bras, y s'allonge !! Va toucher par terre à force !! Vé avoir un bras d'orcs !! Bon allez, si ça te dérange pas, on change de côté, autant avoir deux bras les mêmes pas vrai mon frère ?!! Satané coffre !!!!! RHÂÂÂÂÂÂÂÂÂ !!!!

Grîm, furieux, venait de donner un puissant coup de pied dans la caisse de bois et de fer qui bougea de quelques centimètres. Le problème est que les deux nains se trouvaient au abords d'une pente enneigée où plus aucune pierres n'étaient visible ... Le coffre se mit à glisser, d'abord lentement avant de rapidement prendre de la vitesse. Grîm, se tenant le bout de son pied tout endolori par le choc, regardait le coffre s'éloigner seul dans la descente ...

- OUIIIIILLE MON ORTEIL !!! ZUT !!! LE .... CO .... LE COCO .... LE COOOOOOOOOFFRE !!!! RHÎM FAIT QUELQUE CHOOOOOOOSE !!!

[Hrp: Splendide la signature!]


"J'y vais, j'y vais! J'y vais! Pas d'inquiétude mon frère, tu sais très bien que je ne laisserai jamais échapper le seul espoir de revoir notre frère, parce que si c'est comme ça, autant..."

L'expression sur le visage de Grîm stoppa sa prise de parole et hâta sa course. Pendant les quelques mots qu'il avait prononcé, le coffre avait glissé encore un peu plus loin. Heureusement, la neige fraichement tombée était encore poudreuse et non verglacée, sans quoi les pièces auraient bien vite fini leur course au fin fond d'un précipice.

"Je l'aurais! Je l'aurais!"

Rhîm se précipita aux arrières du précieux objet, comme un vieil homme qui coure après son chapeau soufflé par le vent. La poudreuse, la satanée poudreuse... le pauvre Nain en avait plein les bottes, c'était le cas de le dire! Bientôt, de nombreuses empreintes de pas vinrent abimer le doux manteau neigeux.

"Je vais l'avoir! Je vais l'avoir!"

Le coffre avait attaqué la pente plus raide et commençait à prendre de la vitesse quand Rhîm plongea enfin sur lui pour s'en saisir. Bien des millénaires plus tard, lorsqu'Elfes et Nains n'existeraient plus et que les Hommes auraient la domination sur Terre, le même mouvement serait réalisé par un gardien de but dans un jeu qui s'appelerait "football".

Mais là ce n'était pas un jeu.

"Je l'ai! Je l'vvssprrf..."

Rhîm venait de manger la neige. Le coffre était à présent enfoncé, il était hors de danger. Mais le frère de Grîm avait roulé la tête la première un peu plus loin et s'était enfoncé dans la neige. On ne le voyait plus du tout, mais du trou ainsi formé vint un son sourd et faible:

"Je l'ai eu, Grîm... Je l'ai eu..."

Grîm avait tourné sur lui même pendant quelques instant en se tenant le pied, tout en poussant des jurons que la bienséance m'interdit de narrer ici. Pendant qu'il tournait, le coffre glissait, prenait de la vitesse et Rhîm s'était élancé à sa poursuite dans la pente glissante ...
Grîm avait reposé son pied douloureux avec précaution et boitillant s'était avancé à leur suite entamant la longue descente. Aussi loin que portait sa vue, nulles traces du coffre et de son frère.
Il se mit à l'appeler :

- Hey !!! Rhîm ??? Rhîîîîîîîm !!!! Hohoooooo !!!! Par la barbe de Durin, répond quoi ....

Manquant de glisser à son tour, il tenta de se rattraper à une branche qui pendait au dessus du chemin enneigé mais un ''crac'' sonore se fit entendre et il chuta à son tour lourdement avant de dévaler la pente sur son arrière train pour être finalement stoppé brutalement contre une masse dure enfouie sous la neige. S'en suivit une petite voix qui s'élevait toute proche :

Citation :

- "Je l'ai eu, Grîm... Je l'ai eu..."

Grîm se releva difficilement en se frottant l'épaule qui avait cognée contre le coffre et son humeur ne s'était pas arrangé :

- Rhâââââââ j'ai le pied en compote et l'épaule en marmelade ...

Tendant son bras valide pour aider son frère à sortir de dessous son amas de neige, il continua :

- Rhôôôôô mais qu'est ce que tu fais là dessous Rhîm ? J'ai bien cru que t'étais passé par dessus le précipice ! Tu peux vraiment pas t'empêcher de faire le pitre !!! Comme si c'était le moment ...

Il leva son regard vers le haut du chemin et enchaina :

- Ben dis donc t'as vu ?? Elle fait au moins trois cent mètres cette dénivelation !!! Pfffiiiiou, grâce à môa, c'est tout ça en moins qu'on aura pas à porter ce satané coffre ... On a gagné de l'effort et du temps !! J'ai eu une bonne idée de faire glisser l'coffre ça y'a pas à dire !

Visiblement très satisfait de lui et le morale en hausse, Grîm attrapa à nouveau la poignée du coffre :

- Allez !! Sors de là et cesse de faire l'enfant Rhîm, on y retourne !

"Eh bien donne m'en donc je meurs de faim!"

C'était tout ce qu'avait dit Rhîm lorsque son frère l'avait renseigné au sujet de l'état de son bras et de son pied. La blague n'était certes pas très bonne - même complètement pitoyable, je vous l'accorde - mais il faut dire que l'humeur du Nain n'était pas la meilleure qui soit: des masses de neige étaient rentrées dans ses bottes et sous ses habits. Il ressenti le froid mordant, puis l'humidité et le froid toujours plus mordant à mesure que la neige fondait.

"Rraaahhh! Quelle sottes idée de nous être jamais séparés. Rien de cela ne serait arivé si nous étions restés tous les trois ensemble! Et par le diable, arrête de te vanter, je n'aime pas ça, en plus tes deux mains gauches ont failli envoyer tout froit les pièces dans le ravin!"

Il est vrai que sur ce coup-là, les deux Naugrim avaient été extrêmement chanceux: le précipide n'était pas très éloigné, et ils durent faire attention à ne pas glisser en récupérant le coffre. Ils empruntèrent alors un petit chemin très étroit qui longeait le vide sur leur droite...

"Le coffre aurait pu disparaître dans ce trou et ne pas avoir encore touché le fond!"

Fort heureusement, Rhîm éxagérait un peu... mais tout de même, les pièces d'or, les cinquante pièces d'or, auraient été hors d'atteinte...

"Et aller rechercher un coffre et des pièces à Tronjheim aurait pris un temps fou, sans parler de la colère du Seigneur."

Le sentier s'élargissait au fur et à mesure de leur avancée périlleuse, jusqu'à devenir un large espace plan, quoique caillouteux et enneigé. Des arbres morts apparurent sur leur gauche et devant eux, nus, noirs, ils flanquaient la chair de poule et abbataient le moral. On aurait dit que des centaines d'arbres étaient sortis de leurs tombes - si si les cimetières pour arbres existent, il suffit de sortir tard le soir dans la montagne après avoir bu un tonnelet de cidre ou de bière.

Lorsque Grîm chevhait du bois mort, il aurait été servi. Mais à présent, plus question de feu et de chaleur, cela faisait quelques heures qu'ils marchaient, le soleil commençait déjà à devenir rouge en déclinant...

"Nous sommes tout près du Croisement des trois chemins, ces squelettes d'arbres en sont le signe."

Les croassements rauques d'une petite dizaine de corbeaux noirs ajoutaient encore au sinistre de l'endroit. Ils tournoyaient quelques secondes au dessus des deux nains avant de s'éloigner pour se poser sur les branches biscornues des arbres morts au loin. Une nouvelle nuée prenait alors son envol, s'approchaient à leur tour avant de s'éloigner pour reprendre à leur place. On eut dit que les volatiles s'avisaient les uns les autres de l'apparition de deux nains qui, courbés sous un lourd fardeau, marchaient lentement en direction du carrefour des trois chemins et que certains, sceptiques, venaient se rendre compte par eux même de la véracité des faits.

Grîm détestait ces bestioles au plumage noir, les considérant comme des espions à la solde des orcs et agitait ses bras pour les faire fuir ...

- Rhâââââ, Allez vous en, suppôts de de la mort !!!

A ses cris, les corbeaux avaient désertés le premier arbre mort pour se poser sur le suivant à quelques mètres de là.

- Rhîm, faisons une courte pause si tu meurt de faim ... Cela sera certainement la dernière avant le carrefour. On a rien avalé depuis que le coffre a dévalé la pente tout seul. Ce serais pas une bonne idée d'arriver l'estomac dans les talons ...

Le coffre fût posé en dessous de l'arbre. Grîm s'installa dessus et ouvrit sa besace ...

- Tiens mon frère, heu ... Non !! Mais non laisseuuuuu !!! Inutile de farfouiller dans la tienne, j'ai assez de victuailles pour nous deux ...

Il tendit un gros morceaux de saucisson à Rhîm, une boule blanche qui ressemblait à du pain, un pot de terre rouge scellé avec une sorte de cire qui contenait de la bière ...

- Ha tiens, j'ai aussi pris un fromage dans ma réserve personnelle à la cité. C'est de chez Môm, le meilleur de Tronjheim ...

Mais alors qu'il le tendait à son frère, un corbeau surgit soudain,s'empara du fromage avant de se poser sur la branche au dessus des deux nains.

Le corbeau sur l'arbre perché, tenait en son bec le fromage. Maître Grîm, à l'humeur renfrognée, lui tint à peu près ce langage :

- Hé !!!! bourreux de corbeau, que z'êtes un abruti ! Que vous semblez idiot ! Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage,vous êtes le corbix le plus stupide des hôtes de ce bois.

A ces mots, le corbeau ne se sent plus en joie; Et pour montrer son bel émoi, il ouvre un large bec et laisse tomber sa proie. Grîm s'en saisit et dit :

- Saleté de corbeau, apprend que tout voleur, vit aux dépens de celui qu'il dépouille : Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute.''

Le corbeau, honteux et confus, jura mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus ...

Rhîm, malgré tout le tragique de la situation présente, ne put s'empêcher de sourire lors de l'épisode du fromage. Mille petites rides de joies couvrirent son visage pendant quelques instants... Il faut dire que voir son frère être en conversation avec un volatile, un corbeau, perché sur un arbres et lui ayant volé son bout de fromage, ce n'était pas donné à tout le monde, ni tous les jours.

"Hé hé hé, vieux renard de Grîm, tiens... Tu trouveras toujours quelque ruse pour rétablir l'ordre dans les situations délicates. Je dois avouer que tu m'as bluffé sur ce coup-là. Si jamais nous avons la chance de rentrer à Tronjheim, je raconterai ça à tout le monde, même si le raconter simplement ne saurait transmettre ce que j'ai ressenti en cet instant. Il faudrait le chanter, ou le mettre en vers pour une poésie!"

Tout en mangeant son morceau de fromage bien mérité - ou plutôt que son frère aurait bien mérité, Rhîm se ravisa:

"Enfin tu sais ce que deviennent les histoires et les poèmes: quelqu'un les déformerait et les rendraient plus rocambolesques qu'ils ne le sont vraiment. Nul doute que nos noms seraient oubliés... mais au profit de quoi... je ne saurais le dire. Ah! Je meurs de soif!"

Rhîm siffla sa gourde d'un trait et ronchonna juste derrière:

"Et bien sûr il n'y a pas de rivière ni de fontaine dans ce maudit lieu! Ma gourde devra rester vide jusqu'au bout... Même une fourmi ne trouverait pas une goutte d'eau pour se désaltérer. Regarde, il n'y a que la terre noire ici, et la roche. Même pas de la neige pour éclaircir le paysage. Allons! Plus vite nous le ferons, plus vite ça se terminera!"

Ils repartirent donc, descendant avec leur coffre. Ils arrivèrent au fond d'une cuvette, sur un terrain plat et circulaire d'une trentaine de mètres de diamètre. L'endroit était noir et lugubre... Il y avait davantage d'arbres morts qu'où ils s'étaient arrêtés auparavant, mais nul corbeau ne s'entendait ni ne se voyait, causant un silence plus inquiétant que le coassement de tout à l'heure. L'air même semblait fait de brume, et le soleil n'était plus visible.

Dans leur dos était le chemin par lequel les deux frères venaient d'arriver. En face, un peu à l'Ouest, un chemin serpentait en direction des Cités de jadis, tandis qu'en plein Est, un troisièmle sentier partait on ne sait où. Et au milieu de la clairière, au croisement, on pouvait apercevoir trois pierres dressées tristement, appelées Bornes des Trois Chemins.

Un lieu tout à fait charmant...

Grîm frissonna et déglutit difficilement avant d'avouer :

- Brrrrrrrrh, j'ai la chair de poule !!!! Mmmphf, passerais pas mes vacances ici moi ... Ces trois pierres levées ne me disent rien qui vaille ...

Il détestait les corbeaux mais il en était presque à regretter ceux qu'ils avaient croisés précédemment, même si c'étaient des voleurs de fromage ...

- Pis fait plus froid là d'un coup !! Pis plus noir aussi !! N'y voit plus très bien ... Satanés orcs, bien dans leur genre de donner rendez vous dans un endroit pareil ...

La dernière étape de leur longue et pénible marche touchait à sa fin et Grîm n'était pas mécontent d'en finir avec le lourd fardeau. Cependant, plus il se rapprochait des trois pierres levées, plus ses sens étaient en alerte et une forte appréhension lui nouait la gorge ...
Il jeta un coup d'oeil vers Rhîm. Les yeux de son frères regardaient de tout côtés et il avait tendance à se retourner souvent preuve qu'il était soumis lui aussi à une certaine crainte, si ce n'est une crainte certaine.

Plus ils s'approchaient, plus les sinistres pierres les dominaient. Elles semblaient posées là comme un avertissement. Le vent qui s'engouffrait entre elles semblait émettre comme un rire lugubre et menaçant ...

"Ouh allons donc! Ce ne sont pas trois pierres levées qui vont nous empêcher de prendre un peu de repos, aussi lugubres soient-elles, par le diable!"

On aurait dit que les paroles de Rhîm s'étaient évanouies dans l'air dès qu'elles étaient sorties de sa bouche. Le coffre fut déposé à un mètre ou deux des horribles cailloux, et le pauvre Nain s'en accomoda comme d'un siège. Il retira sa sacoche et la posa lourdement à terre, sans grande douceur...

"Ah, je suis harassé de fatigue, mon frère. J'espère que ceux avec qui nous devons traiter de tarderons pas trop, parce que moi, Gobelin ou pas, il n'est pas question d'attendre des heures dans ce froid et cette athmosphère viciée, ça c'est sûr. Regarde, on ne voit plus le soleil, la nuit va bientôt..."

Il interrompit brusquement sa phrase, comme s'il venait de perdre la parole. En fait, il venait simplement d'entendre un bruit: un craquement soudain, et des voix à demi étouffées. Leur sang se figea, et bientôt ils virent la source des sons...

Deux silouhettes apparurent, débouchant lentement du chemin du Nord... deux silouhettes de Gobelins.

"Ce doit être eux! disait l'un de sa voix mauvaise."

"Pour sûr, répondait l'autre. Regarde le coffre, c'est ce que nous cherchons n'est-ce pas?"

"Oui!"

Grîm et Rhîm se levèrent soudain, alors l'un des Orques parla:

"Nous venons de la part du grand Gorth, afin que la rançon promise nous soit bien remise. Le prisonnier nous suit de près, maintenu enchaîné par l'un de nos semblables. Allons faites-nous passer le coffre, et nous vous rendrons votre ami! N'ayez crainte, nous ne sommes pas armés, voyez. Mais pas d'entourloupes!"

La voix grave et rauque de l'orque avait couvert les sifflements lugubres du vent et Grîm tressaillit lorsqu'elle s'éleva soudainement. Il serra les poings à la vue des puantes créatures et prit la parole à son tour :

- Vous n'aurez accès à se coffre que lorsque nous aurons vu notre frè' ... Hum ... Compagnon de nos yeux ! Nous n'avons nullement l'intention de faire des entourloupes ... Seul notre compagnon nous intéresse ... Qu'il s'avance et vous aurez votre rançon ....

La voix de Grîm tremblait un peu malgré ses efforts pour rester calme. Il regarda en direction de son frère Rhim pour voir si il avait quelque chose à ajouter ...

Les orques quand à eux semblaient hésiter et un silence s'installa dans leur rangs. Allaient-ils laisser le captif s'approcher un peu ?

Il fallait absolument éviter que la situation ne s'envenime et Grîm ajouta :

- Allons ... Nous n'avons pas transporté ce coffre sur des milles et des milles pour ne pas vous le remettre le moment venu ... Faites s'approcher notre ami que nous puissions le voir et juger de sa bonne forme, ainsi, tout se règlera très vite, sans problème et vous pourrez rejoindre votre grand Gorth avec la rançon !!

La façon dont Grîm avait réagi convenait tout à fait à son frère Rhîm. Ce dernier connaissait assez bien, comme tout Nain, la perfidie et la ruse des créatures de l'espèce qui se tenait devant eux. Et si ruse il y avait là, c'était un peu gros: demander une rançon sans même donner une preuve de vie et de présence de la contrepartie. Les deux frères n'avaient pas mordu dans ce petit piège mesquin.


Mais les horribles Gobelins n'en furent ni déçu ni désappointés, où du moins il ne le montraient nullement, portant sur la figure un large sourire mauvais qui dévoilait leurs crocs aiguisés et leur langue rouge.

Celui qui avait parlé en dernier reprit la parole d'une voix plus mauvaise encore, qui cela était possible:

"Oui... Oui... C'est vrai, c'est tout à fait ça! On veut rejoindre notre grand Gorth avec la rançon, comme vous dites! Eh bien on va dévoilé ce qu'on a amené avec nous, comme preuve de notre franchise!"

Le regain d'espoir qui avait, pendant un instant fugace, traversé l'esprit des deux Naugrim, s'évanouit comme une brume légère dans le soleil du matin: dans un rire rauque le second Orque s'était emparé d'un petit cor jusqu'alors attaché à sa ceinture, et, le portant à sa bouche, l'objet émit un son disgracieux mais puissant.

Des hurlement parvinrent aux oreilles de Grîm et Rhîm, venant de l'Ouest, de l'Est, et du Nord.

"Voilà ce qu'on vous a apporté, espèce de sales chiens barbus!"

Des dizaines de Gobelins sortirent de derrière les rochers et les encerclèrent presque. La seule issue était le Sud, mais le fait de vouloir sauver le coffre ou la sacoche de vivres de Rhîm aurait été la perte des deux Nains. Ils déguerpirent, espérant que la marée d'ennemis ne leur bloquerait pas le passage à temps.

* Traitres... * pensait Rhîm avec rage.

La nuit était à présent tombée.

* Bon sang ce que Rhîm peut courir vite, c'est fou ça !!!! Avec de si petites jambes !!!! *

En effet, Grîm avait un mal fou à suivre son frère, qui s'était élancé le premier, dès que les orques avaient commencés à surgir de tout les côtés :

- Mais att' ..... Rhîîîîîîîîîîîm !!!! Att ..... Mais tu vas trop vite !!!!

L'obscurité était presque totale. Grîm avait de plus en plus de mal à apercevoir la petite silhouette devant lui et l'avance de son frère ne cessait de croitre. Il n'osait plus crier de peur d'attirer leur poursuivants dans leur direction ....
Il vit soudain une haute forme qui se rapprochait de lui et sorti sa hache de sa ceinture pour se défendre avant de se rendre compte au derneir moment qu'il ne s'agissait que d'une grosse pierre. Il stoppa sa course quelques secondes le temps de faire le point et réfléchi à vitesse grand V de ce qu'il devait faire ....

* Rhîm perdu ... Peut pas continuer comme ça dans ce noir complet .... *

Il se retourna pour apercevoir à nouveau des formes qui bougeaient un peu partout ...

* Pas le choix .... Faut que je cours .... Allez Grîmou vas y .... *

Effectivement, le nain n'avait de toute façon pas le choix, des éclats de voix se faisait entendre tout autour de lui, des voix disgracieuses. Il se remit à courir à l'aveuglette, droit devant, avant d'être contraint de bifurquer quand il discerna à nouveau des formes sombres devant lui mais des cris s'élevèrent aussitôt ...

- Rhââââââââââ !!!!!! Zut de bière rance !!!!! J'suis repéré ....

Grîm stoppa sa course pour repartir en arrière ...

L'obscurité était en effet presque totale, et Rhîm avait plus utilisé ses jambes que ses yeux, en l'occurrence, se cognant parfois dans quelque arbre mort ou pierre levée sur son chemin. Il était assez bon coureur, il faut bien le dire, et avait réagi au quart de tour, c'est pourquoi il avait vite distancé son frère.

Les cris paraissaient à présent plus lointains, mais cependant encore bien trop proches: quelques centaines de mètres tout au plus. Le bon Nain se retourna, haletant et meurtri, et se courba, posant ses mains sur ses genoux et laissant porter son poids dessus pour reprendre son souffle...

* Pauvre Khîm, pensa-t-il... pourrons-nous un jour le libérer, je me le demande? Mais il y a plus urgent: où est Grîm? Manquerait plus qu'ils le prennent lui-aussi. *

Et sur cette pensée, il retourna en arrière, vers le Nord, en direction des cris et à pas de chien - oui car chez les Nains l'expression à pas de loup serait bien trop valorisante, et fausse. Malgré le froid, Rhîm transpirait, et sa sueur givrait quasiment sur son front.

Il n'y voyait rien du tout, maus tout à coup entendit quelque chose d'autre que des cris ineptes...

- Rhââââââââââ !!!!!! Zut de bière rance !!!!! J'suis repéré....

C'était Grîm, à coup sûr. Il devait être encerclé. Rhîm courut vers les bruits, mais tout à coup se heurta à quelque chose, sans doute encore une de ces maudites pierres.

"Aïe!"

"Ouille!"

Le "Aïe", il venait de le dire, mais le "Ouille"? Les pierres savaient-elles parler? Non, bien sûr que non, c'était son frère, le cercle des Gobelins avait dû se morceler.

"Courons!"

Et ils coururent comme jamais un Nain le fit et ne le refera sans doute, pensaient-ils. Au bout d'un tout petit moment, les cris derrière eux disparurent, comme rebroussant chemin, mais les deux frères continuèrent pendant un bon moment encore, jusqu'à ce qu'ils n'en puissent plus et stoppent leur course dans un buisson rabougri. Rhîm parla alors:

"Bizarre tout ça... J'croyais... J'croyais que les Gobelins voyaient... dans... dans l'noir... pardi... comment est-ce qu'on a pu les s'mer?"

La réponse lui vint en tête instantanément: non, leur course n'avait pas été si héroïque que ça; les Gobelins devaient sans doute avoir atteint leur but.

Grîm aurait crié de joie, si cela eut été possible, lorsqu'il se rendit compte que la forme qui venait de le percuter dans le noir n'était autre que ce bon vieux Rhîm. Mais il n'en eut pas le temps … Son frère s'était déjà remis à courir à grande enjambée l'enjoignant à la suivre. Pour ne pas le perdre encore une fois, il se concentra sur la hache de son frère qui brillait faiblement à quelques mètres devant lui.
C'est lorsque son coeur fût sur le point d'exploser que Rhîm s'arrêta enfin. Grîm s'écroula à sa suite dans le buisson rabougri. A bout de souffle, il lui fallut un certain temps avant de pouvoir articuler le moindre mot. Puis après s'être relevé péniblement, il réussi enfin à dire quelque chose :

- C'est une catastrophe !!! C'est un vrai Désastre !!! Une véritable tragédie !!! Un drame sans nom !!! Un monstrueux cataclysme !!! Une terrible débâcle !!! C'est un malheur !!! Un échec retentissant !!! Un revers cuisant !!! La tuile !!! La déconvenue !!! La faillite !!!! La foirade totale !!! Humiliation !!! Outrage !!! Affront !!! Camouflet !!! Offense !!! Infamie !!! …... Pauvre de nous !!! …......

Après ce discours des plus constructif, Grîm mit son visage dans ses mains et se laissa aller à quelques pleurs …. Entre deux sanglots et reniflement sonores, l'on pouvait discerner le nom de son frère Khîm et les mots :

- Qu'est ce qu'on va faire …. Qu'est ce qu'on va faire ….. Qu'est ce qu'on va faire ….

Il finit par se calmer, regarda son frère avant de repartir de plus belle :

- C'est une catastrophe !!! C'est un vrai Désastre !!! Une véritable tragédie !!! Un drame sans nom !!! Un monstrueux cataclysme !!! ….

Le pauvre Rhîm en pensait sans doute autant, mais, plus réservé et pondéré que son frère, il cherchait à savoir quels pouvaient bien être les buts des infâmes Gobelins de Gorth. Le coffre? C'était sans doute une somme rondelette qui se trouvait à l'intérieur, mais les souterrains de Nogrod devaient déjà être remplis de butins. La sacoche qu'il avait posé à terre? Sans doute pas, il n'y avait que quelques victuailles et de quoi allumer un feu, rien de bien important ni digne d'intérêt... Alors qu'était-ce donc?

Le nain ne parvenait pas à donner une réponse correcte à cette énigme. L'abscence de Khîm l'empêchait de réfléchir, car son esprit glissait vers des pensées plus affreuses. Il imaginait le traitement de son frère dans les cachots de Belegost.

"Eh bien la plus grande erreur qu'ils aient commise après leur infâme traîtrise est de nous avoir laissés en vie. Car de retour à Tronjheim, nos voix auront plus d'effet sur le Seigneur que n'importe lequel de ses hauts conseillers! A peine auront-ils vents de cet affront que tout Tronjheim entrera en guerre contre cette vermine!"

Alors saisissant sa hache qu'il avait déposée à terre, il est regarda le tranchant, qui brillait à la lumière de l'astre lunaire; la tristesse se transforma en colère; la colère en haine. Ses yeux luisirent d'une lueur de mort.

"Tu reservira avant que cette histoire ne se termine! Allons mon frère! Allons à Belegost! Rentrons pour revenir avec notre peuple, et pour nous venger de ces esclaves trois fois maudits!!!"

Peu lui importait que les Gobelins entendent son cri. Il se rua vers le Sud pour une course effrénée qui ne se terminerait que lorsqu'ils auraient passé les portes de la Salle du Trône de Tronjheim.

Rhîm ne décolerait pas ... Grîm lui avait le plus grand mal à le suivre sur les chemins tortueux et enneigés qui les ramenaient à la cité. Pas de pause, pas de repos. Une course ininterrompue sur des milles et des milles, courbés pour se protéger des fortes rafales de vents et de la neige qui s'était remise à tomber en petits flocons serrés et aveuglants.

Durant la course folle du retour à la cité, Grîm faisait le point sur les derniers évènements et l'avancée du plan du globuleux ... Il pensait en lui même :

* ... Bon ben ... Si je ne m'abuse, tout y est ! Khîm est prisonnier, les orques, fidèles à eux même ont trahis ... La rage va s'emparer de la cité toute entière, vengeance sera demandée et les représailles ne devraient pas tarder !
Les orques ont emportés le coffre empli de pièce d'or mais pas seulement !!! En ce moment même, leurs mains crasseuses sont certainement en train de farfouiller dans le sac de Rhîm ... Il vont donc entrer en possession de la fausse carte que j'ai dessiné et glissé à l'intérieur ...
Oui, tout y est !!! Force est de constater que le plan du globuleux fonctionne à merveille ... En tout cas jusqu'ici ...

Il ne restait que quelque milles et la cité serait en vue pour les deux nains ... Rhîm cheminait toujours à vive allure assez loin devant et Grîm s'encourageait pour ne pas perdre le contact :

* ... Alleeeeeez !! Courage, on y est presque ...Allez tient le coup, regarde ton frère, y faibli pas lui ... Pourrais même dire qu'il frce encore l'allure !! y va encore plus vite je gage *

Grîm se décida à intervenir :

- Hé Rhîm !!! Par la barbe de Durin, c'est bon on arrive là !! Attend moi au moins pour franchir les grandes portes ... Va faire mauvais genre si on arrive pas ensemble ...

#Rhîm #Grîm