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 Maigre butin

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Magyu
Saltimbanque ~ Dompteur
Magyu

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Localisation : Dans un lit le plus souvent
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~ GRIMOIRE ~
- -: Elfe
- -: Environ un siècle
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Maigre butin EmptySam 27 Déc 2008 - 12:33
Caché à la lisière de la forêt, qui borde les fameux Hauts des Galgals, Magyu observe. Ses yeux scrutent l'horizon. A cette époque, il fait encore nuit, malgré qu'il ne soit pas plus de dix-huit heures. L'elfe a enlevé sa veste rouge, trop voyante, et l'a soigneusement dissimulée sous un tas de branches. Il ne tient pas particulièrement à ce qu'on la lui vole, et il ne tient pas particulièrement à être repéré.
S'il est ici, si proche du danger, c'est à cause de l'hiver. L'hiver approche à grand pas. Un rude hiver, si l'on en juge par le comportement des animaux, qui font des provisions en prévision d'une saison probablement plus difficile que les précédentes. Le jeune elfe, lui, a grand besoin de renouveler sa tenue. Ses dernières bottes étaient de mauvaise qualité, et il les a perdues alors qu'il pêchait. Elles sont tombées dans la rivière, et il ne les a jamais retrouvé. Ça fait longtemps, peut-être trois, ou quatre mois, et il n'a pas vu l'utilité d'en trouver une autre paire. Mais là...Ses orteils nus sont gelés, et il les a enterré dans le sol, pour les garder au chaud.
Il jette un coup d'œil furtif vers la petite route qui serpente près d'ici. Un peu plus loin, sur sa droite, alors qu'il était occupé à chercher de la terre, pour faire ses fameuses assiettes, un bruit l'a alerté. Inquiet, il s'est approché, et a entraperçu une charrette, avec une roue coincée dans un nid de poule. A la plus grande surprise de Magyu, elle était escortée par une dizaine d'hommes en armes, qui s'affairaient à remettre l'attelage en marche. C'était une grosse compagnie, et l'elfe désarmé n'avait pas besoin d'évaluer les risques. Il était loin d'être à la hauteur.
Cependant, maintenant qu'il est bien caché, il sourit. Il sourit car il a concocté un petit plan. En remontant la route, pour retrouver son abri, il a croisé un groupe de brigands. Pas vraiment nombreux. Pas plus de cinq en tous cas. Ils étaient plutôt grands, enfin...Plus grand que Magyu. Et ils avaient l'air coriace. Très coriaces. L'elfe se retient de rire. Son plan est parfait. De son pas souple et discret, il s'approche des brigands, jusqu'à ce qu'il puisse entendre leurs voix :
- Ils arrivent...dit le premier.
Il n'y eut pas de réponse, mais l'affaire doit être entendue. Magyu hoche la tête, faisant onduler ses cheveux. Il s'éloigne sans un bruit, aussi silencieux qu'une ombre dans la nuit. Il retrouve son poste, et attend. Bientôt, il entend des bruits de pas, le pas de chevaux, et les roues d'un attelage. Ils vont lentement. C'est parfait.
Soudain, un bruit sourd. Comme un bourdonnement. Suivi d'un cri, d'un hennissement, et du bruit d'une chute. Magyu ne voit rien, mais il imagine parfaitement la scène. Il y a des ordres qui fusent, des voix d'hommes, inquiètes. Ils s'enfoncent dans les taillis, et sortent leurs armes. Les brigands, qui ne sont pas loin pensent pouvoir résister. Ils sont sur leur terrain, mais ils ne sont pas assez nombreux. Il y a des bruits de combat, des épées qui s'entrechoquent. Les cris de rage de combattants bien décidés à en finir avec leurs adversaires. Mais à neuf contre cinq...
Un a un, les combats s'éteignent, comme on aurait éteint des bougies. Sans le petit "pshh", et sans la fumée. Les cavaliers de l'escorte semblent reprendre leurs esprits. Ils s'affairent un petit moment, ramassent leurs armes, parlent un peu, et puis repartent. Ils passent bientôt devant l'elfe, qui les examine brièvement. Ils ont l'air hagards, leurs armures sont ébréchées, leurs boucliers un peu cabossés. Ils ont du sang sur le corps, et semblent un peu plus vigilants. L'elfe les compte rapidement : ils ne sont plus que huit. C'est encore beaucoup. De toute façon, il n'a pas prévu de s'attaquer à eux. Il les regarde disparaître, et s'assure qu'ils ne peuvent plus le voir, avant de sortir au grand jour. Sur le chemin, il reste une masse sombre. Magyu s'approche.
Il baisse les yeux, déçu. Ce n'est qu'une illusion d'optique, l'ombre d'un arbre. Ils ont ramassé le corps de leur compagnon. Une lueur d'espoir s'allume dans les yeux de l'elfe errant. Ils n'ont pas du prendre ce qu'il y avait sur les brigands. Il s'élance, et rentre dans la forêt, cherchant au nez l'emplacement des cadavres. Il les trouve rapidement. Les branches basses ont été brisées, l'herbe et les feuilles mortes ont été piétinées. Il n'est pas dur de retrouver leur trace. Deux corps sont étendus là. Magyu se penche vers le premier. Il examine rapidement ses bottes. Elles sont en peau, toute simple, mais apparemment chaudes. Il les ôte, et les essaie. Elles lui vont, mais sont un peu justes. Il aura bientôt besoin d'en changer. Dans les poches du brigand, il trouve une petite clé, qu'il met dans sa propre poche. Elle ne lui sert à rien pour le moment, mais il pourrait lui trouver une utilité plus tard. Quand on est pilleur de cadavres, il faut voir loin. Il continue à farfouiller. Un arc brisé, six flèches, dont deux inutilisables. Un poignard classique, dont la lame est usée. Une pierre à aiguiser. Pas un seul sou. L'elfe repousse le corps délicatement, et s'approche du second. Ses recherches ne sont pas fructueuses. Il trouve cependant une seconde clé, pas tellement différente de la première. Et c'est tout. Ils ne portent pas une seule pièce sur eux. C'est affligeant. Des bandits prudents ? Cela expliquerait les clés. Magyu continue son inspection.
En dix minute, il trouve cinq clés, trois dagues, quatre épées, un couteau de lancer, une corde, une outre d'eau, et un peu de viande séchée. Un bien maigre butin. Cependant, il saura s'en contenter. Les temps sont durs, et comme il aime à se le rappeler, lorsqu'il perd la foi en son travail : "Il n'y a pas de petit profit".
Ce "maigre butin" lui servira quand même. Il récupère une autre paire de bottes, un peu plus adaptée à la taille de son pied, met la viande dans une petite sacoche, qu'il récupère sur un cadavre, et pose l'outre d'eau à côté. Le couteau de lancer finit également dans le petit sac, et avec les dagues, il entreprend la tâche de découper leurs vêtements. Il n'a jamais été un artisan très doué, mais il a toujours moyen de se débrouiller. En quelques minutes de travail plus ou moins réussi, il parvient à entasser plusieurs paquets de fourrure, auxquels il trouvera sans aucun doute une fonction.
Magyu lève la tête vers le ciel. Le soleil est déjà couché depuis un moment, il lui faut regagner son abri, avant que les dangereuses créatures de la forêt ne s'éveillent vraiment, et ne partent en chasse. En général, elles n'attaquent pas les créatures de sa taille...Mais on ne sait jamais. L'elfe rejoignit rapidement son abri. Il allait passer une bonne nuit...
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Magyu
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Maigre butin EmptySam 27 Déc 2008 - 22:19
Ce soir là, il ne mange pas. Comme tous les soirs d'ailleurs. En général, pendant l'hiver, il prend plus de repas, mais comme ce n'est que le début, et qu'il préfère éviter de gaspiller de la nourriture faite pour se conserver, il se prive. Malgré les protestations de son estomac, il s'assoit, et s'empare d'un peu de terre. Il la malaxe en regardant d'un air distrait les feuilles des arbres, et le ciel que l'on peut distinguer au travers. Cependant, ses doigts vont, agiles, et forment une sculpture grossière, plate, représentant approximativement une assiette. Il la pose sur la planche qui est juste à côté de lui, et recommence l'opération. Pendant une petite heure, il continue à faire ses assiettes, sans se presser, en prenant tout son temps.
Le temps passe, et il finit par se lever. Ses jambes sont un peu engourdies, aussi, il marche pour se sentir mieux. Lorsque son corps a retrouvé son aisance, il s'approche d'une petite pile d'assiettes, en prend une demi-douzaine, puis s'approche du bord. Il scrute les arbres. La nuit ne le gêne presque pas, grâce à ses yeux d'elfe, et il trouve rapidement son bonheur. Une feuille, isolée, avec une tige assez longue. Il la prend pour cible, et tire. L'assiette part en silence, touche la feuille, sans la découper, et finit par s'écraser sur un arbre, avec un bruit sec. Elle disparait dans l'ombre, et ses morceaux finissent sur le sol avec un bruit étouffé. L'elfe fait la moue. Il a raté son coup. Il tire une seconde fois, et cette fois, l'assiette touche sa cible, tranche la tige, et finit comme la première. Satisfait, il continue ses lancers, jusqu'à ce qu'il soit à court de munitions. Son petit exercice terminé, il s'éloigne d'un pas léger, et va dormir sur sa couchette, d'un bon sommeil réparateur.

Lorsque Magyu se réveille, le soleil n'est pas très haut dans le ciel. Il se frotte les yeux, baille à s'en décrocher la mâchoire, puis finalement se lève. Il s'étire, longtemps, puis finalement se relâche avec un profond soupir de soulagement. L'elfe s'approche de la sacoche. Il prend un peu de viande séchée, et l'avale rapidement, sans trop savourer. Il n'a pas vraiment le temps. Son travail de la matinée, c'est de trouver à manger pour le soir, et avec l'hiver, il a intérêt à se dépêcher pour faire des provisions avant que les animaux n'aient tout mangé. Il ne crache pas particulièrement sur les aliments carnés, mais il préfère que ce soit un dernier recours, plutôt qu'une solution de facilité. Il ne mange de la viande, que lorsqu'un animal est déjà mort, d'autant qu'il faut cuire la viande, et qu'allumer un feu est difficile, lorsque l'on a pas grand chose pour le faire.
Il descend rapidement le long de l'arbre, saute les deux derniers mètres, et se retrouve sur le sol. Il jette un bref coup d'œil autour de lui, pour vérifier que personne ne le surveille, puis finalement s'élance. La veille, il a pensé à repérer un endroit où il y a des baies. Il n'a pas bien vu, à cause de la distance, mais elles avaient l'air comestibles. Il a son petit sac accroché en bandoulière, et a attrapé l'outre d'eau. C'est très pratique, et en général, les cadavres n'en ont pas, ce qui est très difficile à trouver. Elle est presque vide, mais ça ne fait rien, il la remplira. Il court sans difficultés. Il a une démarche souple et déliée, évite les obstacles sans peine, et prend note de beaucoup de choses au passage. Tout peut toujours être utile. Alors qu'il franchissait un fossé d'un bond, un bruit alerte son attention. Il s'arrête net, genoux fléchis, mains ouvertes, oreilles aux aguets. Il est prêt. Pas à combattre, non, mais prêt à fuir, au moindre signe de danger. Cependant, rien. Pas le moindre petit souffle dû à un animal. On dirait plutôt un ronronnement continu. Emporté par la curiosité, il s'approche. Une toute petite rivière coule ici, et quelques oiseaux y boivent en jetant fréquemment des regards aux alentours. L'elfe s'approche, et les oiseaux s'en vont. Il aurait préféré ne pas les déranger, mais mieux vaut qu'ils restent sur leurs gardes. Il se dépêche d'aller remplir son outre, boit une grande gorgée d'eau fraîche, et se remet en route. Il retrouve rapidement l'endroit où il s'était arrêté, et s'élance. La foret est bien moins inquiétante le jour, et il la connait plutôt bien. Assez bien pour savoir que lorsqu'on fait un écart ici, il faut rapidement rejoindre la route, où un endroit qu'on connait.
Il se remet donc à courir. Il ne lui faut qu'une petite dizaine de minutes pour arriver à destination. Les cheveux un peu en bataille, il n'est presque pas essoufflé. Devant lui, se dessine un petit buisson, avec de grandes baies rouges, qui semblent sucrées. Il s'en approche rapidement, et en saisit une. Sans la décrocher, il l'examine, la fait rouler entre ses doigts. Une fraise des bois. Quelle chance ! Il mange la première, et vérifie si elle ne contient rien de dangereux. Apparemment pas. Il s'empare de son sac, l'ouvre, et décroche rapidement toutes les baies, qu'il entasse soigneusement dans son petit paquetage. Lorsqu'il a terminé, il examine les alentours. Il y a quelques plantes comestibles. Il les cueille rapidement, et les met avec les autres. Il continue à farfouiller. Ses trouvailles se résument au final, à deux douzaines de framboises, sept ou huit tiges, trois grosses racines, et un pomme, trouvée par hasard.
C'est cette pomme qui l'intrigue le plus. Il la considère un moment. Elle est belle, bien mûre, bien verte, la tige a été coupée proprement. On dirait vraiment qu'elle tombe d'un sac. Sans trop savoir pourquoi, l'elfe se sent menacé. Il se baisse, et regarde devant lui. La forêt semble la même. Les même arbres, les même fleurs, les mêmes bruits...Mais pas les même odeurs. En se concentrant, il arrive à sentir quelque chose d'étrange. Ce n'est pas une odeur qu'il a sentie souvent : celle du bois qui brûle. Il recule d'un pas, puis prend la fuite. Au bout d'une dizaine de mètres, il s'arrête. Son sac ! Il fait demi-tour, et s'élance vers ses affaires. Il attrape son futur repas, et le chargea par dessus son épaule. L'inconvénient, c'est qu'il ne peut pas courir avec ça sur le dos, sinon ses framboises seront écrasées lorsqu'il arrivera. Il s'apprête à partir, quand une voix retentit non loin.
- J'ai perdu mon dessert ! Pourquoi tu crois que je descendrais cette fichue pente, sinon ?
Magyu jette des regards inquiets dans toutes les directions. Il est désarmé, et a sur lui, l'objet qu'un homme convoite. Il ne peut pas fuir en courant, et il lui est difficile de se cacher...Sauf dans les arbres. Voyant là, une solution, il s'accroche au tronc, trouve une prise assez sûre, et commence à se hisser. Déjà, les bruits de pas se font entendre. Il agrippe enfin la première vraie branche. Même s'il est déjà haut, son veston rouge reste clairement visible. Il continue à s'élever, le plus discrètement possible. Quand l'homme arrive devant le petit buisson, l'elfe est déjà dissimulé dans son arbre. Il a pris soin d'ôter sa veste, pour rester discret. Il profite de sa position surélevée pour examiner l'inconnu qui se trouve en bas. Il était de taille moyenne, mais avec de larges épaules. La carrure d'un homme qui peut déraciner un arbre à mains nues. Donc par extension, massacrer un elfe fragile.
Magyu se recroqueville sur lui même, en serrant la branche sur laquelle il est accroché de toutes ses forces. Il se force à calmer les tremblements de peur qui agitent ses muscles. Il se concentre sur son hypothétique bourreau. Il porte une cuirasse de cuir, qui lui couvre tout le tronc, et qui se termine au niveau des épaules. Ses bras sont recouverts par une côte de mailles, et par des brassards de cuir. Il porte des braies marron, sur lesquelles pendent une sorte de côte de maille, qui lui tombe presque jusqu'aux genoux. Ses bottes montent très haut, et elles sont noires, cloutées. Elles laissent d'ailleurs des traces bien visibles dans l'herbe. L'une de ses mains, gantée, est posée nonchalamment sur le pommeau d'une longue et large épée qui pend à son côté gauche. Il porte, par dessus, une cape de voyage, de couleur verte, qui lui tombe jusqu'aux mollets, et qui dissimule plus ou moins bien son impressionnante arme. A son cou, pend une sorte de collier, au bout duquel pend une pierre apparemment précieuse. Un instant, l'elfe songe à la manière dont il peut la dérober, mais il se ravise bien vite. Il ne serait jamais à la hauteur. Il se contente donc d'observer. L'homme a un visage âgé. Il ne sait pas trop à quel type d'âge cela correspond chez les humains, mais sans aucun doute est-il entré dans un âge où la sagesse prime sur la force. Ses cheveux grisonnants en sont la preuve. Mais on sent une certaine puissance émaner de lui. Une force sauvage, brutale, qui semble contenue derrière un mur mental. Ce combattant est un fier et farouche guerrier, qui a, à l'évidence, souvent été obligé de combattre pour sauver sa vie. Un exemple de courage et de force. Tout le contraire de Magyu. L'elfe ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine admiration pour cet homme. Les humains vivent moins longtemps que les elfes, c'est un fait, mais leur vie est parfois plus remplie. Beaucoup plus remplie.
L'inconnu jette un coup d'œil circulaire, et cherche des traces sur le sol.
- Gil ! Gil ! Viens voir un peu par ici !
Personne ne répond. L'homme ne s'en soucie pas. Il pose un genou à terre, sans lâcher son arme, et touche l'herbe du bout des doigts. Son regard se perd quelques mètres plus loin. On sent dans ses yeux une concentration. Et on sent qu'il est sur le point d'arriver à quelque chose, quand soudain, son compagnon arrive. Le dénommé Gil est un garçon, plus jeune à l'évidence. Il est bien plus grand, svelte, les cheveux bruns. Il est vêtu d'une simple tunique de cuir, plus serrée, et unie. Il porte un arc à la main, et un carquois pend à sa ceinture. Lui aussi porte une cape de voyage. Il a l'air plus jovial, et jette des regards amusés à droite et à gauche. Physiquement, on pourrait croire qu'il est plus fort, de par son âge, de par sa taille, et de part son apparente agilité, mais il ne dégage pas la même aura. Il semble encore immature, et cela le rend peut-être moins dangereux. Ou pas.
- Tu as perdu quelque chose ? Une pomme aurait-elle échappé à ta vigilance ?
- Gil...Tu vois quoi, là ?
Le plus jeune se penche, et examine le sol. Magyu commence à paniquer. Il est repéré. Imperceptiblement, il se décale sur le côté, et cherche une issue. Une branche, pas trop loin, prend cette forme dans son esprit. Il se déporte dans cette direction, sans trop faire de bruit, et surtout, sans trop faire de mouvements brusques. Après quelques contorsions plus ou moins discrètes, l'elfe parvient à changer de branche...Mais ce n'est pas suffisant. Il doit quitter cet arbre. Il regarde brièvement derrière lui et tend l'oreille, juste à temps pour reprendre le fil de la conversation.
- Hmmm....Je dirais que c'est une trace.
- Une trace de ?
- Une trace de pas...
- De pas de ?
Il y a un instant d'hésitation.
- De quelque chose qui porte des bottes, répondit finalement Gil.
Le plus vieux se redressa, et désigna du doigt l'endroit d'où était arrivé Magyu.
- Elles viennent de là. Elles vont vers là (il désigna le buisson). Ici il y en a trop pour qu'on les identifie clairement. Ensuite, il y a deux traces. La première va vers l'endroit d'où notre "créature bottée" est arrivée. Et l'autre fait le chemin inverse...
Le plus jeune intervient. Il lève une main, comme pour demander la parole, et le plus âgé la lui accorde. Comme un élève assagit, il pose sa question.
- Mais il devrait-être là, non ?
- J'allais y venir. Il reste une dernière trace. Elle part d'ici, de là où nous sommes, et se dirige vers cet arbre...
Magyu se mord la lèvre, et tente le tout pour le tout. Il sort la pomme de son sac, la fait rebondir une fois dans sa main, pour s'assurer qu'il la tient bien, et la projette en direction des deux hommes. Elle traverse le buisson qui se trouve juste à côté d'eux, rebondit sur le sol à trois reprises avec un bruit mat, avant de s'arrêter contre un arbre. Les deux combattants la suivent du regard, étonnés. Pendant ce temps, l'elfe a sauté de son arbre. Il se réceptionne lourdement. Il dérape sur des feuilles mortes, et glisse sur le ventre sur plusieurs mètres. Son sac n'est pas trop endommagé, et ce qu'il y a dedans semble encore en bon état, sauf peut-être les framboises. Il se relève avec peine, mais le plus vite possible, et prend ses jambes à son cou.
Sans se retourner, il court, comme un fou. Les branches le fouettent au passage, mais il ne s'en soucie pas du tout. Tout ce qu'il veut, c'est rentrer chez lui, et se cacher. Ses pas le mènent instinctivement vers son refuge. Il grimpe à l'arbre, lance sa veste et son outre d'eau dans un coin, pose son sac, et s'assoit sur sa couchette, une main sur sa poitrine. Son cœur bat la chamade. Il a frôlé la catastrophe. Il s'allonge finalement, et ferme les yeux.
Les minutes passent. Le cœur se calme. L'elfe s'endort, la faim se réveille. Mais il préfère résister. Il ouvre les yeux brusquement, et se précipite vers son sac. Les framboises sont toutes écrasées, et leur jus a coulé sur tout ce qu'il y avait à l'intérieur. Magyu retire ce qui peut encore l'être. Il dépose les plantes et les racines d'un côté, et s'occupe du sac. Il glisse sa main à l'intérieur, et recueille du jus au creux de celle-ci. Ce n'est pas la manière la plus pratique de boire du jus de framboise, mais il s'en contente. Il boit avidement le liquide sucré, mâchant de temps en temps la peau qui est restée au fond. Il lui faut plus d'une demi-heure, pour que son repas soit prêt. Lorsqu'il le termine, il n'a plus vraiment faim, plus tellement soif. La journée est bien avancée, mais la mi-journée n'est même pas encore passée. L'elfe réfléchit à ce qu'il va bien pouvoir faire. Il n'a qu'à aller voir les routes, au cas où des gens auraient perdu quelque chose. Ce n'est pas la manière la plus efficace de trouver son bonheur, mais on peut trouver beaucoup d'autres choses en faisant cela...Comme par exemple un attelage bien gardé, qui vous amène à piller les corps d'une bande de brigands, et qui vous pousse à trouver des clés. Cinq clés au total.
Magyu sort les clés de sa poche. Elles ne les ont pas quitté. Il les regarde, les unes après les autres. Toutes ressemblantes, mais toutes légèrement différentes. Elles ouvrent sans aucun doute un coffre. Et le jour où il le trouvera...
Il s'endort, avec de doux espoirs en tête, et les clés de son destin en main...
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Magyu
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Maigre butin EmptyDim 28 Déc 2008 - 20:26
Magyu se réveille. Il a un peu somnolé, à cause de sa fuite dans les bois, et sans trop s'en rendre compte, il s'est endormi. Son repos bien mérité, associé à un déjeuner agréable lui ont fait du bien, et il se sent mieux. D'un geste vif, il attrape une assiette, et la lance adroitement en direction d'une branche basse. Branche et assiette se touchent, et se brisent net. L'elfe sourit, et descend de son perchoir, en n'emportant que son petit sac, désormais taché de framboise, sa veste rouge, qu'il a remise sur son dos, et son outre d'eau. Il connait un coin agréable, où coule une rivière, et il aime bien aller se promener dans cette direction.
Il faut qu'il aille y faire un tour, avant d'aller voir les routes. Il s'élance dans cette direction, sans jamais se tromper de route. Il connait parfaitement le lieu, et le retrouve sans problème. En cinq minutes, il y est. La rivière se dessine devant lui. Le petit clapotis de l'eau qui serpente entre les rochers, indique que quelque chose la bouche légèrement en amont. D'habitude, son cours est plus important. Il ne s'en soucie pas, et enlève son sac. Il le retourne, et le lave adroitement. La framboise se décolle facilement, car elle n'est pas tout à fait sèche. L'eau se teinte de rouge, alors qu'il frotte énergiquement.
Sa tâche terminée, il remet le sac à l'endroit, jette un regard méfiant aux alentours, et puis disparaît dans la forêt. Il ne s'éloigne pas trop du cours d'eau, préférant le garder comme point de repère. Et puis il veut aussi vérifier ce qui réduit le débit de l'eau. Il court pendant une vingtaine de minutes, avant de s'arrêter. Ses pauvres poumons réclament avidement de l'air, et il accepte de leur accorder une pause salutaire. Il doit être environ onze heures, maintenant. Il choisit de marcher, pour ne pas perdre de temps, et pour ne rien rater des convois éventuels qui pourraient passer sur la route. Le temps passe, et la forêt reste la même. Rien ne change. La rivière est toujours là, toujours aussi invisible, mais bien présente. Les animaux s'enfuient au passage de l'elfe, ce qui signifie qu'il est le seul être malvenu des environs. C'est bon signe. Cependant, il ne trouve toujours pas ce qu'il cherche. A savoir ce qui bloque sa rivière favorite. Et cela le dérange, car ça ne s'est jamais produit en presque 90 ans. L'hiver n'est pas plus rude que les autres, et le comportement des animaux semble normal. Sans doute que l'explication est ailleurs. Il a du se passer quelque chose, et quelque chose de relativement anormal. L'elfe fait claquer sa langue. Il aurait peut-être du penser à prendre quelque chose pour se défendre...Une pierre...Ou une assiette. Cependant, il se reprend bien vite. Les animaux sont toujours là, il n'y a aucun signe de danger. Il continue donc à marcher. Au bout d'une petite heure de marche, il rejoint la route. Le paysage change doucement. Le terrain se fait plus accidenté, et plus irrégulier. Il y a de plus en plus de creux et de bosses. Les arbres se font de plus en plus distants, et les talus, de plus en plus nombreux. C'est un terrain idéal pour voir sans être vu. Magyu crapahute un moment, s'aidant parfois de ses mains pour venir à bout d'un obstacle particulièrement difficile. Il ne fait cependant jamais de détour, c'est déconseillé ici. Quand bien même le terrain est impraticable, il préfère chercher une solution, pendant une heure s'il le faut, plutôt que de faire un détour qui pourrait le conduire dans une partie de la forêt qu'il ne connait pas. C'est l'inconnu qui l'effraie. Il se sent mal à l'aise dans un endroit qu'il n'a jamais vraiment exploré. Et il préfère conserver en tête les chemins sûrs, plutôt que d'essayer de trouver des raccourcis, aux péril de sa vie. La route se dessine enfin devant lui. Au travers des arbres sombres, il voit une sorte de ligne blanchâtre qui semble irradier la lumière. Il sait pertinemment qu'en s'approchant, il peut mieux voir, mais il préfère attendre là où il est, et se conforter dans l'idée qu'il n'y a personne. Il s'allonge doucement sur l'humus, en essayant de ne pas trop tacher ses vêtements, ferme les yeux, et écoute. Le vent souffle doucement. Il vient de sur sa droite. Les animaux sont toujours là. Un groupe d'oiseaux dans un arbre, à une dizaine de mètres devant lui. Ils chantent une petite mélodie, comme si de rien n'était. Les feuilles bougent à un rythme régulier et continu, sans jamais changer de sens. Aucune branche ne craque, aucune feuille ne se froisse. Aucun souffle irrégulier. L'elfe est seul. Il compte jusqu'à cinquante dans sa tête, pour être sûr, ajoute cinq secondes pendant lesquelles il retient sa respiration, pour être vraiment sûr, puis cinq de plus...On ne sait jamais. Rassuré, il se relève, et se baisse immédiatement. Tous les sens aux aguets. Toujours rien. Maintenant il est vraiment vraiment sûr. Il se redresse souplement, et se remet en marche.
Il descend le petit promontoire sur lequel il se trouvait, se retrouve de nouveau sur un terrain plat. Un petit lapin s'enfuit juste devant lui, et il sursaute en laissant échapper un peu glapissement. Les feuilles bougent sur sa droite. Il se retourne vivement, et fait un pas en arrière. Cependant, ce n'est qu'un souffle de vent un peu plus fort que les autres. Il ferme les yeux, et expire longuement, pour calmer les battements de son cœur. Cela lui prend quelques secondes. Il rouvre les yeux, et sourit. Il doit être paranoïaque, car il n'y a personne aux environs. Rassuré, mais pas totalement convaincu, il préfère partir. Il rejoint le petit talus, et se dissimule derrière, avant de s'élancer.
Là où il se trouve, le sol est en pente, et il manque plusieurs fois de s'étaler de tout son long, mais à chaque fois, il parvient à trouver un moyen de se raccrocher à quelque chose. A une branche, à un tronc, ou à une grosse racine sortant du sol. Ses pas le font traverser la rivière. Il franchit à pied le petit cours d'eau, en essayant de ne pas glisser sur les rochers mouillés, qui risquent à tout moment de le précipiter au sol, où il risque fort de se blesser. Il continue à courir, pendant un moment. Il tente de se convaincre du fait qu'il n'est pas suivi, mais étrangement, il n'arrive pas à s'arrêter de courir. Comme si un instinct caché en lui le pousse loin du danger. Au moment même où il se rend compte de ça, un hennissement se fait entendre. Il se fige, et se plaque contre l'arbre le plus proche. Le bruit venait de loin...Cent mètres, peut-être plus. Il ne l'a pas bien entendu. Magyu regarde dans la direction qu'il estime être celle d'où provient ce son. Il ne voit rien. Les arbres sont trop resserrés. Il s'approche, et voit la petite rivière, qu'il a abandonnée. Elle serpente sur sa droite, en contrebas. Étrangement, l'eau a une couleur rosée. L'elfe la regarde un moment, quand un second bruit, plus net cette fois, se fait entendre. Il aurait estimé la distance à cent mètres, mais c'est beaucoup plus loin. Poussé par la curiosité, il se met en route. Il écarte prudemment les branches qui pourraient le gêner, et fait bien en sorte de les remettre en place, pour ne pas être repéré. Son pas est souple, rapide, et discret. Il continue donc à progresser. De plus en plus, les sons qui viennent de la forêt s'estompe. Il n'y a plus d'animaux, et on dirait que le vent lui-même a arrêté de souffler. Magyu voit soudain une forme blanche, au travers d'un buisson. Une grosse forme blanche. Il se déporte sur le côté, et se dissimule derrière un arbre. C'est un cheval ! Un cheval monstrueux !
Il regarde à nouveau. La bête est là, imposante, tapant du pied sur le sol. Elle renâcle, et s'ébroue.
- J'arrive Niniel... dit une voix.
L’elfe se cache vivement, et regarde de l’autre côté du tronc. Il voit brièvement une personne. Elle est penchée, devant la rivière. Elle se relève, et échappe à sa vision. Cependant, lorsqu’elle s’écarte, Magyu peut voir ce qui obstrue la rivière. Le corps d’un homme est étendu là. Son sang a cessé de couler, et l’inconnu a déplacé le cadavre, provoquant une petite vague, qui se répercutera sans aucun doute jusqu’au cœur de la forêt. Des bruits de pas indiquent que quelqu’un approche. Ce n’est autre qu’une elfe. Enfin...Peut-être. Le garçon ne voit pas ses oreilles, mais il peut le deviner. Elle porte une tenue de voyage, qui dissimule une tunique plus légère, toute blanche. Ses pieds sont bottés, mais pas de lourdes bottes, comme celles des humains. Elles sont plus fines, et plus souples, en cuir clair, avec un liserai doré sur le côté. Un bel ouvrage. A sa ceinture, pend une épée donc le manche est dissimulé par son bras. Ses bras d’ailleurs. Ils sont fins, et elle porte des manches assez amples, qui dissimulent quelque chose, mais même en plissant les yeux, il ne voit pas ce dont il s’agit. Elle a un visage magnifique, et paraît très jeune. Ses cheveux blonds, détachés, tombent jusque dans son dos, et semblent animés d’une vie propre, à chacun de ses mouvements gracieux. Elle les rejette en arrière, et flatte l’encolure de sa monture. Elle lui chuchote quelque chose à l’oreille, et le cheval s’ébroue soudain, comme s’il était content. Magyu n’a pas vu la scène, mais elle porte une épée, et il y a un cadavre à moins de dix mètres d’elle. Son esprit fait immédiatement le rapprochement. Il tourne les talons, et prend la fuite. Ses jambes le conduisent instinctivement vers sa maison. Il longe la route, pour ne pas se perdre, mais est finalement rattrapé par la fatigue.
Il marque un temps d’arrêt, et s’assois sur le sol, dos à un arbre, pour reprendre son souffle, et analyser les informations. Il n’est pas rare que les gens tuent pour survivre, c’est d’ailleurs ce qui fait le métier du garçon. Mais il sait aussi que les gens n’aiment pas qu’on les surprenne après ou pendant un meurtre, et que dans ces cas là, ils peuvent se montrer très agressifs. Il regarde autour de lui, se lève en grimaçant, et reprend sa route, mais à une allure plus modérée. Il ne veut pas finir sa journée totalement épuisé, sinon il sera contraint de tirer sur ses maigres réserves de nourriture. Il choisit donc de marcher. Le temps passe rapidement, et le temps qu’il rentre, le soleil est déjà en route pour aller se coucher. L’elfe estime l’heure qu’il est. Selon ses calculs, il ne doit pas être loin de 16h. Et pourtant, le jour décline déjà. Les ombres se font plus grandes et plus menaçantes.
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Magyu
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Maigre butin EmptyDim 28 Déc 2008 - 20:26
Magyu frissonne. Il n’aime pas quand la forêt change ainsi. Après une brève pause, il reprend sa route. Les arbres ont l’air différents, et les bruits ont changé. Le vent souffle moins fort, et on entend de moins en moins les oiseaux. Soudain, alors qu’il marche, il trébuche, et manque de s’étaler. Il bat l’air de ses bras pendant une poignée de secondes et se rétablit finalement. En lui-même, il maudit son étourderie. Il regarde cependant sur quoi il a buté. Une petite racine qui dépassait du sol. Il l’a à moitié arrachée, et découvre une sorte de petite cavité creusée dessous. Son esprit s’emballe. Il a trouvé un trésor ! Immédiatement, il se penche, et gratte le sol. En quelques secondes, ses mains trouvent une surface dure. Il se donne encore une bonne minute pour extraire le coffre. La lourde pièce de bois, large d’environ dix centimètres, longue de trente, semble lourde. Magyu jubile, il la retourne pour l’examiner, et soudain, le couvercle s’ouvre, et manque de lui arriver en plein visage. Il sursaute, lâche la boite qui vient s’écraser sur son genou, et s’étale sur le dos. Rapidement, il se relève, ramène son genou à lui, et souffle dessus, pour dissiper la douleur. Cependant, son attention se reporte rapidement sur le coffre. Il est vide. Vide ! On enterre pas un coffre vide ! L’elfe prend sa tête dans ses mains. Il regarde à nouveau l’objet de son malheur, et remarque cinq fentes parallèles. Il commence à se sentir mal. Sa main, toute tremblante, se dirige jusqu’à sa poche, plonge dedans, et en ressort une des clé. Il l’introduit sans peine dans le premier interstice. Comble de la déception !
Il étouffe un cri de rage, se lève, jette la boite contre l’arbre, sur lequel elle rebondit avec un bruit sourd. Le garçon lance de toutes ses forces la clé à ses pieds, et tape dessus d’un coup de talon rageur. Finalement, il vide ses poches, empoigne les quatre clés restantes, et les envoie dans un buisson proche.
- Argh !
Magyu se retourne vivement. Une voix...Il n’est pas seul ! Sans trop réfléchir, il se précipite vers l’arbre le plus proche, grimpe dedans, et se perche sur la branche la plus élevée, priant pour qu'on ne l'aie pas vu. Quelque chose bouge en dessous. D'un buisson, un homme sort. Mais pas n'importe lequel. Celui que l'elfe avait vu quelques heures plus tôt. Le même colosse aux cheveux blancs. L'autre arrive aussi. Il se masse le front, mais semble aller bien. Magyu se recroqueville sur lui-même, tout tremblant. Il ne tient pas particulièrement à se faire voir.
- Ça va Gil ? Tu saignes ?
- Un peu, ouais. 'Me suis pris une clé.
- Une quoi ?
- Une clé, ça va, tu vas pas...
Le plus âgé part d'un gros rire, à en faire trembler les arbres. En tout cas, si les arbres ne tremblent pas, l'elfe, oui. Une fois calmé, l'adulte s'adresse à compagnon d'un ton badin.
- Et tu sais qui t'as fait ça ?
- Non, pas trop. On aurait dit une bête. C'était tout rouge, et ça a filé illico.
- Où ça ?
- Dans...Cet arbre...Et ça y est encore...
L'homme émit un sifflement admiratif, en regardant l'arbre.
- Moi j'ai faim...Pas toi ?
- Si...On sais pas ce que c'est, on pourrait voir si ça s'mange.
- Je te laisse tirer.
- Avec joie.
Le plus jeune s'approche, et encoche une flèche. Magyu se colle à la branche sur laquelle il est, comme s'il voulait fusionner avec le végétal. Il ferme les yeux, et prie de toutes ses forces. Un sifflement se fait entendre, suivi d'un bourdonnement. Quelque chose passe à quelques centimètres de la main du garçon, transperce le feuillage, et disparait à l'horizon. Le garçon lâche un cri, et fait de son mieux pour disparaître. Il sent des larmes lui monter aux yeux. Ils vont bien finir par le toucher. Lui, il n'a rien demandé à personne. Il leur a même rendu leur pomme. Alors pourquoi ils le cherchent encore ? Une seconde flèche est décochée, et passe de l'autre côté. Il glapit, et essaie de changer de place.
- Je te vois...murmure l'archer, qui est déjà prêt à tirer.
Son trait file, sombre et mortel. Magyu ferme les yeux. Le choc est terrible. La pointe de métal se fiche dans son épaule gauche. Il pousse un hurlement de douleur, et part en arrière. Cependant, les branches le retiennent, et il ne tombe pas. Mais il est complètement visible. Des éclats de rire proviennent d'en bas.
- Allez petit, descend. Tu es cuit.
Magyu essaie tant bien que mal de retrouver une position plus favorable, mais une branche appuie terriblement sur son épaule, et compresse sa plaie, qui saigne abondamment. Il serre les dents, et s'extirpe du piège, avec un nouveau cri de douleur. Ses yeux sont embués de larmes. Il n'a rien fait. Il n'a rien fait. C'est la seule pensée qui occupe son esprit. Il n'a absolument rien fait, et pourtant on en veut à sa vie. L'archer encoche une nouvelle flèche, un petit sourire aux lèvres. Sourire qui disparaît bien vite, lorsqu'une lame se glisse sournoisement sous sa gorge. Le contact semble le faire réagir, et la tension dans son arc se relâche. L'autre homme réagit, en voyant que la flèche ne part pas. Il porte la main à son arme, mais déjà, la pointe d'une épée est dirigée sur sa gorge. Il se fige. Magyu reconnait l'elfe qu'il a vu près de la rivière. Elle est terrifiante. Sans trop savoir pourquoi, il regarde autour de lui, cherchant son cheval. Il sursaute, et revient à son affaire, lorsqu'elle prend la parole.
- Ce n'est qu'un enfant...Vous n'avez aucune raison de vous en prendre à lui.
Magyu hoche la tête avec véhémence, comme si cela allait changer quelque chose. Personne ne répond, aussi, la jeune elfe reprend.
- Je vous laisse la vie sauve...Vous partez...Vous continuez votre chemin, et vous ne revenez plus ici...Pigé ?
Le plus jeune hoche la tête, l'autre ne bouge pas, mais ça a l'air entendu. Il lâche son arme, et attrape son sac, posé quelques pas plus loin. Les deux elfes le regardent faire. Il garde toujours ses mains en évidence, pour ne pas paraître suspect. Finalement, lorsqu'il a terminé de ranger ses affaires, il s'éloigne, et se tourne vers son compagnon. La jeune femme a rangé sa longue épée. De sa main libre, elle attrape une bourse, qui pend à la ceinture du plus jeune, et la glisse dans la poche intérieure de sa veste. L'humain semble outré, mais l'autre hausse les épaules. La jeune elfe lui adresse un clin d'œil, et pousse son prisonnier en avant. Sans demander leur reste, les deux hommes s'éloignent, et disparaissent dans l'ombre de la forêt. Elle reste à fixer l'endroit où ils ont échappé à son regard pendant quelques secondes, avant de se relâcher. Elle rengaine sa dague, et se tourne vers l'arbre, en calant ses mains sur ses hanches fines.
- Tu descends ?
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Maigre butin EmptyMar 30 Déc 2008 - 11:46
Magyu, malgré la douleur, se refuse à descendre. Il n'a pas confiance en cette personne, et il ne la connait pas. Il n'a aucune raison de l'écouter, et encore moins de lui obéir. Il essaie de bouger, pour s'enfuir, mais la douleur dans son épaule est cuisante. Son bras gauche pend, inutile, et il aura bien du mal à descendre dans cet état. Son sang s'écoule le long de ses doigts, et finit par tomber sur le sol, où il émet un petit son, en touchant les feuilles mortes. La jeune elfe regarde les gouttes, lève les yeux, et l'examine en détail. Elle fait claquer sa langue.
- Tu es blessé ? Je ne vois pas bien.
Instinctivement, le garçon recule. Mais dans le vide. Il voulait s'asseoir sur quelque chose de plus solide, il ne trouve rien. C'est d'abord sa main droite, puis tout son corps qui basculent. Il fait une jolie chute, et ne doit son salut qu'à la présence de nombreuses branches basses, qui parvinrent à le ralentir suffisamment pour qu'il ne se tue pas en touchant le sol. L'elfe se précipite vers lui. Magyu tousse un peu. Son coude a violemment percuté son ventre, et il a le souffle coupé. Il s'est entaillé le front, son genou lui fait mal, ses yeux sont un peu brouillés, et il a un bourdonnement désagréable dans la tête. Une main fraiche se pose sur son front. Par réflexe, il se dégage, et tente de fuir. Ses jambes tremblent quand il se met debout, et il tombe de nouveau. Il glisse sur une branche, et dévale quelques mètres, en roulant dans tous les sens, avant de finir sa course dans la rivière. Il lâche un long mugissement, tant de mécontentement que de douleur, et prend appui sur sa main droite pour se redresser. Sa veste, tout comme le haut de sa tunique, est trempée. Des pas derrière lui l'alertent. Il tente une nouvelle fois de fuir, mais cette fois ci, les mains douces se montrent plus fermes. On le saisit violemment par le poignet, et par la taille. Il a beau se débattre, son état ne lui permet pas de se dégager. Il lutte pourtant. Il est terrifié, mais il fait ce qu'il peut pour fuir, usant jusqu'à la dernière goutte de son énergie. Et quand il n'en peut plus, ce qui arrive rapidement, il ferme les yeux, et laisse le sommeil le gagner. Préférant échapper à la douleur et aux tourments du monde, que de les affronter en face.

Lorsqu’il se réveille, il ne sait pas trop où il est. Il tente de se redresser, mais une douleur fulgurante le projette au sol. Il se roule sur lui-même en gémissant, mais ça ne fait qu’aggraver son cas. Soudain, on l’attrape. On le retient. On le plaque au sol. Pourtant il se rebelle. Il se débat. Il lutte, mais en vain. Ces mains sont trop fortes. Elles le bloquent, elles l’enchaînent, et plus il tente d’y résister, plus elles resserrent leur étreinte. Finalement, après quelques minutes, il finit par se calmer. Son bras valide retombe sur le sol. Ses yeux se ferment. Il s’endort de nouveau.
Par intermittence, il se réveille, passe quelques secondes conscient, puis s’évanouit de nouveau. Il est vaguement conscient qu’on le soigne. Il sent le froid sur sa poitrine. On lui a enlevé sa veste, et son pourpoint. De son bras gauche, il ne sent plus rien par contre. Ni douleur, ni fraicheur, ni chaleur. Rien. Absolument rien. Il ne parvient même pas à bouger ses doigts...Mais ça, c’est valable pour tout son corps. L’idée même de bouger ses paupières lui semble si impossible, qu’elle le fatigue, rien que d’y penser.
Lorsqu’il reprend véritablement conscience, le jour s’est levé depuis longtemps. Il ne sait plus quel jour il est, ni quel heure. Peut-être a-t-il dormi pendant une journée…Ou pendant un an. Ça ne fait aucune différence désormais. L’elfe tente de se relever, mais un de ses membre est entravé par une attelle, et un épais pansement qui s’enroule autour de son torse, recouvre son épaule. Il tente de se souvenir de ce qui s’est passé, mais son cerveau fonctionne au ralenti, comme s’il avait vu. Enfin…Cette sensation, il ne la connait pas, car il faudrait qu’il aie un jour bu autre chose que de l’eau fraîche pour le savoir. Bref, il se sent mal. Lentement, son corps recommence à lui appartenir. Il ouvre timidement les yeux, et retrouve son monde.
Tout d’abord, il ne voit que les arbres. La lumière du soleil filtre jusqu’à lui, et lui tape le front doucement, ce qui lui permet de ne pas avoir froid. Cela signifie qu’il doit être proche de l’orée de sa forêt…Ou qu’il n’a tout simplement pas bougé. Avec une grimace, il se redresse, et examine les environs. Sa veste rouge, à laquelle il tient beaucoup, est posée sous sa tête. Elle est soigneusement pliée, et n’est pas déformée. Il en déduit qu’on ne l’a mise en place que récemment, et que donc quelqu’un se trouve dans les parages. Mais qui ? Il est installé entre deux grosses racines, au pied d’un grand arbre, de sorte à être dissimulé à la vue des gens qui pourraient passer dans les environs. On tient donc à le protéger. Mais qui ? Il ne porte plus son pourpoint noir, et est recouvert d’une sorte de petite couverture de voyage, de couleur verte. Il ne sait pas en quoi elle est faite, mais en tous cas, elle est chaude, et très agréable. C’est un ouvrage que n’ont pas les simples brigands, et qu’il n’a jamais vu sur un champ de bataille. Ni dans une tombe d’ailleurs.
*Les morts ne doivent pas avoir froid donc…*
Cette pensée le fait sourire. Il sent le froid sur sa peau, donc il n’est pas mort. Mais il est passé tout près. Le souvenir de sa « rencontre » est encore là, et il se sent mal rien que d’y penser. Se concentrant sur sa situation actuelle, il scrute les arbres, à la recherche d’une quelconque trace. D’un quelconque indice sur la personne qui aurait pu l’amener là, le panser, et par extension, lui sauver la vie. Il n’est pas particulièrement attaché aux règles et aux mœurs de la société, mais il sait quand il doit quelque chose à quelqu’un, et il sait quand il doit être reconnaissant…Même s’il est plutôt rongé par l’inquiétude en ce moment. Soudain, il s’arrête, et se demande pourquoi il cherche à découvrir quelque chose qu’il connaît déjà. Il se rappelle d’une personne qui l’a sauvée. C’était…Une elfe. Oui, c’est cela. Il se souvient parfaitement maintenant. Le cheval, l’épée, la dague et…Il frémit. Elle a tué un homme. Elle a tué un homme, et elle n’a pas hésité à en mettre deux autres en déroute, arme au poing. Il frissonne. Son esprit paranoïaque se met en route. Et si c’était une dévoreuse d’enfants ? Il ne prend pas en compte le fait que s’il est vivant, c’est très probablement grâce à elle, et se lève tant bien que mal. Son bras gauche replié contre lui ne lui est d’aucune utilité. Il attrape donc sa veste, et se met en route. Ses jambes sont fébriles, et il ne sait pas trop où il va. Enfin plutôt…Il a une petite idée de l’endroit où il va : loin. Le plus loin possible. Jusqu’à trouver un point de repère. En à peine dix secondes, il en trouve un. La rivière. Sa fameuse rivière qui lui sert de boussole, et qui lui permet de toujours retrouver le chemin de chez lui. Il sourit aux anges. Sourire qui disparaît bien vite lorsqu’il aperçoit la silhouette qui se redresse. L’elfe est là. Toujours armée. Elle porte son outre d’eau, et elle a l’air de l’avoir remplie. Il recule, et marche par inadvertance sur un tas de feuilles mortes, qui craquent affreusement. Ce son le trahit, et la jeune inconnue se tourne vers lui, avec un air étonné. Magyu lâche sa veste sans précautions, attrape un morceau de bois qui traîne et le projette sur son adversaire. Elle se décale d’un pas sur le côté, et évite le projectile grossier avec l’air encore plus surpris. Cependant, le garçon ne se démonte pas. Il attrape une pomme de pin, et lève les yeux. Elle commence à gravir les quatre mètres qui les séparent. Le temps qu’il arme, elle est déjà à trois mètres. Il lance. Sans s’arrêter, elle attrape la pomme, dans sa main gauche, la fait glisser dans sa main droite, et l’envoie sur le garçon, qui la reçoit en plein front. Sous le choc, il part en arrière, et s’effondre en se tenant le visage de sa main libre. Le temps qu’il se reprenne, elle est déjà devant lui. Elle lâche l’outre à ses pieds, et cale ses mains sur ses hanches, et l’observant d’un œil critique.
- T’es quand même pas bien malin…
Magyu se retourne, et s’apprête à s’enfuir. Il attrape son veston, et s’élance. Mais celui-ci reste là où il est. Il se bloque, manquant de se démettre l’épaule, et se retourne. Elle a mis son pied dessus, et l’empêche de retirer son bien. Partagé entre le désir de s’enfuir, et le fait d’abandonner son objet le plus précieux, il tergiverse, et la jeune elfe en profite. Elle le bouscule doucement, mais c’est suffisant pour le faire tomber. Le garçon se retrouve de nouveau par terre.
- Arrête de fuir, sinon je te jure je te colle une flèche dans le pied.
Il s’arrête. Elle sourit, et elle retire son pied. Il n’avait pas vu l’arc qu’elle portait dans le dos. En fait, maintenant qu’elle a retiré sa cape, il la voit sous son vrai jour. Une silhouette fine, et élancée. Des bras fins, et gracieux, mais aux muscles déliés. Un dos droit, comme celui d’une princesse. Un port altier, et une certaine prestance qui émane d’elle lorsqu’elle se déplace. Elle porte une sorte de cuirasse légère, probablement faite de cuir, mais des plaques couleur métal montrent qu‘elle est renforcée de fer. Il est impossible qu‘elle soit de facture humaine. Des filigranes s‘étendent sur le liserai qui cerne le col, magnifiquement ouvragé, qui semble étinceler. Une merveille. Mais en cet instant précis, ce qui l’inquiète plutôt, c’est l’arc. Il s’avoue finalement vaincu, et lâche prise. La jeune femme le regarde avec un mélange étonnant de compassion, de mépris, d’incompréhension, de pitié et d’amusement. Elle ramasse la veste, tape dessus pour en enlever les traces, et la rend à son propriétaire. Magyu regarde successivement la veste, la main, et la personne à qui appartient cette main. Il s’empare vivement de sa veste, et se prépare à fuir.
- Tu vas pas recommencer ? Dans le genre bizarre t’es un champion, toi. Allez, va t’asseoir.
En même temps qu’elle parle, elle désigne l’endroit où il était installé d’un signe du menton. Le garçon hoche la tête, et tente de se redresser. Mais il n’y parvient pas. Son épaule le fait souffrir. Après quelques tentatives infructueuses pour se déplacer, il regarde d’un air suppliant son interlocutrice. Elle arbore un sourire désolé, et se penche vers lui.
- Tu as su te débrouiller pour venir jusqu’ici. Tu devrais trouver le chemin pour retourner là où tu étais. Non ? Il va falloir apprendre à te relever après être tombé…
Et elle s’éloigne.
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Magyu
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Maigre butin EmptyMar 30 Déc 2008 - 11:47
Trois longues heures après, elle revient. Il n’a pas bougé. La fatigue l’a submergé, et chaque tentative pour se relever se fait de plus en plus ridicule et vaine, tant et si bien que l’après midi passe, que le soir vient, et qu’il n’a toujours pas pu bouger. Elle le regarde avec agacement, fait claquer sa langue, puis finit par le soulever par le poignet. Il gémit, se débat, mais elle ne lâche pas prise facilement. Il grelotte, car il ne porte que ses bandages, et qu’il est torse nu, ce qui semble beaucoup étonner l’elfe.
- Je croyais que vous étiez tous des coriaces…Eh bien non. Étonnant.
Il tente de se relever, mais elle ne lui en laisse pas le temps, et le traine jusqu’à sa couchette, où elle l’assoit sans ménagement. Il lâche un petit cri, et se masse les tempes. Il s’est cogné la tête sur la racine, et a un peu le tournis.
- Toi, tu as le chic pour te blesser…Et en plus tu m’as pas l’air bien costaud. Montre moi ça.
Sans attendre son approbation, elle écarte ses cheveux et examine sa tempe. Mais en écartant ses longues mèches, elle sursaute, part en arrière, et se retrouve assise par terre. Le garçon la regarde, interloqué. Elle désigne son visage, et articule avec peine.
- Tu…Tu es un elfe ?
Elle éclate de rire, et lui dit quelque chose dans une langue qu’il ne connaît pas, mais qui visiblement est très drôle. Cependant, devant son absence de réponse, et devant son air incrédule, elle s’arrête, et le fixe gravement. Elle lui pose une question, mais il n’en saisit pas le sens. Pourtant, les inflexions de la voix rendent son ton solennel, presque menaçant. Considérant que la jeune elfe mérite une réponse, il consent à ouvrir la bouche.
- Je comprend pas…Désolé.
Ses yeux s’ouvrent rond.
- Tu es un elfe, et tu ne parles pas ta propre langue ?
Elle affiche une moue sévère, puis sourit largement.
- La bonne blague. T’étais plutôt convaincant, mais…
Et elle recommence à parler en elfique. Elle se lève, s’étire, et part sur une longue tirade, avant de se retourner vers lui. Visiblement elle lui parlait. Il hausse les épaules d’un air pitoyable, et elle le regarde encore plus gravement.
- Alors tu ne comprends pas l’elfique ? Vraiment pas ?
Il fait « non » de la tête. L’attitude de la jeune elfe change. Elle devient soudainement plus calme, et s’assoit près de Magyu, qui s’écarte prudemment.
- Tu as un nom ?
- Ma…Magyu.
- Enchantée. Je suis Ilia.
Il hoche la tête. Elle lui passe une main dans les cheveux, mais il se dégage vivement.
- D’accord, d’accord…T’es pas du genre sociable. Tu sais quel âge tu as ?
- Cent ans…Peut-être plus…Peut-être moins…’sais pas.
Elle semble réfléchir.
- Et tu vivais où avant ?
- Chez moi.
Étrangement, depuis qu’ils se sont présentés, Magyu se sent mieux, et est plus disposé à lui parler. Il sent qu’une barrière a été franchie. Certes, ses manières sont rudes, et elle porte une arme, et elle a probablement tué un homme, et elle a menacé de lui tirer dessus, et elle a marché sur sa veste, mais c’est la première personne avec laquelle il a un vrai contact. Un contact autre que : « Je veux une épée, trouve m’en une », ou encore : « vérifie que telle personne va bien mourir dans telle embuscade ». Pour une fois, on s’intéressait vraiment à lui. Ilia le regarde avec surprise.
- Et c’est où « chez toi » ?
Magyu lève son bras droit, et désigne la direction droit devant lui.
- Là.
- Oh…Bien…Tu vas te reposer un peu, et demain on ira chez toi, d’accord ?
Il hoche la tête, et sa compagne se lève. Elle le dévisage un moment, avant de lui envoyer l’outre d’eau dans les bras. Il la réceptionne tant bien que mal.
- Bois, ca va pas de faire de mal…Tu as presque rien mangé en deux jours, et t’as pas bu grand-chose non plus.
- Deux jours ?
- Oui, tu es resté dans ton état comateux pendant deux jours.
Il regarde l’outre qu’il tient entre les mains, et se rend subitement compte qu’il meurt de faim et de soif. D’un coup de dent, il débouche le contenant, et boit avidement. Le liquide frais s’écoule dans sa gorge, et il s’en délecte. Elle n’avait pas menti, car il ne s’était jamais senti aussi mal. Une fois sa soif étanchée, il referme l’outre, et la dépose sur le côté, avec un soupir de soulagement. Cependant, quelque chose le dérange. Il lève les yeux. Ilia est toujours là. Elle le regarde avec un mélange de surprise et de pitié.
- Certains poisons sont inodores, incolores, et insipides…Tu devrais faire attention à ce que tu bois…
Magyu regarde successivement Ilia, puis l’outre qu’elle lui a tendue. Dans ses yeux, s’allume une lueur de panique. Il tente de se relever, mais l’elfe le retient d’un geste.
- Je disais ça comme ça…Pas la peine de t’inquiéter…C’est juste un conseil, pour au cas où…Mais tu vas arrêter de pleurer comme ça !?
En effet, le garçon est déjà en train de se dire que sa vie est finie. Il tente de ressasser les bons moments, et cela lui arrache une série de larmes, qui à vraie dire ne demandent qu’à couler. Cependant, lorsque la jeune elfe s’emporte, il retrouve son calme. Elle sourit, apparemment satisfaite.
- Bon, maintenant dors. Et pas de trucs du genre : « j’arrive pas à dormir ». Sinon…
La menace plane dans l’air un moment, mais Magyu n’a pas besoin de se le faire dire deux fois. Il s’allonge prestement, et l’elfe lui envoie une couverture. Il s’en recouvre tant bien que mal, malgré son bras entravé. Une fois correctement et confortablement installé, il ferme les yeux. Des bruits de pas lui indiquent qu’on s’éloigne. Méfiant, et peu habitué à ce que quelqu’un dorme à moins d’un kilomètre de lui, il ouvre un œil et la regarde faire. Elle commence par dénouer son ceinturon, qui retient son épée et sa dague, et le laisse tomber au sol. Elle dépose son arc, et son carquois, mais en prenant soin de planter une flèche dans le sol. A l’évidence, ce n’est pas la première fois qu’elle passe la nuit à la belle étoile. Le petit elfe voudrait bien lui dire qu’il est dangereux de dormir à même le sol, et que la forêt regorge de dangers, mais il n’en a pas la force. Il se sent trop faible pour cela. Ilia termine ses préparatifs en sortant sa dague, qu’elle place sous sa cape, qui est repliée. Elle s’installe ensuite, là où elle a visiblement passé les deux dernières nuits, à savoir entre deux grosses racines, tout comme Magyu. Elle ferme les yeux, et le garçon l’imite. Quelques secondes passent.
- Bonne nuit, lâche-t-elle finalement.
Aucune réponse ne lui parvient.
- Quand on est poli, on répond.
Mais c’est vain. Le garçon dort déjà. Sa fatigue accumulée s’abat sur lui, et l’emporte dans le sommeil, sans qu’il puisse y résister…
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Magyu
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Maigre butin EmptyDim 4 Jan 2009 - 13:30
Une main blanche, dans l'obscurité. Elle s'approche, silencieuse, comme la mort elle même. Elle se pose sur l'épaule d'un jeune garçon, et...
- Magyu...Réveilles toi...Il est l'heure.
Le garçon émerge. Bâille. Cligne des yeux. Puis les fixe dans ceux de la jeune elfe qui le regarde. Son visage est un peu trop près. Le jeune garçon recule précipitamment, en sentant ses joues s'empourprer. Il regarde au dessus de la tête de son interlocutrice. Le ciel, qui est à peine visible au travers des feuilles, est d'une jolie couleur noire-bleutée. Il est constellé d'étoiles scintillantes, qui diffusent tant bien que mal une légère lueur jusqu'au sol. Elle permettait aux deux elfes de voir convenablement. Magyu grogna en estimant l'heure qu'il était.
- Il est tôt...Le soleil est pas levé...Je veux dormir...
- Je t'ai laissé deux heures de sommeil en plus, c'est l'heure de partir maintenant.
- Nooon...Fais froid...
- Magyu ! Lève toi !
Le jeune garçon, grimaçant, tremblotant, se lève en s'appuyant sur une main, les yeux à demi fermés, le visage endormi, sans vouloir se défaire de la couverture qui lui avait tenu compagnie toute la nuit durant. Il est encore très tôt pour lui. D’ordinaire, en cette saison, il se lève avec le soleil, pour profiter de sa chaleur. Le temps est trop froid la nuit pour qu’il se réveille avant que l’astre du jour aie pointé le bout de son nez. Mais visiblement, la jeune elfe ne s’embarrasse pas de l’heure qu‘il est, ni du temps qu’il fait, ni des considérations des gens qui sont avec elle. Magyu est contraint de sortir de la protection que lui confère le sommeil, pour retrouver le monde froid et cruel de la réalité. Il se met sur pieds sans trop s’en rendre compte, et la jeune elfe le pousse en avant :
- On a pas vraiment le temps pour un petit déjeuner, et puis je crois qu’on ferait mieux de ne pas traîner ici, vu que t’as pas l’air de bien résister au froid…
Elle attrape sa veste, et entreprend de la lui enfiler.
- Allez, laisse-toi faire, tu vas tomber malade, sinon.
Mais la tâche est ardue. Son bras gauche, toujours immobilisé, complique l’affaire, et à chaque fois qu’il s’étire pour enfiler son vêtement, une vive douleur le traverse, et le fait se contorsionner, faisant échouer leurs tentatives. Au bout de quelques minutes, Ilia abandonne en soupirant.
- Je suis pas très maternelle…désolée. On va s’arranger autrement. Garde ta couverture sur toi, jusqu’à ce que le temps se réchauffe.
- D’accord, répond le petit elfe en hochant la tête.
- Met aussi ta veste sur tes épaules…On est jamais trop prudents, avec ce temps pourri.
- D’accord, ajoute-t-il avec un nouveau hochement de tête.
- Bon…par où on peut aller chez toi ?
Il désigne la forêt, droit devant lui, et la jeune elfe suit la direction qu’indique son doigt. Les arbres au tronc épais, quasiment collés les uns aux autres. Les longues branches couvertes de feuilles se penchent presque jusqu’au sol, et rendent la progression difficile, d’autant que le terrain est accidenté, et irrégulier. Le port d’une armure est vivement déconseillé dans un endroit comme celui-ci, qui regorge de buissons et autres, qui peuvent aller jusqu’à entraver tout mouvement. Elle reste à contempler l’endroit, pendant un long moment, et Magyu la dévisage. Il n’a jamais rencontré que des humains dans sa vie, et en général : des morts. Les rares vivants qu’il a eu l’occasion de voir, et à qui il a eu la chance de parler étaient en général des hommes de main, ou des envoyés véreux, chargés d’exécuter les basses besognes d’un maitre désirant tel ou tel objet, ou bien voulant la mort de telle ou telle personne, aussi il n’a pas d’élément de comparaison, mais en regardant le profil d’Ilia, son cou mince et gracile, son visage aux formes harmonieuses, ses yeux dont la superbe couleur bleutée envoutait tout ceux qui se trouvent en face d’elle, et ses cheveux blonds détachés font ressortir son côté sauvage, naturel. On ressent une fougue cachée, derrière un masque de sérieux. Ses hautes pommettes, son nez adorable, ses fins sourcils, ce léger pli sur le front, qui ne se forme que lorsqu’elle est ainsi à réfléchir, ses lèvres pâles, serrées, sa mâchoire saillant légèrement, ses oreilles que l’on voyait légèrement au travers du rideau de cheveux qui tombent sur le côté de sa tête, contribuent à la rendre encore plus impressionnante. C’est sans compter sur l’ambiance : la lumière de la lune filtrant au travers des feuilles, et qui la découpent en morceau, qui se répartissent sur le corps de la jeune elfe, telles des ombres tribales lui donnant un côté exotique. Il n’a jamais eu de véritable élément de comparaison, mais il la trouve belle. Tout simplement.
- Tu es sûr qu’il n’y a aucun moyen d’aller chez toi sans passer par la forêt ?
Magyu secoue la tête. Ilia soupire, puis reprend :
- C’est qu’on irait quand même plus vite à cheval…Mais je vois mal Niniel traverser la forêt. Même si c’est un petit gabarit.
- Niniel ?
- Oui. Mon compagnon. J’ai été obligée de le laisser un peu plus loin, car il n’aurait pas pu arriver jusqu’ici.
Le garçon panique. De quelle créature parle-t-elle, et qu’elle a appelé son « compagnon ». Ce doit-être une créature massive, imposante, terrifiante. Magyu se retient de trembler. La jeune elfe ne le voit pas. Elle fait claquer sa langue, et se dirige vers une petite clairière, non loin d’ici. Peu rassuré, le garçon la suit. Il écarte de son bras valide les branches qui se trouvent sur son passage, et découvre alors l’apocalypse…Un impressionnant cheval blanc se tient là. Fier et majestueux. Il se cabre, quand sa maitresse arrive, et lorsqu'il retombe sur le sol, le petit elfe à l'impression que la terre se met à trembler. Il recule précipitamment, et s'abrite derrière un arbre. La monture s'approche de la cavalière, qui lui flatte l'encolure. Cela dépasse l'entendement du garçon. Comment peut-on être ami avec une créature si monstrueuse ? Avec ses quatre pattes démesurées, son cou gigantesque et puissant. Son poitrail terrifiant. C'est plus une arme qu'un ami. Et pourtant la jeune elfe le caresse, comme un petit chien.
- Tout doux, Niniel. Tu vas bien ? Tu vois, je suis revenue...Nous allons devoir marcher dans la forêt, pendant un moment, mais nous reviendrons. Tu veux bien nous attendre ici ?
Le cheval se redresse de toute sa hauteur, et renâcle. Ilia sourit, et le remercie chaleureusement, avant de récupérer quelques affaires. Elle débride la bête, et cache soigneusement la selle et tout le harnachement au pied d'un arbre, dans une petite cavité, qu'elle recouvre de branches et de feuilles. C'est rudimentaire, mais efficace. Finalement, elle se relève, réajuste sa tunique, vérifie que son épée est bien accrochée, et se tourne vers Magyu, toujours caché derrière son arbre. Elle lui sourit, et s'approche. Il recule vivement, mais elle le rassure d'un geste.
- Arrête de croire que je vais te faire du mal. Je ne t'ai pas menacé de quoi que ce soit...Presque pas...
Le garçon ne relève pas la remarque, et se tourne vers l'elfe, qui commande les opérations. Elle lui désigne la forêt, et le pousse en avant. C'est la première fois qu'il se retrouve au poste de guide, et son entrain est renouvelé. Malgré le froid, et malgré son bras, il s'élance. Ilia ne s'attend peut-être pas à ce qu'il aille aussi vite, mais elle le suit. Il court assez vite, même pour un elfe, et sa blessure, même si elle le ralentit, ne semble pas l' handicaper outre mesure. Il écarte les branches d'un geste vif, et trouve toujours le meilleur chemin, lorsque deux se présentent à lui. Il connaît la forêt. Le bruit de la rivière, sur sa gauche, lui indique qu'il suit la bonne direction, et le rassure. Il s'arrête, après un peu d‘une heure, et attend, au sommet d'un petit talus, en profitant pour enfiler sa veste, tant bien que mal. Mais ses muscles sont désormais plus libres, et cela lui pose moins de problèmes. L'elfe surgit d'un buisson, et s'extirpe tant bien que mal de la prison naturelle. Sa cape est accrochée par les ronces, et elle a du mal à tenir le rythme, à cause de son équipement, et de son armement. Elle s'arrête, et inspire profondément. Magyu la regarde en souriant.
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Magyu
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Magyu

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Maigre butin EmptyDim 4 Jan 2009 - 13:30
- Ça va ? demande-t-il.
Ilia lui jette un regard vexé.
- Ça va ! répond-elle d'une voix ferme. On y va.
Et elle s'élance, plus déterminée que jamais. Elle gravit le talus en quelques secondes, et se retrouve au sommet. L'air pleine d'espoir qu'elle affichait disparait bien vite, lorsqu'elle voit ce qui trouvait derrière l'obstacle naturel : la forêt, toujours aussi dense, toujours aussi pleine d'arbres. Elle se tourne vers le garçon.
- C'est ça chez toi ?
- Non. Ça c'est la forêt.
Et il continue sa course. Il dévale la pente douce, ralentit en zigzaguant entre les arbres, et se rapproche de la rivière. L'elfe le suit, il en est certain, mais il sent bien qu'elle a du mal. Aussi, il s'efforce de ne pas aller trop vite. Et rapidement, elle le rattrape. Alors qu'il croit qu'elle va le remercier, elle lui frappe la tête, du plat de la main.
- Ne fais pas semblant d'être fatigué, idiot.
Et elle le pousse en avant, si bien qu'il est obligé de reprendre la tête. Ils courent pendant une bonne partie de la matinée, presque sans interruption, sans échanger une seule parole, et le paysage ne change pas vraiment, ce qui a l'air d'inquiéter l'elfe. Elle jette des coups d’œil alarmés un peu partout, comme si elle s’attendait à voir surgir quelque chose d’entre les troncs. Le garçon la regarde avec étonnement, et manque de rentrer dans un arbre. Il s’arrête brutalement, et Ilia l’imite. Elle le rejoint, et lui pose une main sur l’épaule, reprenant son souffle. Quelques secondes passent, et elle parle finalement :
- C’est là ?
- Non…C’est juste derrière.
Elle semble soulagée, et continue à avancer, sans se presser. Le garçon la rejoint en trottinant, et ils continuent à avancer, se retrouvant bientôt devant un mur végétal, composé de buissons épineux, et autres. La jeune elfe examine le tout d’un œil étonné, et porte la main à son arme. Magyu sursaute, s’éloigne, la dévisage, et s’apprête à lui demander la raison de son geste, mais elle l’interrompt en lui mettant un doigt sur la bouche, comme on aurait fait avec un enfant bavard.
- Il y a quelque chose de pas normal…Ces plantes ont été mise ici volontairement…
- Je sais. C’est moi qui ai mis.
C’est au tour d’Ilia de dévisager le garçon. Elle sourit, et se détend visiblement. Sa main lâche son arme, et elle la passe dans ses cheveux blonds.
- Et ta maison est derrière ?
Il hoche la tête, et elle aussi. Elle regarde à droite, puis à gauche, et trouve la petite ouverture, qui sert au garçon à quitter l’endroit où il vit. Elle s’en approche, et baisse la tête pour y entrer. Magyu est juste derrière elle. Il la voit s’arrêter. Ses bras tombent le long de ses cuisses, et elle regarde autour d’elle, avec l’air incrédule.
- Oh…
Le garçon s’approche, et bombe le torse. Il est chez lui, et il éprouve une certaine fierté à montrer son œuvre, sa création, à quelqu’un. La jeune elfe ne le regarde pas. Elle semble subjuguée par ce qu’elle voit. Subjuguée ou décontenancée…Elle ouvre la bouche, comme pour dire quelque chose, mais aucun son ne sort. Le temps passe, et finalement, elle se tourne vers le garçon, qui la regarde avec un sourire en coin. Elle bafouille :
- C’est…C’est ça ta maison ?
- Non.
Il s’élance, bondit vers un large tronc, commence à escalader, en prenant appui sur les branches basses qui parsèment la surface rugueuse, et en quelques secondes, se retrouve sur la petite plate-forme, qui lui sert de maison. Malgré son invalidité temporaire, il reste assez agile pour escalader un arbre, ce qui signifie qu'il est bien remis.
- C’est ça.
L’elfe le regarde, et recule de quelques pas. Elle s’appuie sur l’arbre le plus proche, et s’assoit. Elle met la tête dans ses mains, et part d'un long, long soupir. Le garçon la regarde avec étonnement, et, craignant qu'il ne lui arrive quelque chose, descend le plus vite possible, et se porte à sa rencontre. Elle l'arrête à mi-chemin. Lorsqu'elle lève les yeux, son regard est devenu empreint de méfiance. Elle se lève, et sort son arc. Le garçon esquisse un mouvement vers la droite, mais avant qu'il ait pu le concrétiser, une flèche est déjà apparue dans la main d'Ilia. Elle bande son arme, et vise le garçon. Elle a l'air très sérieuse, et véritablement décidée à le tuer. Il glapit, et recule précipitamment.
- Qui es-tu ?
- Magyu ! Je m'appelle Magyu !
- D'où viens-tu ?
Il regarde autour de lui. Visiblement, l'endroit où il vit n'a pas l'air de lui plaire. Il tente de trouver quoi lui répondre, mais visiblement, il tarde trop. Un brusque sifflement se fait entendre. Le temps qu'il sursaute, une flèche est déjà plantée juste à côté de lui. En vérité, elle est passée assez loin, l'archère a pris ses précautions, mais pour le garçon, c'est plus que près. Il bafouille, cherchant ses mots, mais aucune idée ne lui vient en tête.
- Je...j'ai toujours vécu ici...
- Pourquoi ces hommes t'ont attaqué alors ? Tu es un voleur ? Un brigand ? Un assassin ?
Il se défend en faisant "non" de la tête, mais elle n'en démord pas.
- Tu es quoi, alors ?
Des larmes commencent à couler le long de ses joues. Mais elle ne semble pas du tout émue. Ses yeux semblent lancer des éclairs, tant ils sont hargneux. Tout son corps est raidit, et la nouvelle flèche qu'elle tient entre ses doigts semble prête à partir.
- Je...Je cueilles...Mais je ne chasse pas...Je ne tue pas d'animaux...Sauf quand il n'y a plus rien du tout à manger et...
- Mais tu fais quoi pour gagner ta vie ?
- Gagner ma vie ? C'est quoi ?
Pour la première fois, sa colère semble se dissiper. Elle ouvre les yeux ronds, et dévisage le garçon, qui perçoit le relâchement dans la tension de son arme. La corde se détend, et son bras tombe. Pas longtemps, certes, mais assez pour qu'il prenne la poudre d'escampette. Il dérape, et se met à courir, en direction de son arme. L'elfe sursaute, et lève son arme, mais il ne court pas droit. Elle ne peut pas l'ajuster. Il passe derrière le tronc, et se met à grimper. Il l'entend vaguement lui courir après, mais son cœur bat tellement vite qu'il s'en fiche. Il parvient, avant qu'elle ne le voie, à rejoindre la plate-forme qui lui sert d'abri. Là, il s'assoit. Il ramène ses genoux jusqu'à lui, passe ses bras autour, ferme les yeux, et attend, en priant, il ne sait qui. Son cœur bat à cent à l’heure, et il tente de le calmer. L’elfe, qui se trouve toujours en bas, examine le tronc, cherchant un moyen de se hisser jusqu’au garçon, mais les premières branches sont assez hautes, et avec tout son équipement, elle n’aurait aucun moyen de grimper jusque là où il est, et il ne lui en laisserait pas l’occasion. Cependant, elle ne prend pas le risque, et recule, pour voir où il est, mais les branches et les feuilles doivent lui boucher la vue. Elle l’appelle, mais il ne répond pas, trop terrifié pour ça.
- Magyu !
Elle insiste. Il se décide à se pencher, pour observer, et voit Ilia. Elle est là, son arc toujours en main, mais elle ne tient pas de flèche, ce qui rassure un peu le garçon. Il se déplace légèrement, pour voir son visage. Pour voir ses yeux surtout. Elle semble déterminée, et il frissonne. Cependant, en la fixant de la sorte, elle finit par se rendre compte qu’il l’observe, et elle le repère. Il recule précipitamment pour rester hors de vue, et entend un profond soupir de mécontentement.
- Magyu…Descend de là…On va parler.
- Non ! S’écrie-t-il.
- Et pourquoi ça ?
Les larmes, que le garçon retenaient, jaillissent à flot. Il sent une profonde amertume lui nouer l’estomac. La première personne qui s’était vraiment intéressée à lui, le regarde désormais comme un hors-la-loi, et tente de le tuer, ou de le capturer. Il ne sait pas quoi faire. Il n’a jamais ressenti une pareille peine. Peut-être parce qu’il n’a jamais eu l’occasion de tester les relations humaines avec quelqu’un d’autre. Il inspire profondément, et étouffe un sanglot, pour tenter de répondre avec dignité.
- Parce que tu ne me fais pas confiance.
Sa voix est un peu moins ferme que ce qu’il espérait, et il sent bien qu’elle tremble. Il enfouit la tête dans ses mains, et ferme les yeux, abattu par le désespoir : sentiment qu’il vient de découvrir. Il ne le voit pas, mais devant sa réponse, Ilia semble un peu décontenancée. L’espace d’un instant, un air coupable se peint sur son visage, et elle pense un moment à ranger son arme, mais elle secoue la tête, et retrouve son état habituel.
- J’ai toutes les raisons de ne pas te faire confiance…
Le garçon sent une vive douleur dans sa poitrine. Pourquoi dit-elle cela ? Pourquoi semble-t-elle si insensible ? Il pleure à chaudes larmes, mais refuse qu’elle le voie. Elle lui a déjà fait tant de mal. Il refuse de lui laisser le plaisir de le voir déprimé.
- Allez. Descend maintenant. Tu vas m’expliquer tout ça.
Elle tente de le piéger. Mais il n’est pas dupe. Il s’obstine lui aussi, et se mure dans le silence. Elle ne mérite même pas qu’il gaspille sa salive pour elle. Mais elle ne semble pas s’en préoccuper. Voyant qu’il ne répond pas, elle continue.
- Si tu ne descend pas, c’est moi qui vais venir te chercher.
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Magyu
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Maigre butin EmptyDim 4 Jan 2009 - 13:30
La menace plane un moment dans l’air, mais aucune réaction ne se fait sentir, et la jeune elfe, qui commençait déjà à perdre patience, semble au bord de la crise de nerf. Pour ne pas perdre la face, elle est bien obligée de mettre sa menace à exécution. Elle regarde l’arbre, et le voit soudain beaucoup plus haut qu’il l’était auparavant. Elle déglutit avec difficulté, mais elle n’a pas vraiment le choix. Elle pose son arc, ôté son carquois, dénoue sa ceinture, ne gardant que sa dague, qu’elle coince entre ses dents, et s’approche du tronc, qui lui fait face. A l’évidence, elle n’est pas rassurée, mais si cela arrête ordinairement son mental, sa volonté de prouver sa valeur ne l’est pas, et elle s’empare avec hargne de la première prise. Son pied droit s’appuie sur la racine, et elle commence son ascension. Les premiers mètres sont les plus difficiles, et elle les franchit à grand renfort de jurons elfiques, dont le sens profond et imagé ne peut malheureusement être traduit ici, qui accompagnent ses chutes, les moments fréquents où ses vêtements sont retenus par une branche capricieuse, ou quand elle ne trouve pas le moyen de continuer sa progression. Cependant, elle arrive aux premières « vraies » branches, assez larges, et assez fortes pour supporter le poids d’un adulte. Elle se pose, avec un soupir de soulagement, et lève les yeux. D’ordinaire, les elfes sont habiles pour monter aux arbres, et doués dans les exercices physiques, mais Ilia, a hérité d’un attribut de sa mère, qui était humaine : la peur du vide. Elle serre les dents autour du manche de son arme, et tente de faire abstraction des mètres qui la séparent du sol. Elle capte un mouvement, au travers des branches, et voit un visage qui lui est familier. Elle ne saurait le décrire avec précision, mais ce qu’elle voit suffit à la faire culpabiliser : des larmes. Beaucoup de larmes. Elle ne sait que dire, et hésite sur la marche à suivre. Elle n’a jamais aimé faire pleurer les enfants. Elle prend son courage à deux mains, et continue à grimper. Mais c’est bien plus facile, grâce aux branches, qui deviennent de plus en plus grosses. Il ne lui reste que quelques mètres à franchir, avant d’arriver au sommet, et de retrouver le garçon, quand soudain, il apparait. Droit comme un piquet, ses larmes coulent toujours, et si une lueur de terreur brille dans le fond de son regard, ses yeux sont emplis d’une détermination sauvage. Un instinct de survie et de protection, qui pourrait le pousser à faire quelque chose de grave pour elle. Il brandit une assiette. Ilia le regarde avec étonnement. Est-ce un message ? Un signe ? Elle n’a pas le temps de s’interroger plus longtemps. La réponse lui parvient. Magyu arme son bras, et projette l’assiette avec force et précision. Elle passe juste au dessus de la tête de la jeune elfe, qui a eu le réflexe de la baisser. Ce n’est pas une « arme » que l’on pourrait imaginer effrayante. Mais dans la situation présente, elle se révèle parfaitement adaptée. Le garçon en saisit une autre. Ilia panique. Combien en a-t-il ? Il la lance, et comme la précédente, elle passe juste à côté de sa cible. Il a déjà rechargé. L’elfe tente de se dissimuler mieux, mais le troisième tir percute la branche. L’assiette se brise sous l’impact, et les débris lui arrivent en plein visage. Elle tente de se protéger, et perd l’équilibre, qu’elle retrouve in extremis, en s’accrochant de toutes ses forces. Ses muscles tremblent, et elle s’imagine déjà, étendue en bas, le corps brisé après une chute mortelle. Au moment où ses forces l’abandonnent, la vision des larmes du garçon lui revient en mémoire. Elle s’agrippe à ce qu’elle peut, et se relève, évitant un projectile qui lui aurait frappé la tempe. Il vise bien en plus. Elle grimpe, utilisant uniquement la force de ses bras, et parvient à changer de branche, et à gravir quelques mètres. C’est du suicide, mais elle s’en contrefiche. Une assiette vient lui taper le bras. Le choc n’est pas violent, mais suffit à la secouer un peu, et les débris lui frappent le visage. Elle ferme les yeux un moment, et perd un temps précieux. Lorsqu’elle les rouvre, elle voit une seconde assiette lui foncer dessus. Elle l’évite adroitement, et grimpe derechef. Sa progression se fait de plus en plus difficile. Les projectiles pleuvent, les petites branches lui griffent le visage, et les grosses ne lui offrent qu’une protection relative. Et pourtant, elle parvient à se hisser au même niveau que Magyu. Elle pose un pied sur la surface plane, faite de plaques de bois assemblées, qui grince horriblement. Elle le retire vivement. On dirait qu’elle va s’effondrer, si la charge qu’elle supporte est trop lourde, et l’elfe se demande comment elle fait pour supporter le garçon. En effet, il se déplace apparemment sans soucis dessus. Lorsque la jeune elfe apparait, il recule avec précipitation, et tombe sur en arrière. Ilia sursaute, et tend une main vers lui, un cri au bord des lèvres. L’abri oscille, mais ne tombe pas. Son soulagement est de courte durée. Le garçon rampe comme un animal traqué jusqu’à une pile d’assiettes. Une grosse pile. Son bras entravé semble le gêner, mais il s’en accommode facilement. Ilia pose à nouveau son pied, mais le grincement suffit à la dérouter. Elle ferme les yeux, en tentant d’oublier la quinzaine de mètres qui la sépare du sol. Elle est en équilibre, debout sur une grosse branche de l’arbre, et appuyée sur son tronc. Une cible parfaite. Elle attrape son couteau, toujours entre ses dents, et le réajuste. Ca les empêche de claquer. Magyu saisit une assiette, et la tire un peu au hasard. Enfin, pas tant que ça, puisqu’elle passe à moins de trente centimètres de l’elfe, qui sursaute. Elle regarde autour d’elle, cherchant un moyen de s’abriter, mais elle n’en trouve pas. Une autre assiette lui arrive dessus. Elle l’esquive, de peu, mais doit s’éloigner du tronc. Elle lâche un borborygme incompréhensible, et oscille. Son bassin va d’avant en arrière, et elle bat des bras, pour retrouver son équilibre, sans réellement y parvenir. Elle lève les yeux, cherchant une aide, mais le garçon a déjà armé son bras…
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Maigre butin EmptyDim 4 Jan 2009 - 13:31
Magyu s’apprête à achever l’elfe, qui a du mal à tenir sur ses deux jambes. Il peut l’envoyer s’écraser au sol. Il peut lui faire faire une chute mortelle. Il le peut. Il la tient à sa merci. Il a l’occasion de se débarrasser de tous ses problèmes…Mais il ne le veut pas. Et sans sa volonté, il en est incapable. Ilia lève les yeux vers lui, et le supplie du regard. Son bras est déjà armé. Il hésite une brève seconde, puis lâche son arme, et se précipite vers l’elfe.
- Ilia !
Ses larmes coulent encore, et il se précipite vers sa compagne, qui est sur le point de tomber. Il l’attrape par la main, alors que son centre de gravité avait basculé, et la tire en avant. Elle tombe en avant, et se réceptionne sur les genoux, sur la plate forme qui grince brusquement, et s’enfonce de quelques centimètres. Elle reste un moment, tremblante, et finit par cracher son arme, qui tombe sur le bois, avec un bruit mat. Le garçon recule de quelques pas. Il ne sait pas quelle sera sa réaction, ni quel sera son état d’esprit. Finalement, elle lève la tête, et attrape son arme avec force. Magyu glapit, et recule encore plus. Il touche l’écorce de l’arbre. Il se retourne, et entame sa descente. Dans son esprit, tout est confus. Il s’imagine qu’elle le déteste, et qu’elle veut le tuer, et ne pense qu’à fuir. Ses sentiments sont troublés : peur, soulagement, doute, regret, appréhension…Il ne sait pas trop quoi faire ni quoi dire pour se faire pardonner, et préfère la fuite, solution qui l’a toujours aidé par le passé. Son bras gauche handicapé lui pose problème, cependant. Le bandage se coince dans les branches, et il ne peut pas s’en servir pour s’appuyer. Tout le monde sait que la descente est plus dure que la montée, d’autant plus avec un bras en moins. Pourtant le garçon ne prend pas ce risque en compte. Il saute d’appui en appui avec agilité, mais en mettant sa sécurité en jeu. L’elfe se penche par-dessus le bord de l’abri, et crie son nom. Il ne l’écoute pas, et ne répond pas. Cependant, il la voit descendre, et essayer de le rattraper. C’est peine perdue : il est bien meilleur grimpeur. Sa vantardise le pousse à descendre plus vite, et il le fait, prenant de moins en moins de sécurités.
- Arrête ça ! Tu vas te tuer ! S’écrie la jeune elfe.
Il s’est résolu à ne pas l’écouter…Même s’il aurait du. Il est presque arrivé, quand sous son poids, une branche cède. Il aurait facilement pu se rétablir, attraper une autre branche, utiliser son autre pied pour trouver une prise, et repartir…Mais pas là. Son bras manquant lui fait défaut, plus qu’il ne l’aurait imaginé. Il tente de se rattraper, mais son poids et sa vitesse l’entraînent inexorablement vers le bas. Sa main est éraflée en tentant de se raccrocher à quelque chose. Il ne sait pas quoi. Il traverse un nuage de feuilles prêtes à tomber, et se retrouve à l’air libre. Ses yeux sont encore ouverts. Il voit le ciel qui s’éloigne. Il voit la lumière du soleil au travers d’un mur végétal. Le choc. Plus rien.


Dernière édition par Magyu le Sam 14 Fév 2009 - 19:01, édité 1 fois
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Maigre butin EmptyDim 4 Jan 2009 - 13:31
Magyu se réveille. Il n’a pas bougé, et est toujours étendu sur le sol. Son inconscience a été de courte durée, car Ilia est toujours dans l’arbre. Elle descend les derniers mètres à une vitesse hallucinante, tant et si bien que cela ressemble plus à une chute contrôlée qu’à autre chose. Elle saute jusqu’au sol, où elle se rétablit avec souplesse, et se précipite vers le garçon, qui respire faiblement. La douleur dans son épaule s’est ravivée, plus forte que jamais. Il avait jusqu’alors oublié qu’elle était là, mais elle s’est réveillée. L’elfe s’arrête, et se met à genoux devant lui. Elle lui caresse le front, écartant une mèche rebelle, et l’examine. Le garçon capte un air inquiet dans ses yeux. Véritablement inquiet. Il ne sait pas trop ce qu’il a, mais il a très mal. Pour lui, c’est mauvais signe.
- Tu es fou ! Tu aurais pu te tuer ?
Il ne trouve pas la force de répondre. Il avait présumé de ses forces, et il en payait le prix fort maintenant. Il s’efforce pourtant de sourire, pour dire que tout va bien, mais il n’arrive qu’à présenter une grimace de douleur, qui rend l’elfe encore plus inquiète, si c’est possible. Elle met sa main sur l’épaule du garçon. Sans fermeté, mais sans douceur non plus. Elle la pose, c’est tout. Il lâche un cri terrible, et elle la retire vivement. Le pansement prend brutalement une teinte rouge, qui s’étend en une sorte de cercle plus ou moins ronds. Le garçon paniquerait bien, s’il avait de l’énergie à dépenser pour ça. Ilia l’examine rapidement, tâtant ses membres, pour s’assurer qu’ils sont en état, et lui posant des questions, auxquelles il répond en clignant des yeux : méthode efficace et peu fatigante. Il n’a pas trouvé mieux. L’elfe enlève sa veste et la lui passe sous la tête, pour qu’il se sente plus à l’aise. Il la remercie d’un pâle sourire, qu’elle lui rend.
- Je ne sais pas trop comment c’est possible…Mais tu n’as rien de grave. Enfin…tout dépend de ce que tu entends par grave. Mais en tous cas…Tu n’as ni fracture, ni entorse, ni hémorragie, exception faite de ton épaule. Seulement quelques ecchymoses…Tu t’en sors bien.
- Oui…
Elle se penche vers lui, et met sa main sur son front.
- Qui es-tu…Magyu ?
Le petit elfe reste un moment intrigué. Ne lâche-t-elle vraiment jamais l’affaire ? Visiblement non. Mais cette fois, elle le tient, et il est à sa merci, et elle n’hésitera pas, elle. Il répond, en essayant de dire la vérité…Une vérité qu’il ne connait pas, puisqu’il n’y a jamais songé. Il est lui, un point c’est tout…Mais il tente sa chance.
- Je vis ici depuis plusieurs dizaines d’années…
- Mais encore ?
- Depuis environ 90 ans…
- Tu m’as dit que tu avais cent ans…Où vivais-tu avant ?
La pression sur son front s’accentue, et il répond avec empressement.
- Je ne sais pas ! Je ne sais pas !
La pression se fait de plus en plus forte.
- Je promet que je ne sais pas !
- Raconte ce que tu sais !
- Je me souviens juste qu’on m’a dit que j’étais un bâtard… On m’a apprit à parler…A me débrouiller un peu…Et on m’a mit ici…
La pression se relâche, et Magyu peut ouvrir les yeux. L’elfe le regarde avec méfiance, mais semble croire à son histoire. Il veut la rendre meilleure, en y ajoutant un sourire. Il rate complètement, et se rend ridicule par-dessus le marché. Ilia le dévisage un long moment, sans lui poser de question, et il se croit sauvé, mais elle reprend.
- Tu ne m’as toujours pas dit ce que tu faisais de ta vie…
- Si j’ai dit…
- Eh bien redis le !
Et elle accentue la pression.
- Je cueilles des fruits ! Et je cherches des racines !
- C’est tout ?
- Je fais des assiettes aussi !
Elle appuie encore plus, si bien que le garçon à l’impression de fusionner avec le sol.
- J’ai vu que tu avais des vêtements, à ta taille. En un siècle, tu as du grandir. Et puis tu portes un uniforme de l’armée. Tu trouves ça normal ? Tu l’as volé ?
- Non ! Non ! Je l’ai trouvé !
- Trouvé ? Où ça ?
- Sur un homme ! Je l’ai trouvé sur un homme ! Promis…
Elle lâche brusquement Magyu, qui cligne des yeux à plusieurs reprises, pour retrouver ses sens. Il est un peu perturbé, mais ce n’est rien à côté d’Ilia, qui le regarde avec des yeux ronds.
- Tu es un assassin ?
- Non ! Je n’ai tué personne ! Il était déjà mort !
- Pilleur de cadavres !
- Non ! Je prend juste ce que j’ai besoin…Et un peu pour survivre.
L’elfe le regarde avec mépris et dégout. Comme s’il était une créature indigne de vivre. Il croit même un moment qu’elle va sortir son arme et le poignarder, mais elle reste parfaitement immobile. Cette colère froide est pire que si elle avait crié. Pire encore, son regard, et ce qu’il traduit. On y lit une sorte de déception, profonde. Elle finit par s’expliquer.
- Tu sais ce que c’est…Un pilleur de cadavres ?
Il fait « non » de la tête.
- C’est quelqu’un qui vole les morts…C’est pire que de tuer…C’est un sacrilège.
- Ils sont morts…
- Tu trouves que c’est une excuse !?
Sa voix monte dans les aigus, au fur et à mesure qu’elle s’emporte, et elle tente de se calmer, mais ses bras tremblent légèrement. Elle reprend, sur un ton plus modéré.
- C’est inacceptable que tu puisses faire ça…Tu aurais pu trouver autre chose, mais pas ça.
- Mais c’est le seul moyen…
- Non ! Deviens marchand, deviens serviteur, deviens apprenti, deviens artisan, deviens musicien, barde, conteur, scribe, ce que tu veux, mais pas pilleur de cadavres…
- Je fais aussi les tombes…
- QUOI ?
- Parfois…
Elle devient toute rouge, et cela inquiète le garçon. Il se demande si il a dit ce qu’il fallait dire pour la calmer. A l’évidence, non.
- Magyu…Je conçois que tu ne saches pas parler elfique…J’envisage l’éventualité que ce que tu m’as dit sois vrai…Je veux bien croire que tu te battes avec des assiettes de terre…Mais pas que tu ignores le sacrilège que c’est de piller un cadavre !
- Ca ne dérange pas certains animaux…
Elle le dévisage avec un visage horrifié. Le garçon soutient son regard. Il n’a pas honte de ce qu’il a fait. Lorsqu’elle le comprend, elle soupire, et tente une dernière manœuvre :
- Mais tu ne te rends pas compte de ce que ça signifie ?
- Ca signifie que je peux…vivre.
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Magyu
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- -: Elfe
- -: Environ un siècle
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Maigre butin EmptySam 14 Fév 2009 - 10:38
HRP : Mon PC portable m'a lâché au bout de deux semaines de fonctionnement, et avec les cours et tout, j'ai pas pu aller sur le PC fixe assez longtemps pour écrire. Je viens d'apprendre qu'il reste encore plusieurs semaines de réparation, donc j'attends patiemment de pouvoir reprendre les RPs, en attendant, je vais essayer d'écrire un peu sur mon fixe /HRP
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Maigre butin EmptyMer 18 Fév 2009 - 13:29
Ilia a abandonné la conversation, jugeant qu’il serait plus utile de s’occuper du repas, que d’essayer d’enfoncer des leçons de morale dans la tête du jeune elfe, qui se montre obstiné. Il est vrai que c’est un métier relativement lâche, mais en rien inadmissible. Il n’a jamais sauvé de vie, mais il n’en a jamais prise non plus...Pas souvent en tous cas. Bref, il n’est pas sans scrupules, et il ne prend que le strict nécessaire : vêtements, nourriture, argent, et objets vendables. Le reste, il le laisse.

La jeune elfe, après avoir préparé le repas, composé essentiellement de viande séchée et de légumes, invite le garçon à venir se restaurer avec elle. Il s’assoit, la tête basse, et sans un mot, commence à manger. De longues minutes passent, avant qu’ils ne s’adressent enfin la parole. C’est Ilia qui commence, d’un ton un peu trop calme.

- J’ai de sérieux doutes à ton sujet, Magyu. De sérieux doutes. Tu m’as l’air suspect, et si je te dis tout ça, c’est parce que tu n’es pas armé.

Le garçon commence à paniquer. Il jette un bref coup d’œil à la plate forme dans laquelle il vit. Il y a encore un couteau là bas, mais beaucoup trop loin pour qu’il puisse aller le chercher. Et puis l’elfe est encore là, et lui fait barrage. Magyu passe une main sur son épaule blessée, avec une grimace. La plaie ne saigne plus, mais elle menace de se rouvrir à chaque fois qu’il fait un mouvement un peu trop large.

- Je crois que je devrais te présenter aux gardes de la ville la plus proche, et leur dire qui tu es, et ce que tu as fait. Ils te mettront en prison, si tu n’es pas exécuté.

Magyu lève la tête, les yeux paniqués. Il n’a toujours pas compris où est le mal dans son attitude. Après tout, les gens qu’il dépouille sont morts. Ils n’ont plus besoin de leurs affaires. Mais si tout le monde réagit comme Ilia, il est préférable de s’enfuir.

- Et ne pense pas à t’enfuir.

Le garçon se mord la lèvre, provoquant un sourire satisfait à l’elfe, en face de lui, qui caresse avec nonchalance le manche de son poignard. Le fil de la lame reflète les rayons du soleil, et brille de mille feux, comme si elle était l’astre du jour. Magyu se prend à la contempler, et s’ébroue subitement.

- Mais si tu veux que je garde le secret...Il va falloir que tu m’obéisse.

Voyant là une porte de sortie, le garçon hoche précipitamment la tête. Après tout, c’est sans aucun doute sa seule chance de s’en sortir, et il accepte avec empressement. Un peu trop d’empressement. L’elfe le dévisage avec une mine soupçonneuse, et reprend :

- Mais...Je ne suis pas sûre que tu ne vas pas essayer de filer...Peut-être que tu vas me trahir, et en profiter pour t’enfuir...Auquel cas je devrais moi-même mettre fin à tes jours...Il faut que tu me promettes de toujours faire ce que je dis...

- Je...je promets !

Un sourire engageant apparait sur le visage du garçon, auquel répond l’elfe. Mais elle semble avoir remporté une victoire, ou avoir obtenu quelque chose. Son sourire en dit long, mais pour Magyu, ce sont des nuances de comportement bien trop dures à saisir. Dans son esprit, il a réussi à sauver sa vie. C’est déjà bien. Ilia frappe dans ses mains, et rajoute quelques branches dans le feu.

- Bon, eh bien, nous partons pour Fondcombe.

- Fondcombe ? Fit Magyu interloqué.

- Oui, c’est là que nous allons. Ca se trouve à l’est, assez loin. Nous devons y arriver le plus vite possible.

Le garçon n’a pas particulièrement envie de partir de sa forêt. Il l’aime, et il la connait, même si certains endroits lui font encore un peu peur. La simple idée de quitter cet endroit familier lui donne envie de hurler, mais un rapide coup d’œil à la dague de l’elfe suffit à le forcer à rester calme. Il inspire profondément, bloque sa respiration, et expire lentement, avant de prendre la parole.

- Je suis obligé ?

- Tu as promis.

Fin de la discussion. Ilia se lève, ajuste sa tunique, et cale ses poings sur ses hanches. Avec réticence, le garçon se lève à son tour. D’un pas traînant, il s’approche de l’arbre, et en entame l’ascension, en faisant très attention à son membre inerte. Il fait de son mieux pour lui éviter les chocs, et lui épargne les mouvements amples qui pourraient réveiller en lui la douleur. Finalement, il ne s’en sort pas si mal, lorsqu’il fait preuve de prudence. En moins de deux minutes, il réussit à atteindre sa plate-forme. Rapidement, il trouve un petit sac, dans lequel il entasse quelques affaires : des vêtements, une pile d’assiettes, un tas d’argile, et un couteau. Il se saisit également de son argent, qu’il range soigneusement dans sa poche intérieure. Il descend finalement de l’arbre, et retombe sur le sol avec souplesse, avant de s’approcher de l’elfe, qui lui emboite le pas.

Ils quittent la petite enclave, et marchent d’un bon pas, sans dire mot, en se concentrant uniquement sur leur route. Magyu ne voit pas l’elfe, mais il se doute qu’elle le surveille avec attention. Il ne doute pas qu’elle serait capable de lui faire du mal s’il essayait de partir, aussi se contient-il. L’après midi passe rapidement, sans qu’ils le voient filer, à cause des feuilles qui dissimulent le soleil et sa course, mais ils finissent pas revenir à leur point de départ. Leur petite expédition n’a pas duré une plus de quelques heures, mais ils ont l’impression que plusieurs jours se sont écoulés, tant leur relation a évolué.

En arrivant, ils enfilent leur veste, passent leur sac à dos, et se dirigent vers la route, où ils retrouvent le destrier majestueux : Niniel. Alors qu’ Ilia se précipite presque vers lui, pour le saluer, Magyu garde une distance de sécurité de plusieurs mètres, conscient qu’une telle créature pourrait le broyer sous ses sabots en moins de temps qu’il ne lui en faut pour détrousser un cadavre...Et pourtant il est rapide. Il s’efforce pourtant de conserver une attitude digne, et de calmer ses tremblements, car même si le monstre est loin, il ne peut pas s’empêcher de penser qu’il peut lui faire du mal.

En moins de cinq minutes, Ilia lui a remis une selle, a brossé un peu son poil, et a rangé ses affaires dans les bâts. Elle lui flatte l’encolure, en lui parlant dans une langue étrangère au garçon, avant de mettre son pied à l’étrier, et de se hisser sur le dos du mastodonte, qui hennit de contentement. Magyu est littéralement pétrifié. Comment peut-on monter sur pareille créature, sans en craindre la réaction ? Il a déjà vu des chevaux, mais de très loin. Il les a entendu passer, sans vraiment y faire attention, mais là...Il est bien obligé d’avoir peur. Ses pensées divaguent sur le comment une armée peut elle résister à une charge de cavalerie, si des hommes en armure sont montés sur de tels paquets de muscles ? Cela le dépasse totalement.

- Bon alors...Tu montes ?

Magyu sursaute. Lui ? Monter ? Sur le cheval ? Un frisson parcourt son corps tout entier. Il n’oserait jamais. Il ne pourrait pas. Il fait brusquement “non” de la tête, et recule d’un pas. Le cheval avance d’autant. La cavalière fait une moue indéchiffrable, et tend la main au garçon, pour l’aider à se hisser, mais il refuse net. Elle fait claquer sa langue.

- Bon, eh bien tu vas marcher derrière moi. Et pas question de t’entendre te plaindre.

- D’accord...

Cette solution, dans son état d’esprit actuel, est la meilleure qui soit. Tout plutôt que de monter sur le dos d’un cheval. Tout, ou presque. Il ajuste son sac sur ses épaules, boutonne tant bien que mal sa veste, avec son bras valide, fait bouger son épaule blessée, pour voir comment elle réagit, puis, s’estimant prêt, se met en route. Le cheval : Niniel, se met aussi en route. Ses foulées sont beaucoup plus longues que celles de l’elfe, qui est obligé de trotter pour le suivre. Mais lorsqu’il trotte, il se rapproche trop du cheval. Ilia lui jette un regard amusé, avant de se détourner. L’allure qu’elle maintient l’oblige à progresser de manière très étrange : à mi-chemin entre le trot et le pas. Un rythme épuisant, car il n’a pas l’habitude de faire tant d’efforts pour aller si lentement. Ils quittent bientôt la forêt, et prennent à l’est, tournant le dos au soleil couchant. Direction Fondcombe.
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