Le Chagrin de la Reine

Le Soleil se couchait derrière les sombres bois longeant Fondcombe. Bientôt, les dernières patrouilles arriveraient et les gens des maisons ne tarderaient pas à se coucher. Mais Idril Maennova, assise sur un banc près des portes de fer, ne fermerait sans doute pas l’œil de la nuit. En effet, deux messagers étaient revenus du front de Forodwaith lui apportant maintes nouvelles. C’est ainsi qu’elle apprit que son époux, Tar Méphisto, avait tromphié de la Guerre au Nord et revenait bien en vie. Elle en fut réjouie, mais sa joie n’était que partielle car on lui dit aussi que son Fils, Aleth de Gondor était toujours malade, et sa fièvre n’avait point chutée. On lui raconta qu’il dormait nuits et jours aux maisons de Guérison, à Minas Tirith.

Les derniers Soldats elfes rentraient au moment où la Reine allait rejoindre ses appartements. Elle tomba nez à nez avec le Capitaine Elothirion de la Maison de Doliath. Voyant sa détresse, il la questionna et Idril lui parla de son chagrin et de son envie de rejoindre son fils car, après tout, elle avait des dons de guérisseuse depuis bien longtemps. Le Noble Elfe lui avoua ensuite son idée de rejoindre la Cité Blanche.. et ils décidérent de faire le voyage vers Gondor ensemble, ses hommes apportant l’escorte nécessaire pour la reine du Royaume du Sud . .

Mais peut-être d’autres gens de Fondcombe désiraient faire le voyage. Aussi, la nouvelle fut transmise et quelques gens se réunirent à la Salle du feu. Le groupe décida de prendre la route le surlendemain, avec Idril, Elothirion et tous les habitants désireux de rejoindre Minas Tirith..

Aheneus pénétrait pour la première fois dans la demeure des Elfes, et comme tout humain, il eut le souffle coupé par la beauté et la magnificence du lieu. Les voûtes étaient si hautes qu'elles semblaient pouvoir toucher le ciel, et les pierres si blanches que même la neige fraîche l'aurait ternie. Toutefois, le calme de l'endroit le surprenait, et il commençait même à croire que quelque catastrophe sans nom s'était faite jour ici, quand un elfe, grand, brun, le visage noble et élégant, s'approcha de lui en lui tendant ses paumes. L'albinos les saisit, et demanda à l'elfe la direction des appartements de la reine.

Il marcha quelques pas dans la direction indiquée, mais, en se retournant, il s'aperçut que l'Eldar le regardait en souriant. Il retourna sur ses pas et, sentant plus ou moins où résidait l'astuce, il demanda où se trouvait la reine. L'elfe s'inclina, et le mena jusqu'à la Salle du Feu. Aheneus reconnu la Reine au premier regard. Belle comme la plus majestueuse des elfes immortelles, son port la désignait toutefois comme femme présente digne de gouverner le plus grand royaume humain.

"Ma Reine, dit-il en s'inclinant."
Elle se retourna et, reconnaissant un humain, l'interrogea.
"Le Roi m'a confié la mission de vous protéger en toutes circonstances et de vous satisfaire en tous points. Vous pourrez disposer de moi comme vous l'entendez."

Idril se retourna pour voir le visage de son garde du corps. Elle sourit intérieurement en pensant à son epoux qui, à des lieux de là, pensait plus à la sécurité de la Reine qu'à la sienne. Ainsi donc, cet homme ferait route avec elle et la compagnie d'elfe à destination de la Capitale de Gondor.
Elle lui sourit et repondit :

« Je vous remercie, noble Soldat ! Peut-être d'autres nous rejoindront, mais votre présence est gage de sécurité, je suppose. Nous prendrons la route demain au lever du Soleil ! Anar Kaluva Tielyanna ! Dormez tranquille ce soir, nous sommes à Rivendell .. »

Et elle s'éclipsa avec un petit air gênée. Elle traversa rapidement la cour intérieure où les rayons du Soleil balayait son ombre sur les dalles blanches, attirant les regards des hauts elfes qui bavardaient sur un banc, à l'ombre du bâtiment. Elle s'approcha d'eux, les salua et poussa la porte de la Salle du Feu. Une bouffée de chaleur lui monta au visage tandis qu'elle s'asseyait à l'écart, près de quelques ménestrels occupés à jouer de la harpe. Elle n'irait pas dormir tard, car demain, la journée promettait d'être longue. Elle écouta les notes de musique, et étrangement, elles lui rappelaient la Cité Blanche..

Rougissant qu'une femme si belle et si noble s'adresse à lui avec tant de chaleur et de simplicité, Aheneus ne put réagir lorsque la Reine se retourna et s'en fut. Lorsqu'il se fut repris, il réfléchit, et renonça à la suivre. La demeure des elfes était encore l'un des endroits les plus sûrs des Terres du Milieu, et la femme de son Roi aurait suffisamment à le supporter pendant le voyage pour qu'il ne s'impose pas maintenant.

Il se dirigea donc vers les jardins, et s'endormit dans son manteau, comme il le faisait si souvent il y a encore peu de temps.

Le lendemain à l'aube, Idril se leva et se lava acccompagnée du bruits des oiseaux. Elle revêtit des habits de voyage et se prépara tout doucement au retour. Arrivée dans la cour de bonne heure, elle fut stupéfaite de voir la compagnie d'elfes déjà prête au départ, et le Capitaine Elothirion aiguiser sa lame. Découvrant la Reine, l'elfe lui sourit et murmura :

« Nous y sommes, et le Soleil est au rendez-vous ! Ne tardons pas ! »

Ils descendirent les rues pavées et firent leurs au-revoir à ceux qu'ils avaient côtoyés. Les arbres masquaient les rayons du Soleil, et il faisait meilleur à l'ombre que sous l'astre. Ils se retournèrent une dernière fois avant de se mettre en route. Des chevaux et de la nourriture les attendaient non loin, avec des vivres en suffisance pour une semaine de voyage. Après un bref signe de tête aux deux elfes qui avaient amenés les cheveux, Idril rabattit sa capuche et ne parla plus. Le chemin etait long, et elle espérait ne pas être ralentie. Ses gardes étaient forts et agiles, mais les routes étaient peu sûres du fait de la Guerre dans le Nord, et les orques chassaient parfois jusqu'Houssaye selon les éclaireurs.

L'albinos se trouvait vers la tête de la caravane, et fut donc des premiers à apercevoir le Maître d'Armes. Gardant quelques mauvais souvenirs de rencontres au hasard des routes, le fils du Décapiteur se couvrit la tête, cachant ses cheveux blancs afin de se fondre dans le cortège. Observant le silhouette encore lointaine, il lui sembla reconnaître l'attitude de l'individu, sa posture... mais ce ne fut que lorsqu'il engagea son cheval au galop, à quelques pieds à peine du convoi, qu'il reconnu le Maître d'Armes. Rassuré, il retira sa capuche, et observa Arinos se présenter à la Reine, prêt toutefois à sauter de son cheval au moindre geste suspect... même si, étant donné ses talents et ceux du Maître d'Armes, il avait toutes les chances de réagir trop tard...

La journée était maintenant déjà bien entamée, et la compagnie se trouvait dès lors dans le grand plateau d'Houssaye, où les vastes landes d'herbes s'étendaient à perte de vue. Des vols d'oiseaux tournoyaient dans le ciel bleu, au-dessus de leur tête. Idril se prit à le regarder tandis qu'elle chevauchait, la capuche de son manteau toujours rabattue par-dessus sa tête. Ses longs cheveux blonds flottaient au vent pendant que les coursiers trottaient tranquillement.

Aux côtés de la Reine, le Capitaine Elothirion avançait le regard perdu dans l'horizon, et tous les soldats de sa maison en faisaient autant. Non loin, le Maître d'Arme suivait avec Aheneus, après qu'Idril ait souhaiter la bienvenue au premier en le remerciant. Ils chevauchèrent ainsi toute la première journée à un bon rythme, et s'arrèterent pour bivouaquer une fois la nuit tombée. L'Houssaye etait derrière eux, et le vent s'était calmé.
Des guetteurs partirent se mettre en position à quelques mètres, d'autres commencèrent à faire un petit feu de camp. L'air était etouffant, et Idril commença à regarder de tous côtés : l'endroit paraissait calme, mais les Guetteurs semblaient nerveux ..



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