Hadhod Croix-de-Fer Seigneur de la Moria
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~ GRIMOIRE ~ -: Nain de la Maison des Longues-Barbes. -: 190 ans. -:
| Ven 10 Avr 2009 - 19:52 | | Rosemonde frappa à la porte du bureau de la milice et on la fit entrer. Elle portait un chapeau large et usé sous lequel dépassaient des turbans dont la blancheur éclatante avait disparu faute de lavage. Cette femme était si petite, son visage était si innocent et si juvénile que les miliciens l'avaient tout d'abord prise pour un enfant. Pour ces même raisons, il était difficile de définir son âge. L'homme assis à son bureau l'invita à s'asseoir sur une chaise en face de lui, et à lui faire connaître les raisons de sa venue. Elle s'affala sur la chaise avec un air qui trahissait un certain abattement, voire un certain désespoir, et elle resta là, quelques secondes, à regarder le plancher lustré qui s'étendant sous ses chaussures rapiécées. Elle était animée d'un très léger tremblement. Le milicien se demanda un instant si elle ne s'était pas endormie sur place et renouvela sa question. Après encore quelques instants de silence, elle commença à parler d'une voix faible, très peu articulée, déprimée, chevrotante: "Il faut que cela cesse, monsieur, il faut que cela cesse..."Le fonctionnaire la regarda d'un œil égaré, presque amusé... "Quoi, madame, qu'est-ce qui doit cesser?" La voix de Rosemonde devint alors plus audible et moins hésitante: "Toute cette misère, monsieur, tout ce malheur. La ville en est infesté. J'habite un quartier du bas de la Cité, un quartier pauvre, qui plus est. Mais c'est la même chose partout, de toute façon. Des vols, des vols... toujours des vols. Et des meurtres parfois. On dirait que personne n'y fait rien. Tout le monde s'en fiche, pourtant le peuple souffre. Nous souffrons. Il faut que cela cesse..." "Nous avons la situation en main..." mentit le milicien, apparemment agacé. Mais la dame ne l'écoutait pas, poursuivant le récit de ses malheurs: "Comme si la peste ne suffisait pas, il faut que les malfrats, les bandits, et les criminels viennent nous pousser à bout. Il y a deux jours, la maison de ma tante a été cambriolée alors qu'elle était absente de chez elle. Plusieurs de mes voisins sont pestiférés, leurs enfants meurent et eux mourront aussi. Et rien, absolument rien n'est..." A la mention de la maladie, l'homme courut vers la porte, comme s'il avait peur de rester en présence de la pauvre femme. "Sortez! hurla-t-il. Sortez d'ici!"C'est ce qu'elle fit, lentement. Passant devant son interlocuteur, celui-ci l'entendit murmurer ses sempiternels: "Il faut que cela cesse... il faut que cela cesse..."Elle quitta la milice et prit le chemin du quartier, ou plutôt de l'enfer dans lequel elle vivait. Décidément, les autorités fermaient les yeux et se bouchaient les oreilles... Personne ne les aiderait donc? Personne n'arrêterait les voleurs? Personne ne punirait les meurtriers? Personne n'empêcherait la propagation de cette horrible maladie? The Half Cop |
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