Lentement, les yeux de Narmacil s'ouvraient, lentement et péniblement. Hors de sa demeure, la nuit étoilée continuait de s'étendre, indifférente aux troubles qui venaient de l'extirper brutalement de son sommeil. Un cauchemar ... toujours le même. Lentement, le dunedain se redressa sur le mur qui bordait sa couche à la tête, posant son oreiller de duvet et de lin derrière sa nuque douloureuse pour la soulager. La pièce n'avait pas bougé d'un pouce. Au pied du lit les peaux animales s'étendaient toujours, immobiles et chaudes, prêtes à accueillir le poids de l'ambassadeur, son riche mobilier s'étendait toujours là, ses murs arboraient les mêmes trophées de chasses, les mêmes souvenirs rapportés d'anciennes expéditions mercantiles dans le lointain des terres du milieu, au sud et à l'est. Narmacil Dunadan, l'épée de feu, avait déjà fait bien des choses diverses et parfois opposées dans sa vie. Après quatre fois vingt années de recherche de la paix, il avait comprit que sa quête était veine, du moins pour les temps qui s'étendaient devant lui. Il s'était installé dans l'antique capitale de l'Arnor, le grand royaume du nord, l'un des deux royaumes réunifiés, Annuminas. Son rang et sa richesse lui permirent de s'installer dans les hauts quartiers de la cité, dans une riche demeure, un palais certains diraient sans doute, placées non loin de la corporation marchande de la ville dont il avait jadis fait partie.
Doucement, sa mémoire lui revint. Comme chaque fois, après son réveil au coeur de la nuit étoilée, il restait immobile, inconscient, comme cherchant à ne plus jamais se souvenir de ce qu'il avait revécut en songe. Mais ceci revenait toujours inéxorablement, le ramenant à la réalité de sa vie, au désastre qui marqua le commencement de son indépendance. Il venait de revoir en songe les conséquences tragiques dans lesquelles il avait perdu ses parents.
Alors que Narmacil n'avait que quelques années à peine, son marchand de père emmena sa femme et son fils au delà des monts brumeux, en Rhovanion, à l'est même de la forêt noire. Il disait que c'était là que les hommes viendraient bientôt à se multiplier et que là où un peuple allait naître, il serait excellent pour les affaires de venir s'installer parmi les premiers commerçants et artisans qui, à coup sûr, feraient fortune. Ils y vécurent deux ans. Pour faire fortune, cela ne manqua guère. Installée dans une jeune ville nouvelle, la famille numénorienne vit le commerce de son père et maître, importateur de bien d'Arnor, s'étendre et s'enrichir. Cela n'eut guère de cesse et chaque jour qui passait, les affaires étaient meilleures. Cela dura deux années, plus peut-être mais les souvenirs du dunedain étaient plus que flous, il était alors bien trop jeune. Mais cette richesse que recherchait le père de Narmacil fut sa perte. Un groupe de pillards venus de l'est en vint à prendre possession de la cité par la force et ils dépouillèrent un par un les riches, les puissants et les artisans de la cité. Lorsque ce fut au tour de l'importation de son père, le jeune dunedain vit ce dernier tenter de résister aux pillards. Il fut tué alors même qu'ils venaient de mettre la veille la dernière main aux préparatifs de départ que son père avait mit en place pour quitter l'oppression des brigands. De chagrin, sa mère en vain à perdre la raison et elle s'en fut en hurlant dans les plaines des terres du Rhovanion, perdue à jamais ...
C'était cette scène atroce que Narmacil revoyait venir le hanter chaque nuit où il tentait de retrouver le repos de la nuit. La suite de ces tragiques événements fut moins terribles, l'oncle du jeune garçon prit en charge sa formation. C'était un grand guerrier, un vétéran déjà très avancé en âge, l'aîné du père de Narmacil de plus de trente années. Néanmoins, bien qu'il enseigna l'art du combat au jeune dunedain, il se refusa à le laisser poursuivre une carrière militaire, lui intimant que son devoir était de perpétrer les affaires de son père.
Dunadan, maître Dunadan comme on le nommait souvent, quitta son lit et vint, torse nu, s'appuyer au balcon de sa chambrée. Le vent froid et piquant de la nuit, venu du Nord, le rafraîchissait et chassait de son esprit les mauvaises pensées qui le hantaient. Il n'avait aujourd'hui plus rien d'un marchand. En vingt ans, il avait beaucoup évolué. Il commença par exporter ses biens en Rohan et dans le Val d'Anduin, mais là-bas les affaires ne furent pas florissantes. Elles permirent seulement à l'homme d'Arnor de survivre. Ce fut lorsqu'il vint dans le grand sud, en Harad, qu'il fit fortune ... Une fortune remarquable qui lui valut, à son retour, d'être considéré comme l'un des marchands les plus accomplis de son royaume. En réalité, les rois et seigneurs des clans de Harad vivaient sur des gisements à fleur de roche d'or et de diamants. Ceux-ci n'avaient pas plus de valeur à leurs yeux qu'un cailloux recouvert de peu de calcaire pour un homme du nord. En revancher, le fer et le métal n'existaient pour ainsi dire pas dans les sables du Harad et les armes et armures que Narmacil venaient vendre semblaient d'une valeur immense aux yeux des roitelets. Ils pensaient que munis des armes de leurs grands ennemis du nord, ils pourraient s'imposer aux autres rois. En échange d'une armure de fer simplement forgée dans un village du lointain Arnor, maître Dunadan venaient à tirer plusieurs kilos de diamant, de pierres précieuses ou d'or ! Lorsqu'il revint dans le nord, lors de l'une de ses expéditions commerciales, on vint lui apprendre que celle que l'on pensait être sa mère avait été retrouvée dans les ruines de l'Harondor. C'était une patrouille du Gondor qui l'avait retrouvée et avait reconnu à son visage qu'elle devait être de la parentèle du nord. Après maintes recherches, les Edains de Gondor étaient remontés jusqu'à Dunadan qu'ils connaissaient bien.
Afin d'en apprendre d'avantage, Narmacil descendit à Minas-Tirith. Ce qu'il apprit lui fit l'effet d'un coup de poignard. C'était un clan du Harad mené par un roitelet sans importance qui avait tenté une incursion en Harondor qui l'avait tuée. L'idée que ce fut peut-être une de ses armes qui avait tué sa propre mère hanta longtemps le dunedain qui ne vendit plus jamais à quiconque de ses biens sauf aux gens du Gondor, à ceux de Minas-Tirith plus précisément. Après bien des années d'enrichissement constant, bien que moindre en Harad, Narmacil fut appelé en Arnor car il était devenu connu pour bien des gens importants, en Arnor comme en Gondor. Une position intéressante et importante lui était proposée : devenir l'ambassadeur direct du roi à la capitale du royaume sud. Il ne put qu'accepter ...
Le fil de sa vie venait de défiler devant Narmacil. Cela faisait quelques années déjà qu'il servait le roi et il allait sans doute devoir rapidement repartir. Il ne passait que peu de temps dans sa demeure et il l'offrait à un couple de gens plus modestes qui pouvaient en disposer durant ses absences en échange de quoi ils devaient entretenir le palais. Maître Dunadan espérait au fond de lui qu'il aurait le temps de retrouver peu de sa famille pour passer un peu de temps parmi celle-ci et trouver le repos de son coeur, mais il pressentait qu'il n'en aurait pas le temps.
Narmacil resta debout sur son balcon à observer la cité et à réfléchir à ceux qu'il voulait aller revoir une fois encore, son cousin, descendant d'Halbarad Dunadan, lui même cousin du roi Aragorn Telcontar de Gondor ... Il resta là si longtemps qu'au bout de la vision du dunedain, le soleil vint à pointer au delà des monts lointains. Une lumière blanchâtre et encore palote commença à envahir Annuminas. Dunadan quitta son balcon et descendit aux écuries, désireux de partir immédiatement voir son cousin ... il n'en eut pas le temps : un messager du roi venait le chercher.
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J'ai voulu faire une présentation sous type de RP pour tout expliquer, j'espère que ça convient
! Ce personnage fait partie des posts à pourvoir !!
