L'ancienne veine de vrai-argent

Une bonne semaine après avoir parlé pour la première fois de ce projet un peu fou de recherche de mithril dans la Moria, Kibïn était revenu dans la boutique de son nouvel ami Flosi. Le soldat avait formulé sa demande à Thörn de la Croix-de-Fer quelques jours plus tôt, et ce dernier devait en parler à Hadhod d'un moment à l'autre. Le forgeron, lui, s'était rendu à la bibliothèque sous les montagnes pour feuilleter de vieux ouvrages et en apprendre plus sur ce métal sans prix que certains nommaient aussi, et de manière révérencieuse, vrai-argent.

Soudain, alors que les deux compères discutaient avec excitation de la suite des évènements, quatre coups lourds résonnèrent à la porte, et elle s'ouvrit en raclant un peu le sol pierreux. Apparut alors un Nain à la carrure imposante, au visage dur et aux manières un peu rustres...

Appuyé sur sa grande hache à double tranchant, il resta ainsi dans l'encadrure de la porte, son lourd équipement, ses cheveux et sa barbe hirsutes, et son doigt manquant à la main droite le faisant paraître comme un guerrier coriace et endurant, qui se moque de son apparence physique comme des fardeaux.

Sa voix grave résonna entre les murs de la forge comme il parla:

- Forgeron, si vous ne me connaissez pas encore, je me présente: je suis Thörn fils de Thoran, compagnon de la Croix-de-Fer et serviteur de Hadhod. Inutile de me parler de vous, votre ami m'a déjà parlé de votre nom et de votre personne, Flosi. Il m'a également parlé de votre projet.

Il suspendit un instant son discours, soit pour reprendre son souffle, soit pour laisser planer le suspens un peu plus longtemps. Durant des secondes interminables, Flosi et Kibïn restèrent dans l'ignorance totale de ce qui avait été dit en au lieu à ce sujet. Puis Thörn continua enfin sa prise de parole:

- Sachez que j'ai fait part à notre Seigneur de vos volontés, et qu'il n'a pas encore pris sa décision à ce sujet. Il vous autorise, ou plutôt vous enjoint à participer à une audience, qui aura lieu dans la Salle du Trône, demain, deux heures après le lever du soleil, afin d'en savoir plus sur vos motivations. Pourront vous accompagner tout ceux qui ont participer où comptent participer à ce projet de réhabilitation des anciennes mines de mithril. Nous nous reverrons donc demain, bonne journée à vous deux.

Et, faisant demi-tour, il referma la porte avec le même raclement et disparut au-dehors, apparemment fort affairé. Une chance était donnée à Flosi de convaincre Hadhod Croix-de-Fer du bien-fondé de ses desseins.

#Hadhod #Flosi

Flosi était soulagé, soulagé et effrayé. Il ne connaissait pas du tout le seigneur de la Moria et l'idée de discourir et d'argumenter sur son projet lui mettait une énorme pression. Il se mit à se concentrer de toutes ses forces et à chercher des arguments, l'un était tout trouvé c'était ce qui lui avait dit Kibïn mais malheureusement Flosi pensait surtout à de la bière.

-"Kibïn as-tu de la bière ou un liquide semblable car j'ai du mal à réfléchir".

Kibïn lui tendit une vieille gourde en cuir, Flosi le remercia et but quatre gorgées du précieux liquide alcoolisé et lui rendit la gourde. Il se sentait beaucoup mieux et plus apte à réfléchir, il lista alors ses arguments :
-Ce qui lui avait dit Kibïn dans la forge.
Un, c'est pas trop mal déjà, il se souvint alors de la vieille carte périmée des mines de mithril dans la bibliothèque, si il en parlait il se ferait arrêté par le bibliothécaire, un mensonge s'imposait.
-La vieille carte périmée
Il pensa à une question essentielle : Quels intérêts pour Hadhod ?
Flosi trouva vite la réponse, des équipements entiers en mithril pour tous les membres de la Croix-de-Fer.
-Des équipements en mithril
Cela faisait donc 3 arguments à soumettre ce qui était mieux que rien, il prit alors la carte, la plia et la mit dans sa poche. Les mineurs de l'entreprise de Flosi était déjà arrivé et était logé dans une auberge, tout était prêt, c'était demain que le sort du projet serait décidé.

La fin d'après-midi se passa à la fois très lentement et très rapidement pour Flosi. Très lentement car il était, bien entendu, pressé de mettre son projet à exécution. Très rapidement car une audience de cette importance devant le Seigneur en personne était une épreuve marquante. Mais Kibïn partageait également l'inquiétude du forgeron. Car tout comme l'équipe de mineurs, lui aussi se rendrait à l'entretien: il avait contribué à l'élaboration de cette idée et était prêt à y participer encore.

Le fils de Hibïn dormit fort mal cette nuit-là. Des cauchemars assombrissaient son sommeil... il voyait Hadhod en face de lui, son regard dur braqué dans le sien, le réprimandant, courroucé... puis la vision changeait... ils étaient à présent parti en expédition, et ils creusaient, creusaient la roche profondément, mais, au lieu de mithril, des dizaines de Gobelins sortaient des galeries nouvellement crées... puis ces visions changèrent une nouvelle fois. Il se trouvait à présent dans une des cellules de Khazad-dûm, prisonnier. De l'autre côté des barreaux se trouvait Flosi, méconnaissable tant ses parures étaient brillantes de mithril. Devenu extrêmement riche, puissant, et influent, le forgeron avait fait jeté son ancien ami dans les geôles pour être sûr de s'approprier tous les bénéfices! Enfin, il se réveilla en sursaut.

Il devait être près de trois heures du matin. Dans cinq heures, ils seraient devant Hadhod. La réaction de ce dernier serait-elle celle du rêve? Et s'il autorisait tout de même cette mission, y aurait-il des tas de Gobelins pour les embêter? Et si d'aventure ils trouvaient du vrai-argent, l'appât du gain laisserait-il les anciennes amitié intactes? Ces rêves seraient-ils prémonitoires? Kibïn essaya de chasser ces idées noires de sa tête, mais il ne se rendormit pas. Préférant se préparer à cette audience, il revêtit ses plus beau vêtements - les moins déchirés et délavés - et prit la direction de la boutique de Flosi.

En chemin, il sortit sa pipe et tira quelques bouffées de Vieux Toby importé de la Comté des semi-hommes. Tout en inhalant la fumée, il se demanda si Flosi était réveillé, prêt et dispos, et si en arrivant vers la forge il verrait tout une équipe d'ouvriers prête à partir.

Flosi s'était levé difficilement, lui aussi avait passé une très mauvaise nuit, il avait rêvé que le bibliothécaire l'enfermait dans une geôle sombre pour avoir pris la carte périmée et aussi que après des mois et des mois de minage intensif, le filon s'avéra vide de tout mithril. Il se leva, prit un bout de pain moisi avec de la bière assez bonne. Il refit bien ses 3 tresses à sa barbe et se vêtit d'un habit ancien mais néanmoins très élégant, il lui avait été légué par son père qui le tenait de son grand père et cela allait jusqu'à Telchar le forgeron, c'était l'habit de sa maison et il le portait avec fierté. L'habit était en soie, était très coloré et possédait des rayures, les manches étaient longues car les ancêtres de Flosi ne se plaisait pas à se promener en manches courtes dans les mines. L'habit portait une insigne, il y avait un nain portant un marteau qui s'abattait sur une enclume. Les ouvriers toquèrent à la porte et Flosi alla leur ouvrir, il leur donna de la bière avec un gâteau sec, ils discutèrent de l'entrevue qui aurait lieu incessamment, il en ressortit que beaucoup de nains étaient pressés d'en finir et de pouvoir miner le vrai-argent. Flosi entendit quelqu'un toquer sur la porte, il ouvrit, c'était Kibïn, il le salua et se retourna vers les ouvriers.

-"Allons-y, mieux vaut être 10 minutes en avance que 10 minutes en retard"

Les nains furent d'accord et se mirent rapidement en route, pour se donner du baume au coeur ils chantèrent :

Mithril, mithril, nous venons te miner
Depuis trop longtemps nous ne t'avons aperçu
Depuis notre exil par le fléau de Durin
Nous t'avons rêvé
Aujourd'hui nous revoilà,
Et nous venons prendre notre dû
L'héritage de nos ancêtres et notre richesse
Celle pour qui nous avons reprise Khazad-Dûm.

La chanson s'arrêta, ils étaient arrivés à salle où devait avoir lieu l'entrevue, le garde leur indiqua qu'ils étaient juste à l'heure et que c'était déjà un bon point en plus, la compagnie entra et se prépara à plaider sa cause auprès du seigneur de Khazad-Dûm. Flosi mit la main dans sa poche et s'perçut que la carte était toujours là, il poussa un soupir de soulagement et continua à marcher

Hadhod était assis sur son trône de pierre, les bras posés sur les accoudoirs, le regard sérieux mais peut-être pas aussi dur qu'à l'habitude. Il était avide de savoir ce que ses sujets manigançaient, quelles étaient les raisons de leurs actes, et les moyens qu'ils mettraient en œuvre pour y parvenir. Après seulement avoir écouté les visiteurs il prendrait sa décision.

Debout à droite du Seigneur, se trouvait le général Bahïn, et encore à sa droite l'imposant Thörn, celui qui avait permis à cette audition d'avoir lieu. A la gauche du trône se tenait Oïn, sage et vieux Nain, conseiller du fils de Trehod, et encore plus à gauche, Murin et Dràr, les deux jeunes guerriers. Tous attendaient que la compagnie dans son ensemble soit entrée, pour pouvoir écouter tout ce qui se dirait.

Ce fut le souverain en personne qui rompit le silence:

- Messieurs, sachez tout d'abord que je n'ai d'autre but que la grandeur de Khazad-dûm et la gloire de mon peuple, et des Nains en général. Aussi, lorsque j'ai été avisé d'un projet de réouverture des anciens puits de mithril, n'ai-je pas opposé un refus immédiat et catégorique, quoique je n'ai pas non plus donné mon autorisation.

Le Seigneur Croix-de-Fer se redressa sur son trône et avança d'un pas, droit, fier, comme taillé dans le roc, pour mieux voir les visages de ceux qui lui faisaient face. Il repéra alors Flosi suivant la description que lui en avait fait Thörn et les informations qu'il connaissait déjà à son sujet, et l'invita à avancer:

- Forgeron Flosi, puisque vous êtes, en quelque sorte, l'instigateur de ce plan, approchez donc un peu, que je vous vois, et parlez-moi de toute cette affaire. Êtes vous assuré, et si oui comment, de la présence de vrai-argent dans les mines qui ont été fouillées autrefois et qui sont à présent hors de notre contrôle, à mi-chemin entre le repère des Gobelins et notre ville?

Flosi fit silence pendant 5 bonnes minutes, releva la tête et oublia son stress ainsi que sa peur puis il dit :

-"Bonjour monseigneur, à votre service et à celui de votre famille. Un indice primordial me permet d'indiquer la présence de mithril. Ce livre que je portes dans ma sacoche parle d'une vieille carte qui se trouvait dans les rayons de la bibliothèque mais quand j'y ai été, il n'y avait rien et lorsque je repartis je vis un colporteur qui me vendit une carte, c'était celle de la bibliothèque ! Je l'ai gardé mais je suis prêt à la rendre à sa place qu'ait la bibliothèque. Cette carte montre les anciens puits d'excavations nains, elle à été créé par un nain avant l'apparition du Fléau de Durin d'après le livre. Elle indique clairement que la mine était épuisée mais il y à une note au dos de la carte qui explique que l'auteur de cette carte affirme qu'il restait du mithril et que les projets de minage était en cours de d'exécution lorsque le Balrog arriva et ...

Flosi s'arrêta un moment et fut surpris, la note était signée mais il ne l'avait pas aperçu jusqu'à présent la signature portait le nom de Brahin, un mineur qui était très respecté chez les nains, il reprit :

-La note porte une signature, celle de Brahin, un mineur très respecté qui était connu pour ne jamais se tromper en ce qui concerne les mines de mithril."

Flosi fut rassuré, ses arguments étaient bons et la découverte de l'identité de l'auteur bien que tardive était un gros plus dans la décision d'Hadhod néanmoins rien n'était joué mais Flosi se sentait déjà beaucoup mieux et ses amis aussi.

Le Seigneur de Cavenain lança un curieux regard à son vis-à-vis lorsque celui-ci parla de la vieille carte mentionnée dans le livre et du soit-disant colporteur qui lui l'aurait vendu. Un bien grand hasard, si hasard il y avait là. Mais il ne fallait pas tirer de conclusion hâtive, rien ne prouvait que Flosi était un voleur: parfois les coïncidences paraissent incroyables mais sont pourtant réelles.

De plus, ce forgeron semblait sûr de lui. Il avait sans nul doute préparé soigneusement ses arguments avant cette audience, et dans ses yeux et dans sa voix se sentait une grande motivation et un grand sérieux pour mener à bien son projet.

Hadhod s'avança encore un peu est se saisit de la carte que Flosi lui tendit. Elle semblait digne de confiance, et authentique: dessinée de la main même du grand mineur Brahin, voilà qui surprit grandement le fils de Trehod. Le forgeron avait marqué des points en prononçant l'illustre nom, qu'il venait d'ailleurs tout juste de voir!

- Je dois avouer que je suis grandement impressionné par ce morceau de parchemin. Des notes écrites d'une telle main ne doivent certes pas être prises à la légère. Après usage, vous devriez en effet la remettre à Alânkibïn, il sera fort content de la garder en sa bibliothèque. Peut-être y a-t-il donc des restes de la veine de mithril dans les profondeurs du monde. Mais vous venez de le dire vous-même: le minage a été interrompu par le réveil du fléau de Durin. Qui sait si en creusant encore plus profondément et avec un peu trop d'avidité, un autre monstre, une autre créature démoniaque ne surgirait pas, endormi depuis des siècles dans des cavités où la lumière n'est jamais venue? Je n'ai guère envie que l'an 294 du Quatrième Âge soit inscrit dans les chronologies comme l'époque où s'est manifesté le fléau de Hadhod.

Flosi n'avait pas envisagé l'option que venait de lui soumettre le seigneur de Cavenain, elle paraissait peu probable mais néanmoins risquée si elle venait à aboutir. Flosi baissa la tête, caressa sa barbe et réfléchit, il se souvint alors de l'excavation qui avait conduit à la libération du Fléau de Durin, elle était largement située plus en profondeur que celle que proposait Flosi. Cet endroit se nommait les Pronondeurs Ardentes car il y fait une grande chaleur qui est dû à la présence proche de magma et c'est ici que le balrog fut libéré. L'alternative était impossible par conséquent, Flosi parla alors :

-"Regardez la carte, dit Flosi avec sûreté vous apercevez un minuscule filon tout en bas, c'est là l'emplacement du lieu qui se nomme les Profondeurs Ardentes et c'est ici que le balrog fut libéré, maintenant regardez le lieu où je comptes miner, il y a, à vu d'oeil, 1 kilomètre de différence en matière de profondeur, sachant que d'après Brahin le mithril ne doit pas être situé bien loin. Je placerais un dispositif de rocher qui s'écroulerait en bouchant la mine empêchant ainsi la créature de se promener dans les galeries de Khazad-Dûm, de ce fait votre royaume sera en sûreté si monstruosité il y a et cette créature ne pourra donc plus se faire appelé le fléau de Hadhod si elle ne peut vous approchez."

L'idée d'un dispositif devrait normalement rassuré Hadhod, Flosi estima ses arguments convaincant, fit silence, regarda quelques fractions de secondes le seigneur de Khazad-Dûm puis baissa la tête en attendant la réponse du souverain.

Hadhod hocha la tête aux propositions de Flosi: que ce dernier ait pensé à toutes ces éventualités ou qu'il ait proposé ces solutions sur l'instant ne changeait rien à la vision qu'avait à présent le Seigneur de la Moria du forgeron... Il savait faire face aux imprévus et autres éventualités, et son esprit était ouvert aux remarques et aux critiques. Il ne fonçait pas tête baissée dans les pièges comme certains idiots obnubilés seulement par les richesses et incapables de penser aux moyens pour y parvenir ni aux mesures de sécurité.

- Voilà qui est bien. J'avais tout d'abord cru que vous aviez pour projet de creuser encore davantage dans les Profondeurs Ardentes, ce qui aurait été, même s'il y a peu de chance qu'une seconde créature soit endormie à cette endroit et qu'elle n'ait pas été réveillée en même temps que la première, un risque à ne pas prendre. Miner au niveau que vous venez de m'indiquer me paraît plus sage et plus sûr, mais, si je vous donne mon autorisation, il faudra s'y tenir et ne pas être tenté de descendre jusqu'aux lieux à risque, même si les recherches sont infructueuses. Dans le cas où l'expédition partirait de Khazad-dûm, j'enverrai avec elle un émissaire pour y veiller.

Ce n'était pas que Hadhod ne faisait pas confiance à Flosi. Mais tout de même, il souhaitait par-dessus tout éviter une catastrophe, et sauvegarder les vies de ses sujets, ne pas voir le Royaume sous les Montagnes dévasté pour avoir été trop avide de richesses.

- Et comme il faut à tout prix garantir la sécurité du peuple, je suis tout à fait d'accord avec votre idée de dispositif de rochers, juste au cas où. Ainsi, si malgré toutes les précautions nos craintes se confirmaient tout de même, nous aurions le temps d'évacuer Cavenain et de fuir à l'Est pendant qu'il serait encore temps. Je doute toutefois que ces blocs de pierres tiennent indéfiniment face à la puissance maléfique d'une créature comme le Balrog. Je vois que vous avez avec vous une équipe de mineurs chevronnés, créer un tel piège sera chose facile pour eux, j'imagine.

Les visiteurs furent flattés du compliment, et saluèrent le fils de Trehod. Celui-ci reprit, imperturbable:

- Si avec de la prudence et de la sagesse les risques d'avoir affaire à un démon des Temps Anciens sont quasiment nuls, il est plus probable toutefois que vous ayez la visite d'ennemis moins périlleux mais fort perturbateurs, je veux bien sûr parler des Gobelins! Y avez-vous penser? Souhaitez-vous que j'envoie une de mes compagnies armées en reconnaissance, afin de surveiller le périmètre des anciennes mines?

Flosi exaltait de joie et aurait crié si les conditions étaient autres, il fit un large sourire au roi et baisa de nouveau la tête, toujours en caressant sa barbe comportant 3 tresses. Flosi avait déjà retourné la question des centaines de fois et la solution que venait de proposer Hadhod était celle que Flosi avait déjà choisi au préalable en ce qui concerne les gobelins mais il avait trouvé un moyen encore mieux dont il fit part dans les minutes qui suivent :

-Fort bien monseigneur, je jure, devant vous, de ne pas miner avec avidité jusqu'à atteindre une profondeur supérieure à celle que vous avez indiqué. En ce qui concerne le piège cela ne mettra que 10 minutes car j'ai un projet très simple mais qui reste remarquablement efficace en retirant la clé de voûte de la mine ce qui conduira à un éboulement. En ce qui concerne les gobelins, je souhaites en effet qu'une compagnie armée vienne assurer notre protection mais j'améliorerais cette idée en donnant aux mineurs 10 haches de lancer en fer qu'ils lanceront sur les gobelins en pour venir épauler votre compagnie en cas d'attaque car il est or de question que des nains meurent pendant que mes gars minent.

Flosi savait que lancer une hache était chose facile et que donc les mineurs pourraient assurer cette tâche.

Hadhod ne dit mot ni ne laissa paraître aucun sentiment ni aucune réaction lorsque Flosi exposa son idée des haches de lancer pour soutenir la compagnie armée et éviter les pertes des soldats. Il avait pris sa décision. Bien sûr, il pouvait de suite rendre son jugement au forgeron, lui livrer son autorisation pour cette mission, et lui dire bonne chance. Mais il préféra consulter les autres membres de la Croix-de-Fer avant toute décision hâtive, dans une sorte de vote consultatif immédiat.

- Êtes-vous pour l'expédition? demanda-t-il.

Puis il tourna sa tête vers la gauche, regardant ses compagnons... Ce fut Dràr qui s'exprima en premier:

- Oui, je suis pour, monseigneur.

Ensuite ce fut au tour de son ami Murin de parler:

- Pour!

Oïn III s'exprima bientôt, et il avait l'air beaucoup plus renfrogné et moins enjoué que les autres.

- Si vous pensez, Hadhod, que le mithril vaut la peine de prendre le risque, et qu'aucune compagnie guerrière ne fera défaut si nos demeures venaient à être attaquées, alors je ne suis pas contre.

Des paroles bien amères, pour sûr, mais il avait tout de même dit oui. Le fils de Trehod regarda alors à sa droite...

- Absolument pour! affirma Bahïn. Aucun acte de bravoure ne doit être mis de côté, et la beauté du vrai-argent est sans pareil.

Le dernier à voter fut Thörn:

- Je suis d'accord, dit-il simplement.

Hadhod tourna de nouveau son regard vers Flosi, et, parlant d'une voix forte:

- Qu'il en soit ainsi, je donne mon autorisation à cette expédition de recherche de mithril. Le général Bahïn mettra une compagnie de quarante hacheurs à votre disposition dès midi.

Le dès midi déplais fort à Flosi car cela signifiait qu'il fallait être prêt à cette heure or elle était proche. Flosi se tourna vers ses mineurs et chuchota :

-"Vous êtes tous prêt ?

-Oui mais l'équipement est à la forge, faudra aller le chercher patron.

-Fort bien, nous partons dès maintenant, attendez."

Flosi se tourna vers le monarque, releva, la tête et leva les yeux vers le trône et dit :

-"Merci monseigneur ainsi qu'aux membres de la Croix-de-Fer pour m'avoir écouté et avoir accepté mon projet envoyez votre compagnie à la forge car c'est là d'où nous partiront; Au revoir monseigneur, au revoir membres de la Croix-de-Fer, gloire à vous et à Khazad-Dûm."

Flosi se retira et s'inclina ainsi que tous les mineurs puis ils sortirent par la porte. Flosi cachait sa joie car il devait rester sérieux avec ses mineurs et ils savaient qu'il ne restait plus qu'à trouver le mithril. Après une marche d'approximativement 20 minutes les nains arrivèrent à la forge où ils se changèrent, les mineurs prirent leur équipement, Flosi donna quand à lui des haches de lancer à tous les nains. Il prit également les livres qu'il avait acheté mais ..... il se souvint qu'il avait oublié de reprendre la carte à Hadhod, fort heureusement un garde vint toquer à la porte et donna la carte à Flosi en lui indiquant qu'il devrait la rendre immédiatement après avoir trouvé le mithril, Flosi accepta et reprit la carte, il prépara des provisions pour 3 semaines et il attendit la compagnie armée avec les mineurs et Kibïn.

Et ce fut à midi pile, comme l'avait si justement fait savoir Hadhod Croix-de-Fer, que le général Bahïn arriva à la forge de Flosi, accompagné de quarante Nains en armes qui le suivaient en rangs ordonnés. Il toqua à la porte et entra, suivit par un seul Nain sur les quarante: les autres se contentèrent de rester à l'extérieur, dans la galerie, pour éviter l'encombrement - et oui, quarante Nains en attirail de guerre, ça occupe une belle surface!

Une fois qu'il eut trouvé le forgeron, Bahïn fit les présentations:

- Lieutenant, voici Flosi, chef de cette expédition. Forgeron, je vous présente le lieutenant Grouz de la 14ème compagnie d'infanterie légère. C'est lui qui dirigera les deux vingtaines de soldats qui vous accompagnerons et tâcherons de vous protéger du mieux que possible durant toute votre recherche et tous vos travaux.

Les deux Naugrim se saluèrent chaleureusement.

"Bien le bonjour, monsieur le forgeron, dit Grouz. Nous voilà sur le point de partir pour une expédition de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines ensemble. Nous conjuguerons nos efforts pour mener à bien ce projet. Cela va bien se passer, vous verrez. Si ces maudits êtres verts s'en prennent à vous et votre équipe, ils auront affaire à mes gars et à leurs haches. Mais Aulë puisse faire que la bière coule plus que le sang!"

Le lieutenant semblait être quelqu'un de très chaleureux et jovial, mais il n'était pas bon faire partie de ses ennemis. Bahïn prit une dernière fois la parole avant de repartir auprès du Seigneur:

- Voilà qui est bien dit, Grouz. Maintenant, avant d'y aller, je dois vous faire passer un message de dernière minute que Hadhod m'a chargé de vous transmettre. Si trouvaille de mithril il y a, les gains devront être partagés équitablement entre vous et vos mineurs. Bien sûr, vous pourrez emmener la totalité du métal dans votre forge pour le travailler, mais les objets confectionnés seront la propriété de toute l'équipe. Mais il n'y aura aucune taxe sur ce que vous trouverez, aucun pourcentage à céder à notre Seigneur ou à qui que ce soit, aucune obligation si ce n'est ce partage équitable. Sur ce, je vous quitte; adieu, et bonne chance à vous!

Cela n'enchantait guère Flosi de devoir partager équitablement mais puisqu'il en était ainsi il s'y résigna. Flosi dit au revoir à Bahïn, raccommoda son habit, se chargea d'un sac de provisions puis dit :

-"Bon les gars, on va partager équitablement, si quelqu'un est contre qu'il parte tout de suite, si quelqu'un cache ne serait ce qu'une pépite de mithril il n'aura pas sa part : ça vous convient ?

-Oui patron !

-Bien, prenez les sacs et chargés les sur votre dos puis marchons vers hmmm ..... l'ouest euh l'est attendez, l'ouest !"

Les nains grimacèrent, les sacs étaient lourds, ils contenaient assez de nourriture pour 3 bonnes semaines en mangeant sans trop se goinfrer et à cette charge venait s'ajouter une pioche, des haches de lancer, un casque de mineur, une torche, un habit bleu et un ceinturon ainsi qu'une broche frappé des initiales CF ( Coopérative du fer ) ainsi qu'un marteau. Tous les nains avaient pris un sandwich avec du porc salé car il n'avait pas mangé. Flosi rameuta l'ensemble des nains ainsi que la compagnie armée puis s'adressa d'une voix forte :

-"Nous allons à l'ouest, j'espère que personne n'a rien oublié car ne nous ne reviendrons pas avant 3 semaines, nous mangerons en route, tout le monde à son sandwich ?

-Oui Flosi on l'a tous !

-Eh bien, en marche mes amis !"

Les nains se mirent à marcher dans un brouhaha énorme, une chanson se distinguait de ce brouhaha composé de bruit de bottes martelant le sol et des armures légères des soldats, elle était la même que les mineurs chantèrent avant l'entrevue avec le souverain de Khazad-Dûm. Les nains arrivèrent à la limite du royaume, là ou la zone était "neutre", ils décidèrent d'y faire une pose pour manger leurs sandwichs et reposer leurs pieds. Les nains s'intallèrent et firent silence en mangeant, quelques rots se firent entendre puis un nain parla :

-"Flosi, si on partage équitablement on sera payé quand même ?

-Si nous ne trouvons pas de mithril vous serez payés mais si on en trouve je ne vous paierais pas.

Les mineurs s'indignèrent et insultèrent Flosi d'escroc mais il rétorqua :

-A quoi bon vous payez si nous trouvons du mithril ? Vous serez déjà riche tellement il est rare et ce mithril est votre paiement !"

Les nains s'excusèrent de suite et refirent silence, Flosi avait parlé sagement, heureusement car on sait ce qui arrive quand des nains réclament des choses par cupidité comme le vol du Nauglamir et le meurtre de Thingol dans les temps anciens.

Le lieutenant Grouz marchait aux côtés de Flosi, tandis que ses Nains d'armes avaient pris les devants pour s'assurer que la voie était libre. Il portait un casque de fer qui lui recouvrait la tête jusqu'à ses sourcils blancs et broussailleux, un lourd bouclier et une hache de guerre, ainsi qu'une cotte de mailles en acier. Lui et sa compagnie se moquaient bien des fardeaux, même pour un long voyage: tout ce qui comptait était d'être équipé du mieux possible s'ils devaient affronter ces satanés gêneurs.

"Eh bien... nous voilà en route, dit Grouz au forgeron. Je dois dire que j'ai tout de suite accepté lorsque j'ai appris le but de votre projet: enfin un qui prend le taureau par les cornes, me suis-je dis. Enfin quand je parle de votre projet, j'entends bien vous et Kibïn fils de Hibîn, puisqu'on raconte que vous l'avez élaboré ensemble. D'ailleurs, il a eut une autorisation spéciale des autorités pour quitter temporairement sa section et se joindre à la mienne. Ainsi, il est du voyage, là-bas devant, avec les soldats."

Lorsque les galeries étaient à peu près droites et rectilignes, ce qui était assez rare dans cette partie des mines, Flosi pouvait en effet apercevoir, à la lumière des torches transportées, une armure brillant plus que les autres dans le tas de guerriers devant eux: c'était bien Kibïn et son équipement tout neuf.

"Nous entrons dans la partie neutre des mines, reprit Grouz. Ici, la sécurité de Khazad-dûm nous quitte, mais le grand danger ne nous a pas encore rejoint, ce n'est pas comme si nous allions dire bonjour aux Gobelins dans leurs tanières du Nord-Ouest. Et puis avec quarante-deux Naugrim en armes et des mineurs dotés de haches de lancer, on ne risque rien! Si ennemis il y a, ils se carapateront plutôt que de nous attaquer, hé hé!"

Et la marche difficile vers la richesse continuait...

Flosi aurait bien aimé aller saluer Kibïn mais il fallait qu'il reste aux côtés des mineurs pour les motiver. En effet ces derniers commençaient à être exténué sous la charge des sacs et la marche. Flosi se souvint des gobelins et préféra resta lucide et prudent :

-" Ne faites pas de bruit, évitez de parler et avant tout pensez à la gloire que nous apportera la découverte de mithril."

Les paroles de Flosi agirent de sorte que les nains avancèrent lus vite et en silence, ils pensaient tous à la gloire qu'ils en tireraient et qu'ils pourraient dire : J'étais là quand nous avons découvert le mithril.

Flosi était content de savoir que les nains mettaient du coeur à l'ouvrage car la partie la plus difficile du projet était la marche. Il se tourna alors vers Grouz et lui dit un peu tardivement :

-" Il est vrai que c'est Kibïn et moi qui avons élaboré notre projet, en parlant de Kibïn comment trouvez-vous ses armes ?

Il reprit sa marche en attendant une réponse de Grouz puis il mit la main dans sa poche, sortit la carte pleines d'informations périmées puis regarda la destination, ils n'étaient plus très loin ...

Le lieutenant se redressa sur la pointe des pieds pour mieux voir Kibïn. Il est vrai que les pièces d'armures qu'il portait brillaient le neuf à la lueur rougeoyante et chevrotante des torches.

"Hélas, plus clinquantes que celles dont sont dotés mes gars, déclara le bon Grouz tout en riant dans sa barbe. Mais en tout cas je vois où vous voulez en venir... c'est vous qui les avez forgées, et lui les avez fournies, ne suis-je pas loin de la vérité?"

Et sans attendre la réponse de Flosi, il le prévint tout de suite:

"Mais hélas équiper toute une armée avec un attirail neuf coûterait déjà quelques pièces d'or, si vous voyez ce que je veux dire. Ou alors... il faudrait le faire compagnie après compagnie... pas tous à la fois."

La marche étant fort difficile, le lieutenant commençait à souffler un peu et à suer: marcher et parler en même temps était un exercice épuisant, surtout dans les mines.

Après avoir quitté les casernes, la compagnie avait marché près de deux heures dans des couloirs rectilignes, allant toujours en plein Ouest sur un sol dallé et régulier. Puis le chemin avait bifurqué en angle droit vers la gauche, et ce fut ici que les complications apparurent: la voie descendait, tortillant sans la forme d'un raide escalier à travers les rochers et les obstacles. Quelquefois même, les marches étaient éboulées ou très usées, ce qui ralentissait considérablement le groupe.

A présent, le tunnel suivi avait de nouveau bifurqué vers la droite, vers la partie occidentale, leur but. Et l'escalier remontait fortement, comme s'il n'était pas assez difficile de voyager dans les mines pour ne pas faire des détours. Les soldats de la Quatorzième veillaient à ne pas laisser trop d'écart entre eux et les mineurs, mais le cœur de ces derniers étant allumés d'une flamme ardente à la pensée des puits à creuser et du métal à trouver, ils ne se laissaient guère distancer par les militaires.

Ils étaient presque arrivés au Corridor de la Résistance lorsque Grouz reprit la parole, regardant Flosi le forgeron:

"Dites-moi, de combien de têtes, au juste, est composée votre expédition de mineurs?"

Flosi se retourna, un doute soudain émergea en lui, et si un mineur s'était perdu ? Il compta donc attentivement les mineurs en les pointant chacun du doigt puis il dit avec un soupir :

-"25 ! Ils sont 25 ! Où est Brocoli ? Il prit un mineur par le bras en le serrant très fort N'as tu pas vu Brocoli ?

-Il est allé avec son cousin dans la compagnie armée plus loin je crois.

Flosi bouscula les nains de sorte qu'il réussit à se frayer un passage jusqu'au nain appelé Brocoli qui arborait une barbe rousse, il était en effet avec son cousin.

-Brocoli, rejoins les rangs j'ai eu une peur bleue, ne refait jamais ça !

Le nain regarda d'un air sévère Flosi puis retourna auprès des autres mineurs, Flosi fit de même et répondit à Grouz comme si de rien n'était :

-26, ils sont 26, mais ce sont d'excellents mineurs et cela doit faire quelques vingtaines d'années que je travailles avec eux."


Les couloirs que les nains arpentaient commençaient à être de plus en plus difficile à parcourir à cause des rochers qui s'étaient écroulés et qui témoignaient de l'abandon de Khazad-Dûm par les nains. Certains nains trébuchèrent, les couloirs devenaient de plus en plus obscurs, les nains se s'y retrouvaient plus, Flosi demanda aux mineurs de prendre leurs torches et de les allumer, le filon était tout proche. Des bruits de pas se firent entendre derrière les nains, des pas légers mais qu'on pouvait entendre marcher sur le sol pierreux des couloirs, Flosi savait que ces pas étaient ceux des gobelins mais le bruit s'éloignait et bientôt on ne l'entendit plus, on avait évité le pire.

A peine Flosi avait-il fini de parler que des pas inquiétants de firent entendre. Par pur hasard, il se trouva que ces bruits annonciateurs de malheur résonnèrent juste comme l'expédition traversait le Corridor de la Résistance: le groupe marchait en fil indienne, car à cet endroit le couloir était si étroit qu'il ne permettait guère que deux Nains y évoluent côte à côté. Grouz tapa légèrement sur l'épaule du soldat devant lui, dernier de la 14ème compagnie:

"Décroche ta hache de ta ceinture, et ôte ton bouclier de ton dos, mais en silence. Si ces satanées bestioles nous tombent dessus, nous leur feront passer l'envie de croiser le fer avec nous. Fait passer le message aux autres."

Le Naugrim tapa donc sur l'épaule de celui qui le précédait, lui murmurant quelques mots. Ce dernier sortit alors ses armes et avertit celui de devant, et ainsi de suite jusqu'à la tête de la colonne. Lorsqu'ils sortirent enfin du corridor, le silence était revenu dans les mines.

"Gardez tout de même vos jolies haches prêtes à servir, on ne sait jamais. Il s'agissait peut-être d'éclaireurs, repartis en hâte vers les leurs après nous avoir entendu ou flairé. Soyez aux aguets. Dans cette partie des mines, on n'est jamais trop prudent..."

Mineurs et soldats cherchèrent un passage qui menait vers le Nord-Ouest: les anciennes mines se trouvaient en effet un peu plus haut, mais il fallait obliquer vers la partie septentrionale de la Moria pour trouver les grand puits de mithril de jadis. Ils n'étaient plus très loin à présent, mais à partir de maintenant il n'y avait presque plus de sentier tracé, il fallait crapahuter à travers les éboulis dans une direction approximative, et espérer que le terme du voyage ne soit pas une oubliette sans fond.

"Bon alors revenons à vos mineurs, dit le lieutenant Grouz au forgeron. Vingt-six, me dites-vous, eh bien ça fait du monde pour creuser. Si mithril il y a, vous ne risquez pas de la rater!"

-"Oui cela fait pas mal de monde mais vu l'importance de la mission j'ai préféré mettre toutes les chances de notre côté."

Les nains arrivèrent là où le chemin était inexistant, des roches écroulés bordaient le "sentier" que les nains décidèrent d'emprunter, beaucoup de nains trébuchèrent à cause des roches et ce dans une cacophonie insupportable. L'obscurité entourait les nains, heureusement que les nains avaient tout prévu en prenant des torches. A la lumière d'une torche, Flosi sortit la carte et la regarda de nouveau, il fallait bifurquer à gauche et aller tout droit, Flosi prit la tête du groupe et trébucha.

Sale roche, si seulement Khazad-Dûm n'avait pas été abandonné pensa le nain.

Il se releva péniblement, la marche l'avait épuisé mais ils étaient proches, il bifurqua à gauche bientôt suivi de la compagnie et des mineurs. Il aperçut, gravé dans la roche, un texte en khuzdul :

Ici se trouvent les mines de mithril du souverain de la Moria, Balin fils de Fundin.

Ces écritures étaient la preuve que du mithril avait été trouvé dans ces mines, Flosi sentit ses forces revenir après avoir lu ce texte et sa détermination à trouver le mithril n'en fut que plus grande, les nains continuèrent leur chemin.

"Ah! Nous approchons enfin de l'endroit tant convoité!" s'exclama Grouz de sa grande voix, avant de porter ses mains devant sa bouche comme un enfant qui a proféré une grossièreté: parler aussi haut n'avait pas été sage, surtout avec les échos qui se répercutaient dans les tunnels. Pourtant les mineurs feraient un vacarme monstre lorsqu'ils commenceraient à creuser avec leurs piques et leurs pioches.

Mais on n'en était pas encore là. Ils avaient à présent atteint le sommet de leur ascension, et, si l'inscription semblait indiquer que les mines commençaient ici, il fallait toutefois redescendre de l'autre côté, vers le versant Nord de cette espèce de colline souterraine. Presque à la verticale mais bien en-dessous d'eux se trouvaient les puits de minage, et l'endroit où la veine de vrai argent avait été exploitée pendant longtemps.

Un unique escalier serpentait à même la roche, et il fallait se cramponner pour ne pas tomber dans le précipice et atterrir quelques centaines de mètres plus bas, certes au but du voyage, mais mort. Ici, il n'y avait point de parapet ni de sécurités, il fallait s'en remettre à son équilibre et à la prudence pour rester en vie.

"Soldats, nous allons rester ici, au sommet, car notre lourd attirail nous ferait choir, et nous accomplirons très bien notre rôle sans descendre là-bas, puisqu'il n'y a qu'un seul passage possible pour quiconque, même pour les Gobelins."

La compagnie s'arrêta donc et établit son campement, alors que les mineurs, Flosi, et Kibïn qui avait le droit d'accompagner son ami, durent continuer sur ce chemin où la vie ne tenait qu'à un fil. Tel était, en vérité, le prix du vrai-argent.

Le chemin était périlleux et la majorité des nains auraient refusé d'aller par ce chemin mais ils n'avaient pas le choix :

-"Brocoli, Gibi, Dwalir et Bondur vous allez aménager cet endroit de sorte qu'on en fasse un endroit sûr où on ne risque pas de tomber et éclairé avec des torches. Flosi sortit une longue corde en chanvre de son sac, il avait prévu cette éventualité puis il se tourna vers Kibïn. Allons mon ami, ce n'est pas l'heure de flancher."

Il attacha la corde à son ceinturon puis la donna à Kibïn qui fit de même jusqu'à ce que tout les nains soient encordés, Flosi avança en premier, le désir de trouver du mithril était plus fort que la peur et il continua, suivi des 22 mineurs qui l'accompagnaient. Les marches étaient hautes et abîmées par le temps et si on baissait la tête, c'était le vide obscur où seul Mithrandir et le Fléau de Durin se rendirent. Les nains avançaient lentement mais sûrement, ils étaient tous habitués à la marche dans les mines dans les pires conditions qui soient, tous, sauf Kibïn mais il se débrouillait bien jusqu'à présent. Un moment d'inattention et c'était la chute, les nains ne parlaient pas et le silence régnait dans les rangs des nains, ils arrivèrent à mi chemin lorsque l'obscurité s'épaisissait :

-"Arrêtez, il fait sombre, gardez bien vos torches et concentrez vous sur le trajet car vous n'avez plus qu'une main libre."

Les nains brandirent haut leurs torches et continuèrent leur marche périlleuse mais nécessaire à la découverte du mithril. Flosi s'arrêta, il apercevait la fin de l'escalier.

-"Allez les gars un dernier effort et à nous les richesses de Khazad-Dûm !"

Un nain par mégarde laissa tomber sa torche, sa lueur rougeoyante disparut presque instantanément dans le vide obscur mais aucun nain ne se préoccupa de cette chute car ils touchaient au but. Ils étaient quasiment arrivés à la fin de l'escalier lorsque, sur un bref moment d'inattention, Flosi, n'ayant pas vu la marche, trébucha de sorte qu'il aurait pu roulé jusqu'à la fin de l'escalier si les mineurs n'avaient pas forcés sur la corde pour que Flosi puisse se relever. Sa chute l'avait rendu mécontent et énervé mais il se sentait reconnaissant envers ses mineurs, ils lui avaient sauvé la vie !

-"Merci les gars, je ne l'oublierais jamais."

Kibïn descendait péniblement contre la paroi rocheuse. Lui n'était pas habitué à de telles difficultés, tout soldat Nain qu'il était: car même si les entraînements dans les sentiers sinueux des mines sont durs et épuisants, des escaliers d'une raideur et d'une dangerosité pareille sont bien rares. Pourtant, il ne lâchait rien, et continuait vaillamment de descendre. Il aurait pu rester en haut avec les soldats, mais son cœur lui disait d'accompagner son ami Flosi, de poursuivre ce projet jursqu'au bout!

Lorsqu'un des mineurs laissa tomber sa torche par mégarde, le fils de Hibïn s'arrêta quelques secondes et la suivit des yeux. La lueur rougeoyante fit une chute de plusieurs dizaines de mètres avant d'atteindre enfin le fond rocheux et inégal, et d'illuminer les diverses galeries qui semblaient partir de ce point central: la visite de ces lieux s'annonçait passionnante.

Pourtant, peu après que le flambeau ait chu, ils entendirent une sorte de grognement, faible et lointain tout d'abord, puis un autre plus proche et plus fort, bruit grave qui faisait trembler la roche. Beaucoup de Naugrim furent pris de crainte, mais ils étaient à présent trop près du bas pour rebrousser chemin, et l'expédition finit par atteindre le fond de l'abîme.

Alors ils posèrent leurs affaires et sortirent leurs haches de lancer, puis avancèrent avec précaution. Ils n'eurent pas à attendre longtemps pour connaître la source des grondements: près d'une paroi rocheuse, un bête les attendait, réveillée par la lumière du feu. Pourtant, et bien heureusement, ce n'était pas un Balrog...

On pouvait apercevoir, dans la pénombre, les deux yeux jaunes du troll des cavernes qui regardaient attentivement les nains et qui avait l'air satisfait d'avoir un repas pareille à sa disposition. Flosi pensa au mithril et cette pensée lui donna du courage, il fallait qu'il motive ses gars :

-"Baruk Khazad ! Khazad ai-menu ! Sortez vos haches nous avons fort à faire !

Il lança sa torche sur le troll de sorte que les nains puissent le viser :

-Tirez les gars !

Une volée de haches vint heurter la peau épaisse et impénétrable du troll, il était blessé, blessé et énervé. Il se rua vers Flosi qui resta impassible et qui se prépara au choc.




Le troll tenta d'écraser Flosi avec ses grandes et puissantes mains mais Flosi esquiva d'un bond et dit tout en prenant une hache de lancer :

-Ahhaa manqué gros sac de pierre et maintenant ... feu !

Les haches furent mieux lancées cette fois ci, surtout celle de Flosi qui fut lancé à bout portant donc avec plus grande précision, le troll fit un cri de douleur, les nains pensaient avoir vaincu mais le troll projeta Flosi à 2 mètre contre la paroi rocheuse, le nain se releva péniblement reprit une hache et cria :

-Pour Khazad-Dûm ! Sus au troll ! Feu !

Une troisième volée de hache vint heurter le troll, il commençait à saigner gravement, il se dirigea au centre du groupe des mineurs, là où se trouvait Kibîn.

-Cessez pas le tir les gars ! Tuez ce gros sac de pierre !"

Le troll commençait à saigner assez abondamment, et un sang noir, visqueux et glissant, se répandait sur le sol. Les nains semblaient avoir le dessus, mais il ne faut jamais sous-estimer un Troll, même amoindrie, car ses larges mouvements convulsifs pouvaient heurter et assommer, ou même tuer, tout individu qui se trouverait un peu trop près.

Flosi ordonnait de ne pas cesser le tir, pourtant les mineurs n'étaient équipés que d'une hache de lancer chacun. Et même à vingt-six, les munitions s'épuisent vite. Ils n'eurent bientôt plus de hache à leur disposition, et certains essayèrent, au risque de leur vie, d'aller récupérer aux pieds du Troll leurs haches déjà lancées.

Ce fut la voix de Kibïn, dont l'instinct de guerrier s'était réveillé, qui arrêta ces manœuvres bien trop irréfléchies:


"Ne reprenez pas vos haches! criait-il. N'approchez plus du colosse! Repliez-vous, dans les tunnels bas et étroits où il ne pourra pas vous suivre. Il faut le laisser vider de son sang!"

L'astuce était aisée et sans risque: les mineurs se dirigèrent vers les couloirs les plus petits qui étaient creusés un peu partout. Kibïn fit de même avec Flosi, ne souhaitant pas rééditer l'essai qu'il avait fait tout à l'heure, à savoir provoquer le Troll au corps-à-corps avec une hache à une main. Le bouclier forgé par Flosi lui avait d'ailleurs sauvé la vie.

Le fils de Hibïn était désormais en sécurité dans un des orifices, une bonne marge se trouvant entre lui et le bord du tunnel pour que le monstre grisâtre ne puisse pas l'atteindre de ses longs bras. Il se retourna pour contempler l'agonie du Troll, mais fut horrifié par ce qu'il vit: la bête avait saisit l'un des Naugrim de sa main immense. C'était le pauvre Brocoli, criant et se débattant avec une hache de lancer, pendu par un pied et balloté qu'il était.

"Il aurait fallu une arbalète pour le sortir de là, murmura Kibïn. Pourquoi n'ai-je pas penser d'en amener une..."