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 Méthode et hurlements

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Balak
Seigneur de Guerre
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Balak

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Méthode et hurlements EmptyMar 6 Avr 2010 - 20:28
Les gouttes tombaient une à une sur les plaies qui parcouraient mon corps mutilé. Chaque clapotis me faisait perde un peu plus d'humanité, de notion d'espoir et de temporalité. Depuis combien de temps étais-je allongé là,enchaîné à cette table, les mains et les jambes enserrés dans des étaux de fer ? Quel jour étions-nous ? Jour ou nuit ?. Nul lumière, si ce n'était celle diffusée par une torche vacillante, ne venait m'informer de cela. La douleur. Une donnée négligeable. J'avais depuis longtemps perdu mes sensations, ce pourquoi on m'avait fait l'indicible présent de ma solitude. On voulait que je me requinque, sans pour autant appliquer baume ou onguent. J'ai toujours été stupéfait de voir à quel vitesse je pouvais me remettre de mes blessures. Mes bourreaux le savaient. Ils me connaissaient. Pas en tant que Seigneur de Guerre du Rohan, mais comme un ancien de leurs frères, un traître apatride et crapuleux. Ils savaient qui j'étais avant de perdre la mémoire. Cette certitude m'avait gagné en les écoutant brailler entre eux. Malgré mes suppliques, ils ne me posaient aucune question, ne désiraient aucune information. Seul mes hurlements de rage, de douleur et de désespoir semblaient les contenter. Ils grognaient, poussaient des jurons fleuris, avant de m'écarteler un peu plus à chaque séance.


Où étaient mes camarades mercenaires ? Je l'ignorais, et honnêtement je n'en avais cure. Lorsqu'on est la cible de tant de haine, on parvient mal à se soucier du sort d'autrui. Je savais torturer les fâcheux. C'était en moi, et bien que j'ignore où j'ai pu apprendre ces méthodes, elles étaient assez communes avec ce que je subissais. On a donc bien été formé à la même école. Moi qui me prenais pour un dur, devant cette bande de ruffians, j'appartenais juste à la moyenne raisonnable. Finalement j'eus une bribe de pensée pour mes combattants. Ils ont du être massacrés. Riggs... Je me demande s'il a survécu. Plus par curiosité que par compassion. Ce soudard avait plus d'un tour dans sa besace. Enfin, je me croyais tout aussi malin, et il a suffit d'une flèche pour me faire plier. En me remémorant les faits, je trouvais tout cela plutôt confus. J'avais éliminé la menace des tireurs embusqués. En soit, les seules flèches pouvant m'atteindre aurait du venir de face, et avec ce truc bizarre qui m'arrive en combat, j'aurais peut-être été a même de les éviter...Mais je me rappelle clairement qu'avant de tomber dans les vapes, ma cuisse m'a fait un mal de chien. Trahis ? Possible. Probable. Généralement, c'est là que le héros vengeur se sert de sa rage, de sa haine du traître pour résister, survivre, et châtier le malvenu. Sauf que je n'avais rien d'un héros. Et honnêtement, la survie ne semblait pas être une conclusion possible au petit différent que j'entretenais avec mes geôliers.


On me soustrait alors brutalement de ma torpeur. L'odeur infect de l'urine se mêla aux senteurs raffinés de ma chair malmenée et sclérosée. Son contact chaud contre ma poitrine eut au moins l'avantage d'éloigner la vermine qui commençait à me dévorer vivant. Le balourd me présenta sa virilité crasseuse en riant grassement, avant de se rhabiller et de reprendre le cours de la dernière séance. Mes nerfs commençaient à se ressouder lentement, mais avec la promesse persistante dune incommensurable douleur. Le lourdaud savait où frapper. Il me détaillait de la tête au pied, repérait une zone encore peu affecté par le reste du traitement, puis il s'y acharnait avec une jubilation malsaine. Je m'apprêtais à subir de nouveau tourment quand un nouvel homme pénétra dans la sombre pièce. D'un geste, il congédia mon tortionnaire. Il posa alors le regard sur mon corps meurtri en secouant négligemment la tête. Avançant de quelques pas, son regard se planta dans le mien. Il y avait dans ses yeux froid, dénués d'humanités, quelque chose d'atrocement familier. J'avais déjà vu cet homme, mais pas avec ce regard. Pas avec ces yeux. Ceux-ci appartenaient à notre seigneur, au Gardien du pacte, au maître des lames-jumelles.
Tout me revint.
L'immonde vérité me sauta à la gorge. J'avais retrouvé la mémoire.


En un instant, il avait compris. Il avait deviné que je me rappelais de mon ancienne vie.Cette certitude le fit sourire.

« Balak, fils de Wagoc. Te revoilà parmi nous. Ton retour m'enchante, héritier de Tulkas. »

Ma voix n'était qu'un murmure nasillard. Articuler quelques mots me semblait l'un des pires supplices qu'on m'ait infligé jusqu'ici. Pourtant je devais savoir.

-Qui...qui...es-tu ?

-Eh bien,tu ne reconnais pas ton frère d'arme ? Souviens-toi, Khalid AlKhadiz, celui avec qui tu as grandi. Nous avons partagé tant de choses, Balak. Tant de temps passé à courir les chimères. Mais c'est du passé. Désormais, je cours vers l'avant, vers un avenir certain. Je longe une chemin sordide qui m'amènera sur les sentiers du pouvoir. »

Je ne comprenais rien à son charabia, pourtant je fis l'effort de nier son propos d'un signe de tête douloureux.

-Khalid...Ces yeux... Croc-Noir... les mêmes.

Sa bouche se para alors d'un rictus mauvais.

-Je vois. Tu n'es pas si aveugle que je le pensais. Dans ce cas, autant tout reprendre depuis le début. Ou du moins depuis le moment où les Ombres du Destin furent balayés par l'éboulement du domaine. J'ignore comment tu as réussis, mais tu as vaincu Croc-Noir en combat singulier. Ne me regarde pas comme ça, je n'en sais rien, je t'ai déjà dit que je n'étais pas lui. Le Domaine, ainsi que toutes le cachettes des Ombres à travers Varda étaient marqués par le pouvoir du Gardien. En le tuant, tu as rompu un équilibre mystique vieux de plusieurs millénaires. La structure de presque toutes nos planques n'ont pas tenus et se sont écroulés. Nous ne sommes plus qu'une dizaine de rescapé, par ta faute. C'est pourquoi les autres t'en veulent. Ils criaient revanche, et si je voulais garder un semblant d'unité au sein du groupe, je devais te donner la chasse. Ton enfermement m'a compliqué la tâche, et nous avons dû te chercher durant cinq longues années sans succès. Mais je m'égare, revenons à ce jour funeste. Si le corps de Croc-Noir avait été détruit, son âme ne pouvait s'en dégager. Il s'était tant entouré de maléfices que la source même de son pouvoir demeurait bloqué dans l'Entremonde. Et c'est là que j'interviens. »

« Le pouvoir offert par Sauron à notre défunt maître n'était pas pourvu de conscience ou ce genre de chose. Il semblait pourtant avoir une unique volonté : demeurer, comme un parasite,au sein d'un être. J'étais alors entré dans le tunnel afin de vous secourir, et bien que tu ais déjà vidé les lieux, le maître était là, agonisant. Mais il y avait surtout cette masse noire, brumeuse, qui voletait au-dessus de lui. Sans m'en préoccuper je tentai de sortir roc-Noir de cette périlleuse situation. L'impensable se produisit. En expirant, le Gardien libéra la source de son pouvoir, qui chercha aussitôt un nouvel hôte. J'étais d'ors-et-déjà désigné. Lorsque le domaine s'effondra, et que mes hommes commençaient à regretter leur nouveau capitaine, je m'arrachai des ruines dans un halo de ténèbres. Depuis ce jour, je suis le nouveau maître des Ombres. Le nouveau Gardien du Pacte. »

« Je te laisse méditer tout cela. Je reviendrai dans quelque heures,avec une proposition que tu ne sauras refuser. Profite de ce répit luxueux mon ami, il ne va sans doute pas durer. »


Malgré la fatigue et la douleur, je parvenais encore à m'accrocher à quelques émotions. Et celle-là me frappa au visage avec la puissance d'un Troll en plein rut. Je voulus d'abord nier ce témoignage infâme, mais les faits étaient là. D'une certaine manière, Croc-Noir avait survécu. Non en tant que mon Grand-père, cet elfe arrogant qui se retourna contre les siens pour l'amour incestueux de sa sœur, mais bien l'essence même de ce contre quoi j'ai passé ma vie à lutter. Le mal absolu,qui entrave le coeur des hommes, des elfes, et de tout être fragile attiré par le pouvoir. Le monstre était encore vivant, il avait juste changé de masque.
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Méthode et hurlements EmptyMer 7 Avr 2010 - 17:24
Lorsqu'on me saisit les bras, je crus un instant qu'ils allaient se détacher de mon corps affaiblis. Mes anciens frères m'entraînèrent dans une pièce vide, humide, mais dépourvu de tout chevalet de torture. On avait donc décider de suspendre ma punition. Ma mémoire retrouvée, peut-être avais-je plus de valeur en un seul morceau. Le quignon de pain et le cruchon qu'on m'apporta m'auraient sans doute dégoûté quelques jours plus tôt, tant leur aspect rappelait la fosse d' aisance. Je me jetai cependant dessus comme un vautour sur une charogne. Ce traitement de faveur me paru étrange, que j'ai retrouvé la mémoire n'avait en soi aucune valeur pour ces revanchards avinés. A moins que la souffrance fut un moyen utilisé pour me rafraîchir la caboche. C'était plus probable, mais une inconnue demeurait : on en faisait quoi, maintenant, du Balak? On le tuait ? Pourquoi s'être donné tout ce mal, alors ? On le recrutait à nouveau ?Les gars étaient bien trop remontés contre moi, et il savent que je prendrais mes semblant de jambes à mon cou dès que possible. Décidément, je comprenais pas. Mes méditations furent interrompues par une visite plutôt inattendu.

"Salut, vieux.

Celle-là, elle était gratinée.

-Alderic... Quelle surprise.

Ce vieux salopard d'Alderic. Ce type était sans nul doute le pire crevard que je connaisse, et il le prouvait une fois de plus. Il y a quelques années, l'organisation battait de l'aile, et il a senti le vent tourner. Celui qui fut trésorier des Ombres du Destin s'était barré avec deux tiers du butin acquis au cours de nos pillages d'autrefois, laissant derrière lui toute sa bande et un maître des Ombres très énervé. Il avait juste sous-estimé la colère de Croc-Noir, et avait du faire équipe avec le seul traître encore vivant de notre joyeuse communauté : moi. Son but était relativement simple, faire étriller l'instigateur de sa traque, le patron en personne. Et j'étais le seul à en être capable.

"Qu'est-ce que tu fous là ? Et me dit pas que c'est par la force des choses, ma pauvre mâchoire n'est pas suffisamment stable pour supporter un fou rire.

-Me regarde pas comme ça, je fais qu'essayer de survivre. J'ai été obligé de rendre tout l'oseille à Khalid lorsqu'on m'a ressorti de cette foutue grotte."

Il s'avança vers moi, quelques baumes et pansements entre les mains.

"Bouge pas. Ça va piquer méchant, mais tu as envoyé un seigneur des ténèbres six pieds sous terre, tu vas pas claquer à cause d'un médoc."

Vous avez déjà reçue une piqûre de guêpe ? Intensifiez un peu, additionnez-la par une centaine d'autres et concentrez tout cela sur des blessures vieilles de plusieurs semaines, de la chair à vif, un système nerveux en reconstruction. Aïe.

"Et voilà! Encore une semaine de traitement et tu seras comme neuf. On a fait gaffe de pas te casser trop d'os, et on l'a fait avec précision. Tu devrais pas avoir de séquelles.

-Tu es trop bon. Qu'est-ce que vos voulez faire de moi ?

-Si ça ne tenait qu'à moi tu serais libre et parmi nous. Pour beaucoup, tu es un guerrier valeureux qui mériterait de retrouver une place au sein des Ombres. Mais pour quelques-uns et surtout pour Khalid, tu représentes le mal absolu, l'enfoiré de service, le bouc émissaire. Ils supportent pas la chute de notre communauté, et ils t'en rendent responsable, ce qui n'est pas entièrement faux. Et puis, le nouveau patron a un gros problème. Et ça le met foutrement en rogne."

Là, ça devenait intéressant. Khalid était différend depuis son acquisition maléfique, mais j'étais persuadé que son naturel calme et posé n'avait pas disparu. Quelque chose de vraiment grave devait occuper ses pensées pour qu'il rende sa colère publique.

-Ce truc le bouffe, Balak. Au début, il était juste plus rapide, plus fort. Il exultait, voyait tout en grand, désirait reformer une nouvelle guilde. « Les masques noirs », formés des pires crapules de tout Varda. Mais ses plans ont vite tourné court. A mesure que le groupe se reformait, des crises de douleur l'assaillirent. Ça n'a pas plus à nos nouveaux collaborateurs qui ont pris la tangente. Il l'a eut mauvaise, d'autant que la douleur empirait. J'ai vu son dos quand il se refagotait, ça lui pourrit la chair, un vrai crabe.

-Et qu'est-ce que je viens faire là-dedans ?

-Après avoir étudier le legs du Gardien , il en est arrivé à une conclusion : depuis des siècles, cette chose s'accrochait à Croc-Noir, un elfe de la lignée Andaril, les champions de Tulkas. Khalid en a déduit que le seul les descendant de la lignée pouvaient être à même de diriger ce pouvoir. Sans doute une sécurité imposé par le généreux donateur de cette saleté maléfique, le grand Sauron en personne.

-Et il se servirait de moi comme cobaye ?

-Tu es le denier descendant de cette lignée, et il cherche en ce moment-même une solution pour...te rendre utile. Maintenant qu'il t'as sous la main, il ne va pas s'en priver. Bon, j'y vais, on va se poser des questions là-haut si je réapparais pas tout de suite. Tiens le coup!

Je lui avais pourtant dit de ne pas me faire rire...
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Méthode et hurlements EmptyDim 11 Avr 2010 - 23:33
Je suis presque remis. Mes muscles se tendent efficacement, mes os se ressoudent. J'ignore ce que Khalid m'a fait boire, mais je dois reconnaître que ce liquide fut efficace. Le récent intérêt que mon frère d'arme porte à l'alchimie et à la médecine n'est pas si encourageant que cela, vu les odeurs qui se dégage de l'étage supérieur. Cette constatation m'amène d'ailleurs à constater un fait plaisant, mon odorat est revenu; on ne me mentait pasaffirmant que je serais bientôt sur pied.

L'entraînement martial étant difficile à accomplir en cellule, ma concentration se basait surtout sur l'Uniquat, cette transe guerrière qui m'avait tant manquée; durant ces cinq années d'amnésie, je ne m'étais encore jamais replongé dans cet état de perception total, de communion profonde avec mon environnement. On oubliais toute pensées parasites, on s'affranchissait même des carcans de l'esprit pour n'être que chair, contemplation, action. Les mouvements viennent d'eux-mêmes, ils semblent déjà acquis au corps sans passer par les chemins tortueux et dangereux de la réflexion. N'être que pur instrument de guerre. Que pur sensation. S'immerger dans les flots de l'être, de la...

"On se réveille!"

Je l'avais perçu évidemment, mais ce n'était pas son cri qui me fit légèrement sursauter. L'appareil qu'il tenait, du moins la partie avant, vu que le reste était supporté tant bien que mal par deux de ses sbires, se composait un énorme tuyau, relié à une aberrante machinerie. Grâce, ou plutôt à cause de mon Don, je vis avec tous les détails possibles le chef des Ombres lancer un fumigène dans ma cellule. Quelques minutes plus tard, me voilà enchaîner au chevalet de torture, un tuyau greffé dans le bras.

Tiens, tiens. Enfin réveillé ? J'ai peut-être eu la main lourde sur le somnifère.

Qu'est-ce tu veux de moi ?

Une longue histoire de science et de magie, en rapport avec ta lignée. Pour faire simple, j'ai besoin de ton sang.

Je sentis alors mon fluide vital s'échapper de mon corps, passer dans les tuyaux et s'engouffrer dans la machine. Khalid jubilait. Il y avait dans son regard une démence froide que je ne lui connaissais pas. Celui qui fut mon frère autrefois n'était plus qu'un monstre de haine et de cruauté. La douleur entraîné par la machine était intolérable, mais je pus au moins contempler le rictus de souffrance partagé avec mon tortionnaire. Celui-ci en effet, s'était greffé un tuyau similaire dans le bras, mais j'ignorais cependant dans quel but.
C'est alors que je sentis sa présence.

Cette entité était bien vivante. Elle avait investi le corps de khalid, non en tant que présent, mais en tant qu'envahisseur, pillant toutes les réserves vitales de l'homme chez qui elle avait pris place. Un chancre atroce et corrosif.J'en apprenais autant sur lui qu'il en apprenait sur moi, via les transferts sanguins. Se produisit alors ce que nul ne présumait, et un hurlement déchira l'espace.

NON ! Tu es à moi ! Tu es en moi ! Tu ne peux pas partir

En un instant, la situation devint dramatique pour le Haradrim. Dans un bruit immonde de chair malmenée, il se mit à convulser violemment, et la machine diabolique s'emballa, projetant des jets de vapeurs incandescents dans la pièce. Puis la monstruosité se heurta à moi. A mon corps tout d'abord, qui l'accueillit comme un corps étranger, mais aussi à mon esprit et à mon âme. Cette chose ne me vaincra pas ! j'ai affronté des hommes et des monsttres, des seigneurs sombres et des conspirateurs. je ne serais pas défait. Je ne serais pas ...

************

Un délicieux vent d'été vint doucement caresser ma joue endolorie. Il faisait un temps superbe, et minas Tirith était baignée par la lumière chaleureuse de l'aube. La cité était dépourvue de toute vie, de toute présence, et je ne m'en sentais que plus apaisé. Elle était mon domaine, j'étais seul derrière ses murailles blanches, et j'aspirais à une paix profonde, à une sérénité absolue. Mes pas me guidèrent jusqu'au palais. Nulle trace d'habitants, de commerçants ou de garde. Il n'y avait que ma conscience se hissant jusqu'aux hauteurs de la place forte. Arrivé au sommet, je pus contempler les différents quartiers, les champs du Pelennor et je devinais au loin les terres flamboyantes du Gondor.
C'est alors que je la vis, dans toute son horreur.

Une déferlante, un véritable raz-de-marée se profilait à l'horizon. Une vague géante d'un noir de jais semblait dévaster la campagne, et était sur le point de percuter la cité.


Magnifique spectacle, n'est-ce pas ?

Cette voix...

...Evidemment que tu la connais, mercenaire. C'est la tienne.
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Méthode et hurlements EmptyVen 9 Mar 2012 - 15:17
Il n'est pas de plus terrifiant spectacle que le passage du temps. L'homme qui se tenait fièrement debout face à moi devait approcher la soixantaine, ses cheveux gris, sa posture bancale trahissaient son grand âge, mais au fond de ses yeux luisait encore la flamme de la détermination. Rien de bien exceptionnel, à l'exception qu'il s'agissait de mon portrait craché avec quelques bonnes années dans les gencives. Cette perspective là était réellement dramatique. Je me suis toujours refusé de vivre vieux, d'attendre que mes os craquent, que mes chairs pourrissent, de sentir à chaque saison mon talent d'escrimeur s'évanouir dans la sénilité et la douleur accordées par le temps. Je ne savais si je devais haïr cet avatar de ma décrépitude, ou le respecter pour les souffrances qu'il a sans doute enduré.

Il reprit son discours, d'une voix semblable à la mienne, quoi que bien plus lente et monotone.

Point de salut pour l'enfant de Wagoc. Tu vas mourir, ici ou dans les méandres des années, mais sois-en sûr tu vas disparaître. Ne lutte pas. Ta légende n'est plus. Déjà, l'histoire a oublié ton nom. Tes amis te pensent mort, tu n'es plus rien. Tu n'existes plus. Enfermé depuis des années dans un cachot putride, jamais tu ne reverras le soleil. Abandonne, je te le dis, car tel que tu me vois je suis ton futur si tu persistes à te refuser à moi.

Il ponctua ses paroles d'un geste du doigt désigant la grande Vague.

Elle se nourrit de tes peurs. Plus elles seront grandes, plus Elle avancera, inexorable, balayant ton passé, ton avenir, ta mémoire. Renonce, fils, ou tu seras englouti par les flots de la destinée.

Je mis quelques minutes à reprendre le fil de ma pensée. Le discours du vieux défilait dans mon esprit malade. Mon regard se posa à nouveau sur la montagne d'eau, qui continuait à avancer vers Minas Tirith. Mon Moi futur, ou ce qui y ressemble, s'approcha du bord de la muraille, à mes côtés.

Elle te détruira. Viens avec moi. Nous allons nous reposer. Nous allons en un lieu où tes exploits seront célébrés. Où tes craintes ne sauraient demeurer. Nous allons...

Ma main se saisit du col du vieillard, et d'un geste brusque ponctué d'un hurlement, j'envoyai cette figure antique par delà le mur. Son cri retentit quelques secondes avant qu'un bruit sinistre m'annonça la fin de son périple.

POUR QUI ME PRENDS-TU, VIEUX DÉBRIS !!!

Je sortis alors une épée des confins de mon âme et la brandis en direction du raz-de-marée.

De ma vie, je n'ai connu que le combat. Je n'ai jamais fuis, je me suis toujours levé, prêt à en découdre. Chacun de mes os résonnent d'une même mélodie, chacun de mes muscles chantent le même ode ! CELUI DE LA FUREUR ! DE LA GUERRE ! QUE L'ENNEMI SOIT FAIT DE SANG, DE FLAMMES OU D'EAU, JE NE SAURAIS LE REGARDER ME DECHIQUETER SANS AGIR ! VIENS, VAGUELETTE ! VIENS PRENDRE MA VIE ! MAIS SI LA MOINDRE ENTITÉ T'ACCOMPAGNE...JE LA BRISERAI !

Je ressenti son appel. Sa voix, profonde, grave, emplissait mon corps, mon esprit, mon âme. Il l'englobait, formant un tout, une forme unique et parfaite. Mon sang ne me faisait pas défaut. Mon Protecteur viellait, et en ce jour, je sus qu'il m'avait observé. Ainsi le don de Tulkas me plongea dans la Transe guerrière. Ainsi, j'atteignais à nouveau l'Uniquat.

**********

Une main s'agrippa fermement autour du cou de Khalid. Ce dernier était, dans son dernier soupir, abasourdi. Comment Balak pouvait-il avoir la force de bouger malgré les privations ? Malgré les tortures infligées par la machine ? Et comment lui, nouveau Gardien du Pacte, pouvait se laisser vaincre de la sorte. Il les avait unifié ! Il leur avait donné un but ! Comment ...cela... pouvait-il... prendre fin.

Et dans l'antre secret de Feu Khalid Al Kadiz, ancien Gardien du Pacte, au milieu des machines impies et des potions alchimiques, sommeillait un homme, que la vie ne semblait pas vouloir quitter. Il se nommait Balak, fils de Wagoc, Seigneur de guerre, et nouveau maître des Ombres du Destin.
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