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Sombre-Chêne
Seigneur de Fondcombe - Sage Elfe
Sombre-Chêne

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Dans la rue EmptyVen 2 Juil 2010 - 0:49
"Oui, oui, c'est cela, il faut monter."

Alors ils montèrent. Ils avançaient, mais l'air navré de cette journée sans heure semblaient retenir les mornes pavés sous leurs pieds : les façades splendidement blanchâtres se succédaient et se ressemblaient. Les mêmes passants. Les mêmes soldats. Les mêmes mendiants. Le même silence, la même distance.

"Y'a quoi, cinq, six ans, vous auriez pas pu faire trois pas sans qu'un badaud vous dévisage tout rond. Quoique, vous me direz, déjà que les elfes c'était pas banal banal à l'époque, et que maintenant c'est une vrai rareté, les gens sont encore plus surpris. C'est juste que maintenant, ils le montrent plus. Les gens y voient plus pareil maintenant."

Altir se fondait dans la masse. Comme le pavé, il était réglé avec une régularité métronomique déconcertante. Comme les pierres qui s'emboîtaient au centième de poussière près et damaient mathématiquement le sol, lui marchait d'un pas plat et égal. Et comme le dallage braquait résolument sa face polie vers le ciel, lui fixait éperdument l'immobile qui les devançait.

"Pourquoi eux, et pas moi? L'alcool, les copains, mais surtout l'alcool. L'alcool nous fait faire de ces choses... même si ça excuse pas tout. Pis même, souvent on le prend comme prétexte."

Devant eux, six silhouettes brumeuses se dessinèrent. L'éclat mat qui les distinguait des autres ombres ne laissait aucun doute : encore une patrouille. Mais celle-là était différente, étonnamment résolue, si bien que leur but fut rapidement évident : ils venaient vers les deux elfes, pour les deux elfes. Mais pourquoi?

Cette soudaine preuve de vie aurait pu être rassurante, si ce n'avait été la rapidité et le calme avec lesquels la route fut barrée par les six soldats.
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Thorseld Eodsen
Capitaine du Rohan
Thorseld Eodsen

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Dans la rue EmptySam 17 Juil 2010 - 14:31
Alors que les deux elfes et leur guide montaient vers les cercles supérieurs de la cité, le paysage défilait sous le regard sans cesse intrigué de Ferethor. Altir, lui, marchait devant, d’un pas résolu mais calme et lent. Et il parlait. Il parlait énormément. Il parlait encore et toujours, et ce monologue sans queue ni tête en apparence mais certainement plein de sens pour lui, sonnait aux oreilles de Ferethor comme le son perpétuellement renouvelé et nécessaire à une grande ville comme Minas Tirith.
Même s’il était vrai que la tranquille cité royale était en ce jour morne baignée dans une léthargie totale, Ferethor ne pouvait concevoir qu’une citadelle aussi peuplée et renommée soit si calme et alanguie.
Ainsi donc, les maugréassions ininterrompues d’Altir revêtait, pour Ferethor, le caractère rassurant qui habite les certitudes.
Et ce petit manège l’amusait !
En plus d’observer les nombreuses et splendides façades qui se serraient les unes aux autres sans discontinuer, Ferethor écoutait également attentivement, bien qu’il ne le montrât pas un instant, les tribulations douteuse et saccadée d’Altir.

Ce dernier l’amusait beaucoup et, contre toute attente et malgré son caractère ronchon de palefrenier mal dégrossi, Ferethor commençait même, sans s’en apercevoir, à se sentir naître quelques tendresses pour ce guide bourru.
Altir, qui parlait tout seul et râlait énormément tout en faisant à lui tout seul les questions et les réponses ne s’en apercevait bien sûr pas et il en était très bien ainsi.
Les elfes étant des êtres peu causant, Altir complétait à merveille le duo de premier-nés qu’il guidait, toujours, montant sans cesse vers le cercle supérieur.

A l’approche de celui-ci, le joyeux petit manège qu’ils formaient tous les trois vit un groupe de six soldats en armes qui descendait vers eux.

Alors qu’Altir montait sans s’en préoccuper, Ferethor quant à lui se décala sur le côté de la ruelle pentue comme pour signifier au groupe dévalant les pavés qu’il leur cédait le passage.
Mais quand Ferethor les vit obliquer vers lui et se rapprocher toujours plus du trio, il devenait évident que les soldats venaient à leur rencontre. Il s’arrêta et les observa descendre jusqu’à arriver à sa hauteur.

La proximité des lourdes portes d’enceinte du cercle supérieur de la cité semblait indiquer qu’il s’agissait de soldat de la garde.
Et lorsque celui qui, selon les galons qu’il portait, semblait être le chef de la petite milice arriva à leur hauteur, il prit la parole et s’adressa à Ferethor qui en fut tout étonné.

- Le bonjour à vous drôle de bonshommes ! Il paraît que vous êtes de ces gens bizarres qui sortent d’on ne sait où mais dont il faut prendre soin ! Qu’il paraît !
Si je ne m’abuse, vous avez été annoncé en approche il y a quelques jours déjà ! C’est seulement maintenant que vous arrivez ? Vous êtes bien le dénommé Ferethor, n’est-ce pas ?


- Eh bien, je … oui, c’est bien moi ! Mais comment le savez-vous ? Je ne connais personne ici !

- C’est le conseiller d’un conseillé du roi qui m’a donné l’ordre de venir vous accueillir, vous avez été recommandé, à ce qu’il paraît ! Mais je vous attends depuis plusieurs jours déjà ! Satannés elfes ! A ça, pour prendre le temps, ils prennent le temps ! Ca fait trois jours de suite que je quitte la garde et que j’arpente la rue pour vous trouver ! Vous pouviez pas traîner un peu plus, non !? Allez, suivez-moi !

Et alors qu’il repartait en montant vers la porte d’enceinte, il grogna à l’attention d’Altir :
- Et toi le poivrot, dégage ! Qu’est-ce que t’as à mater depuis tout à l’heure !?

- Permettez, monseigneur, dit alors Ferethor, mais cet homme est mon guide ! Il m’accompagnera là où vous nous mènerez !

- Ca, un guide ? ricanna le brigadier, mais vous l’avez pêché où ? C’est lui qui vous a retardé, m’est avis ! Foutus guides, quels charlatans ! Y différencierez même pas un chien d’un chat tellement y sont mauvais ! Enfin, s’il est avec vous, qu’il vienne ! Moi pour ce que j’en dis !

Et les trois compères suivirent les soldats de la garde qui remontaient en petit groupe lent vers le cercle supérieur de la cité.
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Sombre-Chêne
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Dans la rue EmptyMer 21 Juil 2010 - 18:06
"Ah non! L'alcool, oui, un peu, d'accord, mais pas complètement non plus!"

Altir s'empourpra, son teint émacié se coloria de prune et de cerise, tandis que ses cernes se rehaussaient de teintes brûlées et rejoignaient à s'y méprendre ses cils. Les poings crispés tout au bout de ses bras raidis par la colère, il avait un air enfantin, presque poupin, qui donnait à sa soudaine rage un comique des plus déplacés. Tapant du pied la pierre qui s'en moquait, il continua :

"Moi! Un poivrot! Et toi t'es un pois chiche alors! J'ai plus de vingt ans que toi, et tu te permets de me parler comme ça! Et toi, ils t'ont pêché où? Et toi, qu'est-ce que tu as à me mater, toi aussi? Et toi, là-bas, vas-y, rigole, pouffe! Ah! C'est qu'il fait chaud dans ton armure, hein? C'est qu'il l'a bien astiqué, le petit! Cherche pas, elle brillera jamais plus que celle de ton sergent. Tu vaux pas mieux que moi, tu es même encore plus lamentable. Que je te prenne ton joujou pointu, et tu iras vite fait de retourner chez tes parents, oui!"

On tira les épées des fourreaux, on s'avança, on fit les gros bras. Le guide fit deux pas en arrière, sans rien perdre de sa verve.

"Et vous, les deux oreilles pointus, vous bougez pas. Je vous conduis dans la cité, je vous parle, je vous accueille, et c'est pas rien, il y en aurait pas dix dans la ville pour faire ça, et quand on m'appelle poivrot, vous dites rien. Dites donc, moi qui croyais que les elfes ça avait encore un sens de l'honneur et du respect, moi voilà bien servi! Ouais, c'est parfaitement ça, vous regardez les monuments, les belles pierres, tout ce qui est mort quoi, et tout ce qui bouge, tout ce qui dérange votre beau monde, vous vous en foutez. Allez-y, allez-y, frappez-moi, j'attends!"
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Thorseld Eodsen
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Dans la rue EmptyMar 21 Sep 2010 - 8:20
Ferethor et Genugorn furent très surpris de la réaction épidermique d’Altir. Bien évidemment, ils commençaient à le connaître et n’étaient pas sans savoir que ce genre de réactions soudaines étaient à Altir ce qu’une bouteille d’hydromel est à un ivrogne mais qu’une moquerie si futile suscite chez lui une réaction aussi vive les laissa pantois.

- Allons, allons, Altir, ne te mets pas dans un état pareil ! lui dit Genugorn pour essayer d’atténuer sa rage.

- Surtout que ces gardes n’en valent pas la peine et leurs moqueries mesquines guère mieux ! ajouta Ferethor.

Mais Altir ne semblait pas les entendre. Les deux elfes voyaient la colère marquer le visage d’Altir de plus en plus. Du rouge pâle, son front et ses joues virèrent au rouge vif, puis à l’écarlate et il devint même violacé lorsque l’un des gardes ne put réprimer un rire bêta.

- Il va se les farcir !? murmura alors Genugorn à l’oreille de Ferethor.

- Il faut absolument intervenir avant que les choses ne dégénèrent ! répondit Ferethor.

Il se racla légèrement la gorge et, s’adressant à Altir, il mâchonna :
- Allons, Altir, je ne voulais pas te manquer de respect un temps soit peu ! Et si tel a été le cas, crois bien que telle n’était pas mon intention !
Il est bien évident que depuis que nous nous connaissons je multiplie les maladresses à ton égard, mais s’il te plaît, ne m’en tiens pas rigueur et ne vas pas te fourrer dans une situation de laquelle nous aurions peine à te sortir ! N’oublie pas que nous ne connaissons encore personne ici et que mes contacts sont pour l’instant très limités !


Le visage d’Altir commençait à changer mais Ferethor ne savait pas si les paroles qu’il était en train de lui tenir avaient eu une quelconque influence sur ce changement sensible. De ce fait, il continua un peu :

- Et puis tu as dû te rendre compte que malgré mes grandes phrases, je suis un parfait débutant dès qu’il s’agit d’entrer en contact avec les gens d’ici ! Je découvre un univers qui m’était, jusqu’à il y a quelques jours encore, totalement étranger !

Il tendit alors la main vers Altir en disant :
- Pardonne-moi s’il te plaît !
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Dans la rue EmptyLun 4 Oct 2010 - 12:18
Que je vous pardonne, mon seigneur?

Le visage d'Altir exprimait un profond dégoût. D'une voix bourrue, il minauda quelques insultes qui se perdirent dans l'air immobile. Ses traits étaient changés, tirés par la colère et l'alcool.

"Que je vous pardonne quoi? Vous n'avez rien fait. Que je vous pardonne de n'avoir rien fait? Que je vous pardonne ce que vous faites, vous et les vôtres, depuis des siècles? Alors je vous pardonne, et tout rentre dans l'ordre, c'est ça? Mais non, il n'y a rien à rentrer dans l'ordre, puisqu'il n'y a rien justement. Rien! Rien! Il ne reste rien de ce que vous faites depuis... depuis je-ne-sais-même-plus-quand puisque vous n'avez rien fait!"

Les badauds s'arrêtaient, les oreilles se tendaient alentour.

"Vous entendez? Il faudrait qu'on leur pardonne de nous avoir ignoré? Maintenant c'est eux qui demandent la charité!"

Ils étaient nuf, dix, douze derrière Altir, l'oeil sombre et les poings crispés. Le capitaine de la troupe de soldats attira l'attention de Ferethor d'un grognement.

"Ignorez-les, oubliez cette racaille. Le petit, là-bas, je le reconnais, il a volé plusieurs caissettes de fruits la semaine dernière. Tous ont quelque chose à se rapprocher. N'allez pas les défendre, ils n'en valent pas la peine. Laissez-nous faire, on va les emmener à la caserne et ils vont vite se calmer."
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Thorseld Eodsen
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Dans la rue EmptyVen 8 Oct 2010 - 14:38
Ferethor fut très surpris de la réaction aussi vive que soudaine d’Altir. En effet, il lui était difficile de comprendre que quelqu’un se montre aussi agressif quand lui-même ne pouvait pas se comporter plus gentiment que ce qu’il était en train de faire !

- Altir, lui dit-il en essayant une dernière fois de convaincre l’individu grognant et grommelant qui se tenait face à lui, je peux comprendre que tu aies beaucoup d’animosité envers ceux de ma race, mais je ne vois pas ce que tu peux me reprocher à moi !?

Il craignait malheureusement ne plus pouvoir dire quoi que ce soit pour le convaincre désormais. Mais les premiers liens qu’il avait maladroitement tissés avec cet homme étaient, aussi incroyable que cela pu paraître, important pour lui. Du moins le ressentait-il ainsi. Et c’est pour cette seule et maigre raison que Genugorn voyait son cousin s’embourber piteusement, lui l’habile diplomate, dans une discussion croisée qui semblait avoir bien peu de chance d’aboutir.

- Allez Ferethor, laisse-le donc ! lui recommanda même Genugorn. Tu vois bien qu’il ne peut guère te souffrir ! Suis les conseils de ces soldats et laissons là ton ami !

Il disait cela sur un ton que Ferethor perçut comme ironique, même s’il paraissait évident qu’il était bien le seul à cet endroit et à cet instant-là qui le considéra comme tel.

Ferethor se sentait résigné et abandonné de tous. Après Altir, voilà que Genugorn mettait lui aussi sa patience, pourtant redoutable, à toute épreuve. Il dévisagea une dernière fois Altir, comme pour lui montrer une dernière fois l’incompréhension qui était la sienne à cet instant et commença à esquisser un, puis deux pas de côté comme pour montrer un peu plus à Altir que sans un geste ou une parole de sa part, il se verrait contraint de le laisser là, lui et ses compagnons, avec le risque éventuel de ne peut-être plus jamais se revoir. Cela lui fendait le cœur mais à près tout, qu’y pouvait-il ?
Depuis longtemps déjà, il avait appris qu’on ne peut forcer personne à nous apprécier. Mais comme tout petit déjà, cette impression d’impuissance et de gâchis lui laissait un goût amer.
*Après tout*, se dit-il alors, *peut-être qu’Altir ne t’as jamais vraiment apprécié !? Ou peut-être est-il trop aviné pour se rendre compte de l’amitié naissante que tu lui proposais !*
Il était totalement indécis. Une seule chose était désormais certaine : puisque les soldats proposaient de le conduire plus haut dans la cité, il n’y avait guère plus désormais qu’une parole favorable d’Altir à son intention qui pourrait l’empêcher à cet instant de suivre les hommes de la garde !
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