Eradan arrêta son étalon noir pendant un court instant, afin de profiter du spectacle qui s'offrait à ses yeux.
La forêt épaisse de l'Ithilien avait peu à peu cédé à une vaste plaine fertile. La rivière scintillait sous le soleil hivernal, et une colline se dressait dans le creux du méandre, sur laquelle était dressée une petite cité: Emyn Arnen. Le jeune Gondorien prit une longue inspiration, profitant de l'air frais et propre. Emyn Arnen. La terre des ses ancêtres. Le siège de Faramir, prince d'Ithilien.
La ville était entourée d'une palissade de bois blanc haute de 8 mètres au moins. Des imposantes tours de garde se trouvaient dans chaque coin de la forteresse, et les portes étaient elles mêmes fortifiées, bien qu'ouvertes à présent. Dans l'enceinte du bourg, sur le sommet de la colline, se dressait un petit bastion en pierre, orné d'une bannière du Gondor.
La petite ville donnait une impression de solidité, de beauté et de prospérité.
Eradan savait qu'elle avait été reconstruite après l'invasion d'Ithilien par les forces du mal, pendant laquelle son grand père, Boromir II, avait périt.
Perdu dans ses pensées, il continua son voyage jusqu'à ce qu'il atteigne les portes de la ville. Le soleil était au zénith, et les voyageurs et marchands étaient nombreux. Après une vingtaine de minutes, le jeune chevalier fut content de passer les portes de la cité et de se diriger vers une auberge. L'établissement s'appelait 'Au joyeux Mumak', et la représentation quelque peu douteuse de cette créature majestueuse sur le signe attaché devant l'entrée fit sourire
Eradan.
Il laissa un garçon s'occuper de sa monture, en lui donnant quelques petites pièces. Il retira cependant d'abord un objet enroulé dans du tissu blanc des sacoches attachées à sa selle. Il ne se déplaçait jamais sans le cor brisé de Boromir.
L'homme aux cheveux noirs entra dans la taverne, et décida de s'offrir une bière avant de payer une chambre. Le goût d'un bière reflétait souvent la qualité d'une auberge.
Il se posa à une petite table dans un coin de la salle, étirant ses longues jambes devant lui, et goûta au breuvage lui apporté par le tavernier. La bière était froide et ornée d'une fine couche de mousse rafraîchissante. Le chevalier reconnut qu'il s'agissait d'une bière brassée localement, et était plutôt satisfait, bien qu'il avait déjà goûté à des boissons meilleures.
Eradan ferma à moitié ses yeux, profitant de ce moment de répit après de longues journées de voyage. Cependant son repos ne dura pas longtemps; des rires provenant d'une table non loin attirèrent son attention.
Il regarda le groupe d'hommes, tous armés, qui y étaient assis, et s'aperçut qu'il était l'objet de leur amusement.
Le sang chaud du Gondor coulait dans ses veines, et
Eradan n'avait pas l'habitude de laisser passer une provocation. Il dit tout haut, en s'adressant au groupe d'hommes:
-Qu'est ce qui vous amuse donc tellement, messieurs? J'aime bien rire moi même, alors j'écouterai volontiers votre plaisanterie. Ou alors tenez vous tellement mal l'alcool que vous vous mettez à rire comme des pucelles après un verre de vin?