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 Les bons crus font les bonnes cuites.

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Denam
Noble du Gondor
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Denam

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Les bons crus font les bonnes cuites. EmptyDim 29 Juil 2012 - 22:56
De nouveau je fis un rêve ridicule. Tellement ridicule que je n'ose pas vous le raconter, tant les jeux de couleurs et de formes étaient disproportionnés par rapport à la réalité. Mais, qu'est-ce que la réalité ? Je serais bien incapable de le dire, puisque moi-même je ne sais plus dans quel monde je vis, ces derniers mois se sont déroulés en de transitions entre rêve et réel, si bien que je pourrais même admettre que je suis mort, tant ces moments paraissent absurdes et dénués de sens. Et puis de toutes manières je n'ai pas le temps de vous l'expliquer, puisque la soubrette que je voulais culbuter vient de m'accueillir dans ce nouveau degré de la réalité avec un grand seau d'eau froide. Il me tarde de savoir dans quel nouvel environnement absurde je me suis retrouvé, puisqu'en l'occurrence la fermeté du plancher de bois ne m'évoque aucune partie extérieure de la ville. Je suis donc à l'intérieur, il fait plutôt sombre, mais je perçois plutôt bien les formes de mon assaillante grâce à la lumière du soleil qui filtre par delà le mur. Il faut dire que j'ai de l'oeil pour ça, c'est tout un art, vraiment. Tous ces petits détails conjugués à l'odeur de moisi et de vin me donnaient à croire que je me trouvais dans une de ces tavernes miteuses.

Mais fi des observations, je viens de recevoir l'entier contenu d'un seau qui me glace tous les os du corps, car en effet je suis entièrement nu, il serait déplacé de ne pas se plaindre, hurler, sauter sur mon agresseur et courir dans tous les sens avant de m'enfuir. Il faut agir, et vite.

***

- HAAAAAA !!!

Denam bondit sur ses deux pieds, prêt à arracher la tête de cette fille à main nue s'il le fallait. Seulement la multitude de bandages qui ornaient son corps eurent raison de lui tandis que d'autre cicatrices non pansées se ré-ouvrirent, ce qui le força à plier l'échine, lui arrachant un nouveau cri de douleur, celui-ci plus par dépit que par jeu. Mais que lui était-il arrivé ? Sur son corps d'un pâle à en faire pleurer un mort, grouillaient de nombreuses stigmates, plus ou moins grosses les unes des autres. C'est un très mauvais rêve, pensa-t-il, un très mauvais rêve qui va vite se finir, comme le précédent ! Il espérait de tout son coeur que son visage ne soit pas, lui aussi, atteint par ce fléau qui semblait le ronger depuis la racine des pieds.

A présent à genoux, essayant de soutenir tout le poids de son corps si frêle, il chercha appui par terre, heurtant de ses mains de petits bocaux aux couleurs et odeurs peu attrayantes. Sa vision se brouillait tandis que son corps, pris d'agitation, ballotait légèrement à droite, à gauche. Rassemblant toutes les forces qui lui restaient, il leva sa tête pour défier sa tortionnaire, qui, semble-t-il, prenait un malin plaisir à le torturer et se jouer de lui. Ses précédents cris sauvages lui avaient fait perdre la voix, sa gorge le brûlait, aussi, décida-t-il sagement de parler à voix basse, les mains cachant son entrejambe.

- Par les dieux, femmes que m'as-tu fait ?! J'ai faim, j'ai froid, je suis couvert de blessures, mes yeux sont meurtris et ne voient plus, tous les membres de mon corps tremblent et sont secoués par je ne sais quelle force et ma gorge supplie de la rassasier d'un peu de vin !

Il marqua une pause avant de reprendre:

Mais que me veux-tu donc à la fin, femme ?... Vas-y, parle ! Ose !

***


Les bons crus font les bonnes cuites. Agathe2

Agathe fronça le nez d'un faux air dédaigneux, suivi d'un sourire un tantinet moqueur. Finalement il n'était pas trop mal ce gringalet, une fois nettoyé de toute sa crasse ! Malgré les multiples soins qu'elle lui avait prodigué, il semblait toujours l'air faible, hagard, inconscient de ce qu'il se passait réellement. A de nombreuses reprises il s'agitaient dans son sommeil et marmonnait des paroles incompréhensibles, si bien qu'il avait fallu lui administrer un cordial et quelques huiles coûteuses. Elle avait entendu parler de récompense, c'est pourquoi elle avait travaillé dur pour qu'il soit remis sur pied, certaine qu'elle serait alors récompensée par ses nouveaux maîtres.

Mais le venin qu'il venait de lui cracher, à peine réveillé, eut raison de la patience de l'ancienne esclave : Agathe n'était pas femme à se laisser faire, et ce quel que soit le rang ou les honneurs de son adversaire. La crasse qu'elle lui avait ôté était sans aucun doute plus importante dans le coeur de cet homme, il semblait même avares de remerciements. Aussi, éclata-t-elle après plusieurs jours de travail ardu et ne prit pas la peine de lui expliquer calmement les choses, compte tenu de sa supériorité par sur elle.

- Alors ça c'est dingue ! Je me tue depuis deux jours à essayer de vous ramener à la vie, et une fois arrivée à terme au prix de nombreux sacrifices, vous osez me remercier en me crachant à la figure des insultes et des ordres !

Elle ravala sa salive avant d'ajouter :

Evidemment que votre corps est parsemé de blessures et que vous êtes faible , il fallait s'en douter après une vie que j'imagine pleine de débauches ! Votre vue n'est pas brouillée mais vos yeux sont projetés au dessus de potions très toxiques ! Enfin, c'est normal que vous tanguiez un peu puisque vous vous trouvez sur le navire du capitaine Vardrin !

Furieuse, elle tourna les talons.

***

Diantre ! Ma théorie de la taverne s'effondrait lamentablement !


Dernière édition par Denam le Lun 30 Juil 2012 - 21:34, édité 1 fois
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Ryad Assad
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Les bons crus font les bonnes cuites. EmptyLun 30 Juil 2012 - 17:26
Le Pourfendeur des Vents. Ainsi nous étions montés à bord du navire du capitaine Vardrin. Je ne m'y connaissais guère en matière de vaisseaux, mais celui sur lequel nous nous trouvions avait tout d'un "prédateur". Ses courbes audacieuses, son profil élancé le destinaient à la vitesse. C'était un rapide, à n'en pas douter, capable d'arraisonner les marchands imprudents qui sillonnaient les eaux sous contrôle des pirates. A bord, tout était on ne peut plus fonctionnel. La trentaine de matelots à bord dormait sous le pont, à l'abri des intempéries, dans des espaces bien trop étroits pour être confortables. La place était essentiellement réservée aux marchandises embarquées - comprenez "volées" - ainsi qu'aux vivres - comprenez "l'alcool". Il y avait un peu de matériel de réparation, de quoi rafistoler sommairement une voile déchirée, retaper un mât endommagé, ou remettre en état un gouvernail défectueux. Les hommes s'affairaient sur le pont, au rythme des injonctions du second. Vardrin était parti pour affaire, probablement occupé à recruter pour compléter son équipage, à moins qu'il ne soit en train de discuter stratégie avec les Seigneurs Pirates. Ou peut-être qu'il supervisait l'entraînement des recrues qui partiraient bientôt à la guerre. Impossible de le savoir. Toujours est-il qu'il m'avait laissé aux bons soins de son second, avec pour ordre de "me familiariser avec l'équipage, le navire, et les tâches qui m'attendaient".

Les tâches qui m'attendaient n'avaient absolument rien de compliqué - pour quelqu'un de cultivé et d'intelligent comme moi. La plupart des pirates sur ce navire - qui représentaient un échantillon représentatif de la population de la Cité du Destin - ne savaient pas lire, ou écrire, et le peu qu'ils savaient compter était l'or qu'on leur devait à chaque escale. Le hic, c'est que pour se préparer à la guerre, il fallait amasser des vivres en quantité, refaire le stock d'armes individuelles, et changer quelque peu l'armement du navire lui-même, afin qu'il soit en mesure de se montrer dangereux pour autre chose que des navires marchands. Estimer les besoins en considérant une marge de sûreté, prospecter pour trouver les meilleurs tarifs, négocier avec les vendeurs des quais, pour finalement inventorier et répertorier soigneusement la moindre marchandise était long et se serait révélé fastidieux pour mon Capitaine, qui avait d'autres choses plus importantes à traiter. En l'absence de personne qualifiée pour ce travail, c'était à moi qu'il incombait de superviser tout ça. Le second, dénommé Kaerran - et qui, soit dit en passant, était originaire du Harondor que nous projetions d'attaquer - m'avait présenté deux matelots qui allaient m'assister dans ma tâche. J'envoyais régulièrement le premier sur les quais, avec pour mission de se renseigner sur les prix de tel ou tel article. Le second, quant à lui, s'occupait de l'embarquement des marchandises. Avec un zèle appréciable, il me montrait chaque objet destiné à intégrer le navire, de sorte que rien ne pouvait m'échapper.

Cela faisait maintenant deux jours que je travaillais, et le navire se remplissait petit à petit. Nous en étions seulement aux produits usuels que Vardrin m'avait conseillé de prendre : du matériel de réparation, des nécessaires de soin, bref, tout ce qui ne se gâtait pas. Pour le reste, avait-il dit, nous verrions après. Les hommes de bord me considéraient d'un regard peu amène, auquel je répondais par l'indifférence caractéristique de l'érudit plongé au milieu de l'ignorance. Je ne les regardais que lorsque c'était absolument nécessaire, et mis-à-part avec mes deux assistants, je ne leur adressais jamais la parole. Je n'aurais su dire d'où venait leur méfiance - pour ne pas dire leur mépris - à mon égard. Sans doute le fait que j'aie une cabine qui m'était réservée - un vrai trou à rat selon moi, mais le grand luxe selon les critères des marins -, mais plus sûrement parce que j'avais ramené une femme à bord. Agathe avait immédiatement attiré l'attention sur elle, lorsque nous étions arrivés. Ses vêtements affriolants avaient immanquablement capté l'attention des marins, qui s'étaient dits, songeurs, que leur Capitaine avait bien de la chance. Mais lorsque ce dernier leur avait annoncé qu'elle était avec moi, et qu'elle ferait partie de l'équipage, tous s'étaient indignés. Il avait bien tenté de leur expliqué qu'elle s'occuperait du prisonnier, mais il n'avait pas réussi à leur faire comprendre pourquoi nous devions partager la même cabine. Bah, ils finiraient bien par accepter cet état de fait, et puis ils n'y prêteraient plus attention.

Comme si le simple fait de penser Agathe avait pu la faire apparaître, j'entendis soudainement le claquement sec de son pas impérial sur le pont du navire. J'étais assis à une table, occupé à compter le stock de fils à coudre qui venait de nous arriver, aussi me retournai-je pour m'assurer que c'était bien elle. Et c'était évidemment elle. Un masque de fureur à peine contenue occupait ses traits, et ses poings serrés n'auguraient rien de bon. Sur son chemin, les hommes se retournèrent, une lueur avide dans le regard. La plupart se permettaient même un commentaire grivois, ou un sifflement appréciateur. Etrangement, cette fois, elle n'y prêta pas attention. Elle se dirigea vers l'autre bout du navire, visiblement désireuse de passer ses nerfs sur quelqu'un. Je demandai rapidement à mon assistant de m'attendre, et je m'empressai de l'intercepter. Les marins nous remarquèrent immanquablement, et beaucoup s'arrêtèrent de travailler. Je n'entendis pas le sifflet du second, ce qui prouvait que même lui était intéressé par la manière dont les choses allaient se terminer. Trop préoccupé par la colère d'Agathe pour m'attarder sur ce que penserait le second, je saisis fermement la femme par le bras, et la tirai vigoureusement jusqu'à notre cabine commune. Elle maugréa et se débattit quelque peu, mais je parvins finalement à refermer la porte derrière nous. Avec effronterie, elle me lança :

- Alors c'est pour maintenant !? On fait ça sur mon lit ou sur le votre ?

Et allez donc ! La voilà qui repartait. La première fois qu'elle m'avait dit ça, c'était après que je lui eut empêché de sortir de la cabine à la nuit tombée, pour aller - disait-elle - prendre l'air. J'avais été tellement surpris que je n'avais pas su quoi dire, et elle avait très bien compris de quelle manière elle pouvait pousser son avantage. Elle s'arrangeait toujours pour que cet échange ait lieu entre elle et moi, comme une menace tacite. Cette fois encore, je la regardai avec attention. Elle avait troqué sa tunique aguicheuse contre un corsage, un gilet en cuir, et des braies. Elle avait presque l'air d'un pirate : ne lui manquait qu'une balafre sur la joue et une arme au côté. Je laissai passer une seconde, et je lui demandai de s'asseoir. Comme la première fois, elle n'en fit rien.

- Je vous en prrie, asseyez-vous...

Elle s'exécuta sans se départir de sa mauvaise humeur massacrante.

- Je vois que vous êtes en colèrre, et je sais que vous pouvez avoirr envie de...

- Ne parlez pas comme si j'étais une enfant, Maître (elle insista cruellement sur ce mot), venez-en au fait.

Je m'interrompis presque malgré moi, et lâchai un soupir.

- Combien de fois vais-je devoirr vous demander de ne pas m'appeler "Maîtrre" ?

Elle ne répondit rien, et me laissa clairement ridicule. Comme si de rien n'était, je revins à mes préoccupations :

- Qu'imporrte ce qui peut vous trroubler, n'oubliez pas où vous êtes. Ne vous offrrez pas ainsi en spectacle à ces pirrates. Ils ne savent pas se contrrôler.

- Et si j'en ai envie ?

Il y avait clairement du défi dans son ton, dans son regard, et dans son attitude. Cependant, je n'en croyais pas un traître mot. Avec une lenteur calculée, je tendis ma main ouverte vers la porte, l'invitant par là à sortir. Elle frémit perceptiblement, et nous n'eûmes pas besoin de mots pour nous comprendre, cette fois.

- Rretourrnez-donc à votrre poste, et faîtes ce pourr quoi vous êtes là. Tout le monde s'en porrterra mieux.

- Comme vous voudrez, Maître.

Et elle sortit.


~~~

Les bons crus font les bonnes cuites. Agathe2


Agathe était on ne peut plus contrariée, et elle n'arrivait étrangement pas à savoir exactement pourquoi. Etait-ce parce qu'elle avait à s'occuper d'un prisonnier absolument insupportable, qui la considérait avec mépris alors que des deux, il était de loin le plus méprisable ? Elle avait pourtant déjà rencontré des gens comme lui, qui se comportaient comme de princes, alors qu'ils étaient les derniers des manants. Tout ça parce qu'elle était une femme. Et pourtant, ce type avait attiré l'attention de Salem, qui l'avait confondu avec un nobliau de qui on pouvait éventuellement tirer une rançon. Maintenant qu'elle y pensait, Agathe avait bien remarqué que ses vêtements avaient jadis été de bonne facture, et qu'ils avaient pu appartenir à quelqu'un d'aisé. Et sa manière de s'exprimer était tellement différente de celle des habitants des bas-fonds d'Umbar.

Mais il n'y avait pas que ça. Il y avait aussi l'attitude de Salem, son "maître", comme elle se plaisait à l'appeler. Elle ne savait pas non plus que penser que lui. Il s'était montré relativement gentil avec elle, sans toutefois lui laisser une quelconque marge de manœuvre. Elle n'arrivait pas clairement à le cerner, et elle avait la désagréable impression qu'il trompait son monde, sans toutefois parvenir à mettre le doigt dessus. Elle l'avait observé à la dérobée, tandis qu'il effectuait ses calculs pour Vardrin. Il se comportait avec un certain détachement vis-à-vis des marins, et il n'était de toute évidence pas à sa place sur un navire. Il semblait incapable de ses deux mains. Et pourtant, le souvenir encore net du coup de poing qu'il avait adressé à son agresseur était encore présent dans l'esprit de la jeune femme. Elle s'évertuait à chercher le moindre indice, était à l'affût de la moindre faille dans sa carapace, mais même lorsqu'elle l'avait regardé dormir, elle n'avait rien décelé de surprenant.

Et enfin, il y avait Vardrin. Le capitaine pirate, qui, quand il ne l'ignorait pas purement et simplement, la traitait avec un mépris souverain. En sa présence, elle se sentait extrêmement mal à l'aise, et elle préférait suivre le conseil de Salem, et ne pas se retrouver dans ses pattes inutilement. Les rares fois où elle avait osé l'approcher pour lui demander quelque chose, il l'avait considérée avec hauteur, et lui avait répondu d'un ton sec qu'il n'allait pas lui servir de nourrice, et qu'elle devait s'adresser à son second pour des choses "sans importance". Elle n'avait tenté l'expérience que deux fois, car elle n'avait pas manqué de noter son irritation à peine contenue. Elle savait bien que même son légitime propriétaire serait impuissant à la protéger si le Capitaine décidait de lui couper la langue pour insolence, ou bien carrément de la passer par-dessus bord. Il avait déjà la bonté de lui faire partager la cabine de l'intendant, elle ne voulait pas qu'il la condamne à aller dormir avec ses hommes.

Mais entre ces trois individus étranges, elle était bien incapable de dire lequel l'horripilait le plus, et lequel pouvait faire naître un elle un tel sentiment de colère. D'un pas décidé, elle se dirigea vers la cale, dans le réduit où était enfermé le prisonnier. Le garde devant la porte - un costaud aux muscles noueux et aux longs cheveux bruns - sourit de toutes ses dents en la voyant arriver. Elle s'arrêta à bonne distance, et lui ordonna d'un ton péremptoire de lui ouvrir la porte sans délai. Le marin resta un bref instant immobile, son sourire stupide collé sur son visage rougeaud, avant de lâcher :

- Tu t'occupes du p'tit bout d'mec là derrière. Tu veux pas t'occuper d'moi avant ?

Son sourire s'élargit, tandis qu'il détaillait sans vergogne le physique de l'ancienne esclave. Agathe ne cilla même pas, et répéta son injonction d'un ton encore plus ferme. Le loubard haussa les épaules, et s'écarta d'un pas, en disant :

- T'es la première catin que j'rencont' qu'est la catin qu'd'un seul mec. Mais ton p'tit ami l' jaune s'ra pas toujours dans les bonnes grâces du Cap'taine, mam'zelle. Et pis la vie d'pirate, ça convient pas aux types comm' lui. Y s'pourrait ben qu'i' lui arrive des bricoles, un jour.

Agathe marqua une brève pause, mais le costaud nota qu'il avait visé juste, et son sourire grandit encore, révélant ses dents abîmées. Il la gratifia d'une tape sur le postérieur, et Agathe se retourna aussi rapidement que possible, mais il avait déjà refermé la porte derrière elle. Elle lâcha un grognement de rage, et se donna une poignée de secondes pour se ressaisir, avant de finalement se retourner vers le prisonnier, qu'elle considéra à nouveau. Il était un peu fluet, et il manquait sans doute d'entretien, mais il avait dû être charmant, fut un temps. Toutefois, son caractère était absolument insupportable, et elle ne le supportait d'ailleurs pas. Il nageait encore dans l'eau fraîche qu'elle lui avait lancé dessus. De l'eau de mer, assurément, à l'odeur de sel qui embaumait la pièce.

- Je vais vous retirer vos vêtements et vos bandages, pour voir comment vous vous remettez.

Elle n'attendit pas de savoir s'il était d'accord ou pas, et elle passa habilement derrière lui, de sorte qu'il soit incapable de voir avec précision ce qu'elle faisait, et qu'il ne puisse pas facilement se débattre. Elle jugea cependant plus prudent d'ajouter, à voix basse, tout près de son oreille :

- Si vous essayez quoi que ce soit, le Capitaine Vardrin vous fera exécuter sans attendre, alors soyez sage.

Agathe avait conscience qu'elle lui avait tapé dans l'œil. Elle se savait désirée, et elle escomptait bien en jouer un peu. Il avait sans doute pu sentir son souffle chaud le long de son cou, et peut-être serait-il émoustillé par le contact involontaire de ses cheveux sur son oreille. Depuis combien de temps un être tel que lui n'avait-il pas vu de femme comme elle ? Des lustres, sûrement. Omar lui avait bien appris comment stimuler les sens et endormir l'esprit des gens, et même si elle n'avait jamais rêvé de servir de compagne à un bourgeois quelconque, elle devait reconnaître que cela pouvait présenter quelques avantages. Elle déboutonna tranquillement la veste et la chemise trempées du prisonnier, et les lui retira non sans laisser ses mains s'égarer sur sa peau. Puis elle dénoua les bandages sur son bras, et caressa la peau avec douceur, vérifiant que la blessure était toujours fermée. C'était bien le cas. Elle passa sa main fraîche sur les hématomes qui parcouraient sa poitrine, et fit courir ses doigts lascifs jusqu'à son abdomen qui se soulevait au rythme de sa respiration qu'elle sentait de plus en plus soutenue. C'était là le bon moment. Elle approcha une nouvelle fois sa bouche tout près de son oreille, comme elle l'avait appris, de sorte que les mots venaient la chatouiller, et murmura avec lenteur :

- Je suis...curieuse...à votre sujet. Ce ne serait pas si mal que nous fassions...connaissance, n'est-ce pas ? Qui donc se cache sous ces fripes...? Êtes-vous vraiment le Roi du Gondor ?

Elle n'avait pas pu s'en empêcher. Il avait peut-être lancé cela pour distraire son adversaire, mais elle l'imaginait assez prétentieux pour se sentir flatté par le titre, et pourquoi pas lui apprendre quelque chose qui lui vaudrait une belle récompense.

#Ryad #Agathe #Denam


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Derkos Vardrin
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Les bons crus font les bonnes cuites. EmptyMar 7 Aoû 2012 - 12:37
"Kaerran, où en sommes nous au niveau de nos préparatifs ?"

La voix du Capitaine avait cinglé comme un fouet depuis le pont du navire en direction de son second, déambulant sur les docks avec deux autres marins du Pourfendeur, chargeant de lourdes caisses sur celui-ci :

"On avance bien Capitaine, on devrait pouvoir partir d'ici quelques jours."

Un petit sourire se dessina sur le visage de Derkos, un vrai sourire. La perspective de reprendre la mer était la seule chose qui pouvait le rendre heureux et en resserrant son bandeau autour de son front, il descendit dans les parties inférieures de son navire. Il croisa quelques uns de ses hommes qu'il salua rapidement. La logique aurait voulu qu'il rende visite à Salem en premier histoire de se mettre aux points pour les derniers préparatifs mais il fut pris d'une mesquine curiosité et décida de plutôt se diriger vers la petite cabine où se trouvait le petit chanceux qui avait été épargné par Salem et plus encore par la créature qui avait semblé envoûter ce dernier et dont il avait fait l'acquisition chez Omar. Arrivé devant la porte il constata, avec un certain étonnement il est vrai, que Burak, le garde qu'il avait mis en fonction, occupait bien son poste, chose plus qu'étonnante quand on savait la difficulté qu'avait pas mal de pirates à respecter des ordres aussi rébarbatifs que celui de garder un prisonnier qui ne risque de toute manière pas de s'enfuir étant donné son état :

"L'aut' catin de vot' ami s'trouve avec le blessé Capt'ain, j'sais pas c'qui font mais elle vient tout d'juste d'arriver." Annonça avec un petit sourire l'homme de Vardrin.

Agathe. Voilà qui pouvait expliquer pourquoi il tenait si bien son rôle pensa Derkos, riant intérieurement de ne pas avoir compris plus tôt. Une femme à bord, cela n'était jamais arrivé et n'arrivera jamais plus, de plus du moment qu'ils étaient à quai il n'y avait aucun problème mais une fois qu'ils auraient pris la mer les vieilles légendes de femme portant malheur reviendraient probablement aussi sec. Le Capitaine avait déjà eu à affronter quelques remarques de ses hommes et seul le fait que Salem lui soit indispensable pour le moment avait joué en la faveur de la demoiselle.

Celle-ci justement se trouvait au chevet de Denam, qui flottait encore et toujours dans un état semi-conscient qu'affectionnait particulièrement le Capitaine, au moins comme ça il était calme. Quand à Agathe elle se trouvait près de lui, très près de lui, même trop en fait. Cette proximité perturba Derkos qui s'arrêta net pendant une fraction de seconde avant de reprendre l'aplomb qui lui réussit si bien :

"On évite de fricoter avec les prisonniers ou alors je t'empêcherais d'aller le voir, et je ne pense pas que mes hommes aient le temps ou la patience de venir le nourrir. Et j'imagine qu'être responsable de sa mort ne te plairait pas plus qu'à moi. Qui sait, peut être est il réellement le Roi qui a sombré dans la drogue et que nous pourrions échanger contre des palais à l'occasion."

Sa tirade fut suivie par le petit rire sardonique de circonstance mais au fond de lui, Derkos ne plaisantait pas pour tout. Même s'il était évident que ce n'était pas au Roi Méphisto qu'il avait affaire, il avait déjà vu les effets de la drogue sur les gens riches et un jeune nobliau du Gondorou du Harondor aurait très bien pu se laisser embarquer dans des affaires hors de sa portée qui aurait pu le conduire ici. Mais il allait attendre que le bougre se remette un peu, histoire de le rendre plus présentable, avant de se renseigner plus en aval sur l'individu et voir s'il n'avait pas une famille - extrêmement riche de préférence - qui aurait comme la pressante envie de le revoir.
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Ryad Assad
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Les bons crus font les bonnes cuites. EmptyVen 24 Aoû 2012 - 13:32
Je crois qu'il n'est jamais facile de se faire sa place quelque part, quand on est nouveau. Il faut savoir s'imposer, et montrer qu'on n'est utile et compétent. Mais comment prouver à un équipage pirate que j'étais utile et compétent alors que je devais me cantonner à un rôle d'érudit ? Un dilemme que je ne parvenais pas à résoudre, et qui me torturait chaque jour un peu plus. Une fois que nous serions en mer, ces pirates se retrouveraient totalement dans leur élément, et moi très loin du mien. Ils auraient alors tout le loisir de s'en prendre à moi ou à Agathe. Vardrin était le seul à pouvoir les retenir, mais je me doutais qu'il n'avait pas une emprise parfaite sur cette bande de sauvages, et que s'ils désiraient se rebeller, ils pouvaient à tout moment décider de se passer de leur Capitaine. Sans avoir besoin d'en arriver à de telles extrémités, je pensais tout simplement que Vardrin n'était pas prêt à risquer sa vie et son poste simplement pour mes beaux yeux - ni même ceux d'Agathe. Il fallait donc que je trouve une solution.

La brève explication que j'avais eue avec la seule femme à bord terminée, je rejoignis rapidement mon poste. Les marins me dévisagèrent moqueurs, et je fis un effort pour conserver un visage détaché, ignorant purement et simplement les commentaires désobligeants qu'ils s'amusaient à lancer sur mon passage, toujours dans mon dos de sorte que je ne puisse pas identifier clairement le responsable. Je fis mine de rien, et je vins m'asseoir à la table qui m'était réservée. En m'installant, j'aperçus du coin de l'œil, qui disparaissait dans les profondeurs du bâtiment, Vardrin. Je ne pus m'empêcher de hausser un sourcil. N'aurait-il pas dû venir me voir, me demander si le chargement se passait bien, et s'il n'y avait aucun problème ? Au lieu de quoi il avait emprunté précisément la même voie qu'Agathe quelques minutes avant lui. Mais qu'aurais-je pu y faire de toute façon ? Le suivre et lui demander impérieusement ce qu'il fichait ? Il n'aurait pas manqué de rire, avant de me faire passer un sale quart d'heure pour insolence. Il valait mieux que je reste à ma place, et que je fasse confiance à Agathe pour fermer sa grande bouche. Après tout, peut-être qu'elle avait entendu le message.

- Cambusier !

Je levai la tête. Parmi la multitude de titres, de grades et de surnoms que l'on donnait aux pirates, celui-là m'était exclusivement destiné. Mon regard se porta sur le second, qui montait d'un pas décidé à bord du navire. Deux matelots ruisselants de sueur le suivaient, l'air contrarié. Et ce n'était rien à côté de Kaerran, qui semblait nourrir, derrière ses yeux expressifs, une noire colère à mon endroit. De sa voix puissante, il me héla à nouveau, comme pour être sûr que tout l'équipage avait bien entendu. Et ils avaient bien entendu les bougres. Occupés qu'ils étaient à leurs activités, ils ne se gênaient pas pour jeter plus ou moins discrètement un coup d'œil dans ma direction. Je les ignorai, et me contentai d'interroger du regard le second, qui s'avançait d'un pas décidé dans ma direction.

- Qu'est-ce qui s'trouve dans vos foutues caisses ? Tonna-t-il.

Avec une lenteur calculée, je mis la main sur le document correspondant, et le lus à voix haute :

- Vingt haches, vingt coutelas, quarrante poignarrds, un stock de trrois cent flèches, dix arrcs, deux balistes et leurrs muni...

- Vous vous foutez de moi ?

Je levai le nez de mon document, peignant sur mon visage l'expression la plus totalement indifférente, et répondis :

- Pourr les rréclamations, adrressez-vous dirrectement au Capitaine.

Le poing qui s'abattit violemment sur la table, et qui dispersa les documents que j'avais soigneusement classés ne suffit pas à me faire ciller, mais il fit monter la tension d'un cran supplémentaire. Je compris juste avant qu'il ne soit trop tard que le second n'attendait qu'une seule occasion pour me remettre à ma place.

- Les ordres, c'est moi qui les donne, scribouillard. Et j'ordonne que tu vas aller charger toi-même tes marchandises, c'est clair ?

Pendant une demi-seconde, je me dis qu'un simple "non" prononcé du bout des lèvres, aurait suffit à le faire sortir de ses gonds. Et j'étais persuadé, à voir son visage étrangement calme, et à observer le sourire goguenard des marins, que tout l'équipage n'attendait que ça. Je me levai sans prévenir, et le second se redressa de toute sa hauteur, prêt à en venir aux mains :

- Trrès clairr, Monsieur.

Son visage déconfit me procura une satisfaction qui compensa largement la brève humiliation que j'avais eu à subir en l'appelant "monsieur". Je contournai la table sans qu'il ne pipe mot, non sans demander à mes assistants de ramasser les documents éparpillés et de les remettre en ordre. Sans adresser un regard aux marins qui me suivaient du regard, je descendis jusqu'au quai, observant les caisses d'armes. Il allait falloir que je porte ça tout seul. Maudits pirates !

- - -

Les bons crus font les bonnes cuites. Agathe2

Agathe bondit sur ses pieds et s'éloigna de deux pas du prisonnier, lorsque les premiers mots de Vardrin lui parvinrent. Elle ne l'avait pas entendu rentrer, et elle avait failli crier de surprise. Seule sa fierté l'en avait empêché. Mais la fierté n'excluait pas l'instinct de survie, et elle s'était prestement mise à l'écart non pas du prisonnier dont elle s'occupait, mais bien du Capitaine lui-même. Il affichait une assurance tranquille, dans cet espace clos gardé par un homme qui lui obéissait au doigt et à l'œil. L'arme qui pendait à sa ceinture, et la certitude qu'il semblait avoir qu'Agathe ne représentait pas un danger accentuaient sans doute ce travers. La femme savait, quant à elle, qu'à bord de ce navire, Vardrin était le seul qui soit en mesure de décider de son sort. Elle avait longuement réfléchi à la manière d'aborder ce problème, et la réponse qui s'était dessinée dans son esprit lui avait paru d'une étonnante simplicité, mais d'une redoutable efficacité.

- Je vous prie de m'excuser, Capitaine. Je tenais simplement à apporter quelques soins à cet homme. Il me semble qu'il a été battu récemment, et il est en bien piteux état...

Elle marqua une pause, qu'elle mit à profit pour s'approcher du Capitaine. Elle répugnait purement et simplement à se tenir à sa merci au sein du navire, et encore plus lorsqu'elle était proche de lui physiquement. Mais il n'y avait pas d'autres moyens. Elle rompit donc la distance, jusqu'à ce qu'ils soient assez proches pour discuter sans que le prisonnier n'entende leurs paroles :

- Permettez-moi de vous détromper, Capitaine. Je ne "fricotais" pas avec ce prisonnier. J'étais simplement en train de le...stimuler...pour qu'il vous...qu'il nous révèle des informations sur lui. Je pensais qu'il serait plus sensible à la douceur qu'à la douleur...qu'en dites-vous ?

Elle marqua une pause, et laissa flotter sur ses lèvres un sourire complice qui, tout du moins l'espérait-elle, parviendrait à attendrir un peu Vardrin. Mais elle savait sa position précaire. Sa féminité était un obstacle à sa survie sur un navire pirate, et la seule protection de Salem ne suffirait pas éternellement. Il fallait qu'elle se rende plus qu'utile : indispensable. Et pour cela, elle devait jouer serré.

- Capitaine, il y a autre chose...

Elle avait dit ça sur un ton particulièrement hésitant, feignant la crainte et l'inquiétude. Si avec ça, Vardrin n'était pas intéressé, c'est qu'il était vraiment insensible. Elle poursuivit, rajoutant graduellement de l'assurance dans ses paroles :

- C'est Salem. Je...vous savez ce que l'on dit sur l'intuition féminine...eh bien j'ai un mauvais pressentiment vis-à-vis de lui. Il y a quelque chose d'anormal chez lui, même si je ne sais pas quoi. Je tenais à vous en parler, car même si je lui appartiens de droit, je dois dire qu'il...qu'il me fait peur...

Un demi-mensonge, ou une demi-vérité, question de point de vue. Agathe était effectivement inquiète au sujet de Salem, car elle ignorait encore à qui elle avait affaire, et de quoi il était capable. Mais il ne lui faisait pas peur en réalité, car elle avait vu qu'elle pouvait avoir sur lui une certaine emprise. Il lui faisait moins peur que Vardrin, c'était certain. Mais en disant cela, elle espérait attiser un esprit protecteur chez le Capitaine pirate, qu'elle pourrait mettre à profit pour éviter d'être à la merci des matelots.

- Mais je sais que je lui appartiens, et je suis davantage en sécurité dans sa cabine qu'avec les matelots.

Elle eut un sourire éloquent qu'elle associa à un coup d'œil, suffisamment long pour que Vardrin le voie, en direction de la porte, et implicitement du matelot qui se trouvait derrière. La graine de sa vengeance lancée, elle revint à Salem :

- Peut-être qu'en restant auprès de lui...en l'observant quand vous n'êtes pas là...peut-être que je pourrais apprendre quelque chose d'intéressant pour vous. Qu'en pensez-vous, Capitaine ?

Elle fit de son mieux pour afficher une expression à la fois pleine d'inquiétude, d'impatience et d'espoir. Elle espérait que Vardrin mordrait à l'hameçon, et tant pis si Salem devait en subir les conséquences. Elle se rapprocha d'un pas supplémentaire du Capitaine, et ajouta suppliante :

- Mais cela doit rester entre nous, promettez-le moi...J'ai peur de ce qu'il pourrait me faire s'il apprenait que je vous ai parlé...


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Derkos Vardrin
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Les bons crus font les bonnes cuites. EmptyVen 24 Aoû 2012 - 21:53
Le pouvoir. Cette délectable sensation de savoir qu'on avait tout contrôle sur la personne en face de nous, voilà ce qu'était le pouvoir, et c'était complètement ce qu'avait Derkos lorsque Agathe parlait face à lui, pauvre créature apeurée. Et il n'était même pas question de parler de la pauvre loque étendue sur le lit et dont seul l'hypothétique valeur pécuniaire retenait Vardrin de jeter le pauvre malandrin par-dessus bord.

Tandis qu'Agathe s'adressait à lui, le Capitaine ne put retenir un petit souffle de dépit, il l'avait accepté à bord, pourquoi donc en plus vouloir s'adresser à lui et lui parler, il n'était ni son mari, ni son père, ni même son légitime propriétaire - même s'il fallait avouer que c'était presque le cas par procuration - et il n'y avait donc aucune raison que ces deux là ne s'adressent la parole plus que de raison. Malgré tout, et tandis que l'esclave continuait son discours, Derkos ne put s'empêcher de tendre plus en avant l'oreille sur les dires de la jeune femme. Plus intelligente et maligne qu'à première vue la bougresse, un sourire comme il en avait le secret ne tarda pas à darder la face du Capitaine qui se hâta de le faire disparaître aussi rapidement qu'il était arrivé, il devait tout de même se donner de la contenance en face de cette femme qui n'était après tout que l'esclave de son intendant.

Mais, au fur et à mesure qu'Agathe s'exprimait et exposait ses pensées, Derkos ne put que recouper les paroles avec ce qu'il lui était déjà venu à l'esprit. Que Salem fasse peur était probablement un peu exagéré mais il fallait bien admettre que le personnage semblait bien plus compliqué après en avoir un peu gratté la surface, en témoigne la jeune femme présente devant Vardrin, achat impulsif de l'homme qui ne semblait pas profiter de sa prise comme l'aurais fait n'importe quel autre représentant de la digne et galante gent masculine. De plus restait en tête du pirate l’impressionnant aplomb dont avait fait preuve son intendant lors de leur courte rixe dans les rues et la marque de son poing sur la face de son adversaire.

Et si, et si...les autres Seigneurs Pirates avaient de nombreux hommes à leur disposition, de touts types et Derkos s'était précédemment affiché en tant que soutien infaillible de Taorin, qui, bien que comptant de nombreux et indéniables amis au sein de la cité pirate, n'était pas non plus à l'abri de toute attaque et n'avait pas que des partisans à sa cause. Et cela il faudrait le découvrir, mais mieux valait rester discret pour le moment, si un autre Seigneur pirate en avait après lui, il allait falloir la jouer en finesse si Vardrin voulait s'en sortir. Et c'est avec tout autant de finesse qu'il s'adressa à Agathe, à demi-voix, tout en étant conscient que même elle pouvait être une opposante de mèche, ou pas, avec son intendant :

"Mmh, il est vrai que notre homme parait plus compliqué qu'il ne le semblait au premier abord. S'il commence à agir de manière douteuse ou suspecte j'aimerais en être informé oui. Et si j'apprends que toi aussi tu étais de la partie, je nourrirais les requins avec le peu de chair que tu peux avoir sur le corps, j'espère que nous sommes d'accord."

La jeune femme se détourna alors, prenant la direction de la sortie de la cabine. Le blessé n'avait plus besoin de ses soins et il était logique que sa première envie soit de rejoindre sa cabine partagée avec Salem, seul endroit où elle était à peu près en sécurité sur le navire de Vardrin. Laissé seul, le Capitaine se tourna vers le blessé, une fois de plus plongé dans ses rêves et son propre monde. Avec un petit sourire moqueur, Derkos exprima tout haut ses pensées :

"Chanceux va, t'as pas de problèmes dans ton monde hein petite enflure, t'imagine à peine comment je peux t'envier, des fois il vaut mieux vivre dans l'ignorance."

Prenant la porte à son tour, le Capitaine salua le garde en faction, le regard toujours braqué sur le fessier d'Agathe qui remontait sur le pont du bateau, perdu dans ses pensées il n'était plus obnubilé que par une chose, le fait que faire faire son inventaire par un homme qui pouvait être son ennemi n'était pas forcément la meilleure idée qu'il ait jamais eu. Enfin, ça pourrait toujours être pire, puis il se sortirait de cette situation, comme il s'était déjà sorti de toutes les autres.
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Ryad Assad
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Les bons crus font les bonnes cuites. EmptyMar 28 Aoû 2012 - 0:49
La perspective d'avoir à charger toutes les marchandises à bord ne me réjouissait guère, mais je n'avais pas le choix si je voulais éviter d'avoir à corriger publiquement le second. Les pirates étaient vraiment des rustres, et remettre à leur place le plus gradé d'entre eux aurait été mauvais pour ma couverture. Cependant, je n'étais pas non plus là pour jouer au serviteur. Je calai mes poings sur mes hanches, observant le chargement d'un œil critique, réfléchissant à la meilleure manière d'y arriver. Et puis l'idée géniale me vint. Je levai la tête, et posai les yeux sur Kaerran qui, accoudé au bastingage, me dévisageait également, un demi-sourire flottant sur ses lèvres. Je lui lançai :

- Je ne peux porrter ça tout seul, Monsieur. Je vais aller emprrunter quelques esclaves surr les docks...Cela induirra un surrcoût pourr le Capitaine, mais je suis perrsuadé que vous lui expliquerrez cela mieux que moi.

Les yeux du Second s'agrandirent de surprise, mais je ne lui laissai pas le temps d'en faire part à haute voix. Je tournai les talons, et me dirigeai d'un pas décidé vers d'imposants bâtiments où j'avais entendu dire que l'on pouvait trouver des esclavagistes. J'entendis quelqu'un m'appeler, mais je ne me retournai pas. Je justifierai cela par le brouhaha de la foule qui m'entourait désormais totalement. En effet, il y avait de l'agitation sur les quais, et il aurait été difficile à un érudit de prêter attention à une seule voix. Je tournai à l'angle d'un édifice miteux, qui me dissimula à la vue du navire, et m'arrêtai subitement. J'attendis quelques secondes, puis jetai un coup d'œil en direction du navire. Visiblement peu désireux d'avoir à assumer la responsabilité de l'emploi des esclaves, Kaerran était descendu sur le quai avec une demi-douzaine de marins, qui chargeaient péniblement les caisses d'armes. Bien. Comme ça, je n'avais pas besoin de me rendre chez ces infects marchands d'esclaves. Ma dernière visite chez l'un d'eux avait pris une tournure tout à fait inattendue, et je désirais éviter tout risque, désormais.

Satisfait d'avoir un peu de temps libre, je me remis en marche d'un pas lent. La Cité du Desin n'offrait pas grand chose à découvrir, si ce n'étaient une architecture vieillissante et un panorama affligeant de pauvres hères en quête d'aventure et de richesse. Rien de bien croustillant. A cet instant précis de mes réflexions, je fus bousculé par quelqu'un. Je fis un pas en avant, malgré moi, et perdis pendant une brève seconde la notion de ce qui se trouvait autour de moi. En levant la tête, pour voir qui m'avait ainsi molesté, je ne vis nulle personne étrange. Partout, la foule compacte, et incroyablement uniforme. Seule preuve que je n'avais pas rêvé : un papier plié qui venait de faire son apparition entre mes doigts. Je fis preuve du plus grand naturel pour m'éloigner de la zone, scrutant sans en avoir l'air les parages, à la recherche d'un indice sur la personne qui avait voulu me contacter. Je m'enfonçai dans une ruelle étroite et peu fréquentée, le temps de déplier la lettre et de lire son contenu. L'écriture manuscrite était serrée, petite, mais incroyablement régulière. C'était écrit dans un dialecte assez rare, parlé uniquement en Rhûn, de sorte que nul autre que moi, dans cette cité, ne pouvait déchiffrer le message. Et même ainsi, il était assez sibyllin pour que nul ne puisse le comprendre. En substance, il disait ceci :

Citation :
Le voyageur cherche à allumer une flamme unique dans la cascade en tête.

Sibyllin, n'est-ce pas ? Toujours est-il que je revins sur mes pas, et me dirigeai vers une petite auberge qui se trouvait non loin. J'y entrai, passai commande d'une chope de bière au patron, et allai m'asseoir. Pourquoi une bière ? Parce que toute autre commande aurait paru suspecte, bien entendu. Il y avait quelques personnes dans la pièce, mais aucune d'entre elles ne correspondait à une personne capable d'apparaître et de disparaître à sa guise. Je portai la chope à mes lèvres, sans toucher au liquide qui se trouvait à l'intérieur, simplement pour me donner une contenance. Ce faisant, je regardais les individus qui se trouvaient là, et qui semblaient particulièrement absorbés par leurs conversations.

- Ryad...

La voix n'avait été qu'un murmure, mais un murmure si proche que je réprimai avec peine un frisson. Il était juste derrière moi. Nous étions probablement assis dos à dos, à deux tables différentes pour ne pas éveiller l'attention. Je ne répondis rien, me contentant d'attendre les ordres. Il patienta quelque peu, comme s'il vérifiait quelque chose, avant de poursuivre dans ma langue natale d'une voix que j'avais moi-même du mal à entendre :

++ Ton compte-rendu. ++

C'était une demande récurrente, et j'avais déjà préparé un document qui détaillait mes découvertes. Lui aussi était soumis à notre double cryptage, aussi n'avais-je pas peur de me promener avec. Je le sortis des replis de ma ceinture, et le passai à l'aveugle dans mon dos, tout en m'assurant que personne ne nous observait. C'était le cas, nous n'étions pas suivis. Les précautions que je prenais étaient parfaitement inutiles, car mon contact ne m'aurait jamais donné rendez-vous dans un endroit qu'il n'aurait pas soigneusement étudié avant. Il devait me suivre depuis plusieurs jours, et il avait sans aucun doute dû profiter de la première occasion pour m'interpeler.

++ Dans ta poche gauche, tu trouveras tes instructions. ++

L'air de rien, je m'emparai du message, et le posai à plat sur la table, pour mieux en découvrir son contenu. Crypté, bien entendu :

Citation :
Flamme sur le sol traître. Fidèle a l'échine brûlante. La fumée peut s'élever, mais pour cela il faut aimer les tempêtes de sable. Au service de la flamme quand il y aura du bois.

Mon visage resta impassible, mais j'étais absolument ravi de ces nouveaux ordres. Avec nonchalance, je déposai son billet dans ma bière. L'encre se détacha rapidement du papier, jusqu'à ce que celui-ci soit parfaitement vierge de toute inscription. Mes nouvelles attributions données, j'étais prêt à partir, mais mon interlocuteur m'arrêta net :

++ Ryad...Fais bien attention à cette fille. Si tu la sous-estimes, ce n'est pas mon cas... ++

Je ne répondis rien. Que pouvais-je répondre à cela ? Il ne me menaçait pas moi, il menaçait Agathe si d'aventure elle venait à m'empêcher de réaliser ma mission. Lui semblait croire qu'elle représentait un danger, et il était prêt à la tuer s'il obtenait la moindre preuve. A moi de faire en sorte qu'elle ne me gêne pas dans ma mission. Et peut-être même de l'utiliser comme un pion, afin de ne pas avoir pris ce risque pour rien. Mais il allait falloir jouer serré si je voulais qu'elle m'aide sans éveiller ses soupçons.

Je me levai, laissant sur la table la chope à laquelle je n'avais pas touché et qui m'avait uniquement servi à faire disparaître les traces du message. Sans me retourner, je quittai l'établissement, direction le navire du Capitaine Vardrin. Les choses devenaient enfin intéressantes.


- - -

Les bons crus font les bonnes cuites. Agathe10


- Parfaitement d'accord, Capitaine Vardrin.

Agathe n'avait pas pu maîtriser les tremblements dans sa voix, lorsqu'elle avait répondu au pirate avant de s'éclipser (pour ne pas dire s'enfuir) du cachot. Elle avait pris un très grand risque en présentant les choses ainsi à Vardrin. Elle avait pris le pari que la méfiance naturelle du pirate allait prendre le dessus sur la répugnance qu'il semblait éprouver à son égard. Et elle avait eu raison. Elle n'osait même pas imaginer ce qu'il se serait produit si son interlocuteur avait été un homme d'honneur, prompt à croire aux mensonges de Salem. Mais enfin...si elle avait eu en face d'elle un homme d'honneur, elle n'aurait sans doute pas tous les soucis qui étaient actuellement les siens...

Cependant, elle ne pouvait pas non plus considérer cela comme une victoire durable. Certes, le Capitaine avait accepté de comploter avec elle, mais il valait mieux dire qu'il la laissait comploter pour lui. Il ne se mouillait pas du tout, et il la laissait faire tout le sale boulot. Si elle trouvait quelque chose d'intéressant, il était gagnant, sinon tant pis. C'était elle qui prenait tous les risques. Mais que pouvait-elle espérer d'autre, de toutes manières ? Survivre n'avait jamais été une partie de plaisir, et pourtant elle était toujours vivante. Cette nouvelle épreuve, elle la surmonterait volontiers pour voir le soleil se lever une fois de plus.

Toutefois, sa position était plus précaire qu'elle en avait l'air. Si elle était prise par Salem, et que ce dernier était vraiment dangereux, il y avait de fortes chances pour qu'elle soit tuée dans l'histoire. Elle avait donc intérêt à mener ses recherches avec la plus grande prudence. Pas question de fouiller dans ses affaires personnelles, car s'il notait le moindre changement d'ordre, la moindre anomalie, il risquait de se poser des questions. Et qui pouvait-il soupçonner d'autre que la femme qui occupait sa cabine ? Non, il fallait s'y prendre autrement, si elle ne voulait pas être cataloguée : Dommage Collatéral. Mais dans le même temps, si l'érudit en voulait au pirate, et qu'elle arrivait à le prouver, Vardrin aurait tôt fait de lui ôter la tête. A moins qu'il ne trouve une fin plus inventive. Il paraît que les pirates sont doués pour ce genre de choses. Toujours est-il qu'une fois mort, quel intérêt Vardrin aurait-il à garder une femme à son bord ? Aucun. Ses options seraient limitées : la débarquer dans un coin perdu en espérant qu'elle s'en sorte (peu galant, mais pas malhonnête) ; la livrer à ses hommes de bord comme lot de consolation (cruel et malhonnête) ; la tuer (cruel mais généreux au regard de l'option précédente).

Ainsi, si Agathe voulait survivre, il fallait qu'elle cherche des indices concernant Salem, sans rien trouver d'assez compromettant pour justifier son exécution. Ca n'allait pas être une mince affaire. Absorbée qu'elle était par ses pensées, la jeune femme ne prêta guère attention à la remarque (nécessairement désobligeante) que lui adressa le factionnaire devant la porte de la cellule. Croyant probablement qu'elle l'avait ignoré, et par là même humilié, il lui saisit fermement le bras pour la tirer vers lui.

- Eh ! T'entends c'que j'dis ?

Agathe parvint à se contrôler, et à ne pas lui fracasser instantanément la mâchoire. Elle n'était peut-être pas très costaude, mais elle n'était pas non plus totalement démunie. Ceci dit, le regard assassin qu'elle lui lança suffit à lui faire baisser d'un ton. Il desserra même sa prise, et elle parvint à se dégager sans difficulté. En fait de son regard, c'était plutôt le bruit du loquet de la porte qui avait alerté l'homme. Peu désireuse de se trouver à nouveau dans les pattes du Capitaine, la femme prit la direction de l'escalier qui menait au pont, comme si rien ne s'était passé. Elle savait qu'elle aurait pu dénoncer le garde à son supérieur, mais qu'y aurait-elle gagné au juste ? Il aurait été légèrement puni, mais cela aurait fait naître en lui une certaine rancœur. Et qui pouvait dire ce qu'il pouvait en ressortir. Non, il valait mieux qu'elle endure, et qu'elle attende le moment propice.

Forte de cette conviction rassurante, elle prit la direction de la cabine dans laquelle elle s'enfermait en attendant d'avoir l'opportunité d'aller s'occuper du prisonnier. Elle nota au passage que Salem n'était pas à son poste. Ses deux assistants, eux, étaient bien là, mais nulle trace de l'érudit sur le pont. Des hommes étaient en train de charger des caisses de matériel, en prévision du départ proche. La conversation que la femme venait d'avoir avec Vardrin la rendait légèrement plus suspicieuse que d'ordinaire, et elle se demanda où avait bien pu passer son "maître". Faisant un crochet, elle vint se pencher au bastingage, et scruta la foule. Par pur hasard, elle le repéra qui revenait, se frayant un passage au travers de la masse de gens qui déambulaient sur les quais. Elle lui adressa un signe de la main qu'il capta, et auquel il répondit discrètement. Elle ne remarqua pas la silhouette capuchonnée qui, une centaine de mètres plus loin, dissimulée dans la multitude, la dévisageait attentivement.


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Dernière édition par Ryad Assad le Mer 29 Aoû 2012 - 21:17, édité 1 fois
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Derkos Vardrin
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Les bons crus font les bonnes cuites. EmptyMer 29 Aoû 2012 - 14:42
Déambulant sur le pont de son bateau en direction des quais où il espérait grappiller quelques informations supplémentaires sur l'invasion, cela faisait déjà quelques jours qu'il n'avait plus eu d'informations et il commencerait presque à s'ennuyer notre pauvre pirate. C'est à ce moment là qu'il tomba sur Kaerran, le visage fulminant grommellement dans sa barbe sur, citons-le : "ce foutu intendant qui va pas tarder à servir de bouffe à requin s'il continue à me faire chier comme ça". Après le petit rire moqueur de circonstances Derkos alla s'enquérir auprès de son second afin de voir ce qui le tourmentait ainsi , suivirent quelques rapides explications impliquant l'achat de nouveaux esclaves par Salem pour transporter les marchandises qu'ils avaient à charger dans le bateau pour un départ prochain. Chargeant alors son second de s'occuper de cette affaires avec quelques autres hommes présents à bord histoire d'éviter des frais inutiles supplémentaires puis ça occuperait ces hommes le temps d'un instant et leur ferait oublier qu'ils ne faisaient rien depuis maintenant presque deux semaines.

Descendant du navire pour marcher un peu sur la terre ferme et pourquoi pas grappiller quelques informations sur la suite des évènements pour lui et son équipage. Il n'avait plus revu Taorin depuis le dîner au Palais où les premières esquisses du plan d'invasion avaient été déssinées mais il avait entendu parler du rassemblement qui avait lieu devant les portes de la ville et de l'armée qu'il rassemblait, c'était là qu'il avait décidé d'aller. Mais à ce même moment il aperçut Salem qui revenait de la ville et c'est donc vers lui qu'il se dirigea, il remettrait sa petite escapade en dehors de la ville pour plus tard :

"Comme tu peux le voir je t'ai trouvé des gens pour remonter les caisses. Et pour les prochaines fois, quand il est question de faire des frais supplémentaires viens me voir directement, les autres apprécient moyen qu'on leur dise ce qu'ils ont à faire et je ne serais pas responsable si tu passe par-dessus bord quand nous serons en mer, même si je serais triste de perdre mon intendant et une des seules personnes capable de lire et écrire sur ce navire."

C'est alors qu'un gamin en haillons dépareillés débarqua d'un seul sans qu'on puisse savoir d'où il pouvait arriver un bout de papier dans la main et quelques pièces dans l'autre :

"Un message pour le Capt'ain Vardrin !"

Sans même qu'il ait pu poser la moindre question sur l'origine de cette lettre le petit était déjà reparti à toute vitesse. Le visage soucieux, Derkos déplia le papier, lisant rapidement son contenu :

Citation :
Devez prendre la mer demain, mission de reconnaissance Harondor. Bonne chance.

T.

Cours, précis, concis, ce message permit tout de même d'étaler un large sourire sur la face du Capitaine qui sentait le fourmillement familier d'un voyage proche le parcourir et une excitation bien connue enjoliver sa journée. Il se tourna alors vers Salem :

"Prêt pour ton premier voyage ? On part demain dès que nous serons prêts, et le plus tôt sera le mieux ! Il se tourna alors vers ses hommes, encore en train de charger les caisses, allez du nerfs les gars, demain on prends la mer, soyez prêts, Kaerran je veux les hommes rassemblés le plus vite possible !

L'effervescence qui accompagna l'annonce du Capitaine fut toute aussi impressionnante que l'ardeur dédoublée des marins qui commencèrent à charger plus vite encore les caisses de Salem, excepté Kaerran qui s'enfonça dans les ruelles de la cité, allant arracher les hommes de l'équipage à leurs douces activité pour être sur le qui-vive le plus rapidement possible.

#Derkos
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Ryad Assad
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Les bons crus font les bonnes cuites. EmptyMer 29 Aoû 2012 - 21:51
J'étais perdu dans mes pensées, songeant encore à la mise en garde inquiétante de mon contact, quand je vis la silhouette gracieuse d'Agathe se détacher sur le pont du navire. Elle avait l'air relativement détendue, et elle m'adressa même un salut de la main, signe qu'elle m'avait remarqué. Je lui répondis sans non plus en faire des tonnes, puis baissai la tête pour me concentrer sur la route, et surtout pour ne plus la voir. D'aussi loin, elle ressemblait encore plus à ma défunte épouse, et je devais dire que cette ressemblance avait quelque chose de...troublant. Or, il fallait que je garde les idées claires, que je reste concentré sur ma mission, et que je ne me laisse distraire pour rien au monde. J'en avais fait le serment.

Absorbé que j'étais, je ne vis qu'au dernier moment le Capitaine Vardrin qui s'avançait vers moi. Je marquai un bref temps d'arrêt, avant de le saluer d'un discret - mais surtout élégant - signe de tête. Je l'écoutai tranquillement, alors qu'il me mettait gentiment les points sur les "i". J'étais content de constater qu'il était un peu plus intelligent que ses hommes, et qu'il avait réussi à trouver une solution au problème sans avoir à me sermonner. Je gageais qu'il n'avait pas très envie de se séparer de moi, et ses propres mots me le confirmèrent. Le savoir était précieux à bord d'un navire, et il était toujours utile d'avoir un érudit à bord. On ne pouvait jamais savoir quand on allait en avoir besoin.

- Je comprrends tout à fait, Capitaine. La prrochaine fois, je passerrai dirrectement parr vous. Mais pourr ce qui est des trravaux de forrce, notamment en matièrre de charrgement, j'aurrais besoin de la coopérration de vos marrins. Vous comprrenez bien que je ne peux pas tout fairre tout seul pourr le seul plaisirr qu'ils ont à me voirr en peine.

Je haussai les épaules nonchalamment, comme si ces menus soucis ne me touchaient guère. Vardrin devait savoir que l'accueil que me réservaient ses hommes n'était pas particulièrement chaleureux, mais je n'espérais pas de changement avant un bon moment. Tant que je n'aurais pas cassé la figure de l'un d'entre eux, ils ne me reconnaîtraient pas à ma juste valeur. Et encore, car pour me reconnaître à ma juste valeur, il faudrait qu'ils s'y mettent au moins à trois. Je poursuivis, d'un ton toujours détaché :

- Cependant, j'apprrécie votrre bienveillance à mon égarrd, Capitaine, même s'il y a une chose que je ne comprrends pas...

Je marquai une pause calculée, et ajoutai sur un ton malicieux et mystérieux, un demi-sourire flottant sur mes lèvres :

- Pourquoi donc passerrais-je parr-dessus borrd une fois en merr ?

Il ne manquerait pas de s'interroger sur le sens de mes paroles. A l'instant où il allait répondre, un messager nous parvint porteur d'une missive. Il la transmit rapidement, puis partit en grande hâte, probablement à la recherche de la suite de son paiement. Je restai de marbre tandis que Vardrin déchiffrait en vitesse le contenu du billet, puis m'animai lorsqu'il revint à moi et à notre conversation. Je n'avais pas manqué de noter que le visage de mon interlocuteur, d'abord concentré, était désormais rayonnant. Et lorsqu'il m'en avança la raison, cela ne me surprit pas plus que ça. Qu'est-ce qui pouvait mettre de bonne humeur un Capitaine Pirate sinon que la perspective d'un départ imminent ? En l'occurrence, nous devions quitter Umbar le lendemain à la première heure.

Avais-je déjà eu l'occasion de naviguer, je ne m'en souvenais guère. J'avais peut-être déjà posé le pied sur un bateau un jour, mais je n'étais certes jamais parti pour une expédition d'une aussi longue durée. J'allais devoir faire preuve de sang froid pour m'adapter à cette situation nouvelle. Ceci étant, je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi nous partions avant tous les autres navires du port. De toute évidence, les préparatifs n'étaient pas terminés en ville, et de nombreux vaisseaux étaient encore en quête d'un équipage complet. Les troupes commençaient à peine leur entraînement. La guerre ne serait pas pour tout de suite, même si la rapidité était un facteur décisif. Je ne pus m'empêcher de m'en ouvrir à Vardrin :

- Puisque nous parrtons avant tout le rreste de la flotte, je suppose que nous ne parrtons pas avec des intentions hostiles...Aussi dois-je comprrendre qu'il n'est pas nécessairre d'installer les balistes ?

Je laissai le Capitaine distribuer quelques ordres supplémentaires - et remonter quelque peu le moral de ses troupes - avant de m'adresser à lui à nouveau.

- Je vais avoirr besoin de quelques hommes pour charrger des prrovisions pourr le voyage. Nous avons essentiellement fait rrentrer des choses non-consommables. A votrre avis, combien de jourrs devrrons-nous tenirr avant de pouvoirr nous rravitailler ?

Je ne connaissais rien à la navigation, mais j'espérais bien pouvoir deviner notre destination au nombre de jours avant la prochaine escale. Enfin, je n'étais pas dans la tête du Capitaine, car il pouvait toujours avoir une destination précise, mais avec un itinéraire particulier. Cependant, je devais rester dans mon rôle, et attendre bien sagement que les informations me parviennent d'elles-mêmes. Quand on s'est placé sous l'arbre, il n'est plus besoin de bouger pour cueillir les fruits. Ou quelque chose comme ça.


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Derkos Vardrin
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Les bons crus font les bonnes cuites. EmptyDim 2 Sep 2012 - 12:16
L'excitation qui venait de gagner le Capitaine ne lui fit entendre qu'à moitié ce que venait de lui dire Salem et il lui fallu bien une quinzaine de secondes, durant lesquels il regarda d'un oeil qui devait semblait des plus étranges son intendant, avant de pouvoir faire un lien entre ses paroles et leur situation actuelle :

"Inutile de charger les balistes, nous ne partons pas encore en guerre, une simple mission de reconnaissance. Il fit alors une petite pause, se souvenant de ce que lui avait dit Agathe, même s'il n'était pas convaincu rien ne lui coûtait de se montrer prudent, pour les provisions je pense qu'en embarquer pour deux semaines devrait nous suffire, j'ai pas l'intention de m'attarder non plus, les pirates ne sont pas toujours forcément les bienvenus dans les eaux gondoriennes."

Deux semaines, selon toutes probabilités leur rapide mission devrait être deux fois plus courte mais Derkos aimait bien voir large, on ne sait jamais ce qui peut arriver quand on est au large, puis moins Salem en savait et mieux c'était pour voir ce qu'il en était de sa "bizarrerie" évoquée précédemment par Agathe. Ils remontraient probablement la plupart des ports jusqu'à l'île quasiment désertique de Tolfalas, à l'embouchure de l'Anduin, puis redescendraient à leur point de départ, un voyage rapide à première vue même si quelques rapides escales dans des villes étaient à prévoir.

Au même moment plusieurs pirates du Pourfendeur, dont Kaerran le second et l'imposant, voire même gigantesque en fait, Vardan, sortirent des entrailles de la cité pirate, immédiatement Vardrin les héla :

"Vardan, prend les gars et chargez les caisses de bouffe pour le voyage, vois avec Salem ce que vous devez charger ou pas, c'est lui qui donne les ordres alors le mange pas ! Ajouta t'il avec un sourire moqueur en direction de l'intendant, Kae', avec moi, on doit se mettre au point pour la navigation !"

Immédiatement les hommes se séparèrent, la plupart se dirigèrent derrière Vardan dans la direction de Salem alors que, de son côté, Derkos remontait sur le bateau avec son second, les deux hommes allaient décider de leur plan de navigation et voir quel était le meilleur chemin à emprunter.

***

Les bons crus font les bonnes cuites. 20100919185941-bd1701a5

Vardan était ce qu'on pouvait communément appeler un monstre, meurtrier sanguinaire dès son plus jeune âge pour survivre il n'était l'esclave de personne et ceux qui avaient tentés de l'enchaîner s'en était très vite mordus les doigts, quand ils les avaient encore en tout cas. Il était une des plus grandes aides qu'avait eu Derkos lorsqu'il avait pris le contrôle du navire qui était devenu sien par la suite et depuis l'homme, ou la bête c'est selon, s'était montrée loyale envers le nouveau Capitaine qui lui avait lui même montré une confiance que peu lui avait montré auparavant et qui expliquait le fait que cela faisait maintenant si longtemps que Vardrin était le Capitaine respecté de son propre bâtiment, il avait su s'entourer des bonnes personnes. Et Vardan était une de ces bonnes personnes avec qui il était bon d'être ami.

Il se dirigeait donc vers l'intendant, l'homme chétif dont avait choisi de s'entourer le Capt'ain pour tenir les comptes, rien en particulier ne gênait notre guerrier chez Salem, tant que ce dernier ne lui cherchait pas de noises et ne lui volait pas sa ration de nourriture, il ne risquait rien avec le géant. Mais si il se trouvait que Derkos ne lui trouve plus d'utilité, ce serait à notre ami que reviendrait la tâche de faire disparaître l'homme en question, tâche dont se chargerait avec une froideur assez impressionnante le puissant guerrier. Fort heureusement pour tout le monde, personne n'était encore inutile à bord :

"Quel' caisses on s'doit d'charger à bord pour grailler M'ssire ? Vaudrait mieux êt' rapides si on veut dégager vit" fait de c'trou !"

Planté devant Salem, lui rendant une bonne trentaine de centimètre et autant de kilos, il attendait patiemment les ordres de l'homme qu'il avait face à lui, les quatre autres pirates qui l'accompagnait juste derrière lui. Tous suintait d'une excitation non dissimulée de reprendre la mer. Elle était leur meilleure amie et il ne se sentait à l'aise que lorsqu'il naviguait dessus, maîtres des océans qu'ils étaient.
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Ryad Assad
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Les bons crus font les bonnes cuites. EmptyMar 4 Sep 2012 - 1:23
Vardrin me fit peur pendant un moment, après que je lui eus posé la question sur les balistes. Il sembla perdu, et il me dévisagea avec un regard vide qui était sincèrement inquiétant. Au bout d'un temps qui me parut une éternité, il se décida finalement à me répondre, et je fus soulagé de voir qu'il avait encore toute sa tête. Une petite absence due à des pensées parasites, sans doute. Mais quelles pensées pouvaient être assez prenantes pour lui faire oublier les préparatifs du départ ? Excellente question, à laquelle je n'avais pas de réponse. Pas encore, tout du moins. Quoi qu'il en fut, sa réponse me parut satisfaisante. J'avais ainsi vu juste : nous ne partions pas en guerre. Une simple mission de reconnaissance. Cela allait me donner le temps de me préparer un peu plus, et de m'habituer à la vie en mer. Fort bien.

- Deux semaines de vivrres, c'est noté, Capitaine.

Mais ce n'était pas la seule chose que j'avais notée. Ainsi donc, nous nous rendions au Gondor, ou tout du moins dans les eaux sous leur contrôle. J'ignorais ce que cela pouvait signifier, car je n'étais pas expert en navigation, mais pour ma part, un bâtiment pirate naviguant dans les eaux d'un autre état ne pouvait être qu'une violation des frontières. A moins que la chose soit assez courante pour que l'on daigne fermer les yeux dessus. Ou à moins que Vardrin ait des contacts suffisants pour nous éviter d'être mis en pièces. Je fis un rapide calcul, à partir des cartes que j'avais en tête, et estimai qu'avec deux semaines de vivres, nous avions de quoi nous rendre à peu près dans n'importe quel port du Gondor. Cela ne me renseignait pas beaucoup, mais le Capitaine ne l'avait sûrement pas fait exprès.

C'est alors que le second du Capitaine, le délicieux Kaerran, fit son apparition. Il revenait de la Cité, accompagné par plusieurs hommes de bord, dont un monstre gigantesque qui pourrait sans doute me briser les os d'une seule main. Vardrin, efficace comme d'habitude, distribua les tâches à ses subordonnés. Il me confia la direction du groupe de Vardan, le géant, et je considérai un moment sa stature monumentale. Il serait sans aucun doute utile pour le chargement des cargaisons, et nul doute qu'il devait être efficace en cas de combat. Ne serait-ce que la peur qu'il pouvait inspirer à des hommes qui n'avaient pas suivi une formation militaire. Mais personnellement, il ne m'impressionnait pas. Il était sans doute plus coriace qu'un vulgaire pirate, mais guère assez pour inquiéter un soldat de l'armée de Rhûn tel que...eh bien, tel que moi.

Le géant s'avança tranquillement dans ma direction, se plaçant verbalement à mon service, mais faisant jouer habilement la différence physique qui existait entre nous. Je n'avais, semblait-il, pas de problèmes avec lui, et il aurait été fâcheux que nous en ayons un. La brute semblait calme, et je me doutais que ce n'était pas qu'une apparence. Un être tel que lui ne devait pas avoir besoin de s'énerver pour devenir dangereux, et il se dégageait de lui une aura de violence guère rassurante. En voilà un à qui Agathe ne chercherait pas de noises, au moins. Cette pensée me tira un sourire amusé, mais je me gardai bien de le laisser apparaître sur mon visage. Après tout, j'étais avec des êtres que je devais considérer comme inférieurs - en fait, pas besoin de me forcer pour être crédible -, et je ne devais pas me laisser aller à des démonstrations de sympathie inutiles. Il valait mieux qu'ils me détestent plutôt que de découvrir la vraie raison de ma présence ici.

Je levai les yeux vers le mastodonte qui se tenait face à moi, et nos regards se croisèrent sans ciller. Je lui répondis alors :

- Pas de messirre avec moi. Je suis le cambusier, rrien d'autrre. Mais vous avez rraison, nous devons nous dépêcher. D'ici la fin de la soirrée, nous devons avoirr charrgé de quoi nourrirr tout l'équipage pendant deux semaines. Nous trrouverrons le nécessairre chez un marrchand, non loin d'ici. Si vous voulez bien me suivrre.

Nous partîmes en direction de la ville, étrange cortège que je menais avec un détachement parfaitement feint. En réalité, il ne me plaisait guère d'être entouré par cinq marins de Vardrin. Cela réduisait considérablement ma marge de manœuvre, d'une, et cela me plaçait dans une situation de vulnérabilité au cas où le Capitaine ait envie de se débarrasser de moi, de deux. Bon, je dois dire que je faisais preuve d'un brin de paranoïa, car pour l'instant, j'étais plutôt protégé. Mais il valait mieux se montrer trop prudent que pas assez. Et pour préserver ma couverture, il fallait que je sois irréprochable. Je fis en sorte de ne pas éveiller l'attention des pirates, en ne leur adressant pas la parole pendant tout le trajet.

En nous voyant passer, les gens s'écartaient - principalement grâce à la présence de Vardan - ce qui nous facilita grandement la tâche, et nous évita d'être pris pour cible par d'éventuels brigands. Honnêtement, je me demande combien de gens me prirent pour un pirate d'importance en nous voyant. En effet, les cinq hommes s'étaient instinctivement placés autour de moi, en un arc de cercle protecteur. Comme si j'avais besoin d'une quelconque protection. En tous cas, s'ils estimaient, eux, que j'avais besoin de protection, c'était que je jouais bien le jeu. Cela me tira un sourire, qui disparut bien vite lorsque nous arrivâmes en vue du marchand de vivres.

Il nous fallut une bonne heure et demie d'âpres négociations qui mirent ma patience à rude épreuve, pour obtenir le meilleur prix. Je pense que Vardan joua là encore un rôle très important, car il semblait être encore moins patient que moi, et je suppose que son agitation incita le commerçant à nous faire un rabais, sans quoi nous aurions dû attendre encore longtemps. Je n'étais pas un expert, mais j'étais certain que nous ne manquerions de rien pendant les deux semaines à venir, c'était certain. Pas de variété dans les menus, certes, mais nous n'étions pas non plus dans une auberge. Je suppose que les marins étaient habitués à ce genre de nourriture, et ils ne firent d'ailleurs aucun commentaire.

Nous rentrâmes en portant - entendons-nous bien, je ne faisais pas partie de ceux qui portaient - les lourdes caisses de viande séchée, de biscuits de mer, et d'alcool. A voir la manière dont ils portaient les caisses, il n'était pas difficile de savoir laquelle de ces trois denrées leur tenait le plus à cœur. Nous arrivâmes bientôt au navire, qui fourmillait d'agitation. Visiblement, tous les marins étaient surexcités, pressés de partir. Notre arrivée était un signe positif qui rapprochait la date du départ, et visiblement cela leur plaisait. Pas de sympathie à mon égard, mais les cargaisons d'alcool semblaient les intéresser significativement.

L'embarquement de la cargaison se termina en début de soirée, alors que la nuit tombait sur la Cité du Destin. Je ne m'étais pas rendu compte que nous avions pris autant de temps pour ces préparatifs, et ce n'est que quand j'en pris conscience que je sentis la fatigue me gagner. Je n'appréciais guère de dormir dans un espace étriqué, à quelques mètres seulement des pirates, mais j'étais bien obligé de reconnaître que l'idée de m'allonger n'était pas déplaisante. L'intendance n'était pas compliquée, mais particulièrement rébarbative. Quand l'inventaire fut donc terminé, que les derniers documents furent consignés, je me laissai aller à un soupir de soulagement. Je me levai, laissant à mes assistants la charge de ranger les documents, et me dirigeai vers la chambre du Capitaine, gardée par un factionnaire. Sans même le saluer - je n'allais pas m'abaisser à cela - je lui déclarai :

- Vous dirrez au Capitaine Varrdrrin que l'embarrquement des marrchandises est terrminé. Nous pouvons parrtirr dès qu'il le souhaiterra.

Pas de bonjour, pas d'au revoir. Je partis comme j'étais venu, cap sur le coq. La plupart des marins étaient déjà en train de manger, profitant de leur dernier repas à terre. Je récupérai deux assiettes relativement appétissantes - mais il n'y avait rien d'autre, alors... - et pris la direction de ma cabine presque personnelle. Je frappai, par pure courtoisie, mais n'attendis pas d'autorisation pour entrer. Agathe était allongée sur sa couchette, les mains croisées derrière sa tête. Elle tourna la tête dans ma direction, et se leva vivement en voyant que j'apportais le repas.

- Je meurs de faim ! Vous tombez bien pour une fois.

Je me permis un petit sourire, et lui tendis son assiette. Après s'être fendue d'un "bon appétit" presque incongru à bord d'un navire pirate où régnait l'impolitesse, elle commença à manger avec autant de dignité qu'il était possible d'avoir dans un espace si exigu. A cet instant précis, ma situation était particulièrement difficile. Face à une personne qui ressemblait fortement à ma défunte épouse, dans un espace aussi réduit, il était impossible qu'elle ne remarque pas mon regard insistant, et le fait que je ne mangeais pas. Elle leva la tête, et jugea le moment opportun pour me poser la question que je ne voulais pas qu'elle me pose :

- Pourquoi m'avez-vous acheté, au juste ?

- Vous ne m'appelez pas "maîtrre" ?

- Ne faites pas l'imbécile, ça vous va trop bien.

Je lâchai un soupir résigné, et m'apprêtai à répondre, quand je me souvins des avertissements de mon contact. Il m'avait mis en garde contre Agathe, et il m'avait annoncé sans détours qu'il se débarrasserait d'elle si elle venait à m'entraver dans ma mission. Que se passerait-il si je venais à lui révéler la vraie raison pour laquelle je l'avais achetée ? Elle commencerait à creuser un peu plus dans mon passé, et elle risquait de trouver quelque chose de compromettant. Et je ne voulais sincèrement pas qu'elle meure. Surtout pas par ma faute, ma bêtise.

- Eh bien ? Insista-t-elle devant mon trouble évident.

- Je prréfèrre ne pas en parrler...

- Ça je le vois bien, mais vous ne pensez pas que j'ai au moins le droit de le savoir ? Allons...nous ne sommes que tous les deux, et personne n'en saura rien...

Je ne répondis pas, mais commençai à manger. J'avais envie qu'elle se taise, qu'elle arrête d'en rajouter, mais dans le même temps je brûlais d'envie de lui expliquer le pourquoi. Mais une fois que je l'aurais fait, qu'en penserait-elle ? Qu'elle n'était qu'une manière pour moi de voir de nouveau Samia ? L'accepterait-elle ? J'avais bien peur que non. Je terminai mon assiette rapidement, et m'allongeai sur mon lit, partagé, mais pas décidé à parler. Elle revint à la charge, chaque fois un peu plus proche :

- Dites-moi, Salem...Vous avez de la famille ?

- Bonne nuit, Agathe.


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