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 Il sonne pour toi

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Nivraya
Assistante de l'Intendant d'Arnor
Nivraya

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Rôle : Double compte de Ryad

~ GRIMOIRE ~
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyLun 12 Mai 2014 - 14:12
Vingt-quatre heures se sont écoulées depuis l'attaque. Vingt-quatre heures pour le moins étranges dans le quotidien d'ordinaire très tranquille de la Chambre. Après tout, ce n'est pas tous les jours que la jeune noble d'Arnor, guère plus qu'une juriste mariée à un aristocrate en fin de compte, est impliquée dans une course pour empêcher un coup d'Etat, agressée physiquement dans la rue par des inconnus, et obligée d'accueillir dans le plus grand secret des individus plus que louches censés contribuer à la révélation des agissements de l'OCF au grand jour. Beaucoup de changements et de dangers dans le quotidien d'une femme plutôt concernée par la conservation de son pouvoir, et par le maintien de sa position sociale. Le risque, quand on appartient à la noblesse, n'est pas quelque chose de positif, contrairement aux bourgeois qui tentent par tous les moyens de s'élever. On peut toujours reconstruire une fortune, même à l'échelle d'une vie humaine, mais la réputation d'une famille peut mettre des siècles à se redresser d'un mauvais calcul politique. Les Gardelame pourraient être dépossédés de leur pouvoir, si d'ordinaire elle venait à commettre la moindre erreur, et le poids de cette responsabilité pèse comme une armure de plomb sur ses frêles épaules. Allongée dans son lit, seule dans la pièce qui lui est réservée, et qu'elle peut appeler chambre sans majuscule, elle ferme les yeux et essaie de méditer sur les derniers événements en date, qui n'ont rien de rassurant.

Au premier chef, en dépit de son caractère trivial, elle peut citer son agression. C'est la réaction des aventuriers, et celle de Freyloord surtout, qui lui a fait prendre conscience de ce à quoi elle a échappé presque par miracle. Les voir s'affairer ainsi autour d'elle, le regard inquiet pour sa santé ou préoccupé par les conséquences possibles de cet acte brutal, a eu le don de lui remettre les pieds sur terre, et de lui faire prendre conscience des risques réels et concrets de son engagement en faveur d'Aldarion. Elle se souvient encore très bien de l'application du nordique lorsqu'il s'est empressé de bander la plaie superficielle mais incroyablement nette. Elle se souvient encore très bien de sa crispation en sentant le tissu rêche et sec frotter contre sa chair à vif, et le frisson involontaire en sentant l'eau glacée couler sur sa peau nue pour en retirer le sang frais. Pas un travail de docteur en la matière, mais le mieux qu'il a pu faire avec le peu de moyens de temps à sa disposition.

- Vous avez fait merveilleusement avec le peu à votre disposition, maître Njall, et je vous en remercie.

Ses paroles pleines de sincérité et de douceur tranchent avec le ton parfois hautain ou sarcastique qu'elle peut utiliser de temps en temps. Néanmoins, nul faux espoir du côté du valeureux nordique, dont les mains sont désormais couvertes d'un liquide chaud et rouge. Sa blessure ne lui a pas fait décrocher un sourire pour autant, et son expression est toujours aussi inflexible. Bien que bandée et sortant d'une agression, elle paraît garder la maîtrise de ses nerfs, comme si la situation ne lui était pas particulièrement étrangère. Derrière cette façade aristocratique et distinguée, il n'y faut pas voir une faible femme attendant d'être séduite et protégée par le premier chevalier galant venu - en atteste l'alliance qu'elle porte à son doigt. A mesure qu'on en apprend sur elle, on découvre que son caractère est bien plus complexe à saisir qu'il y paraît, et que derrière ses manières impeccables, son éducation parfaite, elle semble cacher de lourds secrets. Lesquels doivent absolument rester enfouis, c'est certain, mais les situations extraordinaires ont tendance à faire resurgir la nature véritable des individus, hélas...

Explorant un peu plus ses souvenirs, elle poursuit son aventure mentale pour remonter jusqu'à l'intervention d'Adaes, et sa surprise en découvrant le plan souterrain de la cité. Son esprit de militaire, impossible à cacher malgré l'apparence rustre qu'il se donne, a alors immédiatement repris le dessus, et ses yeux ont parcouru le document avec une attention soutenue, comme un général observe le champ de bataille pour déterminer la meilleure stratégie. Ses compliments, étrangement, ont fait chaud au coeur de la jeune femme étendue sur le dos. Au moins, elle a réussi à ramener une information de valeur, récupérée auprès d'un des personnages les plus puissants du royaume, en qui elle a eu raison de placer sa confiance. Et réciproquement, car même en sous-nombre face à des individus armés et visiblement déterminés, elle n'a pas eu un seul instant la tentation de leur révéler ce qu'elle avait récupéré de l'entretien. Peut-être parce qu'au fond, elle a la certitude bien établie que Freyloord est capable de continuer son oeuvre sans elle, et qu'il aurait pensé à chercher dans le sceptre.

En parlant de Freyloord, comme à son habitude, c'est lui qui s'est montré le moins disposé à la conversation. Devant la menace faite à sa dame, son esprit protecteur a repris le dessus immédiatement, en même temps qu'une certaine forme de culpabilité face aux événements. Après tout, c'est probablement son absence qui a donné l'opportunité à ces malfrats de s'en prendre à Nivraya. Quelle idée de laisser une femme sortir seule à cette heure tardive, par les temps qui courent ? Sauf que cette femme n'est pas comme les autres, et que sa force de caractère et de conviction font souvent oublier la réalité. Douée pour établir des plans, géniale pour contrecarrer les tactiques les plus élaborées, elle n'a pas toujours conscience des obstacles les plus simples : une paire de tueurs engagés pour la poignarder anonymement dans la rue. Heureusement qu'elle est plus que ça. Devant le masque d'inquiétude de son homme-lige, et l'interrogation des aventuriers qui semblent partagés entre le "que s'est-il passé ?" et le "comment se fait-il que vous soyez encore là ?", elle a consenti à leur donner des explications détaillées, tout en éludant les passages non nécessaires à la compréhension de l'histoire :

- Je suis allée voir une personne en qui nous pouvons avoir toute confiance, et j'ai reçu de sa part ce document. Mais de toute évidence, on l'a placé sous surveillance, et j'ai été pistée par deux hommes. Je... Je ne pense pas qu'ils voulaient me tuer spécialement, mais seulement me questionner. Ils ont voulu m'enlever, mais je me suis débattue, et l'échauffourée a dégénéré. J'ai réussi à les mettre en fuite, et le reste vous êtes au courant...

Avec un brin de gêne, elle se remémore le "aïe" étouffé qu'elle a produit en touchant son nez meurtri duquel dépasse encore un morceau de tissu destiné à arrêter la coulée de sang. La gifle magistrale qu'elle a reçue a mangé la moitié de son visage, et elle a cru s'être brisé quelque chose tant elle a eu mal. C'est comme si on l'avait prise par les épaules, et secouée d'avant en arrière jusqu'à ce qu'elle perde complètement la notion d'espace, jusqu'à ce qu'elle en oublie même son propre nom, seulement concentrée sur la douleur terrible, et sur le moyen d'y échapper. Heureusement que ce n'a pas été un coup de poing, sans quoi son visage aurait pris une affreuse teinte violacée, immonde et ignoble.

S'en est suivi une série de décisions prises entre les six personnes présentes dans la pièce, au nombre desquelles l'alitement forcé de la jeune femme. Le poids de Freyloord dans la décision finale a été indéniable, et par son seul charisme il a réussi à contrer tous les arguments qu'elle lui a opposé, se contentant de hocher la tête négativement comme un père patient devant une enfant récalcitrante et capricieuse. Finalement vaincue, elle a accepté de mauvaise grâce de rester à demeure et d'envoyer son homme-lige avertir qui de droit de ce qui lui était arrivé. Rendre public l'agression dont elle avait été victime a semblé la solution la plus intelligente pour repousser d'autres tentatives. Et cela lui permet également, en cas de besoin, de faire passer les quatre aventuriers pour des gardes du corps supplémentaires. Il faut simplement espérer que personne ne se montrera trop regardant quant à leur identité, sans quoi il pourrait apparaître que cette compagnie bien hétéroclite est arrivée en ville quelques heures auparavant son attaque.

Laissant les guerriers à leurs occupations militaires, Nivraya a donc regagné sa chambre, et c'est là qu'elle se trouve désormais, seule avec ses pensées, et avec le temps nécessaire pour déployer sa formidable intelligence tactique, et sa roublardise à peine refoulée. Dans sa tête bien pleine, elle reconsidère toutes les options, et essaie de définir la meilleure possible pour favoriser le succès de la mission du Roi. D'après ce qu'elle en sait, le couronnement a lieu le lendemain, et il est marqué par une sécurité renforcée. Les rues de la ville sont probablement d'ores et déjà parcourues par des gardes attentifs, conscients que s'il arrive malheur au Prince, leur honneur risque d'être terni de manière définitive. On a déjà vu des officiers quitter l'armée, rongés par la culpabilité. Même de jeunes guerriers à l'avenir tout tracé et aux cheveux blancs. Du fait de l'enjeu, la détermination des soldats risque d'être au plus haut niveau, proportionnellement inverse à leur capacité à entendre les affaires politiques complexes. Dans le meilleur des cas, s'ils tombent sur les quatre aventuriers, ils peuvent les arrêter, les retenir le temps du couronnement, et ensuite écouter ce qu'ils ont à dire. Dans le pire des cas, ils les tuent sans sommation, invoquant en cela le caractère exceptionnel de la situation. Cela exclut donc toute action individuelle, car la réussite de leur opération dépend de leur capacité à arriver ensemble au pied du beffroi. Le succès d'un seul des membres ne suffirait pas à leur assurer la victoire.

Trouvant finalement la force de se relever, peut-être tirée du lit par l'appel du dîner que son estomac réclame bruyamment, elle noue ses cheveux en une élégante queue de cheval qui dégage son visage légèrement marqué par l'affrontement de la veille, et s'enveloppe dans une robe de chambre de belle facture, d'un bleu sombre. Son regard croise le miroir posé face à sa commode, et elle s'arrête sur son visage un instant. Elle a les traits tirés et la peau pâle, conséquence de sa perte de sang et des émotions par lesquelles elle est passée. Toutefois, elle est loin d'avoir l'air faible et vulnérable, et on lit dans ses yeux d'un vert absinthe l'immensité de la volonté de cette jeune femme, blessée dans sa chair mais inflexible dans son esprit. Inspirant profondément, et essayant de garder une attitude digne, elle s'empare du sceptre qui symbolise sa fonction, et le caresse presque tendrement. L'addiction au pouvoir dans sa plus pure expression. Quittant la pièce, elle pénètre dans ce qui sert de salon, et salue de la tête les quatre aventuriers, les interrompant en pleine conversation. Ils sont probablement en train de revoir leur plan d'action pour s'emparer du beffroi dont les marches étroites et les différents paliers à franchir constituent la principale difficulté. A moins qu'ils soient en train de faire connaissance, pour savoir comment livrer bataille contre des hommes entraînés, qui auront l'avantage du nombre sitôt que les renforts seront arrivés. Ou peut-être qu'ils sont en train de peaufiner leur connaissance du plan donné par l'Intendant. En effet, Nivraya leur a ordonné de ne pas l'emporter, car s'il venait à être perdu au cours de l'opération, il pouvait tomber en de mauvaises mains, et mettre en danger la sécurité de la famille royale. Il sont des secrets qui doivent rester cachés aux yeux mal intentionnés.

- J'apprécie votre prévoyance, lâche-t-elle en voyant leurs armes de guerre.

En effet, ce n'est pas de simples couteaux de bandits dont ils vont avoir besoin pour l'emporter, mais bien de matériel plus sophistiqué. L'effet de surprise peut assurément leur donner l'ascendant pour s'emparer de la tour, mais le plus compliqué risque d'être d'en sortir en vie. Dans la confusion qui suivra l'annonce du retour du Roi, les troupes fidèles au Prince risquent de paniquer, et de tout tenter pour reprendre le contrôle de la situation, quitte à éliminer des hommes qui ont déjà rempli leur mission.

- Rappelez-vous que vous devez arriver au beffroi juste avant qu'ils ne sonnent les cloches, pour qu'ils n'aient pas le temps de réagir. Et souvenez-vous que trois personnes sont nécessaires pour faire résonner la grande cloche, la seule capable de prévenir toute la ville en même temps. Dix coups à donner, pas un de plus, pas un de moins.

Elle s'immobilise pour réfléchir, cherchant quoi ajouter pour ne rien oublier, agissant comme si la moindre information pouvait augmenter significativement leurs chances de succès. Ce qui, incidemment, est le cas. Ses réflexions sont interrompues par le bruit de la porte extérieure qui s'ouvre, laissant passer l'immense silhouette de Freyloord, les bras remplis de nourriture. Il fait déjà nuit noire, bien qu'il ne soit guère tard, et le vent frais qui s'engouffre dans la pièce glace la jeune femme jusqu'à l'os, la forçant à refermer ses bras autour d'elle. Pendant un bref instant, on dirait qu'elle va défaillir, mais elle tient bon et se redresse fièrement sitôt que le battant s'est refermé. Le colosse lance un regard contrarié à la noble, comme pour lui dire "vous deviez rester allongée", auquel celle-ci par un regard profond et calme, signifiant "nous avons des choses plus importantes à faire que rester allongés".  L'échange silencieux s'achevant, Freyloord s'empresse de déposer les repas qu'il est allé chercher dans une taverne non loin, comme il en a l'habitude :

- Voilà pour vous. Prenez des forces, vous en aurez besoin.

Son ton paternel a quelque chose d'apaisant avant la bataille, mais certainement pas autant que la vue du magnifique gigot qu'il est allé chercher. La pièce de viande, délicieuse à voir et à sentir, trouve rapidement un chemin dans leurs assiettes, accompagnée d'un bon vin pour faire descendre le tout. Elle est cuite à merveille, trempée dans une sauce parfumée, et servie avec un assortiment de légumes, dont certains sont assez rares pour la saison. Le luxe de leurs assiettes contraste de manière terrible avec le sordide de la mission qu'ils vont devoir accomplir. Le voir comme un dernier honneur avant de les envoyer vers une mort certaine n'aurait pas été exagéré. A ceci près que Nivraya n'a pas l'intention de les voir échouer, et qu'elle fonde tous ses espoirs sur leur réussite. Les mots sont rares désormais, économisés comme s'ils étaient une denrée précieuse. Freyloord pose une main chaleureuse sur l'épaule de Shaïa et de Thorondil, avant de lever les yeux vers la noble :

- Des nouvelles de... ?

- Aucune, tranche Nivraya avec rudesse.

De toute évidence, la question que l'homme-lige s'est apprêté à poser est délicate, et son interlocutrice n'a pas particulièrement envie d'y répondre. Peut-être parce qu'au fond d'elle-même, elle craint le pire. En tout cas, elle dissimule merveilleusement ses émotions derrière un masque de neutralité aristocratique qui peut parfois être insupportable, mais qui en l'occurrence semble révéler une part de fragilité... quelque chose de rare chez la dame. Changeant brutalement de sujet, elle  relance :

- Que dit-on en ville ?

- Des rumeurs circulent. On dit ici ou là que les troupes de Vilyan sont stationnées en dehors de la ville, et qu'elles arborent l'étendard d'Aldarion. Les avis sont partagés. Certains ont peur qu'on conteste la légitimité du Prince. D'autres se rappellent du tribun Derulan, et s'interrogent, mais loin des oreilles des gardes.

Nivraya est impressionnée par son Roi. Avec beaucoup d'intelligence, il a choisi de se positionner suffisamment près d'Annùminas pour faire parler de lui, tout en ne prenant pas le risque d'attaquer de manière frontale la cité. Pour l'heure, il doit attendre un faux pas de la part des hommes de l'Ordre, qui risquent de perdre leur sang-froid. Si le peuple est partagé, les choses peuvent être gérées de manière politique, et la roture ayant une tendance naturelle à oublier les éléments dérangeants, il n'est pas difficile de penser à un plan pour occulter "l'anecdote Vilyan". La véritable question reste celle de la légitimité de l'armée. Pour l'Ordre, ne pas envoyer de troupes à la rencontre de l'étendard royal est suspect. Mais qui envoyer ? Un général fidèle à Aldarion reviendrait en rapportant que ce dernier est en vie. Un général fidèle à l'OCF prendrait le risque inconsidéré de se présenter à visage découvert à son Roi... au risque de le payer très cher par la suite. La jeune femme ne sait trop quoi penser de tout ceci, et de toute évidence les quatre aventuriers sont en train de tirer leurs propres conclusions, en train de mesurer la portée de ces nouvelles.

- Restons concentrés, rappelle la noble avec fermeté, mais sans méchanceté. Si Tar-Aldarion se trouve aux portes d'Annùminas, nous sommes la clé qui lui permettra de reprendre sa capitale. Rien ne doit nous détourner de la mission qui nous a été confiée.

Son ton solennel est peut-être trop théâtral pour certains, mais la situation mérite de faire preuve de sérieux, et elle est parfaitement consciente que son avenir risque de se jouer dans les prochaines heures. Si elle a parié sur le bon cheval - avec tout le respect dû à Sa Majesté, bien entendu -, elle sera récompensée à la hauteur de ses espérances, et probablement plus encore. Une motivation suffisante pour quiconque, mais particulièrement pour elle. En revanche, si ce sont les partisans du Prince qui l'emportent, la vengeance des hommes de l'Ordre risque d'être sans merci. Dès qu'elle ferme les yeux, elle voit le domaine familial brûlé, pillé, saccagé... Son mari exécuté publiquement, les domestiques torturés pour l'exemple, les bêtes éventrées, les récoltes anéanties, les tableaux qu'elle peint déchirés, les jardins qu'elle aime tant cisaillés, les livres qu'elle collectionne jetés au bûcher. Une vision d'horreur qu'elle préfère écarter en gardant l'oeil alerte, et en repoussant le sommeil.

Laissant chacun à ses pensées et à ses conversations, elle s'installe dans un fauteuil pour y manger sa part, avec un flegme très aristocratique. Elle pique sa fourchette dans la viande, porte le morceau à sa bouche, et le mâche lentement. "Incroyable comme le goût des choses change quand on les mange peut-être pour la dernière fois", se dit-elle soudainement. Elle dévore son repas, tout en faisant la liste mentale de tout ce à quoi elle tient particulièrement, et qu'elle n'aura plus l'occasion de goûter si sa vie part en cendres le lendemain. Les pommes de terre grillées, les carottes, les poireaux... le pain chaud, sorti du four du boulanger, le goût sucré des tartes aux poires, celui de l'alcool de poire, aussi. L'odeur des arbres fruitiers, la couleur des fleurs quand revient le Printemps, la caresse du vent frais par une chaude journée d'été, le picotement de l'hiver quand on sort de chez soi... la Chambre, l'odeur et la texture des vieux livres, la douceur du papier sous les doigts, la couleur de l'encre à la lueur d'une bougie... le calme d'un bureau isolé quand se déchaîne la tempête au dehors, le rugissement de l'orage qui déchire le ciel, le rire des enfants de son domaine qui courent après sa calèche, le souffle puissant des chevaux, le brillant d'une armure polie avec soin, Justar...

Mille morceaux.

L'assiette qu'elle a tenu en main, et fort heureusement vidée de son contenu, vient de quitter ses doigts subitement, et de se fracasser sur le parquet en mille morceaux. Combien de temps s'est écoulé depuis qu'elle est partie dans ses pensées ? Impossible à dire. Les regards se tournent vers elle, et elle a brutalement l'impression qu'ils percent son armure. Pendant un instant, il est vrai, un éclat d'inquiétude traverse son regard, avant d'être remplacé par le masque de la noble supériorité, la condescendance affichée et justifiée par son statut. Elle se lève sans prévenir, et s'éloigne des éclats, comme s'il s'agissait du corps d'une personne décédée qu'elle ne voulait surtout pas toucher. Incapable de trouver quoi que ce soit à leur dire, considérant que "bonne nuit" est trop banal, "désolée" trop pitoyable, et "nettoyez-moi tout ça" trop agressif, elle se replie dans sa chambre sans rien ajouter, les laissant décider comment ils voudraient passer leur dernière nuit de sommeil avant le grand jour.

Plongeant dans ses oreillers comme une enfant désespérée, Nivraya ferme les yeux, et essaie de convoquer une image positive à son esprit, sans être capable d'y arriver. Le poids de ce qu'elle s'apprête à faire, à savoir s'opposer à toute une ville pour la sauver d'une tyrannie, s'efface en comparaison d'un autre poids plus important : le risque de perdre ceux auxquels elle tient, à commencer par son mari.

- Mais qu'ai-je fait, Justar ? Qu'ai-je fait ?


~~~~


Le soleil n'est pas encore levé, mais les hommes oui. Dans La Chambre, on ne perçoit aucune parole, simplement le bruit de frottement des cuirasses, le cliquettement des pièces métalliques, le crissement des épées que l'on vérifie une dernière fois. Deux groupes se font face : d'un côté, Nivraya et Freyloord, la première a retrouvé quelques couleurs, et semble en meilleure forme que la veille au soir, bien qu'elle ne soit pas plus détendue, au regard de ce qui les attend. Le second, quant à lui, est égal à lui-même, imperturbable. C'est probablement le plus serein de tous, et en cet instant, tout le monde doit regretter qu'il ne participe pas à l'opération. Nivraya comprise. En face, les quatre compagnons, voyageurs, aventuriers, et si les Valar le veulent "sauveurs du royaume". La jeune femme sent qu'elle doit dire quelques mots, et se lance avec tout le naturel du monde, dissimulant bien son malaise :

- L'heure est arrivée. Vous avez entre vos mains le destin de ce royaume, et il ne vous est pas permis d'échouer. Pas quand tant d'espoirs reposent sur vos épaules. Je vous en conjure, fils ou amis de l'Arnor... revenez vainqueurs.

Elle s'approche de chacun d'entre eux, et leur prend la main avec ferveur, comme pour leur transmettre physiquement la confiance immense qu'elle place en eux. Le temps leur est désormais compté. Quelques heures seulement les séparent de la cérémonie, qui doit prendre place en milieu de matinée, et ce temps précieux leur appartient. A eux de l'utiliser au mieux pour remplir leur mission, qu'importe le danger, l'adversité, qu'importent les souffrances ou les peurs. Les abandonnant à la froideur du dehors, les laissant disparaître au coin d'une ruelle pour rejoindre l'entrée secrète du souterrain, elle s'éloigne d'un pas mesuré pour rejoindre sa chambre. Le calme revenu, il lui appartient désormais de se préparer pour le couronnement. Elle passe prudemment la main sur le bandage neuf qui entoure sa hanche, et jette un coup d'œil au petit poignard qu'elle a dû utiliser la veille pour se sortir de ce mauvais pas. Cette fois encore, elle devra l'emporter, et se tenir prête au milieu de la foule des nobles à agir si la situation l'exige... en espérant sortir vivante d'un éventuel affrontement.


~~~~


Au moment où les quatre aventuriers sortent du souterrain, couverts de poussière, la surprise est de taille. Devant eux se dresse un bâtiment de taille modeste, une auberge très commune et pour l'instant vide de gens. De toute évidence, ils se sont trompés... Trompés de sortie, trompés de passage, ils ont peut-être manqué un embranchement, ou bien c'est la carte qui n'est pas fiable. Toujours est-il qu'ils ne sont pas au bon endroit, et que les cloches peuvent sonner d'une seconde à l'autre. En levant la tête, ils peuvent apercevoir, quelques centaines de mètres derrière l'auberge, le sommet du beffroi qui surplombe le quartier. Désormais, le temps leur est compté, et pour accomplir leur mission, ils doivent franchir les deux cent mètres de ruelles qui les séparent de l'édifice, et neutraliser les gardes qui se trouvent là, avant qu'ils n'aient le temps de sonner le couronnement du Prince, sans quoi, les griffes de l'Ordre se refermeront sur eux impitoyablement.

_______

HRP : J'ai fait un peu avancer la situation, pour vous permettre d'arriver directement aux combats, mais n'hésitez pas à décrire de votre point de vue tous les passages que j'ai éludés Wink.
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Aldarion
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyMar 13 Mai 2014 - 11:28
Il sonne pour toi - Page 2 Aeldon11

Aeldon fixait le lointain, le regard perdu. L'heure du couronnement approchait, l'heure du triomphe et de la vengeance. Cependant, il faudrait par après se débarrasser des gêneurs afin d'assurer définitivement la victoire d'un nouvel ordre pour l'Arnor. Face aux remparts sur lesquels il se tenait, l'un d'entre eux paraissait bien décidé à venir jouer les fauteurs de trouble. Depuis la veille, un campement militaire était dressé sur la plaine d'Annuminas. A la tête de cette bande, le tribun militaire Vilyan, un homme droit et intègre qui avait l'immense défaut de ne pas être corruptible.

" Il vous inquiète ?"

Le tribun militaire Aeldon Dondos fit volte face pour diriger son regard vers son interlocuteur.

Il sonne pour toi - Page 2 Luorn10

Luorn Hoest n'était pas vraiment convaincu par les théories fumeuses de l'Ordre tout comme Aeldon doutait des intrigues de son interlocuteur. Cependant, Hoest était de plus en plus las de la politique autoritaire d'Aldarion. Il représentait la noblesse et il tenait à conserver ses privilèges. Si cela passait par un changement de régime, il était tout à fait disposé à faire quelques compromis.

"Il ne m'inquiète pas en lui même. Son armée m'inquiète bien davantage... S'il entre dans la ville, il pourra aisément surpasser ma garde en nombre. Les gardes du Lac risquent d'être divisés entre les deux tribuns militaires..."

Luorn Hoest balaya l'idée d'un revers de la main.

"Cela provoquerait un bain de sang, des pertes parmi les civiles... Vilyan est trop noble pour s'abaisser à ça. Il ne fera rien, il attend désespérément le retour de son Roi."

Un sourire mauvais s'afficha sur le visage d'Aeldon.

"Il peut toujours attendre... Sellig veille à ce que cela n'arrive pas. Néanmoins, nous ne devons pas lui permettre d'entrer dans la ville."

Luorn secoua la tête en signe de désapprobation. L'ensemble du plan reposait sur la légalité de façade de la procédure. Toute entorse aux lois d'Arnor offrait une brèche aux contestataires, il fallait à tout prix respecter les règles.

" Vilyan a été élu tribun militaire. Le Roi est mort et un nouveau Roi va monter sur le trône. Il est normal qu'il vienne lui rendre hommage. Il est également normal qu'il vienne mettre son armée à son service. Le peuple ne comprendrait pas que vous lui refusiez l'accès à la ville."

Aeldon n'aimait pas du tout ça, il avait le sentiment d'introduire beaucoup trop d'inconnues dans l'équation.

" Il est l'heure Aeldon, il est temps pour nous de rejoindre le Palais."

***

Quelques secondes d'hésitations, longues, très longues. Puis, enfin, la lourde grille des portes de la cité s'était soulevée doucement. Les cavaliers qui formaient la tête de la longue colonne étaient passés au pas, rapidement suivis par le reste des troupes. Devant Vilyan son héraut avançait, présentant à la population ce nouveau venu aux intentions difficiles à cerner.

"Place pour le Seigneur Vilyan d'Evendim, Tribun Militaire du Royaume d'Arnor."

Ils traversèrent la ville en quelques minutes, arrivant sur la place face au Palais. De part et d'autre, contenant la foule, la Garde du Lac semblait nerveuse. Des archers avaient pris place sur les toits, prêts également à intervenir en cas de problème.

Les cloches allaient sonner, le Prince se présenterait à la foule et, à ce moment là, Vilyan pourrait présenter ses hommages.

#Aeldon #Vilyan #Luorn


Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes.
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Thorondil
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyMer 21 Mai 2014 - 16:52
[Après 4 jours de maux de tête Thorondilesque, je m'excuse si vous trouvez des tournures bizarres dans mon texte. J'ai essayé de relire un maximum mais rester trop longtemps devant l'ordi m'est encore un peu difficile donc, si vous voyez des coquilles ou autres, n'hésitez pas à me le dire que je corrige.]

Après avoir exposé l'ébauche de plan qui les avait menés jusqu'ici, Thorondil resta relativement silencieux, ne se contentant que d'acquiescer à quelques remarques par de faibles grognements même lorsque le géant répondit directement à sa demi-question. Il profitait de la tranquillité des lieux tant qu'il le pouvait encore... les prochains jours risquaient d'être bien agités, et terriblement dangereux. Mais il était loin de se douter quand et surtout comment cette tranquillité allait être perturbée.
Leur hôte, échevelée, sous le choc et maculée de boue et de sang, avait fait une étonnante entrée dans la pièce, s'écroulant dans les bras de son serviteur venu lui ouvrir. Mué par leurs réflexes, chacun des invités réagit dans la seconde. Tandis que le colosse se précipitait pour amortir la chute de son employeuse, le fauconnier tira Sûliavas de son fourreau dans un sifflement métallique. Il était déjà à mi-chemin de la porte encore ouverte quand Freyloord claqua le battant de bois, l'obligeant à reculer. Sans rechigner, l'orientale et lui entreprirent de sécuriser le bâtiment, fermer tous les volets et vérifier d'un coup d'œil l'extérieur tandis qu'Adaes et le lossoth soignaient la pauvre femme. Dehors, tout semblait calme, Nivraya avait visiblement réussi à semer ses agresseurs. Cela mettait Thalion hors de lui. Il avait beau ne pas spécialement porter la noble dans son cœur, il y avait une règle primordiale dans son code d'honneur : on ne s'attaquait pas aux femmes, jamais, sauf en cas d'extrême nécessité. Ceux qui s'en étaient pris à elle étaient des lâches ! Il aurait rêvé tâcher Sûliavas de leur sang. Un autre regard vers la noble lui fit prendre conscience de la situation. A peu de chose près, ils l'auraient retrouvée à demi-morte dans un caniveau le lendemain ou plus tard encore. Son visage tuméfié et la longue estafilade en disaient long sur la violence de l'agression et sur l'instinct de survie qui avait poussé la victime à se débattre. Le poing de l'homme se serra à s'en blanchir les jointures sur le pommeau de son arme.

Enfin, tout le monde fini par se réunir autour du sceptre de la jeune femme. Le plus vieux en sortit alors le sésame pour la réussite de leur mission, un plan souterrain de la cité d'une grande précision et d'une complexité de labyrinthe. Avec un tel atout en manche, ils réduisaient les risques de moitié au moins. Le fauconnier lança une œillade impressionnée à la noble encore allongée. Comment avait-elle pu se procurer un tel document ? Sur cette question, il rengaina son épée et s'installa en face pour l'étudier.

Après un temps, Nivraya consentit à expliquer dans les grandes lignes sa mésaventure et par là même, encore plus vaguement, comment elle avait réussi à obtenir la carte. Finalement, contrairement aux craintes de Freyloord, ils avaient des alliés dans la cité. Pas du genre à intervenir de leurs mains, mais n'était-ce pas pour cela qu'Aldarion les avait recrutés eux ? Après cela s'en suivit un débat houleux entre les deux habitants des lieux pour obliger la blessée à se reposer.


Une journée entière s'écoula lentement. Les envoyés d'Aldarion purent se reposer enfin tandis que la maîtresse des lieux se remettait - de fort mauvaise grâce - de son agression et de ses blessures. Ce sommeil avait soulagé la tension dans le crâne de Thalion et sa vue était un peu plus nette depuis son réveil. Un bon présage. Après un repas léger, ils s'étaient tous réunis autour du précieux plan dévoilé la veille pour peaufiner leur trajet et leurs actions. En tailleur, son épée sur les genoux, Thorondil pointa trois points sur la carte, indiquant des sorties qu'il pensait trop risquées. Ecoutant en même temps suggestions des uns et des autres. L'expérience variée de chaque membre de ce groupe hétéroclite eut l'avantage indéniable de diminuer grandement le risque d'imprévu. Mais bien sûr tout le monde avait en tête que, dans ces circonstances, aussi millimétré que soit leur plan d'action, le moindre grain de sable inattendu les mettrait tous en danger. Cette conscience collective était le meilleur ciment pour les souder le peu de temps qu'ils auraient à travailler de concert. Ils avaient fait le point sur leurs capacités respectives, leurs points forts et leurs points faibles afin de se prémunir au mieux des revers de fortune et surtout, rester tous en vie pour accomplir leur mission.

A l'heure du diner, sortit enfin de sa chambre Dame Nivraya, droite et noble dans sa posture, malgré son teint bien pâle, son nez encore un peu gonflé et une légère teinte bleu-violacée là où la gifle l'avait frappée de plein fouet. Sitôt arrivée, elle prit la parole, récapitulant les points les plus importants. Son aplomb avait quand même de quoi impressionner. Une femme de sa carrure aurait pu ne pas survivre à sa récente mésaventure, au lieu de ça la dame mettait un point d'honneur à agir comme si rien ne s'était passé. Cette attitude gagna le respect de Thorondil sans pour autant affecté son jugement premier car ce n'était pas dans sa nature. Il ne pouvait ignorer l'intérêt personnel que cette femme avait désormais à les voir échouer. Après tout, elle risquait bien plus que sa propre tête dans cette histoire.
A peine plus de temps plus tard, arriva le colosse, les bras chargés de denrées à l'odeur délicieuse. Un véritable repas de fête. Le fauconnier ricana un peu en voyant la profusion, la qualité et la rareté de certains produits. Le dernier repas du condamné ? Quitte à mourir, autant mourir les meilleurs souvenirs en tête après tout. Avec un certain entrain, il entreprit de se servir une copieuse part. L'attitude bienveillante de Frey réchauffait autant les cœurs que la nourriture, leur estomac. C'était parfait avant un combat. Un certain silence régnait dans la pièce, ni lourd, ni dérangeant. Chacun profitait juste du moment présent autant qu'il était possible. Ils n'étaient pas sans ignorer qu'il était possible qu'aucun d'eux ne revienne vivant, mission accomplie ou non. Et qu'importe si leurs funérailles seraient grandioses ou juste des cadavres jetés du haut d'un rempart, aucun ne souhaitait la mort. Le fauconnier leva son gobelet devant lui, à hauteur de tête.

« - A notre réussite et au Roi !... Et à la chance. » trinqua-t-il sans extravagance avant de faire couler une gorgée de vin dans sa gorge.

Il releva la tête de son assiette en saisissant le nom de Vilyan dans la conversation de leurs hôtes. Ainsi le tribun allait faire son entrée par la grande porte comme si de rien était. Intéressant. Risqué, intelligent, inattendu mais très intéressant.
Le reste du repas se fit dans le calme, quelques échanges de conversations polis et surtout une dégustation silencieuse et méditative.
Un fracas à la fin du repas fit lever toutes les têtes. Les regards convergèrent vers la noble debout à côté de son assiette brisée au sol. Elle regardait les morceaux d'une étrange façon, le masque tombé laissa entrevoir le temps d'un battement de paupière les véritables émotions qui luttaient elle. Elle disparue vite dans sa chambre, tentant de ne pas avoir l'air de prendre la fuite sans grand succès... Le dùnadan jeta un regard de pitié vers la porte close de la chambre. C'était toujours dans des moments comme ceux-là que l'on réalisait pleinement toutes les conséquences. Une femme de son rang ne devait pas avoir souvent eut à faire avec ce genre de sensations. Il interrompit son repas pour aider Freyloord à ramasser les morceaux de vaisselle brisée pour se changer les idées.
La nuit, de toute façon, allait avoir une atmosphère spéciale qu'il n'était pas pressé de voir venir. Il dormait toujours peu les veilles de bataille. Cela faisait ressurgir ses vieux cauchemars.


Comme prévu, la nuit traina terriblement en longueur. Incapable de trouver le sommeil plus de deux heures d'affilées, le fauconnier s'adossa contre les pierres de la cheminée et entreprit de s'occuper. Dans le silence, il nettoya sa lame, son fourreau, fit briller les blasons qui l'ornaient avant de replacer la bande de tissu pour les camoufler. Ses doigts retracèrent l'étoile et les maillons de la chaine brisée puis la tête d'aigle pour enfin retrouver la sensation familière du bijou. Avec mille précautions, il ouvrit le petit écrin et admira les minuscules miniatures à la lueur du feu. Quelque soit l'issue du lendemain il rejoindrait l'une des deux femmes représentées au creux de sa main. Son visage se tordit en un étrange sourire. Quelle ironie ! Il s'endormit encore, juste là où il se tenait, et se réveilla de nouveau... Il était peut-être deux heures du matin tout au plus. Un son attira son attention. Dehors, à quelques toits de là, il pouvait entendre un cri qu'il reconnaitrait entre mille. Elei était de retour, sans doute perchée sur le toit de l'écurie qui hébergeait son autre compagne de voyage. La présence de l'animal dans les parages eut un effet radical sur l'homme. Ses épaules se détendirent, il se sentit plus serein. Tout allait bien maintenant... A l'heure du levé, il finalisait de la pointe de son couteau le tracé des plumes d'un petit oiseau de bois tendre qu'il avait taillé durant le sommeil de ses comparses.

Au moment du départ, il faisait encore nuit noire à l'extérieur. Les envoyés du Roi avaient laissé leurs bagages superflus dans la Chambre, ne se chargeant que du strict nécessaire : leurs armes et leurs protections. Ils avaient révisé leur plan d'action au petit-déjeuner, le reste s'était déroulé dans le plus grand silence et se tenaient à présent fin prêt devant la porte de sortie.

Dame Nivraya leur livra un petit discours d'encouragement et se présenta devant chacun d'eux. Dans chaque poignée de main elle semblait transmettre tous ses espoirs et toutes ses forces. Quand vint son tour, Thorondil inclina la tête presque imperceptiblement.

« - Madame. Prenez soin de vous. »

Il l'aurait bien remercié pour son courage et son aide précieuse mais, resté malgré tout sur sa première impression de la dame, les mots avaient bien du mal à franchir le seuil de sa gorge, si bien qu'il laissa le soin à un autre de se charger de ça. Sans doute Adaes, ou le lossoth peut-être. La mercenaire du Rhûn, il avait peu de chance malgré tout. Enfin, il se contenta de ces quelques mots qu'ils avaient prononcés avant de prendre congés. Surtout avant de céder à la tentation de demander à cette femme si elle avait des nouvelles de son père et de son frère alors qu'il en ignorait le sort. Mais dévoiler son secret à la noble ne l'enchantait guère. Et puis finalement, il préférait ne pas savoir maintenant, pas à quelques instants d'une mission cruciale. Ses doigts s'égarèrent de nouveau sur le pendentif accroché à son épée. Tant que sa petite fille était à l'abri, le reste n'avait pas d'importance pour l'instant. Et dans les Hauts du Nord, ce qui se déroulait ici ne sera que l'écho d'une vague rumeur.
En passant devant le géant, il s'arrêta néanmoins. Il lui serra la main avec respect.

« - J'aurais aimé pouvoir me battre à vos côtés. »

Il s'interrompit, sembla réfléchir et tendit à l'autre homme le petit rossignol de bois clair qu'il avait créé la nuit même.

« - Si je venais à ne pas revenir, donnez ceci à ma fille..., commença-t-il. Voyant l'interrogation dans le regard de son vis-à-vis il ajouta : Vous n'aurez pas à la chercher, vous saurez. »

Sans doute, si les choses venaient à mal tourner, il serait le seul des quatre voyageurs dont on récupèrerait le corps. Adaes ne devait pas avoir grande famille pour se retrouver ici en ce moment, quant aux deux étrangers qui pouvait bien savoir dans leur pays où ils étaient tombés... Du moins dans le meilleur des cas. Dans le pire, sa famille ne serait pas plus à l'abri que Nivraya elle-même. Après tout, il avait beau ne pas s'approcher de la politique et se dissimuler sous un autre nom, il n'en était pas moins l'héritier d'un sénateur et il y en aurait plusieurs pour le reconnaitre, condamnant sa famille d'un même coup. Ils n'avaient pas le droit à l'erreur, pour l'Arnor, le Roi et sa famille, leurs alliés et leur propre famille. Tant de vies reposant dans les mains de quatre guerriers anonymes. Sans doute le pari le plus risqué de Tar-Aldarion.
Ils prirent tous congés et disparurent dans la nuit tel des fantômes.


Malheureusement pour eux, il s'avérait que les tunnels n'étaient pas aussi nets et bien orientés que sur le plan original. Certains passages, moins entretenus que d'autres s'étaient en partie écroulés, les obligeant à l'escalade ou aux détours. Mais, plus rassurant, l'ennemi ne semblait pas avoir eu vent de l'existence de ce réseau souterrain. Aucune trace de passage hostile, ni même aucune forme de passage, n'était perceptible. Leur progression, certes plus lente que prévue, ce fit pourtant avec constance. Poussés par le temps mais incapable de la juger convenablement de là où ils se trouvaient, ils entreprirent plusieurs fois de presser le pas jusqu'à courir. Tout était une question de timing, d'une précision chirurgicale et pas la moindre marge de manœuvre. Et quelle ne fut pas leur horreur en constatant, après s'être extirpés d'un boyau étroit envahi de toiles d'araignées et de poussière, qu'ils n'étaient absolument pas sortit au bon moment. L'espace de quelques secondes, ils s'entre-regardèrent, jetant des regards à droite à gauche pour se repérer. Le beffroi était là, si près et pourtant trop loin encore. Ils auraient dû en sortir au pied. Ils évaluèrent alors leurs possibilités déjà restreintes par les impératifs du moment. Ayant envisagés de retourner dans les souterrains et continuer plus avant, ils abandonnèrent vite l'idée. Et s'ils se perdaient de nouveau tout serait perdu. Il ne leur restait plus qu'une solution. Avancer à la surface, presque à découvert, jusqu'à la cloche. Ils allaient devoir tuer, avancer vite et en silence, c'était maintenant inévitable.

« - La ruelle là-bas ! » montra le fauconnier en désignant le plus étroit et le plus sombre des passages.

Si ses souvenirs étaient bons, elle continuait droit vers le bâtiment qu'ils cherchaient à atteindre. Suffisamment large pour s'y déplacer deux à deux, épaule contre épaule, elle leur donnerait l'avantage s'ils venaient à croiser des adversaires supérieurs en nombre pour les affronter un à un et éviter de se faire encercler. Il s'y précipita aussitôt.
En traversant la petite place déserte, il fut attirer par du mouvement au dessus de sa tête. Son faucon faisait de très larges cercles au dessus de la cité. Parfois elle tentait un piqué mais remontait bien vite, comme si une force invisible empêchait sa descente. Thorondil jura.

« - Il y a des archers. Des archers sur les toits. »

Il fit un geste de main en direction de l'animal qui s'éloigna plus haut encore dans le ciel, décrivant des cercles aussi larges que possible.
Alors qu'ils s'engageaient dans le passage, il expliqua aux autres d'un ton très bas.

« - Je lui ai appris à les craindre pour sa sécurité. Je pense qu'ils sont répartis surtout autour de la place où sont regroupé la populace et dans certains quartiers stratégiques. Je ne pense pas que nous en croiseront beaucoup sur le chemin... »

Prudent, il saisit néanmoins son épée, la dégaina et, la saisissant à l'envers, plaqua la lame contre son bras. Dissimulée par sa cape, la lame était invisible mais pourtant prête à frapper à la moindre alerte. Autour d'eux, un peu plus loin, on entendait l'agitation. Le couronnement était proche. Ils se mirent à courir. Il devait absolument arriver à temps.

Etrangement ils ne rencontrèrent aucune espèce de résistance durant leur course dans la ruelle. Ils durent bien se cacher durant quelques minutes dans un renfoncement, écrasés les uns contre les autres, pour échapper au regard scrutateur d'un soldat zélé mais jusque là tout se passait plutôt bien. C'était bien sûr trop optimiste.
La ruelle déboucha sur une large rue qui traversait presque la cité de part en part, impossible d'échapper aux regards en passant par là. En se faisait le plus discret possible, ils avaient peut-être une chance de ne pas se faire attraper. Resterait alors un petit passage de traverse pour atteindre la petite place circulaire au milieu de laquelle trônait le beffroi. Place protégée évidement par des archers. Et encore les étages de la tour sans doute eux aussi gardés.
Thorondil se tourna vers ses comparses.

« - Des idées ? »

Malgré sa cotte de mailles, il savait qu'il ne résisterait pas longtemps si les archers venaient à les prendre pour cible. Et le temps de l'hésitation était restreint.
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Nivraya
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyJeu 22 Mai 2014 - 2:17
Le beffroi, comme dans toute ville digne de ce nom, est protégé et surveillé par une petite compagnie de gardes, qui fort heureusement pour les quatre aventuriers ne sont pas les meilleurs hommes que compte la garnison d'Annùminas. On craint principalement une attaque contre le jeune Prince, et on a affecté à sa sécurité la garde de la Rose, ainsi que les meilleurs éléments des différents régiments qui sont venus lui présenter leurs hommages. Ces hommes aguerris espèrent pour certains pouvoir entrer au service personnel de leur futur monarque, mais ils souhaitent surtout qu'il soit couronné sans la moindre anicroche, sans que rien ne vienne gâcher la cérémonie. Ce genre d'événements attire du monde, une foule compacte et hétéroclite qu'il faut gérer, pour lui permettre de voir le Prince, le saluer, tout en assurant une protection efficace du monarque. Les toits sont donc quadrillés, et des archers aussi talentueux qu'impitoyables scrutent la marée humaine à la recherche d'un ennemi du royaume, prêts à l'abattre sans sommation. Les autres, ceux qui patrouillent autour du beffroi par exemple, ont la tâche ingrate de surveiller les endroits les plus déserts de la ville, sans pouvoir assister aux réjouissances.

Mais même ainsi, il est difficile d'imaginer les prendre par surprise. En hauteur, ils ont l'avantage de surplomber les lieux, et de ne pas pouvoir manquer un quatuor allant à pied, surarmé, se dirigeant vers le beffroi avec la ferme intention de s'en emparer. Pour la petite équipe, leur meilleure chance de parvenir au bout de leur mission dans le temps qui leur est imparti est bien entendu de bénéficier d'une diversion, et c'est ce à quoi a songé leur aide providentielle, qui traverse actuellement les rues à grandes enjambées, insensibles aux regards interloqués sur son passage. Pendant près de trois jours, Nivraya a attendu le retour de sa meilleure carte, se demandant si elle reviendrait jamais dans son jeu. Et par le plus grand des hasards, elle vient de faire son apparition, deux heures seulement après le départ des quatre guerriers. Sans tarder, la noble lui a expliqué la situation en quelques mots, et lui a confié une nouvelle mission de première importance. Pas le temps de se reposer, pas le temps de se poser des questions, c'est le sort du royaume qui en dépend.

Les quatre aventuriers sont recroquevillés, attendant de trouver une solution à leur problème, quand soudainement un grand vacarme se fait entendre au-dessus de leurs têtes. Une porte qu'on défonce, des appels alarmés, puis le bruit d'une volée de flèches qu'on tire. Dans la seconde, un des gardes passe par-dessus le bord du toit, et s'écroule plusieurs mètres plus bas, s'écrasant lourdement sur le pavé. Il n'est pas mort, mais il a au moins la jambe cassée, et il est complètement sonné. En levant la tête, les guerriers peuvent voir une silhouette solitaire se jetant comme une furie sur les gardes, quelque peu désarçonnés. Avec une vitesse prodigieuse, l'inconnu propulse son pied dans le visage d'un des hommes qui lui fait face, et le met hors-jeu sur le coup. Les autres reculent d'un pas, sortant leurs épées de leurs fourreaux pour répondre à cette menace. La diversion parfaite.

Sur les autres toits qui entourent la place, les gardes ont les yeux rivés sur la scène surréaliste, incapables d'appuyer leurs collègues sans risquer de les blesser par inadvertance. Les capitaines sont déjà en train d'envoyer plusieurs de leurs hommes en renfort, pour neutraliser la menace, dégarnissant considérablement les rangs de leurs archers. La silhouette solitaire, qui a déjà neutralisé trois hommes, et qui a attiré sur elle l'attention de tous les autres, retire la cape qui dissimule son identité et s'empare d'une paire de poignards accrochés à sa ceinture. C'est une jeune femme aux cheveux d'un noir d'encre qui fait face à ces brutes épaisses, mais elle n'a rien à leur envier, au contraire. Apercevant du coin de l'œil du mouvement en contrebas, elle comprend que ses alliés entendent profiter de son action. A elle d'occuper le plus d'ennemis possibles, et de gagner de précieuses secondes, pour leur permettre de rompre la distance qui les sépare de la porte du beffroi.

Dos à la porte qui mène vers les étages inférieurs, elle se déplace sur le côté, de sorte à pouvoir avoir en visuel les hommes qui finiront immanquablement par arriver en renfort, tout en attirant le regard de ceux qui lui font face dans une direction qui ne leur permet pas de regarder la place. Ils se rapprochent, pas à pas, dans un bel ensemble. Elle recule au même rythme, focalisant toute son attention sur les lames acérées qui s'approchent d'elle imperceptiblement. Soudain, un cri d'alarme venu d'un autre toit retentit, quand un des gardes aperçoit les quatre combattants venus s'emparer de la tour. Les archers changent de cible, visent, et tirent immédiatement. Toutefois, ils sont moins nombreux depuis qu'une bonne moitié a déserté pour venir prêter main-forte à leurs collègues. Leurs tirs sont toujours susceptibles de toucher les compagnons, mais il s'agit désormais d'une course de vitesse. S'ils sont assez rapides pour gagner l'abri du beffroi avant d'être criblés de flèches, alors ils peuvent espérer l'emporter. Sinon, Nivraya et ses hommes auront agi en vain, Aldarion ne récupérera jamais son trône, et l'Ordre de la Couronne de Fer l'emportera en Arnor.

La jeune femme, seule sur son toit, profite de la distraction des gardes pour leur lancer les poignards qu'elle tient en main. Ambidextre, elle touche deux cuisses avec une facilité déconcertante, et dans la seconde qui suit, une autre paire de poignards a fait son apparition entre ses mains, tandis qu'elle plonge dans l'espace qu'elle vient de se ménager. Deux lames se croisent pour lui barrer la route, mais elle saute par-dessus, et se réceptionne d'un élégant roulé-boulé. A peine relevée, ses lames sont déjà en l'air, la première fichée dans le dos du garde, au niveau de l'omoplate droite, tandis que la seconde est venue se planter au niveau de son genou. Le malheureux s'écroule avec un cri déchirant, peut-être déjà conscient qu'il ne pourra plus se servir de sa jambe. Malheureusement, les consignes de Nivraya ont été de tuer le moins possible, et pas de s'assurer que tous les gardes pourraient repartir en parfaite santé.

Après s'être débarrassée des quatre gardes restant, la jeune femme aurait souhaité pouvoir souffler un peu, mais on ne lui accorde pas le moindre répit. Une flèche siffle dans sa direction, et elle doit se jeter de côté pour l'éviter. Sa réception est parfaite, et elle se relève comme un chat, fonçant vers les quatre victimes de ses lames acérées. Sans ménagement, elle récupère les armes en question, et les remet dans leur fourreau, consciente qu'elle va en avoir besoin dans un avenir très proche. Au moment où elle récupère la seconde paire, des pas se font entendre dans l'escalier qui mène au toit. Des pas nombreux, signe qu'au moins d'une demi-douzaine de gardes se porte à sa rencontre. Elle s'élance sans réfléchir, et claque la porte sous leur nez, pour essayer de les ralentir, de se donner un peu de temps. Au même moment, sur les toits voisins, les archers sont partagés entre tirer sur cette femme indubitablement hostile, et ces quatre individus qui pour le moment n'ont rien tenté. C'est peut-être ce qui sauve les envoyés d'Aldarion.

La femme aux cheveux bruns essaie de trouver une porte de sortie, mais n'en visualise aucune pour l'instant. Elle bande ses muscles pour résister à la première charge des hommes qui se trouvent quelques centimètres derrière elle, retenus par une porte qui tout à coup semble très fragile. D'ailleurs, ils finissent par comprendre que leurs épaules n'ouvriront pas le battant, et que l'acier est bien plus efficace. Leurs épées entreprennent de défoncer le battant, et quand la première lame traverse le bois, leur adversaire solitaire comprend qu'il est temps pour elle se filer. Elle se met à courir à en perdre haleine, gagne de la vitesse et de l'élan, avant de se propulser dans les airs pour franchir l'espace déraisonnablement étendu qui sépare les deux maisons. Alors qu'elle se trouve entre les deux, les gardes derrière elle réussissent à briser la porte et à se déverser sur le toit, tandis que ceux qui l'attendent en face se tournent dans sa direction, prêts à l'accueillir d'une volée meurtrière. Leurs flèches partent, ciblant l'endroit exact où son pied doit se poser... mais leurs espoirs sont déçus, et leurs traits vont se perdre dans le lointain.

La chute est rude pour la jeune femme, qui a manqué le rebord d'un cheveu, et qui s'est écrasée violemment contre le mur. Elle encaisse le choc tant bien que mal, puis essaie de se raccrocher à quelque chose pour freiner sa chute, en vain. Au dernier moment, ses doigts agrippent un le renfoncement d'une fenêtre, mais lâchent aussitôt, emportés par le poids du corps qu'ils veulent soutenir. Toutefois, cela permet à la combattante de ne pas se briser les os sur le pavé, mais de simplement faire une mauvaise chute qui écorche les bras, les mains, et qui la laisse avec l'arcade ouverte. Rien de méchant. Remise sur pied avant d'avoir pris conscience de la douleur consécutive à sa dégringolade, mue par les réflexes d'une vie de combats, elle s'oriente grossièrement dans la direction du beffroi, et jette ses dernières forces dans cette course désespérée vers l'abri le plus proche. Elle court de droite et de gauche, aléatoirement, change de direction aussi souvent que possible sans toutefois ralentir. Elle entend les flèches claquer contre les pavés derrière elle. Ses poumons sont en feu, ses jambes manquent de se dérober sous elle, mais la terreur de recevoir un trait mortel dans le dos la pousse en avant, lui donne des ailes.

- Attendez ! Crie-t-elle d'une voix désespérée à la porte du beffroi qu'elle voit se refermer devant elle.

Ont-ils réussi ? Sont-ils tous à l'intérieur ? Elle n'a pas le temps de s'en occuper. Peut-être que derrière elle, les cadavres des membres de la mission observent le sol fixement, se demandant pourquoi une tige de bois dépasse de leur nuque. Tant pis si c'est le cas, elle n'a pas le choix. Elle doit aller de l'avant, et se mettre à l'abri, coûte que coûte. Avalant les mètres comme si le sort d'un royaume dépendait de sa mission, elle en oublie de feinter, de leurrer les archers, obnubilée par la vision de la porte si proche, par la perspective de se barricader à l'intérieur, et d'enfin cesser de courir. Mais au moment où elle est sur le point de franchir le battant, la porte bascule soudainement, avant de tomber sur le côté lourdement. La jeune femme hurle de douleur quand son cerveau reçoit l'onde de souffrance, comprenant simultanément que c'est elle qui vient de s'écrouler devant le beffroi, à cause de la flèche qui vient de lui traverser le mollet.

- Merde ! Jure-t-elle tout haut, en tendant la main vers le seuil, qu'elle peut presque toucher du bout des doigts.

Elle gémit en sentant la flèche boucher entre ses chairs, lui déchirant l'esprit et envoyant des étoiles danser devant ses yeux. "Ça y est, c'est la fin", songe-t-elle. Elle s'imagine à la place des archers, observant de loin cette silhouette étendue sur le sol, attendant d'être achevée comme un petit animal sauvage se débattant contre une mort certaine, comme le petit écureuil, vif et agile, essayant d'échapper aux serres du puissant grand duc et à ses yeux à qui rien ne peut se soustraire. Elle entend déjà l'ordre de tirer, la vibration caractéristique de la flèche dans l'air, puis le son mat de la pointe qui vient se ficher dans son dos. Pendant une seconde, son professionnalisme vacille, et elle se laisse aller à des larmes qui ne sont pas de douleur.

Et puis la seconde d'après, elle reprend courage en sentant des mains puissantes s'emparer de son poignet, et la tirer brusquement à l'intérieur. Ses yeux sont fermés, mais elle entend le bruit caractéristique d'une porte que l'on ferme, qui couvre pendant une milliseconde le fracas d'un duel en fond. Qui que soit son sauveur, elle lui rugit :

- Allez aider vos compagnons ! Je m'occupe de la porte !

La mission d'abord. Se retournant péniblement, elle plaque son dos contre la porte, et appuie son pied contre la marche la plus proche, se transformant en une barre de taille humaine. Elle ne pourra certes résister à la charge d'un individu en pleine forme, mais elle espère que parmi ses quatre compagnons, l'un d'entre eux viendra lui prêter main-forte lorsqu'ils auront terminé de nettoyer le beffroi. Car déjà, sans doute, les archers sont en train d'aller quérir des renforts, tandis qu'une partie des leurs s'élance vers la tour avec l'intention d'en déloger les assaillants. Et pour ne rien arranger, au-dessus de leurs têtes, un grincement feutré les pousse à accélérer. Les cloches ont commencé à bouger, le premier coup est pour bientôt, et il faut être trois pour les actionner. Quand il sera porté, le sort de l'Arnor sera scellé.

Il reste désormais à savoir, quand Annùminas entendra la cloche, pour qui sonne le triomphe et pour qui sonne le glas.
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Njall
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptySam 31 Mai 2014 - 19:50
Dominant les toits de la cité, le beffroi se dressait fièrement dans le ciel, bâtisse impressionnante et d'une lourdeur architecturale royale, elle ne pouvait qu'impressionner le lossoth chaque jours surpris des découvertes qu'il faisait. Toute la cité lui renvoyait une image majestueuse et de puissance, accompagné d'une luxure déraisonné et d'un surpeuplement effrayant. Il avait l'impression de découvrir un monde féerique et prenait conscience de l'autarcie de son peuple, alors qu'un monde formidable existait à leurs portes. Un monde dont il n'aurait jamais imaginé une telle apparence, lui qui n'a connu que la sobriété heureuse d'une vie simple et rude. Il n'enviait pas pour autant le peuple d'Arnor et il observait d'un œil circonspect certains aspects de la vie « civilisée ». Mais à l'instant où il observait le beffroi, son esprit était bien loin de toute considération anthropologique.

Recouvert de poussière, le dos brisé par une course effrénée dans des souterrains parfois impraticables, il portait avec difficulté sa masse de guerre, accrochée dans son dos et dépassant de sa cape. Il était certainement le moins discret de la bande et le savait, c'est pourquoi il compensait son apparence originale par un silence et une discipline auto-imposée. Il observait et suivait avec attention ses compagnons, économisant ses paroles.

Ils prirent rapidement une ruelle pour se rapprocher de leur objectif, de toute façon ils n'avaient guère le choix. Il leur fallait désormais presque courir dès qu'il leur était possible car le temps tournait et il n'était pas en leur faveur. Tout pouvait basculer d'un moment à l'autre. Ils devaient à tout prix atteindre le beffroi, et le cœur de Njall battait à toute vitesse, plus à cause de l'angoisse et de l'adrénaline qu'à cause des efforts physiques. Ils se rapprochaient de plus en plus, sans rencontrer de problèmes, guidés par Thorondil dont le faucon arpentait le ciel, leur permettant de tirer de précieuses conclusions quant à l'emplacement d'archers. Ils étaient désormais plus proches que jamais mais ils seraient obligés d'être à découvert bientôt. Il fallait réfléchir vite. Ils touchaient au but.

Il nous faut traverser cette avenue quoi qu'il advienne. Il faut nous séparer momentanément, nous mêler aux passants pour ressortir de l'autre côté et prendre la ruelle.

Njall pointait du doigt l'autre côté de la rue, accompagnant ses paroles de quelques gestes fluides.

Ensuite... Il va être difficile d'échapper aux archers. Nous pouvons avancer jusqu'au beffroi en espérant qu'ils ne tirent pas et préfèrent nous arrêter, et nous pourrons engager le combat. Mais vu notre allure il est plus probable qu'ils nous tirent dessus à vue...  J'ai un arc. Suis-je le seul ? Je vais rester en retrait et couvrir votre avancée. Ensuite je resterai en bas du beffroi, dans l'entrée pour empêcher tout renfort d'entrer pendant que vous irez jusqu'au sommet. La porte d'entrée me permettra de les affronter seul de face, à moins qu'un autre volontaire veuille m'aider ?

Avant même qu'il n'ait finis de parler, du grabuge sur les toits le fit taire. Instinctivement il se courba en avant, le menton relevé, aux aguets. Une silhouette se battait avec les archers, attirant leur attention. Pendant ce qui sembla être éternité, le groupe demeura figé, muet dans la surprise et l'incompréhension.

Maintenant ! Hurla Njall, prenant soudainement conscience que c'était leur chance et se mettant à détaler, traversant à vive allure la distance les séparant du beffroi tandis que leur aide inconnue se battait avec les gardes.

Des flèches volaient en désordre, les gardes tirant sur le combattant nouvellement arrivé et hésitant à tirer sur les aventuriers qui profitaient de l'aubaine. Rapidement, ils gagnèrent le beffroi et en poussèrent la porte. Alors qu'ils commençaient à monter, Njall qui était désormais le dernier de la file, ayant tenu la porte à ses compagnons qui s'empressaient de monter pour exécuter leur mission jeta un dernier regard derrière lui, au moment ou un cri féminin retentissait. Leur sauveuse était là, au sol, une flèche dans le talon. Se ravisant, Njall bondit en dehors du beffroi et se saisit avec force des poignets de la jeune femme, la tirant à l'intérieur avec peu de ménagement. Ce n'était pas vraiment délicat mais la situation l'exigeait. Une fois qu'il l'eut lâché à l'abri des murs du beffroi, il referma la lourde porte, mais il n'eut rien le temps dire, elle lui exhortait d'aller aider ses amis. Il acquiesça mais doutait de sa capacité à retenir la porte. Il serait bien rester l'aider, mais il se devait aussi d'aller combattre avec ses compagnons. Jetant un coup d’œil aux alentours, il trouva quelque chose qui pourrait certainement aider un tant soit peu. Il souleva la barre de bois permettant de verrouiller la porte : elle était vieille et relativement fine, mais cela serait déjà un gain de temps non négligeable. Il la glissa dans le verrou et partit pour rattraper ses compagnons.
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Gallen Mortensen
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyDim 1 Juin 2014 - 16:55
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Caleb fixait le vitrail qui reflétait en une myriade de couleurs les rayons de soleil. Qu'est ce qu'il aimait le soleil. Puis son regard sombre tomba sur le jeune Aelas stoïque qui s'apprêtait à devenir roi de L'Arnor en lieu et place de feu Aldarion. L'OCF allait s'emparer de ce royaume grâce à lui. . de son regard expérimenté il fixa les point stratégiques du sénat, ses meilleurs hommes y étaient postés au cas où un sénateur deviendrait récalcitrants: Caleb en doutait mais il aimait le travail bien fait. Enfin il se vengeait de l'Arnor, lui qui était maitre d'armes d'un des plus puissants Seigneur avait été déshonoré, juste parce qu'il aurait trahi à cause de dettes d'argent. Aldarion alors jeune roi avait signé son exil en une seconde, Caleb se doutait qu'Aldarion n'avait aucun souvenir de cet acte qui avait scellé sa vie et son déshonneur. Depuis Caleb haïssait ces rois capables de briser des vies selon leur bon vouloir sans même être certains du bien fondé de leurs décisions.

Trois sons de cloches et L'Arnor tomberait

Caleb avait un réseau important de renseignement dans la capitakle, 2 passeurs dont un elfe avaient été repérés et maitrisés par l'Ordre. Mais inquiet par l'approche du triomphe Caleb restait vigilant, il était intrigué par la jeune Nivraya qui avait demandé une audience, Alcyon le jeune sénateur qui avait fait rentré le "loup" dans la bergerie lui avait confié que ce n'était qu'une arriviste sans intérêt. Caleb y compatit bien, il haussa donc les épaules. Par contre il y avait des mouvements de troupes mais Caleb était confiant, Vilyan bluffait il en était certain. Cet état de fait fit sourire le canthui.

Il éprouva une douleur à la pommette droite, séquelle de son combat sauvage contre Erco Skaline à Esgaroth.


Trois sons de cloches et L'Arnor tomberait....


Il fixa alors les sénateurs, Alcyon les yeux enflammés inconscient de sa "trahison", Ordurion qui scandait il y encore quelques heures des discours populistes, était sous la menace de quelques hommes de l'OCF, Caleb le faisait chanter habilement. Pétrocle le puis influant semblait plus réservé mais Caleb l'avait cerné c'était un pragmatique il se rangerait à ses cotés, sinon....

Caleb regard de nouveau Aelas, il aurait pu aimer cet enfant mais c'était un enfant de roi donc gangréné...

Trois sons de cloches et L'Arnor tomberait....

Le Canthui regarda la rosace de nouveau. Il se leva de son siège et invita le futur roi à rejoindre la place du sénat c'est à cet endroit que le sacre s'effectuera. Les hommes de Caleb se mirent en action . Le brouhaha commença chacun se rendit vers l'extérieur. Caleb se permit un sourire fugace, il touchait du doigt, sa vengeance. 20 ans de sa vie, oui 20 ans à ruminer et à vociférer mais le triomphe lui tendait les bras. Et Surtout l'Ordre vaincrait comme toujours.

Trois sons de cloches et L'Arnor tomberait....

#Caleb #Nivraya #Alcyon


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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyLun 2 Juin 2014 - 9:14
Le repos réparateur, du moins sur le papier, le vieux guerrier ne réussit pas à trouver le sommeil autant qu'il le voulait, fréquemment il sortait de ses rêves pour revenir à la réalité, allongé comme il le pouvait il jetait de petits coups d’œil à ses camarades d'aventure. Chacun risquait ici sa vie, et les enjeux étaient de taille. Pour une fois Adaes rêvait de revenir à l'époque où il n'avait qu'à tirer l'épée et foncer, sans se soucier du reste. Mais il y avait tellement en jeu cette fois-ci. Lorsqu'il combattait par le passé il se motivait en disant qu'énormément reposait sur ses épaules, que sa tâche était cruciale. Mais là qu'il avait réellement une tâche des plus importante c'était différent, la pression était lourde, très lourde. Maintenant qu'il était dans cette situation il enviait l'époque où sa mort dans la bataille n'aurait été qu'une parmi tant d'autres.

Finalement la nuit passa, le vieux guerrier n'avait pas autant récupéré qu'il l'aurait souhaité, mais ceci ne suffirait pas à le décourager dans sa mission. Le petit groupe d'aventuriers retourna alors autour du plan obtenu par la maîtresse des lieux, cherchant à découvrir le meilleur itinéraire pour leur mission capitale. Chaque erreur pouvait être fatale et chacun le savait, néanmoins il était obligé que chaque personne face son devoir afin d'y parvenir, et que chaque homme et chaque femme soit motivé à aller jusqu'au bout, même si cela implique la perte de la vie, car malgré la taille de leur groupe, malgré les inégalités de taille et la discrétion de leur tâche ils étaient tous des soldats dans un conflit dépassant leur propre vision du royaume, les conséquences pourraient être désastreuses et affecter bien plus que simplement le royaume du nord.

Tandis que le petit groupe étudiait avec attention leur billet d'entrée au beffroi dame Nivraya sortit finalement de sa chambre, peu de temps avant le repas. Malgré ses blessures elle vint rappeler aux aventuriers l'importance de leur tâche, ainsi que l'importance de la situation. Elle leur offrit un dernier récapitulatif de leur mission expliquant bien ce qu'il y avait à faire pour accomplir leur mission. Elle était encore blessée et c'était visible, Adaes resta calme et impassible en l'entendant parle, elle faisait ce qu'elle pouvait pour ignorer la tentative de meurtre contre elle la veille au soir. Mais pour le vétéran ce genre de comportement était loin d'être bénéfique, surtout pour elle. Elle avait remplie sa part de la mission, aujourd'hui elle devrait être au repos et non pas en train d'en faire plus qu'elle ne le devait.

Après que la jeune femme ait finit de rappeler la mission le colosse revint, les bras chargés de denrées rares afin de leur offrir un repas digne de ce nom avant cette mission. Il déposa aux aventuriers leur repas, calmement le maître d'arme se saisit de la nourriture qu'il mangea calmement, se versant un verre de vin pour faire passer le tout. Néanmoins l'enthousiasme avec lequel il avait mangé hier soir avait disparut, son esprit était tourné vers leur mission et vers le plan que l'on pouvait encore voir. Malgré la qualité de la nourriture il n'y prêtait pas attention, il y avait bien trop en jeu pour se déconcentrer. Ainsi le repas du maître d'arme fut léger, il releva la tête en entendant le fauconnier lever son verre, il l'accompagna légèrement, sans plus de conviction.

Le vieux guerrier perdu dans ses pensées saisit quelques mots de la conversation des hôtes, le Tribun Vilyan était non loin, ils n'attendaient que la validation du petit groupe pour parvenir à remettre sur le trône le seul véritable Roi d'Arnor, ceci n'était pas pour diminuer la pression qui écrasait déjà l'ancien soldat. Alors que le repas se faisait dans le calme le fracas d'une assiette au sol mit un terme à la domination du silence, comme ses camarades Adaes leva la tête et vit la jeune noble, le visage pendant un instant dominé par les émotions. Elle endurait gros pour remettre Aldarion sur le trône, mais parfois se voiler le visage n'était pas la bonne solution. Le repas se termina au calme, puis de nouveau une nuit semblable à la précédente arrive, le maître d'arme contempla le plafond de longs instants durant sa nuit, immobile et confiant en extérieur mais tiraillé et agité à l'intérieur.

Le petit matin arriva, alors que la pénombre était toujours dehors le petit groupe devait se préparer. Adaes enfila sa vieille armure matelassée et aiguisa une dernière fois Thie avant leur combat, celle-ci risquait fort d'avoir à prendre la vie encore aujourd'hui, malheureusement pour que la vérité soit faite le sang devra couler, il en était ainsi et l'on ne pouvait pas s'y tromper. Nivraya les salua une dernière fois avant de partir, leur demandant de revenir vainqueur, saluant tour à tour chaque membre de la compagnie. Quand son tour fut venu Adaes répondit à la demande d'espoir de la jeune noble.


« Vous avez fais votre part du travail Madame, et mieux que personne d'autre ne l'aurait fait, à notre tour de suivre votre exemple. Vous savez j'ai toujours dis une chose, l’erreur est permise quelque soit la situation, mais l'échec ne l'est pas. Pour cette fois cela vaut plus que jamais. »


Ceci dit le vétéran s'en alla, il ne cachait pas son inquiétude malgré tout, son corps était énervé comme il ne l'avait pas été depuis une éternité, ses mains tremblaient légèrement et son esprit était anxieux. Mais il disait la vérité, il n'échouerait pas ou alors ce le sera l'épée entre les mains et le corps ensanglanté. Ceci fait le petit groupe prit la route, empruntant les tunnels tracés sur la carte. Ceux-ci étaient anciens et obscurs, certains passages étaient sombre d'autres effondres s'y diriger parfaitement était difficile. Mais finalement ils parvinrent à sortir pour avoir une vision d'horreur, le beffroi qui aurait dut être face à eux était loin de là. L'espace d'un instant Adaes pensa à reculer, mais il s'y résigna en se rappelant que le sablier était leur ennemis.

Thorondil prit alors la tête de l'expédition, menant le petit groupe à travers les ruelles. Son faucon habile éclaireur finit par les prévenir de la présence d'archers, par l'intermédiaire de son maître qui transmit les informations du rapace au petit groupe. Une fois à la sortie de la ruelle les hommes d'aldarion purent apercevoir des archers en position haute et une longue rue à découvert. Il leur fallait trouver une alternative, Njall proposa une solution astucieuse. Un soutien se manifesta alors, une jeune femme arriva sur les toits, défiant les archers et leur surveillance, c'était une faille à exploiter et le groupe se lança alors dans une course effrénée vers leur destination.

Ils y parvinrent, Njall en premier qui fit rentrer ses camarades, Adaes fonça sans se retourner, il tremblait encore et au fond de lui il était soucieux. Derrière Njall aidait leur soutien à survivre, acte de bonté et de noblesse. Mais la route était encore là, Adaes dégaina son épée, ils étaient repérés et la discrétion n'était désormais plus de mise et si un garde devait se mettre sur leur route alors ils n'auraient d'autre choix que de le passer par le fer. Leur route les mena alors au sommet du beffroi, la cloche était en action. Arrivés face à la cloche le doute n'était plus de mise, quelques hommes étaient en train de l'actionner, il fallait trois hommes pour le faire. Sans hésitation Adaes porta un violent coup du plat de sa lame dans le ventre du premier homme venu, il n'y avait pas le temps pour expliquer et peut-être étaient-ils aussi dangereux que l'ordre lui-même.

L'homme se plia en deux sous le coup et le vieux guerrier enchaîna d'un coup d'épée dans le dos, faisant sortir le sang à l'impact, puisse-t-il trouver le repos. Le temps était compté, il avait des alliés. Une fois ceci fait il lança au sol son épée plus loin, n'ayant pas le temps pour rengainer. Il prit position alors là où l'homme qu'il avait affronté était auparavant, il fallait être trois pour l'actionner, un était déjà en position et il prit la parole d'un ton lourd et exigeant.


« Maintenant, aidez-moi à actionner la cloche ! »


Il se préparait déjà à tirer, car ceci devait être fait. Dix coups pour annoncer le retour de sa majesté.

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Aldarion
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyMar 3 Juin 2014 - 14:24
Le Prince arrive sur la place du palais Royal d’Arnor. Dans son dos, la silhouette imposante de Caleb, celui qui tire les ficelles, celui qui réclame vengeance et qui est, pour cela, prêt à détruire un des royaumes les plus nobles de la terre du milieu. Derrière lui, les sénateurs suivent au petit trot, ne pouvant, malgré le recueillement de circonstance, s’empêcher de jacasser.

Ils prennent place dans la petite tribune installée à côté de l’estrade sur laquelle le Prince vient de prendre place. Caleb se tient en retrait, dans l’ombre d’Aleth Enon, l’Intendant d’Arnor. Il faudra sans doute s’en débarrasser sans tarder, sa fidélité reste à éprouver. Pour l’instant, il est encore utile pour assurer la transition et la légitimité de la cérémonie. Il s’avance et prend la parole.

« Citoyens et sénateurs d’Arnor, si nous sommes réunis c’est d’abord pour nous recueillir. En effet, notre Roi Aldarion semble nous avoir quitté et, le trône ne pouvant rester vacant, son fils Aelas est amené à lui succéder. »

Caleb n’a pas aimé le mot « semble » mais pour le reste l’intendant à parfaitement tenu son rôle. Néanmoins, il n’en reste pas là et poursuit son discours.

« Malheureusement, nous avons appris ce matin que ce drame s’accompagnait d’un autre. Dans des circonstances qui restent à élucider le Prince Neolias et la Princesse Ordenia ont été sauvagement assassinés. Avant que notre Prince ne soit couronné, que les cloches sonnent trois fois en l’honneur de feu notre souverain. »

A l’énonciation de la mort de Neolias et d’Ordenia, le regard noir de Caleb cherche celui d’Aleth. Cela se paiera à un moment donné. Cependant, le regard d’Aleth est captivé par un autre regard, beaucoup plus noir encore. A cet instant, il regrette sa bravade.

DONG

Vilyan s’avance, suivi de deux de ses capitaines. Il vient rendre hommage au futur nouveau souverain. Aleth espère, il prie pour que sa révélation ne porte pas à conséquence.

DONG

Vilyan est encore à quelques mètres. Trop loin pense Aleth. Instinctivement, Caleb pose sa main sur l’épaule du Prince. Un geste de trop.

DONG

« Ne le touche pas ! »

Un des deux capitaines enlève la capuche qui lui masque le visage, révélant ceint sur son front une pierre qui ne laisse aucun doute sur son identité. Comme pour le confirmer, son épée légendaire jaillit hors de son fourreau.

DONG

Quatre coups, la confusion dure quelques instants. Caleb a compris, son visage blêmit. Pourtant, il réagit au quart de tour, sans prendre le temps de dégainer il empoigne Aelas et s’enfonce vers l’intérieur du Palais. Aleth tente désespérément de le retenir mais un coup de poing bien senti l’envoi valser en bas de l’estrade.

« Arrêtez-le ! »

Les gardes du Sénat ne savent pas vers qui doit se tourner leur allégeance. Cependant, ils connaissent l’Intendant depuis longtemps et cet étranger vient de le bousculer violemment. Ils réagissent, mais trop tard, Caleb et Aelas sont déjà à l’intérieur de l’hémicycle.

DONG

Aldarion se lance directement à sa poursuite mais, alors qu’il s’apprête à descendre de l’estrade, Aeldon Dondos, tribun militaire s’interpose, l’épée au poing. C’est un bretteur hors pair et il affiche enfin son vrai visage.
D’un mouvement puissant, il ramène son épée au dessus de sa tête et l’abat sur le Roi. Aldarion évite prestement le coup. L’épée du renégat s’enfonce dans l’estrade.

DONG

D’un coup puissant de son pied botté de fer, Aldarion brise le poignet de son adversaire qui tente de dégager son épée. Il hurle de douleur, lâche son arme et ramasse de sa main valide un siège dont il tente de se servir comme bouclier.

DONG

Aldarion frappe et frappe encore. La chaise se brise. La peur se lit dans le visage d’Aeldon. Il a trouvé plus fort que lui et, celui qui vit par l’épée craint toujours le moment ou cela arrive.

DONG

Le coup d’estoc est rapide et précis. L’épée royale traverse la gorge de l’ancien tribun, elle trace un sillon sanglant. Aldarion n’a pas un regard pour sa victime, il se lance à la suite de Caleb qui a déjà pris de l’avance.

DONG

Dans le palais, les gardes ont pris le traître en chasse. Ils l’ont acculé, il a pris l’escalier en direction de la tour où se trouvent les cloches. Il n’y a pas d’issue.

DONG

Sur la place, le calme est presque revenu. Les hommes de Vilyan ont encerclé le palais et, avec l’aide de la Garde du Lac, ils ont mis les dignitaires de l’Ordre aux arrêts. Les dix coups ont sonné, on ne pleure plus la mort d’un roi, on fête son retour.
Pourtant, dans le palais, tout reste encore à jouer.


Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes.
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Gallen Mortensen
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyMar 3 Juin 2014 - 22:03
Il sonne pour toi - Page 2 Calebi10



Caleb avançait dans les coursives du sénat, il arriva enfin dans la salle des débats qui ressemblait en cet instant à une arène. Le canthui ruisselait de sueur, la peur le taraudait, il avait échoué. Il entendit le bruit caractéristique des combats. Caleb stoppa au milieu de ce lieu symbole de L'Arnor. Il ferma un instant les yeux et les rouvrit en un bref instant . Il perçut les myriades de rayons du soleil qui traversait la rosace principale et s'abattaient sur lui en un faisceau de lumière translucide. Cette merveille de la Nature extrapolé par la main humaine le rassura. Caleb retrouva son calme intérieur. Il se retourna tout doucement et découvrit donc le roi Alsarion. Toujours ce regard arrogant.....Puis des soldats du roi arrivèrent. Ses propres hommes avaient dû pếrir.Il était acculé. Mais Caleb eut la satisfaction de découvrir qu'un grand nombre de "chevaliers" arnoriens portaient des stigmates de ce combat rapide et violent.

Mais Aldarion ne bougeait pas. Caleb comprit que sa main droite posée apparemment nonchalamment derrière le cou d'Aelas restait sa meilleure défense. Caleb afficha un sourire enigmatique

Aelas semblait émerger d'un rêve pu plutôt d'un cauchemar. Il fixa son mentor Caleb, jamais il ne l'avait vu ainsi, hésitant. Puis il regarda l'homme à la mine renfrognée, menaçant avec son épée à la main, mais il lui disait quelque chose mais quoi??

Caleb savait que le temps jouait contre lui. Un archer doué voire un Sirion avec une arbalète de poing pourrait l’exécuter sans toucher l'enfant. Il devait faire vite.

De sa voix suave.

Il expliqua

"Malin Aldarion,... Malin .....Mais tu n'es rien face à la puissance de l'Ordre"

Il avala sa salive et poursuivit rapidement

"Tu penses avoir gagné, mais vous avez tous perdu, vous les nobles at autres rois de pacotille. Notre foi va s'abattre sur tous les royaumes. Tous comprendront que vous n'incarnez pas le vrai pouvoir mais uniquement vos désirs. le vrai pouvoir est aux peuples et à L'ordre qui par sa puissance imposera la paix "

Caleb risqua un regard vers la rosace. Voir une dernière fois les rayons du soleil. C'était risqué mais Aldarion ne tenterait rien.

"Sais tu qui je suis Aldarion? Tu ne te souviens pas je suis sûr. Pourtant tu as anéanti ma vie en un instant . Avec une bafouille. Nom nom est Priam Ressor. Mais ce n'est plus important, je suis en ce jour Caleb canthui de l'OCF. "

La voix de Caleb montait presque dans les aiguës. Ses gestes devenaient éparses. Aelas en fut troublé et impossible pour le jeune garçon de quitter les yeux ténébreux du guerrier en face de lui qui restait impassible , mais prêt à bondir, les mâchoires serrées.

Caleb fixa Aldarion. Puis Aelas se rappela

Sa bouche prononça le mot "Père". Il avança d'un demi pas.

Caleb fixait toujours Aldarion et sa main se referma sur le cou gracile avec vivacité et puissance. Un simple petit bruit désagréable d'os brisé. Le regard d'Aelas devint terne.

Caleb fut étonné ce fut plus facile que ce qu'il avait imaginé Pourtant il avait apprécié être avec l'enfant. Il était vraiment mort à l'intérieur.

Avant qu'Aelas tel un pantin désarticulé ne s’effondre. L'épée ouvragée de Caleb était sortie et l'ancien maître d'armes, l'écume aux lèvres fonçait sur le roi de l'Arnor en hurlant

"Fini de jouer Aldarion. Contemple ton erreur !!"

Aelas n'était plus. Caleb allait certainement mourir mais l'Ordre avait frappé fort en Arnor.


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Nivraya
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyMar 3 Juin 2014 - 22:53
Dix coups de cloche. Quand on y réfléchit, ce n'est presque rien. Dix coups portés sur un morceau de métal, dix fois la même note grave et mélodieuse qui se répand dans la ville comme une vague soulevant à chaque nouvel appel un flot d'interrogations, de doutes, de craintes ou d'espoirs. Au troisième coup de cloche, la foule a commencé à s'émouvoir, désireuse de célébrer le couronnement du Prince avec une joie au moins égale à la douleur consécutive à la perte de leur précédent souverain. Et puis il y a eu le quatrième coup, aussi pesant que si un géant avait abattu sans pitié son marteau sur le sol. Un coup qui a assommé le peuple, les nobles, et tous les traîtres au royaume se trouvant à l’intérieur du Sénat, bien déterminés à empêcher le retour du roi Aldarion. Nivraya, debout au milieu de cette immense scène de théâtre sur laquelle se joue le destin de tout un peuple, assiste en tant que spectatrice à une tragédie digne des plus grands auteurs. L’ensemble des sénateurs, elle y compris, reste coi devant la tombée des masques. Qui peut se féliciter tout haut de la réapparition du Roi, quand elle se produit parallèlement à celle de l’enlèvement du Prince ? Qui peut s’insurger contre la présence de l’Ordre de la Couronne de Fer quand de toutes parts les épées sont tirées, et les gardes perplexes.

Nivraya, au milieu de ce chaos, bénéficie de la chance immense de savoir de quel côté il est légitime de se porter. Au dixième coup de cloche, au dixième battement de cœur, une forme de panique s’empare du Sénat. Ceux qui ont toujours cru dans leur roi crient à la trahison, et commencent à descendre de leurs sièges pour prêter main-forte au monarque. Ceux qui ont, à l’inverse, soutenu Caleb et ses manigances, commencent à craindre pour leur vie et se dirigent vers la sortie pour se placer le plus loin possible du courroux de leur suzerain. Mais Nivraya est plus rapide, et elle se porte vers les gardes du Sénat, qui s’avancent vers elle pour lui barrer le passage. Imperturbable, elle leur ordonne d’un ton péremptoire :

- Barrez cette porte, et ne laissez personne quitter les lieux ! Il appartient au Roi de juger les traîtres. Qu’aucun ne s’échappe !

Derrière elle, c’est la cohue, et les sénateurs entassés dans les travées sont rapidement encerclés par les gardes qui pointent sur eux leurs lames. Il s’agit simplement d’une mesure de précaution, tandis que les officiers du Sénat se rendent auprès du Tribun Militaire Vilyan, pour comprendre de quoi il retourne. Sa présence aux côtés du Roi Aldarion ne leur a pas échappé, et ils se placent spontanément sous ses ordres, puisque de toute manière il est le dernier Tribun militaire encore en vie. Nivraya, quoique diminuée par sa blessure au flanc, descend rejoindre le seigneur Vilyan et ses hommes, qui se sont massés sur l’estrade. Déjà, des renforts sont partis assister le Roi, tandis que les noms de premiers traîtres sont donnés. Les gardes se mettent à leur recherche, et procèdent à leur arrestation immédiate.

Nivraya se fraie un chemin parmi la noblesse de la capitale et des environs, venue présenter ses hommages au futur Roi le jour de son couronnement, et prise bien malgré elle dans une chasse aux traîtres. Deux gardes viennent la stopper une nouvelle fois, mais elle leur ordonne d’une voix claire :

- Je dois parler au Seigneur Vilyan, de toute urgence.

Les deux hommes se jettent un regard appuyé, mais ne semblent pas convaincus par la jeune femme qu’ils ont en face d’eux. Il ne s’agit pas d’une noble d’importance, puisqu’ils ne connaissent pas son identité, et la tuméfaction sur son visage, dissimulée tant bien que mal par des fards, ne leur donne pas particulièrement confiance dans cette inconnue. Toutefois, au moment où Nivraya désespère de les voir un jour prendre l’initiative d’aller au moins porter sa requête au Tribun, une voix amie résonne :

- Laissez-la passer, soldats.

Trois paires d’yeux se tournent vers l’estrade, où se trouve l’Intendant Enon, remis du coup de poing qui l’a envoyé à terre quelques minutes plus tôt. Nivraya lui adresse un sourire reconnaissant, et sans attendre que les gardes se soient écartés, elle se fraie un chemin entre eux, et grimpe rejoindre les hauts dignitaires du royaume. Vilyan est en train de distribuer ses ordres, et d’envoyer ses principaux capitaines s’assurer qu’aucun traître caché dans la ville ne pourra s’échapper. Nivraya l’interrompt presque, et s’incline rapidement comme l’exige le protocole, tandis que l’Intendant la présente en deux mots :

- Vous êtes l’amie de Lestar, n’est-ce pas ? Que puis-je pour vous ?

Elle brûle de demander des nouvelles de Lestar, qui après tout a été celui sans qui elle n’aurait jamais pris part à cette histoire insensée, jamais reçu ce maudit coup de poignard à la hanche, jamais eu à affronter tous ces dangers, tous ces doutes. Mais elle ne lui en veut pas le moins du monde, au contraire. Elle veut surtout le remercier, lui dire à quel point elle lui est reconnaissante de la confiance qu'il a placé en elle. Toutefois, elle sait qu'avant de pouvoir se laisser aller à retrouver ses proches, et à parler de tout cela comme d'un épisode étrange, elle doit d'abord penser au présent, et à la vie de ceux qui ne sont pas encore en sécurité. Regardant droit dans les yeux le Tribun, elle lui lance :

- Seigneur, je vous conjure d’envoyer vos hommes au beffroi de la ville. Les hommes de Sa Majesté y sont peut-être encore, et ils ont sans doute besoin d’aide pour échapper aux gardes qui ne manqueront pas de vouloir les arrêter.

De toute évidence, il comprend de quels hommes elle parle sans qu’elle ait besoin de le lui expliquer en détail. Il a probablement assisté à leur départ, et il doit connaître les quatre individus envoyés par le Roi pour accomplir une mission périlleuse, destinée à assurer le retour d’Aldarion sur son trône. Nivraya n’a pas eu le temps de réaliser à quel point leur succès est un soulagement pour elle, pour le royaume, et probablement pour la Terre du Milieu. Elle ne réalise pas à quel point ils sont passés près d’une fin toute différente, et d’un épisode sanglant et tragique que l’on n’aurait pas oublié de sitôt. Au lieu de quoi, son esprit analytique et calculateur est tout entier tourné vers l’avenir immédiat, à savoir l’arrestation des traîtres, et surtout le sauvetage du Prince Aelas.

Non loin d’eux, s’ouvre le couloir par lequel se sont successivement engouffrés Caleb et Aelas, talonnés par un détachement de gardes, eux-mêmes suivis de près par leur Roi. On n’entend déjà plus les échos de bruits de pas précipités, mais on devine aisément que dans une des salles au loin se joue un combat terrible dont l’issue sera nécessairement fatale au renégat. Comment, après tout, échapper à la furie d’un homme qui a d’ores et déjà perdu deux de ses enfants, morts assassinés ? Mais ce qui inquiète Nivraya, et qui doit probablement inquiéter également tous les dignitaires du pays, c’est de savoir qu’Aelas est le dernier héritier du trône d’Arnor, et que sa vie est actuellement entre les mains d’un homme traqué et désespéré, capable de tout.

Chassant ces sombres pensées, et préférant se concentrer sur l’action, elle demande sans ambages au Tribun Vilyan ce qu’elle peut faire pour l’aider. Elle n’est certes pas une guerrière, et elle serait bien incapable d’aller débusquer les malfrats de l’Ordre pour les traîner devant la justice du Roi, mais elle est toute disposée à aider dans la mesure du possible. Le Tribun, toutefois, ne semble rien avoir à lui confier. Sa principale mission pour l’heure est de veiller à la sécurité de la cité, en attendant de recevoir de nouvelles instructions de la part de son Roi. Sa tâche est à la fois un immense honneur et un grand déchirement, car on lit sur ses traits le désir de prendre part aux côtés de son suzerain à la traque et à l’élimination de Caleb.

C'est l'Intendant qui répond toutefois, d'une voix apaisante :

- Venez m'aider ma chère, j'ai besoin de votre aide pour rédiger la proclamation...

Elle s'exécute sans rien demander de plus, imaginant à raison qu'il s'agit du texte destiné à être lu devant le peuple pour lui relater les faits, le rassurer, lui expliquer pourquoi son Roi est revenu au moment du couronnement. Le choix des mots, dans ce cas, est particulièrement important, et c'est là que réside la fierté de la noblesse : la capacité à guider la roture dans les moments les plus éprouvants d'une vie. Elle s'installe à un bureau non loin, et s'empare de la plume et de l'encrier, posés là. L'Intendant doit être conscient de sa formation juridique, et il doit faire confiance à son écriture impeccable. Dictant comme à un greffier, il énonce :

- Aujourd'hui, le Roi Aldarion a mis fin personnellement à un complot visant à renverser sa personne. Les conjurés ont été placés en détention, et ceux qui ont résisté ont tous été tués. Le Prince Aelas...

Nivraya laisse sa plume suspendue au-dessus du papier, plongeant son regard d'un vert obsédant dans les yeux las de l'Intendant. De toute évidence, elle n'est pas la seule à avoir un mauvais pressentiment...
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Aldarion
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyMer 4 Juin 2014 - 1:49
Le regard d'Aldarion se plante dans celui de Caleb. Il est terrible, ardent et pourtant... froid. Puis, tandis que le corps d'Aelas retombe mollement au sol, il rugit. Ce n'est pas un cri, c'est un rugissement qui vient du plus profond de lui.

"Priam Ressor. Je me souviens de ton nom. Je me souviens de la traîtrise de ton maître."

Sa voix est puissante et résonne dans le sénat.

"Oui j'ai commis une erreur."

Son regard est toujours planté dans celui de Caleb qui se dresse l'épée au poing en signe de défi.

"La mort est le seul châtiment pour les traitres !"

En ces circonstances, alors que plus loin la chasse à commencer, ces mots sonnent comme une terrible sentence qui doit s'abattre sur l'Arnor. Il y aura des morts, il y aura du sang.

"Priam Ressor. Moi, Aldarion, fils d'Eldarion, Roi d'Arnor je te condamne à mort."

Tandis qu'il prononce ces mots, il fait fait un moulinet avec son épée qu'il pointe dans la direction du traître. La sentence est irrévocable et la mort sera immédiate. Plusieurs soldats font un pas en avant mais Ballas, qui a suivi son Roi, les dissuade d'un geste. Caleb a la réputation d'être un bon bretteur mais Aldarion aussi. Ballas l'a affronté de nombreuses fois à l'entraînement sans jamais parvenir à prendre le dessus. Ils ne peuvent pas lui voler sa vengeance. Ils ne peuvent exécuter la sentence à sa place.

Un nouveau moulinet insouciant qui soudain, se transforme en un coup puissant qui s'abat lourdement sur Caleb. Il le bloque, accusant le choc dans ses épaules crispées par l'effort. Il se concentre pour repousser l'épée d'Aldarion mais celui-ci s'écarte sans opposer de résistance. Caleb tente de l'atteindre par de vastes mouvements d'épées mais Aldarion l'évite à chaque fois. Une nouvelle attaque, diaboliquement rapide et puissante s'abat sur lui. C'est un coup de semonce, comme quand un forgeron abat sa presse sur le métal. Caleb résiste, tente une botte mais est contré sans difficulté par Aldarion.

Vandadanath se lève une troisième fois et s'abat à nouveau. Caleb bloque la lame, mais d'un geste violent, Aldarion lui assène un coup de pommeau qui lui éclate l'arcade sourcilière. C'est un guerrier, il se redresse et tente une nouvelle attaque. Il y met toute la haine qu'il a accumulé, toute la foi qu'il a dans l'ordre. Mais cela ne suffit pas, il est trop lent à chaque fois. Aldarion frappe vite et fort. Trop vite pour qu'il puisse riposter et trop fort pour qu'il puisse s'économiser. Il fatigue et en face, son adversaire semble au mieux de sa forme. Les petites blessures s'accumulent, une entaille sur le bras, son crâne martelé de coups, une coupure profonde à la taille... Aldarion prend son temps, il peut conclure mais il joue avec Caleb.

Aldarion le sait, il aura tout une vie pour pleurer la mort de ses trois enfants et de sa femme tuée par l'Ordre. Il n'a pourtant qu'un combat pour profiter de sa vengeance. Il se nourrit du désespoir d'un Caleb impuissant. Il hésite, doit il l'achever ou le tuer publiquement ?

Caleb se redresse. Il n'attaque même plus, il est sur la défensive. Aldarion enchaîne une série de coups verticaux de droite et de gauche. Caleb recule sous la puissance de l'attaque, met un genou à terre. Puis, d'un mouvement rapide, Aldarion ratisse plus large, poursuit son mouvement et tranche le mollet de son adversaire. La douleur le fait hurler. Il tombe en arrière et se tord le genou. Aldarion abat son épée et lui sectionne la main droite. Caleb sens le sang qui coule de ses plaies. Il ne tiendra plus longtemps. Il est au sol, les bras écarté. Il attend la mort.

"Regarde la mort qui vient..."

Aldarion pointe son épée juste au dessus de l’œil de Caleb. Puis, il l'enfonce d'un mouvement sec et la retire presque aussitôt.  

"Plantez sa tête pour qu'elle soit visible de tous. Voilà le sort réservé aux traîtres et aux assassins."

Il se penche près du corps sans vie d'Aelas. L'enfant a l'air tellement petit, tellement perdu dans l'immensité du palais. Il pose sa main sur sa joue, profitant des derniers moments de chaleur. Il lui ferme les yeux délicatement. Cet enfant sera à jamais son plus grand regret.

"Emmenez son corps dans la crypte."

#Aldarion #Aelas #Priam


Invité, n'oublie pas que le regard des Rois d'Arnor porte au delà des frontières de leurs royaumes.
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Njall
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyMer 4 Juin 2014 - 10:04
Njall bondit dans l'escalier tandis que des coups brutaux résonnaient déjà contre la porte, faisant craquer le bois du verrou. Haletant, il gravit les marches aussi vite qu'il pouvait, ralentis par le poids de son arme. Mais alors qu'il posait le pieds sur la dernière marche, un son de cloche retentit. Il évita le corps d'un garde mort, arrivant au sommet du beffroi, le regard vif. Il fut rassuré de voir que c'était ses compagnons qui étaient agrippés aux cordes du clocher et en faisaient sonner les cloches avec puissance. Ici, au sommet de la tour, la puissance des coups vrillaient les tympans, mais l'adrénaline et la concentration des compagnons leur faisait oublier toute douleur. Il se rua sur la corde tenue pour la mercenaire, comme elle était la plus chétive, pour l'aider. Il ne la sous-estimait pas, mais il ne pouvait pas rester à rien faire, ainsi plaça-t-il ses mains au-dessus de celle de la suderonne pour tirer avec force sur la cloche. Un à un, les coups retentirent. Avec leur son métallique et puissant, Njall n'entendait plus rien venant d'en bas et commençait à s'en inquiéter. Mais aucun garde ne venait, ce qui était bon signe. Vint le quatrième coup, et le lossoth esquissa un sourire. Le cinquième, le sixième, et ainsi de suite jusqu'au dixième coup qui fut porté, après lequel les cloches s'immobilisèrent et ils lâchèrent les cordes, les mains éreintées par l'effort et la sécheresse de la corde.

Nous avons réussis...
dit simplement Njall.

Maintenant qu'ils l'avaient fait, la mission paraissait ridiculement enfantine. Pourtant, ils avaient été pétris de doutes avant de l'accomplir. Qui aurait crû que sonner des cloches fut un tel périple ? Ils avaient eu de la chance et n'avaient presque pas eu à se battre. Mais un fracas en contrebas, suivis des cris enragés de la garde fit revenir le lossoth à la réalité. Pour eux, c'était tout sauf terminé. Il détacha sa masse de guerre et s'avança jusqu'aux escaliers, écoutant s'il entendait venir. Et c'était le cas, des bruits de bottes rapides se rapprochaient à une vitesse inquiétante.

Ils arrivent !

Il espérait que leur amie s'en était tirée et avait pu s'enfuir ou se dissimuler sur le côté de la porte avant qu'elle ne cède, ou qu'elle fut simplement arrêtée, et pas tuée sommairement. Il ne connaissait pas les lois de ce pays, mais s'ils passaient pour des traîtres la sentence devait être lourde, à son humble avis. Déjà, des gardes arrivaient, contraints d'avancer par deux de fronts dans les escaliers de pierre qui montaient de manière plutôt raide. Njall les accueillit en hurlant, balançant un coup sec en avant avec sa masse, venant heurter le plastron du premier garde et l'envoyant valser dans les escaliers. Sa chute vint faire chuter celui de derrière et provoquer un léger désordre dans les rangs des gardes. Le deuxième arrivait à sa hauteur et il esquiva un coup qui le frola avant de lui projeter son arme lourde dans le visage, l'envoyant également en arrière, le nez brisé, la peau lacérée et le visage en sang. Il serait aisé de les tenir d'ici, mais combien de temps ? D'autres venaient encore, et les quatre aventuriers sentaient déjà les premiers effets de la fatigue. Il fallait espérer que dame Nivraya ne les oublie pas et envoie des renforts.

Devant le flot de gardes qui arrivaient soudainement, Njall fut contraint de reculer et on en vint à se battre au milieu des cloches. Il était difficile de manier l'arme du lossoth, l'endroit n'était pas exigu mais la proximité des corps et des cloches rendaient les manœuvres délicates. Malgré cela, ils tenaient tête aux assaillants et il n'y avait que des corps de la garde qui jonchaient le sol du beffroi assiégé. Les bras du chasseur commençaient à être lourd et il abandonna sa masse sur le sol pour ramasser le glaive d'un mort, continuant le ballet mortel de sang et d'acier engagé au sommet de la tour.

Il semblait que dès qu'ils tuaient un garde, celui-ci était remplacé par un autre, comme s'il y eut une file d'attente dans les escaliers, et la fatigue commençait à tirailler le lossoth, qui se vu acculer sur le balcon, ripostant tant bien que mal aux attaques d'un jeune homme enragé, qui lui vociférait des insultes tout en se battant. Soudain, il s'effondra, abattu par un de ses alliés auquel Njall adressa un signe de la tête, reprenant son souffle. Des cris retentirent en bas, et Njall jeta un coup d’œil au-dessus du parapet.

Les hommes du Roi ! Ils arrivent ! Dit-il, discernant vaguement des blasons déjà vus lors de la rencontre avec Aldarion.

Presque immédiatement, les combats cessèrent et les gardes restant dans le beffroi arboraient un visage perplexe, tandis que les hommes du tribun et du roi investissaient les lieux, donnant certainement quelques explications et tuant les derniers enragés qui ne voudraient pas croire à la supercherie. Njall laissa tomber son arme et se laissa glisser jusqu'à être assis sur le sol, passant sa main sur son visage crasseux et tâché de sang, autant du sien que celui d'arnoriens. Sa lèvre était entaillée, son arcade avait reçu un violent coup et une plaie barrait sa joue, mais il souriait, les yeux fermés. Cette journée était enfin finie. Njall remerciait les dieux de l'avoir épargné.
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Adaes Thiemond
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyMer 4 Juin 2014 - 22:29
Adaes tira, ses compagnons l'avaient rejoints un à un, se plaçant à chaque corde. Le vieux guerrier usait de toutes les forces que son corps usé lui offrait, ses muscles forçaient autant qu'ils le pouvaient, bientôt le Lossoth rattrapa les trois membres et les assista, soutenant la mercenaire sur sa corde. C'est vrai, sur les quatre membres de la compagnie seul deux venaient de l'Arnor, la mercenaire et le chasseur n'étaient pas chez eux mais faisaient plus d'efforts que certains Arnoriens ne l'avait fait, c'était tout à leur honneur.

« Plus que quelques coups ! »


Le gong sonnait enfin, le bruit sourd qu'il produisait réduisait les tympans des aventuriers en charpie, mais à chaque coup le visage d'Adaes se détendait et un sourire apparaissait peu à peu entre les rides de son visage. Le quatrième coup arriva et le maître d'Arme sentait la victoire arriver. Le cinquième, puis le sixième, tous les coups arrivèrent et finalement le dixième raisonna, celui-ci donné Adaes lâcha la corde, laissant ses mains se reposer de la friction contre une matière aussi sèche.

Le maître d'arme posa ses mains sur ses genoux, respirant à vive allure, il n'avait pas fait un tel exercice depuis longtemps, mais cela faisait aussi longtemps qu'il n'avait pas été aussi fier de lui. Le large sourire qui ornait ses lèvres le montrait bien, il avait accompli la mission la plus importante qu'il n'avait jamais eu, ironiquement celle-ci était arrivée alors qu'Adaes était à la retraite et jamais lorsqu'il était dans l'armée.

En soit s'il avait toujours était militaire peut-être même n'aurait-il pas eu vent de ça, peut-être même aurait-il était dans le mauvais camp... Tant de choses sont possibles, penser à ça dégoûta le maître d'arme un instant, il ne voulait pas y songer, mais au moins il avait fait ce qu'il devait faire et en était fier. Il fut tiré de ses rêves par Njall, affirmant que des hommes arrivaient, au vu du bruit rapide des bottes ils n'étaient pas alliés.


« Ce n'est donc pas encore fini. »


Adaes se retourna et alla saisir sa vieille lame au sol, la dressant de nouveaux, mais plus pour sauver un royaume et un roi, mais pour sauver sa vie de ceux qui devaient simplement faire leur travail. Faire couler le sang ainsi ne l'enchantait pas, malheureusement il n'allait pas se laisser tuer ainsi. Lorsque les premiers assaillants arrivèrent Njall fut le premier à réagir, combattant férocement. Mais bientôt le nombre parvint à le dépasser et des gardes franchirent le Lossoth.

Adaes frappa alors un premier coup dans le genou d'un garde, entaillant celui-ci et faisait trébucher le garde. Le maître d'Arme profita de ça pour porter un second coup au niveau du flanc, l'entaillant de nouveau en espérant malgré tout qu'il puisse survivre à sa blessure. Un autre garde vint attaquer le maître d'arme, ce dernier leva son épée instinctivement, parant l'attaque de son adversaire tant bien que mal, faisant retomber au sol lourdement l'épée de son adversaire et enchaînant avec un coup de poing.

Le combat qui s'en suivit fut difficile pour le vétéran, ainsi que pour ses compagnons en large sous-nombre. Bientôt Adaes encaissa un coup de pommeau dans le torse le plaquant contre un mur, il se laissa tomber au sol pour esquiver un coup d'épée qui vint se planter dans le mur, Thie fendit l'air et vint frapper les côtes de son adversaire qui tomba alors au sol. L'ancien soldat se releva alors tant bien que mal, faisant face aux combats suivants.

Njall alerta alors la petite troupe de l'arrivée des gardes du roi, les gardes cessèrent bientôt le combat, perplexe. Seul certains voulant absolument éliminer les intrus durent être éliminer. Njall se laissa tomber contre un mur, le vieux guerrier rengaina et resta droit, tant bien que mal. Il avait une entaille à la jambe, et le torse douloureux, son corps était fatigué mais au moins : ils l'avaient emportés. La bataille était finie.


« Puisse à jamais ce jour rester comme étant la victoire de la vérité sur le mensonge, aussi funeste soit-il de par les morts de valeureux ayant péris pour leur devoir ou leur cause. »


Le maître d'arme était sérieux et calme, mais un petit sourire ornait toujours son visage : ils avaient gagnés.
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Thorondil
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptySam 7 Juin 2014 - 2:27
Les premiers coups avaient été les plus éprouvants pour Thorondil. Pas pour l'effort physique, loin de là, mais l'instant fatidique, la course effrénée qui avait précédée et l'importance capitale de cette simple action rendait ce simple geste oppressant. Dans sa tête, seul comptait plus désormais que le nombre de coups qui vrillaient ses oreilles sensibles.

Tous les muscles bandés, le fauconnier tirait sur la corde. L'importance de rester parfaitement synchronisé avec ses compagnons rendait les choses plus difficiles. Les mains serrées autour de l'épaisse corde, il sentit l'air vibré sous le son puissant de la cloche jusqu'au plus profond de ses entrailles.
Un coup...

Le visage concentré, il tira une nouvelle fois sur la corde. L'élan précédent rendit la tâche plus aisée. Si la garde arrivait à pénétrer dans le beffroi à cet instant précis, c'en était fini. De leur vie, de leur mission, du règne de Tar-Aldarion et de l'Arnor qu'ils avaient toujours connus.
Deux coups...

Les yeux fermés, les traits plus tendus que jamais, la mâchoire crispée, l'ombre de l'angoisse marquant sa face, Thorondil en avait oublié de respirer. Les trois coups que tout le monde attendait allaient retentir. Sans doute n'y avait-il jamais eu d'instant aussi mortellement crucial dans sa vie. S'ils tombaient maintenant... Il ne préférait pas y penser. Autour de lui ses compagnons affichaient sans doute la même mine que lui.
Trois coups...

Une grande bouffée d'air s'engouffra soudain dans ses poumons. Enfin... Le coup de grâce. Ce quatrième coup qui allait faire basculer Annùminas dans le doute et l'interrogation, qui allait ébranler la victoire de l'Ordre et la légitimité du Prince, agiter les mendiants comme les sénateurs. Un seul coup de trop pour faire toute la différence. Il y en avait encore six à sonner. Six. Mais celui-là était de loin le plus important !
Quatre coups !

Au fur et à mesure qu'il se ramassait sur lui-même pour tirer encore et encore la corde de chanvre qui lui brulait les paumes, au fur et à mesure que ses muscles protestaient sous l'effort intense, au fur et à mesure que résonnaient les coups puissants de l'énorme cloche jusqu'au delà des murs de la cité, son visage s'éclairait. Un sourire de victoire s'accroissait sur la figure balafrée. Trop concentrés à leur tâche aucun d'entre eux n'auraient pu voir, encore moins entendre, arriver l'ennemi dans leur dos s'il était apparu.
Neuf coups...
Dix coups ! Enfin !

Relâchant la corde dans un long soupire de soulagement, Thalion fit jouer ses doigts et les muscles de ses bras pour tenter de leur redonner vie. Il peina quelques secondes à refermer les poings. Un long silence se fit. Ses épaules s'affaissèrent. Ils avaient réussi ! Ils avaient menés à bien leur mission, aussi improbable que cela puisse être, ils étaient victorieux ! Sa poitrine fut secouée d'un étrange rire étouffé.  Que c'était bon ! Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas ressentit cette fierté si particulière qui montait face au devoir accompli.
Hélas, il était encore trop tôt pour se réjouir...

"Ils arrivent !"

La voix de Njall lui parvint comme étouffée sous des tonnes de coton. Ce n'était pas encore fini, non ! Dans un grognement bestial, le fauconnier dégaina Sûliavas et son poignard, prêt à affronter les malheureux qui avaient l'impudence de le défier. Le lossoth fut le premier sur eux, jetant sans remord plusieurs gardes au bas des escaliers d'un seul coup parfaitement calculé. Puis ce fut une déferlante d'hommes en arme qui les frappa de plein fouet. A moins d'un miracle, ils seraient bientôt submergés par le nombre sans aucune chance de survie. La lame elfique du fauconnier fendait l'air accompagné d'un sifflement macabre. Si plus tôt, en traversant la place, il avait pris soin d'éviter de blesser mortellement ses compatriotes, il ne s'encombra plus longtemps de ses états d'âme. Désormais c'était les gardes ou ses compagnons. Habitué des batailles, Thorondil savait où frapper. L'épée et la dague se plantaient dans les défauts d'une armure ou d'un casque, ouvrait l'aine ou tranchait les carotides.
L'entonnoir formé par l'escalier leur permit pourtant de tenir bien plus longtemps qu'il n'aurait pu l'imaginer. Mais après leur périple, leur course à travers les souterrains et les ruelles, leurs batailles et l'effort des cloches, chacun fatiguait rapidement alors qu'un garde venait sans cesse remplacer son collègue tombé. Le dùnadan remarqua que Njall et Adaes étaient en difficulté. Se débarrassant de son adversaire d'un coup de pied, il fut d'un bond sur l'adversaire de l'homme du Grand Nord, le plus près, et ficha sa dague en travers du cou de l'infortuné jeune homme. Trop jeune pour mourir, s'attrista sur le coup le fauconnier. Il tenta de retirer l'arme mais seule la poignée resta. La lame usée, trop souvent affutée et de piètre qualité, resta dans la chair. Un juron lui échappa et cet instant d'inattention faillit bien lui couter un bras. Un cri l'avertit du danger à temps pour que Sûliavas pare le puissant coup d'épée qui lui était destiné. Son poignet protesta sous la violence du choc mais ne céda pas. Encore une fois, il repoussa son adversaire qui réussit pourtant à lui asséner un coup de gantelet qui fendit son arcade, rouvrant sa vieille cicatrice et l'aveuglant en quelques secondes d'un flot de sang. Cela lui rappela une situation identique. Aveuglé, à la merci du prochain coup... il allait mourir. Rendre son dernier souffle en ayant sauvé l'Arnor, l'épée à la main... ce n'était pas si terrible que cela finalement. Merilin allait lui en vouloir...

Il n'était peut-être finalement pas destiné à mourir ici. L'arrivée providentielle des hommes du roi légitime mit brusquement fin aux hostilités. Les gardes, complètement déstabilisés, reculèrent. Un puissant cri de victoire s'échappa des lèvres du dùnadan, guerrier et sauvage. Avec lui s'envola toute la tension, toute l'adrénaline et tous les instants de combat. Enfin... enfin, c'était fini. Il était vivant... Ils étaient vivants ! Il songea à la jeune femme restée en bas. Avait-elle survécu ? Dans l'agitation, il l'avait complètement oublié. Il vacilla. A bout de force, il se laissa tomber en arrière, contre le garde-fou. Son épée pendait mollement au bout de son bras. Son visage était baigné de son propre sang, ses main et ses bottes étaient poisseuses de celui des autres, sa cotte de maille était brisée en plusieurs endroits et son poignet l'élançait mais cela n'avait aucune importance, vraiment...

« - Longue vie à Tar-Aldarion et à l'Arnor... » marmonna-t-il.
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Eliah Tandoril
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Il sonne pour toi - Page 2 EmptyDim 8 Juin 2014 - 18:01
[HRP : L'ordre de passage semblant être devenu aléatoire, je me permets de poster mon RP. Désolée, j'ai un peu de retard, j'ai eu pas mal de choses à faire ces derniers jours !]

Il sonne pour toi - Page 2 Vavapn10

Shaïa se réveilla de bonne heure, restant un moment allongée près de la cheminée encore fumante. Quelques braises rougeoyaient toujours dans l’âtre, dégageant une faible chaleur et une odeur de bois brûlé. Bien que ses yeux étaient bel et bien ouverts, elle resta un moment sans bouger, silencieuse, écoutant les bruits discrets venant de la pièce encore endormie. La soirée de la veille avait été pleine de rebondissements et la nuit fut plus courte qu’elle ne l’avait espérée. Alors qu’ils discutaient, ils avaient été soudainement interrompus par l’entrée fracassante de la Dame qui était visiblement amochée. La brune s’était levée, la mine sombre, regardant les hommes qui s’activaient autour de son corps frêle. En l’espace de quelques secondes, cette femme était remontée dans son estime. Non pas parce qu’elle avait été blessé (pour cela, ça aurait été plutôt de la satisfaction) mais elle démontré par là qu’elle avait une certaine valeur en tant que combattante et qu’elle savait se défendre. La guerrière ne s’était pas mêlé de tout cela, car ses méthodes de soin était pour le moins bien trop rustique pour une noble telle que celle-ci. La jeune femme se contenta donc de rester en retrait le reste de la soirée.

Mais elle apprit néanmoins de nombreuses choses en écoutant les hommes discuter. Il était question d’un plan et de souterrains. Ils allaient devoir se faufiler dans la ville, jusqu’au clocher pour sonner dix coups. La mission semblait simple en l’état, emprunter les souterrains à l’insu de tous, pénétrer dans le bâtiment et sonner le signal. Shaïa se demandait si c’était là l’intention du roi depuis le début. Si c’était effectivement le cas, il devait attendre avec impatiente de franchir les murs de la ville pour reprendre son trône. La jeune femme se demanda également pourquoi il l’avait envoyé ici en mission politique plutôt que de le garder auprès de lui pour la bataille. Elle se releva lentement sans faire de bruit et récupéra son épée qu’elle se mit à lustrer d’un geste machinal. C’était plus pour réfléchir que pour réellement nettoyer l’arme déjà étincelante.  Il y avait de quoi réfléchir en effet. Il était possible que le roi se méfie et ait peur d’un éventuel retour de manche et sa raison ici était possiblement entièrement justifiée. Elle soupira et continua à réfléchir et à travailler jusqu’au « petit-déjeuner ». Avant de partir, la troupe entière se prépara afin minutie. La guerrière prépara chacune de ses armes avec soin, enfila son manteau et noua le tissu rouge sang autour de son visage.  Elle était redevenue de marbre, elle était prête à se battre.

Shaïa s’était à présent habitué à la présence de ses compagnons et elle appréciait qu’on la laissa tranquille dans son coin. Chacun avait visiblement envie de dire adieu à la belle Dame, mais ce ne fut pas le cas de la femme du Rhûn. Elle lui était reconnaissante de les avoir accueillit, mais peut-être son égo jouait-il, elle ne pouvait pas éprouver de sympathie pour cette femme. Néanmoins, elle avait prit le géant de muscle à la bonne et le salua de la tête avant de quitter la pièce derrière ses compagnons. Elle n’était pas du genre très démonstrative de ses sentiments, elle n’en avait jamais eu l’habitude depuis ce jour où pour elle tout avait basculé. Sa vie actuelle lui convenait totalement et on l’acceptait telle qu’elle était ou pas du tout.

Le parcours dans le souterrain fut assez désagréable mais bien plus rapide qu’elle ne le pensait. Mais la surprise fut grande pour tout le monde quand ils débarquèrent au beau milieu de ce qui semblait être une rue. Clignant des yeux et rabattant sa capuche sur ses cheveux et sa peau sombre, elle jeta un coup d’œil rapide dans les environs. Pas de gardes dans les parages qui accouraient, ils n’avaient donc pas été vus. Néanmoins, ils pouvaient apercevoir des ombres sur les toits et s’ils pouvaient les distinguer eux aussi pouvaient distinguer la compagnie. Shaïa ne pipa mot, mais elle se demandait sur leur chère noble ne les avait pas indiqué un mauvais chemin afin de les piéger. Mais puisque les environs étaient vierges de tout soldat armé, elle se détendit quelque peu. Une simple erreur de parcours tout simplement. Mais ils n’avaient pas réellement le temps  de s’attarder.

« Que faisons-nous à présent ? »

Le plus avantageux aurait été de se séparer en deux groupes afin de faire diversion, néanmoins, elle avait bien précisé qu’il fallait trois personnes pour sonner cette maudite cloche. La brune serra les dents et continua à surveiller les alentours, les doigts posés avec prudence sur la garde de son épée. Combien d’hommes pourraient-ils tenir en respect à eux seuls ? Un peu plus d’une dizaine elle n’en doutait pas. Mais vingt ? Cela restait plus que discutable. Mais après tout, elle était là pour se battre. Elle n’avait aucune idée de la direction exacte qu’il fallait prendre, elle était donc dépendante des natifs de la cité, mais elle les suivrait au combat sans rechigner s’il le fallait. Pour la première fois depuis le début de leur aventure, elle se rapprocha du plus proche de ses compagnons qui se trouvait être Thorondil et lui posa un main sur l’épaule.

« Il faut y aller maintenant. Par où devons-nous passer ? »

Il devait connaître le meilleur chemin pour arriver à leurs fins. Sinon tout ceci n’aurait servit strictement à rien. Mais à peine eut-elle prononcé ces mots que Njall avait déjà pris les choses en main et élaboré un plan. Elle s'apprêtait à répliquer quand un vacarme de fer et d'acier se fit entendre sur un toit proche. Quelque chose se passait et même si elle ne comprenait pas réellement ce qui se passait, elle réagit comme les autres à l'ordre qui fut donné. La diversion était là, au bon moment, comme ci tout cela était prévu et ils se mirent donc à courir en direction du bâtiment qui renfermait les précieuses cloches. La première partie du chemin se fit sans encombre, puis les gardes qui n'était pas si idiots que cela, se rendirent compte qu'un petit groupe hétéroclite se précipitait vers le beffroi. Ils hésitèrent un instant de trop, laissant le groupe prendre l'avantage. Un coup d'oeil sur le toit permis à Shaïa de voir une femme se battre contre les archers. La stupeur faillit lui fit perdre de l'allure, mais elle n'avait pas le temps de se questionner.

Une fois à l'intérieur, les quatre compagnons montèrent à toute vitesse en haut et se débarrassèrent de ceux qui avaient déjà commencé à actionner les cloches. Les trois hommes se saisirent des cordes et commencèrent à sonner. Un coup, deux, trois... et ainsi de suite jusqu'au dixième coup. La guerrière avait dégainé sa plus longue épée et se tenait debout devant les escaliers, attendant le moment où les gardes arriveraient pour les empêcher de continuer. Entendre les cloches tinter procura presque du plaisir à Shaïa, elle était excitée à l'idée qu'ils allaient reprendre cette citée, que cela serait grâce à eux. Même si ce n'était que pour sonner des cloches. Le dixième coup sonna avant que le premier garde n'arrive et celui-ci fut instantanément transpercé par l'arme de la Rhunienne. Enfin les choses sérieuses allaient commencer. L'étranger arriva le premier à ses côtés, suivit de près par ses autres compagnons. Mais ceux-ci avaient usés beaucoup de leurs forces afin de sonner les cloches et elle se demanda s'ils pourraient faire face, car d'autres gardes arrivèrent encore et encore. Ils étaient très nombreux et à eux quatre, il serait difficile de tous les éliminer. Car pour elle, il n'y avait pas de questions à se poser. Il fallait les tuer pour ne plus avoir à s'en soucier. Ils réussirent à contenir le flot, mais furent bientôt submergés. Chacun des compagnons étaient séparés et combattaient férocement, avec acharnement. Njall avait été repoussé au milieu des cloches, Adaes se battait comme un lion et le fauconnier ... Il était presque à terre et en mauvaise posture. Shaïa soupira et s’apprêtait à lui prêter main forte malgré sa fatigue et ses membres engourdis.
C'est à ce moment que Njall cria quelque chose qui les soulagea grandement. Les hommes du roi arrivaient vers eux. Shaïa recula jusqu'au mur et s'y adossa. Des gouttes de sueur perlaient sur son front, mais elle était soulagée.

Les hommes du Roi réussirent à rétablir l'ordre. Shaïa rangea son épée et retira le tissu de son visage. Elle était à bout de souffle d'avoir autant combattu. Elle se rapprocha instinctivement de ses compagnons. A présent, elle n'avait aucune idée de ce qu'ils devaient faire. Était-ce si simple ? Le Roi d'Arnor était donc toujours Aldarion grâce à dix coups de cloches ?
Elle jeta un regard en direction de ses compagnons. Ils avaient tous besoin de repos...
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