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 Négociations sous les arbres

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Fendor
Roi de la Marche
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Fendor

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Localisation : Isengard - Rohan
Rôle : Roi de la Marche

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Négociations sous les arbres EmptyDim 13 Avr 2014 - 23:59
Ce fut un souffle de vent inattendu qui sauva la vie du roi et de son camp. Cette nuit-là, au beau milieu des plaines du Riddermark, Fendor, Eoseld et leurs soldats dormaient avant de continuer leur chemin le lendemain en direction du domaine de Fangorn. Deux hommes étaient de garde, l’un du Vice-roi et l’autre du roi. Une première flèche vint tuer le Garde royal tandis que celle destinée à Beleth fut écartée par le vent. Le Chevalier réagit immédiatement et décocha une flèche dans le sens inverse de celle dont il avait échappé. Il souffla dans son cor qui réveilla tout le camp et indiqua à l’ennemi qu’il avait été repéré. Ce fut Felarel qui vint aux nouvelles le premier.

- Que se passe-t-il ?
- Des assassins, pour sûr. Ils ont eu Regas et ont failli m’avoir également.
- Tu sais combien ils sont ? Où ils sont ?
- Non, j’ai tiré une flèche dans la direction d’où provenait le dernier trait mais je ne sais pas si j’ai atteint ma cible, il fait trop sombre pour voir quoi que ce soit au loin, alors qu’eux ne pouvaient pas nous manquer.
- Notre feu a joué contre nous, mais par ce froid nous ne pouvons pas nous en passer. Reste-là et protège Fendor, nous allons prendre des torches et faire le tour.

Felarel prit Alden avec lui et laissa Beleth et Eovar auprès du roi (Lysane et Virgon avaient été laissés à Edoras pour qu’ils s’entraînent avant d’être réellement affectés à la protection de Fendor) tandis qu’Eoseld envoya cinq de ses neufs gardes restants. Ils firent le tour des environs, mais apparemment tous les ennemis s’étaient enfuis. Ils découvrirent le corps de l’un d’eux, une flèche dans le gosier. Le tir de Beleth avait fait mouche. Sa tenue légère noire, la tête enfouie dans une capuche, ne laissait aucun doute sur leur but. Il s’agissait d’assassins, très certainement venus pour Fendor. Le gamin aurait dû le dire à son oncle, ils seraient venus avec plus de soldats. Il était temps de dévoiler la vérité. À leur retour, Felarel fit un compte-rendu à Eoseld, et sans regarder le garçon, lui annonça que la tête de Fendor était mise à prix et que des assassins étaient à ses trousses. Eoseld explosa.

- Comment cela se fait-il que je ne sois pas au courant ?! Vous vous rendez compte des risques que vous nous faites prendre ! Et ça se dit chevaliers ! Est-ce que vous savez au moins comment défendre la vie de Fendor ?

Il se tourna vers le garçon, toujours rouge de colère.

- Et toi ? Tu le savais ? Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? Depuis quand me caches-tu des choses ? Est-ce qu’il y a encore des choses que je dois savoir ? C’est le moment ou jamais, après il sera peut-être trop tard ! Rhaaa ! Je me demande bien pourquoi je continue à m’inquiéter de ton sort alors que même toi tu n’as pas l’air de t’en soucier, ni même tes chevaliers d’ailleurs ! Et puis quatre hommes ! Elle est belle la Maison du Roi !
- J’ai confiance en eux ! Chacun d’eux en vaut deux comme les tiens ! Ce sont les hommes les plus loyaux !
- Ce n’est pas la loyauté de quatre chevaliers qui vont protéger ta vie gamin ! À notre retour, tu choisiras de nouveaux hommes pour agrandir ta Maison ou je le ferai pour toi !
- Tu n’en as pas le droit !
- C’est moi qui commande ici ! Si tu n’es pas capable de te protéger, je vais y remédier !

Ces paroles furent les dernières de la nuit. À l’aube, ils se remirent en selle et reprirent en silence leur chemin. Ils arrivèrent en début d’après-midi à l’orée de Fangorn. Là, Eoseld ordonna qu’on laisse les chevaux et qu’ils ne pénètrent qu’à quatre dans la forêt. Felarel accompagna Fendor et Artus, le capitaine de la Garde Royale, accompagna le Vice-Roi. Les autres montèrent le campement en attendant leur retour.

Long fut le chemin dans la forêt. Le petit groupe marcha pendant des heures, perdant toute notion du temps sans le soleil, caché par les arbres. Fendor et son oncle ne s'étaient pas reparlés depuis l'incident au camp, et aucun des deux ne semblaient vouloir que ça change. Ce fut après un temps interminable à cheminer au cœur de la forêt qu'ils le rencontrèrent. Ils ne savaient pas à quoi s'attendre vraiment, mais le trouver en train de se promener les surprit, alors même que cela leur semblât naturel.

Sylvebarbe s'approcha du groupe, menaçant.

- Qui êtes-vous et que venez-vous faire dans ma forêt ?
- Êtes-vous Sylvebarbe ? S'enquit tout d'abord Eoseld.
- Je suis le gardien de la forêt, êtes-vous venus avec de mauvaises intentions ?
- Je me nomme Eoseld, je suis le Vice-roi du Rohan.
- Et quelles sont vos intentions, Vice-roi du Rohan ?
- Nous sommes venus négocier avec vous.
- Je n'ai rien à vous offrir et vous interrompez ma promenade annuelle.
- Promenade annuelle ? S'interrogea Eoseld.
- Oui, long est le chemin.
- Bref, je suis désolé de vous donnez tort, mais vous avez quelque chose à offrir : l'Isengard et sa tour.
- Pourquoi vous la donnerais-je ? Et pourquoi à vous ? N'est-ce pas avec votre roi que je devrais m'entretenir ? Est-il trop imbu de lui-même pour se donner la peine de se déplacer jusqu'à ma forêt et venir me parler ?

Fendor sortit de son sac sa couronne dont il se ceignit. Sylvebarbe ne s'en aperçut pas et il prit alors la parole pour se manifester.

- Je suis Fendor, fils de Firion, Roi de Rohan et Seigneur d'Edoras. Je ne suis pas assez imbu de moi-même pour ne pas venir en personne vous parler, seulement mon oncle ici présent est la personne qui gouverne actuellement mon royaume. Mais je suis tout disposé à m'entretenir avec vous en place et lieu du Vice-roi si c'est cela que vous souhaitez.
- Je le souhaite en effet, jeune roi. Je ne pense pas que votre âge vous donne moins de valeur qu'un autre et si vous êtes amené à gouverner le Rohan par la suite, je préfère que nous commencions dès à présent à échanger ensemble.
- C'est entendu. Sachez que c'est nous qui venons à vous, mais que vous avez autant d'intérêts dans cet échange.
- Je vous écoute attentivement, Fendor, fils de Firion. J'ai rencontré votre père autrefois, un homme bon, j'espère que vous emprunterez le même chemin que lui.
- Je n'ai pas connu mon père, je choisis ma propre voie.
- Vous choisissez peut-être les pierres sur lesquelles vous marchez, mais ce n'est pas vous qui choisissez lesquelles se présentent à vous. Vous vous en rendrez compte, j'espère juste qu'il ne sera pas trop tard. Souvenez-vous en.
- J'essayerai. En attendant, nous venons, je viens, vous demander Isengard et les clefs d'Orthanc. Nous en avons besoin pour défendre la Trouée du Rohan, notamment contre les incursions des hommes de Dun qui se montrent de plus en plus hardis.
- De plus en plus affamés surtout. Ne sous-estimez jamais un homme qui a faim, il peut être un plus grand fléau que bien des chevaliers.
- Vous êtes prompt à donner des conseils, mais c'est de réponses dont j'ai besoin.
- Vous avez parlé d'un échange, et d'un intérêt pour mes arbres. J'attends simplement que vous me les présentiez.
- C'est exact. Voilà maintenant bien des années que les Ents gardent l'ancienne forteresse, je vous libère de cette charge, retrouvez tous votre forêt, retrouvez la paix que vous désirez si ardemment, loin des conflits qui agitent le monde.
- Nous aimons notre vie il est vrai, mais nous ne voulons pas d'un nouvel épisode Saroumane. La souillure du magicien a disparu, les arbres ont repoussés, les jardins refleuris, les animaux revenus. Nous ne voulons pas que cela change, même au nom d'une cause juste.
- Et si nous vous faisons ici la promesse que les arbres seront préservés, les jardins entretenus et les animaux protégés ? Chaque arbre abattu sera replanté, les jardins seront maintenus ou seulement déplacés, les animaux ne seront chassés que pour la nourriture, nous ne tuerons ni les jeunes, ni les femelles, seuls cas la défense personnelle.
- Je me dois de prendre le temps de réfléchir à votre proposition.
- Dans ce cas, j'ai une deuxième proposition à faire sur laquelle vous pourrez réfléchir en même temps que l'autre.
- Eh bien eh bien, vous semblez bien gourmand jeune roi, la modération est une qualité importante, vous ne vivrez pas très vieux sinon.
- Mon peuple et mon royaume passent avant ma propre vie. Je m'y dévoue corps et âme, je prends les risques que je dois, et je sais ce que je fais.
- Dans ce cas, je vous écoute une nouvelle fois.
- Je souhaite que la forêt de Fangorn soit annexée au royaume de Rohan. Je sais, quel est votre intérêt là-dedans ?! Je vous propose un échange juste de bons procédés : vous empêchez toute armée ou tout groupe ennemi ou non invité de pénétrer sur nos terres par votre forêt et nous vous garantissons la protection de vos arbres, aucune hache, ennemie comme alliée, ne viendra abattre l'un d'entre eux.
- En quoi notre annexion est-elle nécessaire à cet échange ?
- Un royaume se défend d'abord et avant tout par la menace qu'il représente, avant même la résistance de ses remparts et le nombre de ses boucliers. Si la forêt de Fangorn fait partie intégrante du Rohan, une armée ennemie va réfléchir un peu plus avant de nous attaquer, car les Ents représentent une forte menace. La dernière marche des Ents n'a pas été oubliée et elle se conte encore autour du feu.
- Vous nous offrez la paix dans votre première proposition pour mieux nous offrir la guerre dans la seconde ?
- Non, je vous offre la paix dans les deux. Nous ne vous demandons pas de faire la guerre, vous aidez à défendre notre royaume, et votre forêt par la même occasion, par la simple menace que vous représentez. En fait, ces deux propositions ne vous demandent rien, mais vous offrent en retour la garantie que votre forêt et votre mode de vie seront protégés.
- Je vous ai entendu, laissez-moi maintenant réfléchir à vos deux propositions.
- Finalement, voyez cela comme une seule et même proposition, c'est tout ou rien !

Eoseld réagit au quart de tour et intervint.

- Ne l'écoutez pas, étudiez chaque proposition, l'Isengard est le plus important.
- Non ! S'écria Fendor. La paix est la plus importante et cette paix n'est garantie que si les deux propositions sont acceptées ! C'est pourquoi je vous demande Sylvebarbe de l'étudier comme une seule, car je ne me contenterai pas de la moitié, la vie de nos deux peuples ne vaut pas qu'une moitié.

Le Vice-roi se tut, abasourdi par l'hardiesse de son neveu. Apparemment, il l'avait un peu trop bien formé à être roi, cela n'augurait rien de bon pour lui. Il allait devoir reprendre les choses en mains dès son retour à Edoras.

- Je ferai comme vous le désirez, jeune Fendor. Je vous laisse retrouver vos hommes à l'orée de la forêt, je reviendrai vers vous avec notre réponse.
- Comment savez-vous pour mes hommes ? Et comment nous retrouverez-vous ?
- Je vous le répète, je suis le gardien de cette forêt, et en tant que tel, je sais beaucoup de choses. Les erreurs du passé sont une leçon pour chacun, j'apprends à chacune d'elle. Faites de même, écoutez, apprenez, retenez, appliquez. C'est mon dernier conseil pour ce jour. Repartez.

Sylvebarbe s'en alla sans plus de cérémonie, laissant le petit groupe seul, méditant sur tout ça. Eoseld, visiblement furieux, ordonna qu'on retourne au camp. Fendor repensa à tous les conseils de l'Ent et sentit qu'il y avait quelque chose derrière, comme s'il avait essayé de lui parler, de le prévenir d'une chose dont il avait connaissance et dont le garçon devait se méfier. Hélas, il ne savait pas, il ne voyait pas et il ne pouvait même pas l'imaginer.
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Négociations sous les arbres EmptyMar 15 Avr 2014 - 18:37
Le retour au camp se fit dans le silence le plus total. Fendor savait pourtant que son oncle ne laisserait pas passer ses décisions et son comportement. Pourquoi ne disait-il rien ? La colère d'Eoseld était nettement visible et il ne semblait pas chercher à la cacher. Felarel et Artus restèrent muets également, conscients sans aucun doute que cela valait mieux. Fendor s'en voulait maintenant de ce qu'il s'était passé, pourquoi n'avait-il pas tout simplement suivi les ordres de son oncle comme prévu, d'où lui était venue cette idée folle d'annexer Fangorn, au risque de perdre l'Isengard ? Eoseld allait le massacrer. Il avait osé lui dire non et s'imposer auprès de Sylvebarbe. À cette pensée, Fendor frissonna.

Ils quittèrent enfin les arbres et retrouvèrent les autres à une certaine distance, ils ne s'étaient pas trop mal orientés finalement. Le campement était prêt, plusieurs tentes étaient montées, un feu brûlait et une réserve de bois était préparée, du bois mort exclusivement, couper ne serait-ce qu'une branche de la forêt aurait ruiné toute leur entreprise, et pire encore.

- Alors, comment ça s'est passé ? Cria Alden aux arrivants.

Felarel lui fit signe de se taire et désigna Eoseld. Le nouveau Chevalier compris tout de suite en voyant le Vice-roi. Felarel et Artus rejoignirent chacun leurs hommes, tandis qu'Eoseld sortit enfin de son mutisme pour demander à son neveu de le suivre. C'était le moment, Fendor le savait. Il le suivit assez loin, jusqu'à ce que le couvert des arbres les cachent du camp et qu'ils ne puissent pas être entendus. Le poing qui s'abattit sur son visage, il ne le vit pas venir. Il se retrouva sur les fesses, une vive douleur le tiraillant au niveau de la mâchoire. Il s'essuya la bouche et découvrit que sa lèvre saignait. Eoseld entra alors dans une rage folle comme le garçon ne l'avait jamais vu. Il n'avait d'ailleurs encore jamais porté la main sur lui. Il ne le reconnaissait plus, à tel point qu'il en était effrayé.

- Comment as-tu pu ?! Comment as-tu osé espèce de misérable avorton ?! Je t'ai tout donné, j'ai tout fait pour toi, je me suis sacrifié pour que tu montes sur ce putain de trône et que tu retrouves ta place, et c'est comme ça que tu me remercies ?! Réponds, c'est comme ça que tu me remercies ?!

Eoseld sortit son épée et la pointa en direction du gamin.

- RÉPONDS !!!

Fendor essaya de bredouiller quelque chose, mais il était tétanisé.

- Tu vas répondre, bon sang ! Tu as perdu ta langue ? Pourtant tout à l'heure elle semblait aller bien vu comment tu t'en es servi pour m'humilier ! Mais si tu ne veux plus l'utiliser, je peux t'en débarrasser si tu veux !

Il planta d'un coup vif son épée dans le sol et sortit un poignard qu'il approcha du garçon. Fendor s'écarta, toujours par terre. Il essaya de se lever mais ses jambes ne le portaient plus. Il sortit sa hache de sa ceinture et la brandit devant lui. Eoseld lança son poignard qui vint se planter entre les deux jambes du garçon. Fendor donna un coup dedans avec sa hache qui le fit s'envoler plus loin. Eoseld récupéra son épée et s'approcha. Fendor serra de ses deux mains son arme dérisoire face à celle de son oncle. Le garçon ne semblait pas avoir la force de sortir sa propre épée. Eoseld frappa d'un coup vif et nette sur la hache qui s'échappa des mains du garçon et atterrit hors de portée. Eoseld brandit son épée.

- Misérable...
- EOSELD !!!

La voix autoritaire de Felarel arrêta net le Vice-roi qui se retourna pour lui faire face.

- Qu'est-ce que tu es en train de faire Eoseld ? C'est le roi, c'est ton neveu !
- Il m'a humilié ! Devant l'Ent, devant le capitaine de ma Garde, tout le monde saura comment je me suis fait moucher par un môme !
- Par ton roi !
- Il est peut-être roi, mais c'est moi qui gouverne, je suis le numéro un et c'est à moi qu'on obéit. Si je dis de négocier cette chose, alors on la négocie et rien d'autre, et si j'insiste, on ne me dit pas non !
- Et quoi ? Tu vas le tuer pour ça ? Pour ça ou pour autre chose, tu es prêt à le tuer ? À tuer le roi ?
- Mais je n'allais pas le tuer, je lui donnais une leçon qu'il n'est pas prêt d'oublier.
- Range donc ton arme, tu es peut-être le Vice-roi, mais mon rôle est de protéger le garçon contre tous ceux qui se dressent contre lui, toi y compris mon ami.
- « Mon ami », le penses-tu vraiment ? L'avons-nous été un jour ?
- J'aurais aimé le penser, mais je ne suis pas naïf.

Eoseld rengaina son arme, récupéra son poignard et repartit au camp. Felarel le regarda partir et lâcha la poignée de son épée. Il se retourna vers le garçon. Fendor suffoqua, puis fondit en larmes entremêlées de hoquets tandis que Felarel s'approchait de lui. Il s'assit simplement à côté du garçon, sans faire le moindre geste ni rien dire. Il se passa quelques secondes, et le garçon s'accrocha alors au Chevalier et pleura dans ses bras. Il avait subit un siège au Gouffre de Helm face à une armée plus nombreuse, il avait connu la déroute, la mort de ses amis, mais rien ne l'avait autant effrayé que ce moment, seul, impuissant. Il s'effondra complètement, tout ce qu'il avait vécu ces derniers mois sortit, tout ce qu'il avait dû garder en lui pour se montrer digne, à la hauteur de son rang, toute la pression, la terreur, la solitude s'évacuèrent à travers les torrents de larmes qu'il versait. Il n'avait que onze ans, ceci expliquait pourquoi le Rohan avait besoin d'un Vice-roi. Mais ceci expliquera aussi le roi qu'il deviendra.

Au bout d'un temps infini, bien longtemps après que les dernières larmes ait été versées, Fendor lâcha Felarel.

- Je n'ai jamais autant regretté la mort de votre père qu'à cet instant, il a laissé derrière lui un fils qui a terriblement besoin de lui.
- Felarel, vous ne direz jamais à personne ce qui s'est passé ici d'accord ?
- Rien de ce qui se sera passé ou dit après le départ de votre oncle.
- Merci, je vous aime bien. Nous sommes amis n'est-ce pas ?
- Bien sûr, vous êtes mon roi, mais cela ne remet pas en cause notre amitié.
- Bien, bien...
- Êtes-vous prêt à rentrer au camp ? Il fait nuit, les autres vont s'inquiéter.
- Pas tout de suite s'il vous plaît.

Ils restèrent encore un moment assis en silence, puis le garçon s'endormit contre l'épaule de Felarel. Le Chevalier hésita, puis décida de réveiller le jeune roi, il valait mieux que les autres le voient rentrer en marchant que porté. Felarel se leva puis aida son protégé à faire de même. Avant qu'ils ne franchissent les derniers arbres, Fendor s'arrêta.

- Je fais le serment, ici et maintenant, que plus jamais je ne me sentirai aussi impuissant. Je vais devenir plus fort, de corps et d'esprit, et quand je serai prêt, je reprendrai à Eoseld le pouvoir et je deviendrai le plus grand roi qu'ait connu le Rohan. Ce royaume connaîtra la paix et la prospérité sous mon règne. Ce serment, je le fais solennellement à Fangorn, cette forêt qui est là depuis toujours et qui sera toujours là. Elle sera la garante de ce serment. Si je ne m'y tiens pas, qu'elle m'appelle, et je viendrai finir mes jours ici, abandonnant titre et couronne.
- Vous ne devriez pas faire ce genre de serment à la légère, mon roi. Cette forêt est puissante, Sylvebarbe se souviendra.
- J'y compte bien, si je ne puis respecter ce serment, c'est que je ne suis pas digne d'être roi. Ce serment protégera mon peuple de moi, et me donnera la force nécessaire pour devenir celui que je dois devenir.
- Alors je fais le serment ici et maintenant de vous aider jusqu'à ma mort à respecter votre serment.

Tous deux quittèrent ainsi la forêt et rentrèrent au camp. Fendor rentra dans sa tente et s'écroula sur son lit, littéralement épuisé. Felarel raconta aux autres Chevaliers ce qui s'était passé avec Eoseld, en taisant comme promis la suite. Ils décidèrent de ne plus laisser une seconde seul Fendor, son propre oncle n'étant plus quelqu'un de sûr. Felarel décida qu'il veillerait sur le garçon cette nuit.

***

Trois jours s'écoulèrent dans une ambiance morose. Eoseld ne sortait quasiment pas de sa tente, ses hommes ne parlaient pas. Les Chevaliers n'osaient pas rire. De son côté, Fendor passait son temps avec Felarel à s'entraîner. Ils avaient commencer par l'épée, mais elle était encore un peu trop lourde pour le garçon, Felarel décida donc de lui apprendre à manier sa hache et à se défendre à mains nues. Le serment qu'ils avaient chacun fait cette nuit-là, aucun ne le révéla, mais ils n'avaient pas attendus pour s'employer à le respecter.

C'est au soleil couchant du troisième jour que Sylvebarbe réapparut. Il sortit des arbres tout simplement, ce qui effraya les bêtes qu'eurent bien du mal à calmer les hommes. Eoseld sortit de sa tente et Fendor arrêta ses exercices. Tous deux vinrent à la rencontre de l'Ent qu'ils saluèrent. Fendor appréhendait, devait-il laisser parler son oncle ou devait-il finir ce qu'il avait commencé. Felarel se tenait en retrait du garçon. Ce fut Sylvebarbe qui sortit Fendor de son dilemme.

- Je souhaiterais finir ces négociations en m'entretenant seul à seul avec votre roi.
- Mais je suis le Vice-roi en poste, c'est moi qui dirige le Rohan !
- Il suffit ! Vous n'êtes qu'un suppléant, le garçon est l'avenir de ce royaume, c'est donc avec lui que je dois parler.
- On vous dit sage, mais apparemment pas clairvoyant...

Eoseld partit furieux, une nouvelle fois. Fendor n'y était pour rien, mais il aurait préféré qu'il en soit autrement, il redoutait les conséquences. Felarel s'éloigna à son tour sans regret, il savait qu'il serait en sécurité auprès de l'Ent.

- Jeune roi, vous souvenez-vous des conseils que je vous ai donnés à notre première rencontre ?
- Oui, je crois.
- Je sais beaucoup de choses, je peux en prédire d'autres, mais je n'avais pas prévu que ça se passerait de sitôt. Que comptez-vous faire de l'Isengard ?
- Surveiller la Trouée du Rohan pour protéger mon royaume.
- Que comptez-vous réellement faire de l'Isengard ?
- Ah. Je veux former de nouveaux soldats qui me seront loyaux en toute circonstance et qui auront pour mission de protéger le royaume de ses ennemis, mais surtout de ses alliés. Ce qui s'est passé avec Hogorwen m'a fait prendre conscience que les allégeances des uns et des autres ne vont pas forcément au roi, et que chacun est prêt à faire monter sur le trône qui lui semble mieux pour lui.
- Vous êtes un garçon intelligent, encore un peu naïf, mais vous comprenez beaucoup de choses. J'espère juste que vous finirez par voir ce qui se trame sous votre nez.
- Comment ça ?
- Je ne me mêle pas des affaires du Rohan, je vous prodigue quelques conseils parce que je pense que cela est la juste chose à faire, pour le reste, c'est à vous et à vos alliés de vous débrouiller. Mais je considère qu'en ces temps troublés, vous suivez le bon chemin.
- Vous acceptez de nous céder l'Isengard alors ?
- Vous m'avez demandé d'étudier vos propositions comme une seule. Nous en avons discuté, et nous nous sommes décidés. Mais avant cela, nous avons besoin de précisions.
- Je vous écoute.
- En annexant notre forêt, cela veut dire que vous devenez notre roi et que nous avons l'obligation de vous obéir.
- Non. Je dois avouer ne pas y avoir réfléchi en ces termes, mais clairement non. Votre forêt ne sera plus indépendante, mais elle sera autonome. Vous serez toujours le maître de ces lieux, vous ne devrez obéir à personne et nous ne pourrons pas vous ordonner de faire la guerre ou d'autres choses. Je veux vous garantir de vivre en paix. C'est tout ce sur quoi repose ces négociations.
- Et si vous veniez à mourir, que deviendrait notre traité ?
- Il serait garanti. Le traité de notre union sera valable pour mon règne et pour l'ensemble de mes successeurs. Si l'un d'eux venait à le rompre, alors la forêt de Fangorn retrouverait son indépendance, et l'ensemble du traité serait caduc.
- Dans ce cas, nous acceptons ce traité. Isengard et notre forêt font désormais partie du Rohan. Sachez que nous n'aurions sans doute jamais accepté un tel traité en temps normal. Mais les événements d'il y a trois jours ont fait poids. Votre serment a été entendu, et j'en suis le gardien. Si vous ne vous y tenez pas, je vous appellerai.
- Je sais, ce serment, ce sera ma vie.
- Et c'est pour ça que nous avons accepté ce traité. Vous êtes quelqu'un d'ordinaire et d'extraordinaire à la fois. Il n'y a encore pas si longtemps, vous jugiez les gens inférieurs à vous, vous étiez imbu de vous-même, mais la guerre et ce que vous avez vécu vous ont profondément changé, la personne que vous êtes aujourd'hui, même si elle est encore un peu instable, et surtout la personne que vous allez devenir, nous donnent l'espoir d'un bel avenir pour ce royaume. Un avenir de paix, et c'est pourquoi nous nous associons à vous. Quand vous dirigerez ce royaume, si vous réussissez à surmonter l'obstacle qui se dresse devant ce futur, venez me voir de temps en temps, nous pourrons discuter, j'ai maintes histoires que vous aimeriez peut-être entendre.
- Ce sera avec plaisir Sylvebarbe. Je dois vous avouer que j'avais un peu peur en venant ici, les histoires sur votre peuple ne sont pas toujours paisibles. Mais je dois dire que si tous les Ents sont comme vous, vous êtes sûrement le peuple le plus incroyable sur cette Terre. Je suis heureux de vous avoir rencontré.
- Petit homme, je sais maintenant que nous nous reverrons. Avant de vous laisser, je dois vous dire que les Ents ne détiennent pas les clefs d'Orthanc, il y a longtemps, je les ai données au roi Elessar, elles sont donc sûrement à Minas Tirith aujourd'hui.
- Tant pis pour la tour, le domaine est plus important. Peut-être qu'un jour nous aurons l'opportunité de les obtenir, en attendant, nous ferons sans. Merci pour tout Sylvebarbe, et merci aux Ents qui ont accepté de me faire confiance.
- Même si vous n'en avez pas encore la force, vous êtes prêt. N'attendez pas trop longtemps, viendra peut-être un moment où il sera trop tard.
- Qu'est-ce que ça signifie ?

Sylvebarbe disparut sous les arbres, laissant un Fendor perplexe. Il retourna au camp où il découvrit les tentes d'Eoseld et de ses hommes pliées. Eoseld s'apprêtait à monter à cheval.

- Ne dis rien, je ne veux pas savoir. Si tu as eu l'Isengard, vas-y, tu l'as négociée, la terre est à toi, sinon débrouille-toi. Dans tous les cas, ne remets plus les pieds à Edoras, crois-moi, tu n'en as pas envie.

Et il partit au galop, ses gardes à sa suite. Fendor raconta à ses Chevaliers la fin des négociations avec Sylvebarbe. Felarel était quelque peu rassuré, ils avaient l'ancienne forteresse et Eoseld ne serait pas dans les parages. La milice d'Eomer devrait être dans les environs, ils auront ainsi les hommes nécessaires pour se protéger. Il allait y avoir beaucoup de choses à faire. En attendant, direction l'Isengard.

#Eoseld #Fendor #Felarel
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