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 Mouillé jusqu'au cou

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Nathanael
Espion de l'Arbre Blanc
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Nathanael

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Mouillé jusqu'au cou EmptyVen 12 Déc 2014 - 15:49
Mouillé jusqu'au cou Thief_13

Le souffle du vent le fit sursauter. Les rafales s’engouffraient dans les ruelles étroites de la cité portuaire, charriant des relents de poissons morts. Depuis la fin de l’hiver toute la ville empestait la poiscaille crevée. Le froid était reparti aussi vite qu’il était venu et avec lui, le seul moyen de conservation des chairs fraîches. Les glacières autour du port avaient dégueulé de l’eau pendant plusieurs jours tandis que la glace fondait à vue d’œil et que les stocks de coquillages et de poissons prenaient des couleurs étranges. Une partie des marchandises avait été fumée dans la précipitation, une autre partie salée, mais la grande majorité de la pêche hivernale était retournée à la mer, les entrailles à l’air, pourrie. Dans le port les bateaux étaient encore entourés d’une flottille de maquereaux et de morues exhibant leur ventre blanc et gonflé.

Le petit homme s’arrêta pour respirer sous cape. L’odeur nauséabonde rendait tout le monde malade, les vieux crachaient pour s’enlever le goût de la bouche, les plus fragiles vomissaient à tout bout de champs et les plus vaillants étaient d’humeur maussade, grincheux. Pourtant les rues étaient bondées. Malgré le coup du sort, il fallait bien continuer de vivre. Il se faufila entre les passants, jetant sans cesse des coups d’œil par-dessus son épaule. Il n’était pas tranquille. Tout ne s’était pas très bien passé et il avait manqué de prudence pour avoir ce qu’il voulait. C’était de la plus haute importance. Il n’était pas patriote au point de vouloir y laisser sa peau, mais ça lui pendait au nez, il le sentait… Il bifurqua encore deux ou trois fois dans des ruelles sans donner l’impression d’aller quelque part en particulier. Il voulait les semer, s’en débarrasser et être tranquille.

Il traversa les quais à vive allure avant de rejoindre un grand entrepôt de poissons. A l’entrée du bâtiment des saloirs plein à ras bord aguichaient les clients. Le propriétaire s’était assez bien arrangé pour s’approprier du sel et de grands tonneaux, juste au moment du dégel. Il avait racheté le poisson à bas prix et le revendait maintenant pour une valeur exorbitante. Il y avait bien sûr les arrivages de frais, les étales sur les quais et les petits pêcheurs côtiers. Mais la pêche quotidienne était bien incapable de remplir le ventre de toute la population et une grande partie des petites gens devait se rabattre sur ces produits de moindre qualité. Il devait retrouver le propriétaire des lieux derrière un grand bac de dessalage, à l’abri des regards et des oreilles, puisque ses hommes de main passaient leur journée à brailler pour se faire entendre.

Il passa les grandes portes et prit le passage habituel, il fit un pas de côté pour laisser passer deux grands gaillards qui portaient des caisses de poissons et reprit son chemin.  Il arriva derrière le grand bac de bois, certain d’y retrouver son informateur. Il avait envoyé des nouvelles au Nord, mais il souhaitait garder un contact régulier avec l’espion et lui envoyer les nouvelles les plus fraîches possibles. Son salut dépendait de la rapidité d’intervention du barbu, il n’avait pas le choix … Il avait été trop curieux et maintenant, il était mouillé jusqu’au cou … oui, jusqu’au cou...

Il ne parvenait plus à respirer et il sentait l’eau saumâtre lui envahir les narines et la gorge alors qu’il faisait un effort désespéré pour reprendre son air. Une main ferme lui maintenait la tête sous l’eau et l’empêchait de s’échapper. Il ne l’avait pas vu venir, il ne verrait jamais son visage, mais il savait néanmoins pour qui il travaillait. Il lutta frénétiquement pendant une bonne minute avant de sombrer dans l’oubli. L’homme poussa le corps dans le grand bac de dessalage et quitta les lieux, un sourire satisfait sur les lèvres.
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