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 A Elbereth Gilthoniel

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Nathanael
Espion de l'Arbre Blanc
Espion de l'Arbre Blanc
Nathanael

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A Elbereth Gilthoniel EmptyLun 31 Aoû 2015 - 23:01
L’air tiède des plaines côtières offrait une douceur inégalable au conteur qui somnolait paisiblement sous la protection des étoiles. Ses deux compagnons de route broutaient un peu plus loin, attachés au pâturon par une longue corde de chanvre qui serpentait dans les hautes herbes dans un chuintement irrégulier. Une brise marine arracha un frisson à Nathanael qui tira un peu plus la fine couverture sur lui. Il profitait avec délectation de ces quelques jours, école buissonnière d’un espion en déroute. Sans se donner de but particulier il avait parcouru quotidiennement une vingtaine de kilomètres entre différents petits villages et hameaux pour changer les grandes idées qui lui abrutissaient l’esprit. L’honneur, la gloire, le souvenir des hommes morts pour lutter pour les peuples libres, la Couronne de Fer, … il essayait de se défaire de l’inertie de ces questionnements sans fin. Il n’y avait pas de réponse valable, ou du moins, aucune ne lui convenait, et il avait pris la décision de remettre à plus tard ces grands débats existentiels qui lui minaient le moral. La route était un remède infaillible aux peines de l’âme et il avait donc repris ses vieilles habitudes, passé quelques veillées dans des familles en échange d’un repas et échangé des nouvelles du Nord avec des commerçants ambulants et des marchands de bestiaux. Ici et là se préparaient les grandes fêtes agricoles estivales où se vendaient les génisses et les agneaux nés aux printemps, les volailles, les porcs, les mules et ânes, plus rarement des chevaux, les reproducteurs prometteurs, et de nombreux outils et vêtements pour remplacer ceux brisés, rapiécés et moult fois raccommodés.

Le chant des grillons le berçait sous la voûte céleste, couché à même le sol sur les tapis de selle de ses montures. Il aimait l’odeur salée, si particulière, des chevaux après le travail et malgré les douleurs lancinantes qui lui étreignaient tout le côté gauche il appréciait particulièrement de retrouver les habitudes de ses ancêtres nomades. Marcher, libre, nourrir les bêtes, dormir et recommencer. Des souvenirs très précis de son enfance lui revinrent : son père lui apprenant à traire une brebis, sa mère lui enseignant la fabrication des fromages ou l’utilisation des simples et des  plantes pour soigner les maux quotidiens. Il revoyait avec détails les grandes plaines où il avait grandi, la tente familiale ainsi que le troupeau qu’ils menaient avec fierté jusqu’à ce que la maladie du charbon emporte la grande majorité de leur bétail. Cette période coïncidait avec ses premiers combats, sa découverte du Gouffre de Helm et sa folie guerrière. Il soupira. Tous les souvenirs n’étaient pas bons à ramener des profondeurs de la mémoire. Il rouvrit les yeux et contempla l’entrelacs d’étoiles qui se perdaient dans le firmament sans fin. L’histoire d’Arda était si étrange, et les légendes qui fondaient l’histoire des hommes si chaotique.  Le métier d’historien et de conteur n’offraient pas la vérité mais seulement des questions supplémentaires : qu’en était-il des elfes au-delà des mers, pourquoi s’en étaient-ils tous allés à l’Ouest, et pourquoi les hommes ne pouvaient avoir l’honneur de les suivre ? La mythologie qu’on lui avait enseignée offrait des longues explications, mais il se sentait, en tant qu’humain, laissé pour compte. Ils n’étaient que les seconds après les elfes, et, peut-être, s’ils avaient été choisis avant eux par les dieux, leur destinée aurait-elle été différente. Ses rêveries solitaires reprirent le pas sur la réalité imposée par les responsabilités écrasantes qui l’étouffaient, il s’imaginait alors apprenant auprès des Valari l’essence même des choses, de la nature et de ce qui la composait, et peut-être aurait-il parcouru des terres aujourd’hui disparues. Après tout, les légendes disaient peut-être vraies, et peut-être qu’Arda présentât autrefois un visage différent aux yeux de leurs ancêtres. Sa jument eut un hennissement sourd dans sa direction.

- Tu as bien raison va, je me pose trop de questions. Il est plus tranquille d’être un animal qu’un homme.

Il tira sur une graminée dont l’épi formait encore une inflorescence vert tendre et la porta à sa bouche pour la mâchouiller pensivement. Le Rohan lui manquait. Cette pensée lui martela brutalement l’esprit et il sentit sa poitrine se serrer de nostalgie. Lui serait-il un jour possible de regagner sa contrée natale et d’y vivre paisiblement ? Il lui semblait devoir accomplir de nombreuses tâches encore avant d’avoir le droit au repos. Même s’il n’était qu’un pion, un petit soldat sur l’échiquier des royaumes, il pressentait qu’il aurait encore ici et là un rôle à jouer. Mais il ne savait pas lequel. « Pas celui du pion que l’on sacrifie je l’espère ». D’images en souvenirs, de questionnements en pensées vagabondes, il finit par s’endormir, paisible, sous la protection des étoiles.
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