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 La chasse est commencée

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Nathanael
Espion de l'Arbre Blanc
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Nathanael

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La chasse est commencée EmptyMar 8 Sep 2015 - 13:54
Pluie fine. Son large museau humait l’air matinal après une poursuite longue et difficile. Les hommes de Dale l’avaient pourchassé un moment avant de le laisser tranquille sous la protection des arbres de la Forêt Noire. Les mauvais présages et la crainte des elfes, sous la frondaison noire de la sylve, avaient calmé leurs ardeurs. Il avait rarement été aussi loin, aussi vite. Mais il avait un mauvais pressentiment. Et  aucune piste ne le menait nulle part. Il sentait quelques fois un regard se poser sur son large dos. Et cette sensation lui arrachait un frisson de terreur qu’il n’avait jamais ressenti. Un oiseau fit ployer une branche au-dessus de lui. Un rossignol. Son chant doux et mélodieux fit vibrer l’air et il oublia un moment sa course nocturne. Il demeura sous le couvert des arbres à la lisière Ouest et attendit le levé du soleil. Les étoiles s’estompaient sur la toile pourpre et rose de l’aurore déchirée par de bas nuages gris qui s’en allaient au sud. Les couleurs se changeraient bientôt en or et carmin avant que le soleil n’arrose de ses premiers rayons les vastes prairies au pied des Monts Brumeux.

************************************

La caresse du soleil le réveilla. L’ombre de feuilles chatouillées par le vent dessinait des arabesques mouvantes sur un mur de la pièce. Le rythme lent et régulier des dessins le fit replonger quelques minutes dans un sommeil fragile. Il rouvrit les yeux à cause du vrombissement d’une mouche aux larges ailes et aux yeux verts. L’été précoce avait réveillé bien des insectes et il n’était pas rare de se battre dans la nuit avec des cousins de la taille d’une main d’homme. D’un geste lent il chassa l’inopportun avant de reposer sa tête sur son bras, le regard dans le vide. Dehors les premiers coups de hache résonnaient dans le lointain, des bruits de voix portés par la brise parvenaient quelques fois jusqu’à lui. Les hommes des bois s’activaient tôt dans la journée pour éviter les fortes chaleurs, ils abandonnaient leur tâche au zénith et reprenaient leur labeur quand le soleil s’approchait du faîte des arbres. Il émit un grognement en se levant, mais il n’était plus temps de traîner au lit. Il avait lui aussi de nombreux petits travaux à accomplir ainsi qu’un conseil à mener pour organiser les prochaines fenaisons et leur chasse nocturne.

Après une série d’étirements qui firent craquer ses articulations à plusieurs reprises, il s’engouffra par une large porte de bois jusqu’à une vaste véranda qui s’ouvrait sur un jardin large et bien fourni donnant sur la vallée de l’Anduin. Il ne voyait pas le grand fleuve de chez lui, seulement un duvet cotonneux qui semblait s’accrocher aux branches pour ne pas disparaître, brume éphémère. Le vent venait du nord et annonçait une journée plus fraîche mais ensoleillée. Du miel et du pain frais, un verre de lait de chèvre, quelques fruits secs et il se sentit ragaillardi. Il jeta sur ses épaules une capeline de cuir, récupéra un lot de cadres fraîchement réparé et prit le chemin de son rucher. Il fut accueilli derrière la maison par le jappement de ses chiens qui dansaient de joie, fourrant leur museau curieux sous ses mains calleuses pour réclamer une caresse. Il libéra ses compagnons et récupéra également un grand sac de toile hermétique noué par deux lacets en cuir. Sous un soleil déjà généreux et brûlant il gravit une colline basse où s’agitait dans une clairière une nuée d’abeilles en pleine activité. Ses ruches couvraient une surface d’un are de façon désordonnée, quelques unes étaient groupées au pied d’un arbre, trois autres étaient à l’écart, plus loin une dizaine encore formaient une ligne, et là une ruche seule au milieu des orties.

Il prit la matinée pour récolter son miel et l’autre partie de la journée à le mettre dans des pots en verre ou en terre cuite qu’il confierait le lendemain à homme du clan voisin qui s’occuperait ensuite de les vendre sur le marché d’Esgaroth en fin de semaine. Il avait lui-même tenu les marchés des années auparavant mais il n’avait plus la patience nécessaire pour faire face aux peuples urbains. Leurs questions stupides l’ennuyaient profondément et il s’était un peu trop emporté une fois, ce qui n’avait pas été bon pour les affaires. Les hommes du Carrock vendaient également des produits issus de la laine, des fruits, des plantes qui ne se trouvaient que sur les flancs des Monts Brumeux, des outils en bois et quelques grigris qu’ils réussissaient à vendre à prix d’or à des benêts crédules de passage dans la ville sur le lac. Mais leur principale source de revenus dépendait du passage du gué et du Haut Col et de la sécurité qu’ils maintenaient de main de maître depuis des générations sur les deux rives du grand fleuve. Il devait, le soir même, accompagner un groupe d’hommes pour arpenter les abords de la route jusque sur les crêtes car un groupe de gobelins avait été aperçu les jours précédents.

Il ne craignait pas la menace des monstres hérités du Mage Noir mais ils avaient tendance à arriver par groupe de façon plus régulière ces derniers temps et cela ne lui plaisait guère. Ils prenaient tous la même direction mais ceux qu’ils avaient réussis à capturer n’avaient prononcé que des inepties dans leur langue abjecte. Ils avaient fini par les faire taire à jamais en leur tranchant proprement la gorge. Des rumeurs portées par les marchands occidentaux racontaient que des attaques d’orcs et des offensives plus hardies contre de petits villages en Arnor avaient fait de nombreuses victimes. Les informations étaient rapidement déformées une fois passées le col, comme si l’altitude avait la capacité de distordre les mémoires. Mais toute rumeur a un fond de vérité et il redoutait de voir un jour des bandes plus nombreuses descendre sur le versant est des montagnes. Si la tendance continuait ainsi, elle impacterait la circulation sur la route entre la forêt et le Haut Col et les Beornides avaient fort à perdre dans cette histoire. Aucune attaque de caravane n’avait été recensée mais il en fallait peu pour effrayer les marchands et les grands convois commerciaux qui reliaient l’est et l’ouest. D’autant qu’il s’agissait de la seule route carrossable à des lieux à la ronde, ce n’était pas seulement le revenu des Beornides qui était menacé mais une grande partie de l’économie des royaumes humains et nains. Waldemar sentit peser lourdement sur ses épaules les responsabilités qui lui incombaient au seuil de la passation de l’autorité clanique. Son père se faisait vieux et il savait, inéluctablement, qu’il devrait un jour endosser le manteau du pouvoir. Le plus tard possible, espérait-il.

Un de ses chiens aboya. Il n’attendait pourtant personne. Il releva brusquement la tête et vit voler non loin au-dessus d’eux un rapace qu’il ne reconnut pas. Il lui semblait pourtant en reconnaître la silhouette mais impossible de lui trouver un nom. Il regarda l’animal circuler entre les hautes branches des arbres pendant quelques secondes avant qu’il ne plonge brusquement dans les fourrés qui entouraient sa maison. Un couinement de stupeur se fit entendre puis l’oiseau ressortit le bec lourd d’un rongeur. Il se posa sur une branche, posa son butin, et darda ses grands yeux jaunes sur Waldemar avec un hululement sonore. Une chouette … Il se passa la main sur les yeux. Une chouette … en plein jour.
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