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 Herbes et confidences

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Hadhod Croix-de-Fer
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Hadhod Croix-de-Fer

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Herbes et confidences EmptyMer 6 Jan 2016 - 22:17
Herbes et confidences Venefi10

Longues étaient les lieues depuis son Gondor natal, et longues les années qui la séparaient de la demeure de son enfance, maintenant simple souvenir, quoique douloureux, d'une époque révolue. Ces lieues, elles ne les avaient pas parcouru en un seul voyage, mais en une kyrielle de pérégrinations, comme si l'absence d'attache était une façon d'oublier, d'oublier la monotonie de sa vie antérieure, comme elle aimait à l'appeler. Hier dans l'arrière-pays gondorien ; aujourd'hui ici à Dale ; et dieu seul savait où elle se trouverait demain. Mais ce type de vie lui convenait, et c'était là l'essentiel. Elle n'était jamais venue à Dale. Tout ici respirait la beauté, que ce soit l'architecture et la douce couleur des habitations, la disposition des fleurs décorant les rues, et même le soleil qui faisait scintiller les parures des dames riches. Et également le nom sur l'écriteau de la boutique devant laquelle elle se tenait. Lhîr-Niphredil... elle ignorait ce que ces mots signifiaient au juste, mais cela sonnait bien, ils avaient un petit côté elfique...

Quoi qu'il en soit, la boutique avait l'air d'être ouverte bien que l'après-midi touchât à sa fin. Elle rejeta son capuchon blanc en arrière, réajusta le saphir qu'elle portait au cou, arrangea un peu les mèches brunes qui lui tombaient sur les yeux et pénétra à l'intérieur. L’atmosphère de la pièce était feutrée et chaleureuse, le petit lustre faisant luire les angles saillants des étagères et du comptoir en bois. Le terrain de jeu idéal pour un apothicaire.

Et le maître des lieux était là, derrière le comptoir. Nombreuses avaient été les rumeurs qu'elle avait entendu à son sujet, lorsqu'elle avait demandé aux passants si elle pouvait trouver un marchand de plantes médicinales : des rumeurs qui l'avaient intrigué, des rumeurs intéressantes. Selon tous ces on-dit, cet individu n'était pas quelqu'un comme les autres, il avait quelque chose d'étrange en lui. Cela lui plaisait, elle n'aimait pas la monotonie ni le conformisme. Un sorcier avaient dit certains... voilà qui était tout à fait stimulant. Son regard s'attarda longuement sur ses oreilles : soient ils se les étaient fait tailler en pointe par quelqu'un, soit, et c'était infiniment plus plausible, il s'agissait d'un elfe. Ce qui expliquait l'étrange nom du commerce.

– Bonjour, ou bonsoir, commença-t-elle de sa voix suave teintée d'un léger accent du sud. On m'a indiqué que vous étiez l'un des seuls, sinon le seul, apothicaire que je puisse trouver dans cette ville. Je vois que je ne me suis pas trompée de porte.

Pour étayer sa dernière phrase, elle désigna du regard les étagères remplies de flacons, bocaux et autres petites boîtes. Selon toute vraisemblance, l'elfe devait bien parler le Langage Commun, sinon comment pouvait-il tenir une boutique à flot dans cette ville peuplée d'humains ? À moins qu'il ne maîtrisât que la langue de Dale en plus de sa propre langue elfique. Cependant, son vis-à-vis n'avait montré aucun signe d'incompréhension, ce qui la rassura.

– J'ignorais qu'il y avait des ressortissants de votre peuple ici, à Dale. Quoi qu'il en soit, cela m'importe peu tant que vous pouvez me procurer les plantes que je recherche. Je voyage beaucoup, et j'aime à garder sur moi de quoi me soigner quand je suis seule dans les terres inhospitalières. C'est surtout de plantes antiseptiques dont j'ai besoin : elles m'ont servi dans bien des cas par le passé, aussi bien pour guérir les fièvres que pour désinfecter des plaies. Avez-vous, par exemple, de l'hysope, de la sarriette, ou de la feuille de la bergère ? Oh, et aussi de la farigoule, si vous en vendez ? Séchées, de préférence.

Elle eut un léger sourire puis s'expliqua en voyant la surprise poindre sur le visage du commerçant :

– Oui, j'ai quelques connaissances en botanique.


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Brynjaleifre
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Herbes et confidences EmptyJeu 7 Jan 2016 - 13:11
Ce matin-là un marchand, remontant le Celduin une fois par mois, m’avais livré une commande que j’avais effectué en vue de refaire mon stock de plantes diverses cultivées dans le pays des vignobles. Deux clients, un homme en armure et une femme particulièrement prolixe, m’avait tenu la jambe une bonne partie de la journée, et je finissais ranger les produits livrés lorsqu’une dame d’allure avenante entra. Elle sembla quelques peu surprise de me voir, s’attendant sans doute à trouver autre chose qu’un elfe derrière le comptoir, quoiqu’il en soit, je la saluais d’un hochement de tête pour toute réponses à son introduction et la laissais poursuivre, elle me demanda donc quelques plantes séchées, rien de bien particulier, à ceci près la dernière citée…

Devant l’apparente surprise que je ne pus dissimuler, elle me vanta ses connaissances en botanique. Qu’un voyageur au long court connaisse les plantes communes qui devrais toutes se trouver dans la sacoche du pèlerin avertit n’était pas la source de cet étonnement, et son léger accent gondorien me laissait penser que oui, j’avais bien devant moi une femme loin de chez elle.

Farigoule, voilà bien un mot étrange, presque comique, pour désigner le thym. Ce qui me surpris le plus était que ce n’était que la troisième fois au court de ma vie que j’entendais prononcer cette appellation qui dans cette région serait catalogué comme sudiste. La première fois, il y a plus de cent ans, un herboriste des champs fleuris de Lossarnach l’avait nommé ainsi quand je lui avais demandé du thym, mais, chose plus étrange, la deuxième fois que j’entendis ce mot était ce matin même de la bouche de cet homme à l’armure rouillée, à l’accent du sud lui aussi, coïncidence troublante…

Je lui préparais donc sa commande, et, fibre commerçante oblige, lui proposais deux de mes produits qui, je l’espère, allait trouver grâce en sa bourse, et donc, remplir quelques peu la mienne :

-Puis-je avec ceci vous conseiller deux de mes incontournables qui, je le crois, devraient vous intéresser ?

Elle acquiesça et je lui présentais deux petits pots de terre cuite.

-Celui-ci contient du miel de thym, ou farigoule si vous préférez, il est recueilli par les nains sur le flanc de la montagne solitaire, à une altitude bien précise, lui prodiguant des bienfaits expectorants… Ainsi qu’une certaine efficacité dans les cas de diarrhées, fléau du peuple Noeg…Je ne pus m'empéché de sourire... Cet autre est plus particulier, je nomme ce baume « Lhîr-athelas », c’est un puissant cicatrisant qui peut à lui seul faire des miracles sur tout type de blessures et il ne demande aucune préparation ni désinfectant préalable, c’est un de mes produits phare…

Elle semblait hésiter, ou du moins réfléchir à mes offres. Me demandant si elle avait un lien avec l’homme venu le matin même, je lui posais la question :

-Excusez-moi de vous demander cela, un gondorien, pas plus tard que ce matin, m’a lui aussi acheté de la « farigoule », j’insistais bien sur ce nom, voyagez-vous vraiment seule ?

Ma requête sembla la décontenancer quelque peu, c’était presque imperceptible, mais je sentis que quelque chose ne tournait pas rond…
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Hadhod Croix-de-Fer
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Herbes et confidences EmptyJeu 7 Jan 2016 - 16:50
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Malgré tous ses efforts pour refouler les déprimantes années de son enfance, la jeune femme ne pouvait empêcher quelques réminiscences d'émerger ça et là dans ses attitudes ou dans son discours. Farigoule, le mot lui avait échappé, souvenir de son père qui ne réussissait pas à en trouver dans les collines boisées et sauvages, et que sa mère était obligée d'acheter, lorsqu'elle descendait jusqu'à la cité du cygne pour aller faire commerce. Bénie soit cette maudite farigoule ! disait le paternel en un oxymore qui aurait fait pâlir d'envie les plus talentueux poètes du pays. Quel malheur qu'il lui faille autant de soleil et que je ne puisse en cueillir comme les autres plantes. Et quelle joie d'en acquérir, tant ses propriétés sont nombreuses ! Cet élément de jargon local lui était toujours resté, bien malgré elle. Elle aurait dû lui demander du thym, mais non, elle lui avait demandé de la farigoule. Mais cela n'avait pas de conséquence néfaste, bien au contraire : premièrement, l'apothicaire connaissait tout de même cette appellation et pouvait lui en fournir, et deuxièmement, il en avait découlé une curieuse remarque, qui sinon ne serait jamais sortie de la bouche du commerçant. Elle prit un instant de réflexion avant de lui répondre :

– Oui, je voyage seule. L'avantage de n'être pas mariée. Vous n'êtes pas le premier à trouver étrange qu'une jeune femme comme moi coure le risque de vagabonder par monts et par vaux. C'est pourtant le cas. Ou peut-être voulez-vous insinuer que votre client de ce matin m'aurait suivi jusque dans cette ville, et qu'il me veuille du mal ? Dans ce cas, c'est très aimable à vous, mais je ne pense pas courir le moindre risque. Les allées et venues sont nombreuses, paraît-il, depuis que votre princesse a été mariée au souverain d'Arnor : cette cité attise à présent une grande curiosité, il n'est pas étonnant d'y voir des ressortissants étrangers. Du moins c'est ce qui se dit. C'est fou ce que les gens peuvent être influencés par les têtes couronnées de ce monde, vous ne trouvez pas ?

N'attendant pas particulièrement de réponse à sa dernière question, elle regarda attentivement le contenu des quatre sachets, et eut un hochement de tête approbateur. Tout y était, les étagères de cet apothicaire étaient de toute évidence très fournies. Elle sortit une petite bourse en cuir de sous ses étoffes.

– Mais si ça peut vous rassurer, je vous en prie, décrivez-moi donc ce gondorien, et je vous promets de faire bien attention si je le croise.

Elle saisit chaque petit pot de terre cuite l'un après l'autre. Elle ouvrit leur bouchon en liège pour observer l'aspect des produits, les porta à ses narines pour en sentir l'odeur, les soupesa longuement...

– Voyez-vous, reprit-elle avec le même petit sourire que tout à l'heure, c'est plutôt de l'individu qui est devant moi dont je devrais me méfier. Petit moment de silence. Vous êtes un sorcier, si on en croit les vieilles grand-mères superstitieuses qui jacassent à leur fenêtre. Si elles savaient seulement de quoi elles parlaient... Si elles savaient ce qui se cache derrière cet effroyable mot... Pour ma part, je ne pense pas que vous soyez ce qu'elles prétendent, aussi je vais vous acheter un peu de ce baume cicatrisant sans craindre de finir empoisonnée ! Auriez-vous un pot plus petit, la moitié devrait suffire, j'aime voyager léger.

E
spérant que le commerçant arriverait à trouver un contenant de taille encore plus modeste, elle repensa tout à coup à ce qui était son principal souci maintenant que le jour n'allait pas tarder à décliner et que la nuit allait obscurcir les beautés de cette charmante ville nordique jusqu'au lendemain matin : trouver un logement pour la nuit.

– Excusez-moi, dit-elle à l'elfe lorsque celui-ci revint de l'arrière-boutique. Toutes les auberges que j'ai pu rencontrer ça et là dans les ruelles étaient complètes pour cette nuit. Je n'ose vous demander l'hospitalité, votre dame pourrait ne pas être très emballée à l'idée que vous puissiez accueillir une jeune femme sous votre toit... mais connaissez-vous un établissement qui puisse me loger pour la nuit, moyennant quelques pièces ? Au fait, vous me direz combien je vous dois pour les plantes.


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Dernière édition par Hadhod Croix-de-Fer le Dim 13 Nov 2016 - 12:28, édité 1 fois
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Brynjaleifre
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Herbes et confidences EmptyVen 8 Jan 2016 - 2:13
Bien que stoïque, j’admets que je fus ébranlé par la demande… Non pas que le fait d’accéder à sa demande soit un problème, un peu de compagnie déboucherait peut être sur une conversation, la plus longue que j’aurais avant longtemps… Mais le fait d’évoquer ma « dame », cela oui, avait réveillé un souvenir fugace de la beauté de traits qui s’effaçaient  de mon souvenir au fil des saisons, triste sentiment comparable à la regarder mourir…

J’en étais là, tout à coup bien las, perdu dans une pensée que je tentais chaque jours d’éradiquer, lorsque la jeune femme me sorti de mes rêveries par une petite toux d’impatience…

-Veuillez m’excuser, il est en effet bien peu commun que l’on me fasse telle demande, et je dois dire que je ne puis vous aider, n’ayant que peu d’attirance pour les auberges en général, je ne puis donc vous en conseiller en particulier, la seule que j’ai pu fréquenté, au coin de la rue, étant à coup sûr bondée pour la nuit, les gens d’Esgaroth y venant chaque jeudi en vue de vendre leur poisson séché lors du marché du lendemain matin…


Je vis bien qu’elle semblait embêtée, et bien que l’idée me paraisse osée, du moins pour le voisinage, je lui permettais de rester…

-Bien entendu, vivant seul, je pense en effet pouvoir vous offrir le gite, mais je suis navrer de vous avertir que de couvert, je ne dispose que de pain de trois jours, et un peu de miel, je me contente en effet de peu, je vous conseils donc de prendre repas en ville, si votre voyage vous a ouvert l’appétit plus que je ne puis combler. Cela fera quarante-deux £ pour vos fournitures, entendu qu'un paiement pour le logement n'est pas d'actualité, vous serrez mon invitée.

Elle me lança un léger sourire, qui raviva une fois de plus mes souvenirs, il n’était décidément pas dit que cette femme ne me rappela pas Erdnael… Il commençait à se faire tard, l’après-midi touchait à sa fin et le soleil allait quant à lui dardé ses derniers rayons au-dessus des monts brumeux d’ici peu, aussi je l’invitais à passer dans la partie privée, qui, bien que chichement meublée, n’était pas dépourvue de confort, là je lui proposais une infusion, qu’elle but alors que j’allais fermé boutique.



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A mon retour je la trouvais assise sur une peau de mouton qui recouvrait un vieux coffre, pensant qu’elle avait froid je mettais une buche dans le poêle qui couvait, les nuits étaient fraiches dans la région, et c’est le moins que je pouvais faire. Prenant une chaise, je m’asseyais et un silence gêné s’installa un moment. Je profitais de ce silence pour étudier sa gestuelle, elle était calme, et ne semblait pas troublée, simplement pensive, se tournant vers moi, elle me fixait un moment avant de me demander de lui décrire le gondorien…

-cet homme, est-il resté longtemps ? Comme je vous l’ai dit, je ne pense pas être suivie, c’est sans doute une coïncidence.

-Il n’est pas resté longtemps non, pas plus de dix minutes, j’ai remarqué qu’il avait une profonde cicatrice sur la joue droite, la blessure qui l’a causée n’était sans doute pas loin de lui couter un œil…
Elle écoutait, sans réagir, soit elle avait un sang-froid extraordinaire, soit c’était bien là le hasard… J’ai aussi pu remarquer une blessure, à l’épaule gauche, mal soignée car infectée.

Son étonnement soudain m’interloqua…

-Comment pouvez savoir qu’il a cette blessure infectée sous une armure qu’il n’a pas déposée ?

-Je l’ai senti lorsqu’il est entré, l’odeur est caractéristique, il m’a aussi demandé un baume cicatrisant, mais n’avait pas de quoi payer aussi l’ai-je envoyé chez le barbier, il ne m’aura au final acheté que deux paquets de thym, il semblait relativement énervé de si maigres achats.  En sortant, il heurta le chambranle de la porte avec son épaule, son grognement m’indiquant de fait l’emplacement de sa blessure.

-Observateur, c’est un trait caractéristique de votre peuple il est vrai, étrange ce voyageurs qui se fait passer pour un guerrier du Gondor, seul, et sans argent…

Lui adressant un large sourire, je lui répondis sur un ton espiègle…

-Je n’ai pas dit qu’il n’avait pas d’argent, simplement, pas suffisamment pour payer…


Elle comprit bien vite, et ne put s’empêcher de rire, bien que je voyais dans son regard une chose inexplicable, elle ne semblait pas totalement sereine…

-Dites moi, serait ce indiscret de ma part de vous demander ce qui vous a porter dans le Val, a Dale en particulier? Mais peut-être préférez vous descendre en ville pour prendre un repas chaud...

Bien que je feignais que cela m'indiffère, je ne sais pour quelle raison je souhaitais qu'elle reste, il vrai que j'aurais bien pu l'envoyer passer la nuit dans cette petites auberges tenue par la fille du boulanger, il y avait toujours de la place...

-Je parle je parle, et je manque à la plus élémentaire des politesses, je me nomme Brynjaleifre.

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Hadhod Croix-de-Fer
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Herbes et confidences EmptySam 9 Jan 2016 - 19:07
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L'invitation de Brynjaleifre soulagea la jeune femme. Une nuit sous un vrai toit était plus que bienvenue, et si l'appartement privé n'était pas d'un luxe transcendant, c'était infiniment mieux que les nuits à la belle étoile, qui contrairement à cette expression mensongère n'avaient rien de beau ni d'agréable. Sa vie était pleine de paradoxes : de même qu'elle connaissait les plantes sans avoir une grande attirance pour la nature, elle était contrainte de voyager mais n'appréciait pas les voyages pour ce qu'ils étaient, laps de temps d'un ennui mortel qui ne prenaient de sens que lorsqu'elle arrivait à sa destination, à son but.

– C'est très aimable à vous de m'héberger ainsi dans votre logis, alors que nous ne nous connaissons que si peu. Rares sont les hommes qui, désintéressés, apportent de l'aide spontanément, sans arrière-pensée.

Le sous-entendu était à peine dissimulé. Ce n'était pas à une contrepartie financière qu'elle faisait allusion. Simplement, malgré l'apparence sérieuse et bienveillante de l'apothicaire, elle ne pouvait s'empêcher de douter des motivations profondes de celui-ci. Il vivait seul, il n'avait pas de femme, ou du moins pas de femme à la maison. Elle avait connu la solitude, elle-aussi, là-bas à l'ombre des Montagnes Blanches, dans la vallée encaissée : elle savait ce que cela faisait, et bien que cela datât de plusieurs années, elle se souvenait des effets des désirs inassouvis sur son humeur et son mental. Les Elfes, quoique si sérieux et si sages, ne devaient pas être étrangers à ces instincts. Aussi était-ce bien la bonté et la compassion qui avaient poussé son hôte à lui donner le gîte ? C'est fou ce qu'on pouvait obtenir avec un joli minois...

Et tandis qu'elle essayait de capter le regard de Brynjaleifre pour y dénicher une éventuelle lueur qui aurait pu trahir ses pensées, elle se dit que, même si c'était le cas, ce ne serait peut-être pas trop désagréable. Oh certes, il n'avait pas un physique extraordinaire, il était un peu voûté, un peu blanchi de chevelure ; mais c'était un elfe, pas un de ces banals jeunots d'humains, et un soupçon de curiosité s'était emparé d'elle. Elle but une gorgée de tisane. L'eau chaude avait le goût de plusieurs plantes infusées ensemble ; bien qu'elle ne put déterminer précisément lesquelles, elle reconnaissait au moins la saveur douceâtre de la valériane. Elle en ressentit presque de la déception : son vis-à-vis lui avait préparé une boisson pour bien dormir, cela n'avait rien de très excitant. Même en dehors des heures d'ouverture de sa boutique, l'apothicaire continuait à exercer son métier, semblait-il.

La jeune femme sortit de ses rêveries et, avalant une deuxième gorgée, s'apprêta à revenir à des préoccupations plus prosaïques. Elle le questionna à plusieurs reprises sur ce mystérieux gondorien. Elle nota bien ses traits caractéristiques, la balafre, l'armure. Il ne devrait pas être trop difficile à identifier. Quoi qu'elle en put dire tout à l'heure, elle se posait bien des questions au sujet de cet homme, et de l'hypothèse qu'il ait pu la suivre jusqu'ici. Ce n'était pas vraiment de l'inquiétude, mais une profonde curiosité, comme lorsqu'on veut regarder la réponse à une énigme particulièrement opaque.

– Je me demande... dit-elle enfin. D'où je viens, je ne me suis pas fait que des admirateurs. Car le monde est cruel, et bien souvent les gens se liguent contre ceux qu'ils considèrent comme anormaux. Je suis sûre que vous le comprenez, vous qui faîtes l'objet des rumeurs dont je parlais tout à l'heure. Voyez-vous...

Elle changea de position sur son coffre, posa la paume de sa main gauche sur la peau de mouton et pencha légèrement le buste en avant, comme pour se rapprocher un peu de Brynjaleifre.

– ... je m'appelle Venefica, et je suis dans une situation qui est à peu près l'inverse de la vôtre. Vous, on vous accuse d'être un sorcier alors que ce n'est, et corrigez-moi si je me trompe, pas le cas. Moi, l'on me décrit comme une affabulatrice quand je prétends ressentir des choses que la plupart des gens considèrent comme impossible, alors que je dis bel et bien la vérité. Mais de là a ce que quelqu'un me veuille du mal, quand même !

Observant la réaction sur le visage de son interlocuteur, elle se demanda ce qu'il pensait de cette soudaine révélation, et avant que ce dernier n'ouvre la bouche, s'empressa de préciser ses affirmations :

– Je ne parle pas de magie, mais plutôt de dons. Je ressens certaines choses, je vois parfois le monde de façon plus vraie que ne le font les gens normaux ; je vois se qui est caché. Cela peut me venir sous la forme de sensations, de rêves, parfois de visions. Il y a des forces invisibles en ce monde, des esprits bons et mauvais qui agissent, au-delà de la vue des vivants, au-delà même de la vue des elfes. Ce qui m'amène à votre question concernant ma venue à Dale. J'ai fait des rêves. J'ai eu des visions fugaces mais très nettes, de bêtes mortes, de bergers apeurés, et des choses pire encore ; et j'ai vu les clochers de Dale, et les pontons d'Esgaroth. Des choses anormales sont survenues dans la région, de mauvaises choses, j'en ai la certitude. Je sens un mystère derrière tout cela, quelque chose d'inexplicable, et si je peux, par mes capacités singulières, aider à sa résolution, j'aurai l'impression d'avoir accompli quelque chose de bien. Je ne sais même pas pourquoi je vous dit cela... il me semble que vous n'êtes pas quelqu'un qui aime juger les autres, c'est peut-être pour ça.

Qu'il y ait ou non quelque capacité ésotérique en elle, les rumeurs concernant des événements étranges dans le nord-Rhovanion avaient dépassé les frontière, colportées par les marchands et les aventuriers en tout genre. Elle ne pouvait s'empêcher d'en rajouter des tonnes, d'enjoliver, de se rendre intéressante, de se présenter comme la sauveuse providentielle. Ce trouble et cette manie d'attirer l'attention étaient apparus dans sa jeunesse, pour combler le vide béant qui se trouvait en elle, et ils ne l'avaient plus quitté depuis.

Peut-être ce gondorien était-il également venu ici à cause de ces mêmes rumeurs, bien que Venefica ne put en voir la raison. Ou peut-être était-ce une pure coïncidence, après tout. Il lui déplaisait cependant de se laisser voler la vedette par un ressortissant de son pays natal. Ou de se faire mettre des bâtons dans les roues.

– Finalement j'ai changé d'avis, déclara-t-elle tout soudain. Cet homme qui vous a acheté du thym... il ne m'inquiète pas mais il m'intrigue, et j'aimerais bien en savoir un peu plus sur lui. Vous dites que demain est jour de marché ; je pense que j'irai y faire un tour. Si je le trouve sur la grand'place, j'irai l'accoster, et même s'il a une dent contre moi, il y aura trop de monde pour qu'il tente quoi que ce soit. Si je ne l'y trouve pas, eh bien tant pis, qui ne tente rien n'a rien, de toute façon.

Quant à la dernière question de Brynjaleifre, la jeune gondorienne préférait rester ici plutôt que d'aller courir les rues ce soir. Cet elfe était vif d'esprit et intelligent, et continuer à dialoguer avec lui ne serait nullement une perte de temps.

– Je préfère ne pas ressortir pour ce soir. Il me reste un peu de ma nourriture de voyage, de toute façon. Vous voulez goûter le fromage de l'Anórien ?


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Brynjaleifre
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Herbes et confidences EmptyDim 10 Jan 2016 - 3:10
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Mon offre, bien que désintéressée, semblait insinuer le doute dans le chef de ma jeune invitée… Après tant d’année, la solitude n’est-elle pas devenue une amie ? Réchauffé à la douce tranquillité de l’isolement, conséquence d’un pseudo veuvage dont on ne peut faire le deuil, je me sentais quelque peu, comment dire, embêté…

Il fallait lui rendre qu’elle était fort avenante, belle d’une certaine manière, quoique simple, d’apparence fragile, et surtout, son regard… Ses yeux, grands et avides, sans être les plus beaux que j’ai pu voir au long de mon existence, avaient la couleur des noisettes torréfiée, friandises qui, une fois couverte de mélasse, devenaient la proie et le bonheur des enfants de Dale, pour peu qu’ils soient de bonne familles, car cela restait cher... Avides de curiosités, de beauté et de voir le monde, telles étaient ses deux étoiles qui cherchaient à présent mon regard, sans doute pour y trouver une marque de gêne, un rosissement de mes pommettes, un signe, peu importe qu’il soit infime, pourvu qu’elle puisse se rassurer, sur son pouvoir, cette force qu’ont les femmes de tous peuples,  de renvoyer un homme en enfance, lui faisant ouvrir les yeux pour ne rien voir, et, de ce fait, le prendre sous son emprise… Certaines étaient, disons-le, douées pour ce genre d’office, d’autres beaucoup moins. Ce regard, oui, scintillant et lumineux, c’était bien là une femme qui possédait ce don,  et je me rendais à l’évidence, j’avais là devant moi une digne représentante d’Elbereth.

Un moment je me surpris à me demander si je pouvais d’une façon ou d’une autre lui plaire, vestige d’une vanité que je ne pensais plus posséder, elle était entrée dans ma boutique accompagnée de sa jeunesse, et il semble que cela, c’est évident, me faisait du bien. Mais bien vite je chassais ces pensées, ce manque qui me rongeait tant ne souffrait pas de concurrence, et ce n’était pas cette jeune femme qui pourrait le chassé, en tout cas, pas si facilement, si tant que cela pusse arriver…

Venefica, peu commun, et il semble que je n’étais pas le seul à me présenter sous un nom d’emprunt. Bien que je n’aie que peu de connaissance de la langue du sud, je savais que ce nom signifiait quelque chose en rapport à la magie, et ce qu’elle m’apprit ensuite ne fit que me conforter dans cette idée…

-Ainsi, vous dites ressentir des choses, cela peut paraitre étrange à bien des hommes en effet, les différences feront toujours peur… je pris le pain et entrepris d’en faire quelques belles tranches… Passons à table voulez-vous ? Je n’ai rien avalé de la journée, et je devise mieux le ventre plein…

Elle vint donc s’assoir en face de moi, il y avait une certaine grâce dans ses mouvement, aussi je n’aurais pas été étonné qu’elle ait quel qu’ancêtres semi-elfes… Elle sorti de sa sacoche un petit paquet savamment plié, et, aussitôt qu’elle commença a le déballer, je compris qu’un tel soin dans l’emballage servait à empêcher  ce fromage de l'Anórien d’embaumer… Elle m’en proposa, et je le goutais, poliment, fort mais relativement gouteux, des notes prononcées d’herbe fraiche… Nous mangeâmes en silence, puis je repris :


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-J’espère que vous ne serez pas incommodée si je fume ? Elle m’indiqua que non, et j’allumais donc ma pipe, tout en  poursuivant… Les choses que le commun ne peut ressentir ne doit pas pour autant être négligé. Quant à savoir si vos visions sont guidée par les informations que vous glanez au fil de vos pérégrinations, ou si vos voyages sont dictés par une soif de mettre des faits sur ces sensations, je pense que vous seul en avez la réponse.

Je vis dans son regard un mélange d’étonnement et de satisfaction, la tolérance, de ce que j’avais cru comprendre, n’avait pas souvent croisé son chemin… Pourtant, je ne lui révélais pas que moi aussi, je possédais un don similaire, quoique jamais je n’avais eu de visions précises, juste un ressenti, et cela m’enjoignait à la croire. J’avais vu de mes yeux les mutilations sur le bétail, et a l’approche de ce carnage, la terre se faisait silencieuse, a n’en pas douter quelque chose troublait l’équilibre en place…

-En effet j’ai pu constater par moi-même la sauvagerie qu’une partie du cheptel environnent a subit, et je pense que des forces sont à l’œuvre, une ombre semble vouloir semer la peur parmi nos éleveurs. Certaines rumeurs disent que ce ne sera pas des brebis la prochaine fois…  

Je tirais longuement sur ma pipe, pensif… Je revoyais distinctement ce Gondorien, et bien que je ne fis que noter quelque détails lors de son passage, plus la journée avançait, plus je me tenais sur mes gardes, peste que soit mon étourderie, le prenant pour un simple client a la base, je ne m’étais pas astreint a écouté ce chant, il m’eut pourtant suffit de toucher le mur, mais j’étais à ce moment trop concentré sur cette livraison qui m’avait été livrée, et je me rendais tout autant compte que ce don, je comptais plus sur lui que sur mon ressenti personnel, ce qui j’en étais certain, finirait par me nuire…

-Pendant que j’y pense, si d’aventure vous rencontrez cet homme demain, sachez qu’il est gaucher, il porte donc son épée à droite, je ne saurais donc que vous conseiller de l’aborder par ce coté, il lui sera en effet plus difficile de mettre sa lame au clair et de s’en servir rapidement, sans compter que sa blessure à l’épaule le ralentira probablement, en cas de problème, cela pourrait vous faire gagner de précieuses seconde pour prendre congé. J’espérais qu’elle retienne le conseil, aussi marquai-je  un moment de silence avant de terminer…

-Parlez-moi des clochers de Dale, que vous avez vu en rêves, je ne suis aux fait de tout ce qui se passe en ville, peut être aller vous m’éclairer sur ce point, je suis curieux…


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Hadhod Croix-de-Fer
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Herbes et confidences EmptyLun 11 Jan 2016 - 19:33
Herbes et confidences Venefi10

Le pain n'était pas de toute première fraîcheur, mais il avait le mérite d'accompagner le fromage et de remplir l'estomac. Un petit verre de vin assez corsé aurait idéalement complété l'ensemble, mais de toute évidence Brynjaleifre n'importait de l'oriental Dorwinion que des plantes médicinales, ce que d'aucuns auraient trouvé fort dommage. Cela n'étonna pas Venefica outre mesure : il transparaissait de son hôte un tempérament sobre et sérieux, peut-être même un peu trop sérieux à son goût, et il n'était pas le genre d'individu à considérer l'alcool avec vénération. Ou du moins c'est ce qu'il lui semblait. Mais elle n'allait pas faire la délicate, elle qui s'était quasiment faite inviter. Pour finir, elle avala quelques cuillerées de miel que l'elfe lui avait enjoint de goûter. L'un, de couleur clair et au parfum doux et fruité, avait semble-t-il été butiné sur diverses fleurs, lesquelles étaient légion dans cette charmante ville. L'autre, plus sombre et bien plus corsé, était sans doute un miel de châtaignier, récolté non pas sur les pentes de la montagne mais plus bas à l'orée des forêts entourant le lac. Fromage et dessert, le souper n'avait rien d'un festin... au moins ils ne feraient pas d'indigestion.

– Les clochers que j'ai vu en rêve étaient ceux de votre ville, ou du moins c'est ce que j'ai conjecturé. Puisque leur mention ne semble pas vous faire réagir sur un événement qui se serait déroulé en leur sein, je ne pense pas qu'ils aient de rapport avec les menaces que j'ai pressenties. Mais leur vision m'a au moins donné une indication géographique, sans quoi je ne serai jamais venue dans cette cité, je n'aurai jamais pénétré dans votre boutique, et je ne serais pas assise sur cette peau de mouton à discuter avec vous. Pourquoi ces clochers m'ont-ils mis sur cette voie, me direz-vous, alors que toutes les grandes villes en ont probablement. Eh bien, des clochers avec une unique montagne en arrière-plan, ça aurait mis la puce à l'oreille même du plus casanier des ivrognes. La vision des pontons n'a fait que conformer mes certitudes : c'était bien au pays de la Motagne et du Lac que le destin m'appelait. Parfois, j'ai des doutes sur la signification de tel ou tel rêve, mais en l'occurrence je suis assez sûre de moi. Et même totalement sûre, maintenant que vous me dites avoir vu certaines de ces bêtes massacrées de vos propres yeux.

E
lle plongea à nouveau sa cuillère dans le pot de miel, avant de la porter à la bouche et d'en vider le contenu de ses lèvres délicates.

– J'imagine que tout a été enlevé, nettoyé, remis dans l'ordre, et qu'il n'y a plus grand-chose à tirer du lieu où ont été commis ces actes, maintenant que les résonances se sont dissipées. Je me vois contrainte d'attendre la prochaine manifestation de ce genre, mais rassurez-vous je ne compte pas vous imposer ma présence au-delà de cette nuit. Car qui sait combien de temps il faudra que je patiente ? En attendant, je vais m'employer à en apprendre davantage sur mon étrange compatriote, puisque je n'ai rien d'autre à faire. Vous m'êtes précieux décidément, Brynjleifre : je retiens vos informations et vos conseils le concernant, et j'essaierai de les mettre à profit si cela devait mal tourner. Ceci dit...

Se levant de table, elle se dirigea vers le coin de la pièce attenant à la fenêtre, dont les volets étaient fermés. Là, dans l'ombre, de derrière la petite échelle qui montait elle ne savait où, elle sortit ce qui ressemblait à une grande dague à la poignée recouverte de cuir noir, sous le regard éberlué de l'apothicaire.

– ... j'ai quelques arguments pour me défendre. Ne prenez pas peur, Brynjaleifre. Vous ne vous imaginiez tout de même pas qu'une voyageuse telle que moi se promenait armée de sa seule innocence et de ses beaux yeux. Je l'ai remisée tout à l'heure lorsque vous êtes descendu fermer la boutique ; j'avais peur qu'elle vous fasse mauvaise impression, et si habituellement je la porte discrètement sous ma cape, la position assise aurait révélé sa présence, et vous auriez crié au meurtre... Mais puisque vous semblez vous inquiéter pour ma sécurité, et maintenant que vous avez assez confiance en moi pour savoir que je ne veux nullement user de cette lame contre vous, je préfère mettre fin à cette petite cachoterie.


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Herbes et confidences EmptyMar 12 Jan 2016 - 23:57
La dague… Comment avait-elle pu à ce point me sortir de l’esprit hors que je j’avais bien remarqué un très léger renflement furtif lors de son entrée dans la boutique… c’était donc une dague, quoique longue une telle lame, mais un peu courte pour en faire une épée, et trop fine sans doute pour croiser le fer…Décidément, cette journée recelait plus de surprises que les derniers mois réunis.

-Voilà un bien bel objet, demoiselle, et je ne doute pas que vous sachiez vous en servir, bien que je ne vous souhaite pas d’avoir à le faire. Je vous remercie pour la confiance naissante que vous m’accordez et rassurez-vous, vous ne m’imposez rien…
je rallumais ma pipe, et après un petit silence, je continuais, je ne pourrai malheureusement pas vous accompagnez demain dans les rue de Dale, je dois me rendre dans un village des alentours, certaines herbes viennent à manquer, et il y a là un vieil homme possédant un jardinet merveilleux qui devrait combler les lacunes de mes stocks…

Premier mensonge, en effet rien ne manquait dans la boutique, mais je décidais donc de la suivre discrètement, non par manque de confiance, simplement je voulais vérifier si elle-même n’était pas suivie, je verrais aussi la réaction des gens à son passage, et surtout, je ne voulais pas attiser les cancans du quartier…

-Pour en revenir à vos soucis d’hébergement, les marchands auront quitté la ville peu avant le souper, les auberges devant désemplir, vous devriez trouver une chambre sans trop de difficulté. Sachez tout de même que bien que la boutique soit close a doubles tours, la porte que vous voyez là n’est, elle, jamais fermée, elle donne sur l’escalier situé à droite du magasin, coté ville. Je ne peux certes vous offrir qu’une économie substantielle de quelques deniers, les auberges apportant un meilleur confort à leurs occupants... Vous êtes la bienvenue.


Nous devisâmes un moment, je lui confirmais qu’il n’y avait plus traces des macabres événements, la pluie ayant tout emporté, aidé il est vrai de la garde, qui ne voulait pas d’un vent de panique dans une ville enfin prospère… Je fini par prendre congé, la journée avait été riche en rebondissement, et je me devais de faire le point sur tout cela. Alors que je montais la petite échelle pour me rendre à l’étage, elle me dit être gênée de me chasser ainsi de mon lit, je lui répondais que celui de l’étage était tout autant confortable, voir plus sans doute, grâce au matelas de poussière qui le recouvrait… Elle rit, sans en faire trop, et me souhaita bonne nuit, je lui répondais par un sourire, le premier depuis bien longtemps…

Je ne pris pas place sur le lit de l’étage, je m’asseyais dans une vieille chaise à bascule grinçante, chinée en ville quelques jours plus tôt pour une bouchée de pain. J’avais sorti d’un placard un petit étui de cuir craquelé, à l’intérieur se trouvait mes deux petits couteaux, j’en vérifiais le fil, tranchant tel un rasoir, les liens fait de lanière avait quelque peu raidi, aussi je nourri ces petites langues de peau d’un peu de saindoux pour les rendre plus souple, puis, retroussant mes manches, je les attachait à mes poignets. La sensation de ces lames dissimulées, le cuir des protections permettant qu’elles soient en permanence collée à mes avant-bras, me rassura… je déposais l’étui sur le rebord de la fenêtre, et, rallumant ma pipe, je me mis à réfléchir, en contemplant le ciel nocturne… ou peut être m’endormis-je de suite…
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Herbes et confidences EmptyJeu 14 Jan 2016 - 15:53
Herbes et confidences Venefi10

Brynjaleifre venait de lui signifier qu'il ne pourrait l'accompagner pour sa petite escapade du lendemain...

– Faites-donc, je vous en prie. Vous avez des plantes à acheter, et moi une personne à rechercher, ainsi nous serons tous deux bien occupés, chacun de notre côté. Et qui sait, peut-être que les vieux jardiniers sont tout aussi dangereux que n'importe quel homme en armure, si on a le malheur de marcher sur le semis de leurs radis. Aussi je ne saurai trop vous conseiller d'ouvrir l’œil et de ne pas faire d'écart lorsque vous traverserez sa propriété. S'il vous arrivait malheur et que vous disparaissiez, on irait m'accuser de vous avoir fait la peau pour dévaliser vos étagères. Et j'ai bien trop de choses en tête en ce moment pour me permettre un tel contretemps.

Venefica avait dit cela sur un ton faussement sérieux. Néanmoins, il ne s'agissait pas là d'une plaisanterie totalement gratuite : il lui semblait que son hôte ne la pensait pas capable de se débrouiller par elle-même, et elle sentait bien que s'il n'avait pas été occupé le lendemain matin, il se serait empressé de la suivre pour s'assurer de sa sécurité, elfe millénaire protégeant sa fragile petite humaine. Cette pensée ne lui plaisait pas du tout, elle trouvait presque qu'il y avait quelque chose d'insultant. Mais Brynjaleifre n'avait rien dit de tout cela, aussi ne pouvait-elle lui adresser aucun reproche. D'ailleurs, son interlocuteur était déjà passé à autre chose, lui indiquant la porte rustique qui se trouvait près du coffre où elle était assise. Il lui dit qu'elle était toujours ouverte. La porte en question n'était constituée que de quelques planches juxtaposées verticalement les unes aux autres, et dont la hauteur était un poil trop courte par rapport au cadre, occasionnant un léger jour dans lequel l'air ne manquait pas de s'insinuer à la moindre rafale. Mais là n'était pas la question, de toute façon la température était très douce pour la saison. Non, le plus important, c'est que cette porte restait constamment ouverte.

– Je vous remercie à mon tour pour la confiance que vous m'accordez. C'est noté, je me souviendrai de cette porte dérobée. Où serai-je demain à cette heure-ci, je suis bien incapable de le dire.

♦ ♦ ♦

L'elfe était monté se coucher à l'étage. Chambres à part ; elle avait peut-être un peu trop vite présumé de ses intentions. Peut-être agissait-il uniquement par pure gentillesse. Remarquable. De toute façon, elle avait d'autres préoccupations à l'heure actuelle. Les jours à venir seraient importants, elle en était persuadée.

Venefica se leva du coffre et alla tirer les rideaux à la fenêtre, puis se dirigea jusqu'à la modeste table ronde qui se trouvait dans l'angle, se saisit de la chaise en paille et alla la coincer contre le loquet de la porte. Dans l'éventualité où on lui aurait voulu du mal, c'était plus sûr. Le sommeil était la seule période où elle se trouvait dans l'incapacité totale de se défendre, il valait donc mieux qu'elle soit prudente.

Après ça, elle revint s'asseoir et fouilla dans la sacoche qu'elle avait ôté pour manger. Elle y retrouva les petits sachets de jute contenant les plantes sèches achetée en fin d'après-midi, en remit trois au fond de la sacoche, passa sa main dans celui qui restait et l'en ressortit avec une poignée de petites feuilles recroquevillées. Elle les malaxa entre sa paume et ses doigts jusqu'à obtenir un fin broyat, et plaça celui-ci dans un minuscule coffret de bois qui pendait à sa ceinture à l'aide d'une cordelette. Si elle venait, pour une raison ou une autre, à perdre sa bauge, au moins ne perdrait-elle pas tout.

♦ ♦ ♦

Le soleil pointait à peine le bout de son nez au-dessus des sommets des Monts du Fer dans le lointain, et les clochers de Dale sonnaient la venue du jour quand Venefica déplaça la chaise et ouvrit délicatement la porte. Le marché de Dale commençait de bonne heure, et elle avait décidé de s'y rendre tôt pour multiplier les chances de tomber sur la personne qu'elle recherchait. Elle savait qu'il était fort étonnant qu'un homme de Gondor en armure venant tout juste d'arriver aille faire son marché avec son panier d'osier sous le bras. Pourtant, si d'aventure il était également à sa recherche, peut-être aurait-il le même raisonnement qu'elle... Elle verrait bien.

La grand'place de Dale était située loin des murailles extérieures, et par conséquent loin de la boutique d'apothicaire de Brynjaleifre. Venefica arpenta les ruelles encore ombragées, avec sa démarche souple et silencieuse, son capuchon blanc rabattu sur ses cheveux, sa dague ayant retrouvé son fourreau à sa ceinture, dissimulée sous ses étoffes mais prête à être mise au nu en cas de nécessité.

Il y avait des dizaines et des dizaines d'étalages, et les badauds les plus matinaux grouillaient déjà. Au marché de Dale, il ne se vendait pas seulement des denrées. Oh, il y avait bien sûr de nombreux produits plus ou moins locaux issus de la terre, de l'agriculture et de l'élevage, champignons, légumes et fruits de moyenne altitude, charcuteries naines, œufs, fromages, poissons apportés par les pêcheurs de la voisine Esgaroth, vins de pays et vins d'orient. Mais il y avait également des objets issus de l'artisanat, jouets en bois, vases et récipients en verre, pour ne citer qu'eux. Venefica entra dans le fouillis des étals, l’œil à l'affût, dévisageant les gens qui la croisaient, se retournant souvent.

À mesure que l'astre solaire s'élevait dans le ciel d'azur et que l'atmosphère devenait de plus en plus chaude, son espoir de retrouver cet homme s'amenuisait. La cloche qui dominait la place venait de retentir trois fois. Cela faisait près de deux heures qu'elle se faufilait entre les acheteurs et leurs paniers ; elle revoyait les mêmes visages, les mêmes producteurs qui commençaient à la regarder d'un drôle d'oeil en se demandant quand elle allait se décider à acheter leur marchandise. Si elle s'éternisait trop, ils allaient la trouver suspecte...

– Alors ma jolie ! fit une voix masculine derrière elle.

Elle fit volte-face pour voir qui venait de la héler. Dans le même temps, sa main se porta à sa hanche, sur la poignée de son arme. Derrière une longue planche de bois posée sur des tréteaux, un petit homme, gros et rougeaud, avait les yeux rivés sur elle. Il ne portait pas d'armure, son visage n'était point balafré, et dans son accent ne pointaient nullement les douces intonations gondoriennes, mais les consonnes rudes et saillantes des hommes du nord. En outre, il devait probablement sentir davantage la vin blanc que l'odeur du baume à l'athélas.

– La jolie dame, elle veut un bon poisson pêché directement dans le Long Lac ? Là, il frétille – il agitait un poisson marbré aux nageoires orangées, probablement une perche, bel et bien morte depuis au moins deux jours, dans ses doigts boudinés. Voyez, il vit encore, il est tout frais ! C'est si bon avec un peu de fenouil et du cerfeuil ! Et ça sera sûrement le dernier à sortir du lac, avec ce qui vient de se passer cette nuit... J'préférerais bien aller pêcher dans la Mer de Rhûn plutôt que de retourner voguer là-bas !

Pendant qu'elle essayait de comprendre le sens des paroles du gros bonhomme, Venefica avait légèrement relâché sa vigilance.


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Herbes et confidences EmptyDim 17 Jan 2016 - 1:57
Herbes et confidences 811470morningbydarozd6h8l14

La pâle lueur de l’aube naissante arrivant par-dessus les Monts du Fer caressa mes paupières, d’instinct je m’éveillais… Bien que le temps n’ai que peu de prises sur le corps des elfes, force est de constater qu’une nuit entière, fusse t’elle courte, donnait de fâcheuses courbatures à celui qui la passait assis sur une chaise… Carnil était bien visible en ce matin dégagé, et l’étoile rouge pointant au sud révélait un présage qui n’avait rien d’attrayant…

Je me hâtais quelques peu, en effet Anor n’allait pas tarder à célébrer sa puissance en ce monde, et les clochers de Dale l’accueillants, comme chaque matin, allaient réveiller mon invité à coup sûr. Je descendis donc l’échelle sans un bruit, et, passant devant elle pour sortir par la porte de la boutique, je m’attardais quelques instants pour la regarder dormir… Elle me sembla une enfant, innocente et fragile, jeune et insouciante, tout porte à croire qu’elle dormait sereinement, ce qui n’arrive pas souvent au voyageurs en ce monde fait de dangers, je ne la réveillais donc pas, et, me faufilant, sorti vers le grand jour. Je n’avais pas fait trois pas au dehors que déjà les cloches annonçaient le lever du jour, aussi je me dirigeais aussitôt vers le centre-ville qui, bien qu’éloigné, colportait déjà l’effervescence du marché jusqu’en ce quartier reculé, je pris donc soin de me mettre en route, convaincu que j’apprendrais quelque choses en ce jour…


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Arrivé au marché, je me tins dans l’ombre d’un grand chêne, il était bien difficile pour le commun de repérer un Elfe ayant grandi en Lorien si ce dernier ne voulait être vu près d’un arbre… L’arbre étant planté sur un parterre surélevé, je dominais le marché, il devait être centenaire par deux fois pour étendre une telle ombre, si bien que je me surpris à penser à toutes ses vies qu’il avait vu prendre de la fraicheur l’été sous sa couverture… J’en étais là de mes pensées lorsque je la vis arriver…

Elle se montrait prudente, et semblait aux aguets, avançant calmement dans les allées, elle s’arrêtait de ci de là semblant faussement intéressée par les produits… Depuis mon arrivé une rumeur gonflait sous cape, des événements sur le lac, certains parlaient d’attaques éclairs de la part des orientaux, d’autres de monstres ou de chimères, il était donc impossible de démêler le vrai du faux, mais pour sûr, des attaques de bateaux avaient eu lieu !

– Alors ma jolie ! fit une voix masculine derrière elle.

Elle fut surprise, un marchand venait de l’alpaguer de manière peu avenante, et elle fit volte-face… Il lui agitait une perche sous le nez, vantant la fraicheur d’un poisson encore frétillant, mort depuis au moins deux jours, et, peste que mon odorat, puait assez pour que la brise, pourtant faible, l’aide à assaillir mes narines… Il lui apprit les événements d’Esgaroth, sur le ton de la conversation, et, bien qu’elle me tournait le dos, je vis qu’elle  baissa sa garde en écoutant l’histoire qui lui était contée…

De l’autre côté, venant de la rue des tanneurs, je vis à ce moment le gondorien, il ne l’avait pas vue, et il était à l’opposé, mais je décidais tout de go de ne pas lui laisser le loisir d’une rencontre, mon intuition me dictant d’évacuer au plus vite Venefica, non pas que je la pensais en danger, mais je préférais ne pas perdre plus de temps, je venais de décider de l’accompagner, si elle voulait de moi, dans sa quête pour éclaircir ses visions, et, quoique ce gondorien veuille faire, je ne n’avais pas la curiosité de laisser faire le destin. Je m’approchais d’elle, et lorsque je l’accostais elle fut stupéfaite…

-Bonjour ma chère, loin de moi de penser que vous n’êtes pas en mesure de vous défendre, auquel cas je vous aurais accompagné… Elle semblait furieuse, j’étais en effet censé être a plusieurs lieus de là… J’aime à prendre du recul et à suivre les choses de loin, aussi, je me suis permis de venir me poster là, vous attendant, je m’excuse pour le mensonge d’hier soir, mes stocks sont bien remplit…

Je ne saurais dire si elle était déçue, en colère, ou contente de me voir, son visage était devenu de marbre aussi je poursuivis...

-J’ai pu constater que personne ne vous suit, si je vous avais dévoilé mes intentions, vous y auriez perdu cet once de naturel suffisante pour qu’un pisteur chevronné sente que vous n’étiez pas seule, ce qui aurait pu entrainer tout un tas de complications, nous ne sommes jamais assez prudent…


Je constatais qu’elle se relâchait quelques peu, la surprise passée, et les explications sincères avait eu un effet…

-Si vous le voulez bien, rentrons a la boutique, nous discuterons en chemin de ces rumeurs d’attaque sur le long lac, ma curiosité est éveillée, et j’aimerais que nous puissions aller ensemble a Esgaroth, nous ne serons pas trop de deux pour éclaircir cette affaire, et, je dois vous l’avouer, moi aussi, j’ai un don…

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Herbes et confidences EmptyLun 18 Jan 2016 - 19:35
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Sur le coup, Venefica n'aurait su dire lequel, de ce grossier marchand de poisson ou de l'apothicaire qui lui avait menti, était le plus incorrect. Les deux l'étaient, chacun à sa manière. Mais il fallait bien avouer que les raisons avancées par Brynjaleifre étaient louables, sans quoi dieu sait quelle aurait pu être la réaction de la jeune femme. Elle n'en restait pas moins contrariée, plus encore par le fait qu'elle n'ait pas décelé sa présence d'elle-même que par le fait qu'il lui ait menti.

– Personne ne me suit, dites-vous, mais je n'ai trouvé personne non plus,
répliqua-t-elle un peu plus sèchement qu'elle l'aurait voulu. Par contre, il s'avère que les plus inopportuns peuvent se révéler utiles bien malgré eux.

Elle jeta un très rapide regard en direction du poissonnier pour être sûr que Brynjaleifre comprenne bien. Le gros bonhomme à la figure rouge avait cessé d'importuner Venefica et s'employait à héler d'autres badauds qui avaient le malheur de passer à proximité. Peut-être avait-il eu peur que le mari de la « jolie dame » ne s'en mêle et ne lui fasse avaler son poisson avec les écailles et les arêtes en prime. Ou peut-être avait-il reconnu ce sorcier d'apothicaire et avait-il craint de se retrouver transformé lui même en poisson.

V
enefica porta sa main au coude de l'elfe pour l'inciter à faire volte-face. Ils s'éloignèrent en marchant côte à côte.

– Et puisque pour le coup vous êtes vous aussi un inopportun, puissiez-vous également m'être utile.

L
a phrase paraissait dure et cinglante au premier abord, mais le léger sourire qui était apparu une fois de plus sur le visage de Venefica atténuait cette impression.

– C'est étrange... le pêcheur a parlé de quelque chose qui venait de se passer sur le lac, sans entrer dans les détails, et vous, vous me parlez clairement d'une attaque. L'avez-vous appris par d'autres personnes que vous auriez espionné ce matin ? Car en l’occurrence, j'aimerais bien avoir plus d'assurance sur la question que la seule parole d'un homme ivre. Il est dit que l'alcool fait sortir la vérité de la bouche des hommes, mais cela n'empêche pas la prudence.

Le duo arrivait en bordure du marché : les étals s'y faisaient plus épars, les flaneurs moins opressents, et le brouhaha ambiant s'atténuait peu à peu. Ils repassaient dans une atmosphère plus favorable à la réflexion.

– Si les dires de cet homme sont exacts et qu'il y a effectivement eu des événements inquiétants, une ou des attaques sur le Long Lac, alors mon cœur me pousse à y aller, car il est probable que ma venue ici soit clairement liée à ce qui vient de survenir cette nuit. Ne vous avais-je pas parlé des pontons d'Esagaroth ? Ne vous avais-je pas dit qu'ils m'étaient apparu en rêve ? Rien n'arrive par hasard, à ce qu'on dit, et je pense clairement que je me dois de me rendre sur place. Pour en savoir davantage sur cette malédiction qui semble s'abattre sur le pays. Et pour contribuer à sa conjuration, si je le puis. Mais vous n'êtes pas obligé de venir avec moi, Brynjaleifre. D'abord, cette affaire risque d'être plus longue que ce à quoi on peut s'attendre, je le pressens, et que deviendrait votre boutique pendant ce temps ?

Venefica marqua une pause. Souhaitait-elle qu'il l'accompagne ou non, elle n'en savait trop rien. Pourrait-il réellement l'aider dans cette affaire ? N'allait-il pas plutôt embrouiller ses sensations ? Pourtant, la dernière phrase que l'elfe avait laissé en suspens résonnait encore dans sa tête. Tiens donc, les rumeurs colportées par les vieilles bonnes femmes étaient-elles donc fondées, finalement ?

– Vous me parlerez de votre don une fois que nous aurons passé les portes de votre boutique, dit-elle enfin. Il est des choses qu'il n'est pas bon de crier sur tous les toits.


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Dernière édition par Hadhod Croix-de-Fer le Dim 13 Nov 2016 - 12:31, édité 1 fois
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Herbes et confidences EmptyMer 20 Jan 2016 - 2:17
Chemin faisant, je m’arrêtais dans une épicerie à deux rues de la boutique, il était hors de questions que je lui propose le reste de miche a demi dure qu’il restait de la veille pour tout en-cas…

Midi venait de passé, aussitôt entré nous nous mimes à table. Le pain était frais, j’avais aussi pris plus de bœuf séché que nécessaire à ce déjeuner, ainsi que des galettes de Sarrazin, sentant bien que je ne serais plus à Dale les jours prochain…

-Ce matin, au marché, une rumeur courrait, parlant vraisemblablement d’une attaque sur le lac, non loin d’Esgarot. Bien entendu il y a à boire et à manger dans ce qu’il se disait, je vous ferai grâce des histoires de dragons et autres monstres, néanmoins, il faut admettre qu’il n’y a pas de fumé sans feu, il s’est sans doute bel et bien passé quelques chose, et, il semble que cette fois des hommes soient mort…

Son visage ne resta pas impassible, la mort ne laisse jamais indifférent, et les visions qu’elles avaient eu semblait se confirmer, et prendre une tournure qui, légitimement, ne devait pas lui plaire.

-Comme je vous l’ai dit, je possède, moi aussi, un don… Je me levais, me dirigeant vers la fenêtre, je bourrais ma pipe avant de l’allumer… Ce n’est pas de la prémonition à proprement parler, comme vous le savez sans doute, toute l’existence est rythmée par une musique céleste, l’Ainulindalë…

Je m’étais volontairement arrêté de parler, pour chercher une réaction, je ne vis en elle que de la curiosité, aussi je m’asseyais sur le coffre, croisant les jambes, et poursuivis…

-je ne comprends pas bien comment cela est arrivé, pourtant, depuis de nombreuses années, lorsque j’entre en contact avec une matière minérale, je pense que j’entends ce chant, ou plutôt, je le ressens. C’est assez difficile à exprimer comme sensation, c’est un peu comme une vibration, cela ressemble au touché du corps d’une harpe sans en entendre le son, juste l’éprouver… Bien entendu, et comme toute partition, il y a une humeur générale qui se dégage, et c’est en cela que je pense que c’est bel et bien un don… En effet, il y a parfois de la joie, ces moments sont les plus beaux, d’autres commence comme un crescendo, et selon ce mélange subtil de note, ces crescendos annoncent bien souvent un danger, une mise en garde… Lorsque je me suis trouvé à l’endroit du massacre des moutons, les alentours étaient mêlé de mélancolie et de peine, mais, sur le lieu même, rien… Aucunes oscillations, pas la moindre vibration, un silence assourdissant.

Elle sembla intriguée, tout en rallumant ma pipe, qui avait la fâcheuse tendance de s’éteindre plus souvent qu’à son tour, je lui dis rapidement, avant qu'elle ne dise mot:

-Ma curiosité a été éveillée, je pense que des événements graves se profilent à l’horizon, bien que je pensais ne plus vouloir de toutes ces choses, force est de constater que j’aimerais éclaircir ce mystère, et donc me rendre au plus vite sur le long lac, pour tenter de faire la lumière sur cette ombre planant sur le Val. Que diriez-vous si je vous proposais de m’accompagner ? Je pense qu’a deux, nous avons plus de chance d’apprendre quelque chose, ne pensez-vous pas ? Un départ demain à l’aube nous permettrait d’arriver sur place en début d’après-midi, les pécheurs seront rentré et auront fini de faire la crié sur les docks, ce pourrait être le moment idéal pour prendre la température dans l’une ou l’autre taverne, l’alcool n’aura, en effet, pas encore eu le temps de trop voiler leurs esprits…
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Hadhod Croix-de-Fer
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Herbes et confidences EmptyDim 24 Jan 2016 - 19:25
Herbes et confidences Venefi10

L'atmosphère qui se dégageait de la scène était étrange, presque mystique. Un elfe et une humaine devisant, entourés d'un léger voile de fumée bleutée, sur des sujets très profonds, sur la Musique Primordiale et sur ses réminiscences dans le monde de tous les jours... On aurait pu se croire revenu au temps où ce genre de connaissance était monnaie courante, au temps béni de la jeunesse des Edain, lorsque la méfiance envers les Premiers-Nés ne s'était pas encore insinuée et que de telles choses n'étaient point encore des mythes. On aurait pu se croire revenus dans le lointain Hísilómë, nappé de brume, qui gît à présent sous les flots, où les rois elfiques prenaient des humains pour vassaux et leur enseignaient l'ancien savoir. Mais non, la scène se situait dans le petit appartement de la boutique d'un apothicaire, à la bordure de Dale, en ce Quatrième Âge où tant de beauté avait déjà disparu du monde.

Venefica ignorait donc ce à quoi son hôte faisait allusion. Cela la contraria un peu, et l'intéressa beaucoup. Il devait s'agir là d'une réalité bien plus subtile, bien plus enfouie que les visions auxquelles elle disait avoir accès.

– Nos dons ne sont, comme vous dites, pas les mêmes. Le terme d'Ainulindalë me dit quelque chose, mais j'ignorais de quoi il s’agissait jusqu'à ce que vous me l'appreniez. Je suppose qu'en tant qu'humaine, une partie des choses non visibles me sera toujours cachée, et les visions qui me viennent en rêve me paraissent maintenant très grossières et terre-à-terre par rapport à vos ressentis.

Elle ne voulait pas l'avouer, mais elle l'enviait quelque peu, si toutefois ce qu'il disait était honnête. Elle ne le connaissait pas encore assez pour le croire sur parole, mais avait une impression plutôt bonne, très bonne même, le concernant. Ce pourrait être un atout de poids dans sa quête de réponses.

– C'est chose curieuse... Vous êtes un spécialiste des végétaux et les manipulez constamment de par votre métier, et pourtant ce sont les minéraux qui vous parlent. Cela dit, toutes les professions liées aux pierres les martyrisent davantage qu'ils ne les respectent, si on y réfléchit bien : les mineurs les frappent, les sculpteurs les incisent, les bâtisseurs les superposent arbitrairement. Hier, j'ai trouvé étrange qu'un représentant de votre peuple vive ici, à Dale, mais il me semble commencer à comprendre ; à l'ombre de cette grande masse minérale qu'est la Montagne, j'imagine que vos sensations sont d'autant plus exacerbées. Vous pourriez m'être d'une aide précieuse pour résoudre ces affaires à Esgaroth. Je n'aurais pas osé vous le demander, mais puisque vous voulez venir de votre pleine volonté, ça n'est que mieux. Une demi-journée de marche, voilà qui paraît faisable, à condition de ne pas trop traîner en route.

L'après-midi fut consacrée aux préparatifs. Le surplus de bœuf séché et de galettes de sarrasin suffirait probablement à les sustenter pour la durée de cette grande marche, ou de ce petit voyage, suivant comme on voyait la chose. Venefica tint à payer sa part, malgré les protestations de son hôte. Ce n'était pas qu'elle avait de l'argent à revendre, mais elle souhaitait que leur collaboration continue de se dérouler sous de bons auspices. D'autant plus qu'elle coucherait encore ici ce soir : ce serait plus commode que de trouver une chambre pour une seule nuit, qui plus est pour la quitter aux aurores.

La seconde nuit se passa comme la première, c'est-à-dire chacun à son étage. Décidément, on ne pouvait pas dire que les elfes n'étaient pas sérieux. Pour le coup, Venefica dormit d'un sommeil sans rêve. Elle se réveilla toutefois de bonne heure, peut-être à cause de la perceptive du départ, ou encore du vent qui s'était mis à souffler sur la fin de nuit.

♦ ♦ ♦

– La pluie n'est pas loin, fit-elle avec une légère moue en franchissant le seuil de la boutique. Espérons que ce sera juste une petite bruine.

Dans l'aube naissante et sous l'épaisse couche de nuage, toutes les couleurs qui faisaient hier encore la gaieté de la ville semblaient s'être estompées, muées en différentes teintes de gris. Même le chant du coq derrière les maisons paraissait timoré. Mais comme dit l'adage, la pluie du matin n'arrête pas le pèlerin. Et ces deux pèlerins-là étaient mus par la curiosité, ce grand moteur qui fait lever les dormeurs et aiguillonne l'esprit.


The Half Cop
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