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Hadhod Croix-de-Fer
Seigneur de la Moria
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Hadhod Croix-de-Fer

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Voir l'avenir sous un nouveau jour EmptyLun 15 Fév 2016 - 18:54
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Qu'il aimait cette ville ! Ses petites ruelles, ses édifices religieux, ses souks, sa tour et son palais : le grandiose et le commun formaient un ensemble qui, s'il n'était pas homogène, n'en était pas moins l'identité de la cité qui l'avait vu naître, il y avait de cela plus de trois décennies. Les propriétaires et les gouverneurs pouvaient changer, aller, venir, partir pour de bon, les murs n'en demeuraient pas moins, inexorables, ancrés dans ce désert vallonné dont ils étaient jadis sortis du ventre. Et même le sac de la ville, qui avait pourtant fait tant de dégâts, n'avait en rien enlevé l'amour qu'il portait à Dur'Zork. Les hommes morts restent morts, les édifices détruits, eux, se relèvent toujours, renaissant de leurs cendres tels des phénix, même si cette renaissance doit être longue. L'âme de la ville était toujours là, survivant aux changements. Et il était toujours là lui aussi, pour elle, tel un amant.

Car Kulak avait toujours vécu ici, et il comptait bien mourir ici également, le plus tard possible cela allait de soi. Pour cette raison, et aussi parce qu'il était chargé de la surveillance et de la sécurité de la ville sous l'ancien régime, il connaissait ses dédales comme sa poche, et nul maintenant ne pouvait rivaliser avec cette connaissance : et encore moins les nouveaux occupants ! Et les gens le savaient. Et les hauts placés le savaient aussi. C'était sans doute la raison pour laquelle le gouverneur, qui avait pourtant de nombreux hommes dont l’allégeance était établie de longue date, avait fait appel à lui plutôt qu'à ses derniers. Mais cela, il ne le savait pas encore : tout ce qu'il savait pour l'instant, c'était que le gouverneur lui-même l'avait convoqué dans son palais. Était-ce pour lui dire que, finalement, il ne lui faisait plus confiance et souhaitait l'exiler comme les autres ? Était-ce l'ultime conclusion de la purge des anciens fonctionnaires ? Il avait pourtant sincèrement juré devant Taorin, après l'élection de ce dernier, qu'il était bien plus attaché à sa ville qu'à son ancien émir. Mais ce n'était plus Taorin maintenant, et la donne avait peut-être changé le concernant.

Une triste fin pour le dernier des Kara, se dit-il en arrivant devant la grande porte du palais. Point de fils pour perpétuer la lignée si ma vie s'arrête ici, si je rejoins mes innombrables aïeux au cimetière. Mais quand même, s'il veut ma mort, ce seraient des baillons qu'il m'aurait octroyés, ou plus probablement un coup de sabre sans procès. Mais pas une missive...

Il leva la tête, et ses yeux bleu vif se posèrent sur la façade du palais, ou du moins ce qui en apparaissait derrière les échafaudages des réparateurs. Ses yeux, on ne remarquait qu'eux lorsqu'on le croisait. Leur couleur tranchait tellement avec le noir de son turban que ces deux kyanites semblaient vous traverser. Et grande était leur acuité, si bien que certains à Dur'Zork prétendaient que Kulak pouvait voir la nuit comme les chats et les grands félins du désert. De jour en tout cas, ses yeux ne rataient que rarement un mouvement ou un détail qui croisait son chemin. Associés à son sens de l'observation et à son esprit prompt, ils pouvaient percer bien des secrets. Là une jeune femme marchant côte à côte avec un homme qui n'était pas son mari, là un individu qui avançait la tête penchée tout en jetant des regards obliques comme s'il avait quelque chose à se reprocher... là deux gardes à l'air suspicieux qui l'observaient fixement. Il était arrivé devant l'entrée principale de l'ancien palais de l'émir, devenu palais du gouverneur, et bien qu'il connût de nombreuses autres portes dérobées, il préféra s'en tenir à l'option la plus sobre.

– Halte, suppôt de l'ouest ! lui lança l'un des deux gardes lorsqu'il fut arrivé à la cime des larges escaliers qui s'étalaient au pied de la façade. Remets-moi tes armes.

– Je vois que vous avez bien du mal à cerner mon esprit, si vous pensez que je suis encore à la solde d'un émir qui n'est plus en fonction. Vous me prenez réellement pour un espion qui essaye de se trouver une activité d'apparat pour faciliter une contre-attaque ? Affligent...

– De bonne foi ou non, turban ou pas, pour moi tu resteras toujours un chien d'occidental ! Tes armes !

– Vos patrons aussi sont des Chiens, ou sont de connivence avec des Chiens, et en l'occurrence ce n'est nullement considéré comme une insulte. Aussi mesurez vos propos, car ils pourraient bien s'en sentir vexés, et je gage que vous finirez assez mal si tel venait à être le cas. Sachez que le gouverneur est plus sage que vous, puisqu'il me convie dans son palais alors que, si vous le pouviez, vous me passeriez votre lame en travers du corps comme si j'étais un vulgaire morceau de viande, et ce alors que je suis sans arme.

Les yeux du garde s'enflammèrent, comme blanchissaient les articulations de ses doigts. Mais Kulak n'eut pas besoin d'avoir recours à sa lettre pour prouver sa bonne fois. Être l'un des seuls fonctionnaires de l'ancien régime à être et encore vivant et encore dans l'enceinte de la ville avait de quoi rappeler votre visage à la plus bête des sentinelles. Et ces deux-ci avaient reçu l'ordre de le laisser entrer. Un homme arriva bientôt de l'intérieur de l'édifice et demanda au visiteur de le suivre. L'emmenait-il à la grand'salle, ou aux appartements privés ? Était-ce une sentence officielle qui l'attendait, ou quelque chose de plus informel ? Il était bien en mal de le dire...

Le temps de Radamanthe était terminé. L'avenir était maintenant à écrire, et Kulak se devait d'apparaître dans ses nouvelles lignes.


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Ryad Assad
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Voir l'avenir sous un nouveau jour EmptyLun 22 Fév 2016 - 17:40
- Je sais tout cela…

La voix était lasse. On sentait un agacement profond qui ne s'exprimait pas sous la forme d'une nervosité quelconque, seulement une fatigue dont il ne semblait pas capable de se départir. Il faisait si beau à l'extérieur de l'ancien Palais de Radamanthe, et pourtant il était là à écouter les doléances d'un peuple qui n'était pas le sien, mais qui lui faisait confiance pour réussir à mettre de l'ordre. De l'ordre. Quelle utopie ! Partout où il regardait, ses yeux se posaient sur le chaos. La guerre avait durement marqué la cité, tout comme le reste de cette bande de territoire reconquis par la force des armes. Il aurait besoin d'encore dix ans avant de pouvoir s'estimer satisfait de son travail… mais il était fort probable qu'on se passât de ses services avant.

- Mais, gouverneur, ce que vous ignorez sans doute c'est que nos hommes sont épuisés, qu'ils patrouillent sans relâche du soir au matin, et qu'ils ne sont pas relevés par des troupes fraîches. Leur concentration ne peut que faiblir dans ces conditions !

- Je sais, je sais…

Nouvelle réponse désabusée. Il était au courant de tous ces problèmes, et ce n'était le premier officier qui venait lui faire un rapport désastreux sur l'état des forces qui contrôlaient la cité. Ce dernier n'était qu'un mercenaire qui avait vu l'opportunité de sécuriser sa position en se faisant enrôler dans l'armée de Dur'Zork. Si on pouvait parler d'armée. Il s'agissait plutôt d'une milice hétéroclite, constituée pour une bonne moitié de vétérans de la campagne qui avaient vu là une belle occasion de s'installer et d'avoir un salaire honnête qui tomberait chaque semaine, dans une cité où tout était à reconstruire. L'autre moitié était un ramassis de déchets humains, des prisonniers de guerre enrôlés de force, des détenus venus des prisons d'Umbar pour gonfler les rangs, et une sélection d'esclaves qui acceptaient quelques années de service sans solde en échange de leur libération.

Ils n'avaient rien d'une armée. Le gouverneur soupira légèrement, et se redressa sur son siège en bois inconfortable. Il ne se sentait pas capable de prendre place sur l'immense trône qui occupait le fond de la salle d'audience, et que les pirates n'avaient miraculeusement pas emporté lors de leur sac. Certains avaient essayé de gratter un peu d'or au couteau, et on voyait ici ou là quelques aspérités qui n'étaient pas présentes à l'origine. Les pauvres hères avaient gagné quelques misérables sous, qu'ils dépenseraient sans doute dans une taverne du coin.

- Gouverneur, je crois que vous ne comprenez pas la situation. Sauf votre respect, vous ne mesurez pas ce que nos hommes subissent, et je crois que…

- Comment ça « il ne mesure pas » !? Surveille tes paroles, blanc-bec, ou je me charge de te renvoyer chez ta mère à Umbar, la queue entre les jambes, et avec quelques dents en moins !

Celui qui venait de sortir de ses gonds ainsi s'avança d'un pas viril vers l'officier, prêt à le défier et à régler la question à coups de poings, comme les hommes d'Umbar savaient si bien le faire. Les rixes étaient monnaie courante, ce qui n'aidait pas à assurer la discipline. Le gouverneur sentit que la situation allait déraper, et il se leva, cherchant à imposer à tous le calme en soufflant simplement :

- Ce ne sera pas utile, Aladj.

Joignant le geste à une parole qui ne suffirait pas à arrêter le taureau furieux qui continuait son avancée, le gouverneur s'interposa entre son ami et protecteur, et le jeune soldat qui avait reculé précipitamment devant une telle fureur. Il lui posa une main sur l'épaule, et l'empêcha physiquement d'aller plus loin, ce qui n'empêchait Aladj de jeter un regard noir à l'objet de sa fureur. Par-dessus le bras tendu du gouverneur, il pointa son doigt vers le visage qu'il ne pouvait atteindre avec ses poings, et gronda :

- Sache que Nârkhâsîs n'a pas de leçons à recevoir de toi, gamin ! Il a marché parmi nous, et a réalisé davantage dans cette campagne que tous les hommes de ton bataillon !

- Ca ira, Aladj…

Ses mots ne rendirent pas la raison au garde, qui continua sur un ton toujours plus agressif et toujours plus élogieux :

- C'est lui-même qui s'est illustré lorsque les cavaliers de Radamanthe ont chargé nos lignes ! C'est lui-même qui a rallié nos hommes, et qui a su leur redonner confiance ! Et quand notre capitaine est mort, percé par une lance, c'est lui-même qui nous a menés à la contre-attaque ! Alors montre un peu de respect, vermine !

Le gouverneur baissa la tête. Il n'aimait guère qu'on rappelât ainsi ce qu'il avait fait à la bataille de Dur'Zork. Aladj y voyait des actes de bravoure incroyables, dignes d'être racontés. Lui-même ne voyait que des actions désespérées qui auraient tout aussi bien pu échouer et les conduire à la mort. Il avait été recruté de force par les pirates alors qu'il se trouvait à Djahar'Mok, et n'avait pas vraiment eu d'autre choix que de rallier l'expédition. Il n'était ni Haradrim, ni particulièrement concerné par leur cause et leur combat, mais c'était précisément cela qui avait attiré l'attention. Lui, un Rhûnadan de naissance, combattait la tyrannie de Radamanthe aux côtés de ses « frères du Sud ». L'histoire n'avait pas tardé à se répandre dans son unité, et on en avait fait un symbole. Il se souvenait que, lors d'une revue de troupes après la bataille, les Seigneurs Pirates – à l'exception notable de Taorin – lui avaient accordés une entrevue.

Ils avaient entendu des rumeurs sur son passé, et avaient été surpris de découvrir que certaines étaient vraies. Maintenant qu'il y repensait, c'était sans doute lors de cette soirée, alors que les cadavres de centaines d'hommes pourrissaient sur le sable, dévorés lentement par des charognards avides de sang, que son destin avait été scellé. Décidément, quelle ironie.

- Aladj, je crois que notre invité a compris ce que vous vouliez lui dire. Calmons-nous, il n'est pas de raison de s'énerver.

Nârkhâsîs – comme on l'appelait ici car son véritable nom sonnait trop durement aux oreilles locales – était d'une nature calme et tempérée. Avant d'être un guerrier héroïque comme on s'évertuait à le décrire, très injustement à son avis, il était un homme éduqué et raffiné, un administrateur de grand talent. Il n'aimait pas perdre de l'énergie inutilement, et il préférait de loin régler les soucis par le dialogue et la coopération, qui amenaient régulièrement à de meilleurs résultats. Les hommes qu'il commandait désormais appréciaient qu'il se montrât raisonnable, et qu'il considérât leur vie comme valant la peine d'être sauvegardée.

Alors que le calme revenait peu à peu, et que Aladj acceptait de tempérer ses ardeurs et son zèle, un page entra dans la pièce en annonçant l'arrivée d'un visiteur que le gouverneur attendait. Tant mieux, cela lui fournirait une excellente excuse pour mettre fin à cette conversation enflammée :

- Je suis désolé, capitaine, cette entrevue est de la plus haute importance pour la sécurité de Dur'Zork. Je vais m'employer à trouver de nouveaux hommes capables de suppléer à vos troupes, mais je crains que nous ne disposions pas des ressources suffisantes ici-même. J'adresserai dès ce soir un courrier au Conseil des Neufs, afin de voir s'ils peuvent nous aider.

- Bien gouverneur, je vous prie de m'excuser, je ne savais pas que…

L'intéressé se retint de lever les yeux au ciel. Aladj avait encore rempli son rôle, et il avait convaincu ce jeune mercenaire que son chef du moment était un héros de guerre qu'il fallait respecter, pour ne pas dire aduler. Tout ce qu'il ne fallait pas. Nârkhâsîs savait pertinemment que plus il serait apprécié par la population de Dur'Zork, plus les pirates avaient de chances de le considérer comme une menace. Il devait maintenir une certaine distance, mais il ne pouvait pas expliquer cela à son ami au sang chaud, qui n'avait aucune notion de politique, et qui n'aurait pas compris toutes ces subtilités. Pour lui, le Rhûnadan avait été nommé gouverneur car il était le plus compétent et le plus doué, point final. Si seulement.

L'entrevue s'acheva ainsi, non sans que le gouverneur encourageât une dernière fois le Capitaine à maintenir le moral de ses troupes, et à les inciter à fournir les efforts nécessaires. Il espérait le courroucer un peu, mais le soldat parut prendre cela comme une requête personnelle, et une lueur de fierté brilla dans son regard. Raté.

Puis ce fut le tour de Kulak.

Nârkâsîs avait fait appel à lui spécifiquement pour plusieurs raisons, et il était content de voir que l'homme avait accepté son invitation. Certes, il n'était pas particulièrement en position de refuser ce qui ressemblait à une convocation, mais tout de même. Il était là de son plein gré, libre de partir s'il l'entendait. Les rumeurs parlaient de lui en bien, et le décrivaient comme l'homme qui connaissait la cité mieux que sa poche. Un atout de poids dans le travail qu'il avait à lui confier, assurément. En outre, et ce n'était pas anodin, Kulak était un des derniers Occidentaux à travailler pour le gouvernement de Dur'Zork. Plus exactement, c'était le dernier roturier originaire du Nord. De vifs débats avaient eu lieu quant à la place de la noblesse de Dur'Zork, mais Taorin avait jugé bon de la maintenir en place pour qu'elle exerçât son rôle de contrôle social – tout en veillant soigneusement à ce qu'elle n'entretînt pas la flamme de la rébellion. Nârkhâsîs avait trouvé cette décision efficace, et il avait poursuivi dans le même sens, tendant la main à ces nobles dont il espérait se faire des alliés sûrs. Le concept en lui-même était vide de sens, au Harad. Rien n'était sûr, et les alliés ne l'étaient que jusqu'à ce que les circonstances changeassent. Quoi qu'il en fût, Kulak et lui-même partageaient leur appartenance à des terres bien éloignées, et il était certain que cela lui serait bien utile dans la mission qu'il aurait à mener.

- Maître Kulak, laissez-moi vous souhaiter la bienvenue au Palais. Comme vous pouvez le voir, nous ne sommes pas encore bien installés, mais nous travaillons à améliorer la situation.

Cette phrase censée briser la glace avait été prononcée sur un ton léger. Le gouverneur faisait de toute évidence référence à la table grossière et au siège qu'il occupait, dans un bureau bien plus étroit que ce que l'on aurait pu attendre de la part du dirigeant de cette cité. Des documents soigneusement classés montraient la minutie de ce dernier, mais la pile de ceux qu'il avait à traiter était encore bien haute. Tout était à faire, et tout était urgent. Avec une familiarité certaine, Nârkhâsîs invita son hôte à s'asseoir sur le seul autre siège de la pièce, et il lui servit de lui-même un peu de thé.

- Je suppose que vous connaissez mon nom, mais laissez-moi me présenter. Je suis le gouverneur Nârkhâsîs. Du moins c'est ainsi qu'on me nomme. Attention il est bouillant.

Il fit glisser doucement un petit verre qui dégageait un parfum agréable vers son interlocuteur, et se servit lui-même avant de se caler dans son siège.

- Vous devez avoir des choses à faire, Maître Kulak, aussi ne vais-je pas abuser de votre temps. Nous avons… ah, voilà…

Il sortit d'un tiroir une série de documents qu'il déplia et lut :

- Nous avons depuis récemment une série de crimes horribles qui agitent la cité. « Corps à moitié dévoré », « Griffures et morsures visibles », « Du sang noir retrouvé près du cadavre ». Vous ne devez pas ignorer cela. Nous supposons qu'il s'agit d'un Orc qui se serait échappé d'une de ses cages, bien que tous les gens que nous ayons interrogés jurent qu'aucun ne manque à l'appel. Nous épluchons en ce moment-même leurs registres, et pour l'instant nous n'avons rien découvert.

Le gouverneur fit glisser les documents jusqu'à Kulak, afin qu'il pût en prendre connaissance de lui-même. Ce n'étaient que des rapports peu intéressants, qui détaillaient seulement la scène des meurtres, et qui compilait quelques témoignages. Certains étaient contradictoires, d'autres clairement inventés, mais quelques uns étaient peut-être dignes d'intérêt. Mieux, les témoins étaient nommés, et il serait facile de les retrouver pour quiconque avait quelques connaissances en ville.

- D'ici à ce que nous trouvions le responsable de tout cela, nous ne pouvons pas laisser courir un Orc en liberté dans la cité. Surtout qu'il semble tuer de manière plus efficace : il s'est attaqué à un de nos miliciens, et il ne se contente plus de victimes sans défense. Je voudrais employer vos services pour résoudre cette affaire : nous n'avons pas encore trouvé où se terre la créature lorsque le jour se lève, mais nous espérons que vous y parviendrez. Sitôt que vous aurez localisé son repaire, nous armerons un bataillon et nous irons mettre à mort le monstre. Bien entendu, vous serez payé équitablement pour cette mission. Si cela vous agrée, je vous ai rédigé un document en bonne et due forme.

Nârkhâsîs ouvrit un autre tiroir, et tira le premier document de la pile. Il reprenait les éléments essentiels, et spécifiait quelles étaient les modalités de résolution du contrat. Si Kulak tuait la créature lui-même, il se verrait verser un bonus de 20 %. Mais le montant qu'il gagnerait s'il débusquait la tanière de l'Orc était déjà très honnête, et cinq mille pièces d'or lui permettraient de voir venir. S'il était blessé en accomplissant sa mission, il gagnerait entre 5 et 10 % de plus, selon la gravité. D'autres dispositions précisaient ce qu'il adviendrait s'il mourait, et il lui était demandé de noter le nom d'un bénéficiaire qui hériterait d'une légère compensation. Assurément, le contrat était honnête, et le gouverneur avait fait en sorte que Kulak ne pût que l'accepter en l'état.

Ce qu'il ne souhaitait pas lui révéler, même si son interlocuteur le devinait peut-être déjà, c'était que toute cette histoire risquait de prendre des proportions terribles. Si les Orcs devenaient incontrôlables, alors Dur'Zork se retrouverait privée d'une grande partie de ses forces. Ces créatures avaient joué leur rôle dans la campagne, autant par la terreur qu'elles inspiraient que par leur sauvagerie au combat. Sans ces bataillons d'Orcs prêts à être lâchés sur les Khandéens ou sur les Harondorim, la cité se retrouverait vulnérable, à la merci d'une reconquête par Radamanthe. La mission de Kulak, à n'en pas douter, était de la plus haute importance.

#Kulak #Nârkhâsis


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Voir l'avenir sous un nouveau jour EmptyDim 28 Fév 2016 - 14:54
Kulak avait ôté son turban noir et l'avait laissé pendre sur le dossier du siège. Les vieilles habitudes occidentales, comme celle de se découvrir du chef en entrant à l'intérieur – et à plus forte raison pour une entrevue privée avec un personnage de haut rang – ne l'avaient pas complétement quitté. Il avait acheté ce turban à un marchand d'étoffes suderon qui était venu tenter sa chance dans la ville nouvellement conquise malgré le désordre incommensurable qui y régnait. Pourquoi avait-il fait cela ? Il espérait qu'en embrassant les traditions vestimentaires des conquérants, il s'attirerait leurs faveurs, ou tout du moins s'éviterait leurs foudres. Il avait même donné une connotation plus exotique à son prénom pour favoriser encore son intégration. Son nom de famille, Kara, restait le seul vestige patronymique de son origine, mais par chance il sonnait de façon assez neutre ; pas comme les noms de certains de ses anciens collègues qui, dérivés du sindarin de Gondor, avaient attirés davantage l'attention des connaisseurs.

Mais il semblait que ce Nârkhâsîs fût peu porté sur ces aspects-là et préférât se focaliser sur la réussite de la mission pour laquelle il avait fait venir Kulak. C'est du moins ce qui transparaissait de cet homme qui, en cet instant, ressemblait davantage à un bureaucrate croulant sous la paperasse que le lion guerroyant et le fléau de l'Occident qu'il avait été voilà quelques semaines.

– C'est un honneur pour moi de vous rencontrer, Monsieur le Gouverneur.

Il se sut que dire d'autre dans un premier temps.

D'abord, il savait qu'aborder la question des dégâts qu'avaient subis le palais et la ville en général pendant la prise de pouvoir le mènerait sur des sentiers glissants. Fustiger les dégradations revenait à critiquer l'attitude des hommes qui les avaient commises, des hommes que Nârkhâsîs avait peut-être eu sous sa responsabilité à un moment donné. Au contraire, minimiser l'importance des dégâts aurait fait croire à un manque d'attachement envers cette cité, ce qui était inconcevable pour lui. Au final, il préféra ne pas réagir et laisser le rhûnadan poursuivre sa prise de parole.

Cette entrevue en tête-à-tête avec un personnage ayant une telle position sociale l'intimidait, le mettait presque mal à l'aise. Il était peu habitué à s'entretenir avec les hauts placés... Du temps de Radamanthe, la hiérarchie n'était pas souvent court-circuitée de cette manière, hors mis dans des situations exceptionnelles. Celle-ci devait l'être assurément. Nârkhâsîs alla même jusqu'à lui offrir un verre de thé, dont Kulak but la première gorgée seulement une fois que son hôte eut fait de même. Pas à cause de la température du breuvage, mais bien par égard au respect qu'il devait à cet homme.

Ce dernier, après quelques paroles de circonstance, entra dans le vif du sujet et expliqua pourquoi il l'avait fait venir. C'était à cause des meurtres. Le cœur de Kulak se mit soudain à battre plus fort et plus vite. Il avait eu vent de ces événements, lui qui sillonnait la cité en long, en large et en travers. Il avait vu certains corps à moitié dévorés être emportés par les hommes de main qui avaient eu la malchance de s'en voir attribuer la tâche. Il avait entendu les rumeurs macabres dans la bouche de badauds aussi effrayés par la menace qu'excités par le fait d'avoir quelque chose de palpitant à raconter. Il avait tiré ses propres conclusions, soupçonnant qu'il y avait derrière ses horreurs non pas de banals règlements de comptes, mais bien un meurtrier sauvages et implacable qui se chargerait sans doute de faire subir un sort similaire au pauvre diable qui aurait l'audace de tenter de l'en empêcher.

Il avait prié le dieu auquel il croyait et même ceux auxquels il ne croyait pas pour qu'il ne soit jamais assigné, de près au de loin, à cette mission. Maudits dieux qui ne tenaient jamais compte des prières et se faisaient un malin plaisir de les retourner contre leur auteur !

Kulak avait pourtant tout intérêt à accepter. On pouvait même dire sans exagérer qu'il n'avait pas vraiment d'autre alternative, car derrière le choix que lui laissait en apparence le gouverneur, il se doutait bien qu'un refus de sa part le ferait, au mieux, très mal voir de ses supérieurs et, au pire, lui feraient subir un sort analogue à ses camarades de l'ancien régime. En outre, la quantité d'or qui lui était promise s'il menait cette affaire à bien lui faisait entrevoir un avenir bien meilleur que tout ce qu'il pouvait espérer en s'occupant des tâches de bas étage comme il le faisait actuellement. Ceci dit, même un surplus de vingt pour cent ne l'engageait guère à tenter d’occire cet Orc – puisque ce semblait en être un – de ses propres mains : il ne souhaitait guère devenir le plus riche du cimetière, et encore moins servir de repas à la créature. La solution la plus probable est qu'il ferait appel au bataillon promis par Nârkhâsîs si une telle situation se présentait. Quand la situation se présentera, corrigea-t-il pour lui-même. Mais il aurait bien le temps de réfléchir à tout ça plus tard, pour l'instant il n'était même pas encore sur la piste de la créature.

– J'ai bien conscience de l'importance de cette mission, Monsieur le Gouverneur, et la confiance que vous me portez me remplit de fierté et d'honneur. Elle me fait également un peu peur, mais c'est une bonne chose : la peur est une émotion salutaire, elle exacerbe notre vigilance et nous évite de commettre des actes irréfléchis. Tant qu'on ne la laisse pas nous paralyser, bien sûr. Tant qu'on réussit à garder les idées claires et l'esprit froid et logique. Ce dont je suis tout à fait capable, sans me vanter. Je vais commencer par lire attentivement ces rapports, puis tâcher de discerner le vrai du faux en allant questionner leurs auteurs lorsque un doute est à lever. Ainsi, j'arriverai à comprendre comme ce monstre fonctionne, quelles sont ses habitudes, et définir les lieux où il est probable qu'il tue encore. Et le coincer. Travail d'investigation le jour, travail de localisation la nuit.

Il essayait, par l'exposition de son caractère méthodique, de rassurer le gouverneur quant à son choix de l'avoir engagé lui.

– J'espère seulement... conclut-il avec une voix qui trahissait une soudaine préoccupation... j'espère seulement que les gardiens des cages ne savent pas compter.


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