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 Poivrons Laids

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
Ryad Assad

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Poivrons Laids Empty
Poivrons Laids EmptyLun 1 Avr 2024 - 22:09
- Je pense que vous devriez parler.

Il garda le silence.

Elle le tua.

D’un seul geste.

Elle n’aimait pas être prise pour une idiote. Le sang se mit à couler doucement le long de cette gorge ouverte, alors que le dernier souffle du malheureux se transformait en un râle rauque et sinistre. Du bout du doigt, elle vint cueillir une goutte poisseuse et la porta à ses lèvres pour s’en délecter. Ce n’était pas un goût que l’on oubliait aisément. Le sang avait une saveur métallique si particulière, si unique, si… addictive.

Les deux autres prisonniers se regardèrent, hébétés, conscients que l’un d’entre eux ne survivrait pas à cette journée.

- Je n’aime pas me répéter, mais soit… Poivrons laids ? Que veut dire cette phrase ?

Le premier balbutia :

- Je… Je crois que c’est un code… qui peut mener à… à un trésor…

- C’est ce qu’on m’a dit, oui.

Elle se pencha vers le macchabée, et l’examina soigneusement cependant qu’elle conversait avec ses deux prisonniers. Elle l’observait avec un œil malsain, toute entière absorbée par ce corps inerte, qui se figeait progressivement.

- Mais quel est ce code ? Ouvre-t-il ce cryptex ?

Un objet élégant apparut dans sa main gauche, ressemblant vaguement à un coffret aux pièces mobiles qui s’agençaient pour former deux mots. Un code nécessaire pour accéder au précieux contenu, dont la nature demeurait en l’état bien mystérieuse. La curiosité des deux hommes surpassa temporairement leur peur, et ils se penchèrent en avant pour voir l’objet qu’elle leur présentait.

- On m’a raconté, fit-elle, que cet objet renfermait un secret de la plus haute importance… Un nom… L’identité d’une personne importante appelée à rejoindre ses ancêtres très bientôt… Une prédiction, réalisée par une terrible sorcière… ou un prophète, ou que sais-je… ? Ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est que je meurs d’envie de savoir ce qui se trouve à l’intérieur : vous comprenez ? Vous comprenez à quel point il serait utile de connaître le nom d’une personne qui va bientôt mourir ? Imaginez-vous, s’il s’agissait d’un jeune et ambitieux trésorier du royaume du Gondor… Imaginez quelles pressions nous pourrions faire peser sur ses épaules, et quelles informations nous pourrions lui extorquer… Imaginez…

Elle leva l’objet vers le ciel, l’observant à la lueur des rayons déclinant du soleil :

- Imaginez s’il s’agissait du nom d’une femme de pouvoir, d’une cheffe guerrière ou d’une reine guérisseuse… Imaginez s’il s’agissait d’un noble bretteur, vétéran de trop nombreuses guerres, ou même d’un roi… Imaginez… s’il s’agissait du Haut Roy Mephisto en personne. Savez-vous ce que je ferais si j’apprenais une telle nouvelle ? Imaginez, allez, imaginez…

- Vous… iriez le lui dire ?

Un rire sec et bref répondit à cette intervention ridicule. La femme ramena une mèche de cheveux blonds derrière son oreille, et répondit :

- Non, idiot… Bien sûr que non… J’irais moi-même empoisonner le breuvage de Tar-Aldarion… Voilà ce que je ferais… Et ensuite…

Elle inspira profondément, en regardant l’horizon. Son regard enflammé se fit soudainement triste. Qu’y avait-il, ensuite ?

- Ensuite… aurais-je encore soif d’aventure et faim de mystères ?

Faim.

Le mot résonna en elle, alors qu’elle fermait les yeux, fronçant les sourcils, essayant de ne pas perdre totalement le fil.

Faim… Faim… Faim…

Un hurlement déchira le silence, affolant quelques corbeaux posés non loin, qui s’enfuirent à tire d’aile. Elle posa un regard interloqué vers les deux hommes, qui semblaient terrifiés. Son couteau maculé de sang tremblait encore dans sa main gracile. La chair crue crissait entre ses dents, tandis qu’elle achevait de mastiquer son infortunée victime. Les prisonniers, horrifiés, confessèrent alors tout ce qu’ils savaient.

Tout.

Le code, l’agencement si particulier des lettres, et même l’endroit où ils avaient caché tous leurs trésors, accumulés durant des années de rapines et de larcins. Tout pour être celui des deux qui survivrait, et ne pas subir le sort horrible promis au condamné. Ils se lançaient d’étranges insultes, dans un dialecte qui n’avait de sens que pour eux. La terreur les rendait fous. Comme souvent.

- L’un de vous vivra, si je suis satisfaite…

Elle fit tourner les rouages du cryptex avec délectation.

Les mots se formèrent devant ses yeux, sans qu’elle les lût véritablement, toute absorbée qu’elle était par le régal de cette délicieuse découverte. Elle salivait d’avance, de manière incontrôlable, et un grondement rauque montait de sa poitrine, à la manière de ces bêtes sauvages qui frémissaient d’impatience. Le dernier déclic résonna bientôt.

Elle ouvrit la boîte.

A l’intérieur, un parchemin soigneusement plié.

Elle le déplia fébrilement.

Le nom, elle y touchait enfin…

Spoiler:

Son regard bascula vers les prisonniers.

Elle n’était pas satisfaite.


▼▼▼▼▼
▲▲▲▲


En arrivant au sommet de l’esplanade rocheuse, il ne put se retenir de plisser le nez. Les mouches avaient déjà commencé à faire leur sinistre travail, et le carnage était total.

- Mo’, il faut vraiment qu’on parle de tout ça…

- Laisse-moi ! Grogna-t-elle sauvagement, les yeux fous. Laisse-moi ou je te fais disparaître, toi aussi !

Il ne s’offusqua pas outre mesure. Il savait qu’elle avait besoin de temps pour retrouver ses esprits, pour redevenir elle-même. Bientôt, elle viendrait lui demander pardon de lui avoir si mal parlé, et de s’être emportée. Il la connaissait suffisamment bien pour savoir qu’il ne fallait pas réagir à chaud… au risque de se brûler violemment. Les furies de la jeune femme étaient dévastatrices, et il préférait ne pas se mettre en travers de son chemin. Revenant à des considérations plus urgentes, il lui demanda :

- Alors, Poivrons Laids, ça a donné quoi ?

- Rien, grommela-t-elle.

Il haussa les épaules, en prenant soin de ne pas marcher sur un membre mutilé, alors qu’il s’approchait d’elle.

- Rien du tout ? Pas même un indice ?

- Si… Juste un crétin qui s’est amusé à piéger un cryptex pour nous faire perdre du temps. Un certain H. Lavisé. Si je le trouve…

- Tout doux, ma jolie, tout doux. Une chose à la fois. Et si on commençait par te décrasser un peu, hein ? Ensuite, on verra si on va rendre visite à monsieur Lavisé pour en savoir plus, ou si on repart vers le Rohan… Il paraît que ça s’anime par là-bas… une belle occasion de faire un nouveau casse, non ?

Elle hocha la tête. La fatigue commençait à la gagner. Il lui passa une main chaleureuse sur l’épaule, sans retirer ses gants carmins, tout en essayant de la réconforter. Dans ces circonstances, elle redevait un peu comme une enfant qui avait besoin de réconfort et lui-même, malgré tous ses défauts, se trouvait être une des rares personnes dans toute la Terre du Milieu en laquelle elle avait suffisamment confiance pour l’apaiser…

- Allez… Hop, on se motive. Toilette, lessive, et au lit. La journée a été longue.

Elle hocha la tête :

- Merci Iggy…

Il fit la moue :

- Je déteste que tu m’appelles comme ça.

- Je sais.

Ils sourirent tous les deux, en regardant le soleil se coucher, les ombres et les insectes avalant progressivement les restes d’un sinistre festin.


Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop

"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
Poivrons Laids Signry10
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