Menace

Une brise iodée poussait la nef sur les flots. Silencieuse, l'embarcation fendait les vagues sans presque ciller, élégamment penchée par bâbord. Sa grande voile, d'un blanc immaculée, s'élevait dignement vers les cieux, imitée à l'avant par le foc. La coque, dessinée pour que l'onde y glisse naturellement, était d'un bois clair. Elle s'enfonçait presque imperceptiblement dans l'océan avant de s'élever, puis recommençait son interminable balai.

Perfection.

Trois marins à bord. L'un à la barre, les yeux rivés vers l'horizon, l'autre parcourant inlassablement le pont, de la grand voile au foc, du foc à la grand voile, le dernier perché en haut du mât, examinant sans relâche les alentours, de la côte qui se profilait à leur droite, à l'immensité bleu qui les entourait. Trois elfes, simplement vêtus, la peau hâlée et travaillée par le sel, l'océan et le soleil. Trois des garants de la sécurité des mers, parfaitement insrtiuts de leur mission.

Le guetteur plisse les yeux. Son compagnon barreur le remarque et l'interpelle du regard. Le troisième se tient prêt à intervenir. Un hochement de tête, et le safran tourne. La voilure suit le mouvement, et voilà le vaisseau poussé par un vent d'arrière qui se rapproche des côtes à bonne allure. Les elfes sont aux aguets, l’embarcation avance vite. Ils sont encore à plusieurs milles des côtes rocheuses, mais ne vont pas plus loin. Leur regard perçant ont vu ce que rares auraient pu voir à telle distance. Un nouvelle fois, la nef vire de bord. Elle repart vers le Nord.


Oui, nous sommes sûrs de ce que nous avons rapporté. Ce que nous avons vu ne laissait pas de place au doute.

Viowyn soupira. Evidemment il ne doutait pas de ses éclaireurs. Il avait parfaitement conscience qu’il ne se seraient jamais aventuré à lui rapporter des faits sans en avoir la certitude. Ou alors ils lui auraient fait part de leurs doutes. Non, s’ils étaient sûrs de ce qu’ils avançaient, ils avaient raison. Mais la nouvelle était trop préoccupante, et le régent des Havres avait voulu se laisser le bénéfice du doute. A tort, il le savait. Voronwë n’aurait pas agi de la sorte, il en était également conscient. Il aurait pris l’information avec calme, sans essayer d’y chercher un échappatoire.

Mais le maître des clefs n’était pas là. Il était loin, dans le Nord. Avec d’autres soucis pour l’instant. Aucun message n’était arrivé aux Havres depuis le départ des elfes de la Mer d’Imladris. Mauvais présage ? Tout le laissait à penser. Et si le successeur de Cirdan ne revenait pas, ce serait à Viowyn de prendre le relais. Cette éventualité n’avait été qu’une mauvaise pensée jusque là, mais maintenant… elle devenait dangereusement concrète et effrayante. Devenir le guide des elfes de la mer. En était-il capable ? D’autant plus que si l’expédition dans le Nord avait échoué, sa tâche frôlerait l’impossible. Ou le serait.

Un sentiment qu’il n’avait que rarement connu s’insinuait en lui. En plus de la menace ennemie d’Angmar s’ajoutait ce nouveau danger que la plupart pensaient avoir écarté pour plus longtemps. Le régent sentait les prémisses de la peur l’envahir. Il soupira pour se donner une contenance.

Bien. Alors préparons-nous. Les autres pourront aussi nous aider, les réparations qu’ils avaient à faire s’achèvent à peine. Informez les. Et prévenez notre plus rapide coursier, qu’il se prépare à partir sur les traces du seigneur Voronwë. Pas de lettre, il parlera. Hâtons-nous.

Les trois marins s’inclinèrent et sortirent.

Viowyn resta immobile plusieurs secondes. Auraient-ils assez de temps ?


Moins d’un heure plus tard, un étalon franchissait à brides abattues les portes de Mithlond. Direction le Nord.

Le port de Mithlond s'agitait. C'était devenu inhabituellement habituel ces derniers temps. Tout avait commencé lorsque la flotte de ce seigneur du Sud, Eaque, avait accosté. Depuis, les elfes de la mer avaient du se faire au va et vient continuel des marins humains. Ils avaient du consentir à partager leurs bien avec eux, à les voir arpenter des sentiers que longtemps ils avaient été les seuls à emprunter, à occuper les mêmes plages de sable durant ces heures où, solitaires ou en groupe, ils écoutaient religieusement le champ de la mer.

C'était avant. Il y avait eu la guerre, les blessés, les morts, et il s'était trouvé que l'embouchure du fleuve Lhûn était un excellent point stratégique de ralliement, aisé à défendre. Le besoin avait ainsi pris le dessus sur les préférences personnelles, et le calme de la vie des elfes de la mer avait été bouleversé. Rares étaient les elfes assez égoïstes pour protester, mais tous partageaient néanmoins le même désir : retrouver la vie d'avant. Le messager de Voronwë était revenu, la guerre dans le Nord était fini. Et si l'a flotte ennemie était chassée... Peut-être la sérénité s'installerait-elle à nouveau dans les enclaves elfiques.

Cela serait pour plus tard. Le temps du sang n'était pas fini. Les navires humains, qui tanguaient innocemment d'avant en arrière à quai, étaient prêts à partir affronter l'océan et ses dangers. Les voiles avaient été entièrement changées, faite du même tissu que celui utilisé par les elfes. Les catapultes fonctionnaient, les coqs renforcées et nettoyées. Tout était prêt pour le départ.

Viowyn, intendant de Mithlond désespérait. Ses frères allaient partir, menés par lui-même et un marin hors paire, Garandil, qui avait déjà combattu les pirates de Corwen. Ils allaient partir, et Voronwë n'était toujours pas là, mais on ne pouvait davantage s'attarder. Par manque d'elfe, certains bateaux resteraient à quai. Restait à espérer qu'il pourraient prendre le large à temps pour rejoindre les autres bâtiments... Plus le temps d'espérer. Il fallait partir.

//Tous les participants de la bataille navale peuvent poster ici pour représenter à nouveau leur personnage et décrire le départ de leur vaisseau. Les affrontements auront lieu dans un autre sujet, créé tantôt, également aux Havres//

Riggs était de mauvaise humeur et c'était le moins que l'on puisse dire, il avait déjà enguirlandé deux marins depuis ce matin.

Et là il venait de balancer un seau d'eau qui trainait sur le pont du bateau amiral et vocérait

"C'est quoi cette porcherie!! Le pont cela se lave à grande eau pas avec des gobelets !!"

un marin eut l'impudence de relever la mauvaise foie du caporal de la première formation des troupes marine du Simol.

"t'as qu'à le faire toi même, le borgne"

Un silence tomba sur le pont, les marins arr^tèrent tous leurs travaux, les troupes se tournèrent vers l'esclandre qui allait à coup sur se déclencher;

Riggs regarda de son oeil vert émeraude l'impudent, puis s'avança sur le robuste marin, qui le toisait de vingt bons centimètre.

nullement , impressionné Riggs se figea vers lui

"Dis donc le marin d'eau douce, il a la langue bien pendue, mef le mousaillon, tout à l'heure au combat je pourrais oublier de te sauver les miches"

Le marin, on ne lui faisait pas, il avait déjà eu son compte de bagarre dans les tavernes , cet avorton .

Il s'apprêtait à une remarque cinglante, lorsqu'il vit un éclair dans la main gauche de Riggs, une dague lui chatouillait le menton

"Alors l'animal, on se rebiffe , tu veux te battre, montre moi qui tu es !!et si je t'arrachais ton oeil et le balançait à la poicaille!!"

Le marin ne bronchait pas mais une abondante sueur coulait sur son visage.

Riggs rapprocha son visage de celui-ci puis postillonna

"Alors je te crève comme une baudruche? tu sais moi je m'en fous, on m'a saqué des quizaines de fois!! alors!! Alors !! "

Stop Riggs, l'ordre claqua tel un fouet, Riggs leva son oeil

Le capitaine Carlito le tançait

"j'ai dit cela suffit Caporal"

Riggs lacha le col du marin et lui fit un bisou sur la joue gauche. Le marin tremblait , et s'était fait dessus.

Riggs souriait , montrant ses dents blanches tel un loup, il essuya sa dague sur la chemise de sa victime .

puis il repartit vers la proue

Riggs entendit un rire étouffé, un soldat de sa section;

Riggs alla vers ses hommes et hurla

"La bleuaille, revue de paquetage, si une épée est mal aiguisée, ou une arbalète mal réglée, je vous arrache l'oeil gauche avec une cuillère rouillée et le mange aurepas de ce soir!! MAINTENANT !! REVUE"

Les Hommes ne cherchèrent pas à comprendre et étalèrent leurs armes sans broncher.

riggs fit le tour méticuleusement de tout, engueulant chaque soldat.

Le capitaine Carlito regardaitr silencieusment le cporal

"Quel fou !! Quel caractère de cochon!! mais je suis heureux d'aller au combat avec lui"

Bannières dansant religieusement dans le vent. Armures renvoyant les larmes d'un soleil couchant. Effluves de sel, effluves de mort. Voiles gonflées, mâts dodelinant, coques silencieuses. Effluves de cendres, effluves de peur. Bottes claquant sur le pavé rongé par les millénaires. Effluves enivrantes, effluves affolantes. Chants et ordres, cris et murmures.

Mithlond avait retrouvé son gardien. L'avenir avait retrouvé un gout moins âpre.

Les retrouvailles n'avaient pas durées longtemps. A peine plus de quelques mots rapidement expirés en courant, puis un rapide récit des évènements. Le messager était bien revenu, mais les pirates avaient lancé l'assaut trop rapidement pour qu'on puisse attendre plus longtemps le retour des elfes partis dans le Nord. Les nefs s'étaient amèrement écartées des quais, tandis que les derniers regards tristes se décrochaient des portes des Havres Gris.

Le combat avait maintenant commencé depuis plusieurs heures, et l'issue en restait incertaine.

Dix navires elfiques encore à quais étaient poussés par une brise mystérieuse vers le large, les cordes les retenant étaient tendues à l'extrême. Les embarcations dérivaient d'un côté, puis de l'autre, espérant peut-être échapper à ses liens pour rejoindre la bataille. Jusqu'à maintenant, le manque d'effectifs l'avait empêché. Il en était désormais autrement. Vingt elfes montèrent dans chacune d'entre elles, les nœuds furent défaits, et les bateaux partirent.

A bord, seuls quelques mots étaient échangés, rapidement emportés par le souffle froid qui descendait du Nord. Aucun elfe ne se réjouissait de devoir faire couler le sang aujourd'hui. Beaucoup, même si promis à une vie éternels, avaient déjà trop tué dans les plaines d'Arnor pour le restant de leurs jours.

Les elfes descendus du Nord assistaient au ballet des voiles au large… Les bateaux s’entrechoquaient déjà… Des feux prenaient… Des mat tombait… Un bataille… Encore une bataille qui attendait ceux qui avaient vécu l’horreur absolue dans les plaines glacées du nord… Eux qui avaient eu bien plus que leur lot de combats pendant les derniers mois… Ils avaient combattu en forêt noire. Puis, sans perdre leur temps avaient traversé la Morïa a la force des armes au milieu des hordes de gobelins pour rejoindre la dernière maison simple… De là… de là ils avaient marché des jours durant pour atteindre la Capitale de l’Arnor, la dépasser, la protéger… La protéger contres les hordes qui servaient un terrible dragon… Tuer… Tuer… Encore tuer… Voir ses amis tomber… Tous étaient exténués… Et ils n’avaient pas pris le temps de complètement se remettre… Déjà ils recevaient un message des Havres… Un message leur annonçant que leur port était menacé… Et ils étaient repartit… Infatigables… Leur armée avait avalé les lieues en un temps record… Même les cavaliers solitaires ne les avaient que peu précédés… A présent ils touchaient au but… Ils marchaient enfin en vue de la mer… Enfin ils allaient rejoindre les leurs… Mais ils devraient aussitôt prendre les armes…

Nidnama entrait a présent dans le port aux côtés de ceux qu’il considérait désormais comme les siens… Ses compagnons d’infortune… Ses compagnons d’armes… Ses amis… Il devait la vie a certain d’entre eux… D’autres n’étaient en vie que grâce a ses soins… A présent qu’ils étaient arrivés… Ils pouvaient prendre la mer… Nidnama monta sur l’un des Navires… Le sang allait a nouveau couler… Pourquoi cela ne cessait-il jamais ?

Les trois nefs venaient d'être libérées de leurs amarres et filaient comme des étoiles filantes sur les flots bleu ardoise. Leurs voiles, gonflées par les forts vents alizés, arboraient une tour blanche, chacune barrée d'une clef de couleurs differentes: Une de mithril, une d'or et une d'argent, symbole d'Elostirion.
Elles avaient quittées le port de Harlond, une heure plus tôt, pour rejoindre à la hâte, le reste de la flotte elfique, qui elle, s'élançait de l'autre rive du golfe de Lhûn.
L'embarcation de la clef de Mithril venait d'effectuer la jonction avec les navires de Voronwë, maitre des Havres Gris. A l'intérieur, Laurelin scrutait le large, sans dire mot, le regard fermé.
La douleur pour ses frères tombés et dont les dépouilles gisaient pour l'éternité sous les neiges éternelles du Forodwaith était encore vive, il se demandait combien d'entre eux finiraient leur existence aujourd'hui, avalés par les eaux de l'océan.

Pas de répit pour les elfes ! A peine la menace du grand nord écartée, il fallait à nouveau se battre pour la sauvegarde de l'enclave elfique du Mithlond.

Déjà, le sinistre fracas de la bataille engagée entre les navires barbares et ceux des peuples libres se rapprochait. Il se faisait plus distinct alors que la flotte des elfes arrivait sur zone ...