De vieilles connaissances...

Suite de >ça<

Ce qui devait être fait l’avais été. Elaïne avait déboursé une petite somme pour disposer d’un équidé supplémentaire sur lequel jucher le petit récalcitrant a l’équitation. Pour le moment elle le laissait marcher. Mais de toute manière comme il était absolument hors de question de l’attendre… Il finirais bien vite par rêver de monter sur la bête. En attendant la petite compagnie allait au petit trot. Une rythme rapide… Mais suffisamment calme pour que les chevaux n’en soufrent pas trop. Régulièrement ils ralentissaient pour un simple pas. Le vent avait tourné. Il venait du sud a présent ce qui plaisait beaucoup a la mage qui en profitait pour deviner ce qui les attendais…

Ils allaient vite. Ils revenaient sur le chemin qu’Elaïne avais pris quelques jours auparavant… Le zénith n’était pas arrivé qu’ils atteignaient cette butte ou elle avait renvoyé Styx a Amy… Et que quelque chose venait déranger son air.

* C’est pas vrais… D’un certain côté il fallait s’y attendre… Je sait bien qu’on ne s’est pas chargé de tous… Et si ils me reconnaissent a l’odeur… Ils vont tous nous tomber dessus… Ils doivent m’en vouloir. Un brin.

Devait-elle parler de cela aux autres ? Non… Pas tout de suite… Elle n’était sure de rien… Et ne souhaitait pas trop montrer ses pouvoirs. C’était peut-être le plus sage. Ne pas les utiliser pour ne blesser personne… Pour n’effrayer personne…

Pourtant arriva un moment ou elle ne put continuer ainsi. Elle murmura simplement :

- Gobelins. Une trentaine j’ai bien peur… Derrière ces colline. Ils veulent nous encercler.

Il n’y avait pas besoin de dire plus. Les présents étaient habitués au voyage. Ils savaient de quoi il retournait ils savaient que fuir n’était pas
une solution a long terme. Le pays n’était pas assez fréquenté pour que ces monstres laissent passer un repas.

Magyu marche, trotte, marche encore, puis reprend son petit trot. C'est épuisant. Ils avancent à des rythmes différents, et cela ne lui permet pas de trouver une allure de croisière, ce qui lui pose problème. Le paysage est morne. La nature, et de grands espaces vides. Trop vides. Terriblement vides. Rien ne semble bouger, dans cet univers. Le vent souffle mais bizarrement, n'apporte aucune fraicheur sur la route, et malgré tout il fait une chaleur étouffante, surtout pour Magyu qui a l'habitude de vivre dans la forêt : endroit humide et toujours frais.

Il se déporte sur le côté. La monture qu'Elaïne a acheté pour lui vient de ralentir le pas. En théorie, ça aurait été quelque chose que le garçon aurait pris pour une autre facétie de son groupe, qui a semblé depuis le début essayer de le mettre en difficulté, probablement pour lui faire comprendre qu'il doit apprendre à monter.

Mais là...quelque chose change. Elaïne prend la parole, et s'adresse à ses compagnons. Magyu qui a l'oreille fine, parvient à comprendre ce qu'elle leur dit. Elle parle de "gobelin", et signale que ces derniers veulent les encercler. Le garçon s'interroge. Gobelin...Qu'est-ce que c'est que ça ? Il n'en a jamais rencontré. Et s'il en avait déjà croisé, il n'aurait certainement pas connu leur nom. Mais la tension qui s'empare du groupe, et qui continue de grimper, alerte le garçon. Cette sensation que le danger est là, bien présente, et qu'il est préférable de se tenir sur ses gardes.

Inquiet, il glisse sa main dans son sac, et du bout des doigts, frôle une de ses assiettes. Jusqu'alors, ça a suffi à éloigner les prédateurs un peu trop collant. Il faut espérer que ça fonctionne ici aussi...Mais bizarrement, il en doute.

Eleriol ne paniqua pas. Ce n'était pas dans ses habitudes, ni dans celles d'ailleurs de ses compagnons. L'ancien ranger ne voyait aucun gobelin, ne sentait rien, n'entendait rien qui puisse trahir leur présence. Il ne doutait néanmoins pas des affirmations d'Elaïne. Étrange femme. Toujours, les questions, la curiosité, l'incertitude persistaient dans l'esprit d'Eleriol. Il s'accorda un infime instant pour la regarder, penser, se poser, puis se détourna.

Les Gobelins.

Le ranger n'en avait pas vu un seul depuis des mois. Ou plutôt, pas un seul gobelin ne l'avait vu depuis des mois. Ils étaient trente. Eux étaient cinq. six gobelins chacun. Faisable, mais risqué. Et immanquablement, une perte de temps. Même s'ils survivaient, il faudrait penser les blessures, et la fatigue du combat les ralentirait de toute façon. Le pire, à savoir perdre des montures, semblait de plus difficilement évitable. Oui, éviter le combat était la meilleure solution.

Comment? Fuir? Certes, ils avaient des chevaux, les gobelins étaient à pieds, mais ce n'était pas suffisant, les bêtes étaient fatiguées. Ils seraient traqués. Quoi alors? Le temps pressait. Le premier cri, le premier relent typiquement gobelin parvint à Eleriol. Ils avaient une minute, peut-être deux. Le temps pressait. L'elfe répondit :

Ils nous encercleront de toute façon, ils sont trop nombreux. Mieux vaut alors rester grouper. Mais je dis désorganisons les. Ils s'attendent à nous surprendre, surprenons-les. Séparons-nous : Gil-Enhiel et Magyu ensemble vers le sud, Ahlvedhui vers le sud est, Elaïne et moi-même vers le sud-ouest. Nous galopons et nous retrouvons plus loin, à dix lieues au sud il est une petite forêt sans danger. Ils ne sauront pas qui suivre, leur hésitation nous permettra de les perdre. Ils n'oseront pas se séparer. Êtes-vous d'accord?

A vrai dire, proposer une tactique si différente de celle de l'ancien conseiller d'Elrond n'était pas pour plaire à Eleriol. Il détestait les longues discussions qui entrainaient l'immobilité. Mais il n'avait aucune envie de se battre et risquer de compromettre le voyage. Prise d'initiative peut-être surprenante de la part de cet personne si taciturne. Pourtant, les groupes qu'il avait constitué n'étaient pas faits par hasard.

Comment pense un gobelin? L'enfant à l'air bon à manger et est facile à attraper. D'un autre côté, il est avec un elfe qui à l'air de savoir tenir l'épée, c'est peut-être pas la meilleure solution. D'un autre côté, il y a ce cavalier qui part tout seul... Pourquoi pas? Mais ça fait toujours qu'un cadavre au lieu de deux. En plus, il tuera moins de gobelins, donc on devra se partager peu de nourriture à beaucoup, tandis que s'ils sont deux, comme je suis fort et mes acolytes faibles, ils mourront et je survivrai, et j'aurai plus de nourriture. Enfin, il y a cette femme et cet elfe... Lui a un arc, c'est gênant, et il a tout l'air d'un rusé. Le dernier argument, qu'Eleriol ne pouvait deviner, était de se venger d'Elaïne. Cela faisait beaucoup d'opinions et d'arguments possibles, parfois contradictoires. Mais peu importait. Chacun aurait son opinion, et concilier trente gobelins assez vite pour ne pas perdre la trace des proies était un vrai défi. Même un chef aurait du mal à faire respecter sa décision : ils avaient faim, et des soldats mal nourris obéissent moins, d'autant moins qu'ils sont des gobelins.

L'ancien ranger ne voulait pas que le doute s'installe. Voilà déjà trois propositions d'action. Si la réponse ne venait pas vite, alors il se préparerait à combattre.

Le petit elfe était impressionnant d’endurance. Mais Elaïne ne comptait pas le ménager autant tous les jours. Aujourd’hui elle éprouvait sa patience… Elle laissait les chevaux apprendre a se connaître… Après ils iraient plus vite… Si tout ce passait bien. Mais a présent… Rien n’était moins sur… Car les gobelins étaient là… Lorsqu’elle avait senti qu’ils étaient trop proches, elle avait cessé de porter la moindre attention a ses compagnons de route… Elle avait étendu sa "vision" autant qu’il lui était possible… Mais évidemment c’était bien insuffisant. C’est pourquoi elle avait parlé. C’est pourquoi elle avait imposé l’arrêt.

* Concentre toi ma fille… Pas beaucoup de temps… Et mémorise au passage ce qu’ils racontent à côté… ça peut servir… Bon… Voilà… Concentre ta magie… Une sphère… Oui… Non… Attend… Plus fatiguant mais plus rapide… Les plantes…

Elle projeta son esprit dans un brin d’herbe aux pieds d’Edlothiadwenn… Le choc mental fut violent… Mais rapidement elle pu naviguer dans la prairie… Quelques instants lui suffirent pour localiser les gobelins et les compter… Mais quelques instants d’absence déjà bien éprouvants…

A ses côtés les propositions allaient bon train… Le sage d’un côté… Stratège… Mais pas habitué a ces adversaires… Eleriol… Qui lui les connaissait. Elaïne qui, pour sa part, connaissait bien trop leur mode de pensée a son gout (avoir frôlé leurs humeurs l’avait bien amplement informée) savait que ce que proposait le ranger était le plus approprié… A un détail prés…

* Avant toute chose… Je n’ai que deux mots a dire pour éviter les longs discours.

Elle se tourna vers Ahlvedui pour prononcer ce qui, somme toute, était plus de deux mots.

- Ce que vous proposez marcherais contre des bandits. Ce sont des gobelins. C’est nous qu’ils veulent. Pas notre argent…

Puis elle parla a celui qui depuis qu’elle l’avait rencontré la déstabilisait tant…

- L’idée est la bonne… Mais pas les directions. Nous deux devrions échanger notre direction avec Magyu et Gil-Enhiel… Enfin d’après ce que je peux deviner de leurs positions…

Présenter les choses ainsi limiterais les risques de protestation… Pas besoin qu’ils sachent comment elle évaluait la situation… Si elle n’en avait oublié aucun ils étaient non pas trente mais trente trois. Trois éclaireurs, leur coupaient la retraite. Ils ne pourraient participer au combat… Ou arriveraient en retard… du reste… Quinze étaient trois devant, au sud… Dix plutôt a l’est… et Cinq vers l’ouest… Voilà qui résumait la situation. Bien entendu ils étaient plus dispatchés que cela… Mais leur encerclement était loin d’être parfait… Trop irrégulier, il permettait a l’elfe de les diviser ainsi en trois zones… Néanmoins il serait impossible de passer sans combattre… Et mieux valais déstabiliser ces imbéciles…

* Si tout ce passe bien… Et qu’on se laisse un peu déporter sur la droite… Je peux espérer qu’on en aura… les deux tiers pour nous deux…

Le nombre de facteurs qui inciterais les gobelins a attaquer leur groupe était trop élevé… Deux donc plus a manger… Une infirme dans le lot puisqu’elle avait un bras en écharpe… Qui plus est une infirme qui avait tué plusieurs des leurs… Et pour couronner le tout les deux guerriers elfes qui formeraient les deux autres groupes (sans compter le petit morceau de chaire tendre qui accompagnerais le plus terrifiant des deux) avaient plus de prestance que cet archer qui serait avec l’infirme… Les trois de derrière iront au plus proche donc pas pour nous.

Pas besoin de préciser tous ces détails aux autres combattants : l’un d’entre eux serait seul et ne pourrais donc pas se plaindre d’avoir moins d’adversaire a combattre en même temps. L’autre aurais suffisamment a faire avec le petit. Le dernier… Savait de quoi il en retournait.

- Nous nous retrouverons de l’autre côté… Que les étoiles vous protègent…

Ses yeux désincarnés plongèrent dans ceux d’Eleriol… Un vent empli de détermination vint caresser l’esprit de l’ancien ranger.

Gil-Enhiel en avait conscience, il n'avait pas la meilleur place dans l'affaire. D'abord, il devrait s'occuper du petit Magyu et aurait en quelque sorte une responsabilité sur lui: celui-ci était jeune, sans doute débrouillard à sa manière mais fort peu à l'aise sur un cheval, et encore moins en compagnie d'ennemis. Heureusement, la proposition finale d'Elaïne était que le plus vieux et le plus jeune de la compagnie partent vers le Sud-Ouest, direction où ils seraient le moins acculés vers les Monts Brumeux si les choses tournaient mal, et ou d'éventuels renforts gobelins avaient le moins de chances d'apparaître. Ahlvedui avait par contre moins de chance quant à la position géographique qui lui revenait.

C'est sûr, Gil-Enhiel aurait largement préféré faire équipe avec l'ex-ranger, tout mystérieux qu'il était. Leurs qualités personnelles auraient vite fait l'affaire et ils seraient sortis du cercle sans encombre. Mais peut-être était-ce pour cela que les groupes formés étaient si hétéroclites...

"Qu'il en soit ainsi. dit-il enfin, ne souhaitant pas semer le trouble et la désorganisation dans le groupe. Nous leur échapperons mieux ainsi, mais hélas je crains la nuit qui s'annonce, car ils n'abandonneront la poursuite que si nous mettons de nombreux milles entre eux et nous. Mais encore faut-il sortir de leur cercle..."

Le groupe était composé de cinq Elfe, et d'aucun humain. Voilà qui serait bien, car les hommes ont besoin de se coucher pour dormir alors que les Premiers Enfants d'Iluvatar peuvent sommeiller les yeux ouverts, et reposer leur esprit tout en restant conscients. Mais ils n'en étaient pas encore là.

"Magyu, montez sur votre cheval, ce sera la seule chance pour vous d'éviter l'estomac d'une de ces créatures!"

Le vieux Noldo descendit de sa propre monture pour aider le jeune Elfe à monter sur la sienne: c'était un cheval plus petit que la moyenne, son allure en serait réduite, hélas.

"Tâchez de ne pas tomber, sans quoi notre compte serait bon, cramponnez-vous aux rênes, donnez des petits coups de talons sur les flancs pour le faire avancer, tirez à gauche si vous voulez aller à gauche et à droite pour aller à droite! Si vous avez une arme, ne serait-ce qu'un couteau, gardez-la à portée de main! Maintenant allons-y!"

Gil-Enhiel remonta sur son noir destrier, porta machinalement une main à sa ceinture pour s'assurer que sa fine, légère, et courte lame elfique y pendait bien dons son fourreau. Il possédait également un arc qui restait dans son dos, avec quelques flèches qu'il avait emporté pour chasser le gibier plutôt que pour se battre.

Il éperonna sa monture et celle-ci partit d'abord au trot. Il maintint cette allure et regarda vers l'arrière pour voir si le jeune Magyu le suivait bien. Bizarrement, il était partit par inquiétude pour sa petite-fille, et c'était un garçon qu'il devait à présent protéger...

Magyu réfléchit à toute vitesse. Le manque d'habitude lui pose problème. S'il a bien tout saisi, ils sont encerclés par des créatures en grand nombre, et qui semblent poser problème aux stratèges ici présents. Ce n'est pas très rassurant, comme nouvelle. Le garçon ne comprend pas tout. Ils parlent d'aller à l'est, à l'ouest, au nord, au sud, de combattre, de s'enfuir, de franchir un cercle et même de se retrouver dans une forêt.

Ca ne lui parle pas vraiment, mais lorsqu'on lui dit qu'il doit aller avec le vieil elfe, son cerveau primaire comprend le message, et il se place juste derrière son compagnon. Celui-ci lui intime de monter sur un cheval, et en plus de sa stature imposante, de sa voix terrifiante, et de son attitude impressionnante, il a des arguments qui réussissent à convaincre le garçon en moins d'une seconde. Grimper sur un gros herbivore dangereux, ou finir dans le ventre d'un de ces fameux gobelins...le choix est vite fait, même s'il n'est pas très intéressant : entre le danger et le danger...

Le vieil elfe le soulève avec aisance, et le pose sur sa monture. L'assise est plus confortable que à quoi il s'attendait, mais ça n'ôte pas son appréhension. Les consignes brèves qu'on lui donne son claires et efficace, et il ne tombe pas dès la première minute. Il ne se sent pas du tout à l'aise, installé comme ça, mais si ça peut le sauver...C'est déjà ça.

Son compagnon de combat partit en avançant. Le cheval de Magyu avança à son tour, sans que le petit elfe lui ait donné la moindre instruction. Il aurait voulu descendre, partir en courant, mais les paroles qui avaient été prononcées résonnaient dans sa tête.

"ce sera la seule chance pour vous d'éviter l'estomac d'une de ces créatures!"

Dans son esprit, il s'imagine déjà l'aspect de ces monstres : grands, avec de larges épaules, un corps musclé, mal proportionné, avec des bras gigantesques, recouverts d'une peau cuirassée, qui résiste aux coups. De petits yeux de prédateurs, aux reflets sournois, qui peuvent voir dans la nuit, et déceler des proies avec aisance. De grandes griffes desquelles suinte un poison foudroyant, fait pour tuer ses victimes sur le champ. Ils doivent faire trembler la terre de leur pas rythmé, et leur configuration de chasse, perfectionnée par les années d'entraînement, est mise en place, pour que leur futur repas n'ait aucune chance de s'enfuir.

Magyu jette un regard désabusé au petit poignard qu'il vient de dégainer. Le tranchant est usé, la lame est émoussée, la pointe est arrondie. Il aurait déjà eu bien du mal à tuer ne serait ce qu'un petit lapin...
Il sourit. La mort est venue le chercher, enfin. Il ne lui reste plus qu'à faire de son mieux pour éviter des douleurs inutiles. Pour le moment, il s'accroche à son cheval. Il en a peur, mais c'est son seul espoir...Si mince soit-il.

Un simple sourire… Tel fut la seule chose qui traversa le visage de la mage lorsqu’elle vit ses compagnons de voyage prendre le chemin qui serait le leur… Elle ne pouvait que prier pour leur sauvegarde… Dés cet instant elle ne devait plus se concentrer que sur la sienne propre et sur celle d’Eleriol… Celle de ce personnage qui la troublait tant… Ils allaient être confrontés a ces monstres… Ils allaient en combattre bien plus que ce que les autres auraient a rencontrer…

- Prêt ? Je compte sur toi pour les dissuader d’utiliser leurs arcs… Je suis pas sure de pouvoir arrêter toutes les flèches…

Quelles questions viendraient bien a l’esprit de l’autre en entendant ces paroles ? La trouverait-il présomptueuse ? Songer seulement a arrêter des flèches ? Rares étaient ceux qui le pouvaient… De là a s’excuser de ne pas pouvoir le faire avec toutes… Il y avait un monde… Mais Elaïne n’en avait absolument rien a faire… Cet homme… S’il devait l’apprécier… Elle souhaitait que ce soit pour elle, pour ce qu’elle était véritablement et non pour ce qu’elle aurait bien voulu lui montrer… Elle voulait être bien vue… Mais pouvait-elle baser une relation sur le mensonge ? Elle ne lui cacherais rien. Pas plus qu’elle n’aurais caché quelque chose a cette jeune fille rencontrée quelques temps plus tôt sur la route qu’ils empruntaient en ce moment même... Pas plus qu’elle ne se serait permis de mentir a cette petite Amy…

Elle tendit son esprit vers celui de sa compagne quadripode pour communiquer avec elle avant que l’horreur ne débute…

Ϡ Tu les a senti non ? Ϡ

Ϡ Oui… {danger} Ϡ

Ϡ Tu est prête ? Ϡ

Ϡ Non. Mais on fera sans. Ϡ

Ϡ Pas faux… Pas comme si on avait réellement le choix… Ϡ

Ϡ Voilà… Ϡ

Ϡ Lance toi… Coure comme tu n’a jamais couru… galope aussi vite que tu le peux… Ϡ

Sur ces pensées le contact mental se rompit, les muscles puissant d’Edlothiadwenn se mirent en branle… Ses sabots commencèrent a frapper le sol avec violence… Ils devaient donner l’impression de fuir… de fuir jusqu’au moment qu’elle désignerais… Fuir jusqu'à ce qu’ils n’aient plus le choix… Car s’ils voulaient ne pas combattre tous "leurs" gobelins en même temps… ils devaient charger les plus proches…

* A moins que… Oui… Si je fait ça… risqué non ? Mais ça serait parfait… S’ils me voient comme ça… Je doute qu’ils se fatiguent a tirer des flèches… A moins qu’Eleriol ne les intimide trop ? Moui… Laissons… Mon épaule est suffisamment amochée comme ça… On vas s’en passer… très bien…

Une pensée ne lui appartenant pas vint interrompre les réflexions de la mage :

Ϡ {ils} sont là !! Ϡ

Elaïne qui avait restreint sa magie pour ne pas s’épuiser depuis qu’elle avait localisé les gobelins la laissa a nouveau s’étendre et porta sa main valide a sa hanche, cherchant la poignée de son fouet… Aussi naturellement que s’il était s’agit d’une extension de son propre corps la longue bande de tissus finement décorée se déroula, se libéra… Dans quelques instants Elaïne pourrais la diriger avec la même précision que ce qu’elle faisait des vents a l’aide de Hwinialangos… Bien que le maïa ne lui permis pas de ne pas modifier les vents par lui, la sensation en était assez proche… A quelques détails prés… Le vif de son arme était bien plus net, bien plus aisé a modeler… Bien plus contrôlable…

Avec un sourire résigné l’elfe se prépara au combat… Bientôt le premier projectile sifflerais… Fendrais les airs pour venir mordre leur chair… Faire couler leur sang… les vaincre, les offrir aux appétits des monstres a la peau verte qui les lanceraient sur eux… Il faudrait qu’elle la distingue a temps. Il faudrait qu’elle réagisse a temps… Ou alors que le tireur ne sache pas viser… L’un ou l’autre.

***

Plus loin, bien a l’est, deux gobelins observaient un cavalier solitaire. Il avait l’air dangereux… Mais il n’était qu’un. Ils allaient en faire une encas tout a fait intéressant. Puis… De toute manière s’ils essayaient de se venger de la "guerrière aux yeux terrible" ils arriveraient probablement après la bataille lorsque les meilleures parts seraient déjà prises… Et il ne fallait pas songer a ce petit bout d’enfant qui avait l’air terriblement juteux, délicieusement tendre…

C’est a leur grand désarroi qu’ils virent une flèche tomber devant le cheval galopant a travers les collines… Visiblement ils n’étaient pas les seuls a vouloir gouter de ce voyageur… Le cheval se cabra violement, donnant aux gobelins l’opportunité de charger en toute impunité.

De l’autre côté venait un des leurs. Il allait falloir partager. Dommage… Mais s’ils se débrouillaient bien ils se régaleraient bientôt d’un cœur, d’un foie encore fumant.

***

De l’autre côté, loin des monts brumeux c’était l’évolution de deux chevaux que le groupe de gobelin observait avec attention. Il était composé du plus impressionnant le lot… Et du plus appétissant. Dissimulés dans les arbres qu’ils ne manqueraient pas de vouloir traverser, les gobelins attendaient le moment propice. Le moment où lâcher sur leurs victime des bordées de flèches… A eux cinq ils n’auraient aucun mal a abattre les cavaliers et leurs deux montures… Monture qu’il était absolument hors de question de laisser fuir. Après tout c’était là une belle réserve de viande fraiche.

Le moment de lâcher les traits vint lorsque les deux cavaliers attinrent l’orée du bosquet.

Arrêter des flèches ? Voilà qui était bien surprenant… Comment comptait-elle s’y prendre ? En les saisissant au vol ? En les ralentissant par sa simple pensée ? Voilà quelque chose qu’Eleriol était bien curieux de voir, car il ne doutait pas qu’Elaïne en fût capable, elle était si... Il ne savait pas. Etrange ? Non, pas réellement. Peut-être singulière, mais là non plus, l’adjectif ne plaisait pas à l’ancien ranger. Il rabaissait sa compagne de route à un article, un animal intriguant que, curieux, on observe. Certes, il l’observait, mais pas pour ces raisons. Il observait pour comprendre, pour essayer de comprendre. Comprendre quoi ? Pour la comprendre elle, pour comprendre pourquoi il l’observait. Paradoxale ? Certainement. Réflexion tordue ? Aussi. Mais tant qu’il n’aurait pas trouvé ses réponses, il en serait ainsi.

Ce n’était donc pas l’affirmation de l’elfe qui l’avait surpris, mais plutôt la manière dont elle s’était adressée à lui. Elle l’avait tutoyé. Détail mineur ? Pas tellement. Très rares étaient les personnes qui l’avaient tutoyé. Toutes étaient des êtres qui lui étaient très proches, si on omettait les quelques bambins curieux et bandits inconscients. Certes, il n’avait, en dehors de Sombre-chêne, que peu de proches, ce qui était un explication. Mais il lui était arrivé de vivre plusieurs années en étroit rapport avec d’autres humains ou elfes sans pour autant qu’ils lui eussent dit « tu ». De même, depuis plus de quatre cents ans qu’il voyait régulièrement un elfe de la Forêt Noire, ancien frère d’armes, celui-ci l’avait toujours vouvoyé. Ah si, il y avait eu ce ranger, dans les Monts Brumeux, ami de son fils. Cependant, même lui avait attendu plusieurs mois avant d’engager les familiarités.

Et voilà qu’elle lui disait « tu », le lendemain même de leur rencontre, brisant d’un coup toutes les idées reçues qu’il avait de lui même, selon lesquelles les gens préféraient garder ses distances avec lui. Oh, cela ne l’offusquait en rien, mais encore, il ne comprenait pas. Etait-ce lui qui avait été différent avec Elaïne ? Ou Elaïne qui était différente des autres ? Ou les deux ? Dur dilemme…

Une effluve plus forte que les autres portée par une bourrasque. Des plaques d’armures qui grincent. Les gobelins étaient près. Eleriol les repéra sans mal à deux volées de flèches devant eux. Un derrière un buisson. Au moins deux derrière le rocher, là-bas. Un autre à l’affut derrière un talus. Peut-être d’autres derrière la colline. Ils hésitaient. Ils avaient vu que la troupe se séparait. Les plus intelligents comprenait la tactique, mais ne savaient comment la contrecarrer. D’autres essayaient de comprendre cette mystérieuse manœuvre. Le reste était incapable de se décider. Attaquer ? Ne pas attaquer ? C’était l’instant dont il fallait profiter judicieusement. Ne pas trop s’attarder pour éviter d’engager le corps à corps. Ne pas filer à bride abattue pour que les Peaux vertes ne se rabattent pas sur les autres.

Eleriol lança son étalon à un petit galop. Un cri retentit, les gobelins jaillirent, un trait partit et manqua l’ancien ranger d’un bon pieds. Celui-ci répliqua. D’un geste presque machinal, il sortit arc, puis flèche. Il l’encocha, et tout en tirant la corde jusqu’à son visage, visa le gobelin sortit de derrière le talus. Son ennemi bougeait. La pointe de sa flèche tremblait dans la cavalcade. Les plumes frôlèrent sa joue. Il était tant de décocher. Il se tourna brusquement vers la droite et laissa la corde glisser le long de ses doigts. La flèche partit et finit dans la bouche d’un gobelin, alors que celui qui avait crû être sur le point de mourir s’était arrêté dans sa course, ses petits yeux passant de son feu camarade à l’elfe avec un mélange de stupéfaction et de crainte.

Les impressionner, les faire douter davantage. Les adversaires d’Elaïne et Eleriol avaient déjà ralenti en voyant la prouesse de l’ancien ranger, comprenant que cet elfe là pouvait être une menace. La deuxième flèche qui atteint un deuxième de leur compagnon en pleine gorge, sectionnant net la carotide les conforta dans cette certitude. Mais déjà, l’un d’eux reprenait confiance et relevait son arc, vers l’aveugle cette fois. A elle désormais d’achever le travail entrepris par son compagnon. Quoi de mieux d’un trait arrêté net pour rendre fou un gobelin ? Sans doute deux.

Si les choses n'étaient pas simples pour tous les membres du groupe, la tâche se révélait franchement difficile pour Gil-Enhiel: les Gobelins, c'est déjà fâcheux, mais lorsqu'il faut se retourner et veiller continuellement sur un jeune individu qui risque à tout moment d'être désarçonné, cela devient critique. Sans compter que, même en restant sur le dos de son humble monture, Magyu faisait plus d'écarts que les autres cavaliers, ne sachant guère chevaucher ce genre de bêtes. En fait, ne sachant guère chevaucher du tout.

Gil-Enhiel dut réduire son allure et veiller à ne pas se séparer de la personne dont il avait la responsabilité, sans quoi la fin était assurée. Le pilleur de tombes n'avait pas chu. Pas encore. Mais lorsque les flèches des Gobelins siffleraient sur eux, lorsque la panique se ferait sentir, qui sait ce qui pourrait arriver?

Les Gobelins, justement... Pour l'instant, il n'y en avait pas trace, pas de ce côté-là en tout cas. Mais le vieux Noldo se doutait bien que lui et son compagnon devraient, à un moment ou à un autre, passer près d'eux. D'ailleurs, même si les créatures vertes restaient invisibles, Gil-Enhiel se méfiait énormément du petit bosquet devant lequel ils allaient passer par la gauche, à deux furlongs devant eux. Et il avait raison...

Déjà, une flèche venait de se planter dans le sol, juste devant les sabots du grand étalon noir. Pauvres fous... ces êtres maléfiques venaient de révéler leur position: à quoi bon se cacher dans un taillis pour se faire remarquer? L'envie trop grande d'un repas fait parfois commettre des erreurs, surtout pour ces imbéciles. S'ils avaient montré un peu plus de patience, ils se seraient tenus cachés dans la végétation jusqu'au passage du duo de proies - ou plutôt du quatuor - puis auraient fait irruption à l'improviste, fauchant les pattes avant des montures et prévenant toute fuite.

Gil-Enhiel dirigea sa monture vers la droite. Il avait décidé de faire un détour afin de se tenir aussi éloigné que possible du bosquet. Jetant un rapide coup de tête vers l'arrière pour s'assurer de la présence de Magyu, il aperçut les Monts Brumeux derrière lui, et sut qu'ils se dirigeaient vers le plein Ouest. Cela occasionnerait un certain retard, bien sûr, mais mieux valait se tenir hors de portée des traits ennemis.

*Pourtant, les arcs elfiques ont une portée réputée plus longue que tous les autres...* pensa-t-il.

Et de saisir son arc, d'encocher une flèche, et de la décocher en tâchant de viser tant bien que mal le petit bosquet. Et il l'atteint! Un cri glougloutant se fit entendre, puis quelques hurlements de rage. Des flèches volèrent de sous les feuilles, mais Gil-Enhiel et Magyu n'étaient pas à portée des arcs grossiers et courts des Orques.

La situation semblait maîtrisée. Encore fallait-il espérer que d'autres ennemis ne fassent pas irruption de l'Ouest, auquel cas ils seraient pris entre le marteau et l'enclume. Mais la plus grosse crainte du noldo concernait le petit cheval de Magyu: si la bête prenait un coup de sang et partait tout droit vers les tireurs adverses, que pourrait bien faire le pauvre garçon effrayer pour rétablir d'urgence la bonne direction...

Tout va vite. Trop vite. Des bruits, des sons, des couleurs, des sentiments. Il n'arrive pas à faire le tri. Une telle déferlante le submerge totalement. Son cerveau fonctionne en même temps à toute vitesse, et au ralenti. Il a l'impression d'être plus rapide qu'il ne l'a jamais été, il a l'impression que le monde est figé autour de lui, mais en même temps, il n'est pas assez rapide pour éviter les traits qui volent et s'écrasent autour de lui. Pour l'instant, il a de la chance. Ses ennemis le ratent. Il ne les voit même pas. Peut-être que c'est à cause des larmes qui coulent dans ses yeux. Son cheval court tout seul, sans qu'il le guide. Il devrait s'en remettre à lui, mais il n'en fait rien. Il est tout simplement perché dessus, comme une grenouille sur une boîte d'allumettes, prêt à tomber au premier cahot.

Il lève les yeux. Son protecteur, ce vieil elfe si impressionnant, juché sur son cheval, porte la main à son arc. Ses doigts glissent sur le fut en bois, caressent l'empennage, puis lâchent le tout. Un vrombissement se fait entendre. Un vrombissement pareil à un bruit de tonnerre. Le garçon le regarde, suis la trajectoire. La flèche, qui tourne sur elle-même, va se planter dans un petit bosquet. Bizarrement, la flèche ne s'enfonça pas à travers le feuillage. Elle resta plantée dans quelque chose, qui continuait à s'agiter. Magyu ouvrit des yeux ronds, en voyant un corps difforme, effrayant, avec une peau verdâtre, des yeux bouffis, exorbités, tenant des armes barbares, aux formes dénotant un mauvais goût évident, s'effondrer sur le sol. Le garçon lâche un cri d'horreur. Un cri qui effraie probablement le petit cheval, car celui-ci s'ébroue, renâcle, et s'élance au triple galop.

Le garçon s'accroche, sentant qu'il ne va pas tarder à restituer le contenu de son estomac, si cet animal s'arrête pas de bondir dans tous les sens comme un taureau fou furieux. Magyu s'accroche autant qu'il le peut. Son cheval récalcitrant se rapproche du cavalier émérite qu'est Gil-Enhiel. Il ne sait pas quand il va s'arrêter, mais tout ce dont il est certain, c'est qu'il a trois options : mourir d'une flèche, mourir d'une chute, ou mourir de peur. Et entre les trois, à cause de l'étalon, son coeur balance...au sens propre.

Quelle idée avait bien pu la traverser ? Pourquoi être passée au tutoiement ? Cela lui était venu. Tout simplement. Elle se sentait étrangement liée a lui… D’une manière qu’elle ne comprenait pas réellement… Mais le tutoyer était aussi naturel que de respirer… De toute manière… Il n’était pas l’heure de se compliquer la vie en voulant comprendre ceci… Elle aurais tout le temps pour cela s’ils s’en sortaient vivants. A présent… Elle devait faire en sorte qu’ils survivent. Rien d’autre ne devait compter jusqu'à temps qu’ils soient débarrassés de ces gobelins…

Ils étaient là a présent. Nul n’avait encore remarqué la délicate bande de tissu qui entourait la taille de la mage aveugle… Cette ceinture vivement colorée qui se desserrait lentement… Finalement la première flèche siffla. Eleriol venait d’abattre un gobelin. Trop loin pour qu’elle puisse le distinguer mais le bruit que pouvait faire la pointe d’une flèche traversant les chères de sa cible était reconnaissable entre milles…

Quelques secondes plus tard un autre projectile pris son essor. Mais il ne venait pas du même arc ; il n’avait pas la même cible. Et il était absolument hors de question qu’Elaïne laisse la cible être touchée… Dés que la flèche pénétra dons son champs de vision, elle laissa son esprit guider les gestes de son arme… Un simple mouvement de poignet envoya la bande de tissu s’interposer entre Eleriol et la pointe meurtrière.

* Du tissu pour contrer du fer… Je dois…

Elle devais simplement imposer au fouet de résister. Caressant les fibres qui composait la trame de fouet elle les incita a s’enchevêtrer plis solidement… A gonfler, a durcir… De sa gorge sortit une seule note, claire comme le son d’une épée frappant la roche… Un son semblable retentit devant le ranger : la flèche avait heurté le tissus avec autant de résultat que si elle s’était retrouvée confrontée a une pierre levée.

- Il vas falloir que nous nous rapprochions d’eux… Je ne peux pas faire grand chose si je ne les vois pas… A moins que tes flèches ne suffisent si je te couvre… Mais je ne te promet rien…

De toute manière les gobelins étaient visiblement partagés : ils avaient devant eux deux elfes qui pour l’un tirait avec une vitesse… elfique… et pour l’autre arrêtait leurs propres traits… Le duo semblait potentiellement… Dangereux. Et surtout de loin. Le plus sage était donc… Soit de foncer au corps a corps… Soit de s’enfuir en courant en abandonnant la délicate viande… Soit encore de lancer d’autres flèches en espérant que ce n’était qu’un coup de chance qui avait permis a leurs adversaires de réaliser ces exploits.

Evidement, les attaquants, en bons gobelins qui se respectent prirent chacun une décision différente… Même si, voyant que les autres restaient ceux qui auraient opté pour "fuir" préférèrent se cacher le temps que les autres fassent le sal travail avant de venir se servir…

Trois choisirent de charger tandis que cinq autres armaient leurs arcs…

***

Plus loin, bien plus loin, le groupe de gobelins qui avait tendu une embuscade au vieil elfe accompagné du jeunot se retrouva amputé d’un membre par la flèche du Noldo. Mais le bras gauche d’un gobelin visiblement loin d’apprécier le traitement. Il chargeait déjà en hurlant… Pour couronner le tout une volée de flèche venue de devant s’abattit… Il y avait d’autres gobelins pour organiser leur accueil…

Une flèche allait toucher le vénérable noldo et le reste se planterais dans la terre… Mais comment un jeune elfe semblable a Magyu pourrait-il convaincre sa monture paniquée par les cris immondes provenant de derrière elle et les flèches tombant devant ? Tout simplement impossible… Il se cabrerais, ruerais, désarçonnerais le garçon… Avant de fuir…

Quête interrompue suite a la resynchronisation.

Résumé >ici<

Les personnages suivant vont monter une troupe de Saltimbanques pendant les 5ans qui vont suivre :

Elaïne
Magyu
Natsai (pnj)
Miwelleth (pnj)
Eilianwenn (pnj)
(d'autres pnj seront de la partie)

Si l'un des joueurs souhaite se joindre a nous qu'il nous informe May ou moi même dans les plus bref délais.