La Tour de la clef d'Argent

Le soleil s'étalait sur l'horizon, embrasant l'océan jusqu'a petites vagues qui venaient lécher la plage. Petit à petit, il s'enfonçait dans l'eau et l'ardeur de la langue de feu diminuait en même temps. Peu de personnes, sur les Terres du Milieu, pouvaient se vanter d'avoir un jour contempler un tel coucher de soleil. En effet, la plupart étaient partis vers Aman.

La lune, qui avait surgi dans le ciel un peu plus tôt, put enfin révéler son éclat dans le ciel d'encre. Eclat que ne pouvaient reproduire les innombrables étoiles encerclaient l'astre laiteux. Habituellement, à cette heure de la journée entre jour et nuit, aucun bruit ne venait troubler le calme, hormis le doux hululement des chouettes et le bruissement des capes elfes sur le sol, et en été quelques grillons. Mais il semblait que ce jour n'était pas habituel...

En effet, on pouvait entendre le son étouffé d'une conversation animée. Difficile d'en déterminer l'origine, mais il semble peu probable que deux elfes discutent de la sorte. Qui alors? Peut-être par chance pour eux, aucun des habitants ne les a encore remarqué.

L' elfe, membre de la Maison de l' hirondelle, s' amusait à compter les brillantes étoiles qui tapissaient l' immensité de la voute du ciel. Il était arrivé là quelques temps auparavant, après avoir reçut une sale blessure alors qu' il combattait une horde de barbare en forêt noire.
Sa convalescence était à présent terminée et il avait décidé de sortir de la tour pour descendre le grand escalier blanc et profiter au grand air de sa dernière soirée à la clef d' argent, avant de rejoindre la cité cachée de Gar Thulion, son départ étant programmé pour le lendemain.
Adossé contre un rocher, serein, il appréciait la quiétude du lieu, se laissant bercer par le doux son des vagues venant caresser la plage en contre-bas.
Machinalement, il se frottait la cicatrice qui lui barrait tout le côté gauche, heureux de constater que sa blessure qui avait failli lui être fatale n' était plus qu' un mauvais souvenir grâce au talent des guérisseurs de la clef d' argent.
Alors qu' il en était arrivé à une centaines d' étoiles, il se perdit dans ses comptes, dérangé par des voix qui n' avaient rien d' elfique.
Il se redressa soudain et se coucha rapidement sur un gros rocher plat, tout proche, scrutant l' obscurité dans la direction d' où provenaient les chuchotements.
Tapi là, n' osant bouger, tout ses sens en éveils, il attendait que les voix se rapprochent suffisamment de lui pour en apprendre plus sur leurs origines ...

Si les voix ne se rapprochèrent pas, elles se firent plus fortes, ce qui permit à l'archer de l'Hirondelle de prendre la conversation en cour. De toute évidence, il s'agissait d'une dispute, mais les interlocuteurs restaient toujours invisibles aux yeux de l'elfe. La nuit était désormais complètement tombée.

"...pas le temps pour préparer, c'est trop dangeureux!

-Penses-y une minute! Les tours ont été ouvertes, c'est l'occasion rêvée pour y dérober quelque chose. Tu sais bien que Bruzum-ishi est un grand collectioneur, imagine la récompense qui nous attend.

-Pas de plaisanteries sur ce sujet. Si nous faisons une gaffe, tu sais ce qui nous récompensera! Assez trainé ici, allons-y."

Les voix s'éteignirent et on put entendre des bruits de pas feutrés sur le sol. Aucun doute qu'à l'endroit où se tenaient les inconnus quelques secondes plus tôt, il n'y avait plus personne. Les poursuivre serait bien difficile dans le noir, encore fallait-il pour cela qu'ils aient laissé des traces...

Le calme était revenu.

Les deux cavalier venait d' arriver à la tour de la clef d' argent et descendant de son cheval, Namirië se mit à rire en voyant Laurelin se diriger tranquillement vers un petit bateau où quelques elfes semblaient l' attendre. Il le dépassa pour lui dire :

- Je suis fort fatigué par mon voyage certes, mais mon esprit raisonne encore !

Puis s' inclinant très bas il ajouta très serieux cette fois çi :

- ........ Seigneur Laurelin.

- Allons Namirië, point tant de cérémonie. Vous avez fait un fort long voyage, il doit vous tardez de vous reposer. Toutefois, avant que vous ne partiez, j' ai demandé une petite faveur à votre maître guérisseur qui l' a aimablement accepté. Il sagit d' un des ingrédients que vous ramenez de votre périple, j' aimerais en emporter quelques gouttes avec moi.

Laurelin tendit une toute petite fiole à Namirië :

- soit, de quel élément s' agit-il ? Demanda le guérisseur.

- Le venin de cobra de Sauron, indiqua Laurelin en souriant.

Namirië regarda Laurelin puis tournant son regard, il vît son maître guérisseur à quelques pas de là acquiescer de la tête.

- Qu' il en soit ainsi, obtempéra Namirië, quelque peu surprit par la requête.

fouillant dans un des plis de sa cape, il en ressortit la fiole et son précieux contenu puis transvasa quelques gouttes dans la fiole de Laurelin.

- Un grand merci, dit L' elfe en regardant tour à tour le maître guérisseur et Namirië avant de s' adresser à lui :

- Tous ici ne tarissent pas d' éloge à votre endroit, Namirië ! Et lorsque nous avons cherché qui pourrait garder Elostirion en mon absence, Les érudits et les maîtres guérisseur ont sans hésitation proposés votre nom. Il est heureux que vous soyez rentré à point nommé, aujourd' hui même.

Sortant une petite clef, il l' a tendit à l' elfe :

- Sous la bienveillance de ceux qui vous ont désignés, je vous remet la clef de Mithril d' Elostirion.
Je vous confie la tâche d' y veiller jusqu' à mon retour.

Puis s' adressant à tous :

- Réjouissez vous car le Harlindon et nos tours bien aimées seront représentées au grand conseil de Fondcombe ! Il est possible que l' avenir même de notre territoire s' y joue ... Que les valar veillent sur vous.

Sur ce, il embarqua dans le frèle esquif et s' éloigna doucement de la rive.

La femme de l' Anòrien suivait Namirië sans mot dire. Elle se contentait de sourire si l' elfe la regardait. Ils arrivaient aux portes de la tour et Namirië s' inclina lui faisant signe d' entrer :

- Peu d' humains ont franchit ces portes et gravit les marches de la tour de la clef d' argent. Elle sont à présent ouvertes aux autres peuples libres de la terre du milieu et je vous invite à y séjourner le temps qu' il vous sera nécessaire pour effacer le voile de profonde tristesse qui couvre vos yeux.

Ils pénétrèrent dans la tour mais la femme sembla avoir un moment d' hésitation avant d' emprunter l' escalier. Namirië lui prit la main avant de lui dire d' une voix douce :

- Les blessures que l' on ne voit pas, les blessures du coeur et de l' esprit réclame souvent une attention bien plus conséquente que celles qui relèvent du corps. Dame de l' Anórien, je vous le demande, n' hésitez pas à me faire mander si je pouvais en quoi que ce soit vous être utile pour alléger le poids du fardeau de vos peines.

La femme aux traits aussi fins et délicats que ceux des plus belles enfants elfes s' inclina, un vague sourire aux lèvres.
Après avoir dépassés plusieurs étages, l' elfe emprunta un couloir et s' arrêta soudain devant une porte où était représenté, finement ciselé, une grande étoile dont les rais de lumière semblaient recouvrir un nuage sombre.

- Voilà vos appartements, indiqua Namirië, vous avez une vue magnifique sur la mer. L' étoile que vous voyez sur la porte représente l' espoir et la lumière qu' elle diffuse vient doucement à bout de la peur, de l' affliction et des tourments que représente ce nuage ...

Il poussa un profond soupir regardant la femme droit dans les yeux avant de poursuivre :

- L' étoile est là, toute proche, Il vous suffit d' ouvrir grand vos yeux et vous l' apercevrez. Si vous ne pouvez encore la voir, ne vous en alarmez point car cela viendra, Je vous y aiderais ...

L' elfe ouvrit la porte, s' inclina une dernière fois avant de prendre congé. ...