L'orage accompagnait le cavalier depuis qu'il avait débuté son périple à travers les terres. Depuis plusieurs heures déjà, il hurlait à l'adresse de sa monture, couvrant de ses encouragements, le bruit de la pluie qui tombait dru et le souffle du vent déchaîné. Il ne lui laissait aucun répit, la forçant à accélérer encore et toujours.
Des éclairs zébraient la voute céleste, illuminant le paysage de furtifs éclats d'intense lumière, avant que les ténèbres de la nuit ne reprennent leurs droits et recouvrent finalement le chemin rocailleux sur lequel il galopait à vive allure …
Pas de halte … Non ! La nouvelle était de la plus haute importance !
Le tonnerre gronda à nouveau, un nouvel éclair parcouru la voute céleste …
Le cavalier poussa un cri de soulagement lorsqu'il aperçut, au loin, la forêt qu'il cherchait à rallier s'éclairer enfin … Il serait bientôt au sec.
Impatient, il enfonça encore une fois les talons de ses bottes ferrées sur les flanc de sa monture et résonna son rire démoniaque alors qu'il hurlait :
- Va !!! Plus vite … Allez !!! L'heure est venue ! C'est pour notre temps !!! Oui, pour notre temps …De longues minutes passèrent avant que le cavalier ne pénètre sous les arbres. Il fut obligé de ralentir sa course folle alors qu'il s'engageait sur des sentiers boueux, l'obligeant à slalomer entre les branches des arbres qui ployaient sous les rafales de vent.
Sa route fut soudain interrompue lorsqu'il se retrouva aux abords d'une grille de fer bordées par de hautes et épaisses haies emplies d'épines et de ronces …
Le cavalier mit pied à terre. L'eau de pluie ruisselait le long de sa cape …
Il s'approcha de la grille et d'une poussée, ouvrit l'un de ses pans pour s'engager sur un chemin fait de larges dalles. Il chemina un petit moment en tenant son cheval par la bride. Les sabots de son cheval claquaient sur les pierres plates ...
Enfin, il vit les murs du manoir se dessiner dans la pénombre … Tout en haut, la dernière fenêtre laissait échapper une faible lueur indiquant que le maitre des lieux était présent.
Il s'approcha de la lourde porte de bois et empoigna l'anneau ouvragé qui pendait en son centre. Il le cogna trois fois contre le bois trempé de pluie et un son mat résonna …
Comme pour saluer une dernière fois le voyageur, un grondement de tonnerre déchira à nouveau la nuit suivi d'un éclair de feu qui inonda d'une fugitive lumière les murs du sinistre manoir perdu au milieu de la forêt ...
