Enigme, relique et pierre précieuse

Suite de : [Sur les traces de l'Ordre de la Couronne de Fer]



Les fabuleuses visions disparues, tandis que la dernière image de l'océan qui avait engloutit l'île en forme d'étoile s'estompait lentement, les enfants retrouvèrent l'environnement sinistre au sein duquel ils étaient retenus prisonniers. Le souffle coupé, leurs yeux avaient suivis l'étrange manège de la clef, mue par ils ne savaient quel maléfice, se charger seule de l'ouverture de la grille.
Ils avaient placés leurs mains sur leurs oreilles pour atténuer le son strident du grincement qui avait accompagné l'ouverture des battants de fers. Ils s'étaient collés les uns aux autres lorsque la silhouette éthérée, cernée d'une étrange lueur opaline tranchant résolument avec le halo rougeâtre auquel ils s'étaient habitué, s'était avancée vers eux, une harpe d'or aux cordes d'argent dans les mains. Ils avaient frémit alors que, sans que les mâchoires et les lèvres décomposées de l'apparition n'aient bougées, la voix grave et profonde s'était soudain élevée :

- Je vous attendais !

Marach ferma les yeux quelques instants, espérant que lorsqu'il les rouvrirait, il se rendrait compte que tout ceci n'était pas réel. Une mauvaise farce engendrée par son esprit fatigué, un méchant cauchemar qui s'éteindrait enfin tandis qu'il se réveillerait loin d'ici, en sécurité dans sa ferme à Greenstock, aux côté de ses parents, de Blandine et de son petit frère Bahrin …

Rien de tout cela ne se produisit malheureusement. Il était bien là! A l'instar de ses amis, il faisait bien face à cette présence. Esprit des catacombes, veillant inlassablement à la quiétude du repos de ses compagnons d'infortune, entassés si loin dans les abîmes du monde ….

Que faire à présent ? Fallait-il écouter, parler ? Fallait-il tenter de s'enfuir ? L'apparition allait -elle à nouveau jouer de son instrument, leur jetant l'on ne sait quel sort maléfique ? Peut être allaient-ils tous brûler sur place dans d'atroces souffrances ? Des serpents allaient-ils surgir des murs ? Les ossements, les crânes allaient-ils reprendre vie pour leur malheur pour les entrainer avec eux vers d'insondables enfers ?

Marach ne pût réprimer la peur qui s'insinuait en lui au fur et à mesure que son imagination se débridait. Sans le vouloir, il brisa le silence en s'écriant :

- Noooon, s'il vous plait, je vous en supplie !! Ne nous faites pas de mal Madame !! N'appelez pas les serpents !! ne laissez pas ceux des murs nous prendre !! Ne nous brûlez pas ...

Un son magnifique, presque parfait résonnait dans le tunnel… Lentement il donna naissance dans la tête de Lorthon a des images colorées. Tout plein d’images étranges. D’ou pouvaient-elles bien venir ? Obbachan lui avait parlé de voyage par l’esprit lorsqu’on quittait le monde… Lorsque les siens se rendaient dans les crottes de Mandmachin. Pourquoi des gens voulaient-ils aller dans des crottes ? Cela le dépassait.

*C’vrais quoi ! S’pas agréable les crottes ! C’sal… C’sent mauvais vu c’que celle là donne… Si elles s’toutes pareilles franchement… ‘fin bon… pt’être qu’les gens ils ont pas trop l’choix… Pis Obbachan elle m’disait toujours que là bas on avait pû mal. Que c’t’un endroit merveilleux. J’jamais compris pourquoi elle disait qu’certains gugus y s’y’allaient alors qu’ils étaient tous mourus et qu’j’les ai vu s’faire enterrer ici. ‘fin bon. Pt’être qu’les gens on leur laisse l’choix entre aller dans une crotte ou finir dans une boite. T’peux toujours voir comment qu’elle est la crotte. Même si au moins t’est sur qu’les seuls salées dans ta boite elles sont a toi. Pis on doit t’fiche la paix…

Voilà grosso modo le fil que suivaient les pensées du petit elfe pendant que le monde défilait autour de lui. C’était quelque chose de si étrange, si agréable qu’il se serait volonté allongé (puisqu’apparemment le sol était plus herbu que l’fond d’la crotte qui lui semblait plutôt recouvert d’un liquide visqueux sur lequel Lorthon préférait ne pas mette de nom)…

Mais trop vite le rêve pris fin. Le monde bascula. La mer les engloutit dans une immense fausse note. Comme si le chant qui avait engendré ces images avait été corrompu… Comme s’il avait subit le même sort que le chant premier… Mais que contrairement a ce qui s’était produit pour ce dernier (le premier) nul n’était là pour rééquilibrer la balance.

Lorthon tomba une nouvelle fois dans la…

* Boue. On vas dire que c’est de la boue.

Puis la clef entra en mouvement. Si les images avaient clairement été des illusions engendrées par la musique… Là il ne pouvait s’agir que de véritable magie. La marque rouge sur la joue de Lorthon en attestait : il ne dormait pas.

Puis vint le son tant attendu : celui de cette grille qui s’ouvrait enfin.
Lorthon ne put réprimer un frisson en voyant celle qui s’avançait… Elle semblait sans âge… Ou plutôt infiniment vieille. Car sans âge convenait mieux au visages des siens. Aux visages des quelques elfes qu’il avait pu voir dans sa vie.

Prenant son courage a deux mains (même si dans le cas présent il aurait préférer disposer de quelques paires de mains supplémentaires pour prendre ledit courage) Lorthon s’avança, posant une main sur l’épaule de March.

Il était l’elfe ici. Les autres avaient été éprouvés par les cris inhumains. Pis il y en avait dans le lot qu’il avait un peu envie de protéger. March… Il était gentil… Mais la présence de filles dans le groupe lui donnait un peu de cœur au ventre. Après tout… S’il se montrait fort peut-être serait-il un peu remarqué ?

Il s’avança donc et murmura d’une voix incertaine :

- Vous nous atttendiiiez… Pouuur qu… quoi ? S’vous qui nous avez fait peur comme ça pour qu’on vienne ? Suf’sait d’demander v’savez ?

Mikhaïl regardait et écoutait, incapable de parler. Il aurait du être effrayé, il restait impassible, marchant d'un pas mal assuré en fin de groupe. Dans ce cauchemar, il y était depuis trop longtemps pour encore pleurer, crier, appeler sa mère. D'ailleurs, les câlins de ses parents, les jeux avec les autres enfants, les courses dans les rues de la Cité Blanche, il n'y croyait plus. Son monde était maintenant celui dans lequel il vivait. Avant, ce n'était qu'un bon rêve. Un rêve très agréables, dont les douces flagrances flottaient encore dans son esprit. Mais petit à petit, elles disparaissaient, emportées dans le terrible tourbillon de mort, de peur, d'horrible qui l'enveloppait.

Le garçonnet voyait les vagues, voyait cette horrible apparition devant lui, entendait les lamentations du vent. Ses acolytes grimaçaient. Il gardait un visage de glace.

- Je vous attendais !

Elle les attendait? Elle les attendait pour faire quoi? Qu'attendait-elle d'eux? Mikhaïl, blasé par toutes ces horribles expériences, voulut l'interroger. L'elfe le devança. Le petit Rûnien voulut surenchérir, à nouveau demander, la questionner. Aucun son ne sortit de ses lèvres pâles. Il ne pouvait plus parler.

Marach s'était placé derrière Lorthon. Manifestement, le petit elfe ressentait moins la peur que tout les autres enfants humains et si lui même avait le plus grand mal à articuler le moindre mot, son camarade aux oreilles pointues avait lui réussi à parler à la ... Morte ? Esprit ? Fantôme ?

En tout cas le jeune garçon ne savait comment la définir. Il ne pouvait tourner son regard ailleurs que sur le bandeau taché de sang qu'elle portait sur les yeux et sur cette horrible bouche en décomposition.

Que faire ... Quand la dame morte avait parlé, enfin plutôt, quand sa voix avait résonner dans la tête des enfants puisque ses mâchoires ne s'étaient pas dessérées d'un millimètre alors qu'elle s'adressait à eux, elle avait fait un geste ample pour les inviter à entrer dans la caverne qui se trouvait derrière la grille, à s'approcher ...

Marach frissonnait. Il regardait les autres ...

Que se passerait-il s'ils décidaient de ne pas bouger ? Et au contraire, s'ils entraient ...

Le garçonnet se rappela les mots du parchemin : La gardienne d'émeraude ...

Et puis : A ses pieds enchainés le coffret repose ...


Il regarda en direction des pieds de l'étrange femme. Effectivement, un anneau de fer rouillé emprisonnait sa cheville et la chaine qui y était accrochée courrait sur le sol pour disparaitre au loin dans la pénombre ...

La pénombre était épaisse, et la chaîne n'était pas longue. La femme s'approcha péniblement des enfants, glissant son fardeau derrière elle avec un crissement sinistre. Et la boîte apparut.

Elle était magnifique. Ses face étaient de marbres reliées entre elles par des montants en bronze finement sculptés. Un travail de maître. la place de ce coffre aurait être dans un palais, pas dans cette sinistre grotte. la faces n'étaient pas simplement faite d'une plaque de marbre, mais d'une plaque de plusieurs marbres, assemblés entre eux à la perfection. C'était un bouquet de couleurs qui tranchait avec la noirceur des lieux : bleu, jaune, blanc, gris, noir, vert s'alliaient en une vrai œuvre d'art. En s'approchant, on pouvait distinguer une minuscule interstice entre le couvercle et la boîte. Mais aucune poignée, aucune serrure. Comment ouvrir?

La femme leva ses mains en offrande vers l'invisble voute de la grotte. Elle hurla. Elle cria. Un cri inhumain, presque démoniaque, ou flottait pourtant un étrange sentiment : la joie. Elle se ramassa soudain sur elle même, disparaissant sous son ample chevelure, puis se redressa. Elle jeta au pieds des enfants six petites pierres. Mais à y regarder de plus près, c'étaient des jetons, marqués en un à six. Qu'en faire?

Du doigt, la femme désigna la boîte.

"Je vous attendais!"

Sur le couvercle, on pouvait remarquer une sorte de disque qui ressortait de la masse. On pouvait le faire tourner, mais impossible de l'enlever.



Et sur une des faces, un oeil attentif pouvait découvrir une minuscule inscription dorée, gravée sur du marbre sombre.


"Je vous attendais!"

//Le l en moins de tranquillité sur l'image est seulement du à une faute de frappe//

Les jetons tombèrent sur le sol sans faire le moindre bruit, chacun d'eux élevant simplement un mince nuage de poussière. Le premier réflexe de Marach fut d'aller les ramasser mais il se retint au dernier moment …
Il ne savait plus que faire, le rire de la morte (il s'était décidé à l'appeler ainsi) résonnait encore dans son esprit … Il chercha de l'aide dans le regard de ses amis mais tout comme lui, ils semblaient comme figé.
Qui allait se décider à prendre les jetons offert par …. Elle ? Mikhaïl, Lorthon, Kalista … Bahrin ?

Le coffre, le magnifique coffre reposait au pied de … Elle ...

Le message ne parlait-il pas d'émeraudes ? … Des émeraudes, le coffret en était surement rempli ! Ils seraient riche, tous riche !!

Il fallait se décider … Ils n'allaient pas croupir là pour l'éternité quand même.

Marach empoigna la main de Lothron d'un côté et celle de Mikhaïl de l'autre et les força à s'avancer en direction des jetons, espérant que tout les autres suivent ...

Il lâcha soudain les mains de ses amis et se pencha lentement. Il se saisit d'une main tremblante du jeton qui attendait à ses pieds … Il portait le numéro quatre …

Il jeta un regard insistant à ses camarades pour les inviter à en faire autant avant de prendre une profonde inspiration et de s'adresser à elle :

- Dac' dac' dac' !!! Hem … Dame … Heu … Dame … Heu … De la grotte derrière la grille de fer sous l'cimetière …

Il s'inclina gauchement avant de continuer :

- Qu'est ce que quoi donc qu'on doit faire avec les trucs là siouplait ? C'est pour ouvrir le machin là ?

Il désignait le coffre …

- C'est une sorte de code ? Moi j'ai le numéro quatre !!!

Il exhiba la face où était inscrit le chiffre sous les yeux bandés de la Dame …

- J'ai droit à un truc ?

Il se surprit lui même d'avoir réussi à enfin dire quelque chose, de son assurance retrouvée …

Bahrin s'était glissé tout prêt de lui. Il le saisit par les épaules pour le rassurer et attendit. Il tourna son regard à nouveau vers Lorthon ...

Hirlon, après avoir réussit à pêcher la clés, s'était tu dans son mutisme. Peut-être parce qu'il sentait que le pire était à venir, ou peut-être parce qu'il ne savait que dire dans un tel moment. Toujours est-il que lorsque tout changea, emporté par une mer de notes crissantes et brisantes accompagné par un cri funeste à brisé les meilleurs vitres, il fut éprit par de bien mauvais souvenir de son enfance. Comme si ce chant ramenait à la surface les blessure les plus durs.
Hirlon en resta sans voix et sans gestes. Il regarda la Dame aux bandeaux tâché de sang. Son imagination imaginait déjà pourquoi ce drap, autrefois sans doute blanc, était souillé par de rouge. Ces yeux avaient peut-être été crevé...C'était possible, mais le petit fit tout son possible pour ne pas penser à de tel horreur.
Il ne put qu'être fier d'être le compagnon de Marach, qui fut le premier à oser parler à la sinistre Dame. Ce qui se passa après, Hirlon ne s'en rappel plus et pour cause une vision l'avait assaillit: celle de son père en train de mourir. Il ne l'avait pourtant pas vu mourir, mais il le voyait quand-même de la vue d'un oiseau. C'était comme un rêve, mais encore plus réaliste.

Soudain un bruit fit revenir le gamin à la vrais et dur réalité. Il se rendit compte qu'il y avait six jetons par terre et que ses amis allaient les ramassé. Il alla chercher un jeton qui se trouvait à quelques mètres de lui. Lorsqu'il le ramassa il découvrit son numéro gravé dessus: 6. Il le soupesa. Ce n'était pas lourd. C'est à ce moment qu'il vit le coffre. Qu'il était beau tout de marbre fait. Ce qu'il devait contenir devait valoir très cher....
Il proposa avec une assurance digne d'un timide:

-A mon avis....on doit mettre nos jetons sur le disque...Mais...faut pas les ...mettre n'importe comment....parc'que s'y y a un nombre....c'est pas pour rien...

Hrp dsl, j'avais complètement oublié ce RP Hrp

Quelles drôles d’idées qu’elle avait là la morte de service… Elle les mettait face a ce qui ressemblait plus ou moins vaguement a un puzzle. Lorthon détestait par dessus tout les puzzles. Ces jeux étaient dépourvus de tout intérêt. Il suffisait de se montrer patient et un brin méthodique… N’importe quel demeuré pouvait y arriver.

Mais en regardant de plus prés les jetons, ce qu’ils auraient a faire tenait plus du casse tête… Jeux convenant bien mieux au petit elfe… Mais une chose le gênait : pourquoi ? Pourquoi iraient-ils résoudre ce problème ? Pourquoi aider la morte ? Ne serait-il pas plus sage de faire demi-tour ? Plutôt que de donner de l’aide a cette… chose… qui leur cassait les oreilles depuis un bon moment déjà ? D’un autre côté… Cette… chose… avait réussit a les guider bon gré mal gré jusqu’ici… Avaient-ils réellement le choix ?

Lorthon avait, a la suite de March pris l’un des jetons… Dans sa main se trouvait donc le numéro 11. Prenant son courage a deux mains il éleva la voix :

- Ouaip’ hum… J’veux pas dire mais… hum… Bein… J’vois pas pourquoi on essaierait d’faire c’machin nous là… après tout on sait même pô c’qu’ça vas donner au final c’machin si on l’ouvre. Pis v’nous z’avez plutôt cassé les oreilles avec vos bruits qu’au’t chose…

Sachant qu’il s’était peut-être montré… Un brin… Impertinent, le petit elfe se tenait prêt a la fuite… Et aussi prêt a lancer son jeton à la tête de… ça.

Un a un, les enfants ramassaient les jetons jetés sur le sol par la gardienne des catacombes. Chacun les trituraient dans leur doigts, se demandant ce qu'ils allaient en faire ...

C'est surement Hirlon qui avait raison. Placer les jetons dans le bon ordre sur le disque. Lui avait le numéro 6 et Marach contemplait le 4 qui apparaissait sur son jeton … Il s'intéressa au jeton de Lothron et lui fit signe que non :

- Non, non, c'est pas 11 qu'a d'écrit sur ton jeton Lothron, c'est 1 ! Ben ouais ... Mais t'es un elfe et ça c'est des numéro de chez nous les humains, t'inkièt, c'est normal si tu confonds …

Marach fit une petite tape amicale dans le dos de son ami elfique avant de reporter ses yeux sur la gardienne …

- Lothron, il a raison m'dame !! Et pourquoi qu'on f'rait ça ?? Nous on veut zuste rentrer chez nous … S'excuse bien bas du dérangement … N'aurait su, n'aura pas v'nu … On vous rend vos bidules, n'a un peu marre d'ici, pis les trésors en fin d'compte, c'est beaucoup trop d'embrouille ! Doivent s'inquiéter pour nous là haut, surtout Blandine ma copine … Fait longtemps n'est parti !

Comme pour affirmer un peu plus ses dires, il commença à reculer, invitant du regard ses amis à faire de même … Puis il s'arrêta brusquement en se tapant le front et s'écria :

- Au fait heu … M'dame, c'est par où qu'c'est la sortie ? Parce que là, on va s'faire gronder nous hein ! N'a larzement dépassé l'heure de goûter …

Se rendant compte également que Bahrin n'avait pas bougé il l'appela :

- Hé Babar, reste pas là, viens !

La femme partit d'un rire qui n'avait rien de sinistre. Un véritable rire qui montrait qu'elle prenait un réel plaisir à partager ses catacombes avec la bande de petits garnements. Elle s'amusait de la situation se faisant même parfois taquine :

- Ha non ? Vous ne le feriez pas ? Vous ne voulez plus chercher à ouvrir mon coffre ? Ce coffre que je traine depuis tant d'année …

Elle se retourna et, tendant son bras, désigna Lorthon :

- Pourtant, tu m'as l'air plutôt intelligent toi le petit elfe ! Les elfes sont intelligents en règle générale. Je le sais, j'en ai connu un il y a très très longtemps … C'est d'ailleurs grâce à lui que je erre depuis tant d'années dans ce lieu maudit, oublié de tous.

La femme repartit dans un rire qui se fit cette fois beaucoup plus sinistre avant de reprendre :

- Il était beau, si beau … Mon bel amant !!

Elle s'interrompit une nouvelle fois et tendit ses deux bras vers les enfants comme pour jeter un sort et s'écria presque démente :

- Regardez !! Moi aussi j'étais belle jadis … Ho oui, la plus belle femme que l'on puisse souhaiter … Tout les hommes étaient à mes pieds !



A nouveau, une vision apparue dans l'esprit des enfants puis, la voix de Mahëlavâsta se fit soudain moins forte … Une pointe de profonde douleur perçait lorsqu'elle reprit :

- Tout les hommes oui … Mais je n'avais que faire des ces prétendants sans envergure ! Trop impatiente, trop ambitieuse, trop folle, trop exaltée ... Trop humaine !!!… Trop amoureuse …

Elle ajouta dans un souffle :

- Je le voulais lui !! L'elfe, mon elfe, mon bel elfe !! Arzazâth !!

Elle fit un tour sur elle même et déplia à nouveau son bras en désignant le coffre :

- Vous ouvrirez ce coffre, vous trouverez l'énigme car … Vous n'avez pas le choix !!

Elle s'approcha rapidement de l'enfant le plus proche d'elle et s'en saisit avant de revenir en arrière aussi vite qu'elle s'était avancée.

C'est le petit Bahrin qui n'avait pas écouté l'injonction de son frère et n'avait pas reculé qui se retrouva enserré par les bras de la morte et ce malgré le cri de Marach …
Le mal était fait et le rire de Mahëlavâsta résonna à nouveau. Lorsqu'il s'interrompit elle prévint :

- Ne me forcez pas à user de mes pouvoirs contre ce cher bambin !! Votre petit camarade ne vous sera rendu que lorsque tout, vous m'entendez !! TOUT !! Sera accompli …

On voyait les ongles sales de la morte caresser le cou du jeune Bahrin qui n'osait faire le moindre geste …

D'une voix radouci, la femme reprit :

- Allons mes enfants, c'est à vous … Je vous connais tous à vous entendre vous nommer dans mes couloirs … Alors, voyons voir … Hirlon, pas une petite idée ? Et toi la grande, Kalista c'est ça ? Trouvera tu le moyen ? Toi l'elfe ? Ou peut être le téméraire Marach ? Un autre ?

La voix de Mahëlavâsta se fit plus menaçante encore :

- Sachez que personnellement, j'ai tout mon temps … Je n'en suis plus à quelques siècles près !

Et de repartir dans un rire diabolique ...

* Bon. D’accord. On a plus vraiment le choix là… Y sont pas possibles les gens… Pis pu y sont vieux pire qu’y sont. Et pis… pfff… Les adultes et leurs histoires d’amour. A n’y rien comprendre. Ils aiment se compliquer la vie pour rien a c’t’âge… Pas possible ça… C’m’arrangerais franchement d’pouvoir m’passer d’grandir… Pis surtout pas finir comme ça… J’me vois pas trop passer une éternité a poireauter dans un coin… Veux bien qu’ça s’mange froid la vengeance mais faut pas mousser mémé dans les orties non plus…

Le petit elfe pensait ainsi comme le fantôme venait de prendre en otage l’un des leurs… Et ces fichus adultes qui se figuraient qu’on pouvait faire des enfants ce qu’on voulait ! De toute manière c’était toujours a eux de trimer. Il n’avait pas le moins du monde tenu compte de la vision qu’on lui avait envoyé. Si les adultes voulaient jouer il valait mieux les laisser faire a leur guise pour qu’ils vous lâchent la grappe au plus vite.

Il s’avança donc vers le spectre, conscient que c’était le moyen le plus simple, le plus rapide et le plus sur de s’en sortir… Et sans doute le seul de tirer Bahrin d’affaire… Il marmonna en trainant plus ou moins des pieds :

- Bon… J’suppose que vas falloir mettre vos cailloux dans les trous… Et qu’vo’t inscription là a d’sus elle veux dire un machin en rapport… Genre comment qu’y faut les caser… N’empêche qu’ça m’pose un ‘ti problème moi… Obbachan elle m’a pô appris a lire le commun… L’our vou’v’ doutrez bin qu’j’vais luter pour v’déchifre ç’machin auquel j’capte goute.

Il se tourna donc vers les autres membres de groupe et les interrogea du regard.

Elle connait mon nom. Cette pensée frappa Kalista aussi violemment que les vagues qui recouvraient l'île de sa vision, autant que les cris stridents du spectre qui frappaient ses tympans. L'un de ses compagnons l'avait-il prononcé à voix haute depuis qu'il étaient arrivés dans ce sinistre endroit ? Elle ne savait le dire. Depuis que la clé s'était élevée d'elle même dans les airs, depuis que cette créature d'un autre âge, vision d'horreur était apparu, la rouquine se sentait comme pétrifiée. Les visions l'avaient affectées plus que tout. Elle sentait encore l'horreur des habitants qui voyaient leur île s'enfoncer dans les flots. Numenor. Elle aurait du se souvenir de ce nom, mais il ne lui venait pas à l'esprit. La fille du capitaine était obnubilée par le récit de Mahëlavâsta. Elle pouvait presque comprendre toute son histoire...

Mais la menace de cette vision d'horreur la ramenna à la réalité. Ils devaient absolument découvrir ce qu'il fallait faire avec ces chiffres, sans quoi... Oh, elle n'aimait pas ça, pas du tout, cela prenait un tour sinistre. Mais elle était l'aînée. Elle ne pouvait pas flancher, pas elle. C'est que l'adolescente se répètait pour tenir, pourtant, elle était à deux doigts de craquer. Tremblante, elle ramassa un jeton. Le deux. Elle avait pris le deux. Lothron aussi semblait être résigné à accepter les ordres. Elle devait l'aider... Cependant, c'est d'une voix encore tremblante qu'elle répondit à sa question :

"Quiétude, tranquillité calfeutrées, Ultime satisfaction, Déchirement Non, ça ne nous aide pas, je ne vois pas ce que... attend."

Quelque chose lui faisait signe dans sa tête mais elle ne trouvait pas... Elle trouvait ça évident, mais le parvenait pas l'exprimer...

"Quatre, trois, cinq, un, six, deux... Mais non, pourquoi je dis ça dans cet ordre, c'est un, deux, tois, quatre, cinq, six... Oh !"

Elle regarda son jeton. Le deux. C'était celui qui représentait déchirement. Déchirement. Elle en frissonna. C'était celui qui était tout en bas de la stèle... Elle le plaça ainsi, tremblante d'être si près de la femme, sur le rond le plus en bas.

"Les premières lettres... Il faut regarder les premières lettres." Elle ne comprenait toujours pas comment elle avait compris.

La grande Kalista s’avança. Elle parla. Lorthon ouvrit des yeux ronds en entendant ce qu’elle proposait. D’où pouvait-elle bien tirer une idée pareille ? Et pis a quoi ça pouvait bien rimer ? De toute manière, pour sa part il n’y captait strictement rien. Trouver l’ordre de lettres dans l’alphabet nécessite un prés requis non négligeable : connaître l’alphabet. N’étant pas dans ce cas du petit elfe il était totalement perdu.

* Bon… Mon jeton j’doit l’placer ou moié ? Ennas ?

Il s’approcha de la boite et y ajuta son propre jeton.

- J’ai bon ? Vous faites pareil les autres ? Cocha ou verra bien c’que ça donne nan ? A moi qu’la m’dame elle veuille pu qu’on lui ouv’ son machin… Dans c’cas… Moié j’dit pô…

Il essayait de rendre un peu de cœur aux pauvres humains qui étaient visiblement terrifiés… Puis se rapprocha de la grande fille qui avait su venir a bout de l’énigme… Un simple murmure franchit ses lèvres :

- Mirchi Kali’, c’bien ton nom hein ? Moi j’aurais jamais pu…

Il lui adressa un franc sourire sincèrement reconnaissant.


HRP//Ennas = là en... Sindarin ^°^//HRP