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 Une chambre sous les toits

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Nathanael
Espion de l'Arbre Blanc
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Nathanael

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Une chambre sous les toits EmptyMar 8 Sep 2009 - 9:14
Un grand bruit le réveilla. Un grondement soudain, un tremblement sourd, et un nuage de poussière apparurent tour à tour dans la petite pièce où il se trouvait. Nathanael se réveilla en sursaut, posant d’un geste confus sa main sur son arme nouvellement acquise. Il n’eut pas à se débattre cependant pour tirer le stylet de son petit fourreau. Les yeux encore engourdis par le sommeil, il constata, à la fois soulagé et énervé, la chute d’une étagère de sa bibliothèque personnelle.

- Bordel de…

Il se redressa sur sa paillasse. En se redressant si vivement, il s’était entortillé dans ses draps et couvertures. Il s’agita quelques secondes pour s’extirper de l’entrelacs de tissus et de laine. Assis plus convenablement, il regarda en soupirant les livres jonchant le sol et les parchemins éparpillés sur l’ensemble du plancher. L’étagère s’était littéralement rompue en deux, sans doute sous le poids du papier, cuir, bois et autres supports d’écriture. Dans sa chute elle avait, évidemment, emportée quelques livres situés sur l’étagère inférieure.

Il se frotta les yeux devant l’étendue du désastre. Car s’en était un. Il lui faudrait tout ranger de nouveau, trier les parchemins, s’assurer qu’aucun d’entre eux ne s’était abîmé, tout en espérant que les pages des livres ne s’étaient pas arrachés de leur reliure. Ce n’était pas la première fois que ce genre d’évènement de produisait depuis son retour à Minas Tirith. Durant ces quelques mois, voire années d’absence, le bois avait souffert d’un manque d’entretien. Il avait déjà réparé deux petites commodes qu’il utilisait pour ranger ses vêtements et différents bibelots, et un pied de table qui s’était brisé, rongé par une sorte de petites termites, qui, fort heureusement, n’avait pas proliféré dans son habitation.

Il se leva et enfila avec raideur une longue chemise en lin. Il n’était pas d’humeur à faire du rangement. Il prit cependant le temps de pousser ces livres et archives dans un coin de la pièce. Il se dirigea ensuite vers une des petites commodes sur laquelle reposait une cruche d’eau en terre cuite et un petit baquet. Il y versa l’eau et se mouilla le visage. La fraîcheur du liquide le fit frissonner mais eut aussi l’avantage de lui remettre les idées en place. Il jeta un regard circulaire sur sa vaste chambre située sous les toits. Elle avait quelque chose de rustique mais elle était spacieuse et il s’y sentait bien.

Il jeta un œil par l’ouverture réalisée dans le toit. Le soleil ne devait pas s’être levé depuis très longtemps. Les premières lueurs pouvaient être observées, les ombres se différenciaient progressivement de la noirceur nocturne. Dehors, malgré l’heure matinale, l’agitation était déjà perceptible. Les bruits de sabots sur les dalles – un cavalier peut-être, ou simplement un homme guidant une bête de somme – les conversations basses de femmes, il reconnut leurs voix aiguës, et les pas rythmés d’un groupe milicien revenant d’un tour de garde matinal sans doute… Il s’étonna un moment de les entendre passer. Il n’était pas si courant de voir passer des hommes armés dans le bas de la Cité.

Il se souvint alors avec plus de distinction la conversation qu’il avait entretenu la veille avec ce vieil homme gardien des secrets de la Cité. Du moins, de quelques secrets – les informations relatives à la défense des intérêts de Minas Tirith. D’une pensée à l’autre, il vient à s’imaginer sa rencontre avec Lost Ore … cette première mission n’aurait rien de facile. Il se prit un moment à envier le métier d’assassin : tuer avait quelque chose de plus simple, on ne discutait pas avec les morts. Il se ressaisit et réfléchit à la manière dont il pourrait s’y prendre. Il fallait déjà qu’il déniche de nouvelles informations. Il savait que l’homme était un ancien soldat mais sa source n’avait rien de sûre. Le nom qu’il avait fourni à Gilgamesh n’était peut-être pas le bon. Il n’avait pas le droit de se méprendre. Quel allure aurait-il s’il s’avisait de ramener la mauvaise personne ? Sa crédibilité en prendrait un coup, c’était certain. La faute professionnelle lui était interdite.

Il jeta de nouveau un coup d’œil aux livres tombés. Il ne possédait pas de documents traitant particulièrement du royaume d’Arnor. Il ne trouverait aucune informations spécifiques concernant Lost Ore et moins encore d’indications sur son identité antérieure. Le seul endroit où il pouvait espérer trouver de telles indications semblait être la grande bibliothèque de Minas Tirith. Il n’était pas certains que les scribes, historiens ou archivistes du Gondor se soient intéressés aux histoires internes du royaume d’Arnor, mais pour l’instant il n’avait pas d’autres alternatives.

Mentalement il refit la liste des détails qu’il détenait sur le dénommé Lost Ore.
Homme d’Arnor, ancien militaire, capitaine selon sa source (peu fiable, les militaires de retour du combat avait une fâcheuse tendance à exagérer leurs propos), proche du roi sans doute, peut-être en lien avec le décès de la reine d’Arnor, peut-être présent actuellement dans la Cité Blanche. Justicier individuel, pourfendeur de voleurs, bandits, assassins et autres vermines. Une légende populaire. Beaucoup d’hypothèses pour un personnage bien étrange. Qui plus est, peu apte à parler plusieurs langues, il devrait se renseigner sur l’origine et la signification du nom de Lost Ore. Car sans pouvoir comprendre ces deux mots, il était certain qu’associés, ils signifiaient quelque chose.

En effet, la bibliothèque de la Cité représentait le lieu le plus pertinent où il pouvait se rendre dès à présent. Cependant, avant toute recherche littéraire il souhaitait se rendre dans les ruelles afin de se renseigner de façon plus concrète. L’homme était-il encore dans la cité ? Y avait-il jamais été d’ailleurs ? Gilgamesh semblait en être convaincu, mais Nathanael ne l’ayant jamais rencontré, il se méfiait des rumeurs.

Il rentra rapidement sa chemise de lin dans son pantalon de cuir souple. Il enfila sa paire de bottines, un manteau léger aux nombreuses poches dissimulées et une cape à capuche qui lui permettrait de se faire passer pour un citoyen quelconque. Rien de marginal, si ce n’était toujours cette mèche blanche sur sa tempe gauche. Devant son vieux miroir il passa la mèche prématurément blanchie entre ses deux doigts. Il ne s’embêterait pas aujourd’hui à la dissimuler. Il ne devrait effectuer qu’un travail de recherche ponctuel, personne ne le remarquerait.

Il regarda avec un certain dégoût l'arme posée sur le sol. Il ne l'avait encore jamais sortie de son fourreau. Il la prit et l'attacha à sa ceinture. Il se saisit de son bâton de marche posé à proximité de sa paillasse et sortit par la trappe donnant sur l’étage inférieur.

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Une chambre sous les toits EmptyJeu 7 Jan 2010 - 13:37
Il parcourut encore quelques temps le Bas de la cité avant que de rejoindre son habitation. La viande de mouton qu’il venait de manger lui rendait la digestion difficile et il avait ressentit le besoin de marcher un peu. Il regardait toujours attentivement les visages des jeunes hommes et des garçons sortis tout juste de l’adolescence. Marach et Hirlon … deux noms sans visage, peut-être aussi des visages sans nom déjà croisés. Le fait qu’il puisse avoir déjà rencontré dans les rues de Minas Tirith ces deux enfants sans pouvoir se les rappeler l’énervait au plus au point. Perdu dans ses pensées, il ne fit pas attention et bouscula une dame d’un âge déjà fort avancé. La pauvre vieille fut renversée sur le sol, hurlant à l’assassin. Il s’avança pour s’excuser et aider la femme à se relever, mais il fut arrêté par un flot d’injures et un coup de pied dans la cheville, décoché par la vieille furie.

- Ordure, mécréant, raclure de bas étage… qu’Eru vous emporte ! Satané petit bougre, saltimbanque, déjection d’oliphant purulente, déchet de Haradrim, avorton d’Orc…


Il cessa d’écouter le reste des insultes proférées envers lui. Il haussa les sourcils, surpris par tant de hargne dissimulée dans une si vieille femme.

- Je vous prie de m’excuser madame. Je ne faisais pas attention …
- Attention, attention ! Burne trop cuite, chiffe molle, asticot crasseux …


Il évita de justesse un autre coup de pied à destination d’une partie bien plus haut située et plus précieuse à ses yeux que ses chevilles. Il recula d’un pas et hésita un moment à assener à la vieille harpie un coup de son bâton de marche pour la faire taire. Mais déjà un groupe de badauds se rassemblait autour d’eux et il prit une mine résignée. Un petit garçon s’avança péniblement en jouant des coudes et passa devant lui l’air un tantinet effrayé. Il posa sa main sur l’avant-bras de la femme, à présent relevée.

- Mamé, arrête ! Tout le monde te regarde. Le monsieur a dit qu’il était désolé. Fait pas des z’histoires, st’eplait !

Il regarda, peiné, le jeune enfant écarter sa grand-mère de la petite foule de curieux. Lui-même profita de l’attention détournée pour s’extraire de cette situation délicate en empruntant une petite rue adjacente. Derrière lui il entendait quelques personnes ahuries qui cherchaient encore à énumérer toutes les insultes jaillies de la bouche de la vieille. « Sacrée bonne femme, pensa-t-il. Fallait que ça me tombe dessus. Vieille garce, que Morgoth te suce la moelle, fieffée furie. »

Envers et contre tout il parvint devant la porte qui menait à sa chambre sous les toits. Il gravit une volée de marche, franchit deux étages et passa une trappe pour pénétrer dans son habitation. Après deux jours de recherche, bien que fructueuses, il fut dépité en voyant les livres plus ou moins étalés sur le sol, à peine refoulés dans un coin de la pièce. L’étagère ne s’était pas réparée d’elle-même, évidemment. Il posa contre une paroie son bâton. Il s’avança vers le baquet contenant de l’eau et se rafraichit le visage et la nuque. Il ôta ensuite cape, manteau et chemise et s’assit sur sa paillasse pour enlever ses bottines. Sa cheville gauche portait les marques de la naissance d’un bleu. « La garce n’y est pas allée de main morte, vieille peau, elle m’a abimé la cheville avec la même force qu’un coup de sabot. » Il se massa la cheville quelques temps pour faire disparaître une douleur venant par flots successifs. Il défit ensuite sa ceinture et posa le stylet qui avait reposé toute la journée contre sa cuisse. Le poids du métal en moins soulagea aussi le poids de sa conscience. Il s’allongea et ferma les yeux un moment afin de se délasser.

* * *

Il se réveilla dans la soirée, surpris de s’être endormi. Il se sentait reposé mais il lui restait de nombreuses choses à faire. Les livres attendraient encore un peu, ils ne pourraient tomber plus bas de toute façon. Il se rhabilla, ceignit de nouveau l’arme à sa ceinture, prit son bâton et sortit afin de gagner la Maison des Contes et Légendes. Sa couverture ne devait être percée à jour et quelques pièces de plus pour un ou deux contes ne feraient aucun mal à sa bourse…

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Une chambre sous les toits EmptySam 23 Jan 2010 - 7:20
Les parchemins sous le bras il descendit le plus rapidement possible vers son habitation dans les Bas Quartiers. En sortant par la petite porte cachée du Palais il avait évité de croiser son poursuivant qui devait toujours l’attendre devant les portes des cuisines.

Une nouvelle mission. Il ne savait pas encore de quoi il s’agissait réellement. Les Griffes d’Ammoth . Il connaissait cette guilde de nom et par sa réputation. Mais il ne s’était encore jamais trop renseigné sur celle-ci. Il ne connaissait ni son organisation interne ni ses objectifs et les fins sous-jacentes qu’elle souhaitait atteindre. Un nouveau point d’interrogation pour les prochains jours. Il aurait beaucoup de recherches à mener et sur plusieurs fronts, mais sans doute que les deux missions se recouperaient à un moment donné. C’est du moins le sentiment qu’il avait en l’instant.

Il gagna sa chambre sous les toits et ferma consciencieusement la porte de celle-ci. Il lui faudrait toute la soirée pour lire les parchemins de Gilgamesh et plus de temps encore pour réparer son étagère. Le vent froid l’avait réveillé au cours de sa traversée de la Cité et il n’avait plus envie de dormir. Il alluma un petit feu dans l’âtre tout à la fois pour se réchauffer et pour faire un peu de lumière. L’hiver avait gagné l’intérieur de la pièce depuis quelques jours et il parvenait difficilement à conserver la chaleur une fois le feu éteint.

Il se défit rapidement de son stylet et de ses vêtements rendus humides par l’air nocturne. Il se saisit d’un manteau plus chaud et s’entoura les épaules d’une couverture avant de s’attaquer à la lecture des informations sur la Guilde. Il s’assit sur sa paillasse après avoir avalé une miche de pain et un morceau de jambon fumé qu’il conservait précieusement.

Il prit un premier parchemin au hasard. Il y en avait six au total de longueur différente et aux écritures variées. Les documents provenaient de différentes mains et devaient sans doute aborder des sujets variés sur la Guilde.
Les longues lignes ressemblaient à des annales. Un certain Sentier les avait écrites. Puis un second nom, Silence – le chef des Griffes ? Il n’en était pas sûr, le document datait de plusieurs années en arrière. Se pouvait-il qu’un même homme demeure à la tête d’une troupe de mercenaires ? Ceux-ci n’avaient guère l’habitude de respecter un même chef – la moindre faute n’était jamais pardonnée et toute faiblesse était suivie d’un évincement dans les règles de l’art. Ce qui ne signifiait jamais rien de bien gratifiant pour l’homme dépossédé.

Il continua de lire jusqu’à une heure avancée de la nuit. Le sommeil le gagna alors qu’il relisait quelque chose à propos de la disparition de Silence. L’homme avait disparu et aucune information ne traitait des circonstances et du contexte de la chose. Quelques uns des Griffes avaient apparemment cherché leur ancien chef, mais sans résultat. Il ne savait donc pas vraiment qui il allait rencontrer le lendemain s’il se rendait dans l’antre des Griffes d’Ammoth. Peut-être la guilde s’était-elle totalement désorganisée, d’où le travail qui lui avait été confié. Lui faudrait-il défaire une conspiration ? Ou simplement chercher à obtenir des informations sur ce chef disparu ?

Il n’avait plus l’esprit à se poser tant de questions. Le découragement l’envahit plus encore quand il vit les livres posés sur le sol. L’étagère ne serait pas réparée aujourd’hui. Il éloigna les parchemins de sa paillasse et s’endormit aussitôt, au son du crépitement des flammes dans la cheminée.

************

Il fut réveillé par le cliquètement du bec d’un oiseau sur le verre d’une fenêtre. Le petit animal gonflait démesurément son plumage pour se protéger du froid et du vent. Dehors pourtant le soleil brillait de tous ses feux et la journée s’annonçait claire.

Il se leva et ralluma le feu. Il prit un frugal petit déjeuner. Il consulta une fois encore les parchemins afin de se remémorer tous les éléments qu’il avait acquis durant la nuit. Puis, sans plus réfléchir, il les jeta dans les flammes, afin que toutes ces informations ne parviennent en des mains mal intentionnées.

Il se prépara rapidement puis sortit de la grande pièce pour rejoindre les ruelles et commencer ses recherches.
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Une chambre sous les toits EmptyMar 6 Jan 2015 - 18:47
Des volutes de fumée émanaient de coursives étroites et poisseuses où l’accumulation de plusieurs années de crasse laissait un épais rideau noir sur les murs. Des traces de couteau maladroites avaient ouvert des noms sur les parois, des insultes et des ratures, toutes à hauteur d’enfants. La Cité Blanche fourmillait de garnements indomptables. Au milieu de la misère du bas de la Cité une délicieuse odeur lui rappela qu’il avait faim. Les dernières nouvelles, aussi mauvaises fussent-elles, ne lui avaient pas coupé l’appétit. Il serpenta encore quelques temps dans les rues avant d’atteindre la volée de marche qui menait à son antre domestique. Un relent de parchemins moisis et de pièce renfermée l’accueillit à bras ouvert. Il n’avait jamais réparé l’étagère, et une fuite dans le toit avait laissé l’eau pénétrer dans sa chambre. Un tapis de champignons et de mousse couvrait une certaine étendue de sa paillasse et ses couvertures avaient changé de couleurs … « Par Morgoth, si j’avais une femme je n’aurai pas eu besoin de me soucier de ce bordel ».  

Il soupira profondément devant l’état du désastre. Il avait mis plusieurs années à récolter ces parchemins. Une page trempait entièrement dans la flaque verdâtre qui recouvrait le sol et l’encre s’était dissoute dans l’eau. D’autres parchemins ne semblaient pas en bien meilleur état. Sa bibliothèque personnelle avait succombé aux affres du temps. Certes, sa prudence lui avait fait recopier certains de ces écrits, mais les originaux avaient une valeur incalculable, et il venait de perdre avec eux une grande partie de sa vie de colporteur et d’espion. Son esprit hésitait entre la consternation et la fureur. L’abattement finit par prendre le dessus et il s’abandonna sur le sol, assis, épuisé. Ces derniers mois n’avaient pas été de tout repos, les dernières informations ne l’enchantaient pas et il avait espéré trouver un peu de réconfort en rentrant chez lui.

Le soleil n’était pas encore à son zénith quand la faim le tarauda de nouveau. L’envie de manger était plus forte que son désarroi, mais sa volonté de préparer quoi que ce soit s’approchait du néant. « Si j’avais pris femme, je n’aurais pas besoin non plus de me préoccuper de la question ». Plusieurs années de solitude s’abattirent sur ses épaules et il dut constater contre toute attente qu’une présence féminine en ces lieux pouvait avoir tout un tas d’avantages pratiques. En attendant il lui faudrait continuer de subvenir seul à ses besoins et il dut se résoudre à allumer un feu. Même l’âtre avait été colonisé par une farandole de mousses folles et la fumée envahit un long moment la pièce avant qu’une quelconque flamme ne vienne lécher une brassée de branches et quelques buches rescapées de l’inondation.

Le ventre plein il se remit à réfléchir aux problèmes qui se posaient à lui. Il n’avait aucune envie de remettre les pieds à Pelargir. L’air marin et le grand large lui donnaient la nausée et il avait eu son quota de poissons et de fruits de mer pendant son précédent séjour. La seule vue d’un bateau lui mettait le cœur au bord des lèvres et s’engouffrer de nouveau dans une aventure digne des contes qu’il narrait ne l’enchantait pas plus. Son dernier face à face avec des sbires de la Couronne avait failli lui coûter la vie et il n’était pas pressé de relancer les paris. Avec toute la chance que lui avait octroyé Eru il était parvenu à rester en vie quelques semaines de plus le temps de glaner les informations qu’il cherchait puis il avait pris la tangente. Il avait pris soin de laisser un petit chapelet d’informateurs sur place contre quelques poignées de pièces mais il n’était pas certain que beaucoup fussent encore de ce monde. La Couronne avait eu la fâcheuse habitude de lui mettre des bâtons dans les roues et ses hommes de main n’étaient pas malhabiles. A défaut d’être réellement discret il avait du déployer des trésors d’intelligence pour circuler librement et continuer son travail d’espion sans risquer de finir au fond d’un canal ou avec un couteau en travers de la gorge. Il s’était arrangé pour que d’autres endossent ces rôles à sa place. Cela faisait partie des dégâts collatéraux…

Néanmoins sa position lui imposait de tenir rapidement au courant les personnes concernées. Les Peuples Libres étaient assurés d’avoir coupé la Tête qui portait la Couronne de Fer, même s’il était persuadé que la tête qu’on avait coupée ne contenait pas le cerveau de l’Ordre, mais il restait une ribambelle de trublions provinciaux. La Cité Blanche rutilait de miles feux sous le pavillon de la victoire alors que des cancrelats continuaient de grouiller dans les entrailles de Pelargir. Il espérait sincèrement qu’en transmettant l’information à ses supérieurs, ceux-ci se chargeraient d’envoyer une escouade de guerriers aguerris et endurcis pour faire la peau aux mécréants qui avaient usurpé les postes supérieurs dans la cité portuaire. Malheureusement un mauvais pressentiment lui intimait de ne pas se faire trop d’espoir  et d’envisager le pire. Il tenait entre ses doigts le papier que son messager du Sud lui avait transmis et il ne pouvait pas s’empêcher de penser que ce bout de parchemin s’apparentait assez avec un arrêt de mort.
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