Un âge insouciant

Après être sortit de la taverne, les deux amis marchèrent une trentaine de minutes dans la froideur de la soirée, le vent n'arrangeait pas la température. Les rues n'étaient pas vraiment éclairée, leur donnant une ambiance lugubre.
Le petit garçon se rappelait de son aventure avec le grimoire, la chute, le fossoyeur, la dame blessée. C'était comme un rêve. Il n'en avait parlé à personne, et même ses compagnons n'en parlait pas, même entre eux. C'était comme un sujet tabou.
En marchait, Hirlon expliqua son plan:

-Il faut un endroit proche de la grande porte....parc'que on peut vite se tirer en cas de pépin...C'est très importante, en dehors de minas tirith, on peut vite se cacher....mais dedans pas...t'as pas grand chose à faire. Si je dis flambeau, c'est qu'il faut se casser vite fait....Si on's'perd on se retrouve d'vant la grande porte. Sa roule?

Il se stoppa et regard un homme marché le long d'un murs. Il ne semblait pas très bien. Il devait avoir autour de la trentaine et n'avait aucune arme apparente. Hirlon ajouta, cette fois plus doucement:

-V'là la cible...t'est prêt....Ha oui j'te dit pépin, c'est que j'ai besoin d'aide...Rappel toi: flambeau et pépin...Tu te sent près?

Marach avait le trac et ne se sentait pas très bien à l’idée de commettre son premier méfait. Il avait imaginé un tout autre scénario pour débuter ce qu’il appelait « sa nouvelle vie ». Il avait toujours rêvé d’être un preux chevalier, de passer sa vie à sauver la veuve et l’orphelin, de rentrer dans l’armée et de servir le Roi Méphisto, de devenir un capitaine respecté de ses hommes …

Au lieu de cela, il fuyait, il cherchait à quitter la ville par tous les moyens. Les  évènements survenus cinq ans plus tôt, alors qu’il n’était qu’un enfant,  le hantait toujours plus. En quittant Minas Tirith, il espérait enfin se débarrasser de son cauchemar, d’oublier cette histoire, cette tombe maudite, le grimoire séculaire, les catacombes, la femme cadavre dont la voix résonnait toujours dans sa tête lorsqu’il se retrouvait seul dans le noir …. Mahelavâsta  et puis et surtout ce doute, ce doute horrible sur ce que lui et ses petits compagnons de l’époque avaient la sensation d’avoir peut être ... Non, il ne voulait plus penser à cela !

Il soupira tandis que Hirlon lui donnait les dernières indications concernant son plan … Hirlon … Il était là à l’époque, cinq ans plus tôt, dans les catacombes, il était déjà courageux, c’est lui qui s’étit saisi du grimoire dans la tombe d’Arzazath … Il savait Hirlon, surement ressentait-il les mêmes choses  que Marach car que faisait-il  d’autre que de fuir, lui aussi, la cité blanche ?

Marach se passa les mains sur le visage come pour faire disparaitre ces doutes et cette peur qui le tenaillait. Ces sentiments désagréables reviendraient bien vite de toute façon. Là , tout de suite, il devait se concentrer pour épauler son amis … Il se répéta mentalement les recommandations :

- Pépin … Ca craint – Flambeau … Au galop !!!

Puis il opina du chef en direction de Hirlon tandis que son coeur battait la chamade :

- Dac’, zé compris, t’inquiète, z’cours vite ! Z’suis prêt …

Il fallait se lancer, le type les avait déjà presque dépassé. Encore quelques pas et il disparaitrait dans une ou l’autre sombre ruelle …

Hirlon avait le traque, car contrairement à Marach, il savait ce qu'il risquait et il avait déjà vu ce qui se passait lorsque la cible était trop forte....En général, la milice n''intervenait pas. L'homme frappait violemment le petit et le laissait à terre. Et oui, c'était rare qu'un homme de grand cœur se promène dans les bas de la cité...Le jeune garçon déglutina, et s'élança, priant les Valars. Sa dague était prête à frappé si ça tournait mal. Hirlon voulait commencer sa nouvelle vie avec le plus d'argent possible, et il s'était toujours demandé ce que sa faisait de tuer et s'il en était capable...

Il poussa le passant aussi fort qu'il put, et fourra sa main dans le revers du lourd manteau, cherchant la bourse du malheureux. Il la trouva, mais l'homme ayant trop bu bascula en avant, emportant dans sa chute le petit voleur qui tenait la bourse entre ses doigts. Ils s'étalèrent de tout leur long sur le sol pavé.
Le choc sonna Hirlon qui dans un élan de lucidité ramena aussi vite que possible sa main, tenant la bourse, vers lui pour tenter de la mettre hors de vue de l'inconnu.
Ce dernier lâcha vraisemblablement fou de rage de s'être fait voler par un gamin:

-hey, p'tit, t'a ma....

Hirlon ne réfléchit pas.... Il dégaina sa dague aussi vite qu'il put et commença à abaisser son bras sur l'homme à moitié relever, visant le torse, la cible la plus facile à touché....
Sa lame allait atteindre le thorax....

Le pâle reflet de l'acier de la dague d'Hirlon se refléta un bref instant dans l'obscurité de la ruelle. Des cris étouffés suivirent, échos de la lutte qui venait de s'engager entre le jeune garçon et l'inconnu.
Marach se mit sa main devant la buche pour s'empêcher de crier tandis qu'il les vit chuter lourdement sur les dalles de pierres mal-jointes du sombre passage. Visiblement, les choses ne tournaient pas comme prévu mais aucun des deux mots codes indiqué par son camarade n'avaient été prononcés. Alors que faire !

Les secondes passèrent semblant des siècles pour Marach qui regardaient de tout côtés, s'attendant à voir débarquer quelqu'un à tout moment. Il lui fallait réagir, et vite ! Mais il ne bougeait pas, terrifié par la vue de la dague d'Hirlon et de ce que cela impliquait pour la suite si par malheur son ami venait à s'en servir.

Agresser et voler un inconnu était en soi répréhensible mais sans commune mesure avec les conséquences engendrées par un meurtre. Il devait empêcher ça …

Son regard fini par se poser sur un morceau de bois gisant au milieu d'autres débris accolés au reste de façade d'une masure depuis longtemps abandonnée.

Il réussi enfin à surmonter sa peur et à bouger. D'un bond, il attrapa le bout de bois et se précipita vers le lieu de lutte. En prenant soin de bien viser, il asséna un coup à la forme qui lui semblait être l'inconnu à la bourse bien remplie …

Il manqua sa cible, ce qui fut fort heureux car c'est le cri de douleur de Hirlon qui se répercuta sur les murs sales de la ruelle. Sous le choc, touché violemment, Marach vit Hirlon lâcher sa dague et se tordre de douleurs …

Le jeune garçon poussa un juron de dépit mais frappa à nouveau, directement sur le crane de l'inconnu dont les yeux se révulsèrent un instant avant de se fermer, tandis que son corps se faisait flasque.

Marach relâcha immédiatement le bâton et regarda son ''oeuvre'' avec dégout. Il s'écroula et colla son oreille sur le thorax de sa victime. Des mots décousues sortirent de sa bouche :

- Pas mort !!! Non .... Oui … Bat toujours, le coeur, oui …. Oui c'est bon ! Evanoui, juste dans les vaps, je l'entend, il bat le coeur … Par la barbe du grand Bourzouffe !!!

Il se releva pour s'enquérir d'Hirlon mais arrivé à mi chemin, il fit demi-tour pour retourner vers la victime et passer sa main dans la cape recouvrant le corps inerte. Il se saisit des cordons de la bourse et les arracha … Il était temps de fuir mais son ami était-il en état ?

Des bruits de pas, quelqu'un venait …

Marach se précipita vers Hirlon, toujours couché à terre se tenant son dos meurtrit par le coup malheureux de son camarade ...

- Hirlon, ça va ???? Ze m'excuse !! Dis ça vas ??? On vient !! Faut déguerpir !!!!

Il en était au main avec l'inconnu. Le jeune garçons voulait frapper avec sa dague. Il avait commencer le mouvement. Ses yeux se fermèrent pour ne pas voir la blessure qu'il allait causé. Dans son esprit la peur avait prit le dessus sur tout raisonnements censé. Il était redevenu animal.
Un choc! Il rouvrit les yeux et se sentit vaciller en avant pour s'étaler dans un cris aiguë sur le sol pavé. Il lâcha son arme dans sa chute, et roulant sur le dos, en amenant ses mains sur son flanc. Des larmes coulaient de douleur. Il releva une de ses mains et fut terrifie à la vue du liquide rouge, pâteux qui en sortait. Il marmonna, essayant de se contrôler:

-T'aurais pas pu faire 'ttention Marach?

Hirlon vit alors son ami abattre la massue improvisée sur le crâne de l'inconnu. Un bruit sourd perça l'aire. Le garçon eut un hochait d'horreur. Se pouvait-il que Maracha avait tué un homme de sang froid?
Il chercha des yeux sa dague, sa seul arme. Il y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Il avait entendu assez d'histoire pour savoir que dans la nature seul une bonne arme pouvait te sauver.
Une fois récupérée, en rampant, il entendu la voix de Marach. Il répondit en se mettant sur pied. Le visage grimaçant:

-Mouais....T'sais frappé Marach...Viens, on s'casse vite fait!

Il essaya de marcher deux pas, mais faillit basculer en avant. Son compagnon accourut pour le soutenir. Hirlon lança un regard de remerciement à Marach. Le duo s'éloignait, un soutenant l'autre, comme de vieux amis....

Les ''clacs clacs'' bien ordonnés se rapprochaient dangereusement et semblaient sassez nombreux. Inutile d'être fin stratège pour deviner qu'il s'agissait d'une patrouille … Peut être une dizaine d'hommes …

Lorsque Hirlon donna confirmation que l'inconnu qu'ils avaient agressé respirait encore, Marach poussa un long soupir de soulagement. Il devait se contenter de sa conclusion, bien qu'elle ne paraisse pas très reluisante, il n'était qu'un simple agresseur, un voleur de grands chemins et point un meurtrier …

Il se saisit de son ami pour l'aider à marcher et les deux garçons s'éloignèrent de leur victime, empruntant une ruelle sombre dès qu'il le purent. La milice prendrait en charge l'inconnu gisant sur le trottoir, bien qu'allégé de sa bourse, il serait sauvé …

Marach transpirait et soufflait tandis que Hirlon s'accrochait à lui. Il faisait son poids le bougre ... Ils n'iraient pas loin comme ça ! Il fit soudain ne proposition :

- Hirl', tu perds beaucoup de sang, sans compter que t'es vachement lourd ! Z'en peux plus là moi … Ecoutes, on est tout près de la grande porte. C'est la que réside Nogard et … Kalista ! On devrait aller la voir ! Elle saurait surement nous arranger ça tu crois pas ?

Kalista … Depuis les ''Evenements'' il ne l'avait que très peu vu. Elle si courageuse dans la tombe … Dans les catacombes, cinq ans plus tôt. Son père, Le sèvère capitaine Nogard lui avait interdit de fréquenter le reste de la bande. Elle s'y était tenue plus ou moins. Ils s'étaient revus à trois reprise mais là, plus de nouvelles depuis près d'un an …

- Alors qu'est t'en penses Hirlon, on tente le coup ? Elle va pas nous jeter tout de même ! Faut juste prier que son père soit pas là …

Arrivé qu but d'une énième ruelle, les résidence des gradés de la police de Minas Tirith, à proximité de la grande porte, s'élevèrent devant les yeux des deux garçons. Il fallait prendre une décision : Continuer tout droit pour atteindre la demeure de leur amie – Bifurquer à gauche et tenter de passer la grande porte malgré l'état préoccupant de Hirlon … Marach, sentant son compagnon hésitant, réitéra sa question :

- Bon Hirlon t'as perdu ta langue ? On fait quoi ? Z'y va ou z'y va pas ?

Kalista, oui, elle pouvait les sauver. Hirlon se rappelait d'elle. C'était la seul à avoir été presque calme durant toute leur aventure dans le cimetière. Elle devait tenir de son père, le capitaine Noglard. Ce dernier lui avait interdit de voir Hirlon, Marach et les autres. La jeune fille avait désobéit quelques fois, mais sa faisait presque une année leur dernière rencontres. Le jeune garçon ne pouvait en vouloir au capitaine. Il voulait le bien de sa fille et il était évident que lui et ses amis n'étaient pas les personnes les plus fréquentable.
Hirlon resta inerte quelques secondes gêné par le regard des lieutenants, sergent de l'armée. Certains échangèrent des murmures, d'autre pas. Les deux garçons venaient passé pour des petits bandits. Ce qu'ils étaient à moitié. Il finit par lâcher, le regard devant soin sûr de lui:

-Kalista se rappel de nous tu penses? Sa fait pas mal de temps qu'on s'est plus vu....Mais ouais faut pas traîner, on y va!!!

Il fit un pas en avant, suivit de Marach. le duo était en marche. Hirlon avait de la peine à garder sa main contre sa plaie, mais avait trop pur de l'enlever. Lorsqu'il baissait les yeux, il voyait une tâche rougeâtre autour de sa main.
la peur qui était en lui devenait de plus en plus forte. Allait-il mourir? Il ne voulait pas mourir si jeune, et même vieux il ne le voudra. Il devait se concentrer pour aider au maximum Marach dans leur marche, puis quand ils seront chez Kalista, ils auront de quoi soigner Hirlon.
Il poussa un soupir en passant devant un couple qui les regarda avec dédain. la femme montra du doigt le plus vieux des deux et murmura une remarque qui fit rire son maris. Hirlon aurait voulut leur dire quelque chose de vraiment cassant pour leur clouer le bec une fois pour toute, mais rien ne vint et il resta muet.

Après plusieurs mètres alors qu'ils arrivaient en vu de la maison de la jeune fille, Hirlon dit:

-Pourvu que son père soit pas là....Il nous r'mttrait à la milice et à l'aube on pendra à une corde....Pourvu qu'il soit en service...

Après quelques minutes de réflexion, il ajouta:

-Laisse-moi là, j'me cacherai quand t'ira frappé, comme sa si c'est Noglard, il te verra toi...et pas moi....On évitera ainsi qu'il pose trop de question....T'en dit quoi?

La haute maison de pierres blanches ne se trouvait plus qu'à quelques mètres des deux garçons.
Marach accueillit favorablement la proposition de son compagnon :

- T'as raison Hirl', on va déza voir comment le truc se présente. Si Nogard est là, on est mort !!! Vaut mieux y'aller doucement …

Le garçon s'interrompit apercevant une haie touffue :

- Tiens viens …

Voyant son compagnon grimacer tandis qu'il le cachait à l'abri derrière la haie :

- Doucement Hirl', là voilà ... Tu seras bien ici. Ze fait le plus vite possible. Prie les Valar que le capitaine soit loin d'ici …

Il se força à sourire mais le coeur n'y était pas. L'état de son ami le préoccupait beaucoup et leur départ vers d'autres horizons se faisait pour le moins chaotique …
S'assurant une dernière fois que Hirlon soit bien installé, il s'écarta de lui pour se diriger vers la maison de Nogard.

Il franchit la grille, restée ouverte et s'avança prudemment. Il bifurqua, délaissant la porte pour se diriger vers une large fenêtre sur laquelle il colla son nez. Pas de lumière … Ma foi il était assez tard, rien d'étonnant à cela. Il aurait toutefois préféré le contraire …

Il abandonna la fenêtre, repassa devant la porte sans s'y arrêter et essaya la petite fenêtre présente de l'autre côté. Toujours ce noir profond :

- Bon sang, sont d'jà couchés les Nogard ?

C'est au moment où il décolla son nez du carreaux froid qu'il vit une lueur lointaine. Il recolla immédiatement son nez et écarquilla les yeux. La lueur tendait à se rapprocher … Oui, il pouvait à présent distinguer nettement trois bougies. Quelques instants plus tard, c'est carrément le visage de Kalista que le hâlo lumineux éclairait.

Il faillit crier mais plaça sa main devant sa bouche pour l'éviter tandis que le halo lumineux s'approchait encore. Il ne se trouvait plus qu'à deux mètres de lui … Il pouvait même apercevoir les doigts graciles de son ancienne amie tenir le chandelier.

- Aïe aïe aïe qu'est ce que ze fait maintenant … Non va pas nous zeter, c'est sur, hirl' et moi n'est ses potes quand même ! Des amis c'est pour la vie parait … Oui pour la vie !

Il rassembla tout son courage et encourager par sa dernière pensée, il frappa trois petits coups sur le carreau ...

Kalista fut rassurée lorsqu'elle entendit frapper au carreau. Il lui semblait bien avoir entendu du bruit dehors, et elle aurait juré avoir aperçu une silhouette derrière la fenêtre. Si c'était un voleur ou qui que ce soit de mal intentionné, il n'aurait jamais frappé au carreau. Elle l'espérait, du moins... S'approchant, elle remarqua que l'étrange visiteur s'était décalé vers la porte, à présent. Voilà qui n'était plus si rassurant...
Prudente - c'était une Nogard tout de même, elle avait certes passé sa vie à désobéir à la moitié des recommandations de son père, mais elle se souvenait de l'autre moitié - elle regarda d'abord sans grand succès par la fente de la porte. Son visiteur n'avait pas l'air d'un brigand, mais elle ne pouvait voir son visage. Cependant, elle décida de tenter le coup, et entr'ouvrit la porte pour voir à qui elle avait à faire, ce qui lui arracha un cri de surprise.

"Marach !?"

Elle ouvrit alors grand la porte sur son ancien compagnon de jeu qu'elle n'avait plus revu depuis longtemps. Sans doute allait-elle le prendre dans ses bras, comme on accueille un ami qu'on a plus vu depuis longtemps. Mais non, bien sûr que non, elle ne bougea pas, elle avait un chandelier en main, après tout. La lumière des bougies éclarait son joli visage. Kalista devait avoir dix-huit ans à présent, et elle était devenue une belle jeune fille. Cependant, quelques cernes sous ses yeux ne faisaient pas leur plus bel effet, elle avait l'air fatiguée en fait. Mais sa voix, par rapport à il y avait cinq ans, avait gagné un certain accent charmant, même lorsqu'elle dit :

"Tu es fou ? Tu ne devrais pas être ici ! Va t-en..."

Mais lorsqu'e à ces paroles elleperçu une lueur d'effroi dans les yeux de Marach, il ne soutint pas son regard et ferma ses paupières en reprenant son souffle. Elle murmura :

"Excuse-moi Marach, je suis un peu nerveuse. Je ne dors pas très bien ces derniers temps... Ce n'est pas ce que je voulais dire, je ne voulais pas te chasser, mais papa risque de rentrer à tout moment. Que veux-tu ? Parle. Vite !"

#Kallista

Le jeune homme eut un mouvement de recul face à l’expression courroucée de son ancienne amie. Il ne s’attendait certes pas à être accueillit à bras ouvert après plus d‘une année sans le moindre contact, sans compter l’heure très tardive. Il y avait de quoi se faire envoyer balader sur les roses …

Toutefois, Marach fût soulagé lorsque le visage de Kalista se fît moins dur, et les intonations de sa voix soudain moins virulentes. Il bredouilla :

- Ze … Hem … Heu … Fin … Nan mais ze te comprends, pour une surprise … Bah … Hem … Ca va toi ? Ze … Fin, toutes mes confuses hein Kali’ … T’as drôlement hem … Grandie et heu … Comment dire … Fin, vachement embellie aussi … Ben ça oui, on peut le dire, t’es heu … Hem … très Zo … Zolie …

Il se tordait les mains, il se sentait complètement stupide devant la belle jeune fille qu’était devenue Kalista. C’eut été la pleine journée, sous la lumière du soleil, son amie aurait certainement remarqué le teint rouge pivoine dont le visage de Marach s’était affublé. Il reprit non sans mal :

- Ha ton … Capitaine, fin … Père… L’est pas là alors !! Coute heu … Z’suis pas seul en fait ! Non , non … Surprise numéro deux !! Ze te laisse pas deviner, non non, n’a pas l’emps ! Fin … Coute Kali’, n’a un lézer problème … C’est Hirl’, fin Hirlon … Tu sais ? Mais siiii ! Hirlon !! L’a une blessure !!! Ho mais non, toute petite hein ! Pooooouh, trois fois rien Ha ha ha … Tu l’connais, touzours à faire le zouave ! Sacré Hirl’ !! …

Le ton rieur de Marach ne possédait pas moins quelques accents peu naturels …

- Ze … Hem … T’sé, zem’ disais, s’rait cool de faire ‘’d’une pierre deux coups’’, on arranze le truc à Hirlon … Bah pas grand-chose hein … on nettoie, on pansemante, un p‘tit bandaze et voilà … pis du coup, hop ! On s’discute le coup avec c’te bonne vieille Kali’, vu qu’on est tout près d’sa maison et que ça fait un bail qu’on l’a pas vue …

Il marqua une pause avant de relancer :

- Donc valà ..... valà valà ... ze ... Fin valà quoi ... Cest toi qui dis ... C'est comme tu veux ... Hem ... C'est pas urzent, urzent pour Hirl' mais fin bon ... Un peu quand même ... S'rait cool de ta part si tu l'dépannais .......... Ouais ... Si ........ Vraiment cool ........

Le petit Hirlon sentait les branches de la haies lui chatouiller le dos à travers sa tunique autrefois blanche, mais à présent tâchée de sang. Il savait une chose c'est qu'une fois sa plaie bandée, il lui faudrait trouver un nouvel haut. Il ne voulait pas se faire dévisager par chaque passant devant son habit couleur sang. C'était le meilleur moyen à voir la milice rappliquer vite fait et bien fait.
Il grimaça entendant les premières paroles de Kalistas. Ce n'était pas bien partit. Il leva les yeux au ciel et pria les Valars pour que la situation tourne.
Elle tourne légèrement. La jeune fille était redevenue plus douce.

Hirlon décida d'apparaître à la fin du discours de son camarade. Il espérait que Kalista ne poserait pas trop de question sur l'origine de la blessure. Il avança donc vers ses deux amis, tâchant de cacher le mieux qu'il put son léger handicap. Il lâcha éblouit par la beauté de la jeune fille:

-Ben le bonsoir, Kali'....Sa va? J'voulais m'excuser, j'ai fait le pitre pi vlan...mon flanc tout raboter....

Il baissa les yeux en disant:

-En tout cas tu as beaucoup changé....mais en bien, t'inquiète.

Il releva la tête avec un sourire. Il attendait une réponse de son ami. Au fond de lui, il était encore à l'admirer et priait pour qu'elle ne s'en rende pas compte.
Il avala sa salive et ajouta peu sûr de lui:

-Ouais. il me faudrait juste un peu d'eau pour nettoyer rapidos....la plaie....et un bandage ou n'importe quoi pour la protéger un peu...tu vois le genre quoi?!....On t'embêtera pas trop longtemps....promis....

#Hirlon

Kalista ne prêta même pas attention aux allusions de Marach sur ses "changements", mais elle fit une moue perplexe quant à ses explications. Elle avait du mal à croire à coire ce que son ancien compagnon de jeu pensait ce qu'il disait et il le fit savoir :


"Bien sûr... d'un pierre deux coup, hein. Cette chère Kali' qui est là pour réparer vos bêtises, mais c'est surtout pour prendre des nouvelles qu'on vient, n'est-ce pas..."

Un court instant passa, pourtant il parut comme une éternit, avant que Kalista ne reprenne la parole, sa voix s'étant adoucie.

"Oh, ce n'est pas ce que je voulais dire, Marach, tu le sais bien, je suis juste un peu sur les nerfs, je réagis bizarrement, désolé." fit-elle tout en réprimant un baillement qui devait venir ud fond du coeur à en voir son état de fatigue. Elle aperçut alors le deuxième garçon qui vint rejoindre Marach devant la porte.

"Ah, salut Hirlon. Bon, entrez, ne restez pas dehors..."

Kalista s'affaira alors pour chercher ce dont elle avait besoin. En effet, la blessure ne semblait pas trop grave, elle devrait pouvoir s'en occuper, se dit-il en trouvant enfin une bouteille d'alcool concentré pour désinfecter.

"Bon, et si pendant ce temps vous m'expliquiez dans quelles affaires louches vous vous êtes fourrés ces derniers temps ?"

Les paroles de Kalista était pleine de sous-entendu qui déplurent un peu à Hirlon. D'un autre côté, elle n'avait pas si faux et c'était cela qui l'énervait le plus. Jamais depuis une année il n'avait eut l'idée de passer voir son ancienne amie et il le regrettait car à présent elle était presque une inconnue à ses yeux.

Au final, elle les invita à entrer et alla chercher de quoi panser Hirlon et de quoi nettoyer la plaie. Cette dernière commençait à saigner de moins en moins, rassurant le gaçon. Il vit son amie épongé la blessure avec un tissu trempé. Il serra les dents sous la brûlure du soin. Puis e plus dur vint: l'alcool pur. Il ferma les pendant qu'elle l'appliquait à l'aide d'un chiffon. Retenant un cri, il serra les dents....
Puis ce fut passé.
Bientôt, un pansement propre recouvrit sa plaie. Il souffla et se sentit tout de suite moins tendu. A présent il se sentait guéris, même s'il sentait encore sa blessure dans certain mouvement, il se sentait en réalité soulager. Le simple fait d'avoir bandé la blessure, avait apaisé le stress qu'elle occasionnait de part la peur de la mort.
Il remercia son amie avec un large sourire:

-Merci....beaucoup, Kalista.....Ben...heu...'Vec Marach, on veut quitter Minas Tirith pour un p'tit moment....Pi vu qu'on avait pas vraiment beaucoup de pièce pour notre voyage....ben...j'ai ....heu....convaincu Marach de m'assister dans....une sorte de vol....d'un ivrogne qui mériterait la prison, j'te rassure....Je vole pas les honnêtes gens....

Il se tut soudain, et pâlit. Il demanda avec une tinte de peur dans la voix:

-Tu vas pas le dire à ton père, heins? Parce que autrement d'ici l'aube je me balancerait au bout d'une corde....Tu vas pas dire, heins????

Le halo lumineux diffusé par les petites flammes dansantes des bougies donnait une couleur miel aux yeux de Kalista. Il était assez surprenant de voir à quelle  vitesse ceux-ci changeaient d’expression. Si, par instant, ils se faisaient aimable, voire même rieur, ils pouvaient changer d’une seconde à l’autre pour devenir aussi  sévères et pénétrant que des lames affilées.

Cependant, il y eut un ouf de soulagement de la part des deux garçons lorsque leur ancienne amie accepta de les laisser entrer. Ils pénétrèrent donc dans un étroit vestibule et dépassèrent plusieurs portes avant de déboucher dans une large salle aux murs peint de blanc dont l’un était recouvert d’une lourde tapisserie représentant la cité blanche.

Marach qui aidait Hirlon à se déplacer le déposa sur la première chaise en vue et s’écroula dans le canapé tout proche. Tandis que Kalista s’occupait de soigner la blessure de son ami, il fit glisser sa main dans un pli de sa cape et tâta la bourse qu’il avait, une heure plus tôt, arraché à l’inconnu.
Il attendit que la jeune fille s’absente pour aller chercher de l’eau avant de la sortir et d’y jeter un coup d’œil. Fébrile, il défit les cordons et plongea son regard dans la petite poche. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il devina les pièces d'or. Il y en avait bien une vingtaine, une véritable petite fortune !

C'est satisfait qu'il replaça vivement la bourse dans sa poche tandis que Kalista revenait avec tout le nécessaire pour soigner Hirlon. Il regarda du coin de l'oeil son amie baigner la large plaie que son coup de bâton malheureux avait occasionné. Il n'y était pas allé de main morte … Pauvre Hirlon !

C'est finalement au moment où Kalista en terminait avec les soins que Marach entendit son copain, à présent soulagé et en confiance, s'ouvrir à la jeune fille en avouant le méfait qu'ils avaient perpétré durant l'heure précédente …

* Mais qu'est ce qu'il lui prend !! Il est fou !! *

C'est la première pensée qui vint à l'esprit de Marach qui gêné, s'enfonça un peu plus profondément dans son siège …

Citation :

-Tu vas pas le dire à ton père, heins? Parce que autrement d'ici l'aube je me balancerait au bout d'une corde....Tu vas pas dire, heins????

Il était bien temps de penser à cela maintenant ! Il ne restait effectivement plus qu'à prier que Kalista ne soit pas aussi bavarde que Hirlon '' langue pendue''.

Marach n'osait plus regarder Kalista se contentant de laisser ses yeux divaguer sur la tapisserie colorée représentant la ville. En cet instant, il aurait voulu être ailleurs, loin, aussi loin que possible de cette maison, la maison du chef de la police de Minas Tirith.

Il finit par poser son regard, devenu noir, sur Hirlon en fronçant les sourcils pour bien lui faire comprendre qu'il désapprouvait totalement son manque de discrétion. Après quelques instants finalement, il trouva le courage d'affronter le regard de Kalista cherchant à sonder ses pensées …

Qu'allait-elle penser d'eux ? Quelle allait être sa réaction ?