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 [Fief de Limeclaire]Nu I tasar

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Isilo
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[Fief de Limeclaire]Nu I tasar EmptyMar 20 Avr 2010 - 23:27
''Nu I tasar''

''Sous le saule...''


L'air était chaud, le soleil agréable. Ce jour-là, Isilo se surprit en train de sourire. Était-ce le soleil qui le dardait de ses rayons ou le vent qui faisait valser les hautes herbes qui se dressaient sur son fief? Qu'est-ce qui pouvait être encore plus étrange qu'un Elfe dépressif? Peut-être un dépressif qui sourit à cause du soleil...

Malgré la chaleur ambiante, le grand saule offrait au jeune Noldo un brin de fraîcheur. C'était un grand arbre, fort et imposant. Beaucoup de branches avaient tombées depuis le tout début, pourtant, l'être végétal s'avérait être un abri pour le seigneur qui en profitait abondemment.

Après le confort, vint la solitude. Il s'était écoulé des mois depuis la dernière visite au fief. Isilo était laissé à lui même, sans personne sur qui compter. En fait, il s'en moquait bien, finalement. Il savait très bien qu'il allait finir sa vie seul, ici. Malgré tout, il aimait bien ses terres...Pas vraiment le choix, c'était tout ce qui lui restait.

Ensuite ce fut la surprise. Un bruit, un léger claquement lointain. Isilo l'avait ignoré jusqu'à maintenant, mais le son devint trop évident pour son ouie exceptionnelle. Des pas...non...des sabots. Oui, il s'agissait de sabots au galop. Le seigneur ne bougea toujours pas. Comme d'habitude, il ne faisait aucun geste inutile...à quoi bon?

C'était un cavalier Elfe. À première vue, il venait de Fondcombe. Sa tunique lui rappelant celle de son defunt père, Isilo ne se montra donc pas méfiant. L'homme ne semblait pas armé aussi. Isilo se leva, et, par politesse, s'avança vers son soudain visiteur. Il inclina son corps vers l'avant, le saluant.

''Qu'est-ce qui vous amène sur mon domaine, noble voyageur?''

Suite à ces paroles, le cavalier mit pied au sol. Il s'inclina également, révélant un un respect indéniable à la prestance d'Isilo.


''Fondcombe m'envoie. La grande cité implore votre aide. J'ai voyagé une semaine pour me rendre à vous''


Isilo ne comprenait rien. Pourquoi Fondcombe avait-elle besoin de lui? Il n'avait pas mit les pieds là-bas depuis au moins une bonne dizaine d'années et n'entretenait même plus de lien avec cette dernière. Certes, c'était fort étrange, mais si les autorités Noldo avaient envoyées des unités chercher des gens à des distances aussi impressionnantes, il y avait sûrement quelque chose d'urgent. Quelque chose qui avait avoir avec la guerre, pour sûr.

''Je tiens à remercier votre venue. Vous avez été fort brave et j'aimerais vous offrir une partie de mes biens. Nous repartirons demain matin.''

#Isilo
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[Fief de Limeclaire]Nu I tasar EmptyDim 22 Mai 2016 - 1:22
Journal d'un Enfant d'Arda



    L'impermanence d'Arda n'était pas un phénomène si facile à accepter même pour un Immortel ayant été témoin de la dégradation du monde autour de lui, de la matière qui s'éffrite et des sons qui perdent de leur brillance pour se mêler à la poussière. Cette âme, bien qu'elle soit aussi éphémère que l'immense toile de cristal à laquelle elle était liée, aurait décidément besoin de plus de deux siècles pour assumer sa vraie nature et habiter le corps, aussi pur soit-il, qui la contraignait et lui imposait l'incompréhensible épreuve de l'incarnation. La brillance de cette poussière d'étoile était encore trop fade pour que la conscience de ce pauvre Noldo puisse s'élever au niveau de même un écho de la volonté d'Eru. Ainsi, c'était ce voile irréel et opaque entre Isilo et la conscience de sa véritable raison d'être, qui, de temps à autre, le tourmentait, tel des buissons épineux qui refusaient l'entrée à une clairière. Tourmenté Isilo était, distrait par ce qu'il appelait parfois ''la sagesse'', mais qui n'était en fait qu'une bourrasque de son intellect alimentée par des connaissances qui s'accumulaient sur trop de saisons. Alors, ce qui pourrait être pour un Homme ou un Nain une série de révélations sacrées, tel des mots que l'on boit de la bouche d'un oracle, n'était pour Isilo qu'un monticule de sédiments, qui étaient tombés des pas de Manwë sur la Voûte Céleste, l'érodant, et où s'étaient formé des agrégats de choses que l'on sait. De paroles que l'on a jadis entendues. La connaissance d'Isilo était donc ainsi: vaste et profonde et abondants pouvaient être ses discours. Toutefois, l'érudit ne put jamais échapper les lois du monde qui régissaient tout ce qui le fascinait et inondait d'amertume ce qu'il ne pouvait oublier: son âme n'était pas en paix et cette sagesse n'aurait su y changer quoi que ce soit. Tel était le sens des conclusions que tiraient les grands Esprits qui l'observaient, furent-ils appelés par quelque vénérable nom soit-il, et qui, comme de précisément toute chose qui existaient, ne retiraient jamais leur oeil bienfaiteur.Donc Isilo s'adonnait à poser un pas devant l'autre, cet après-midi là.

    C'était beaucoup faire déjà. Il s'agissait de beaucoup de forces de la nature mises en branle pour que ce miracle soit possible et se réalise devant la nature curieuse qui l'observait, qui l'imitait. Ou était-ce Isilo qui reproduisait une danse qu'il avait apprise jadis ? Un pas devant l'autre, en soulevant le pied, en déséquilibrant sa verticalité, comme ne le ferait jamais une montagne pour un aveugle ou un ignare, et déposant à nouveau les racines de son corps sur un autre trente centimètre de sol herbeux. Le grand Elfe avait laissé ses livres dans sa bibliothèque de manière à faire suffisamment d'espace dans ses yeux pour voir le mouvement de l'herbe et des ombres qui les poursuivaient dans leur fuite interminable dos au vent. Il se rappelait des mots de sa mère qui lui avait enseigné à écouter la voix du silence et les murmures des choses-que-l'on-ne-dit-pas. Isilo se rappelait que dans un instant de silence les Valars parlaient sans faire taire les ancêtres et même, tout ce qui parlait encore. Un autre pas devant. Silence. La paix de son fief était, pour lui, porteuse d'une vérité bien trop nouvelle et étrangère aux êtres avec qui il partageait sa vie. Ce jour là, Isilo arrivait à avoir une impression de fait accompli. Il se rendait compte, il aperçevait au loin, dans le vide, que tout était exactement comment cela se devait d'être. Que les guerres, les cris, le fer brûlant, la cendre étouffante et la souffrance voulaient exister eux aussi. Et, que les Valars avaient invraisembablement donné à ces choses, dans leur amour, le droit d'exister. Quel était le rôle de cet homme dans le déroulement des événements frénétiques qui avaient ponctué les âges de sa vie ? Quel devait être la teneur de sa présence au sein de la matière qui l'entourait, comment allait-elle se mélanger, à présent, à celles des créatures de ce monde qui se livraient entre eux à l'ignorance cruelle et violente ? Dans la simplicité de son existence, dans la vraisemblance de son corps qui vivait et qui allait un jour s'affaisser, quels seraient les mots que ce dernier devrait prononcer ? Comment allait-il être un Elfe pour les Elfes et un guide pour les autres ? Comment allait-il se guider lui-même alors que sa mère, ça, elle, ne lui avait pas enseigner. Il avait peur parfois. Il avait peur en ce moment.

    Puis, il fit un autre pas en avant. Il sourit.  

    Mae govannen, Arda.
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[Fief de Limeclaire]Nu I tasar EmptyVen 1 Juil 2016 - 17:16
  • Il est dit que celui qui pense être distinct de tout ce qu’il n’est pas et voué à la souffrance éternelle et au sort le plus triste qui soit. Que celui qui regarde les gouttes de pluie comme des étrangères qui ne le connaissent pas ne peut prétendre reconnaître les Voies du Monde lorsqu’elles se présentent devant lui, car il est si aveugle qu’il croit être différent de l’eau en suspension, du ciel qui la maintient en l’air et de la terre qui l’accueille en son sein. Que celui qui croit que la misère des êtres qu’il a un jour haït n’est pas sa misère est perdu dans l’interminable cercle de l’obscurité qui mène à la perdition, car triste est la destinée d’un homme ou d’une femme qui cause du malheur à ses pairs en croyant ne pas s’en causer à lui-même. Ainsi, triste est la courte existence de celui qui pense que la colère n’est pas un poison que l’on s’administre à soi-même en pensant que l’autre ingère. Il est dit que celui dont l’esprit est malade et réaffirme toutes ces choses est voué, donc, à la souffrance éternelle. Tel est la nature d’Eru Iluvatar et de toutes choses.

    Alors donc, l’amitié entre un Premier-Né et un Thoron est-elle si improbable et comment expliquer que cette dernière soit si rare ? Peut-être parce que, un jour, un Elfe ou un Aigle a oublié que sans les Aigles les Elfes n’existeraient pas et qu’il ne peut y avoir d’Aigle sans Elfe. Certes, voici la nature d’Eru Iluvatar qui fait les choses dans l’interdépendance et qui, subtilement, tisse une toile infinie entre les choses qui volent, qui marchent et qui rampent.
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[Fief de Limeclaire]Nu I tasar EmptyLun 4 Juil 2016 - 17:09

    La mère dit d’une voix ferme:

     Mes enfants, écoutez la voie de la contemplation de la famille. Et les enfants écoutèrent la voie de la contemplation de la famille.

    Dans le grand pré qui faisait sa révérence à la chaîne de cols acérés qui gardaient la splendeur estivale du fief de Limeclaire, ils formaient un demi-cercle avec les créatures à pattes et celles à racines qui s’étaient jointes à l’audience. Les esprits des bois et ceux des vallées environnantes s’étaient également rassemblées en ce jour spécial, curieux.

    - Mes enfants, la contemplation de la famille révèle que l’existence des parents continue à travers de leurs enfants. La contemplation de la famille révèle l’immortalité.

    Isilo avait souvent remarqué que son petit frère était le portrait tout craché de son père et que lui-même ressemblait plutôt à sa mère. Souvent, par contre, il avait voulu s’opposer à la volonté de ceux-ci, refusant d’être ce que ses parents avaient été, dans la fougue de son adolescence où il prônait des valeurs plus modernes. En effet, il s’avérait que le modèle parental avait été pour lui souvent un symbole d’autorité totalitaire ou de tradition trop rigide. Désormais, il comprenait dans la méditation que la conscience de sa mère s’étendait jusque dans la sienne où elle vivrait même après que le corps périsse. Ainsi donc, il n’y avait plus vraiment de bien et de mal et les concepts idéologiques s’évanouissaient comme poussière dans le vent, mais la connaissance longuement gardé par tous ses ancêtres, elle, perdurerait. L’humilité et la gratitude étaient la clé de ce savoir.

    - Mes enfants, la contemplation de la famille révèle le respect de ses relations et de toutes choses. La contemplation de la famille révèle l’interdépendance.

    Isilo avait souvent vu comment sa mère traitait les petits plants de légumes que le clan familial avait en serre et ceux du jardin, aussi. Quelques fois, il avait vu que sa mère leur parlait comme à des enfants en les caressant et il avait aussi semblé que ces plantes se mouvaient selon sa volonté. Lors de ces occasions, le jeune Isilo avait pu sentir de la jalousie, car il aurait voulu que la femme qui lui avait donné la vie lui consacre ce temps qu’elle passait les deux pieds nus accroupie, les mains noires de terre. Désormais, Isilo comprenait que le temps passé avec ces végétaux était aussi du temps passé avec lui, que, comme lui, ces plantes grandissaient et demandaient le même amour que lui. Si elles croissaient dans la paix, il en ferait autant, car cette paix serait diffuse et interdépendante. L’humilité et la gratitude étaient la clé de ce savoir.

    - Mes enfants, la contemplation de la famille révèle la nature d’Eru Iluvatar. La contemplation de la famille révèle le vide infini, sans forme ni dessein.

    Pour Isilo, cette dernière phrase n’avait rien de clair et, à vrai dire, il n’y comprenait rien. Le vide était pour lui quelque chose de troublant, qui pouvait s’emparer de ses rêves la nuit et l’entraîner l’abîme où, justement, il sentait devenait à jamais arraché à sa famille. Ainsi, le calme avec lequel sa mère parlait de cette dernière contemplation avait quelque chose de déconcertant. Mais, quelque chose dans la lumière des yeux de sa mère lui disait qu’elle avait raison. L'humilité et la gratitude étaient la clé de ce savoir.


Dernière édition par Isilo le Dim 14 Aoû 2016 - 2:54, édité 3 fois
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[Fief de Limeclaire]Nu I tasar EmptyDim 14 Aoû 2016 - 2:50

  • La découverte du mal

    Le jeune apprenti se souvenait clairement des mises en gardes de ses tuteurs quant à la voie maléfique, celle où errent les rejetons de la haine et du sang, ce lieu sinistre et septentrional où les créatures les plus pures sont gratuitement torturées dans des donjons et où la lumière du jour est avalée par une mer de fumée charbonneuse avant de pouvoir prendre son premier souffle à l’aube. Il se souvenait de Morgoth et de Sauron. On lui avait parlé des histoires où la terre des Peuples Libres et toutes ses merveilles avaient été emportées dans les flammes draconiennes et l’abîme qui ne porte pas de nom. Maintes fois, le petit Noldo, qui avait maintenant atteint l’adolescence, fut absorbé par les récits de ses maîtres qui parlaient de la décadence du peuple des Hommes et des Orques, des guerres qui ont déchiré leurs peuples, mais aussi de ces Elfes avares, orgueilleux et froids, qui avaient mené les leurs vers la perte, ainsi que tous leurs empires. Isilo se souvenait de ces choses.

    Il s’en souvenait ou, plutôt, il se souvenait des pages qui les relataient et de l’expression sur le visage des gens qui lui en avaient parlées. Cependant, il était trop jeune pour avoir connu les grandes crises, les armées entières tomber et la paix de sa demeure à jamais déchirée par l’envahisseur. Il n’avait pas vu, entendu et senti dans tout son corps le cri d’une mère désespérée ou le brasier saisir sa liberté et son petit confort quotidien. On le disait très intelligent, par conséquent ce n’était pas difficile pour lui de comprendre ces concepts et de les expliquer à quelqu’un d’autre. Or, Isilo trouvait qu’il n’arrivait pas à le faire avec autant de crédibilité que ses maîtres et, après un certain temps, il confina cette aptitude à la sphère des ‘’chose que font les vieilles personnes’’ et abandonna tout simplement l’idée de raconter quelque conte d’antan soit-il. Même, connaissant la pureté de son peuple et leur aisance à rester sur le chemin que leur avaient indiqué les bons Valar, il se crut, pendant longtemps, immunisé à toute forme de malheur.

    Un jour, à l’âge où la seule qu’il connaissait était celle que ses parents lui avaient transmise, il sortit marcher dans les bois qui gardaient l’intimité du fief familial. Les éléments étaient cléments avec l’après-midi, qui lui, en retour, se montrait sous son meilleur jour et rendait la promenade en forêt particulièrement agréable. Comme à son habitude, Isilo pouvait laisser libre cours à son imagination et voguait librement sous l’œil vigilant des grands chênes, des pins et des autres esprits de  la forêt qui avaient fait le pacte de veiller sur les enfants d’Eru. Toujours, le jeune Noldo avait senti en ces lieux une présence réconfortante à laquelle il attribuait la bonté de ses parents et des siens, qui l’avaient toujours encouragé à passer beaucoup de temps en territoire sylvestre. Le bon côté de ces jeunes années était que ni la science, ni la spiritualité, ni la magie n’avaient encore de nom et que tout semblait simplement suivre son cours, que les pas d’Isilo semblaient respecter. Tout était ainsi ce jour-là, alors que le petit garçon à la chevelure ébène s’enfonçait toujours plus profondément, sans retenue,  dans le pays de l’immobilisme végétal.

    Quand Isilo arriva à un grand monticule de pierre qu’il avait choisi comme le gardien de son repère sacré, soit une grotte et son balcon, qui donnait la vue sur toutes les terres de ses parents, il ajusta les vêtements à sa taille et entreprit la petite montée secrète qui menait jusqu’à sa cachette. Avant de faire ce geste qu’il avait reproduit mille fois, la coïncidence voulut qu’il se retourne, comme s’il eut senti une main lui taper sur l’épaule. Quand il fit dos au mur de roches, il vit une bête noire comme la nuit, maigre comme un mendiant et à l’allure malade à une distance inquiétante. Son regard était d’un jaune infectieux et ses crocs ne semblaient plus être ceux d’un prédateur dans la fleur de l’âge. Un loup, un pauvre animal égaré et affamé l’avait suivi jusqu’à son repère et s’approchait l’air menaçant, enfouissant sous la poussière que levait son pas des gouttes abondantes de bave laiteuse. Stoïque, Isilo, qui d’abord prit la créature en pitié, sentit les battements de son cœur augmenter jusqu’à ce que l’espace dans sa poitrine se fasse sentir moindre. Avec les mots qu’il connaissait, il tenta un :

    - Mellon nîn, man cerog si? Aníral minnad? (Mon ami, que fais-tu ici ? Veux-tu entrer chez moi ?)

    La bête regarda le jeune elfe d’un air intrigué, relevant la pointe de ses oreilles et inclinant légèrement sa tête vers la droite, laissant Isilo dans l’incompréhension. Quand Isilo leva le bras pour lui indiquer le passage vers la cime, le molosse l’attaqua à la gorge, qu’il ne put atteindre et se contenta de l’avant-bras d’Isilo. Le meurtrissant de ses crocs jusqu’à l’os, rien ne semblait le dissuader de relâcher les muscles de son mandibule, qui secouait le corps de l’enfant sans considération aucune à la force de ce dernier. Soudainement, alors que la douleur se faisait crispante et insoutenable, Isilo sentit une décharge lui parcourir le corps, une flamme dans sa gorge qui laissa sortir un cri violent. Bien que ce cri ait pu avoir suffi à repousser l’assaillant, ce fut surtout le tranchant du couteau de chasse qui était enfoncé dans sa nuque croutée, qui l’immobilisa et lui soutira l’envie de l’agression.

    En sang, le corps d’Isilo fut emportée par une rage bestiale, un instinct de guerrier qui l’empêcha de mettre terme à ce qui suivit : le jeune enfant empoigna son arme de plus bel, et poignarda à deux douzaines de reprises le corps pas tout à fait inerte de la bête pour qui, au départ, il n’avait senti que de l’amitié. Déchirant la paix des lieux par le bruit de ses cris et du métal qui laboure la chair, Isilo n’eut conscience de l’intensité de sa colère que lorsque son cœur lui demanda un temps d’arrêt et que son souffle, presque coupée par les mouvements de sa rage, voulut s’interrompre. Ensuite, laissant tomber à ses pieds la lame elfique, Isilo fit deux pas en arrière, le regard figé sur la boucherie dont il avait été l’artisan. Terrorisé, il s’enfargea suffisamment de fois dans la montée vers sa cachette pour se laisser plus de blessures qu’il n’en avait déjà, se tapit en boule jusqu’au fond de de la grotte qui le protégeait de l’horreur et du froid. Toute la journée et même jusqu’aux limites de celle-ci, il y resta, incapable de raisonner sur ce qu’il venait de commettre. Finalement, quand son petit corps rendit les armes et succomba à la fatigue, il s’endormit et se réveilla à l’aube suivante, quand la chaleur d’une main familière lui parcourut le crâne.

    - Tu t’es bien défendu à ce que je vois. Cette bête aurait pu te tuer, tu sais.

    Les paupières d’Isilo étaient tâchées d’une couche de sang qui l’empêchait de les ouvrir complètement et la présence masculine qui s’était invitée dans sa cachette n’était encore qu’un jeu d’ombres et de lumière. Quand Isilo tenta de se relever, il sentit les clous de la douleur qui lui parcourait le corps le retenir au sol et se lamenta. Heureusement, il ne saignait plus et sa blessure avait été pansée par Melor, un cousin lointain de la mère d’Isilo, garde-chasse et véritable encyclopédie sur deux pattes. Aussi, il était un individu avec qui Isilo aimait passer du temps en forêt, un modèle de patience et, surtout,  quelqu’un qui paraissait être toujours au bon endroit, au bon moment. Pendant longtemps, Isilo avait cru que Melor était doté d’un don de préscience ou de déplacement magique, mais il avait finalement compris que ce dernier avait reçu l’ordre de veiller sur le petit Isilo quand que ce dernier s’avançait trop profondément dans les terres gardées par la sentinelle. C’est ce qu’il avait fait.

    Un repas chaud à la main et un sourire au visage, il tînt à peu près ce discours :

    - Muindor nîn, ce que tu as vu hier était le mal qui prit forme devant toi.

    Voyant Isilo se pétrifier de peur, il le regarda sévèrement, plutôt que de le consoler comme l’aurait fait un parent réconfortant. Ce qui suivit choqua profondément son protégé, qui, lui, commençait à croire que cet animal était une sorte de spectre, une progéniture des ténèbres.

    - Tu aurais pu laisser tomber cette arme, alors que tu t’étais déjà défendu et avais porté le coup fatal. Par contre, tu as invoqué le mal et le laissa inonder de sa violence le corps inerte d’un animal sauvage et malade, qui avait simplement suivi son instinct. Ce fut la haine délibérée qui alimenta tes gestes, pas ton instinct de survie. Tu ne t’en es pas rendu compte, mais, pendant la durée de ces coups, tu  t’es converti en une ombre.

    Isilo, terrorisé, commença à pleurer et dévisagea Melor, dont l’expression sévère n’avait pas encore quittée le visage.

    - Heureusement, ce matin, tu es Isilo une fois de plus. Oui, tu es toi,  mais cette ombre est toujours en toi et en nous tous. C’est aussi cette noirceur qui a créé la guerre et la désolation et peu nombreux sont les êtres pouvant se vanter d'y être immunisés. C’est pourquoi tu dois faire de chaque journée de ta vie la quête de l’éradiquer de ton cœur, enfant d’Eru. Tu es encore jeune, n’aies pas peur ! Profite de la lumière nouvelle qui est en toi  pour commencer dès maintenant à accomplir cette œuvre. Crois-moi, Isilo, cela est le plus noble des chemins.

    Il croqua dans une pomme et ria : y avait-il un meilleur moyen de faire face à cette ombre ?
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