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 Nivraya de Gardelame

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Nivraya
Assistante de l'Intendant d'Arnor
Nivraya

Nombre de messages : 51
Rôle : Double compte de Ryad

~ GRIMOIRE ~
- -: Humaine
- -: 27 ans
- -:

Nivraya de Gardelame Empty
Nivraya de Gardelame EmptyMer 2 Mai 2012 - 17:46
En Spoiler, la fiche perso de Nivraya rédigée dans les règles. Elle comporte quelques informations supplémentaires concernant le personnage, mais je recommande de commencer par l'histoire, directement, et de revenir à ces informations par la suite.


Nivraya de Gardelame Nivray10


Spoiler:

Histoire :

- Mais qui êtes-vous vraiment ?

La voix est assurée, porteuse de mystère. Il transparaît cependant un peu d'irritation. D'exaspération ? Non. De l'impatience. Tout est donc confirmé. Un soupir : une capitulation muette. En face, un sourire, car la réponse arrive :

- Nivraya...De Gardelame...

L'homme hausse un sourcil plein de surprise feinte. Bon acteur, avec ça. On dirait vraiment qu'il est sincère, même s'il n'en est évidemment rien. C'est toujours comme ça, de toute façon. Il répond, la voix mi-impressionnée mi-intéressée :

- De Gardelame ? Madame, quel honneur de pouvoir converser avec vous. Vous qui, si jeune, occupez déjà un poste respectable dans notre noble gouvernement. En ville, on ne tarit pas d'éloges sur votre efficacité, votre professionnalisme...et votre grande beauté. Et permettez-moi de vous dire que si je ne puis juger à votre juste valeur de votre compétence...votre charme est, quant à lui, très sous-estimé.

Son interlocutrice part d'un rire clair, qui ne dérange personne : il se fait tard, et la salle est vide. Ses joues s'empourprent légèrement. Sensible à la flatterie ? Ou y a-t-il un lien avec la bouteille d'alcool nain, aux trois-quarts vide, posée nonchalamment sur la table ? Difficile à dire.

- Vil flagorneur, le gourmande-t-elle avec un sourire entendu, vous oseriez parler ainsi à une femme mariée ?

L'homme a l'œil qui pétille. Un regard furtif au décolleté. Il se reprend vite, comme si de rien n'était, et poursuit :

- Il est des risques qu'il serait fou de prendre...Et d'autres pour lesquels on peut bien être damné cent fois sans jamais le regretter. Laissez-moi vous dire, gente dame, que votre mari doit être bien sot pour vous laisser loin de lui, dans cette immense ville. D'autant que votre splendeur n'a d'égale que votre brillante intelligence qui, m'a-t-on dit, vous aurait permis de vous hisser là où vous êtes. Soyez assuré, belle dame, que je suis de ceux qui pensent que vous devez votre réussite à vos seuls atouts, et non à votre titre. Or on mésestime l'intelligence des femmes aussi éclatantes que vous...alors que cela ne les rend que plus...attirantes.

Imperceptiblement, il s'est rapproché. Emporté par ses propres paroles, et donc sincère ? Ou bien parfaitement calculateur, et donc très intelligent ? Impossible à déterminer. En tous cas, il parle bien. Mais à l'heure actuelle, il est de bon ton de complimenter une femme sur son intelligence...comme pour se convaincre qu'elle en a une, alors qu'on pense l'exact inverse. Mode étrange.

- Vous semblez me connaître par cœur...j'espère que vous n'êtes pas de ceux qui...qui écoutent toutes les rumeurs pour mieux connaître une femme, si ?

L'interrogation est pleine d'espoir. Porteuse de promesses. La voix est encore plus lente, les idées semblent avoir du mal à se transformer en mots...Comme si le corps avait envie de prendre le dessus sur l'esprit... L'homme semble gêné, toutefois. Il rétorque, tout en servant un nouveau verre à son interlocutrice :

- Rassurez-vous, belle dame...Je ne suis pas de ceux-là...Et je puis vous assurer que vous êtes pleine de mystères...ce qui ajoute encore à votre charme.

Elle repose le verre vide sur la table. Sa langue pointe timidement, pour récupérer une goutte du précieux breuvage égarée au coin de ses lèvres. Nouveau coup d'œil vers son décolleté. Difficile de savoir si l'homme ment ou dit la vérité. Il a l'air sincère, sûr de lui. Les paroles sortent de lui sans difficulté. En même temps, lui, il n'a pas de verre.

- Et quels mystères intéressants voyez-vous en moi, très cher ?

Un sourire se dessine le visage de l'intéressé - dans tous les sens du terme. Un tic nerveux agite la commissure de ses lèvres. On dirait qu'il hésite, qu'il se pose encore des questions. Finalement, il se penche en avant, encore plus près, et répond :

- On dit que vous êtes prudente, et que vous cachez toujours une arme sur vous...est-ce vrai ?

Elle éclate d'un rire cristallin, dévoilant un peu plus sa gorge qu'il ne peut s'empêcher de lorgner.

- Bien entendu, voyons...Il serait...imprudent...de sortir sans protection. Mais pouvez-vous deviner où elle cachée ?

Cette fois, il manque s'ébrouer, tant il est surpris. Le rouge commence doucement à lui monter aux joues, mais il se contrôle admirablement. Vraiment un bon acteur. Comme pour lui donner l'opportunité de se poser sérieusement la question, elle se lève. Oscillant comme un roseau sous une douce brise printanière, elle parvient à se stabiliser en station verticale. Debout face à lui, il ne peut que se résoudre à contempler sa splendeur : ni trop grande, ni trop petite, elle ne dépasse pas le mètre soixante-dix, alerte et vive, malgré l'alcool qui circule dans son sang.

Moulée dans une robe verte sur mesure, il n'est guère difficile de discerner sa silhouette athlétique et gracieuse, preuve s'il en est qu'elle ne passe pas sa vie derrière un bureau, mais qu'elle affectionne l'activité physique. Il transparaît d'elle de l'élégance, du charme, et une profonde assurance, mise en valeur par un corps magnifique. Sa peau légèrement hâlée, presque exotique dans ces terres septentrionales, et certainement étrange dans le cercle des nobles d'ordinaire pâles, est mouchetée d'adorables tâches de rousseur qui s'accordent à merveille avec le roux naturel de sa chevelure dense et rebelle. Quelques mèches soyeuses, dansant comme les flammes d'un feu crépitant, où l'on discerne une multitude de tons différents, s'échappent de sa coiffure, lui donnant un air quelque peu provocateur. Un chignon volontairement décontracté occupe le reste de la coiffure, rehaussé par une fine broche à cheveux en or finement ciselé. Ses yeux en amande d'un vert captivant, tout à la fois vifs et pénétrants, et plissés dans une expression espiègle, font écho à sa bouche aux lèvres charnues sensuellement entrouvertes sur un sourire enjôleur, révélant des dents parfaites. Elle hausse un sourcil fin et parfaitement dessiné, aussi interrogateur qu'une question toute entière, et dresse un menton racé qui met en valeur les courbes harmonieuses de son visage, ses pommettes saillantes, et son nez délicat.

Elle croise tranquillement ses bras fins et graciles, soulignant presque involontairement ce que son décolleté s'emploie pudiquement à suggérer, et change subrepticement de position, attirant désormais le regard vers ses hanches galbées. Elle n'est pas large, mais on peut tout de même noter qu'il se dégage une certaine énergie de ses mouvements, une force qui d'ordinaire n'est pas la caractéristique la plus développée chez les dames de cour. À n'en pas douter, elle sait se mettre en valeur par l'habillement, et on peut même dire qu'elle joue sur ses tenues pour influencer ses interlocuteurs. Ses bijoux, par exemple, sont faits pour attirer le regard : ses boucles d'oreille pour souligner la finesse de son cou ou encore son collier pour que l'œil se porte vers sa gorge.

Se prenant au jeu de la séduction, l'homme hoche presque malgré lui la tête, tandis qu'il se recompose un visage assuré. Il se lève à son tour, et jette un bref coup d'œil à la salle où brûle un agréable feu de bois qui ne réchauffe que deux personnes. Le propriétaire des lieux est sans doute affairé ailleurs, ou déjà en train de dormir, laissant à son fils le soin de fermer boutique pour lui. Il fixe de nouveau sa compagne, qu'il dépasse désormais d'une bonne tête :

- Je suis persuadé de pouvoir y parvenir...Me laisserez-vous essayer ?

La femme lève les yeux, tandis que sa bouche prend une moue pensive. Mais sa décision semble déjà prise, car un sourire resplendissant illumine soudain son visage :

- Je vous donnerai tout le temps de vous y employer...Mais pas ici...Que diriez-vous d'aller chez moi ?

Tout en parlant, elle s'est approchée, séductrice, et a saisi ses mains dans les siennes. Sa dernière question ressemblait presque à une supplique, et le simple contact de leurs peau l'a électrisé à un point tel qu'il est étonnant qu'il ne l'ait pas encore prise dans ses bras. Nul besoin de réponse, en tous cas. L'homme semble pressé de la raccompagner. Avec galanterie, il lui passe le manteau qu'elle avait en arrivant, non sans laisser ses mains effleurer la peau de ses épaules et de son cou. Elle frissonne, et se blottit contre lui lorsque la porte s'ouvre. Protecteur, ou dominateur, il passe son bras autour de ses épaules, et la soutient tandis qu'ils remontent la rue, en direction de l'endroit où elle loge. Le parfum exotique qu'elle porte, qui rappelle étrangement le Sud et la chaleur qui y règne, remplit l'homme d'un désir de plus en plus difficile à contrôler. Sa mission semble désormais passer au second plan. Sentant que sa compagne se laisse peu à peu gagner par la fatigue et l'alcool, et qu'il risque de ne pas pouvoir profiter pleinement de cette soirée, il presse le pas. Elle n'a pas besoin de lui souffler où elle réside, car il s'y dirige sans la moindre hésitation, tout en prenant garde à ne pas être vu ou suivi.

En arrivant sur les lieux, l'homme se fige en découvrant une grande ombre dans le pas de la porte. Mais la femme ne semble pas s'en émouvoir, et reprend vie en approchant de chez elle. D'un geste évasif de la main, elle salue le colosse, qui la laisse passer, elle et son compagnon, sans mot dire, sans même hausser les sourcils de surprise. Malgré le froid qui règne dehors, la montagne de muscles est habillée légèrement. Peut-être parce que le type n'est pas là depuis longtemps, ou peut-être parce qu'il vient de terres encore plus froides que l'Arnor. Les deux tourtereaux pénètrent à l'intérieur, et arrivent dans une pièce raffinée et bien meublée. Une table basse et trois fauteuils occupent le centre de la pièce. Sur deux des murs, une bibliothèque conséquente. Sur les deux autres, une commode en bois précieux, laquée et ornée de motifs floraux. Au dessus, on peut voir des tableaux d'artiste, très ressemblants d'ailleurs, qui évoquent des paysages de bord de mer. La pièce est à peine éclairée par une poignée de bougies bientôt consumées, ce qui laisse beaucoup de zones d'ombre. Impossible donc de voir qu'il y a d'autres pièces attenantes. Toutefois, cela crée un cadre intimiste qui ne laisse pas l'homme insensible.

Arraché à ses observations par la caresse d'une main sur sa joue, il se retourne face à sa conquête. N'y tenant plus, il se penche enfin pour l'embrasser, mais elle place habilement un doigt sur sa bouche. Il hausse les sourcils, surpris :

- Voyons, très cher...Pensez-vous vraiment que l'on peut emporter un noble cœur sans faire montre de la force de son amour...à nu ?

L'homme est secoué d'un rire nerveux, mais son sourire mesuré revient bien vite, et il obéit docilement. Il commence par défaire la ceinture qui retient son épée et sa dague, et laisse tomber le tout sur le sol. Le tapis de grande valeur empêche le parquet mosaïque de souffrir des affres d'une telle rudesse, mais cela ne semble pas émouvoir la dame, qui, tout en se mordillant la lèvre, scrute attentivement son invité. Celui-ci saisit tranquillement le col de sa tunique de cuir, et entreprend de la retirer.

- Mignon, commente alors une voix féminine.

Mis-à-part que cette voix n'est pas celle de la femme de l'auberge. Interloqué, toujours la tête couverte, l'homme achève d'ôter son vêtement, pour mieux recevoir un magistral coup de poing qui vient le cueillir en plein milieu du visage, et qui l'envoie prestement s'allonger par terre. Se relevant à demi, pour voir qui est l'auteur de son agression, il a la surprise de découvrir une seconde jeune femme dans la pièce. La main qu'il est obligé de porter à son nez meurtri, pour limiter la perte de sang, atteste de la violence de l'impact, et lui permet de relativiser le ridicule de la situation dans laquelle il se trouve. Il vient de se faire avoir par une jeune fille petite et menue, mais ô combien effrayante. Sa tunique et ses cheveux absolument noirs lui avaient sans doute permis de se cacher dans un recoin de la pièce, en attendant le bon moment pour frapper. Elle agite nonchalamment un couteau, et son sourire sadique en dit long sur la manière dont elle pourrait l'utiliser. Avec une agilité hors du commun, elle bondit sur sa pauvre victime, et se réceptionne adroitement : un pied sur le sol, un autre dans son abdomen. Le souffle coupé, il n'est plus qu'une petite chose sur laquelle elle a tout contrôle. Une lame sous la gorge, une autre, sortie de nulle part, sur le cœur. Elle n'a plus qu'à appuyer pour...

- Aliya.

La voix qui vient de parler est ferme et cassante, sans pour autant avoir eu besoin de hausser le ton. L'intéressée tourne la tête, sensible à l'usage de son véritable prénom et non de son surnom, avec un sourire d'excuse. Nivraya semble transfigurée. En l'espace d'une seconde, elle est passée d'une légère ivresse à une sobriété inquiétante. Finies les oscillations hasardeuses et les paroles pleines de langueur. Elle est en pleine possession de ses moyens, sur son territoire, et elle a réussi à y attirer celui qui croyait être le prédateur. L'homme lui jette un regard effrayé. Elle l'ignore, et poursuit à l'attention de la jeune brune :

- Tu trouves vraiment ce type mignon ?

La fille répond. Elle a un petit accent dans la voix, typiquement haradrim pour un spécialiste :

- Lui ? Mais non, pas du tout. Par contre, le symbole marqué au fer rouge sur son flanc, oui. Ça ressemble à un serpent. Je dirais que c'est une marque faite à un prisonnier. Je dirais donc que c'est un mercenaire, et pas un véritable espion. Au vu de son équipement et des précautions qu'il prend, je dirais un mercenaire moyen, pas un grand nom...Mais au vu de la situation dans laquelle il se trouve, je pencherais plutôt pour un mauvais. Dire que j'ai pensé un instant avoir besoin de l'aide de Frey'.

Pendant les explications de la jeune fille, Nivraya s'est occupée d'allumer les bougies restantes, pour illuminer quelque peu la pièce. En entendant le nom de son second acolyte, elle se retourne, et maugrée pour elle-même quant au fait qu'il ne soit pas encore là.

- Freyloord. Voulez-vous venir, je vous prie. J'ai besoin de vos services.

Dans la seconde qui suit, le mastodonte pénètre dans la pièce. Il doit avoir l'ouïe fine, car la dame n'a même pas haussé la voix. Avec une délicatesse presque étrange chez un homme de sa stature, il referme le loquet, et vient se poster à une distance respectable de la scène, tête penchée dans une signe évident de respect et de soumission. Nivraya attend une pleine seconde, marquant ainsi son autorité sur lui, avant de lancer :

- Je vais avoir besoin que vous nous trouviez quelques petites choses : une corde solide, un sac d'environ...(elle se retourne vers l'homme toujours allongé par terre) un mètre quatre-vingt cinq, voire un peu plus. Et rapportez un chiffon : il faut que ce sang disparaisse de mon parquet avant qu'il ne s'incruste, c'est clair.

Sans un mot, le géant s'incline, et tourne les talons en direction de la porte. Nivraya le hèle une dernière fois, alors qu'il est sur le point de franchir le seuil :

- Oh, et juste une chose, Freyloord. Vous voyez cette auberge en bas de la rue ? Allez réveiller le propriétaire, et demandez-lui une...non deux bouteilles de cet alcool nain. J'ai la gorge sèche, et du travail pour ce soir.

La montagne disparaît sans un bruit, et la jeune femme aux yeux verts se recentre sur son problème actuel. Elle lâche un soupir résigné, et récupère son sceptre, posé avec soin sur un râtelier prévu à cet effet. Elle l'examine un instant, les yeux dans le vague, avant de lâcher un nouveau soupir. Elle fait claquer ses doigts, et tend le sceptre vers l'homme :

- Je sais très bien que les gens de ton espèce ne veulent jamais parler, quand on leur pose gentiment les questions. Une sorte de fierté typiquement masculine, aussi ridicule que le fait de croire que l'on vous aime parce que l'on vous séduit...

Le sceptre se met à tourner, signe qu'elle réfléchit, puis s'arrête brutalement :

- ...Aussi je ne vais pas perdre mon précieux temps à t'interroger. Nous allons passer directement à la case torture, mais comme je sais que tu ne parleras pas, la douleur sera entre les seules mains de mon experte, ici présente. Tu seras mort avant le point du jour, sois-en assuré.

Elle marque une pause un peu plus longue, avant de faire claquer ses doigts :

- Alyss, j'ai failli oublier, tu éviteras d'en mettre partout cette fois. Non pas que Freyloord ne soit pas efficace pour nettoyer, mais j'ai peur de salir irrémédiablement un tapis, ou bien un tissu précieux.

- D'ac' !

La jeune fille se lève, et avec une poigne surprenante, relève son otage qui n'en mène pas large. Celui-ci, jouant son va-tout, lance alors :

- Je vous dirai tout ! Je vous dirai qui m'a payé pour vous poser toutes ces questions ! Je vous dirai qui vous en veux ! Je suis certain que vous souhaitez sincèrement le savoir !

Nivraya cesse un moment de faire tourner son sceptre, et se tourne à demi vers le pauvre bougre tremblotant :

- Sincèrement ?

Elle marque une pause théâtrale, avant d'ajouter :

- Je n'en ai cure.

Sur ces mots, elle attrape un livre posé sur la table basse, ôte son marque-page et reprend là où elle s'était arrêtée, sans se soucier des gémissements, des suppliques, et du bruit des coups qu'Alyss s'amuse à lui donner pour qu'il avance.

Malgré son grand détachement, elle ne parvient pas à se concentrer pleinement sur son roman, pourtant très intéressant. Il lui faut, comme d'habitude, ré-analyser la situation pour être certaine d'avoir fait le bon choix. Tuer un espion, c'est une chose qui se fait couramment dans les milieux nobles. Il y en a toujours partout, de ceux qui mettent leur nez dans les affaires privées des autres. En général, on leur arrache des informations capitales, puis on les exhibe en public, on les maltraite, on lance des menaces à tout le monde, pour bien raffermir son autorité, alors qu'on sait déjà qui est le coupable dans l'histoire. Mais pas Nivraya. Pourquoi ? Parce qu'elle ne peut faire confiance à personne, ici, et que donner un coup de pied dans la fourmilière ne lui servirait à rien. Vivre à Annùminas, loin de son époux, cela signifie deux choses : qu'elle ne bénéficie d'aucun appui, et qu'elle doit se débrouiller seule ; qu'elle doit constamment faire face à des menaces.

Il ne faut pas comprendre qu'elle est incapable de se débrouiller par elle-même, au contraire. Mais ici, en Arnor, il est davantage compliqué pour une femme seule de s'affirmer, de se faire respecter, et de se faire accepter. Quant aux menaces, elles ne se sont jamais manifestées sous la forme d'une agression physique, fort heureusement. Par contre, elle a déjà été suivie, espionnée, et même cambriolée une fois. La garde de la ville a fait ce qu'elle a pu, mais elle n'a jamais mis la main sur le coupable, qui n'avait rien volé. Ou plutôt qui n'avait rien trouvé. Car il est évident qu'il cherchait à mettre la main sur le moindre document compromettant qui puisse la discréditer, et lui faire perdre son poste, jetant ainsi l'opprobre sur sa famille toute entière. Et tout ça pour quoi ? Pour de petites luttes de pouvoir ? Malheureusement, oui.

En tant que perceptrice, Nivraya dispose d'une certaine autorité, qu'elle s'attache à asseoir et à développer, comme toute personne ambitieuse doit pouvoir le faire. Ses projets ne sont pas encore très clairs dans sa propre tête, mais il est certain que le pouvoir et l'argent sont ses objectifs principaux, et elle ne fixe aucune limite à son désir. Prête à tout pour en obtenir, elle est aussi extrêmement prudente quant à la manière d'y parvenir. Elle sait qu'au moindre faux-pas, c'est la chute. Et nombreux sont ceux qui essaient de la faire tomber. Qu'il s'agisse de collègues en quête de davantage de pouvoir, de subalternes jaloux, ou de supérieurs malveillants. Sans parler de tous les gens à qui elle vient réclamer l'argent des caisses du Trône, bien entendu. Pour résoudre ce problème, elle s'appuie sur ses deux acolytes d'exception : Freyloord et Alyss, rencontrés bien longtemps auparavant, qui sont la seule présence alliée dont elle dispose sur ces terres éloignées de son pays natal.

Nivraya de Gardelame Flashb10

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En effet, Nivraya n'est pas originaire de l'Arnor, mais bien de son Royaume-Frère le Gondor. Née dans une famille modeste du Sud du pays, elle a grandi au bord de mer, bercée par les histoires des marins et des aventuriers de tout bord qui faisaient halte dans la bourgade où ses parents vivaient. Son père, Grang La Flamme, avait été pirate dans sa jeunesse. Il avait combattu contre le Gondor, avant d'y faire la connaissance d'Ariann, celle qui allait devenir son épouse. Il renonça à toute sa vie de piraterie et d'aventure pour elle, et s'installa comme pêcheur, pensant qu'il parviendrait à mettre à profit les talents de marin qu'il avait acquis au fil des ans. Malheureusement, il était aussi doué qu'insoumis. Refusant les ordres qui ne lui convenaient pas, critiquant ouvertement les autres membres d'équipage, et provoquant des bagarres dès qu'il ne trouvait plus d'arguments verbaux, il fut chassé de tous les navires où il travailla, parfois avec autant de violence que s'il était venu pour y faire la guerre. On lui reprochait partout son côté impétueux, fauteur de troubles, et par dessus tout ivrogne. Car il buvait beaucoup, et avait le don de s'attirer des ennuis dès qu'il était ivre. Une véritable malédiction.

Ariann, pendant ce temps-là, s'occupait d'une petite librairie. Elle avait toujours beaucoup aimé les livres, qu'elle révérait comme des objets divins, et elle avait toujours eu l'ambition d'ouvrir une boutique dans son village natal, auquel elle était très attachée. Le commerce n'était pas très fréquenté, les gens du coin préférant dépenser leur argent à des choses utiles et nécessaires, mais elle parvenait à gagner de quoi se nourrir en vendant ses précieux ouvrages aux voyageurs érudits, ou aux marins voulant s'instruire. Certains capitaines demandaient parfois un ouvrage particulier, et elle se débrouillait pour l'obtenir avant leur retour de voyage.

Elle donna naissance à une petite fille dans un moment difficile pour elle et son mari. Ce dernier avait encore une fois été refusé sur un navire. Il aimait la mer par-dessus tout, et il aspirait à retrouver une vie de marin. Le fait d'être coincé à terre le rendait fou. Ce soir-là, contre l'avis de son épouse, il était allé boire pour oublier, et n'avait été mis au courant que très tard que sa femme avait perdu les eaux. Seule, Ariann était parvenue jusqu'au seul docteur du village, qui avait évidemment accepté de la recevoir immédiatement. Elle avait travaillé des heures durant, avant que la petite ne pousse son premier cri. Le docteur, satisfait de l'état de santé du nourrisson, était allé demander de l'aide à une voisine, notamment pour ce qui était de trouver un linge propre. Celle-ci n'avait pas pu s'empêcher de porter la nouvelle dans le tout petit village, nouvelle qui avait eut tôt fait d'arriver jusqu'aux oreilles du père. Grang avait fini sa chope d'un trait, avant de partir aussi rapidement que le lui permettait son état d'ébriété avancé. Il arriva en tempêtant, pestant contre sa femme qui "ne l'avait pas attendu". Malgré les explications du docteur et des voisins, il ne voulut comprendre, et exigea de baptiser la jeune fille selon son bon vouloir. Grang avait toujours été un homme impulsif, et s'il n'était pas malveillant, il avait toujours manqué de compassion. Il vivait pour lui, et souhaitait souvent du mal aux gens autour de lui, pour que le monde lui apparaisse plus doux. Ivre, il ne remarqua de sa fille que ses deux yeux verts, qu'elle tenait de sa mère, et il décida de l'appeler Absinthe. Quand tous s'horrifièrent de ce choix, il leur répondit en ces termes : "Elle est ma chair et mon sang, et elle sera condamnée aux mêmes malheurs que son père !". Une malédiction qui ne manquerait pas de se réaliser.

Grang fut mis à la porte, sous prétexte de laisser la jeune maman et son enfant se reposer après l'accouchement. Il revint à la raison plus tard, un peu plus sobre, mais malgré les suppliques de son épouse, et toutes les tentatives de tous les voisins qui se succédèrent pour adresser leurs félicitations, il refusa de revenir sur sa décision. Aveuglé par la colère et la fierté, il était le genre d'homme à se braquer quand on essayait de lui faire entendre qu'il avait tort. La jeune Absinthe grandit dans la terreur de son père, alcoolique, violent et dépressif, figure qu'elle détesta et qu'elle se jura de ne jamais imiter. Fort heureusement, il n'était pas souvent chez eux, trop occupé à faire semblant de chercher du travail. Il arpentait les quais, une bouteille à la main, en chantant et en demandant à quiconque passait trop près de lui s'il pouvait monter à bord. Quand on ne le frappait pas, on se contentait de l'ignorer, ce qui était un moindre mal. Absinthe se réfugia donc auprès de sa mère, qui lui transmit son amour pour les livres, et sa passion pour la culture en général. Absinthe était une petite fille ouverte et réceptive, et elle n'eut aucun mal à apprendre et à retenir des savoirs qui dépassaient normalement ce qu'elle aurait dû savoir à son âge. Elle se montrait déjà très autonome, aidant sa mère comme elle le pouvait, et faisant de son mieux pour tirer un sourire de son visage las. En effet, à cause de son travail, de l'éducation de sa fille, et de la situation de son mari, Ariann ne savait plus où donner de la tête, et passait des journées longues et épuisantes.

Tout aurait pu continuer ainsi, si Grang n'avait pas eu le malheur de croiser la route d'individus peu fréquentables. Comme sa femme refusait de lui donner le moindre sou, sachant très bien qu'il allait s'en servir pour acheter de l'alcool, et les jeux auxquels il se livrait dans la taverne, le soir, il s'était fait prêter une grosse somme, qu'il avait promis de rembourser intégralement. Cependant, il n'avait toujours pas réussi à trouver un travail honnête, n'avait jamais rien gagné aux jeux, et le couple n'avait pas d'économies dans lesquelles il pouvait puiser. En outre, sa femme avait enregistré moins de ventes de livres que d'habitude. La faute au hasard, ou à pas-de-chance. Toujours est-il que ses créanciers vinrent le trouver, pour lui demander de payer sa dette, ce qu'il ne put faire. Afin d'y parvenir, et pour conserver la vie sauve, Grang déroba de l'argent à sa femme, pour le donner à ces hommes. Le commerce ne se releva pas de ce larcin, et le couple fut obligé d'emprunter pour manger. La situation s'envenima au point qu'Ariann et Grang étaient obligés de contracter des prêts pour rembourser leurs emprunts. Ils étaient au bord de la mendicité, et le commerce était presque vide. Presque plus aucun livre ne s'y trouvait, et les quelques ouvrages restants n'intéressaient plus personne. Finalement, les créanciers revinrent, et exigèrent leur argent sans délai. Comme Grang refusa, et qu'il commença à s'énerver après eux, ils le passèrent à tabac, en espérant lui faire comprendre la leçon. Le destin voulut qu'il tombât sur la nuque, et qu'il ne s'en relevât jamais. Désireux de retrouver leur dû, les créanciers se tournèrent vers Ariann, qui leur expliqua tant bien que mal qu'elle n'était pas en mesure de rembourser les dettes de feu son époux. Pour se venger, ils saisirent sa boutique, au motif qu'elle valait au moins ce qu'elle leur devait. Et comme elle n'était pas rentable : "un gouffre sans fond" qu'ils refusaient de financer, ils y mirent le feu. Absinthe ne pleura jamais autant de toute sa vie que lorsqu'elle vit sa mère, brisée par la mort de son mari, brusquée par ces hommes sans scrupules, et anéantie par la perte de son commerce et de ses chers livres, se jeter au milieu des flammes en hurlant, et en implorant la clémence des Valars.

Du jour au lendemain, Absinthe se retrouva mendiante. Elle était la première de tout le village, et par égard pour ses parents que beaucoup connaissaient, on lui jetait de temps à autre un morceau de pain, ou une tranche de viande qui aurait rendu malade la plupart des gens. Le reste du temps, elle s'en sortait en chipant çà et là de quoi subsister. Elle était bien trop jeune pour apprendre un métier, et les gens avaient autre chose à faire que de prendre sous leur aile une bouche de plus à nourrir. Elle vécut deux années dans cette terrible situation, avant qu'un chevalier ne la trouve sur son passage. En voyage, il avait fait halte dans ce petit village côtier car il avait besoin d'un maréchal-ferrant. Il ne parvint pas à détourner les yeux de cette petite chose égarée, qui déambulait sans vraiment savoir où elle allait. Pris de pitié pour la jeune mendiante en loques qui errait dans les rues, il décida de la ramener chez lui, et de l'aider du mieux qu'il le pouvait. Il avait un jeune fils, à peine âgé de cinq ans, et la compassion naturelle alliée à la proximité des âges l'emporta sur l'indifférence qui aurait pu être sienne en cet instant. Il ramena la jeune fille dans le fief où il servait, et annonça à sa femme qu'ils avaient un second enfant.

Le chevalier habitait plus au Nord, dans un fief enfoncé dans les terres, où il faisait bon vivre, et où il n'y avait pas grand chose à faire. Il l'installa dans une chambre libre de sa demeure, et l'abandonna aux bons soins de sa jeune épouse, qui ne pouvait non plus supporter l'aspect malingre et hagard de la jeune fille. Au début qu'elle était avec eux, elle ne parla pas beaucoup, préférant répondre par des hochements de tête tantôt vifs tantôt lents, selon son humeur. Quand ils demandèrent à la petite comment elle s'appelait, elle répondit "Nivraya". C'était un prénom qu'elle avait lu dans un livre que sa mère écrivait. Elle avait très vite compris que c'était le prénom que sa mère aurait voulu qu'elle porte, et elle décida qu'il était juste d'en faire le sien...que mentir ne ferait de mal à personne. Elle voulait fuir son passé, abandonner ces images affreuses qui venaient la hanter souvent, la nuit. Elle se réveillait souvent en sursaut, revoyant les flammes dévorant la chair, sentant encore l'odeur de la mort, frissonnant à cause des hurlements horribles.

Sa deuxième famille lui fournit un abri où se reconstruire, petit à petit, et elle leur en fut très reconnaissante. C'étaient des gens aisés financièrement, qui aspiraient à se rapprocher autant que possible de ceux qu'ils considéraient comme des modèles : les nobles. Ils transmirent à Nivraya et à son frère adoptif, Seldan, une éducation rigoureuse et stricte, lui apprenant les codes et les convenances à respecter en société, pour en faire une parfaite épouse pour un noble. Elle fut véritablement leur fille, et ils la présentèrent toujours comme telle. Rapidement, la jeune fille se prit d'affection pour son petit frère, qui était lui aussi très intelligent. Ils pouvaient discuter des heures durant, en faisant une promenade, sans se lasser. Lui était promis à devenir soldat, et sûrement officier, s'il continuait à bien travailler avec son précepteur. Nivraya, elle, était destinée à un tout autre avenir. Elle allait probablement prendre la direction de Minas Tirith, pour y courtiser un jeune et beau et riche noble, avec qui elle allait se marier, s'assurant ainsi des jours paisibles, et favorisant l'ascension sociale de toute sa famille.

Mais Nivraya préférait, et de loin, l'accès à la bibliothèque que lui permettait son nouveau statut. Plutôt que de travailler son port de tête, ses révérences, et toutes les choses destinées à suivre, qu'elle trouvait particulièrement inutiles, elle passa beaucoup de temps à lire, à apprendre, et à découvrir. Elle comprit que dans la vie, il n'y avait pas deux manières de réussir : il fallait être déterminé, savoir ce que l'on voulait, et tout faire pour y parvenir. Elle avait beau être jeune, elle savait qu'elle avait du talent, et elle était extrêmement déterminée. Elle pouvait donc faire ce qu'elle voulait de sa vie, peu importe l'avis de ses parents adoptifs. Tous les romans qu'elle lisait parlaient de héros qui, forts de leurs convictions, partaient sur les routes, et vivaient un destin complètement différent de celui auquel ils étaient promis, simplement parce qu'ils l'avaient voulu. Un simple paysan devenant un grand chevalier, héros de guerre ; un enfant roturier parvenant à sauver la vie du roi ; un semi-homme précipitant la fin du Seigneur des Ténèbres. Ils avaient réussi à forcer la main au destin...et Nivraya le désirait plus que tout. Elle savait qu'elle était capable de travailler dur, et ne doutait pas de pouvoir se tailler une place dans le monde. Cette idée fit son chemin dans sa tête, tandis qu'elle grandissait, et elle prit de plus en plus de distance avec sa famille adoptive, notamment au niveau de la manière dont ils considéraient les nobles. Mais la véritable fracture survint un beau jour, alors qu'elle conversait avec un jeune noble particulièrement hautain et méprisant. Elle avait essayé de se montrer courtoise avec lui, mais il s'était amusé à la critiquer et à la rabaisser, à tel poin qu'elle ne put s'empêcher de le gifler pour le punir de ses paroles cruelles et mauvaises. Ledit noble, ahuri par un tel manque de respect, s'en plaignit très vite, et une punition aussi sévère qu'injustifiée tomba sur Nivraya, qui fut consignée dans sa chambre jusqu'à nouvel ordre. Elle ne comprit pas pourquoi ses parents adoptifs, qui disaient pourtant l'aimer profondément, avaient accepté de la laisser être punie par ces nobles, sans même chercher à l'entendre, sans même chercher à démêler le vrai du faux. Au cours des âpres disputes qui ne manquèrent pas d'éclater, elle vit qu'ils étaient en admiration complète devant leurs titres, et qu'ils n'imaginaient pas un seul instant pouvoir mettre en doute leur parole. Ce fut cet incident, apparemment anodin, qui lui fit prendre conscience de la réalité. Elle devait se débrouiller par elle-même.

Peu après, elle quitta ses parents adoptifs sans un mot, sans une explication. Elle n'avait pas de quoi survivre très longtemps dehors, mais, même si elle aurait préféré l'oublier, elle avait déjà connu bien pire auparavant, et du haut de ses seize ans, le monde ne lui faisait plus peur. Elle se lança donc, descendant vers le Sud, là où ses pas la portaient. Elle apprécia pendant un temps la seule compagnie des vagues qui chantaient pour elle, du vent qui la poussait en avant, et de la terre sous ses pieds, jusqu'à ce que la nécessité de trouver de l'argent, à manger et un toit se fasse plus pressante. Elle s'arrêta dans un petit village, et proposa ses services aux commerçants et aux artisans du coin. Ils acceptèrent de l'embaucher pour tenir la boutique, le temps qu'ils confectionnent leurs produits. Mais elle avait toujours été curieuse, et après la fin de la journée, elle leur demanda s'ils pouvaient lui montrer de quelle manière ils s'y prenaient. Elle apprit ainsi des métiers d'art, notamment ce qui concernait la poterie, ou encore la peinture. Cette dernière activité lui plut particulièrement, mais elle demandait du temps et de l'investissement. Elle aurait voulu être reconnue à la mesure du talent qu'elle pensait avoir, mais ses mentors l'encourageaient à se montrer patiente. Elle s'y employa, mais elle était d'un naturel enflammé, et elle voulait tout, et tout de suite. Rapidement, elle se rendit compte qu'elle était en train de retomber dans une routine qui lui était insupportable. Finalement, elle quitta le village, et passa au suivant, où elle espérait trouver la réussite et la fortune du premier coup. Elle échoua lamentablement à chaque fois.

Elle arriva finalement au Harad où, poussée par les récits des aventuriers qui y faisaient fortune à l'aulne de leur audace, elle se dit qu'elle pourrait réussir. Elle ne rencontra pas davantage de succès dans les métiers courants, et se heurta typiquement au même problème : se montrer patiente. Elle en était absolument incapable. Pourtant, il était indéniable qu'elle avait acquis un certain talent dans les métiers, et jamais personne ne l'obligea à partir parce qu'elle était incompétente. Elle fut à chaque fois à l'origine de son propre départ, et parfois, elle regrettait un peu de se comporter de la sorte. Un beau jour, alors qu'elle errait sur le bord d'un chemin, réfléchissant comme d'habitude à la manière dont elle allait procéder pour gagner de l'argent, elle fut témoin d'une attaque de caravane par des bandits. C'était la première fois qu'elle en voyait une en vrai, et elle s'arrangea pour rester à bonne distance, tout en surveillant la manière dont ils opéraient. Les marchands furent détroussés prestement, à grands renforts de cris et de menaces, avant d'être mis en déroute. Les bandits, heureux, célébrèrent leur victoire, avant de prendre la route de la ville la plus proche. Nivraya mémorisa leurs visages, et entreprit de les suivre du mieux qu'elle le put. Fort heureusement, leur point de chute n'était pas très loin, et elle eut tôt fait de les rejoindre. Sur le chemin, elle avait concocté un plan qui, espérait-elle, allait pouvoir marcher. Elle ignorait qui étaient ces hommes, mais elle avait suffisamment voyagé pour leur reconnaître des points communs qui ne manqueraient pas de lui servir.

Il ne lui fallut pas longtemps pour débusquer les malfrats, qui étaient descendus dans la principale auberge, où ils étaient sans doute allés dépenser leur argent en alcool. Elle pénétra à l'intérieur de ce monde que, toute petite, elle avait fui. Elle fut agréablement surprise de constater que ce n'était pas un endroit de dépravation, mais bien un lieu animé et chaleureux. Elle reconnut un des hommes du groupe, un adulte qui devait être à peine plus vieux qu'elle, et elle l'aborda le plus naturellement possible. Il était drôle, avec un côté séducteur qui ne la laissait pas totalement indifférente, en plus d'être joli garçon. Elle sympathisa avec lui, non sans user de ses charmes pour l'amadouer, et parvint à le convaincre, après qu'il eût avalé une bonne dose d'alcool, qu'elle voulait rentrer dans sa bande. Avec un grand éclat de rire, et une claque dans le dos, il lui dit que c'était bon, et il l'invita à rejoindre le camp de fortune où ils allaient passer la nuit. Ce fut ainsi qu'elle devint un membre à part entière de leur petit groupe.

Elle avait envie de se rendre utile, et leur demanda très rapidement s'ils pouvaient lui enseigner le maniement des armes. Ces hommes étaient des mercenaires et des bandits : ils agissaient sur contrat, pour peu que l'on soit capable de les trouver, et quand ils n'avaient plus assez d'argent, et qu'aucun travail ne se présentait, ils s'attaquaient au premier convoi venu, pour se refaire. Tous étaient talentueux avec une arme, et elle-même apprit les rudiments du tir à l'arc, du duel à l'épée, et du maniement de la dague. Pendant ce temps-là, sa relation avec son ami, Vlad, devint de plus en plus sérieuse, et on peut dire qu'elle vécut d'amour, de sang et d'eau fraîche pendant quelques temps, profitant de chaque victoire avec l'homme qu'elle avait séduit, et qu'elle souhaitait désormais épouser. Au début, elle se montra réticente à faire la fête comme eux, mais petit à petit, elle se déprava, goûta à l'alcool, et tomba dedans plus que de raison. Elle savait que cela ne lui apportait rien de bon, mais elle avait l'impression, en buvant plus que les hommes du groupe, d'être meilleure qu'eux, de les surpasser. Même parmi ses compagnons, qui n'étaient pourtant pas des tendres, beaucoup étaient impressionnés, pour ne pas dire horrifiés, par ce qu'elle était capable de boire et de supporter. Cependant, si au début cela les fit rire, ils s'inquiétèrent lorsqu'ils virent qu'elle n'était plus capable de s'arrêter : elle buvait en permanence, et ne réservait plus l'alcool aux grandes victoires. Elle était parfois violente, emportée, et instable. Ses compagnons refusèrent qu'elle garde une arme sur elle, de peur qu'elle ne fasse une bêtise irréparable, et cela l'enfonça encore plus. Elle leur devait beaucoup, elle le savait, mais, de son point de vue, ils la méprisaient, et la traitaient comme un chien. Pourtant, elle avait voulu faire mieux qu'eux : se bagarrer plus, tuer plus, boire plus.

Elle devint un boulet, seulement rattaché au groupe par l'homme qu'elle aimait. Pendant ce temps-là, le groupe s'étoffa, gagna de nouveaux membres, et grandit en réputation. Leurs exploits étaient portés et déformés par des rumeurs élogieuses qui ne leur déplaisaient pas, et ils étaient heureux d'accueillir de nouveaux compagnons d'armes valeureux. Mais les bandits ne se rendaient pas compte que, prenant de l'importance, réitérant les mêmes coups aux mêmes endroits, ils prenaient de très gros risques. Ils avaient attiré l'attention des autorités qui, alertées par les marchands en colère, avaient dépêché sur place un bataillon de soldats professionnels, des combattants aguerris pour qui disperser des bandits n'était qu'un jeu d'enfants. Un jour, les bandits, furent débusqués, attaqués par surprise par des hommes mieux armés, mieux organisés, et plus expérimentés bien décidés à arrêter ceux qui se rendraient, et à faire passer sur le fil de l'épée les autres. Au cours d'un combat aussi sanglant qu'inégal, l'élu de son cœur fut tué, percé d'une flèche, et tandis que les survivants s'enfuyaient dans le plus grand désordre, peu décidés à vendre chèrement leur vie, elle resta sur place à le pleurer. Cela lui valut d'être capturée, sans même qu'elle puisse se défendre, jugée prestement par un jury populaire qui lui était totalement opposé, et emprisonnée dans un cachot miteux.

Ce fut là qu'elle fit la connaissance d'Aliya.

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Nivraya de Gardelame EmptyMer 2 Mai 2012 - 17:47
Cette jeune Haradrim était une voleuse et une arnaqueuse de grand talent, qui usait d'une technique très particulière pour gagner de quoi vivre. Elle se débrouillait pour se faire capturer, emprisonner à l'intérieur de l'endroit qu'elle souhaitait cambrioler, ce qui n'était en soi pas très difficile, puis elle s'arrangeait pour s'évader, voler ce qui lui plaisait, et ressortir illico. Elle avait fait des casernes et des prisons ses cibles préférées. Bien entendu, elle était capable de s'introduire dans la plupart des maisons comme si elles n'avaient pas été gardées, mais elle préférait de loin le défi que représentait le fait de devoir sortir sans être vue, alors que tout le monde savait qu'elle était là. Elle s'était retrouvée emprisonnée dans cette petite ville après avoir commis une série de vols, et après s'être évadée sept fois de prison, juste pour rire. Le problème, c'est qu'un homme avait menti, en l'associant aux bandits qui sévissaient dans la région, et dont Nivraya faisait partie. Il l'avait mise dans le même sac qu'eux, et elle était passée du statut de voleuse à celui de meurtrière. À ceci près que désormais, tout le monde savait qu'elle était capable de s'évader, et qu'on n'allait pas la laisser faire. Fort heureusement pour Aliya, elle fut placée dans la cellule voisine de celle de Nivraya, qui était arrivée là plusieurs jours auparavant. Ce dernière avait très mal vécu le sevrage d'alcool et la mort de son amant, tant et si bien qu'elle s'était repliée dans une bulle de colère, de tristesse et d'impuissance qui la rendait aussi muette qu'une tombe.

Quant à Aliya, c'était la première fois pour la jeune Haradrim qu'elle se retrouvait dans une telle situation, car un garde en faction devant la porte surveillait ses moindres faits et gestes avant son exécution programmée, tant et si bien qu'elle ne pouvait absolument rien tenter pour s'échapper. Sans ses couteaux fétiches, elle n'avait aucun moyen de se libérer sans en être immédiatement empêchée par le garde. Elle parvint tout de même à attirer l'attention de sa voisine de cellule, assez discrètement pour que l'homme en faction ne la remarque pas, et lui faire comprendre que, si celle-ci parvenait à l'aider, en distrayant le garde de quelque façon que ce soit, elle lui en serait éternellement reconnaissante, et qu'elle commencerait par la faire sortir de prison. Comprenant que c'était peut-être leur seule chance de s'en sortir vivantes, Nivraya simula un violent malaise, qui alerta le factionnaire. Elle avait refusé de s'alimenter pendant plusieurs jours, et elle était dans un tel état de fatigue que l'homme n'eût aucun mal à croire qu'elle était en train de mourir. Il ouvrit prestement la cellule, et se pencha vers elle pour vérifier qu'elle respirait encore. Aliya en profita pour défaire ses liens à la vitesse de l'éclair, puiser dans son précieux matériel caché le nécessaire pour ouvrir une porte, et sauter sur le garde pour s'en débarrasser. L'individu en question était grand et costaud, mais il était surtout inexpérimenté au possible. Il ne put rien faire contre une guerrière déchaînée et surtout déterminée à se sortir de ce mauvais pas. Le premier coup de poing lui brisa net le nez, le second lui coupa le souffle, avant qu'un coup de pied ne vienne déboîter sa rotule. Violemment meurtri, le coup de genou qui le cueillit au menton l'acheva sans difficultés, et il s'écroula sans broncher. Enfin libre, Aliya ouvrit la porte de la cellule de Nivraya, et les deux femmes s'enfuirent à toute vitesse, non sans oublier de récupérer leurs maigres possessions. Par chance, leur évasion passa inaperçue pendant quelques heures, et elles eurent le temps de mettre de la distance entre elle et ce village. Elles ne virent jamais l'ombre d'un poursuivant, et ne furent jamais retrouvées. Mais cette expérience leur fit tellement peur à toutes les deux qu'elles décidèrent de filer vers le Nord, pour se faire un peu oublier.

Rapprochée de manière étrange par le destin, elles sympathisèrent rapidement, et apprirent à se connaître. Le peu qu'Aliya accepta de révéler sur elle-même était qu'elle était originaire du Harad, qu'elle avait été élevée par une mère dont la profession était assassin, et que celle-ci lui avait transmis la seule chose qu'elle avait jamais su faire : survivre. Elle était d'un caractère enjoué, et elle bavardait volontiers de tout et de rien. Mais sa tranquillité n'était qu'apparence, car elle était toujours le qui-vive, et elle dormait très peu, de peur d'être surprise dans son sommeil. Elle révéla à Nivraya, qui la surprit plusieurs fois, pleinement réveillée au beau milieu de la nuit, qu'elle avait été élevée comme ça, et qu'elle avait pris l'habitude de ne pas se reposer en présence d'inconnus, ou dans un endroit qu'elle ne considérait pas comme sûr. Il fallut du temps avant qu'Aliya accepte de dormir en présence de Nivraya, qui prit cela comme une marque on ne peut plus sincère de confiance. Concernant leurs projets, on peut dire qu'Aliya avait une âme joueuse, qui la poussait à rechercher la nouveauté et l'intrigue en permanence. Elle se fichait complètement de savoir où elle allait, et à qui elle pouvait bien prêter main-forte, tant que cela lui apportait son lot de mystère. Aussi, ce fut Nivraya qui prit la tête des opérations, et une relation presque hiérarchie s'établit rapidement entre les deux. Nivraya commandait, prenait les décisions, et Aliya (ou Alyss, comme elle préférait qu'on l'appelle) suivait. Cela convenait très bien à cette dernière, qui avait de toute façon juré de lui être éternellement reconnaissante pour son geste. Elle avait un sens de l'honneur assez poussé, et elle n'était pas prête à abandonner sa seule véritable amie.

Elles partirent vers le Nord, et se retrouvèrent bientôt en Gondor, la terre natale de Nivraya. Elle avait songé, pendant un moment, à retourner dans sa famille d'adoption. À cette pensée, elle imagina leurs têtes ébahies devant son retour, sa transformation, sa déchéance. Elle imagina sans mal que perdre une princesse pour gagner une mercenaire ivrogne allait les décevoir. Il valait mieux qu'ils imaginent qu'elle s'était trouvé un bon parti, et qu'elle vivait une vie bien rangée. Concernant l'alcool, Alyss avait depuis longtemps cessé de mettre son amie en garde contre sa consommation excessive. Cette dernière ne s'était pas débarrassée de son addiction, malgré son séjour en prison, et elle en consommait toujours de grandes quantités, presque dangereuses pour sa santé. Toutefois, elle était d'une intelligence rare et, privé de garde-fou, son cerveau était à même de réfléchir d'une autre manière, trouvant des solutions originales aux problèmes, notamment pour ce qui était de la nourriture et de l'argent. Elle concoctait des plans pour cambrioler une maison, et confiait la partie pratique à la jeune Haradrim, qui testait sur le terrain les possibilités. Ivre, elle se sentait pour une fois utile, dans le rôle de commandement. Jusqu'à ce qu'elle fasse la rencontre de Justar Alen.

Prompte à défier la chance, le hasard, la logique et les dieux, joueuse invétérée, Alyss avait surtout le défaut de détester perdre, et d'être prête à tout pour remporter la victoire. Arrivées dans une petite ville, elle avait commencé à jouer aux cartes dans une auberge, pour se détendre un peu, et avait perdu plus que jamais contre le même homme. Convaincue qu'il trichait, elle avait demandé à un prêteur qui se trouvait dans la ville de lui avancer de l'argent, le temps qu'elle prouve à tout le monde qu'il trichait, histoire de récupérer tout ce qu'il lui devait et de montrer à tous ceux qui se moquaient d'elle qu'elle n'était pas incapable. Une sacrée somme en perspective. Manque de chance, si le prêteur accepta de lui prêter cet argent, c'était qu'il était un ami du tricheur, et qu'ils marchaient ensemble. Alyss perdit tout son argent, une bonne partie des économies de Nivraya, que celle-ci accepta à contrecœur de lui prêter, et tout ce qu'elle avait obtenu du prêteur. N'ayant aucun moyen de rembourser sa dette, elle décida de prendre la fuite avant que les choses ne dérapent. Mais les hommes à qui elles avaient affaire avaient tout prévu, et elles tombèrent dans une embuscade. Alyss perdit connaissance quand un gourdin rencontra sa tête, et elle ne dut son salut qu'à l'intervention de Nivraya, qui la hissa tant bien que mal sur un cheval, et qui partit à bride abattue droit devant elle, dans la forêt. Elle galopa pendant une éternité, sentant sa monture un peu plus faible à chaque pas, et les poursuivants de plus en plus proches, quand elle fit la rencontre de ce beau chevalier, vêtu d'une belle armure, entouré par quelques uns de ses gardes : Justar Alen.

Nivraya était au comble de l'épuisement. Elle avait dû rester concentrée pendant une éternité, et la dose qu'alcool qui circulait dans son sang la rendait langoureuse et incroyablement peu réactive. En découvrant cet homme armé, qui irradiait la puissance et qui représentait sa seule chance de survie, elle comprit que si elle ne parvenait pas à le convaincre, elle allait y passer. Elle se prosterna devant ce noble providentiel, et l'implora de la sauver elle et son amie des hommes qui la pourchassaient. Elle n'eut même pas l'occasion de lui expliquer sa situation que déjà des cris et des bruits de sabots se faisaient entendre. Ledit noble ne se donna même pas la peine de répondre : sans hésiter, sans doute poussé par un esprit chevaleresque, il dégaina son épée, rapidement imité par ses gardes et il croisa le fer avec le prêteur et ses compagnons. Une lutte âpre débuta, jusqu'à ce que les malandrins comprennent que ce qu'ils espéraient gagner valait bien moins que le prix de leur sang. Ils battirent en retraite, non sans laisser le Seigneur Alen grièvement blessé au bras.

Suite à cet affrontement, le Seigneur Alen fut contraint d'interrompre la partie de chasse qu'il était en train de mener, et de rentrer au plus vite pour se faire soigner. Son bras était en bien mauvais état, et la lame était peut-être empoisonnée. On n'accorda pas à Nivraya et Alyss le temps nécessaire pour qu'elles puissent expliquer leur histoire, mais pour leur sécurité, Justar Alen ordonna qu'elles l'accompagnent jusqu'à la résidence où il séjournait, dans la province du Gondor. En effet, il était originaire de l'Arnor, en visite chez un ami de son père, et ses parents l'attendaient bientôt. Chez les amis de sa famille, on le fit rapidement examiner par le docteur le plus compétent, qui détecta de nombreuses traces de poison : un poison mortel qui se répandait dans les veines assez lentement, mais dont le remède était encore plus long à préparer, et presque impossible à trouver. La seule solution s'il voulait survivre était de renoncer à son bras droit. Justar Alen, qui était un homme vaillant, supporta l'opération tant bien que mal. Cependant, Alyss et surtout Nivraya se sentirent extrêmement coupables. Elles avaient une dette envers cet homme qui les avait sauvées, et sans elles, il n'aurait jamais eu à subir une telle blessure. Bien décidées à se faire pardonner, et à l'aider du mieux qu'elles le pouvaient, sans oublier que pendant ce temps, elles étaient en sécurité, elles restèrent s'occuper de lui, changeant ses bandages, l'aidant pour manger, et pour se déplacer. Alen était sorti très affaibli de son amputation, et son moral avait pris un coup. Il avait toujours été un homme actif, et le voilà qui se retrouvait dépendant de tout et de tout le monde, obligé de réapprendre les gestes du quotidien avec une main qu'il avait toujours méprisée.

Grâce aux bons soins de Nivraya, et à une médecine efficace, il recouvra quelques forces, même si cela le força à repousser son départ pour l'Arnor, le temps qu'il se remette. Entre temps, lui et Nivraya parlèrent beaucoup. Elle était perdue, pourchassée, et en quête d'une vie différente. Lui était un jeune noble désœuvré, qui se devait d'attendre d'être en âge de pouvoir gérer lui-même les terres de ses ancêtres. Leurs conversations parlaient peu de leurs vies respectives, mais plutôt de leurs projets, de ce qu'ils envisageaient de faire, et de ce qu'ils allaient être contraints de réaliser. Petit à petit, Nivraya commença à éprouver des sentiments plus tendres mais aussi plus forts vis-à-vis de Justar. Elle appréciait sa compagnie, certes, mais elle aimait aussi qu'il la regarde, qu'il lui fasse des compliments, et elle se sentait grisée lorsqu'elle devait le toucher, pour changer ses bandages, ou pour lui faire sa toilette. Toutefois, elle s'astreignit à garder tout cela pour elle : il était noble, et elle était une voleuse et une tueuse. Ils ne pouvaient pas cohabiter. C'était la pensée qui lui permettait de rester lucide, jusqu'au jour où Alen lui fit une proposition étrange. Au cours d'une de leurs habituelles discussions, au lieu de partir à parler de leurs idées les plus folles, comme d'habitude, il lui demanda de lui raconter toute la vérité. Il avait eu le temps de réfléchir par lui-même à sa rencontre avec les deux jeunes femmes, et il y avait des points qui ne lui paraissaient pas totalement clairs. Ils étaient seuls, personne ne pouvait les entendre, et ils étaient devenus très proches. Nivraya sentit qu'elle pouvait tout lui dire, et elle surmonta la honte que lui inspiraient ses actes odieux, son addiction à la boisson, ses crimes. Tout ce qui lui pesait sur le cœur.

Le Seigneur Alen avait toujours été un homme bon. Il n'était pas enclin à la colère, et il avait toujours eu la qualité ou le défaut de pardonner facilement. Les actes qu'avaient commis Nivraya étaient horribles, et il ne cacha pas son ressentiment vis-à-vis d'eux. Toutefois, il entendit derrière ses propos sa détresse, sa peur, et il vit quelle femme perdue et inquiète sommeillait en elle. Il était d'un naturel bon, et il savait que Nivraya ne s'en sortirait pas seule et sans aide. Elle lui avait dit s'être débrouillée en solitaire plusieurs fois, mais en la regardant, il ne pouvait pas s'empêcher de s'imaginer qu'elle ne tiendrait pas le choc dehors, seule et sans le sou. Immanquablement, elle finirait pas succomber aux dangers qui existaient partout. Elle se verrait de nouveau contrainte de tuer pour vivre, et tomberait dans un cercle vicieux dont elle ne pourrait plus jamais sortir. Sans qu'il puisse l'expliquer, Justar ne pouvait le supporter. Mais le Seigneur Alen avait aussi un défaut. Noble, il devait se marier pour assurer sa descendance, et contribuer à ce que sa famille ait toujours un héritier. Cependant, il était né ainsi, il n'aimait pas plus les femmes que les hommes. Il appréciait leur conversation, les trouvait sympathiques, amicales, amusantes parfois, mais jamais séduisantes ou attirantes. Ce défaut, personne ne le connaissait, et il l'avait toujours caché derrière une apparence extrêmement sûre de lui. Toutefois, il savait aussi que son père allait se faire de plus en plus insistant, et qu'il finirait par choisir une femme à sa place. Pour garder son secret et préserver les apparences, il devait trouver une alliée. Et au fond de son coeur, il savait que Nivraya pouvait faire l'affaire. Elle serait parfaite pour jouer le rôle de sa femme, et ses parents ne s'opposeraient pas à son choix, même si elle n'était pas née noble. D'autant qu'elle avait prouvé à maintes reprises qu'elle savait se tenir, et qu'elle était bien éduquée. Aussi, il décida de conclure un marché avec elle.

Au début, en entendant ses explications qui semblaient ahurissantes, elle n'en crut pas ses oreilles. Puis elle comprit : en aidant Justar Alen, elle pouvait lui rendre service, se protéger, et accéder à un rang auquel elle ne pouvait pas prétendre autrement. Elle était bien consciente de l'utiliser pour arriver à ses fins, mais Alen le savait aussi, et il l'acceptait de son plein gré. Elle se dit qu'elle aurait été bien bête de ne pas accepter. Ils conclurent un véritable pacte, qui contenait des règles strictes mais destinées à les protéger : en apparence, ils étaient le couple modèle, ils devaient aller aux bals et aux dîners ensembles, manger ensemble, partager le même lit, et bien s'entendre. En public, elle était Dame Nivraya Alen De Gardelame, ou plus simplement Nivraya De Gardelame, et elle devait à tout prix éviter de déshonorer sa noble famille. En privé, par contre, elle n'était aucunement obligée de remplir ses devoirs conjugaux, et elle pouvait vaquer aux occupations qui lui plaisaient. Un marché honnête, qui lui laissait assez de liberté pour exister. Quant à Alyss, dans tout ça, elle obtenait le rôle peu gratifiant de servante. En public, bien entendu, car Nivraya avait dit à Justar que la jeune Haradrim n'était nulle autre que son garde du corps personnel. Cela avait paru le ravir, car il préférait restreindre le cercle de ceux qui connaissaient son secret, d'une part, et parce qu'il appréciait l'humour simple et direct de la jeune fille, d'autre part.

Afin d'éviter que les parents de Justar ne protestent et ne tentent d'empêcher le mariage, ils célébrèrent leur union en Gondor, dans un cadre intimiste, en présence de seulement quelques personnes. Ce fut une cérémonie émouvante et sincèrement heureuse, et le baiser qu'ils échangèrent resta le plus beau souvenir de Nivraya. Puis, Alen remis et l'union prononcée, ils prirent la route de l'Arnor et de leur demeure. Logiquement, on aurait pu prédire que leur mariage allait se briser rapidement, car basé sur l'intérêt plutôt que sur l'amour véritable, mais il n'en fut rien. Liés qu'il étaient par leur contrat, mais aussi par l'amitié sincère qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre, ils savaient qu'ils avaient tout intérêt à sauver les apparences pour se sauver mutuellement. Nivraya désirait protéger Justar des reproches de sa famille, et ce dernier désirait la préserver des dangers du monde extérieur. Quant à leur contrat, jamais ils ne le rompirent. Ils dormaient dans le même lit, la nuit, mais jamais Justar n'esquissa le moindre geste pour la toucher, et il repoussa toujours toutes les avances qu'elle lui fit. En public, ils apparaissaient ensemble, souriants, radieux, même, car ils étaient vraiment heureux l'un avec l'autre. En échange de cette mascarade, Justar protégeait sa femme, et la comblait de cadeaux. Il lui offrait robes, bijoux, parfums, tout ce qu'elle désirait et qui était dans ses moyens. Jusqu'à ce que l'on commence à se poser la question de la conception d'un héritier. Le problème vint assez rapidement, car il était naturel pour les amis et les proches de s'en inquiéter. Afin de régler ce problème, Nivraya proposa à son époux de l'abandonner quelques temps, et de partir travailler à la capitale. Cela leur fournirait une excellente excuse pour ne pas concevoir, et la jeune femme sentait qu'elle avait besoin de faire autre chose de ses journées que de la peinture, même si elle était devenue douée dans ce domaine. En théorie, les femmes étaient soumises à leur mari, et elle n'avait besoin que de son autorisation pour exercer une profession noble. Il la lui accorda sans hésiter, conscient que si cet éloignement leur coûtait, il serait encore plus pénible de rester ensembles.

Nivraya, tandis qu'elle se hissait dans la hiérarchie sociale à une vitesse fulgurante, avait beaucoup réfléchi à son vieux rêve, sa vieille ambition. Elle savait qu'elle venait de mettre le pied sur le premier barreau de l'échelle, et qu'il allait lui falloir de nombreux efforts pour arriver en haut. Elle avait déjà eu l'occasion de voir comment fonctionnaient les choses du côté des roturiers, et elle savait que le véritable pouvoir résidait dans la politique. Cependant, appartenant à la petite noblesse, elle ne pouvait pas prétendre à un poste important. Elle se tourna donc vers le Droit. La justice était un domaine qui touchait à tout, et à tout le monde. Elle pouvait se montrer tantôt clémente, tantôt implacable, et disposait d'un pouvoir important dans l'esprit de chacun. En outre, elle avait beaucoup lu, et les ouvrages de Droit n'étaient guère difficiles à trouver. Lorsqu'elle se présenta à la capitale, pour demander à travailler pour le Roi, elle était parfaitement renseignée sur le sujet, et même si elle savait que personne n'allait lui faire confiance, au début, elle était persuadée que ses connaissances allaient rapidement attirer l'attention. On l'interrogea de bien des manières, et on lui fit passer de nombreux tests pour être sûrs qu'elle ne mentait pas, et qu'elle était réellement talentueuse. Sans doute que si un mâle s'était présenté à sa place, il aurait eu droit à un traitement plus sympathique, mais elle sut s'en accommoder, et ne se laissa pas démonter. Elle se montra parfaitement docile, consciencieuse, et surtout incollable. On finit par ne plus trouver comment la repousser dans les limites du politique correct, et on finit par accéder à sa requête. Ce fut ainsi qu'elle devint Perceptrice du Roi, poste qu'aucune femme avant elle n'avait exercé. Mais son objectif était tout autre.

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Nivraya assise dans un fauteuil confortable, son sceptre posé négligemment en travers de ses genoux repliés. Dans sa main droite, un verre oscille tranquillement. Il est rempli à moitié de cet alcool nain savoureux et diablement fort. Elle le dévisage sans rien dire, les yeux perdus dans la vague. En face d'elle, les yeux clos, Alyss a la respiration tranquille. On dirait qu'elle dort, mais il n'en est rien. Elle a un cycle de sommeil assez particulier, peut rester des jours entiers sans dormir, et ensuite se reposer pendant toute une semaine, pour récupérer. Héritage de sa vie de voleuse, toujours aux aguets. On peut dire que pour être en forme, elle a besoin de deux heures de sommeil par nuit. Une heure est déjà largement suffisant, et presque nécessaire pour qu'elle ne soit pas hyperactive. Ne dormant pas, donc, elle se contente de reposer ses muscles et ses yeux, tout en restant particulièrement attentive à tout et à tout le monde. Comment peut-on le savoir ? À ses oreilles qui frémissent à chaque son inhabituel. Elle est garde du corps, après tout. Assis à un bureau, un peu plus loin, à la lueur d'une bougie solitaire, Freyloord s'occupe de remplir de la paperasse, de préparer la journée du lendemain. Il a même fait la liste des courses, et il va bientôt s'occuper de dresser la table du petit déjeuner. Lui, il n'est pas insomniaque comme Alyss, c'est juste qu'il se couche et se réveille très tard. Son contrat à lui ne stipule pas qu'il doit suivre le même rythme que Nivraya, et il s'en accommode parfaitement. Trois heures du matin, il va bientôt aller dormir, pour ne sortir de son lit qu'à dix heures, l'heure à laquelle arrivent les premiers messagers qui ne sont pas importants. La scène a quelque chose d'habituel, de routinier. Une sorte de tradition que personne n'a besoin de rappeler. Nivraya esquisse un sourire, en regardant son élève studieux, penché sur les documents, les yeux gonflés de fatigue. Elle se souvient encore de leur première rencontre...

Nivraya de Gardelame Freylo10

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Freyloord a toujours été grand et costaud, une véritable montagne de muscles, habituée à travailler dur. Il était chasseur dans le grand Nord, une force de la nature qui ramenait à manger pour son clan, composé de guère plus d'une quinzaine de membres. C'étaient des nomades, qui allaient là où le gibier se trouvait, et qui arpentaient les terres glacées en construisant des abris incroyablement chauds à l'intérieur, malgré les températures négatives à l'extérieur. Il avait eu le malheur d'être capturé par des mercenaires qui arpentaient le monde à la recherche d'hommes d'exception pour combattre dans les arène de Kryam, ou pour servir d'esclaves au Harad ou en Rhûn. Au vu de sa stature imposante, Freyloord était devenu gladiateur. Les premières années avaient été difficiles pour lui, qui était un pacifique géant, mais il avait rapidement pris goût au sang, avant que cela ne l'affecte plus. Il rentrait dans l'arène, sous les vivats de la foule, et exécutait sa sombre tâche, sans s'émouvoir, sans se laisser distraire. Un marchand particulièrement riche le repéra, et proposa à son entraîneur de l'acheter, pour pouvoir parier dessus. Ce fut ainsi que Freyloord changea de main, pour devenir un gladiateur sous contrat. En échange des combats qu'il menait, on lui donnait de la nourriture, et une solde, ridicule certes, mais suffisante pour qu'il puisse s'acheter de quoi s'amuser : des femmes, du vin, ou bien des armes. Mais ce qui intéressait Freyloord, c'étaient les livres.

Il avait toujours vécu dans un clan où les savoirs étaient transmis oralement, et où les contes et les légendes d'autrefois se perdaient, malgré tous les efforts des anciens. Ainsi, on lui avait appris depuis tout petit que les livres étaient les gardiens de la mémoire, de véritables trésors à préserver. Naturellement, ses premières pièces avaient été investies dans ces précieux manuscrits qu'il lisait et relisait sans cesse. Il achetait ce qu'il trouvait, sans vraiment se soucier de son propre intérêt. Des contes, des livres d'histoire, de géographie, de droit ou d'art. Il ne comprenait pas tout, mais il était curieux, et il assimilait vite. En parallèle, sa carrière de gladiateur continuait à progresser, et il atteignit le sommet de sa gloire vers l'âge de trente ans, invaincu. Il n'avait pas combattu contre les meilleurs, mais son nom résonnait dans quelques oreilles, et on s'intéressait à lui. Les années passèrent, similaires, et le temps ne l'épargna pas. Peu à peu, ses réflexes se firent moins vifs, et il accumula des petites blessures qui l'affaiblissaient considérablement. Il gagnait encore, certes, mais il passait beaucoup de temps en convalescence, à récupérer. Vers l'âge de quarante-cinq ans, son propriétaire constata que Freyloord le Géant, la terreur de l'arène de Kryam, s'était presque définitivement éteint. Aussi, il chercha à le vendre, en vain. Personne ne voulait d'un combattant vieillissant, aux réflexes émoussés. On voulait du jeune, du vaillant, des guerriers avides de sang, et pas de livres. Le marchand désespéra de trouver un acheteur potentiel, et consentit à attendre. Après tout, Freyloord l'avait rendu riche. Il lui devait bien ça.

Le géant devint une sorte d'assistant du marchand, qui avait besoin d'une escorte dissuasive. Toutefois, il aidait aussi bien en faisant la cuisine qu'en chassant, et il avait même un certain don pour les tâches ménagères. Rien de bien prometteur, se disait le marchand qui aurait plutôt voulu que son colosse soit un guerrier impitoyable. Le duo étrange se rendit de par le monde, pour commercer, et ils passèrent un beau jour à Annùminas, capitale d'Arnor. Comme à chaque fois, le marchand s'occupait de vendre ses biens, de prendre contact avec des gens du coin, pour ne pas avoir à revenir faire le déplacement lui-même, tandis que Freyloord partait vaquer à ses occupations. Comme souvent, il errait dans les rues, sans se soucier des regards étonnés qu'on lançait à son visage peu amène et à ses cicatrices, à la recherche d'une boutique où l'on vendait des livres. Il entra dans la première qu'il trouva, et commença à observer les rayonnages. Il était si absorbé par sa contemplation qu'il failli ne pas voir la jolie jeune femme qui faisait la même chose que lui, et qui ne l'avait pas non plus remarqué. Elle tourna finalement la tête vers lui, et il fut saisi par l'énergie qui se dégageait de ses yeux verts.

Nivraya avait déjà rencontré des gens comme Freyloord, dans sa vie : de grandes brutes épaisses, larges d'épaules, capables de couper un cheval en deux d'un seul coup d'épée. Elle n'était pas vraiment surprise par son physique, mais bien par l'endroit où il était, et par son regard vif et pétillant. Elle n'aurait su dire pourquoi, malgré son visage marqué par les épreuves, porteur de quelques cicatrices attestant d'un passé mouvementé, elle lui trouvait quelque chose...d'intelligent. Elle avait tendance à mépriser les gens du peuple, et elle ne les regardait que comme des moutons stupides et sans cervelle. Mais chez ce géant amoureux des livres, comme elle, elle trouvait quelque chose d'intriguant, d'intéressant. Il ne lui en fallut pas plus pour engager la conversation.

C'était la première fois de toute sa vie que l'on interrogeait Freyloord sur son passé, et il se surprit à raconter son enfance, sans vraiment comprendre pourquoi il faisait confiance à ce petit bout de femme, qu'il dépassait de plusieurs têtes. Il remarqua immédiatement qu'il se dégageait d'elle une prestance et une autorité qui l'obligeaient à se montrer courtois et respectueux. Il avait toujours caché sa grande érudition, chose étrange et malvenue parmi les esclaves, les gladiateurs, et les serviteurs. Il avait toujours fait un effort pour parler de manière simple, sans emphase, et sans donner d'indices concernant sa véritable passion. Mais en face d'une dame de toute évidence noble, il ne parvint pas à jouer à l'idiot.

Nivraya fut agréablement surprise par la conversation du colosse, et par ses connaissances. Il n'était pas un savant, et il n'avait sans doute jamais eu l'occasion de s'intéresser à un sujet particulier, mais il avait de bonnes bases dans de nombreux domaines. Il était presque impossible de trouver un sujet à propos duquel il n'ait rien à dire. Elle le trouva attachant, et demanda à rencontrer son maître, qui se trouvait en ville. Malgré l'incongruité de cette demande, Freyloord accepta de la conduire jusqu'à lui, sans poser de questions. Ce fut un autre point que la jeune femme apprécia immédiatement. Sa discrétion. Il ne posait pas de questions qui n'étaient pas importantes, et semblait ne pas porter de jugement sur les gens et les choses. Il acceptait tout avec une grande philosophie, respectant les choix de chacun. Nivraya, après avoir rencontré un homme d'exception en la personne de Freyloord, fut terriblement désappointée par sa rencontre avec le marchand. Celui-ci était l'exact opposé de son serviteur. Peu instruit, de toute évidence, il était davantage concentré sur le matériel, sur l'argent, que sur la valeur que l'on pouvait accorder à l'intelligence. Nivraya, sans circonvolutions, lui annonça qu'elle voulait acquérir son escorte - sans même avoir consulté l'intéressé, elle ne se souciait guère de ce genre de détails -, et lui demanda de lui fixer un prix. Elle avait supposé que pour une personne aussi cultivée que le géant, elle allait devoir débourser une belle somme, qu'elle allait devoir marchander, voire même menacer, mais il n'en fut rien. Au contraire, le marchand semblait presque soulagé de tirer quelques pièces de son serviteur. Mais puisqu'il était heureux, Nivraya n'allait pas s'en plaindre. Satisfaite de son acquisition, elle décida de présenter officiellement Freyloord comme son assistant. Il perdait donc le titre d'esclave, et devenait un homme libre, chose qu'il n'avait plus été depuis des années.

Il prit rapidement ses marques, et fut chargé de tout ce qui concernait les tâches ménagères, ce qui est toujours d'actualité. Il nettoie, fait la cuisine, fait les courses, et joue également au serveur, quand sa patronne n'a pas envie de passer à table. Il accompagne de temps en temps Nivraya en ville, où il s'occupe de son ombrelle, à moins que ce ne soit pour porter ses affaires. Son physique impressionnant donne l'impression qu'il est garde du corps, alors qu'il n'en est absolument rien. Il serait toutefois mal avisé de le sous-estimer, car sa musculature très développée lui permettrait sans doute de venir à bout d'un quelconque brigand. L'arme à la main, il serait sans doute capable de rivaliser avec un soldat de métier, mais il aurait plutôt tendance à protéger sa maîtresse plutôt qu'à combattre pour elle. Véritable homme-lige, il considère qu'il a pour mission de veiller à ce que Nivraya soit en bonne santé, et en sécurité. Il exécute à la lettre ses quatre volontés, sans poser de questions, sans discuter. En échange de cette obéissance aveugle, il jouit d'une très grande liberté. Lorsqu'elle n'a pas besoin de lui, il est libre de s'occuper comme il l'entend. Il est le seul, hormis Nivraya elle-même, à pouvoir consulter la bibliothèque de la Chambre. C'était ainsi qu'ils appellent communément l'endroit où ils résident tous trois, à cause du fait qu'ils ont tendance à dormir souvent dans des pièces qui ne sont pas faites pour. En outre, Freyloord décide lui-même des ouvrages à acheter pour enrichir cette collection, et il a reçu pour consigne de faire comme il l'entend. La plupart de ses choix, ceci dit, restent d'ordre assez général, et il ne récupère aucun ouvrage qui puisse nuire de près ou de loin à sa maîtresse.

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Nivraya étouffe un bâillement qui ne manque pas de faire s'agiter les oreilles d'Alyss, installée en face d'elle. La nuit est tombée depuis longtemps, et il fait trop frais pour rester dormir sans couverture, d'autant qu'elle a terminé sa boisson chaude depuis un moment, déjà. Frey, lui, est en train de ranger la paperasse. Il parvient, par on ne sait quel miracle, à ne faire aucun bruit. La jeune femme se lève soudain, et commence à s'étirer. Le bruit feutré de ses pas sur le tapis hors de prix l'accompagne alors qu'elle se dirige vers son lit. Elle salue ses acolytes d'un discret geste de la main, t referme la porte derrière elle. Elle est enfin seule dans son espace personnel. Personne n'y entre, à part Freyloord qui vient faire les poussières, mais il s'en occupe pendant la journée, quand elle est dehors. C'est son petit coin de paradis, là où elle se sent réellement protégée. Une seule fenêtre, soigneusement piégée et protégée, de sorte qu'il soit absolument impossible de l'ouvrir de l'extérieur. C'est Alyss qui l'a affirmé. Un cocon, un nid dans lequel personne ne vient la déranger. Épuisée, elle s'affale sur le matelas qui l'appelle, et ferme les yeux. Elle a depuis longtemps abandonné sa robe de soirée, lui préférant une chemise de nuit toute simple, et serait presque prête à dormir, si des pensées parasites ne venaient pas la hanter.

Alyss s'était amusée avec le mercenaire très rapidement, et l'avait proprement expédié. Freyloord, toujours aussi serviable, s'était occupé de se débarrasser du corps, qui devait se trouver habilement caché quelque part. Il avait du talent pour ce genre de choses. Maintenant, restait à savoir si tout s'était passé parfaitement. L'homme avait été repéré deux jours plus tôt, alors qu'il était en pleine filature, par la jeune haradrim, qui n'avait pas pipé mot avant d'être certaine qu'il ne pourrait pas les entendre. Nivraya avait alors concocté ce petit plan, consistant à entrer en contact avec lui, à le séduire, pour mieux endormir sa vigilance, avant de le retirer définitivement de la partie. Elle avait demandé à Freyloord de faire quelques recherches sur l'homme en question. En peu de temps, il avait découvert l'essentiel : il était en ville depuis peu, voyageur de passage d'après ses propres dires, descendu dans une auberge peut-être un peu trop bien pour lui. Ça avait été sa première erreur. Prenant le risque de le défier sur son propre territoire sans protection aucune, Nivraya s'était rendue dans l'auberge, apparemment pour y passer une soirée avec quelqu'un. Un quelqu'un fictif qui n'avait jamais fait son apparition. Il l'avait abordée après être resté trois bonnes heures à la regarder depuis l'autre côté de la pièce. Elle l'avait invité à s'installer à la table pour deux qu'elle occupait seule depuis un moment, et la conversation avait commencé tranquillement. Elle avait eu confirmation de ce qu'elle avait appris par ses acolytes : l'homme n'était pas du coin, et s'il taisait qu'il venait d'arriver, il profitait quand même de son "inexpérience" pour lui poser des questions sur son travail, sur elle-même, et sur sa vie en général. Il n'avait pas été difficile de le ferrer, en lui faisant croire qu'elle était complètement ivre (alors qu'elle ne l'était qu'un peu), et de l'attirer dans le guet-apens d'où il n'était pas ressorti vivant. La conversation s'était éternisée au point qu'il n'y avait plus personne dans l'auberge, aussi personne n'avait pu les voir partir ensembles. Quant à leur balade nocturne, l'homme avait pris grand soin de ne pas être suivi ni reconnu. Nivraya, malgré sa comédie, avait également jeté un coup d'œil attentif aux alentours. En outre, le manteau qui la cachait était assez grand pour que personne n'ait reconnu sa tenue de soirée ô combien indiscrète. Maintenant, restait à espérer que les rats trouveraient le corps les premiers, et qu'ils le rendraient méconnaissable. Et si quelqu'un tombait dessus par hasard ? Au pire, personne ne se souviendrait du type, et au mieux, les hommes qui l'avaient employé prendraient peur, et s'inquiéteraient de savoir ce qui avait pu être révélé. Son plan était parfait, sans faille, et elle était certaine d'avoir paré à toutes les situations. Comme d'habitude.


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Nivraya de Gardelame EmptyJeu 3 Mai 2012 - 19:08
Bon, voyons ça, ça a pas l'air trop mauvais...

Fiche validée bien entendue (à moins qu'un autre coloré ait un avis contraire langue ) ! Comme ton premier personnage tu nous présentes extrêmement bien un personnage qui se révèle intéressant !

J'attends vivement de voir ce que ça pourra nous donner en RP ! Wink

Dwi'
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