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 Les chiens, la vipère et la renarde

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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Les chiens, la vipère et la renarde EmptySam 29 Déc 2012 - 22:48
La nuit tombait sur le Sud de la Terre du Milieu, apportant avec lui un froid qui promettait d'être désagréable. Bah... J'avais connu des voyages pires que celui qui s'annonçait, très probablement. Il en fallait plus pour me déranger, et je savais pertinemment que cela ne serait que le prélude à une situation plus confortable. Il fallait savoir souffrir un peu pour obtenir des résultats. Pour l'heure, je ne risquais pas ma vie. Il fallait déjà voir cela comme un point positif. La suite promettait d'être plus mouvementée, et rien ne garantissait que nous allions nous en sortir. Enfin, je ne me faisais pas trop de soucis pour moi. J'avais reçu un entraînement intensif qui avait exercé mon endurance et ma capacité à gérer les situations de stress. Mais pour Agathe, j'avais quelques doutes. Non pas qu'elle fut incapable, bien au contraire, mais je m'interrogeais quant à sa capacité à faire face en cas de danger mortel. Elle avait passé pas mal de temps à ne faire que survivre, et je me demandais si elle allait être capable de réfréner l'instinct qui poussait à fuir, pour accomplir sa mission. Difficile à dire.

Elle était justement là, en train de boucler son paquetage. Enfin...son sac de voyage, car après tout, nous étions supposés voyager comme deux simples civils. J'avais même insisté pour que nous n'emportions pas de monture, ni d'ailleurs de vêtements particuliers pour combattre le froid. Elle avait fait la tête pendant toute la journée, jusqu'à ce que je revinsse avec une tunique de voyage rembourrée. Elle avait souri comme pour montrer qu'elle avait gagné, mais comme j'avais menacé de lui reprendre la dague si elle n'arrêtait pas, elle avait fini par se calmer. Nous étions tous les deux prêts au départ, moi dans ma tenue de voyage habituelle, avec mon sac bouclé sur les épaules, et elle dans sa tunique chaude, prête à parcourir plusieurs miles dans le froid et la peine, pour remplir une mission qui, au final ne la concernait en rien.

A la nuit tombée, nous quittâmes le navire du Capitaine Vardrin. Je lui avais laissé un message pour le remercier de son hospitalité, et lui assurer en quelques mots bien choisis de mon soutien si jamais il venait à avoir besoin de moi. Du blabla pas si inutile que ça, car il était toujours bon de parfaire une couverture, dans les moindres détails. J'adressai un salut au marin de garde, qui étrangement me répondit de la même manière. Avais-je fait en sorte qu'il obtînt une ration de rhum plus importante pour qu'il me saluât ainsi, ou bien avais-je réellement marqué des points en sauvant la vie de son supérieur ? Je l'ignorais, et à vrai dire, je n'avais pas vraiment le temps de m'en préoccuper. De toutes façons, la psychologie des pirates était tellement simple que la première réponse était très certainement la bonne.

Agathe et moi-même, silencieux mais pas particulièrement discrets, nous traversâmes la Cité du Destin sans échanger un mot. Moi, parce que je n'avais rien à dire de très intéressant, et elle - d'après mes observations - parce qu'elle ne savait pas par quoi commencer. Pour une fois qu'elle se taisait, je n'allais pas m'en plaindre. Nous dépassâmes les quartiers des docks, souvent mal famés à ces heures, mais qui aujourd'hui semblaient calmes. La vague de recrutement avait un peu vidé les rues des types louches qui erraient en quête d'alcool ou de bagarre, et c'était un premier pas vers la civilisation. Ici, pas de patrouilles pour assurer la sécurité des passants, et il semblait que seule la guerre contre un voisin pouvait assurer un minimum d'ordre - si ce mot avait jamais été prononcé sincèrement ici - entre ces murs crasseux. Nous évitâmes soigneusement les ruelles sombres qui serpentaient au travers de la ville, et passâmes comme deux individus normaux par les artères les plus fréquentées. Des ivrognes rentraient ou sortaient des bars, contents d'avoir eu une avance sur leur paie. Certains avaient même négocié pour être payés la moitié tout de suite, et l'autre moitié après. Des gars qui n'imaginaient pas revenir vivants de l'expédition, et qui décidaient de profiter de la vie avant de la quitter. Pathétique. Nous n'eûmes cependant pas à jouer des coudes, et j'en fus ravi, car j'aurais été contrarié de devoir corriger un malandrin le jour de notre départ. C'était souvent mauvais signe.

Nous arrivâmes finalement aux imposantes portes de la cité. Bel ouvrage, qui avait résisté aux affres du temps. Effectivement, il ne datait pas de l'époque des pirates, mais de bien avant. C'était Numénoréen, à n'en pas douter, car aucun pirate n'aurait eu l'idée de créer un tel monument, agrémenté de sculptures discrètes, qui commençaient à disparaître à cause du temps et des éléments. Dommage. Nous nous présentâmes aux factionnaires, munis de lettres officielles que nous avait données Taorin. Une chacun, pour que nous puissions quitter la ville après la tombée de la nuit. Le garde la parcourut du regard un moment, s'arrêtant davantage sur le sceau du Seigneur Pirate que sur les lettres tracées, avant de nous faire signe que c'était bon. J'attrapai la lettre d'Agathe, m'approchai d'un soldat qui tenait une torche, et entreprit de brûler soigneusement ces documents qui pouvaient nous compromettre si quelqu'un nous découvrait avec. Consciencieux, j'attendis qu'ils fussent totalement détruits avant de franchir la poterne qui avait été ouverte pour nous. Comme d'habitude, nulle fanfare, nulle foule en délire pour un espion comme moi. Seulement les petites portes, les endroits sombres et surtout l'anonymat. J'aimais ce métier. Agathe s'arrêta à la porte, et se retourna pour contempler les murs et les toits de la Cité du Destin.

- Agathe ?

Elle se retourna rapidement, comme si elle avait été prise en faute :

- Désolée...C'est juste que...

- Prrenez votrre temps, la coupai-je.

Je savais qu'il était difficile de quitter son chez-soi. On pouvait l'aimer profondément, comme moi, ou le haïr de toute son âme, comme Agathe, mais cela demeurait un endroit familier où on avait ses repères. Partir à l'aventure dans l'inconnu demandait une certaine dose de courage. Je pensai un instant à demander à Agathe si elle désirait suivre sa propre route, et m'abandonner ici, au pied de cette porte. Très franchement, je pense qu'elle aurait pu répondre par l'affirmative, et me tourner le dos définitivement. Mais je n'en fis rien, et elle acheva finalement de dire adieu mentalement à sa cité. Elle se porta à ma hauteur, et ferma les yeux lorsque le claquement de la porte se fit entendre dans notre dos. Nous étions partis.

Nous marchâmes pendant un peu moins d'une heure, direction plein Nord, en suivant la Grand'Route qui menait jusqu'à Al'Tyr. Nous avions rendez-vous avec les Chiens de Taorin, que je devais rencontrer au moins une fois avant le début de notre mission. J'avais déjà parlé à Agathe, et j'avais décidé de la mettre dans la confidence quant à ce que nous allions devoir faire. Etrangement, elle n'avait pas paru très choquée d'apprendre que notre action risquait de conduire à la mort d'innocents. Lorsque je lui en avait fait la réflexion, elle s'était contentée de me dire : "si vous aviez vu les regards des gens qui venaient chez Omar, vous sauriez que pas grand-monde n'est innocent". Réponse tout à fait correcte. Cependant, je ne savais ce qui la motivait. Désirait-elle se venger de quelqu'un, ou bien simplement s'amuser ? Certains combattaient et tuaient par pur plaisir, d'autres par obligation...Les deux étaient à craindre. Il fallait savoir tuer quand c'était nécessaire, épargner quand il le fallait, et surtout se débrouiller pour garder autant que possible les mains propres. J'avais dû ôter la vie plusieurs fois, lorsque je servais dans les rangs de l'armée régulière, mais j'avais appris qu'il était toujours préférable de faire commettre les petits meurtres par un tiers. C'était une meilleure protection, et souvent c'était beaucoup plus efficace.

Je fus heureux de constater qu'Agathe marchait d'un bon pas. J'avais moi-même l'habitude d'aller assez vite à pied, et j'étais souvent contrarié de voir que les gens ne suivaient pas le rythme. Bien qu'elle ait été emprisonnée de longues années durant, Omar avait dû bien la traiter, en lui donnant le droit de faire de l'exercice régulièrement, sans quoi jamais elle n'aurait pu être aussi en forme. Sous nos pieds, le terrain était irrégulier, composé d'une succession de petites collines où la végétation était rare, mais cela ne nous ralentît guère, et nous arrivâmes en vue des cavaliers à l'heure prévue. Je les saluai de la main, comme convenu, car notre mot de passe consistait à ne pas dire un mot. Ils me répondirent de la même manière, et mirent pied à terre pour m'accueillir.

#Ryad #Agathe


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Les chiens, la vipère et la renarde EmptySam 29 Déc 2012 - 23:25
Les Chiens étaient des combattants disciplinés, et j'avais très certainement affaire à l'élite de la piraterie d'Umbar. C'était dire le niveau des autres. Ils étaient dix, en comptant leur chef. Un certain Tarik, d'après ce que j'avais pu entendre. Je ne le connaissais pas, lui ne me connaissait pas, et nous n'avions pas grand intérêt à faire ami-ami, à part si nous désirions accroître nos chances de nous faire repérer par la suite. Il se détacha des autres, et vint me serrer la main fermement. C'était un gaillard en forme, costaud et robuste, qui aurait fait merveille au milieu d'une arène de gladiateurs. J'avais davantage de doutes concernant sa finesse et son doigté. Je n'en fis cependant pas mention, pour ne pas les froisser d'entrée de jeu. Cela aurait été impoli et maladroit. Ou plutôt honnête et salvateur, mais je n'étais pas là pour sauver qui que ce soit à part le Trône de Rhûn. Tant pis pour eux.

Je fus tout de même satisfait de voir qu'ils avaient fait un effort pour porter le déguisement qu'ils allaient arborer une fois arrivés à Dur'Zork. Ce n'était pas du grand art, mais il y avait pire. Enfin...probablement. Sans un mot, je les examinai un par un, avec la plus grande sévérité. J'ordonnai à certain de couper leur barbe, à d'autres de la laisser pousser. Je demandai même à un type fort chevelu de se faire une coupe courte plus discrète et plus passe-partout. Ses compagnons étouffèrent un éclat de rire qui me laissa parfaitement indifférent. Quant à Tarik, je lui demandai simplement de recoudre les parties abîmées de sa tunique, de sorte à présenter bien quand il arriverait en ville. Il était déjà suffisamment difficile de s'infiltrer dans une cité qui se préparait à la guerre, alors pas besoin de se faire recaler parce qu'on était passé pour un mendiant. Des erreurs que bon nombre de débutants commettaient, malheureusement pour eux.

Une fois que l'inspection fut terminée, ce qui nous portait à une petite dizaine de minutes plus tard, j'entrepris de leur donner des consignes claires :

- Perrsonne n'entrre en contact avec perrsonne. C'est la rrègle numérro un. Je suis votrre supérrieurr pourr cette mission, et je suis le seul qui serra amené à vous contacter pourr rrecueillirr des inforrmations. Si je mets une semaine ou deux semaines à vous contacter, c'est que je l'ai décidé. Si je devais êtrre prris, d'une manièrre ou d'une autrre, vous viendrriez à l'apprrendrre. Alorrs, tourrnez-vous verrs Tarrik. Il prrendrra ma place.

J'attendis un instant d'avoir leur assentiment, avant de poursuivre :

- Faites marrcher vos yeux et orreilles, mais surrtout ne tentez rrien ! Vous surrprrenez une converrsation suspecte, pas besoin de commencer une filaturre. Contentez-vous de garrder en tête tout ce qui parraît intérressant, et d'attendrre que je vienne vous rréclamer les inforrmations. Comprris ?

Ils répondirent par l'affirmative.

- Bien. Maintenant, nous allons distrribuer les rrôles. Tarrik, vous vous débrouillerrez pour rrentrer dans l'arrmée. Faites-vous engager surr rrecommandation, faites en sorrte de vous fairre rremarrquer parr quelqu'un qui pourrait vous prroposer de vous engager. Vous serrez au plus prrès de l'inforrmation qu'ont les soldats. N'oubliez pas qu'on attend d'une rrecrue de l'obéissance. Vous allez en baver, alorrs accrrochez-vous.

Il ne semblait pas particulièrement convaincu, mais j'étais certain qu'il s'en tirerait, s'il était capable de supporter les inévitables situations difficiles qui risquaient de se présenter. Un chef un peu trop insupportable, la moquerie de camarades, ou tout autre problème du genre. Tant qu'il se souvenait que Taorin comptait sur lui, ce serait bon. Je me tournai vers un autre type :

- Toi, tu ferras en sorte d'être engagé chez un forrgerron. Pas grrave si tu n'as pas d'expérrience. Tu apprrendrras sur le terrain, comme tout le monde. Quant à toi, tu essaierras de te fairre embaucher dans une auberrge. Pourr laver les couverrts, pourr t'occuper des bains, pourr n'imporrte quoi, tant que tu es dans la place...

Je continuai à leur distribuer des affectation, en fonction des endroits où j'étais certain qu'ils allaient pouvoir obtenir des informations, sans avoir besoin de trop de subtilité. Les missions les plus délicates, je me les réservais, et peut-être que les Ombres accepteraient de me prêter main-forte, même si j'étais au courant qu'espion et assassin ne signifiait pas la même chose. Les assassins avaient les mains plongées dans le sang, tandis que les espions les avaient dans la boue. Ce n'était pas le même engagement, ni les mêmes objectifs. Avec les Chiens, notre petite conversation dura pendant une demi-heure, environ. Je leur rappelai qu'ils devaient être extrêmement prudents, se fondre dans la masse, et surtout agir naturellement. Pas de regards suspects, pas de comportement étrange. Ils devaient accepter de se promener sans armes dans les rues, refuser de s'exposer à tout prix, et éviter de se lier avec qui que ce soit. A ces mots, ils tournèrent tous la tête vers Agathe, qui eut le cran de soutenir leur dix paires d'yeux avec une résolution qui me surprit. Quel caractère !

Nous nous quittâmes bientôt, et les cavaliers partirent dans des directions différentes. Je conseillai à certain de vendre leur cheval pour arriver à pied, à d'autres de ne pas prendre soin de lui sur la route, pour qu'il arrivât en mauvais état. Je leur conseillai de se comporter comme des voyageurs, en se satisfaisant d'un minimum, et en ne rechignant jamais à effectuer les tâches les plus ingrates. C'était là que l'on apprenait le plus de choses. C'était dur, c'était pénible et c'était dégradant, mais cela en valait la chandelle. Une fois qu'ils furent partis, Agathe me tira la manche, pour attirer mon attention :

- Dites-moi, Maître...vous êtes meilleur comploteur qu'intendant.

- J'imprrovise, et je fais semblant d'êtrre assurré. Ils ont besoin de crroirre que je maîtrrise la situation.

Une excuse pathétique, mais que j'avais lâchée avec un aplomb terrible, tant et si bien que même si elle ne me croyait pas, elle ne pouvait pas en être totalement sûre. Maudite soit sa langue bien pendue. Si elle revenait à la charge, je jurai de la gifler.

- Quand même. Vous êtes un sacré bon comploteur.

"La prochaine fois", pensai-je sans grande conviction.


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Les chiens, la vipère et la renarde EmptyDim 30 Déc 2012 - 0:15
Le soleil se levait timidement, encore voilé à l'horizon par...eh bien, par l'horizon. Peut-être apporterait-il enfin un peu de chaleur, car la nuit avait été fraîche pour ne pas dire froide, et j'avais envié pendant un moment la chevelure d'Agathe, qui avait au moins le mérite de lui tenir chaud aux oreilles et au crâne. Le mien, nu, subissait la morsure du vent comme jamais, et on m'aurait donné une toque en peau d'orc que je n'aurais pas rechigné. Ou en tous cas, pas très longtemps. Mais avec l'apparition de l'astre du jour, nous allions enfin pouvoir voyager dans des conditions décentes sinon agréables. Agathe suivait toujours le rythme, ce qui était une bonne chose, aussi plaisante que de voir son émerveillement à chaque nouvelle découverte qu'elle faisait. J'avais l'impression de promener une enfant dans la campagne, et si je ne lui avais pas imposé un rythme de marche assez soutenu, probablement qu'elle se serait arrêtée pour observer chaque fleur, chaque arbre, chaque petit caillou. Je trouvais ça ridicule, personnellement. Ridicule mais assez touchant. Elle était restée enfermée si longtemps qu'elle avait oublié le bruit du vent dans les arbres, la texture des pétales des petites fleurs qui arrivaient à survivre, et même le contact du sol rugueux et inégal sous les bottes. A vrai dire, sa présence me permettait à moi-aussi de me souvenir de tout cela, et d'apprécier de manière surprenante une marche qui aurait dû être aussi monotone que les autres. Elle avait ramassé une fleur que je ne connaissais pas, et l'avait portée à son nez pour en humer le parfum délicat. Avec un petit "mmmh !" satisfait, elle l'avait serrée contre elle comme le plus précieux des trésors, et l'avait gardée en main toute la nuit durant, comme un porte-bonheur. Pourvu qu'il nous portât bonheur.

Avec l'arrivée du soleil, nous avions décidé de faire une petite halte. Un petit ruisseau coulait à côté, trop fin pour être marqué sur une quelconque carte, mais son eau était claire et pure. Un vrai régal. Agenouillé à son bord comme un père au chevet de son enfant, j'avais cueilli le précieux liquide entre les doigts, et m'était délecté de la fraîcheur bienfaisante de la boisson. Agathe m'avait rapidement imité, trop contente de pouvoir savourer ainsi les plaisirs simples de la liberté. Depuis que nous étions partis, elle ne s'était pas départie de son sourire, et j'appréhendais le moment où celui-ci allait disparaître. Non pas parce que j'aimais la voir sourire. Ou plutôt, si, j'aimais la voir sourire, mais surtout parce que cela signifierait des ennuis en perspective, et je détestais les ennuis. Nous commençâmes nos provisions de manière très parcimonieuse, piochant avec modération dans nos vivres. Un petit morceau de pain et du fromage pour chacun, de quoi tenir jusqu'à midi. Nous avancions à un bon rythme, et très probablement que nous pourrions joindre Djahar Mok en un peu plus d'une semaine. De là, il serait aisé de trouver un bateau qui nous mènerait jusqu'à Al'Tyr. Cela nous offrirait un répit agréable, et raccourcirait d'autant notre voyage. Les cavaliers emprunteraient un itinéraire assez similaire, avant que chacun choisisse un angle d'attaque pour arriver jusqu'à Dur'Zork.

Mais pour l'heure, il fallait se concentrer sur la marche. Les villages n'étaient pas rares près d'Umbar, mais ils se firent de moins en moins nombreux à mesure que nous progressions. Le paysage changea lui aussi. Les cultures qui entouraient la Cité du Destin nécessitaient de l'eau, qui faisait pousser de la verdure et des champs - guère fertiles, certes, mais qui suffisaient tout de même à nourrir la ville - mais dès lors que l'on s'éloignait des remparts, et de la vie humaine, le désert reprenait ses droits. Assez doucement, car nous étions près de la côté, et l'air était encore assez humide, mais les plantes ne poussaient plus aussi librement, et il y avait beaucoup plus de cailloux que d'herbe sous nos pieds. Fort heureusement, j'avais insisté pour que nous soyons bien chaussés. C'était indispensable lorsqu'il était question de parcourir de longues distances. Nous marchâmes jusqu'à midi, environ, avant de faire une seconde halte. Les routes étaient désertes, et nous n'avions croisé personne. Cela ne devait pas changer de tout le reste de la journée.

Lorsque vint le soir, nous décidâmes de faire une halte assez tôt, de sorte à nous reposer. Nous avions commencé cette journée bien avant tout le monde, et il n'aurait pas été judicieux de faire du zèle. L'objectif était d'arriver en forme, pas de faire n'importe quoi en dépensant inutilement nos forces. Intelligence et réflexion, voilà ce qui allait nous permettre de surclasser les hommes de Radamanthe, voilà ce qui nous différenciait des pirates. Je ne craignais pas particulièrement pour ma vie, sur ces routes désertes, et puis nous étions supposés passer pour de simples voyageurs, aussi décidâmes-nous d'allumer un feu pour nous réchauffer et pour nous éclairer quelque peu. Alors, je me rendis compte qu'Agathe et moi n'avions pas parlé de toute la journée. Etrange, pensai-je. Je n'avais pas éprouvé le besoin de lui adresser la parole, ce qui se concevait tout à fait, mais la réciproque avait de quoi surprendre. Tout entière à ses observations, elle avait été absorbée par le paysage comme jamais, et j'avais pu profiter d'une journée de réflexion pleine et entière. Mais quand vint l'heure de poser le camp, je sentis dans son attitude qu'elle avait besoin de s'exprimer. Je la laissai cependant mariner, attendant le bon moment. Je fis en sorte que nos couchettes fussent disposées et le repas en train d'être préparé avant de l'interroger innocemment :

- Quelque chose vous trracasse ? Parrlez donc, je vous en prrie.

Elle fit comme si je l'avais surprise, et répondit :

- C'est juste que...je vous observe depuis un petit moment, Salem, et vous m'intriguez. Je demande ce qui cloche chez vous, mais vous me semblez...

- ...Exceptionnel ? Tentai-je sur le ton de l'humour.

- Bizarre, plutôt. On dirait que vous avez beaucoup de connaissances sur beaucoup de sujets, et vous semblez vous débrouiller avec ou sans lame. D'où cela vous vient-il ? Maintenant que nous sommes seuls, vous pouvez me répondre.

Elle marquait un point, et venait de percer ma cuirasse. Ou plutôt, elle venait de percer la cuirasse de Salem, le serviteur des Seigneurs Pirates devenu Intendant de Vardrin, puis homme de main de Taorin. Pour faire bonne mesure, je lâchai un soupir résigné, et afin d'ajouter un peu de crédibilité à mon personnage, je laissai mes épaules s'affaisser. Je restai un moment muet, comme si j'allais me taire à jamais, et elle s'approcha de moi, posa une main sur la mienne, pour m'inviter à parler. Quelle manipulatrice ! Elle tentait encore de jouer avec son charme, l'atmosphère, et sa personnalité agréable pour m'arracher des informations. Je n'allais pas craquer, mais Salem, oui.

- C'est compliqué, Agathe. En vérrité...en vérrité je ne suis pas un serrviteurr de palais, ou un intendant...

Je vis ses yeux s'illuminer. Elle sentait venir la révélation :

- Je suis un philosophe...Un penseurr, si vous prréférrez. J'étudie les Hommes, mais aussi les animaux. Je me pose des questions, et j'essaie d'y rrépondrre. C'est une activité passionnante, mais qui malheurreusement ne suffit pas à surrvivrre. Peut-être un jourr parrviendrrai-je à gagner de l'arrgent avec mon vérritable métier, mais en attendant, me voilà rréduit à obéirr aux orrdrres, et à parrticiper à ce conflit. Bien entendu, j'aurrais pu refuser l'offrre de Taorrin, mais nous savons tous les deux que si je l'avais fait, il m'aurrait peut-êtrre rrenvoyé. Varrdrrin ne m'aurrait pas garrdé, et j'aurrais été dans de beaux drraps. Alorrs qu'en acceptant...en gagnant un peu d'arrgent...je peux espérrer constrruirre quelque chose, et me libérrer de ces chaînes, vous comprrenez ?

Elle ne s'attendait visiblement pas à cette réponse. Tout comme les gens qui découvraient le véritable Salem étaient surpris par la profondeur du personnage, à un point tel qu'ils étaient incapables de discerner le vrai du faux. La couverture parfaite, travaillée depuis des années au point que Salem était moi, et que j'étais Salem. Elle resta à me dévisager un moment, encore sous le choc de cette explication implacable. Mais alors, elle posa la question que je ne voulais pas qu'elle posât :

- Mais alors...Si vous avez besoin d'argent, pourquoi m'avez-vous achetée ?

- Je prréfèrre ne pas rrépondrre à celle-là, si vous le voulez bien...C'est...c'est perrsonnel...

Elle s'indigna :

- Salem ! Ca me concerne au premier plan, et j'ai besoin de le savoir ! Pas de cérémonie, dites-le moi et puis ça ira mieux.

Je soupirai à nouveau :

- D'accorrd...Vous avez peut-êtrre rraison...En rréalité, j'ai été marrié il n'y a pas si longtemps. Ma femme...Ma femme a été emporrtée parr la maladie, et elle a beaucoup soufferrt dans ses derrniers jourrs. Vous...vous lui rressemblez tellement que quand je vous ai vue...j'ai crru voirr ma femme derrièrre des barreaux...Vous comprrenez ?

Cette fois, je n'eus pas à me forcer beaucoup pour que l'émotion me saisît. Parler de Samia me faisait toujours mal, et si je continuais à me raser le crâne, c'était en signe de deuil. Un deuil que je n'avais toujours pas terminé. Les yeux brillants de larmes avaient beaucoup d'impact sur les gens à qui l'on parlait, notamment sur les femmes. Je sentis sa main serrer la mienne un peu plus fort, en signe de soutien. Je fus touché par tant de sincérité, et je trouvai cela d'autant plus agréable que c'était une douleur que Salem et moi-même partagions.

- Je suis désolée de vous avoir forcé à remettre tout ça sur le tapis, Salem. Mais je devais savoir.

- Je comprrends. Vous n'avez pas à vous excuser. J'aurrais dû vous en parrler dès le prremier jourr...

Elle me lâcha la main, et s'enroula dans sa couverture, la tête probablement plein de questions. Je fis de même, et je dois dire que j'étais tout aussi secoué qu'elle devait l'être en cet instant.


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Dernière édition par Ryad Assad le Jeu 10 Jan 2013 - 21:54, édité 1 fois
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Les chiens, la vipère et la renarde EmptyDim 30 Déc 2012 - 4:00
On pourrait presque résumer la vie à un chemin que l'on arpente, en quête d'un je-ne-sais-quoi plutôt hypothétique, qui nous rapproche inévitablement d'une fin commune à tous les Hommes. Nous marchions sur cette route mal entretenue, croisant de temps à autre des caravanes ou des cavaliers esseulés qui nous adressaient à peine un regard. Les jours se succédaient, et nous avalions les miles, à un rythme tout à fait respectable, nous rapprochant toujours un peu plus d'Al'Tyr et des ennuis qui ne manqueraient pas d'être au rendez-vous. Le temps était froid, mais globalement clément, puisqu'il faisait sec. J'avais voyagé une fois pendant un mois tout entier sous une pluie diluvienne, et j'en avais conçu une aversion prononcée pour l'eau pendant un long moment. La simple idée de plonger dans une rivière froide pour me décrasser avait eu le don de me hérisser.

Mais comme le diraient les pirates, le vent nous était favorable, et il nous poussait à vive allure vers notre objectif. Cependant, j'ai pris l'habitude de considérer qu'il ne peut y avoir de voyage sans ennui. C'est une sorte de constante, qui pousse à demeurer vigilant surtout quand les choses vont bien. Parfois, il s'agit de la roue du charriot qui casse, ou bien de quelqu'un qui se blesse malencontreusement. Mais dans notre situation actuelle, avec le contexte de guerre, les ennuis pouvaient prendre une forme plus dangereuse car vivante et consciente. Ce fut lors du cinquième jour que nous en fîmes la connaissance.

Nous avions marché toute la journée sans rencontre âme qui vive, et nous étions sur le point de montrer notre campement, selon un rituel désormais parfaitement établi. Je m'occupai de la cuisine tandis qu'Agathe cherchait quelques branches pour alimenter un feu qu'elle allait allumer par la suite. Nous avions réussi à trouver un cours d'eau dans lequel nous laver sommairement, ce qui ne fit que nous redonner le moral. Je profitai de ce qu'Agathe était en train de préparer le feu pour aller me débarbouiller. Je me lavai sommairement les bras, le visage et la tête, afin de me débarrasser de la sueur et de la poussière de la route. J'en profitai pour boire un peu, avant de revenir. Là, je découvris un cheval devant notre camp. Un cavalier en était descendu, et il discutait tranquillement avec Agathe :

- Ah ! Dit-elle en me voyant arriver. Voici Tolvir, c'est un voyageur comme nous. Il a demandé s'il pouvait se joindre à nous pour le repas. Je lui ai dit que ça ne posait aucun problème.

Je détaillai l'homme un bref instant. Son nom ne collait pas du tout au personnage, sans qu'il fut possible que j'expliquât en quoi. Ce fut le premier détail qui m'intrigua. Il avait la tête carrée, cubique, presque, avec des cheveux coupés courts. De manière très stricte. Il portait une tunique de cuir dissimulée sous une cape de voyage épaisse. Son cheval, bien entretenu, semblait puissant et robuste. Une monture de choix, pas accessible pour toutes les bourses. Il y avait beaucoup de choses qui ne collaient pas, et qui semblaient un peu trop grosses pour échapper à mon œil d'espion. En plus de cela, son regard semblait un peu trop alerte, et il avait la conversation trop facile. Ici, les gens avaient tendance à se montrer plutôt méfiants, en général. Je sus immédiatement qu'il s'agissait d'un espion ou d'un tueur. Engagé pour moi ? C'était flatteur.

- Bien entendu, asseyez-vous Tovlirr, asseyez-vous. Nous nous apprrêtions à manger, de toutes façons.

- Merci beaucoup, répondit-il d'un ton parfaitement maîtrisé, tout en prenant place.

J'étais content de l'avoir piégé. J'avais plus ou moins involontairement mal prononcé son nom, et il n'avait pas réagi. Pas le moins du monde. Même pas la moindre petite contrariété qui aurait pu me faire croire que c'était son vrai nom. Il s'était définitivement trahi. Nous prîmes place autour du feu agréable qu'Agathe venait d'allumer d'une main experte, et nous commençâmes à préparer notre pitance du soir. La nuit tomba affreusement vite, tant et si bien qu'il nous fallut rapidement nous emmitoufler dans nos couvertures le temps que le repas fut prêt. Tolvir engagea la conversation avec Agathe, parlant de tout et de rien, et je fis un effort pour me joindre à eux de manière polie, tout en restant en retrait. Je faisais confiance à la seule présence féminine pour meubler, et faire en sorte qu'il ne remarquât pas que je l'observais. Elle s'en tirait à merveille. Au détour d'un mouvement malencontreux, je remarquai une dague accrochée à sa ceinture, qui disparut bien vite lorsqu'il changea de position.

"Soit", pensai-je, "c'était donc bel et bien un assassin".

Je ne me faisais pas trop de soucis, mais je me demandais comment il comptait s'y prendre. J'aurais pu tout simplement me lever, prétexter n'importe quoi pour détourner son attention, puis plonger sur lui et le tuer d'un coup de couteau bien placé. Ca aurait été diablement efficace, mais Agathe n'aurait pas compris, et elle m'en aurait voulu pour rien. Il fallait que j'attendisse encore un peu. Après avoir mangé à notre faim, et partagé quelques anecdotes intéressantes, j'annonçai que j'étais fatigué de la longue journée de marche, et que j'avais envie de me reposer pour la dure journée du lendemain. Saluant nos deux hôtes, j'allai m'installer un peu à l'écart, quoique pas trop, et m'allongeai dos à eux.

En vérité, je tenais bien le choc, et même si la position dans laquelle je me trouvais invitais particulièrement au sommeil, la perspective de la menace qui planait dans mon dos avait de quoi me tenir éveillé. Je fis en sorte de ralentir ma respiration, et je me calai aussi confortablement que possible, avant de demeurer immobile. Mon souffle devint régulier, mes yeux acceptèrent de rester clos sans trahir mon éveil, et, tel la vipère à cornes, je me tapis dans l'attente du passage de ma proie.

Parfaitement réveillé, j'attendis qu'Agathe et Tolvir eussent terminé leur conversation. Ils mirent un peu plus longtemps que prévu, et je commençais d'ailleurs à m'impatienter quand elle lui déclara qu'elle aussi était épuisée, et qu'elle avait envie de se reposer. L'homme lui souhaita bonne nuit, et alla s'allonger à son tour. Agathe se trouvait de l'autre côté du feu qui brûlait encore, et Tolvir entre nous. Je restais à l'affût, car s'il décidait de s'en prendre à moi, les choses pouvaient se régler rapidement. S'il décidait de s'en prendre à Agathe, ce serait plus compliqué. Toutefois, je tablais sur sa stupidité, et j'eus bien raison. Il se passa une bonne heure avant que je ne perçusse je premier mouvement. C'était de toute évidence un test, pour voir si j'étais endormi. Je maintins ma respiration sur un rythme profond et régulier, en tentant de maîtriser les battements de mon cœur. Pas facile. Il fit un second test, et cette prudence était tout à son honneur. J'ignorais ce qu'il faisait au juste, mais j'étais certain qu'il était réveillé, car cela ne pouvait pas être un bruit naturel. Finalement, il ne fit pas de troisième essai, et j'entendis les couvertures se rejeter doucement. Il dégaina sa dague aussi silencieusement que possible - mais pas assez - et s'approcha à peu feutrés de moi. Le pauvre.

Arrivé à la bonne distance, je sentis qu'il allait se pencher pour me trancher la gorge. Je me retournai vivement, poing tendu, et lui adressai une frappe magistrale en plein front. Zut, j'avais visé le nez ! Il sentit quand même que je n'étais pas là pour plaisanter, mais cela ne l'empêcha pas de revenir à la charge. Il bondit sur moi sans un cri, probablement pour ne pas réveiller Agathe. Il savait qu'à deux contre un, il n'avait aucune chance. Mais de mon côté, je n'étais pas pressé de réveiller l'ancienne esclave, pour qu'elle découvrît qu'en plus d'être un philosophe errant, j'étais aussi doué pour le combat au corps à corps. Quelle plaie ! Son plongea l'amena droit sur moi, et je me focalisai sur son bras armé, que je bloquai en pleine course, alors que la lame fonçai droit vers ma tête. Il appuya de toutes ses forces, relâchant malgré lui sa garde. J'en profitai pour lui adresser un coup de genou dans les côtes qui lui fit lâcher prise. Un grognement s'échappa de ses lèvres, et nous nous tournâmes tous deux vers Agathe pour voir si elle avait perçu notre duel. Elle n'avait pas bougé ! Quel sommeil de plomb !

Son poignard toujours en main, l'assassin plongea à nouveau dans ma direction. Il leva bien haut son bras, et profita de ce que j'anticipais sa garde pour me frapper dans les côtes avec sa main libre. Je grimaçai, et roulai de côté pour éviter l'estocade qui aurait frappé ma gorge. Mortelle à coup sûr. Sa lame se ficha dans le sol, mais il la retira prestement. Dommage. J'avais espéré qu'un caillou puisse l'abîmer ou en briser la lame, mais la chance n'était pas de mon côté. Profitant de mon esquive, je m'étais relevé, et placé en position de combat. Lui aussi. Le temps jouait en ma faveur, et il le savait, aussi passa-t-il à l'attaque. Une feinte de taille, une feinte d'estoc, et enfin l'attaque que j'attendais. Je bloquai adroitement son bras qui frappait de taille à nouveau, plaçai mon dos contre son torse, et le fit basculer par-dessus mon épaule. Il décrivit un joli cercle dans les airs, que j'interrompit à l'aide de mon genou. Il grogna à nouveau lorsque celui-ci le percuta dans le dos, serrant les dents pour étouffer un nouveau cri. Je n'avais pas lâché son bras, et j'avais même fait mieux en saisissant et en tordant son poignet droit. D'une brusque torsion je le fis lâcher son poignard, avant de lui asséner un coup de poing dans le torse. Il bloqua le premier, mais pas le second, et finalement il rua pour se dégager.

Conscient que cette deuxième passe venait de se solder par un échec, il envisagea de battre en retraite. Il se releva, et commença à courir vers son cheval. Le fourbe ! Je me levai à mon tour, et courut après lui. Au moment où il allait se mettre en selle, je me jetai sur lui à hauteur de la taille. Le souffle coupé, il ne lâcha pas le cri involontaire qui aurait pourtant bien voulu quitter ses poumons. Nous roulâmes dans la poussière, mais je fus le premier à me remettre sur mes pieds. Mon genou fit connaissance avec son nez, et il se retrouva de nouveau à terre, trop occupé à essayer de récupérer les morceaux de son museau meurtri pour essayer de se défendre. J'en profitai pour dégainer le couteau que je cachais dans ma botte, et pour l'achever prestement. Un coup rapide en pleine gorge, de sorte à ce que ce combat se terminât sans grand râle macabre. C'était terminé.

Le tout avait duré moins d'une minute : une véritable débauche de violence et de sang à durée limitée, et avec une discrétion toute professionnelle. Rhûn remportait cette manche. Mais cet assassin était mauvais signe. J'espérais simplement qu'il n'avait pas eu le temps de transmettre d'informations à ses supérieurs. Je le fouilla consciencieusement, jusqu'à trouver une lettre cachée dans une poche secrète. Je la dépliai, et découvris un message codé. Mal codé, de toute évidence. Il était d'une simplicité infantile, indigne même d'un véritable professionnel. Celui qui l'avait engagé devait être un novice en la matière, un remplaçant appelé en dernier que l'on n'avait pas pu ne pas mettre en jeu. En une quinzaine de minutes, je finis par le craquer, pour comprendre que l'homme avait été payé pour assassiner la personne chargée de faire remonter les informations parmi les espions. Moi, en somme. Il avait dû nous repérer, moi et Agathe, lorsque nous étions allés chez Taorin, et avait conclut que mon départ signifiait que j'étais le chef de cette bande. Finement observé. Pour autant, j'étais certain qu'il n'avait pas fait remonter plus d'infos à son employer, sans quoi cela aurait été inscrit sur son contrat. Non. Il avait été envoyé pour m'abattre, et il avait échoué.

J'allai me coucher assez serein, en me disant que nous avions évité le premier obstacle tendu par Radamanthe. Agathe crierait un peu au réveil, mais, j'avais vraiment besoin de dormir, et pas grand envie de dépenser mes heures de sommeil à nettoyer le bazar.


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