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 Il est huit heures et tout va bien.

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Eliah Tandoril
Dame de compagnie
Eliah Tandoril

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Il est huit heures et tout va bien. - Page 2 EmptyMer 6 Fév - 14:18
Il y a des moments où le désir que les suppositions tombent justes est plus fort. Il y a des moments où il est plus important qu'une supposition tombe juste. Mais la roue du destin ne peut pas être contrôlée. Les dés en étaient jetés parce qu'Eliah avait posé une question, une simple question, certes non pas innocente mais il ne s'agissait que d'une question après tout. Et pourtant tout s'était passé très vite. Trop vite. À peine avait-elle émis cette hypothèse que toute la situation changea en un instant. Les regards s'étaient non seulement tournés vers la barde, mais aussi les épées. Les hommes armés se dirigeaient à présent vers la femme, provoquant une panique terrible chez Eliah. Une panique d'autant plus importante qu'Eogur avait répondu à sa question et qu'il avait confirmé ses craintes. La sentence pour le coupable serait la mort sans autre forme de procès. Pourtant un procès, c'était bien ce que la jeune femme aurait aimé avoir ! Il n'y avait que de cette façon qu'il y aurait justice.

Ils étaient tous sous pression, les uns comme les autres, coupables et innocents, embarqués malgré eux dans une sombre affaire. La plupart d'entre eux étaient venus ici pour un peu de tranquillité et cette situation les rendaient tous fébriles et promptes à prendre de mauvaises décisions. Et c'était certainement ce qui était en train de se passer avec Eliah. Elle avait prit une décision en ayant réfléchit à une potentielle fin mais elle ne savait pas ce qui pouvait se passer car rien ne dépendait d'elle. Plus rien ne dépendait d'elle. A vrai dire rien n'avait jamais dépendu d'elle ou tourné autour d'elle et elle s'était vu pousser des ailes pour elle ne savait quelle raison et peut-être à tord. Et elle avait fait le pas de trop, elle venait de basculer dans le vide et avait entraîné avec elle la barde. Ce n'était pas très grave dans un sens, car Eliah savait qu'elle avait quelque chose à cacher. Et si elle avait tué Fordred, oui elle l'avait certainement tué ! Alors elle devait s'expliquer. S'expliquer mais pas mourir.

Et c'était là que prenait place le plan presque machiavélique d'Eliah. Oh oui elle n'y paraissait pas comme cela, mais elle avait des idées à en revendre. Des certitudes, elle n'en avait pas. Elle n'avait que des suppositions et de potentiels suspects. Ce qu'elle aurait aimé, c'est que le coupable soit jugée justement. Après tout comme elle le pensait, Fordred n'était pas tout à fait ce qu'on pouvait appeler un homme bien et il s'agissait peut-être de légitime défense...
Bon d'accord, ce n'était pas le cas ici, mais quoi qu'il en soit il y avait des explications à donner et Eliah n'en démordrait pas. Malheureusement tout avait basculé lorsqu'Eogur avait annoncé la sentence qui était irrévocable. La mort. Eliah avait donc décidé une chose affreuse, mais qui elle en était certaine pouvait fonctionner. Elle allait choisir le suspect qui pourrait le plus facilement s'en sortir. Elle avait grandement hésité entre accuser Eogur et le laisser gouter à ses propres erreurs ou à laisser la vie sauve à tous. Et elle avait opté pour ne donner la mort à personne. C'était horrible, mais elle avait décidé d'accuser la barde pour que celle-ci ait une chance de s'en sortir.

Elle avait observé la femme, elle l'avait vu agir et surtout, c'était une femme. Contrairement à Eogur, les hommes ne lui sauteraient pas dessus pour lui trancher la gorge ou lui transpercer le coeur sans prévenir avec leur épée. Non ils auraient plus de remords à lui faire du mal. Alors c'était sa chance. Eliah aurait aimé qu'elle soit réellement coupable. Elle pensait que la barde était réellement coupable au fond, ou alors elle s'en était persuadé pour pouvoir enfin en finir avec cette histoire ? Qui aurait pu dire comment les choses se seraient terminées si Eogur n'avait pas trouvé un coupable ?
Mais même si tout était bien pensé, les choses allèrent trop vite et ne tournèrent pas dans le même sens que ses pensées. La demoiselle avait déclenché un vrai cataclysme dont elle pouvait très bien être la prochaine victime. Elle ne sous estimait en rien la barde, au contraire. Jon avait comprit le danger, mais pas la supercherie. Il s'était rapproché d'Eliah pour la protéger de la barde au cas où.

Comme prévu, Eogur, Jon et le mercenaire ne foncèrent pas sur la femme. Ils se mirent en rang afin de l'encercler et Jon prit les devant pour la faire parler. Eliah espérait au fond d'elle que la barde ne parle pas de suite. Non, elle devait attendre sinon Eogur perdrait patience. La table servait de rempart à la blonde et elle préparait quelque chose, elle le sentait. Eliah était comme connectée avec la femme. Si celle-ci arrivait à atteindre la porte, la brune l'aiderait à s'enfuir en faisant diversion. Un petit croche pied à Eogur ne la ferait certainement pas condamner. Non personne ne croirait qu'elle avait accusé une femme pour ensuite l'aider à s'enfuir. C'était tout simplement ubuesque. Le coeur de la brunette battait de plus en plus fort et son sang battait ses tempes. Elle était concentrée et prête à fuir elle aussi au cas où. Elle observait la scène avec une concentration incroyable. Les hommes se rapprochaient toujours et la femme essayait de se défendre tant bien que mal. Elle clamait son innocence et Eliah se mit à douter de nouveau. La peur lui prit au ventre, fut prise de nausée et elle put à peine respirer. Des sueurs froides remontèrent le long de son dos et alors qu'elle n'arrivait plus à réfléchir correctement, la barde choisit justement ce moment pour se dégager.

Avec un magnifique saut, elle réussit à mettre un vrai chaos et à se sortir de ce guêpier. Elle fonça vers la porte au plus grand bonheur d'Eliah qui s'apprêtait à réagir pour couper le chemin à Jon qui s'approchait déjà. Mais son cerveau n'avait pas fonctionné assez vite et il se passa quelque chose que la demoiselle n'avait pas prévu. Par vengeance, fureur ou réellement par besoin de liberté, la barde repoussa violemment Eliah comme si elle n'avait était qu'un petit sac de pomme de terre et celle-ci alla s'écraser sur une table qui s'écroula l'entrainant dans sa chute et la recouvrant de bière et d'éclat de porcelaine brisée. Sous le choc elle en perdit la respiration et sa tête frappa légèrement le sol l'étourdissant un moment. Elle ne pu donc que deviner ce qu'il était en train de se passer. La femme avait réussi la traversée de la pièce et enfin elle avait posé la main sur la porte de son salut. Mais un autre évènement vint contrecarrer ses plans ainsi que ceux d'Eliah toujours étendue par terre. Le vent d'une violence inouïe s'engouffra telle une vague de ténèbres dans la pièce.

Eliah sentit qu'on était venue la relever. Il s'agissait du couple qui essayait de la secourir, lui demandant si tout allait bien, mais aucun son ne sortie de la bouche de la demoiselle. Elle n'arrivait plus à prononcer aucune parole. Le vent glacé, le choc, l'émotion, tout cela l'avait littéralement rendu muette. Elle se releva péniblement, tremblotante. Mais ce qu'elle vit ne la rassura pas, ne la consola pas au contraire. Lorsque l'épée de Jon s'enfonça dans la chair de la barde, c'était comme si Eliah aussi venait de recevoir un coup de poignard dans le corps, dans le coeur. Comme si on était en train de lui affliger des milliers de coup de poignard lui brûlant la peau. Ses jambes se dérobèrent et elle glissa sur le sol, des larmes chaudes et salées coulant sur ses joues. Elle avait parié et elle avait perdu. Mais ce n'était pas elle qui en avait payé le prix. Eliah resta quelques secondes à quatre pattes, pleurant toutes les larmes de son corps avant que le couple ne la relève une seconde fois.

Ses yeux voilés étaient fixés sur la femme étendue sur le sol, Jon penchée au dessus d'elle. Elle avait prononcé des mots. Elle lui avait parlé, dans un dernier souffle. Elle savait !
Avait-elle fait des aveux ? Avait-elle avoué ? Mais lorsque le chevalier se releva, son regard était bien trop triste. Non ... non ce n'était pas possible, cela ne devait pas se passer comme cela. Pourtant c'était arrivé et la jolie barde était bien là, étendue sur le sol devant eux. Le visage satisfait d'Eogur eut le don d'énerver profondément Eliah qui aurait volontiers dégainé sa dague pour lui trancher la gorge si elle n'avait pas été aussi faible. D'ailleurs, elle décida de prendre une chaise et de s'asseoir avant de ne tomber une nouvelle fois sur le sol et cette fois, de ne plus se relever. Elle tremblait toujours mais ne fit attention à rien. Ni à sa robe trempée par la bière renversée, ni par les plaies qui saignaient à ses mains et sur sa joue. Elle refusa que le couple ne continua à s'occuper d'elle, les repoussa un peu violemment et ferma les yeux.

Elle était en train de dormir, tout cela n'était qu'un cauchemar et elle allait se réveiller d'ici peu. Oui lorsqu'elle ouvrirait les yeux, tout cela disparaîtrait. Elle serait dans sa chambre où brulerait un feu doux, elle se réveillerait, s'étirerait, jouerait un moment avec le chat puis irait prendre son petit déjeuner avec ses parents et ses trois plus jeunes frères. Ils la taquineraient parce qu'elle n'était qu'une marmotte et que cette nuit là elle avait dormi encore plus qu'à son habitude. Puis elle irait se balader oui. Il suffisait pour cela qu'elle se réveille, qu'elle ouvre les yeux ...
Plus rien ne vivait autour d'elle à présent. La seule chose qu'elle entendait, c'était sa propre respiration. La jeune femme fit le vide dans sa tête, elle n'était pas là, dans cette auberge, non. Elle n'était plus là. Plus rien ne bougeait, il n'y avait qu'un vide immense, une douleur profonde, un froid mordant et elle. Inspirer... expirer ... inspirer ... expirer ... souffler. Cela durerait des heures et des heures, puis elle pourrait se réveiller.

“Eliah ...”

Son prénom raisonna dans sa tête comme un marteau sur une enclume. Cette voix qui l'avait ramené à la réalité n'était pas celle qu'elle attendait. Il s'agissait d'une voix d'homme, hors c'était toujours sa mère qui venait la réveiller quand elle dormait un peu trop. Quelque chose n'allait pas.
La jeune femme sursauta. Elle ouvrit les yeux avec une rapidité incroyable et son coeur se mit de nouveau à battre de plus en plus fort, de plus en plus vite. S'était-elle réellement endormie ? Si oui combien de temps ?
Dans sa tête un hurlement se fit entendre. Non elle n'avait pas réussi à se réveiller dans son lit, elle était prisonnière de son cauchemar. Des larmes coulèrent de nouveau sur ses joues qu'elle essuya d'une main tremblante et rouge de sang, salissant son beau visage. La plaie ne saignait plus à présent, mais le sang avait coulé un moment souillant sa main et sa robe qui était à présent bonne à jeter à la corbeille. Elle avait entendu les paroles de Jon, mais elle ne les avait pas écouté.

Elle leva finalement les yeux vers le chevalier, Ivy et Nerwa. Évidemment, tout lui revint en tête et lorsqu'elle regarda autour d'elle, l'auberge était quasiment vide. La plupart des protagonistes s'étaient enfuis aussi vite que possible. Cette horrible soirée était terminée pour tout le monde, ou presque. Elle écouta ensuite les paroles d'Ivy, les paroles de Nerwa et cela ne fit que la perturber encore un peu plus. Oui ce qu'il venait de se passer ici n'était pas normal, n'était pas bien. Et tout cela n'aurait pas dû se passer. Et à bien y réfléchir, tout cela, c'était la faute de Jon. C'était lui qui était venu les trouver, lui qui les avait mené ici, lui qui les avait incité à se mêler de cette affaire. Elle serra les dents. Aucun mot n'était encore sortie de sa bouche et elle n'en avait pas envie. Pourtant, il y avait quelque chose au creux de son ventre qui montait montait et menaçait d'exploser. Tous ces visages qui semblaient soulagées, le regard d'Eogur, le corps de la barde. Tout se mélangeait à présent dans sa tête.

Elle déglutit et chercha quelque chose à quoi se raccrocher. N'importe quoi, une personne, un objet, mais elle ne trouva rien. Rien ne réussit même à juste capter son regard, à la fixer sur un point pour pouvoir lui changer les idées. Alors elle se sentit tout d'un coup très mal, une chaleur puissante l'envahit et le froid de tout à l'heure avait fait place à une chaleur enivrante. Elle avait presque l'impression d'avoir de la fièvre et le délire qui allait avec. D'ailleurs c'était peut-être bien le cas avec le froid et tout les évènements qui s'étaient passés lors de cette soirée, sa robe trempée. La jeune femme se releva d'un bond vacilla et voulut s'enfuir au dehors, partir loin d'ici et ne plus jamais revenir mais quelque chose la retint. Elle voulut dire quelque chose, s'expliquer, crier sa fureur, son dégout, sa peur et sa peine, mais elle ne trouvait pas les mots, elle n'y arrivait pas. La jeune femme se dirigea alors comme une vraie furie sur Jon et avant qu'il ne puisse dire ouf, elle commença à le frapper de toute ses forces un peu partout ou elle pouvait l'atteindre tout en lui hurlant dessus à gorge dépouillée.

“Tout ça c'est de ta faute ! Ta faute ! Pourquoi l'as-tu tué ? Tu n'en avait pas le droit ! Tu n'avais aucun droit de lui faire ça ! Elle devait vivre, s'enfuir ! Elle avait le droit de vivre ! Elle méritait un procès. Non non non ! Non ! Ça n'aurait pas du arriver ! Tu n'avais pas le droit ! Aaaaaaargh !”

La jeune femme était comme possédée, comme si quelque chose en elle avait envie de se débarrasser de tout les protagonistes de cette soirée afin de se persuader qu'elle n'avait pas existé. Elle avait même utilisé le tutoiement alors que c'était totalement incongrue pour des personnes peu proches. Mais au fond, elle avait juste besoin d'extérioriser ce qu'elle ressentait et malheureusement cela passa par la violence. Et elle s'était tournée vers Jon parce qu'il avait donné le coup d'épée fatal. Mais finalement elle se comportait ainsi parce que c'était elle qui se sentait coupable. Oui elle avait mené cette enquête, ces accusations venaient d'elle, les suppositions, les idées de suspects. La jeune femme se laissa glisser sur le sol, pantin disloqué, ses membres semblaient pouvoir se détacher de son corps. Elle pleurait à en fendre l'âme. Son corps était secoué de sanglots...
Oui, elle ne se sentait pas bien, elle n'arrivait pas à se pardonner à elle-même. Une femme était morte par sa faute.

“C'est de ma faute. Elle est morte par ma faute ! Je l'ai tué ...”

La jeune femme à terre était inconsolable mais semblait s'être calmée. Tête baissée, les cheveux lui cachant entièrement le visage elle murmura :

“Elle était peut-être coupable, mais elle ne méritait pas ça et ... peut-être ... peut-être coupable...”

Le regard de Jon quand il s'était relevé du corps inerte de la barde lui revint en mémoire. Son regard plein de tristesse et d'amertume.... Serait-il possible ... Tout d'un coup elle releva un visage bouffit et mouillé vers Jon et balbutia.

“Elle ... oui ... elle était, elle était... elle était bien la coupable n'est ce pas ? Elle, elle vous l'a dit ! Qu'as-t-elle dit Jon ? Que vous as-t-elle dit ?!”

La jeune femme s'était agitée de nouveau. La barde lui avait parlé, elle l'avait vu, elle en était persuadée à moins que ce ne soit son imagination et la folie qui l'avait prit depuis la mort de la jeune femme. Non elle ne supportait pas une telle chose sur sa conscience. Elle était innocente, elle venait de quitter son foyer pour l'aventure et que celle-ci se passe de cette façon était inconcevable. Comment pourrait-elle se faire à l'idée que par sa faute une vie avait été prise ? C'était un accident, il lui avait dit, mais cela ne faisait aucune différence, le résultat était le même. Sa mort.
La jeune femme croisa le regard de Nerwa et elle se sentit tout de suite très mal, encore plus mal. Elle était certainement en train de faire très peur à la petite malgré elle. Dans un dernier reniflement, elle s'adressa doucement à elle d'une voix rauque et cassée.

“Je suis désolée”.

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Ryad Assad
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Il est huit heures et tout va bien. - Page 2 EmptyVen 8 Fév - 17:27
On arrive à la fin de notre petit RP. Un post chacun encore, et puis vous pourrez aller votre chemin Wink.

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Il est huit heures et tout va bien. - Page 2 20100919185637-73fa00ba-cu_s9999x200

Jon était en proie à une vague de sentiments contradictoires et particulièrement forts qui menaçaient de l'emporter s'il n'y prenait pas garde. Sa vision de sa vocation était celle de l'homme preux et galant qui se devait de protéger les innocents. Il avait toujours cru qu'avec du courage et de l'honneur, il parviendrait à éviter ce que l'on pouvait appeler froidement une bavure. Il avait toujours espéré combattre pour la justice et la vertu, pourfendre le mal et le vice. Mais en cette venteuse soirée d'hiver, il avait tout simplement pris une vie qu'il considérait de plus en plus comme innocente.

Même s'il avait passé ses mains sous l'eau froide, il sentait encore sur elles l'odeur du sang chaud qui s'y était répandu. Il avait encore l'impression d'éprouver le poids du corps de la barde, qui s'était soudainement allégé lorsqu'elle avait rendu l'âme. Comme si la masse de cette dernière s'était purement et simplement évaporée. L'instant d'avant, elle était encore une personne, blessée mais désireuse de lui transmettre un message. L'instant d'après, elle n'était plus qu'une silhouette, qu'un pâle souvenir de l'être qu'elle avait été auparavant. Comment expliquer le passage brutal de l'un à l'autre ? Comment accepter qu'un outil forgé des mains d'hommes, une épée d'acier, fût capable de créer un tel carnage ? Le guerrier glissa ses mains sous la table, pour cacher leur tremblement nerveux. Il n'était pas effrayé à l'idée de tuer, non. Il avait déjà intégré le fait qu'il aurait à abattre quelqu'un pour le bien du plus grand nombre. Mais plus il réfléchissait à cette soirée, plus il se disait que la mort de la barde était une tragédie, et non une justice. Ses dernières paroles étaient par trop étranges, et ne constituaient pas ce que l'on pouvait attendre de la part d'un meurtrier. Elle avait tenté de s'échapper, certes, mais fallait-il confondre une personne avide de liberté et une tueuse sanguinaire ?

Il l'ignorait. Il était perdu. Le croire aurait été plus simple, et il aurait pu se convaincre que cet accident n'était au final pas si grave. Mais il avait toutefois l'impression que les choses n'étaient pas aussi manichéennes. Que le Bien et le Mal étaient des notions qui fluctuaient de manière trop aléatoire pour qu'il fût possible de les enchaîner, d'en déduire quoi que ce fût. Et pourtant, la réalité était bien là. Il fallait se rendre à l'évidence. Accepter ce qu'on ne pouvait changer, en somme. Le cavalier du Gondor avait posé franchement la question à Ivy, Eliah et Nerwa, pour savoir si elles accepteraient un jour de pardonner son acte. En vérité, il voulait plutôt savoir si elles étaient aussi perplexes que lui. Mais il ne pouvait pas se résoudre à formuler cela à voix haute. S'il le disait...si ces mots emplis de vérité franchissaient ses lèvres, alors la mort de la barde perdrait tout son sens, et il ne s'en remettrait jamais. Peut-être...peut-être qu'il valait mieux vivre dans le mensonge, heureux, plutôt que de vivre avec ce terrible poids sur la conscience pour tout le reste de son existence.

Ivy prit la parole la première, et soulagea Jon d'une partie du poids qui menaçait de l'écraser, de l'envoyer plus bas que terre. Le guerrier l'écouta attentivement, et comprit que dans son malheur, il en avait même oublié de se mettre à la place des autres personnes. Que devait penser Ivy, qui à demi-mots montrait qu'elle assumait en grande partie la responsabilité de ce qui s'était produit cette nuit ? Elle n'avait pas porté le coup fatal, mais elle avait contribué à accuser la barde. Et pourtant, Jon ne pouvait pas lui en vouloir. Mais il comprenait sa culpabilité, car il éprouvait la même. Il regrettait d'avoir exposé Nerwa à tant de violence, mais que devait ressentir sa mère qui était là plus que quiconque pour la protéger ? Jon se dit alors que sans son empressement à courir après la barde, rien de tout cela ne se serait produit, et Ivy n'aurait pas eu à se sentir coupable de quoi que ce fût. Nerwa n'aurait pas eu à lui adresser des mots de réconfort, qui dissimulaient probablement son horreur pour tout ce qui s'était produit. Qu'y avait-il de plus difficile à accepter pour un chevalier tel que Jon que de savoir qu'une petite fille le prenait en pitié, après qu'il l'ait confrontée à un monde qu'elle n'aurait jamais dû pouvoir entrevoir ? Il se sentait misérable.

Peut-être qu'il aurait réussi à trouver un peu de réconfort dans les paroles d'Ivy, en y réfléchissant à tête reposée, si Eliah n'avait pas pris le contrepied total de sa compagne. Elle se leva, et se jeta sur Jon, qui se redressa vivement lui aussi. Elle se mit à hurler de rage, de frustration et surtout de tristesse. Elle le frappait de toutes ses petites forces, et lui tentait de l'arrêter sans grande conviction. Mais plus que ses poings serrés qui le martelaient, c'étaient ses mots qui le touchaient. A chaque phrase, il avait impression qu'elle lui plantait une dague entre les côtes, et de ça, il ne pouvait pas se protéger. Il encaissait, sentant sa propre résolution faiblir peu à peu, battue en brèche par la tristesse de cette femme qui, peut-être, ne se remettrait jamais de ce spectacle horrible. Eliah sembla soudainement se vider de ses forces, et elle tomba à genoux. Jon se pencha vers elle dans le même mouvement, la prenant dans ses bras sans vraiment savoir pourquoi. Pour la consoler ? Mais comment pouvait-il la consoler alors qu'il était à l'origine de son trouble ? Pour lui dire qu'il était désolé ? Mais qu'est-ce que cela pourrait changer à la situation ? Pour essayer de lui faire entendre que lui-même était brisé ? Peut-être...Peut-être qu'il souhaitait partager cela avec elle...lui faire comprendre qu'il n'était pas un monstre, et qu'il s'en voulait terriblement.

Il caressa doucement les cheveux d'Eliah, lorsqu'elle se mit à gémir que c'était de sa faute à elle. Ainsi donc, elle n'était pas tant en colère contre lui que contre elle-même, que contre sa propre erreur. Mais comment aurait-elle pu savoir ? Les choses étaient allées trop vite, et elle n'avait fait que suivre son instinct. Toutes ces belles pensées, il aurait souhaité les transformer en mots, mais sa gorge refusa de se desserrer, si bien qu'il dut rester là, immobile, à accueillir contre son torse les sanglots déchirants d'une âme brisée. Il sentait sa propre tristesse menacer de prendre le dessus, mais il se refusa à se laisser aller. Il avait déjà fait trop de mal ce soir pour en plus rajouter de la culpabilité à quelqu'un. Cependant, il fut pris au dépourvu quand elle leva ses yeux vers lui, à la fois pleins d'espoir et de crainte. Cette question...la question qu'elle venait de formuler...c'était ce qui menaçait de faire basculer son esprit dans la folie, et il pressentait que sa réponse pouvait briser ou au contraire reconstruire Eliah. Mais que devait-il faire ? Confier ses doutes, et menacer de perdre la jeune femme, ou bien renoncer à son honneur pour protéger cette fleur fragile ?

Il leva les yeux vers Ivy, mais ne parvint pas à déchiffrer son expression. Elle semblait éprouver autant de doutes que lui, mais elle ne paraissait pas avoir de réponse à son cruel dilemme. Alors, Jon revint à Eliah, et il lui caressa tendrement le visage, comme un père avec son enfant. Il rassembla tout son courage, ne sachant pas encore quelles seraient les conséquences de ses paroles. D'une voix aussi assurée que possible, il déclara :

"Elle m'a dit qu'elle l'avait tué, Eliah...Elle était coupable."

Sitôt ces mots prononcés, il les regretta amèrement, et il lui vint à l'esprit de revenir dessus. Mais le mal était fait, pour le bien de la jeune femme qui se reconstruirait là-dessus, tant bien que mal. C'était la solution la plus difficile, mais c'était celle qui lui permettrait de repartir. Jon, quant à lui, acceptait de vivre toute sa vie avec le poids de ce meurtre étrange, qu'il endosserait seul. Dans ses moments de solitude et de désespoir, le visage de la barde reviendrait le hanter cruellement, mais il aurait au moins la satisfaction de savoir que dans sa chute, il n'aurait pas emporté les âmes de trois femmes fragiles qui ne méritaient pas de supporter la responsabilité de ses erreurs.

Jon embrassa le front d'Eliah, et se releva. Il sentait qu'il ne pouvait plus s'approcher d'elle, comme si son odieux mensonge le rendait corrompu, et qu'il ne souhaitait pas contaminer qui que ce fût. Il adressa un regard désolé à Ivy, qui semblait en savoir plus qu'elle ne voulait en dire, et lui déclara :

"Je vous remercie de me pardonner. Maintenant...pardonnez-vous à vous-même. Vous avez agi pour sauver une vie innocente, et même si cela s'est terminé de manière difficile, vous avez fait de votre mieux. Je vous en prie, ne vous sentez pas coupable de quoi que ce soit. Vous n'avez tué personne, ce soir."

Sur ces mots, il recula, comme s'il ne pouvait plus demeurer ici. Comme s'il voulait les protéger de sa propre présence. D'une voix quelque peu tremblante, à cause de l'émotion, il lança :

"Prenez soin de vous, Ivy, et prenez soin de Nerwa. Vous avez une fille formidable et courageuse. Elle deviendra quelqu'un de bien. Quant à vous, Eliah...peut-être me pardonnerez-vous un jour de tout cela. En attendant, je sais que vous cherchiez un cheval. La barde devait en avoir un, et cette pauvre bête ne mérite pas de rester sans cavalière. Je pense qu'il serait bon que vous le preniez. Cela vous aiderait sans doute."

Jon était arrivé à la porte. Il l'ouvrit, et cette fois nul vent ne vint le repousser. Il demeura un instant sur le seuil, comme s'il hésitait à partir. Il se retourna à demi, et glissa :

"J'espère que ce n'est pas un adieu."

Sans attendre de réponse, il s'élança dehors, dans le froid. Il avait réussi à retenir ses larmes jusqu'au dernier moment. Désormais qu'il était seul, il craqua, et fut pris d'un émouvant sanglot qu'il partagea avec le vent, la neige et le ciel. Il avait fait ce qu'il fallait.


~ ~ ~ ~


Ivy, Nerwa et Eliah avaient été se coucher quelque peu avant de prendre la route. Elles n'avaient pu bénéficier que de quelques heures de tranquillité et de calme, durant lesquelles elles avaient sans doute médité sur toute cette soirée, tout en essayant de trouver le sommeil. Mais elles ne pouvaient plus tarder, et il leur fallait prendre la route tôt pour gagner rapidement leur prochaine destination.

Elles avaient eu le droit à un bon repas chaud de la part de l'aubergiste, qui cette fois s'était montré moins enjoué, plus triste. Toutefois, il n'avait rien perdu de son talent, et elles avaient pu manger copieusement. Ruben leur avait même fourni des provisions pour le trajet : du pain encore chaud, de la viande tendre qu'elles pourraient cuisiner, et du fromage savoureux et consistant. Elles n'avaient pas eu le choix d'accepter, car il leur avait donné ça sans leur demander leur avis. Puis il les avait conduit à la petite écurie qui jouxtait son établissement, où se reposaient trois montures. Celle de Nerwa, celle de Ivy, et une jument alezane qui était très vraisemblablement celle de la barde.

"Sire Jon l'a faite amener. D'après ce qu'on en sait, elle s'appelle Maveli. Personne n'a touché à ce que contiennent les sacs, donc je suppose que c'est à vous."

A l'intérieur de ces sacs, il y avait différents objets sans importance : une outre d'eau, du fil et une aiguille, une petite carte. Mais, soigneusement pliée, s'y trouvait une tunique de cuir, pour femme, à la fois solide, souple et chaude. C'était plus une tenue de voyage qu'une tenue de cour, mais par ce temps, il devait être particulièrement agréable d'en porter une. Il se trouvait qu'elle était parfaitement à la taille d'Eliah. Mais il y avait aussi une petite flûte en ivoire, taillée pour les mains d'un enfant, que la barde avait dû garder en souvenir. Nul doute qu'elle conviendrait à Nerwa. Enfin, entouré de tissu pour mieux le protéger, un livre très beau et visiblement très cher, intitulé "Recueils de chants de la Terre du Milieu". Il rassemble des histoires de tous les pays, et de toutes les époques. Si l'auteur est inconnu, sur la première page est inscrite une petite note : "Pour Edith, la femme de mon cœur". Un ouvrage précieux qui pourrait embellir l'endroit Ivy déciderait de s'installer.


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Il est huit heures et tout va bien. - Page 2 EmptyDim 10 Fév - 19:48
Ivy regarda la scène qui se déroula entre Eliah et Jon. Lors ce qu’Eliah commença à martelet Jon et de déblatérer des phrase n’ayant que très peu de sens, Ivy fut surprise de quelle façon Eliah rejetait toute la faute sur Jon, alors que certes, il l’avait tué mais se fut un accident, elle fut projeter sur sa lame. En pensant à cette phrase Ivy compris à quel point cela devait être difficile à Jon d’accepter cette situation. Ivy voulu calmer Eliah mais il lui fut impossible de s’approcher d’eux.

Soudain la jeune femme sombra et quand elle sortit les phrase qui l’accusée elle-même, Ivy compris qu’en réalité se fut belle et bien à elle-même qu’elle aurait criée ainsi qu’émis ces coups si elle l’avait pu. Ivy fut désemparer elle sentit toute la tristesse qui émanait de la jeune femme sans même pouvoir l’aider.

Jon qui essaya tant bien que mal à rassurer la jeune femme en l’étreignant, ne sut que répondre à la question qu’Eliah venait de poser. Quand Ivy entendit que Jon confirma que ce fut bien la Barde la coupable, Ivy fit un signe de tête envers Jon qui signifier qu’elle comprit son mensonge et qu’elle l’approuvait.

Ivy ne sut que répondre à Jon lors ce que celui-ci la remercia de lui avoir pardonné et de prendre soin d’elles.
Lors ce que Jon s’apprêta à partir, Ivy lui emboita le pas, le saisit par l’épaule et lui dit à l’oreille :

« Merci pour elle ! Et j’espère de même que ce ne sont nullement des adieux que vous nous faites.»

Ivy lui assigna un sourire et reparti vers Eliah et Nerwa. Tous ensemble, elles essayèrent de dormir tant bien que mal, Nerwa demanda même à sa maman de bien vouloir la serrer fort dans ses bras afin qu’elle puisse avoir une chance de s’endormir. En effet bien que Nerwa se montra forte aux yeux de tout le monde, Ivy et elle s’avaient très bien qu’elle fut choquée et mettrait longtemps avant de pouvoir dormir profondément. Le matin venu elles furent toutes les trois servis comme des reines et reçurent un repas digne des plus riches. Ivy reçu même un cheval qu’elle eut du mal à accepter mais qu’elle fut ravie de recevoir. Alors que Nerwa et Ivy acceptèrent volontiers mais avec un beaucoup de tristesse les deux présents.

Et c’est ainsi que toutes les trois reprirent leurs chemins à travers les pleines du Rohan, qui se trouvaient toujours sous la neige qui les rendirent plus belles encore qu’elles ne le sont en temps normale.
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Eliah Tandoril
Dame de compagnie
Eliah Tandoril

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Localisation : Edoras
Rôle : Dame de Compagnie

~ GRIMOIRE ~
- -: Rohirrim
- -: 22 ans
- -:

Il est huit heures et tout va bien. - Page 2 Empty
Il est huit heures et tout va bien. - Page 2 EmptyLun 11 Fév - 6:36
Eliah était épuisée, complètement vidée de ses forces. Elle avait l'impression que ses jambes n'arriveraient pas à tenir le choc si elle devait se relever maintenant. Son coeur et son corps étaient meurtries par les évènements qui s'étaient déroulés ce soir. Il fallait dire aussi qu'ils avaient perdu la nuit entière à résoudre ce mystère et qu'ils n'avaient pas dormi. Mais au fond elle savait que ce qui l'épuisait au plus haut point, c'était la culpabilité. Elle était celle qui avait prononcé l'infamie sur la barde. Elle était celle qui avait parié avec sa vie et qui avait perdu. Elle tenta de se consoler en se disant que c'était un concours de circonstance, que cela partait au fond d'un bon sentiment. Après tout s'il n'y avait pas eu ce mauvais temps, ce vent ... Elle serait certainement déjà loin. Elle était loin d'une certaine manière à présent, mais pas comme le désirait la jeune brune qui garderait certainement une cicatrice de ce moment toute sa vie.

Son excès de colère et de violence avaient été calmés par Jon qui tomba à terre à ses côtés et la prit dans ses bras. Elle paraissait alors être une enfant qui voulait se cacher dans les bras de sa mère, parce qu'elle venait de faire une grosse bêtise. Elle ne le repoussa pas et le laissa tout simplement faire, s'enveloppant de son odeur, de sa présence. La chaleur de son corps et de son souffle lui redonnèrent un peu d'espoir et d'estime. Elle n'était pas seule, elle n'était pas la seule ...
Elle se rendit alors compte à quel point elle avait été injuste envers le chevalier du Gondor. C'était lui qui avait donné le coup fatal, lui qui avait transpercé cette femme de son épée. Et il était loin d'en être fier. Au fond, il devait être tout aussi rongé et tourmenté que la jeune femme. Peut-être même plus. Eliah se laissa bercer mais elle appréhendait la réponse de Jon à la question qu'elle avait pourtant elle-même posée. La culpabilité de la barde était-elle avérée ?

Que pouvait-il bien se passer si elle devait entendre une ou l'autre des réponses ? Elle ne pourrait le dire. La jeune femme ne voulait pas avoir la vie gâchée pour une chose qu'elle n'avait pas demandé, pourtant en prenant part aux débats, elle avait creusé sa propre tombe. Ou plutôt celle de la barde. Elle ne voulait pas qu'il y ait un mort de plus. Et la culpabilité de la femme après tout lui importait peu. Mais si la musicienne était vraiment coupable, si elle en avait la certitude alors oui peut-être qu'elle se remettrait plus facilement. Mais ce doute qui s'était immiscé en elle, cet affreux doute lorsqu'elle avait vu le regard du chevalier continuait à la hanter. Elle resta là un moment, pensive puis Jon prit enfin la parole la faisant sursauter. Il parla d'un ton calme et assuré. La barde avait parlé et elle avait avoué. Eliah se redressa et plongea son regard douloureux dans celui de Jon. Elle fronça un peu les sourcils comme pour sonder ses pensées et être certaine qu'il disait la vérité.

Jon avait l'air sincère bien entendu, mais une sorte de panique passa dans son regard et cela n'échappa pas à la demoiselle. C'était très rapide, contrôlé, mais c'était là. Comme quand il s'était relevé après avoir accompagné la barde vers l'au-delà. Un doute s'immisça en elle de nouveau, se demandant s'il pouvait lui mentir. Mais au fond, elle savait que la seule chose qu'il désirait, c'était que son âme à elle soit sauf. Il voulait la protéger. Par sa faute, il avait tué une femme et il voulait tout de même lui pardonner. Elle comprit que pour Jon c'était la même chose que pour elle. Peu importait la culpabilité de la jeune femme, il garderait ce poids toute sa vie. Elle regrettait amèrement de s'en être prit à lui à présent. La jeune femme lui fit enfin un petit sourire. Tout comme lui elle ne savait pas vraiment quoi dire ou quoi faire. Et à bien y réfléchir, peut-être n'y avait-il aucun mot qui puisse changer cette situation ou même l'améliorer. Elle posa le bout de ses doigts sur sa joue et parla :

“Je suis désolée Jon, pour... tout ça. Je... pardon. Et aussi, merci... pour tout”.

La phrase était anodine mais au-dessous de tout cela, il y avait beaucoup. Mais peut-être comprendrait-il et elle pensait qu'il le comprendrait. Il faudrait à tout le monde beaucoup de courage, de repos et de recul afin de se remettre de cette soirée. Mais il était probable qu'un jour cela disparaisse comme c'était arrivé. D'un seul coup et sans prévenir. La douleur était gravée mais le souvenir se transformerait en leçon de vie. Le coeur serait plus léger, les idées moins vives et l'esprit commencerait à oublier les moment qu'il voudrait. Ceux qui étaient trop sombres. A vrai dire ce n'était pas un oublie non. L'esprit l'enfermerait dans un petit coin, le mettrait sous clé et le garderait sous bonne garde jusqu'à ce que cela ressorte un jour. Oui jusqu'à ce que cela est une tout autre utilité.

Mais pour le moment la douleur était bien trop vive pour faire ou pour dire quoi que ce soit. La jeune femme n'avait qu'une envie, c'était de se débarrasser de ses habits souillés et de se reposer un peu. Elle avait pensé un moment à rentrer directement chez elle, mais Ruben, avec son grand coeur proposa aux trois femmes de rester. Jon quant à lui, fit ses adieux rapidement avant de partir. Elle espérait au plus profond d'elle qu'il lui pardonnerait un jour. Peut-être même qu'ils seraient un jour amenés à se rencontrer de nouveaux. Ses dernières paroles lui serrèrent le coeur. Elles n'avaient peut-être pas été celles qui avait tiré l'épée, mais elles y avaient contribué et Eliah la première. Mais encore plus troublant, le jeune homme lui proposa tout naturellement le cheval de la barde. Il savait, à présent c'était une certitude. Et son calme et sa dévotion était le signe qu'un grand homme se cachait sous cette armure. La jeune femme sentit les larmes lui monter aux yeux et une goutte humide et chaude coula sur sa joue alors qu'elle regardait le chevalier s'en aller d'un pas presque chancelant .

“A bientôt” murmura-t-elle pour elle-même.

Un moment, elle eut envie de le rattraper et de s'excuser encore et encore, mais il ne fallait plus revenir sur le sujet. Il fallait tourner la page. Pourtant, elle était extrêmement triste et n'avait pas envie à sa grande surprise que Jon s'en aille. En l'espace d'une soirée, elle s'était attaché à ces trois là, pour une raison qu'elle ignorait. N'y tenant plus, la jeune femme s'approcha d'Ivy et se jeta dans ses bras, ne retenant pas ses larmes. Puis elle lui fit la bise, embrassa le front de Nerwa tout en passant une main dans ses cheveux. Elle avait le sourire, ce qui contrastait avec les larmes sur son visage fin et fatigué. Elle prit ensuite congé et se précipita dans sa chambre. Une fois la porte fermée elle se laissa tomber à terre et pleura tout son soule. C'est plus tard qu'elle vit que Ruben avait fait monter un repas complet pour que les dames puissent manger. Sans même penser à rien, elle se jeta sur le repas et mangea de bon coeur. Cela l'aida à se sentir mieux. Un peu plus tard, après avoir prit une douche et s'être glissée sous les draps, elle réfléchit un moment avant de sombrer dans un profond sommeil. Malgré tout ce qui s'était passé, même si cela avait mal commencé, elle avait eut ce qu'elle avait toujours désiré. L'aventure. Et il n'était plus question de rentrer chez elle.

* * * * *

Le lendemain matin, Ruben ne se priva pas pour leur faire une multitude de présents. De la nourriture à profusion pour la route, sans même les faire payer. Eliah fut extrêmement touchée. Il fallait avouer que cette aventure avait crée un lien entre les différents protagonistes. Elle se demanda même ce qui était advenu d'Eogur. Mais surtout elle se demanda ou se trouvait Jon en ce moment. Mais une autre surprise les attendait, car Ruben les avait conduit à l'écurie ou le cheval de la barde avait été amené. Il était réellement très beau. Ou plutôt elle était très belle. Cette robe marron, cette crinière crème, la rohirrime n'hésita pas une seule seconde. C'était une jument alezane et c'était une très belle monture. Elle caressa la crinière du cheval doucement. Elle essayerait d'être à la hauteur de son ancienne maîtresse et la brunette prendrait bien soin de sa nouvelle amie. Oui elle lui devait bien ça ...
Avec surprises les jeunes femmes découvrirent que ce n'était pas tout. Il y avait des sacs dans lesquels se trouvaient quelques objets. Chacune d'elle reçu quelque chose et Eliah récupéra la tunique de cuir qu'elle alla enfiler aussitôt. La femme de l'aubergiste lui avait passé quelques affaires et avait soigné ses plaies.

La brunette remercia chaleureusement Ruben pour tout ce qu'il avait fait et s'excusa de nombreuses fois pour avoir douter de sa sincérité. Mais personne ne voulait lui en tenir rigueur étrangement. Peut-être que tout simplement les gens voulaient tourner la page et commencer la journée avec de belles images en tête. Eliah et Ivy avait décidé de faire la route ensemble jusqu'à Edoras. Chacune d'elle quelque part, pour trouver l'aventure et d'une autre, de la compagnie était toujours plaisante. Eliah se demandait si elle devait prévenir ses parents, mais décida qu'il ne valait mieux pas s'aventurer chez elle, sinon elle finirait par être enfermée sous clé dans sa chambre. Elle demanda alors à l'aubergiste une dernière faveur qu'il accepta avec bonté et entrain. Eliah était prête pour affronter la vie. Après ce soir là, plus rien ne pourrait l'arrêter, même si la reconstruction serait difficile.

La jeune femme avec beaucoup de grâce monta sur son cheval avant de redescendre et de retourner précipitamment dans l'auberge. Après quelques instants de recherches, elle trouva ce qu'elle cherchait. Elle avait récupéré le luth cassé de la barde. Elle ne savait pas en jouer et puisqu'il était cassé de toute manière, il ne lui servirait pas. Mais elle avait l'intuition que cela lui servirait un jour. Et c'était un peu comme un souvenir. Cela deviendrait une sorte d'amulette. En souvenir de ces évènements difficiles. Elle le fit entrer dans l'un des sacs et remonta sur son cheval sous le regard interrogateurs des autres. Mais elle ne comptait pas parler pour le moment de ce qu'elle comptait faire de cet instrument. Elle même ne le savait pas à vrai dire. Mais elle aurait bien aimé apprendre à en jouer. Il y avait tellement de choses à faire à Edoras...

“C'est un bel objet, je ne veux pas que vous le jetiez aux ordures. Allez Maveli. Hop hop hop !”

Et les trois femmes partirent alors au galop dans la neige, s'éloignant toujours un peu plus de cet endroit qui avait été le lieu d'une torture mentale quelques heures auparavant.. Eliah était épuisée, mais elle se sentait bien sur le dos de Maveli. Cette dernière devait trouver étrange que sa maîtresse ne soit pas avec elle, mais la brune se promit d'expliquer à Maveli ce qui s'était passé, de lui parler et de tout lui avouer. Elle lui expliquerait oui car les animaux pouvaient comprendre beaucoup de choses. Elle lui demanderait de lui pardonner. Pour le moment la bête obéissait, heureuse de reprendre la route, mais qu'arriverait-il plus tard ? Quand sa maîtresse commencerait à lui manquer ?
Jon avait dit à propos de son cheval que celui-ci n'obéissait qu'à lui. Encore une fois son coeur se serra, mais le vent qui vint se prendre dans ses longs cheveux bruns, les faisant virevolter dans son dos lui fit tout oublier. Cette sensation de liberté était unique.

* * * * *

Au coucher du soleil, à la ferme des Tandoril.

Un jeune homme svelte frappa à la porte avec assurance. Il avait marché toute la journée depuis l'auberge afin de se rendre dans ce petit village. Il avait un message important à délivrer. L'aubergiste l'avait gracieusement payé et il ne comptait pas faire faux-bond à celui-ci. Le coursier était certain de ne s'être pas trompé de maison, car la description qu'on lui en avait faite était fort précise. C'est un homme de forte carrure, au visage émacié qui lui ouvrit. On lisait de l'inquiétude et de la fatigue sur son visage. Derrière lui, une femme fébrile serrant un torchon dans ses mains, qui tentait de voir de qui il s'agissait mais la carrure imposante de son mari ne lui permis pas. Quand Roeram referma la porte et qu'il alla s'asseoir à la table de la cuisine, tremblant de rage et de peur, Talaïr ne put attendre.

“Mais que se passe-t-il ? Répond !”

Elle se posta alors derrière l'épaule de son mari et essaya de déchiffrer les mots qu'il était en train de lire. Cette écriture... c'était celle de sa fille ? Sous l'émotion elle n'en fut pas certaine. Les larmes lui brouillaient la vue. Cela faisait deux jours que sa petite était partie, son bébé, son enfant, sa fille unique. Ses trois plus jeunes fils dormaient déjà. Ils avaient déjà beaucoup fait aujourd'hui pour tenter de la retrouver. Mais en vain ...
Talaïr sut que Roeram eut terminé de lire quand il frappa du poing sur la table, faisant sursauter la frêle femme qui était sur le point de s'évanouir. Sous les cris de Talaïr et ses supplications, Roeram finit par s'expliquer.

“Ta chère fille à décidé de nous quitter Talaïr. Voilà ce qui se passe. Je lui ai interdit de partir et cette petite ... bougresse ingrate ! S'est enfuit. Par ma barbe je ...

- Roeram ! Ne parle pas comme ça de notre bébé. Que... qu'a-t-elle dit ? Je t'en pris dit m'en plus.

- J'en sais pas plus Ïré. Qu'elle allait surement à Edoras. C'est tout ce qui est écrit. Et... je vous aime. Pfff tu parles d'une enfant que j'ai élevé ... si j'avais su ...”

Roeram laissa tomber le bout de papier rédigé à la hâte par terre et tournait à présent en rond comme un lion en cage. Il était furieux mais surtout inquiet pour sa fille qui n'avait jamais quitté le village et le cocon familial. Qui pouvait bien savoir où elle était et avec qui. Oui surtout avec qui. Elle était en âge de se marier et d'avoir une famille à présent, pas d'aller à l'aventure dans des endroits inconnus et risquant de se faire tuer. Voyant dans quelle tourmente Roeram et Talaïr étaient, une autre personne qui se tenait dans un angle de la pièce, à l'abri des lumières tira une dernière fois sur sa pipe et se leva, le sourire aux lèvres. Il n'avait pas l'air inquiet, pour le moins du monde. Une longue épée était attachée à sa ceinture. Il prit la parole calmement et avec noblesse.

“Notre petite princesse n'en a toujours fait qu'à sa tête ! C'est normal, après tout elle a été gâtée par six hommes et ne parlons pas de sa mère ! Elle voulait prendre un peu l'air, c'est normal c'est de son âge. Je repars pour Edoras demain. Je la trouverai Mère ne t'en fait pas. Tout va bien se passer.”

Le jeune homme prit sa mère dans ses bras et lui embrassa le front. Puis il posa une main ferme sur l'épaule de son père dont le regard s'était éclairé.

“Merci fils. Mais fait attention à toi et ramène nous cette petite fugitive. Je vais lui montrer ce que c'est de désobéir à son père !

Oh oui Lothir, ramène moi mon bébé je t'en prie. Et ne lui tire pas trop les oreilles d'accord. Tu sais à quel point elle est ...”

Sous le regard noir que lui lança Roeram, Talaïr ne finit pas sa phrase et alla se cacher dans la chambre pour pleurer. C'était sa fille à elle, elle l'avait trouvé ! Elle ne laisserait personne lui faire du mal et elle savait que Roeram n'oserait jamais la toucher. Personne n'avait le droit de la lui prendre. Mais que pouvait-elle contre le caractère difficile et capricieux de la demoiselle ?
Mais elle faisait confiance à son fils. Lothir était chevalier, il avait des hommes qui pourraient l'aider et ils trouveraient très vite la contrevenante. Mais ce dont elle avait peur, c'est que d'autres la trouvent avant lui. Car même si les années avaient passées, Talaïr n'avait jamais eu cesse de craindre qu'on lui enlève cette enfant. Son bébé. Que ceux qui l'avaient abandonné reviennent chercher ce qui leur appartenaient...
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