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 La famille, orage à mépris

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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La famille, orage à mépris EmptyMer 3 Juil 2013 - 19:27
HRP : Suite de : https://jeuderoles.forumactif.com/t3118p15-au-chat-noir-salon-de-jeu#74462
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La famille, orage à mépris Fille_11

Les deux femmes s'étaient éloignées du Chat Noir, qui n'avait pas porté chance aux deux traqueurs venus les agresser sans sommation, et qui avaient dû payer le prix fort pour avoir osé les attaquer par surprise. Peut-être étaient-ils désormais dans les geôles d'Annuminas, enfermés par la garde. Ou bien ils avaient réussi à s'enfuir avant d'être pris, mais il leur faudrait quand même du temps avant de récupérer. Les deux femmes se fichaient un peu de leur sort, conscientes de leur avoir donné une bonne correction, qu'ils n'oublieraient pas de sitôt. Elles erraient désormais au hasard des rues, bravant le froid et le vent, à la recherche d'un abri pour passer la nuit qui s'annonçait difficile, et encore plus désagréable que les précédentes. Il ne faudrait pas tarder à se réfugier quelque part, sans quoi elles risquaient de mourir de froid sur pied, et d'être retrouvées congelées le lendemain matin, par une patrouille de la garde. Patrouille que Nesrine tenait autant que possible à éviter pour l'instant, tant qu'elle ignorait qui avait envoyé ces hommes, même si l'idée d'avoir une statue à son effigie ne la dérangeait pas plus que ça. Tout en gardant un œil ouvert, et l'oreille tendue, attentifs aux signes qui auraient pu trahir la présence d'un ennemi supplémentaire, elle décida de faire la conversation avec sa compagne de route. Peut-être parce qu'elle avait sincèrement envie d'en savoir plus sur cette mystérieuse voyageuse qui avait réussi avec brio à se défaire d'un combattant qui lui rendait au moins vingt centimètres, et le double de livres. Peut-être parce qu'elle désirait en apprendre plus à son sujet pour mieux voir venir une éventuelle trahison. Elle se disait qu'en détectant des incohérences dans son récit, elle finirait par découvrir ce qu'elle voulait savoir.

Elle apprit donc de sa bouche que l'inconnue s'appelait Aglérasia, un nom qu'elle n'avait jamais entendu nulle part, et qui lui parut étrangement exotique, bien qu'elle eût les traits d'une femme de l'Ouest. C'était là un premier point étrange que la jeune danseuse nota dans un coin de sa tête, pour plus tard. Elle était douée pour faire des déductions, mais il lui fallait davantage d'éléments pour dresser un portrait fidèle d'une situation. Un nom seul ne suffisait pas à raconter l'histoire d'une vie. Elle l'écouta ensuite lui raconter qu'elle était à la recherche de sa sœur, qui vivait apparemment dans la région. Nesrine haussa un sourcil interrogateur, et lança d'une voix enjouée :

- Tu rigoles ? C'est pareil pour moi ! C'est dingue ça, je suis venue dans cette ville horrible pour essayer de la retrouver, car on m'a dit qu'elle vivait dans le coin. Tu la connaîtrais pas, par hasard ? Elle s'appelle Aliya.

Elle avait posé la question sur un ton innocent, presque léger, mais sa dernière phrase était bien plus sombre, et il n'était pas difficile de remarquer son changement d'attitude. Son regard s'était durci, ses sourcils avaient pris une posture contrariée, et il y avait fort à parier que le reste de son visage avait suivi le mouvement pour composer un masque de haine qu'elle contenait à grand peine.  Une haine qui avait ses explications, mais qu'il était impossible de comprendre sans lui poser directement la question. Et à voir quelle réaction provoquait chez elle la seule mention du nom de sa sœur, il fallait beaucoup de cran pour oser aborder franchement le sujet avec elle. En proie à une colère flamboyante, elle trouva la force de ne pas la laisser exploser, de demeurer calme et concentrée, ce qui lui avait permis d'avancer jusqu'alors, et lança pour changer de sujet :

- Mais ta sœur, elle s'appelle comment au fait ? Peut-être que je l'ai vue, qui sait ?

Elle dévisagea son interlocutrice, attendant patiemment sa réponse, essayant dans le même temps de rassembler ses souvenirs, d'essayer de trouver le nom de tous les gens à qui elle avait parlé ces derniers temps. Toutefois, elles étaient pressées par le déchaînement climatique dans lequel elles étaient prises, et Aglérasia décida qu'il vaudrait mieux trouver une étable pour la nuit. C'était la solution la plus raisonnable, car ni l'une ni l'autre ne savait vraiment où trouver une auberge, et il était préférable s'abriter tant que c'était encore possible, plutôt que de braver la nuit et le Rude Hiver, à seule fin de trouver un oreiller. Elles ouvrirent donc l'œil, à la recherche d'un endroit suffisamment confortable pour pouvoir y laisser leurs chevaux et s'y installer, et dans le même temps suffisamment discret pour ne pas être dérangées par d'éventuels poursuivants, ou visiteurs inattendus. Mais leur recherche ne les empêchait pas de discuter, et elles en vinrent à parler de leurs compétences martiales respectives. Nesrine avait posé la question la première et elle fut extrêmement surprise par la réponse que lui présenta Aglérasia.

Elle avait déjà tiqué lorsque la jeune femme lui avait dit qu'elle venait du Sud, se demandant ce qu'elle voulait dire par là. Après tout, le Sud était vaste, lorsque l'on se trouvait à Annuminas. Elle aurait pu aussi bien avoir vu le jour au Gondor qu'au fin fond de l'Extrême-Harad, mais elle n'avait pas le physique des femmes du désert. Elle n'avait pas cheveux d'un noir profond, caractéristiques des gens du Sud, et même si sa peau était hâlée, il était évident que ce n'était pas son teint naturel, et qu'elle avait plus en commun avec les gens du Nord de l'Harnen qu'avec ceux qui étaient nés dans les terres Haradrim. Toutefois, Nesrine tiqua une seconde fois lorsque la femme lui parla du Sud comme étant "chez nous". Elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils, décelant là une des incohérences dont elle soupçonnait l'existence, et dont elle attendait patiemment l'apparition. Ses doutes furent confirmés quand Aglérasia fit mention des femmes combattantes, et des chevaliers. Cette fois, elle s'arrêta net, dardant ses yeux d'un bleu profond - héritage d'un père inconnu - dans ceux de son interlocutrice :

- J'ai parcouru le Sud dans toutes les directions, j'ai arpenté le désert, vu les ruines d'antiques cités prises dans les sables, posé les yeux sur Umbar la Décadente, et j'ai vu toutes les cités d'hommes au Sud de l'Harnen... mais jamais je n'ai vu de peuples dont les femmes se battent, ni qui usent de chevaliers.

Elle marqua une pause lourde de sens, laissant le temps à son interlocutrice de comprendre qu'elle la soupçonnait d'avoir menti sur bien plus que ses origines. La tension entre elles remonta d'un cran, et Nesrine poursuivit, sur un ton sec :

- Des femmes qui prennent les armes ? Des épouses qui suivent l'entraînement des hommes ? Même au Nord, où les cavaliers s'habillent d'acier pour partir au combat, je n'ai pas entendu dire que les femmes se battaient couramment.

Elle glissa sa main dans son dos, et caressa du bout du doigt le manche de sa dague. Ce simple contact la rassura, et elle sentit qu'elle pouvait faire face à n'importe quelle attaque de la part de son adversaire si celle-ci tentait de lui jouer un mauvais tour. Nesrine, redevenue méfiante - ou plutôt réaffichant ouvertement la méfiance qui ne l'avait jamais quittée -, se présentait comme une adversaire potentielle pour la voyageuse. Ses yeux évaluaient les possibilités, calculaient les distances, les angles d'attaque, les options de fuite. Sa voix se fit de moins en moins forte, et elle souffla :

- Je crois que nous n'avons pas tant de choses que ça en commun, finalement, ma jolie. Je n'ai pas l'impression que nous venions du même pays, loin de là, et  je crois que tu ne m'as pas vraiment dit ce que tu venais faire ici, ni pourquoi tu m'accompagnais. Je me demande même si cette histoire sur ta sœur n'avait pas pour but d'endormir ma méfiance. Mais ça ne prend pas... Ça ne prend pas !

Nesrine avait été formée pour l'agilité. Son entraînement d'assassin avait été axé autour de sa capacité à escalader, à franchir les obstacles, à bondir et à se réceptionner. Tandis qu'elle parlait, elle avait subrepticement, tiré son bras de la manche de son épais manteau, et au moment adéquat, profitant d'un effet de surprise soigneusement construit, elle l'avait retiré et lancé au visage de la jeune femme dans le même temps. C'était un usage extrêmement pratique qu'elle avait trouvé à cette lourde pelisse qui sinon la gênait dans ses mouvements. La voyageuse, à la fois trop près pour éviter, et trop loin pour bloquer le mouvement à sa source, vit son champ de vision brusquement obstrué par la présence du vêtement, ce qui donna le temps à l'assassin de passer à l'offensive. Son corps, vivifié par la brusque exposition à l'air froid, n'en était pour autant pas ralenti, au contraire. Elle avait besoin de bouger pour garder son énergie, et elle entendait bien régler cette affaire aussi rapidement que possible, dans un brutal déchaînement de violence.

Elle s'élança sans sommation, sans vraiment savoir ce qu'elle allait faire, prête à improviser. Elle avait beau être une tueuse, elle n'en demeurait pas moins humaine, et elle n'avait pas de plaisir particulier à ôter la vie. Ce fut la raison pour laquelle elle ne dégaina pas ses dagues, et ne frappa pas purement et simplement la silhouette qui se débattait sous le manteau. Et aussi parce qu'elle s'était attachée à ce vêtement, et qu'elle ne tenait pas particulièrement à l'abîmer ou à le tâcher de sang irrémédiablement. Au lieu d'utiliser ses dagues, donc, elle utilisa sa vitesse et son poids pour percuter de toutes ses forces la voyageuse. Un cri lui parvint, lui indiquant qu'elle avait touché sa cible, qu'elle emporta brutalement dans son élan. Les deux femmes se retrouvèrent douloureusement au sol dans un concert de hennissements produits par les chevaux inquiets, qui piaffaient et faisaient claquer leurs sabots sur la pierre froide et nue. Elles roulèrent sur les pavés pour se relever, et essayer de retrouver leurs esprits, quelque peu chamboulés par l'impact. Nesrine cligna des yeux, et aperçut Aglérasia qui se relevait au même moment. Malgré ses appuis peu sûrs, elle plongea dans sa direction avec l'intention de la plaquer fermement au sol, pour lui placer une lame sous la gorge et la faire parler.

Son plan ne se déroula pas tout à fait comme prévu, et si elle plaqua bien la voyageuse au niveau de la hanche, les projetant toutes deux à nouveau à terre, elle ne parvint pas à assurer sa prise sur le cou de son adversaire, comme elle l'entendait. Incapable de déstabiliser suffisamment la jeune femme pour dégainer sans risque son arme, elle profita de ce que Aglérasia était allongée sur le dos pour se jeter une troisième fois sur elle, mais avec l'intention de la rouer de coups jusqu'à ce qu'elle abandonnât et se révélât coopérative. Ce n'était pas une tactique très élaborée, mais elle avait le mérite d'être facile à trouver dans un duel, d'être tout aussi simple à appliquer, et de ne nécessiter aucun matériel particulier. Elle réussit à prendre le dessus, et un cri victorieux s'échappa de sa bouche, toujours dissimulée par son éternel voile, tandis qu'elle brandissait le poing qu'elle allait abattre sans pitié. Elle frappa, de droite et de gauche, alternativement, compensant son manque de force et son absence de précision par une rage et une détermination qui l'aveuglaient totalement, et la rendaient inattentive à toute riposte, à tout danger.


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Aglérasia
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La famille, orage à mépris EmptyJeu 4 Juil 2013 - 1:57
Aglérasia fut ravie en s’éloignant de plus en plus du chat noir, ce qui les éloignèrent également des deux agresseurs qui leurs étaient tombé dessus plusieurs minutes auparavant. Pour le moment Aglérasia fut d’autant plus ravie qu’elle ne voyageait pas seul, mais était accompagnait par une jeune femme, prénommée Nesrine, qui magnait également les mêmes armes qu’elle-même. Cependant elle était loin d’imaginer ce qui allait ce passé. Aglérasia s’aperçu que Nesrine resta toujours sur ses garde même quand elle afficha un sourire sur son visage, un sourire que l’on ne pouvait que s’imaginait car tout comme Aglérasia, Nesrine portait un voila qui lui camoufla le bas du visage.

Au fur et à mesure qu’elles avancèrent au travers de la ville, Aglérasia put voir que Nesrine se posa des questions sur la sincérité d’Aglérasia, pourtant celle-ci ne lui menti pas, elle se contenta de ne pas dévoilée toute la vérité sur son compte. A un moment, Nesrine afficha un visage d’étonnement et ce qui devait se produire se produisit : Nesrine lui annonça qu’elles avaient à nouveau un point commun, en effet elles étaient toute deux à la recherche de leur sœur. Ceci dit au vue de la mine qu’afficha Nesrine juste après avoir évoqué le sujet de sa propre sœur, découragea Aglérasia de s’informer plus sur ce sujet. Aglérasia se contenta de répondre :

« Non, je suis désolé je ne connais personne de se nom. »

Aglérasia eut tout juste le temps de formuler sa réponse que Nesrine lui reposa une seconde question sur la sœur d’Aglérasia : Contrairement à Aglérasia qui n’osa pas aborder le sujet de la sœur, Nesrine aborda celui de la sœur d’Aglérasia.

« Ma sœur se prénomme Isabella, enfin d’après ce que je sais… . »

A ce moment là, Aglérasia ne put empêcher des traits de tristesse s’afficher sur son visage, et décida de n’en dire plus long sur le sujet. Elles parcoururent ainsi dans le calme pendant quelques minutes les rues de la ville à la recherche d’une étable. Soudain Nesrine brisa le silence en abordant la réponse qu’Aglérasia avait formulé au sujet de leur façon de magner les armes. En effet Aglérasia avait annoncé, qu’il était coutume des voire les femmes se battre dans son pays, mais ne se rendit pas compte que Nesrine n’étaient pas du même pays, bien qu’elle les avait situé toute deux dans la région du sud, Aglérasia venait plus de l’Est que du Sud.
Son interlocutrice se mis à évoquer plusieurs points qui lui paru suspects et afficha de plus en plus un regard méfiant à l’encontre d’Aglérasia. Nesrine parla du faite qu’elle n’avait jamais rencontré de femme tenant les armes durant tout son voyage qui l’a fit traverser de nombreuse contrée du Sud et insista à nouveau qu’elle trouva ça étrange car même dans le Nord cela ne se faisait pas. Aglérasia vit Nesrine examiner leur situation l’une envers l’autre mais fut distraite par le faite que Nesrine entama une nouvelle phrase. Ceci dit, Aglérasia ne vit en Nesrine pas une adversaire potentiel au vue du faite que celle-ci l’avait défendu et invitée à se joindre à elle. Cette nouvelle phrase, que Nesrine établie, fut dite d’une voix qui dénonça sans aucune hésitation la méfiance ainsi que la trahison que ressenti Nesrine à l’encontre de la jeune femme.

Alors qu’Aglérasia essaya à plusieurs reprise d’établir une réponse, elle se vit propulser dans une pénombre quasi-totale et se senti projeter par terre. Elle ne chercha même pas à donner des coups, mais se contenta d’essayer de retirer le manteau qui lui cacha la vue. En effet elle fut tellement surprise que la seule chose qui la préoccupa ensuite se fut de se relever aussi vite qu’elle le put. Alors qu’Aglérasia repris peu à peu ses esprits ainsi que son équilibre, Nesrine la percuta à nouveau au niveau de la hanche et la projeta à nouveau à terre. Elle vit son interlocutrice, soudain devenue adversaire, reprendre sa prise plus haut et de la martelet de coups.

Aglérasia, qui ne comprit toujours pas ce qui se passa, se contenta de rentrer la tête. Cependant après quelque coup reçu sur la tempe, elle décida de réagir. En effet les nombreux coups qu’elle encaissa lui firent monter une rage en elle. Ce fut au moment où elle ne put contenir sa rage qu’elle profita que Nesrine entama un crochet du droit pour profiter de cet élan pour inverser les positions. En effet ces nombreuses heures de combat au corps à corps lui permit de faire vaciller les deux corps de telle façon que les deux corps roulèrent sur le coté et qu’Aglérasia put se redresser en étant sur le torse de Nesrine.

Aglérasia ne comprit toujours pas pourquoi Nesrine s’était mit dans cet état mais lui affligea un grand coup sur la tampe avant de lui coller les deux épaules au sol en ce mettant à parler d’une voix distincte et ferme :

« Ça ne va pas non ? Qu’est-ce qu’il te prend ? Apparemment je me suis en effet trompée sur ton compte. Quand je me suis dit du Sud, je sous entendais par rapport du Rohan. En effet je viens de l’Est si tu veux tout savoir ! Au Rhûn il n’est en effet pas rare de voir des femmes se battre. Ma sœur, quand à elle, existe bel et bien, nous avons étaient séparer à notre naissance, et j’ai récemment appris qu’elle vivait dans cette région. Donc je comprendrais que cela ne t’affecte pas mais arrête de me traiter comme une ennemie. »

Voyant que Nesrine essaya de se redresser afin de reprendre une position lui permettant d’assigner de nouveau coups, Aglérasia la souleva légèrement avant de la répliquer fermement sur le sol.

« Maintenant tu as deux choix, soit l’on se sépare là et si je te revois engager une attaque à mon encontre je n’hésiterai pas à utiliser mes armes, soit tu acceptes de me faire un minimum confiance et nous effectuant une partie de notre chemin ensemble. »

Aglérasia se pencha de tout son poids sur les épaule de sa prisonnière afin qu’elle ne puisse établir aucun mouvement et fit plusieurs mouvement de la tête afin de faire comprendre qu’elle attendrait d’avoir une réponse avant de la relâcher.

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Ryad Assad
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La famille, orage à mépris EmptyDim 14 Juil 2013 - 0:02
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Annuminas, la glorieuse capitale d'Arnor, était désormais endormie, et rien ne venait troubler le sommeil de ses habitants. Il régnait dans ses rues un silence presque complet, seulement interrompu par la respiration haletante de deux silhouettes immobiles, se toisant avec une méfiance réciproque. La lune, qui réussissait à éclairer quelque peu la scène malgré les nuages noirs qui erraient dans le ciel, révélait à grand peine les maigres détails de la situation. Les individus étaient deux femmes, qui semblaient calmes pour l'instant, mais qui pouvaient se transformer en combattantes redoutables à tout instant. La tension qui régnait entre elles deux était à son comble, et le silence qui s'était abattu n'était qu'une illusion destinée à masquer la violence qu'elles étaient prêtes à déchaîner. Nesrine se retrouvait présentement en position de faiblesse, sans vraiment avoir eu le temps de comprendre ou pourquoi ou comment.

Elle avait pourtant réussi à prendre le dessus, et à asséner quelques coups à son adversaire, mais visiblement cela n'avait pas suffi à la mettre hors combat. En une fraction de seconde, les rôles avaient été inversées grâce à une prise très habile de la part de la voyageuse, et c'était Nesrine qui avait dû se protéger de son mieux. Au corps à corps, elle n'avait jamais été particulièrement talentueuse, même s'il aurait été idiot de la sous-estimer. Ce n'était tout simplement pas le domaine qu'elle préférait. Elle était rapide et agile, ce qui lui permettait la plupart du temps de frapper sans avoir à essuyer de riposte, mais lorsqu'elle était coincée comme présentement, elle se rendait cruellement compte qu'elle n'avait pas le gabarit pour se défaire d'un quelconque opposant. C'était la raison pour laquelle elle combattait principalement à l'aide de dagues, alors que sa sœur, elle avait appris le maniement du poignard. Une injustice de plus qui venait s'ajouter à la longue liste des raisons futiles ou non qui faisaient que Nesrine la détestait. Cette dernière maîtrisait relativement bien les armes qui permettaient de tuer à distance, telles que les sarbacanes ou les arbalètes miniatures, mais elle était novice dans les affrontements où elle était privée des prolongements mortels de ses bras.

Dans cette rue sombre et froide, sous le ciel nocturne du Rude Hiver, elle avait attaqué avec la férocité et la rage du plus dangereux des meurtriers, mais avec l'expérience et la compétence d'un enfant de dix ans. Un mélange qui pouvait se révéler incroyablement efficace, ou incroyablement suicidaire, selon la chance. Mais Nesrine ne tenait pas compte de la chance, ou des probabilités : elle s'était fiée à sa résolution, et à sa volonté de gagner. Elle était convaincue qu'elle pouvait l'emporter, qu'elle allait l'emporter, certaine que la victoire lui tendait les bras, et ne pouvait en aucun cas lui échapper désormais qu'elle avait pris l'ascendant. Elle n'imaginait tout simplement la voyageuse en mesure de se libérer de son emprise, et encore moins d'inverser purement et simplement leurs positions pour prendre l'avantage.

Le souffle coupé par le choc contre le sol et par Aglérasia qui s'était juchée sur sa poitrine, elle avait vu trop tard le crochet armé par son adversaire, et l'avait reçu en pleine tempe sans rien pouvoir faire pour l'éviter. Le coup la toucha avec violence, et elle laissa échapper un cri de douleur, rauque et bref. Son cou tourna sans qu'elle le voulût, et elle crut que sa tête allait se détacher de son corps. Finalement, elle demeura en place, mais ce fut au prix d'une souffrance terrible. Nesrine, sonnée et perdue, tenta de se relever sans vraiment s'en rendre compte. Probablement un réflexe de survie que son corps lui imposait. Mais la voyageuse était encore là, et elle plaqua fermement la jeune haradrim au sol. De nouveau, celle-ci grogna : les dagues, rangées dans les fourreaux accrochés à son dos, venaient de lui rentrer douloureusement dans les reins, et elle se cabra pour essayer d'atténuer cette sensation, en vain.

De petits points lumineux dansaient devant ses yeux, comme si les nuages avaient été chassés par un fort vent d'Ouest, qui s'était aussi amusé à faire s'agiter les étoiles qui brillaient dans le ciel. Le tout était certainement magnifique, mais c'était surtout incroyablement déstabilisant. La douleur qui lui vrillait le crâne et qui lui donnait la nausée rendait ce spectacle aveuglant, et elle était incapable de discerner clairement quoi que ce fût autour d'elle. Elle leva les mains pour se protéger d'une éventuelle seconde attaque, tout en sachant qu'elle ne serait pas en mesure de la contrer si celle-ci venait à venir. Elle ferma les yeux un instant, et les rouvrit, pour constater que la ronde des étoiles était toujours aussi endiablée, et qu'elle ne semblait pas vouloir s'arrêter. Nesrine, incapable de se protéger et incapable de se libérer, attendit donc en serrant les dents le prochain assaut de la part de son adversaire, bien consciente qu'il scellerait probablement son destin. Mais il ne vint pas.

Le fameux silence qui embaumait la cité royale, et qui semblait avoir une consistance propre, provenait de là. Il semblait avoir émergé spontanément des profondeurs de la terre, balayant brutalement le chaos et les cris de la bataille. Nesrine respirait rapidement, reprenant peu à peu ses esprits, s'interrogeant quant à savoir pourquoi elle était toujours entière, et pour Aglérasia n'avait pas poussé son avantage alors qu'elle en avait l'opportunité. Comme si elle avait perçu sa question muette, elle entreprit de lui fournir une explication, pour justifier son comportement. La jeune haradrim put ainsi apprendre que la voyageuse venait du Rhûn. D'après ce qu'elle en savait, ce n'était rien de plus qu'un grand territoire peuplé de guerriers étranges, qui avaient servi Sauron plusieurs siècles auparavant. Etrangement, il était difficile d'imaginer que la voyageuse fût originaire de ces terres lointaines, ne serait-ce que parce qu'elle n'en avait pas le type et qu'elle ressemblait davantage à une femme d'Arnor, mais dans sa situation, aurait-elle eu un intérêt particulier à mentir, alors qu'elle pouvait sans peine se débarrasser d'un témoin gênant ? Cela signifiait-il pour autant qu'il fallait croire tout ce qu'elle disait ? Nesrine, croyant voir dans ses explications une marque d'inattention, tenta de se relever, mais Aglérasia la plaqua de nouveau au sol. Elle gémit à nouveau, et décida de demeurer tranquille. Elle était totalement à la merci de cette femme étrange, et elle n'avait pas particulièrement envie de la contrarier. Puis, avant que la haradrim eût pu dire quoi que ce fût, elle lui imposa un choix simple : la confiance et paix, ou bien la méfiance et la guerre. Dans sa situation, elle n'était pas véritablement en mesure de négocier, et c'est de mauvaise grâce qu'elle grommela :

- Tu as gagné, c'est bon ! J'accepte de croire à ton histoire. De toute façon, si tu avais voulu me tuer, je pense que tu l'aurais fait depuis longtemps, et je ne vois pas ce que je pourrais savoir qui intéresserait qui que ce soit. Allez, lâche-moi...

Mais Aglérasia ne bougea pas, et Nesrine se demanda si elle attendait autre chose. Elle fouilla dans sa mémoire, et finit par trouver un argument de poids :

- Ecoute...Ta sœur s'appelle Isabella, c'est ça ? Je ne connais personne de ce nom, mais on pourrait chercher ensemble. En échange, on jette un œil pour trouver la mienne, et tu arrêtes de me plaquer par terre, d'accord ?

Elle avait pris sa voix la plus doucereuse, la plus mielleuse, et il était difficile de savoir si elle était parfaitement sincère, ou si elle manigançait encore quelque fourberie dont elle avait le secret. Son voile en dissimulait trop pour qu'il fût possible de trancher avec certitude. Alors que Aglérasia demeurait silencieuse, probablement occupée à considérer le pour et le contre, une voix forte les héla, les faisant sursauter toutes les deux :

- Hé ! Qui va là ?

Elles tournèrent simultanément la tête en direction d'une petite tâche de lumière qui venait d'apparaître, chassant prestement les ombres qui avaient élu domicile au coin des maisons. La lumière en question était une torche, tenue par un homme qui menait une patrouille de soldats. La garde d'Annùminas. Les deux femmes restèrent un moment interdites, mais ce fut Nesrine qui réagit le plus vite. Elle renversa Aglérasia sur le côté, alors que cette dernière avait relâché un peu sa prise, et se releva rapidement, à la recherche d'une solution :

- Dépêche-toi, cours ! Siffla-t-elle.

Elle s'empressa de ramasser son manteau, et de s'élancer dans une ruelle, sans vraiment se soucier de savoir si la jeune femme allait réussir à tenir le rythme. Mais visiblement, en plus d'être une voyageuse et une combattante, elle était aussi une athlète, et elle parvint à suivre. Derrière elles, des cris retentirent, alors que la patrouille forçait l'allure devant un délit de fuite manifeste. Nesrine avait allongé la foulée, mais les gardes devaient être bien entraînés, car ils les collaient au train, et ils ne semblaient pas décidés à abandonner. Menant toujours la course à travers un dédale de ruelles, elle finit par se retourner et lancer :

- Cache-toi ! Cache-toi !

Elle avait désigné du doigt un recoin sombre, au niveau du sol, à peine visible. Une seule personne pouvait s'y glisser sans se faire remarquer, à condition de ne pas avoir peur de mettre la main sur un rat, ou pire. La cachette était sûre, à condition de savoir se faire petit. Nesrine savait que les soldats n'allaient pas tarder à arriver, aussi fila-t-elle en direction du mur le plus proche. Elle bondit avec la souplesse d'un chat, et s'accrocha au rebord d'une fenêtre. A la force des bras, elle se hissa, grimpa encore quelques mètres le long d'une corniche, où elle se dissimula, arrêtant même de respirer pour ne pas trahir sa localisation. Quelques longues secondes après avoir pris position, elle vit la torche arriver à toute vitesse, suivie par la silhouette de six gardes qui allaient au pas de course, la main prête à dégainer. Les hommes passèrent au pas de course, ébranlant le sol du martèlement assourdissant de leurs lourdes bottes sur le sol. Ils dépassèrent leur position, et continuèrent leur route, convaincus d'être sur la bonne voie. Nesrine attendit un bref instant, avant de descendre de son promontoire, et de retrouver Aglérasia, qui quittait elle-même son abri.

- Viens, suis-moi. J'ai repéré un endroit où dormir.

Sans attendre de confirmation, elle s'élança vers là d'où elles venaient, et s'arrêta bientôt à côté de ce qui ressemblait à s'y méprendre à une étable. C'était en réalité la maison d'un marchand, qui abritait ses chevaux dans un bâtiment de pierre. Les animaux dormaient des boxes cadenassés, mais tous les emplacements n'étaient pas occupés. Elles rentrèrent en passant par une fenêtre qui se trouvait à un mètre cinquante du sol, et retombèrent aussi discrètement que possible à l'intérieur. Après s'être assurées qu'il n'y avait nul garde ou nulle présence inadéquate à l'intérieur, elles se glissèrent dans l'enclos le plus éloigné de la porte, en prenant bien garde de ne pas réveiller les chevaux. Elles ouvrirent la porte qui grinça un peu, et évaluèrent un peu leur trouvaille. Le coin était plutôt sympathique, avec suffisamment de paille pour dormir tranquillement. Nesrine accrocha son manteau, pour éviter qu'il ne soit couvert de brins le lendemain, et entreprit de chercher de l'eau :

- J'ai besoin de nettoyer mes cheveux, lâcha-t-elle en guise d'explication. Et ça...

Elle avait désigné son voile, qui avait pris une teinte plus foncée. Il faisait trop sombre pour en deviner la couleur, mais il était évident que c'était du sang. De toute évidence, l'altercation entre Nesrine et Aglérasia avait laissé des traces, et la jeune haradrim s'était ouvert la lèvre. Elle s'éloigna en direction d'un bassin plein d'eau, et pencha la tête pour y tremper ses longues mèches brunes, qu'elle frictionna vigoureusement jusqu'à ne plus sentir le contact du sang. Avant de continuer, elle se retourna vers Aglérasia, et lui lança d'un ton d'une extrême fermeté :

- Ne regarde pas.

Puis, sans attendre, elle se retourna et passa la main derrière sa tête pour défaire son voile. Dos à la voyageuse, cette dernière ne pouvait pas voir ce que Nesrine cachait derrière ce morceau de tissu, mais il était évident qu'elle n'en était pas fière. Elle trempa son voile dans l'eau, et gratta soigneusement le sang. Elle se pencha ensuite, et nettoya son visage, avant de remettre son voile en place. L'opération n'avait duré que deux minutes, mais elle eut un soupir de soulagement lorsqu'elle remit ce voile, comme si sans lui elle était incapable de respirer. Elle revint dans l'enclos, et s'allongea sans cérémonie sur la paille, un couchage plutôt luxueux en comparaison de ce qu'elle avait l'habitude d'avoir :

- Si tu veux faire une toilette, profite. Demain, on n'aura peut-être pas le temps.

Elle ferma les yeux, tandis que Aglérasia vaquait à ses occupations. Etait-elle en train de chercher de quoi rendre son couchage confortable, ou bien était-elle en train de se rafraîchir ? Difficile à dire. La haradrim sortit de son sac une petite couverture qu'elle étendit sur elle pour se protéger du froid nocturne, même si son corps était bouillant à cause de la course poursuite. Finalement, Aglérasia s'installa. Elle n'avait pas dit grand-chose, probablement absorbée par ses propres réflexions, aussi Nesrine décida-t-elle de briser un peu la glace :

- Pour tout à l'heure, euh... désolée de pas t'avoir cru. Ton histoire est étrange, mais je suppose qu'on a tous des trucs bizarres dans notre passé... Quoi qu'il en soit, on va chercher ta sœur ensemble. Je connais deux ou trois types qui connaissent du monde. Ce sont pas des gens très recommandables, mais vu comment tu débrouilles, ça ne devrait pas poser de soucis...

Elle marqua une pause, et ajouta :

- Mais pour l'instant, il faut dormir. Bonne nuit !

Elle ferma les yeux, et s'installa confortablement sur le côté, comme si elle s'apprêtait réellement à dormir. En réalité, même si elle l'avait voulu, elle en aurait été bien incapable. Des années de conditionnement l'avaient rendu tellement méfiante qu'elle ne pouvait pas s'assoupir dans un endroit qu'elle ne considérait pas comme sûr. Et qu'y avait-il de moins sûr qu'un enclos appartement à Melkor savait qui, qu'elle partageait avec une voyageuse-guerrière ? Il paraissait difficile de se relaxer dans un tel environnement. Elle ne montra cependant aucun signe qu'elle restait éveillée, et attendit patiemment le lever du jour. Aglérasia s'endormit bientôt, peut-être vaincue par l'agitation de la soirée. Nesrine songea un instant à lui faire un coup en traître, mais elle y renonça bien vite. Cette femme l'avait épargnée, et elle ne tenait pas particulièrement à la tuer. Au lieu de quoi, elle monterait la garde pour deux.


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La famille, orage à mépris EmptyDim 14 Juil 2013 - 11:38
Alors que Nesrine accepta de bien vouloir croire à l’histoire qu’Aglérasia venait de raconter, Aglérasia ne bougea pas. En effet elle ne sut si cela fut encore un entourloupe ou si cette fois si son adversaire était sincère. Quand Nesrine lui confia qu’elle allait l’aider à trouver sa sœur en échange de la même requête de sa part, Aglérasia fut soulager et se redressa afin d’exercer un poids beaucoup moins important sur sa prisonnière. Aglérasia réfléchit par où elles allaient bien pouvoir commencer afin de lancer les recherches quand soudain une voix la sortit de ses songes. Cette voix n’était pas celle de Nesrine et pour cause ce fut celle du chef de la garde d’Annùminas.

Aglérasia n’eut pas le temps de réagir que Nesrine profita du relâchement qu’Aglérasia lui accorda pour la faire vaciller sur le coté et ainsi se libéré de son blocage. Alors qu’Aglérasia reprit rapidement ses appuis, Nesrine lui suggéra rapidement de se mettre à courir. A nouveau réunis, comme au début de la nuit, les deux jeunes femmes coururent du même rythme rapide dans les ruelles d’Annùminas. Aglérasia s’aperçu alors que les deux jeunes femmes étaient très complices quand il s’agissait de se battre ou de fuir. Alors qu’elles prirent de l’avance sur leurs poursuivants, Nesrine suggéra à Aglérasia de se cacher dans une petite cavité avant de grimper, quand à elle, sur la façade d’un immeuble. Aglérasia se faufila dans cet abri sans se soucier, ne serait-ce qu’une seconde, des quelques rongeurs qui sortirent aussi vite qu’elle y entra. Elle admira ensuite l’agilité avec laquelle Nesrine entama son ascension la façade de la maison d’en face et se promit d’essayer de convaincre celle-ci de lui enseigner l’art de grimper de la sorte.

Les poursuivants passèrent devant elles sans même songer, ne serait-ce qu’une fraction de second, que les jeunes femmes se trouvèrent à cet endroit. Aglérasia attendit de voir Nesrine entamer sa descente avant de sortir de son refuge. Nesrine lui demanda de la suivre et sans même attendre sa réponse entama sa course vers l’endroit qu’elle avait nommée. Elles se retrouvèrent ainsi toutes les deux dans une étable qui leur paru comme un endroit de luxe par rapport à ce dont qu’Aglérasia pensait trouver pour passer la nuit. Pendant que Nesrine alla se nettoyer les cheveux, Aglérasia pensa à leurs montures, qu’elles avaient dû abandonner lors de leur poursuite par la garde d’Annùminas. Soudain Nesrine tira Aglérasia de ses pensées en lui demandant de bien vouloir se retourner afin qu’elle puisse retirer son voile. En effet Aglérasia put apercevoir qu’il présenté quelques traces de sang. Aglérasia s’exécuta sans dire un mot et retomba dans ses songes sur les montures.
Au retour de Nesrine, celle-ci lui conseilla d’aller se débarbouiller également car elles ne pouvaient pas savoir quand aller arriver le prochain point d’eau qui leur permettrait de se rafraichir.

Alors qu’Aglérasia fit son brin de toilette, Nesrine décida de percer le silence en formulant des excuses à l’encontre d’Aglérasia, et lui dit qu’elle connaissait des personnes susceptibles d’avoir entendu parler de sa sœur. Aglérasia fut ravit mais se refusa de voir en cette phrase la moindre lueur d’espoir afin de ne pas subir une autre déception si ce fut ce dont il devait arriver. Aglérasia profita d’un moment de pose que marqua Nesrine pour poser une question qu’elle ne put contenir plus longtemps.

« Je sais que cela est indiscret mais pourquoi gardes-tu en permanence ce voile sur ta figure. Désolé si je te blesse en posant cette question, me le fait que tu me demande de me retourner m’intrigue un peu. »

Aglérasia avait essayé de poser ses questions de la façon la plus innocente possible afin de ne pas blesser sa compagne de voyage.

Nesrine lui proposa de dormir pour l’heure, en effet les nuits de deux voyageuses s’incrustant dans les bâtiments d’autrui sont rarement très longues.

Aglérasia fut tellement fatiguée, qu’elle redressa sa capuche sur sa tête et s’enveloppa dans son manteau. Elle prit ensuite l’une de ses dagues, qu’elle déposa sur son torse, et s’endormit rapidement tout en la tenant avec l’une de ses mains. Ce ne fut pas qu’elle n’avait pas confiance en Nesrine, même si elle ne lui octroyait pas une confiance totale, ce fut simplement au cas où au vue de toutes les attaques qu’elles furent sujets ces derniers jours. Aglérasia s’endormit sans trop de peine et tomba de suite dans un sommeil bien réparateur.

Au bout de quelques heures, Aglérasia ouvrit les yeux, elle ne parvint plus à se rendormir. De ce faite, elle décida de se lever et d’aller respirer l’aire frais de la nuit quand elle s’aperçu que Nesrine ne dormait pas. Aglérasia essaya de savoir si ce fut un réveil temporaire, mais alors qu’elle comprit que Nesrine n’avait pas dormit et ne comptait pas le faire, Aglérasia brisa le silence à son tour.

« Pourquoi ne dors-tu pas ? Même si tu n’as pas confiance en moi tu peux dormir, je n’ai nullement l’intention de te frapper pendant ton sommeil. Repose toi un peu je prends la garde si tu le désire. »

Elle vit alors Nesrine fermer les yeux. Cela n’indiqua pas que celle-ci dormait mais au moins elle se reposait. Quelques heures durant Aglérasia resta réveiller quand soudain elle entendit des pas se diriger vers l’écurie. Aglérasia héla Nesrine et lui indiqua rapidement la situation.

« Vite partons d’ici ! »

Cette fois ci ce fut à son tour de prendre les devant sans prêter garde à ce que Nesrine faisait afin de l’obliger à la suivre. Elles se faufilèrent par le même endroit qu’elles avaient emprunté pour entrer et sortit de justesse pour ne pas être vu de la personne qui émit ces bruits de pas. Une fois dehors, Aglérasia émis un sifflement particulier et soudain elle vit Poiana établir des cercles dans le ciel.

« J’ai retrouvé nos montures »

En effet le sifflement emis par Aglérasia, demanda à son rapace de bien vouloir lui indiquer la position d’Hory, qui avait l’habitude de se promener dès que sa maitresse ne fut plus sur son dos.
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Ryad Assad
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La famille, orage à mépris EmptyLun 15 Juil 2013 - 5:21
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Pour Nesrine, il y avait quelque chose d'étrange à entretenir une conversation presque normale avec une parfaite inconnue, dans un endroit aussi incongru qu'une étable dans laquelle elles n'auraient jamais dû se trouver. La vie avait parfois une drôle de façon de faire se croiser les destins, et elle préféra ne même pas songer à tout ce que cette pensée pouvait impliquer, sans quoi elle risquait de se fatiguer inutilement le cerveau. Mais qui disait dialogue disait deux, et autant elle s'était montrée curieuse vis-à-vis de la voyageuse, autant cette dernière ne lui avait pas encore posé trop de questions. Peut-être se contentait-elle de savoir que la danseuse ne lui voulait pas de mal immédiatement, mais il s'avéra ensuite qu'elle s'interrogeait intérieurement sur le voile que portait la jeune haradrim. En vérité, tout le monde s'interrogeait à ce sujet. C'était un accessoire assez peu courant, et le fait qu'elle ne l'enlevât jamais rendait la chose encore plus curieuse. De quoi attirer les interrogations. Sauf que d'ordinaire, les gens préféraient éviter de lui poser directement la question. Peut-être avaient-ils peur de sa réponse, ou peur de sa réaction. Après tout, elle avait un caractère bouillant, et ses sautes d'humeur étaient aussi courantes que violentes. Ils préféraient alors imaginer dans leur coin ce qu'elle pouvait bien dissimuler ainsi. Certains considéraient cela comme un accessoire destiné à charmer les hommes, conçu pour les faire fantasmer, rêver sur le joli minois qui se dérobait à leurs yeux. D'autres optaient plutôt pour une explication plus sombre, et déclaraient qu'elle cachait son identité car elle était recherchée. S'ils avaient su quel était la véritable profession de la jeune femme, ils auraient pu définitivement croire dans cette version, même s'ils étaient en réalité loin de la vérité.

Mais parmi tous les gens que la jeune haradrim avait côtoyés, très peu avaient osé lui demander de but en blanc ce qu'elle dissimulait ainsi derrière ce masque. En vérité, cela faisait plusieurs années que la situation ne s'était pas présentée, aussi fut-elle ébranlée par cette interrogation apparemment anodine. Ses yeux très expressifs se teintèrent soudain d'une émotion qui n'apparaissait en général pas sur ses traits : la peur. Une peur irrationnelle et terrible, qui trouvait une explication dans son passé et dans le lourd secret que ce fin tissu recouvrait. Elle fronça les sourcils, tandis que ses yeux bleus devenaient brillants à cause des larmes qui menaçaient de glisser le long de ses joues à tout instant. Une réaction aussi vive pour une question aussi simple avait de quoi surprendre, et Nesrine inspira profondément pour se donner une contenance. Cela faisait tellement longtemps qu'elle dissimulait cela, et pourtant elle était toujours aussi bouleversée lorsqu'on l'abordait. Elle détourna le regard et écrasa de la paume les minces gouttes salées qui s'agglutinaient aux coins de ses yeux, avant de répondre d'une voix où perçaient des accents hésitants :

- Je ne veux pas en parler... Je... C'est...

Elle marqua une pause, et souffla brutalement, comme pour expulser les émotions négatives et l'air vicié qui la paralysaient et l'empêchaient de donner une réponse cohérente. Elle inspira un air pur au travers de son voile opaque, et reprit :

- Je suis fatiguée. Dormons.

Couper court à la conversation de manière aussi sèche et brutale avait de quoi déstabiliser Aglérasia, mais c'était la seule chose qu'elle pouvait faire pour ne pas s'enfoncer davantage dans le ridicule. Elle préférait se montrer méchante que faible, désagréable que vulnérable. Pour survivre, il fallait être capable de bafouer ses principes et ses valeurs, afin de s'accrocher à la moindre étincelle d'espoir. Elle savait que cela conduirait la voyageuse à se poser encore davantage de questions, et peut-être même qu'elle reviendrait à la charge à un autre moment, mais Nesrine considérait que ce répit était un point positif, et qu'il lui permettait de se concentrer sur le prochain affrontement. Elle mettait cette réaction incontrôlée sur le compte de la fatigue et de la surprise, et espérait qu'avec davantage de préparation, elle parviendrait à mieux se comporter, quand le moment viendrait d'en parler à nouveau.

Sans rien ajouter, les deux femmes s'installèrent pour la nuit. Nesrine nota que la voyageuse gardait ses armes en main, afin de pouvoir réagir promptement en cas d'attaque. Elle s'endormit rapidement, et bientôt le bruit régulier de sa respiration résonna dans l'enclos, comme un instrument de musique battant la mesure pour le reste d'une symphonie. Le monde semblait aller au rythme de cette respiration lente et profonde, qui paraissait bercer l'univers tout entier. Elle dormit de la sorte pendant quelques heures, tandis que Nesrine déconnectait son esprit de son corps, afin de rester alerte sans avoir besoin de se fatiguer mentalement à réfléchir à quelque chose. C'était une manière particulièrement commode de tenir durant les longues heures nocturnes, en attendant que le jour se levât. La jeune femme à ses côtés était plongée dans un sommeil profond et réparateur, mais elle se réveilla pourtant, alors que la nuit approchait de son terme, et ne parvint pas à se rendormir malgré tous ses efforts. Elle finit par se lever, probablement pour se dégourdir les jambes, et vérifier qu'il n'y avait pas de danger imminent. Nesrine ouvrit les yeux pour la surveiller, et s'assurer qu'elle n'allait pas lui jouer un mauvais tour. Aglérasia, encore un peu ensommeillée, nota que la danseuse ne dormait pas, et lui en fit la réflexion sur un ton de reproche sympathique. Nesrine fronça les sourcils, cherchant à discerner si elle venait de recevoir une critique, ou si la voyageuse se préoccupait simplement de sa santé.

Elle finit par accepter l'idée selon laquelle elle ne lui voulait pas plus de mal que la veille, et répondit d'une voix tranquille :

- Je n'avais pas vraiment sommeil... Mais si tu veux rester réveillée, fais comme tu veux. Je vais me reposer en attendant.

Joignant le geste à la parole, elle s'emmitoufla encore un peu davantage dans sa couverture, ferma les yeux, et trouva une position confortable pour la fin de la nuit. En vérité, elle ne risquait pas de dormir, maintenant que Aglérasia était totalement réveillée, mais elle préférait en donner l'illusion. Et puis mine de rien, cela lui permettrait de récupérer un peu, pour attaquer la journée du lendemain. Elle soupira d'aise, et laissa sa respiration se faire régulière, tandis qu'elle tendait l'oreille, à l'affût du moindre bruit suspect. Les heures passèrent, ainsi, marquées seulement par le bruit du vent à l'extérieur, et par les sons produits par les deux jeunes femmes qui bougeaient à intervalle régulier, pour ne pas s'engourdir. La danseuse écoutait attentivement, mais ce fut la voyageuse qui, la première, capta un bruit inquiétant au dehors. Il s'agissait du claquement d'une porte voisine, suivie de pas sur le sol pavé. Une voix d'homme leur parvint : il parlait seul, se plaignant du froid qui régnait, et maudissant sa corvée de devoir sortir si tôt le matin. Aglérasia se précipita vers Nesrine pour l'avertir, et cette dernière réagit avec une célérité qui n'était pas celle de quelqu'un tiré du lit. Impossible de dissimuler qu'elle n'avait pas fermé l'œil. Tant pis.

Elles ramassèrent leurs affaires rapidement et en silence, et se glissèrent par la petite fenêtre qui avait eu la bonté de les laisser rentrer un peu plus tôt, sans attirer l'attention. L'homme ne s'occupait peut-être pas des chevaux, il n'était peut-être pas à leur recherche, et il n'était peut-être pas dangereux, mais il valait mieux être trop prudent que pas assez. Qui pouvait dire qu'il ne préviendrait pas la garde ? Qui pouvait dire qu'il ne paniquerait pas en les voyant surgir de son enclos ? Elles s'éloignèrent quelque peu, sans trop savoir où aller à une heure aussi matinale. La voyageuse se mit alors à siffler, et attendit patiemment, regardant en l'air à la recherche de quelque chose d'apparemment important. Nesrine, qui ne comprenait pas à quoi rimait ce drôle de manège, préféra regarder aux alentours, des fois qu'une nouvelle menace décidât de se présenter. Mais il n'en fut rien, et au bout de quelques minutes, Aglérasia lui annonça avec satisfaction qu'elle avait retrouvé leurs montures. Elle ne donna pas plus d'explications, et les mena à travers les ruelles, comme si elle savait exactement où elles étaient. Et elle le savait. Elles débouchèrent sur une petite place où se trouvait une fontaine, dans laquelle les deux chevaux s'abreuvaient paisiblement.

- Bien joué ! Lança la haradrim avec admiration. J'avais peur qu'on soit obligées de les chercher pendant des jours.

Elle se permit d'adresser une tape amicale sur l'épaule de sa compagne de route, se fichant éperdument de savoir si elle trouverait ça déplacé ou non. Sans lui laisser vraiment le temps de manifester une possible désapprobation, elle changea de sujet :

- Maintenant qu'on a retrouvé ces deux cocos, je pense qu'on peut aller voir les types qui peuvent savoir où est ta sœur. Ce ne sont pas des tendres, et je suis prête à parier qu'il faudra négocier pour avoir des infos, mais ça peut valoir le coup. J'espère simplement qu'ils ne nous mèneront pas en bateau... ce qui serait tout à fait leur genre.

N'ayant aucune autre piste à explorer pour l'instant, les deux femmes prirent la direction d'un des endroits les plus sordides de la capitale de l'Arnor. Il semblait exister une loi dans tous les pays, selon laquelle les individus agissant au mépris des règles et des autres devaient résider dans des endroits mal famés, sales, lugubres ou inquiétants. Par exemple, on ne retrouvait pas beaucoup de bandits, de chefs de bandes armées à traîner dans les hôtels luxueux, ou à manger dans les meilleurs établissements. Quand bien même ils en avaient les moyens, ils préféraient souvent se retrouver au milieu des moins riches, d'une part, et des moins intelligents d'autre part. Cela devait exacerber leur sentiment de supériorité, et conforter leur impression de domination. Ils ne risquaient en effet pas de trouver quelqu'un capable de leur faire comprendre que leurs larcins, leurs petits coups, leurs agressions ne les élevaient pas pour autant spirituellement, et qu'ils demeuraient des voyous, simplement un peu plus chanceux que les autres.

Aglérasia et Nesrine marchèrent pendant environ trois quarts d'heure, sans échanger plus de deux mots, pleinement concentrées sur la rencontre à venir. L'homme qu'elles entendaient trouver était un dénommé Braga, un chef de bande à la tête d'une organisation criminelle comme il en existe tant. En vérité, ses forces n'étaient constituées que d'un noyau dur de brutes épaisses, qui avaient su s'imposer par la force, et qui cassaient la figure à tous ceux qui osaient les défier. Ils n'étaient pas très malins, mais ils savaient exploiter l'intellect des autres pour servir leurs objectifs. Ils avaient ainsi tué un de leur rival, et avaient récupéré tous ses informateurs, pour se tenir au courant de tout ce qui se tramait dans les environs. Au lieu de se servir de ces informations pour faire du chantage, compromettre des nobles et acheter des gardes, ils avaient simplement décidé de les utiliser pour planifier des attaques sur des convois d'alcool. Leur sens tactique était désespérant, et c'était probablement la raison pour laquelle le groupe existait toujours : dépêcher un grand nombre de soldats pour démanteler une organisation aussi inoffensive n'aurait servi à rien. Tant qu'ils existaient, ils empêchaient d'autres meneurs plus intelligents de s'imposer, et c'était très bien comme ça. Tout le monde y trouvait son compte, et l'équilibre était respecté.

Les deux femmes arrivèrent bientôt devant l'établissement qui servait de repaire aux malfrats. Il s'agissait d'une auberge miteuse comme on en trouve partout, qui leur servait de couverture. Ils se croyaient probablement parfaitement à l'abri, car personne n'était jamais venu les y chercher, alors qu'en réalité, il y avait fort à parier que tous les soldats de la capitale savaient très exactement où trouver Braga et ses hommes. Probablement que des espions du Roi se trouvaient à l'heure actuelle infiltrés parmi les bandits, pour surveiller leurs moindres faits et gestes, et s'assurer qu'ils continuassent à s'occuper d'affaires mineures et sans conséquences. L'auberge était dans un état de délabrement avancé qui aurait dû préoccuper les propriétaires des lieux, mais qui avait l'air de ne leur faire ni chaud ni froid. Les murs étaient abîmés, la peinture écaillée laissait entrevoir les plaies béantes dans le bois causées par les insectes, les intempéries et les affres du temps. Les fenêtres étaient terriblement sales, et il semblait que la lumière qui provenait de l'intérieure était atténuée, comme s'il y avait eu des rideaux opaques tendus afin de préserver l'intimité des occupants... La porte ressemblait à une lourde planche de bois grossièrement taillée des siècles auparavant, qui tenait sur ses gonds par le plus grand des miracles. Elle était entaillée sur toute sa surface, témoignage de toutes les rixes violentes qui avaient commencé ou fini près d'elle. Combien d'hommes avaient pu être jetés contre elle avec violence ? Combien d'ivrognes s'étaient cognés en essayant de sortir ?

- Prête ? Demanda la jeune haradrim sur un ton faussement décontracté, avant de pousser le lourd battant.

Il était désormais trop tard pour reculer. Elles franchirent le seuil et quittèrent l'air glacial et matinal de cet hiver qui n'en finissait pas, pour pénétrer dans la chaleur et la fièvre d'une soirée qui n'était pas encore véritablement terminée. Deux hommes étaient debout au milieu de la pièce, poings levés, visage en sang, à se tourner autour comme des chiens prêts à passer à l'attaque. Ils devaient être en train de régler quelque pathétique dispute, à moins qu'il ne s'agît d'un pari, ou encore d'un simple jeu entre amis avinés. Parmi les clients présents, un bon quart était en train de suivre le combat, une bouteille à la main, en train de crier des encouragements ou des injures aux lutteurs. Les autres étaient soit en train de discuter plus ou moins philosophiquement avec leur voisin, même si la philosophie des gens ivres a ce petit quelque chose de spécial qui la rend à la fois profondément illogique et en même temps incroyablement intéressante, soit en train de dormir comme ils le pouvaient, dans des positions aussi originales que complexes. Certains avaient opté pour la table à laquelle ils avaient probablement passé la soirée. Ils s'étaient endormis en serrant fermement leur chope dans leur main, et il aurait fallu avoir une force prodigieuse pour la leur enlever. D'autres dormaient à même le sol, ronflant bruyamment, et gémissant quand quelqu'un trébuchait sur leur jambe ou leur tête. D'autres enfin étaient plus ou moins debout, le corps lourdement appuyé contre une poutre, un coin de mur, ou un tonneau. On aurait pu croire qu'ils étaient simplement en train d'attendre quelque chose ou quelqu'un, mais à voir la bave qui leur coulait sur le menton, leurs yeux fermés et leur respiration profonde et régulière, on pouvait en déduire qu'ils s'étaient assoupis de manière soudaine, vaincus par les litres d'alcool que leur organisme n'avait pas pu évacuer... encore que pour certains, leur corps avait réussi malgré tout à trouver le moyen de se vider, ce qui n'était pas particulièrement beau à voir... ni à sentir.

Nesrine fronça les sourcils devant ce triste spectacle, tout en se demandant si, tous comptes faits, elles avaient bien fait de venir dans cet endroit. Elles n'étaient pas les seules femmes, non, mais celles qui se trouvaient là avant leur arrivée avaient un rôle tout à fait précis, qui n'exigeait ni une grande intelligence, ni beaucoup de vêtements. Elles devaient se contenter de draguer sans vergogne les hommes les plus ivres, pour ensuite les faire monter à l'étage, et revenir quelques minutes plus tard, un peu plus riches, à la recherche d'un nouveau client. Les passes ne duraient jamais longtemps avec les saoulards, et c'était l'occasion pour ces catins de gagner de quoi améliorer leur quotidien... si telle chose était possible. Nesrine et Aglérasia, en revanche, ne correspondaient pas particulièrement à ce profil, et ne tenaient pas à être confondues avec les catins habituées des lieux. Elles attirèrent pourtant immanquablement le regard de quelques clients moins ivres que les autres. Aurait-il pu en être autrement, de toute façon ? Deux femmes loin d'être désagréables à regarder ne pouvaient qu'attirer l'attention dans un endroit aussi horrible et souillé que celui-là. Un type se leva pesamment, vacillant sur des jambes qui semblaient sur le point de céder à tout instant. Il s'approcha d'un pas hésitant, tout en essayant de prendre un air sérieux qui accentuait le ridicule naturel de ses traits. Nesrine et Aglérasia le dévisagèrent, et il s'inclina maladroitement. Un moment, il faillit perdre l'équilibre, mais il se ressaisit miraculeusement, et leur demanda d'une voix pâteuse :

- J'peux faire que'qu' chose pour vous, mes p'tites dam's ?

Nesrine prit les devants, et répondit d'une voix mielleuse :

- On est venues voir ton patron. Il nous attend. Tu serais un amour de nous conduire jusqu'à lui...

Le type sourit de tous ses chicots, bombant le torse, comprenant visiblement davantage la flatterie que l'ironie. Il tendit le bras en direction du fond de la salle, et lança :

- C'est par là, m'dam's.

Elles lui emboîtèrent le pas, profitant de leur épais garde du corps qui criait à tous ceux qui se permettaient un commentaire désobligeant "elles sont pour Braga". Cette simple phrase suffisait à calmer la plupart des ivrognes. Ceux qui ne comprenaient pas tout de suite étaient aidés par leur voisins, qui leur expliquaient d'une tape sur le crâne qu'il n'était pas bon d'essayer de piquer ce qui appartenait à leur chef. Les deux femmes traversèrent donc la pièce sans encombres, mais non sans faire preuve d'une grande méfiance. A chaque pas en avant, elles avaient l'impression de s'enfoncer un peu plus avant dans la gueule du loup, et elles savaient que si les choses venaient à mal tourner, d'une manière ou d'une autre, elles devraient se frayer un chemin sanglant vers la sortie la plus proche. Le seul point positif était qu'au vu de l'état d'ébriété plus qu'avancé des hommes qu'elles avaient croisé, elles savaient détenir un grand avantage. Cela les rassurait à peine, toutefois.

Le type qui les menait poussa une porte au fond de la salle, et elles pénétrèrent dans une seconde pièce, un peu moins sale, ce qui était tout relatif. Là, installé confortablement dans un somptueux fauteuil, se tenait Braga. Il avait l'air d'avoir profité de la fête lui aussi, et plusieurs bouteilles vides jonchaient la pièce dans laquelle il se trouvait. Mais il aurait été stupide de le sous-estimer pour autant. Son torse nu révélait des muscles énormes, qui devaient avoir du mal à tenir sous ses vêtements. Sa barbe et ses cheveux hirsutes lui donnaient un air de sauvage, qu'il entretenait avec soin, pour inspirer la crainte à ses sbires. A côté de son siège reposait une lourde épée à deux mains qui devait pouvoir couper un cheval en deux. Il avait de larges mains calleuses qui pour le moment étaient refermées sur les hanches de deux filles de joie, assises sur les accoudoirs de son fauteuil, pendues à son cou, à l'écouter raconter des histoires. Il parlait d'une voix forte, pour que tout le monde l'entendît, et il se vantait de ses exploits guerrier. Il était en train de leur décrire, avec force détail, comment il avait tué un ours à mains nues dans le grand nord, et elles étaient là, à faire des "oh" et des "ah" affectés, attendant surtout d'être payées pour leur soirée.

Nesrine et Aglérasia notèrent la présence de plusieurs gardes qui, eux, n'avaient pas l'air d'avoir bu, et qui dardèrent instantanément sur elles leurs regards noirs de brutes. Décidément, elles n'étaient pas chanceuses, et elles semblaient condamnées à devoir rencontrer des idiots musclés. Mais jusqu'alors, elles s'en étaient plutôt bien sorties, alors pourquoi ne pas continuer à titiller la chance ? Elles s'avancèrent au milieu de la pièce, en essayant de ne pas montrer de signe de panique devant les gardes qui avaient instinctivement porté la main à leurs armes. Ils étaient six, ce qui représentait un défi bien trop grand, même pour deux combattantes aguerries et prêtes à vendre chèrement leur peau. Ces dernières avaient cependant pris la précaution de garder leurs épais manteaux, même à l'intérieur d'une pièce où il faisait chaud, ce qui leur avait permis d'arriver jusque là en conservant leurs armes. Elles apparaissaient donc inoffensives, mais pouvaient à tout moment se transformer en machines à tuer infernales. Le type qui les avait accompagnées leur fit signe d'attendre, puis alla en titubant glisser quelques mots à l'oreille de son chef. Celui-ci, visiblement contrarié qu'on l'interrompît en plein milieu de son récit héroïque, posa ses yeux sombres sur les deux nouvelles venues, qu'il détailla des pieds à la tête. Un sourire narquois lui fendit le visage, et il déclara sans s'énerver :

- Voilà deux minettes que je suis censé attendre, mais étrangement, je ne crois pas les connaître... Par les Valar, soit c'est mon jour de chance et la fête risque de se prolonger, soit vous avez menti pour venir jusqu'à me trouver...

A ces mots, les gardes commencèrent à se rapprocher, presque imperceptiblement, mais pas assez discrètement pour ne pas être repérés. La tension était montée d'un cran, et il était évident que sur un seul ordre de Braga, elles seraient prestement neutralisées, et Melkor savait ce qui risquait de leur arriver par la suite. Le sourire du chef disparut totalement lorsqu'il lança :

- Je vous donne trois secondes pour me dire exactement ce que vous venez faire ici, sinon j'ordonne à mes hommes de vous jeter en pâture à mes chiens. C'est clair ?

Et il commença à compter. Nesrine, qui sentait sa paranoïa prendre le dessus sur sa raison, fit un effort de volonté pour ne pas dégainer et attaquer la première. Au lieu de quoi, elle se tourna brièvement vers Aglérasia, et lui lança un regard appuyé. Après tout, c'était pour rechercher sa sœur qu'elles étaient venues voir cet homme. A elle de le convaincre, désormais, sans quoi elles risquaient de passer toutes les deux un sale quart d'heure.


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La famille, orage à mépris EmptyMer 17 Juil 2013 - 11:08
Aglérasia accepta que Nesrine ne veuille pas parler de son voile et se contenta d’un ‘ je suis fatiguée. Dormons.’ pour ce soir là. Elle accepte en effet mais avait l’intention de réessayer plus tard afin de connaître le fond de l’histoire sur le secret du voile.
Alors qu’Aglérasia c’était levée et avait proposé à Nesrine de dormir, celle-ci avait dit qu’elle n’était pas fatigué ce qu’Aglérasia eu du mal à croire au vue de la journée que c’était passer la veille. Nesrine décida cependant de se reposer un peu.
Soudain vint le moment où tout se chamboula et où elle du s’évader de l’abri qu’elles avaient pris pour la nuit.

Grace à Poiana, Aglérasia retrouva facilement leur monture et Nesrine lança d’un ton plutôt soulager un ‘Bien joué !’ que ravi Aglérasia.

« Ma monture à tellement tendance à prendre ces aise quand je ne suis pas sur son dos qu’elle part de suite en vadrouille et grâce à Poiana je ne la cherche plus pendant des heures en effet. »

Aglérasia esquissa un sourire sur ses lèvres qui se voyait malgré le fait que la moitié de son visage fut couvert.

« En effet allons-y. J’espère que l’on va pouvoir avoir les informations sans se battre à nouveau ! Si jamais il décide de nous mener en bateau, je crois que je les retrouverais et je les étriperais. »

Aglérasia n’avait pas attendu longtemps après la proposition de Nesrine, de se mettre en route, pour répondre à sa suggestion. Aglérasia avait répondu d’un ton impatient et avait de suite sauté sur sa monture, ce qui prouva bien sa détermination de trouver sa sœur.

Aglérasia vit qu’elles quittèrent de plus en plus le milieu aisé pour s’enfoncer dans le coté obscure de la ville. Elle comprit alors que ses loubard qu’elles allaient voire ne seraient en effet pas très facile à convaincre pour avoir les informations sans un service en retour.
Aglérasia suivit Nesrine jusqu’à se retrouver devant l’auberge la moins accueillante de la ville. Elle n’eut pas le temps de répondre à sa compagne de voyage avant que Nesrine décide d’ouvrir la porte et d’entrer.

A peine la porte fut elle ouverte qu’une odeur de sueur s’engorgea dans les narines d’Aglérasia qui lui convint presque de ne pas entrer. Une fois arrivée à l’intérieur, Aglérasia fut étonné de voir un endroit aussi malfamé dans une ville d’une telle importance. Des femmes de joies étaient les seules femmes visible à l’intérieur et tous les regards qui se portaient sur elles lui firent comprendre que pour nombreux des hommes présent elles étaient qualifié de la même façon. Cela ne ravit pas vraiment Aglérasia, mais elle décida que la priorité ne se trouva pas dans le regard de ses hommes, mais plutôt dans les informations que l’un d’entre eux allait bien pouvoir leur donné. Aglérasia aspecta cependant le nombre de personne capable de se battre ainsi que les possibilités de sortir de cet endroit. Cependant elle ne put faire autrement que de constater que le seul issu de sortir possible était la porte par laquelle elles étaient entrées.
Cependant Aglérasia fut rassurée en voyant que Nesrine savait exactement ce qu’elle faisait. Soudain Aglérasia fut surpris en voyant que le dénommé Braga était protégé d’une façon importante alors qu’à la vue de l’arme qui se trouvait à ses coté ainsi qu’à sa musculature, il était tout a fait capable de se défendre tout seul. Aglérasia sentit à ce moment là une légère inquiétude mais fut ravie de sentir toujours ses armes dans son dos. Elle imagina à plusieurs reprises comment pouvait se terminer un combat entre elles et ces hommes et le résultat ne fut pas très glorieux.

Braga prit à peine la parole qu’Aglérasia n’approuva déjà pas ses premiers mots. Elle ne démontra cependant aucune frustration sur son visage où dans ses réactions. A peine Braga eut-il finit ses phrases qu’Aglérasia vit, au même titre que Nesrine, les gardes se rapprocher de plus en plus.
C’est alors que Braga haussa le ton et les menaça. Il finit sa phrase et se mit à compter.

Aglérasia sentit la tension montée en elle. Et alors que Braga allait annoncer le ‘deux’ de son comptage, Aglérasia prit la parole d’une voix douce et posée :

« Je suis à la recherche de ma sœur et des personne de la ville m’on dit que je devais essayer au près de vous. Ils m’ont dit que vous aviez une grande connaissance des lieux aux alentours et que vous connaissiez beaucoup de monde. »

Aglérasia espéra que le fait d’avoir jouée les lèches bottes allait fonctionner car en générale c’est de la sorte qu’il faut s’y prendre avec ce genre d’énergumène. Elle ne démontra pas son manque d’assurance et continua à prendre la parole.

« Elle s’appelle Isabella RIDELLAEG, est-ce que ce nom vous dis quelque chose ? »

Aglérasia espéra avoir une réponse favorable à cette question et des traits d’impatience ainsi que de tristesse se dessinèrent sur son visage.
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La famille, orage à mépris EmptyMer 17 Juil 2013 - 16:50
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Fort heureusement, il n'avait pas fallu longtemps à Aglérasia pour retrouver leurs montures, après leur évasion de l'écurie dans laquelle elles avaient passé la nuit. Nesrine s'était d'abord étonnée de la voir si sûre d'elle, si confiante, et elle avait cru un moment qu'elle s'essayait à tester des pouvoirs de divination. La jeune femme n'y avait pas prêté grande attention, préférant, quant à elle, se concentrer sur d'éventuels dangers matériels. Non pas qu'elle ne crût pas dans la magie, et dans les forces obscures qui parcouraient Arda, mais elle se savait incapable d'en faire usage, et d'en comprendre les mystères. Dans ce cas, elle n'estimait pas nécessaire de s'y intéresser de près ou de loin. Aux magiciens la magie, et le monde ne s'en porterait que mieux. Tant qu'elle demeurait persuadée qu'une lame dans le cœur pouvait anéantir tout sortilège lancé par un sorcier, elle n'avait pas besoin de se plonger dans les arcanes et les sombres secrets de pouvoirs supérieurs.

Cela ne l'empêchait pas d'éprouver de l'admiration, qu'elle manifesta verbalement, ce qui parut faire plaisir à Aglérasia. La jeune femme, toutefois, choisit de lui expliquer les raisons du succès de sa recherche, en lui indiquant la présence du rapace qui décrivait toujours des cercles autour d'elles. Nesrine avait déjà eu l'occasion de voir des oiseaux de proies dressés, bien entendu, mais elle ne connaissait personnellement aucun dresseur, et il lui paraissait très impressionnant de voir quelqu'un se lier autant à un animal, au point de lui confier ce genre de tâches. Alors qu'elle était en train de mettre son ami à plumes en lumière, ses yeux s'étaient mis à pétiller, et un sourire semblait être apparu sur son visage dissimulé. Elle irradiait la fierté. La danseuse était à la fois admirative et intriguée par ce comportement. Elle voyageait avec sa monture depuis un bon bout de temps, et elle n'avait jamais pris la peine d'utiliser son nom. Elle l'appelait "son cheval", mais elle ne voyait pas en lui une personne à qui s'attacher, même si la bête revenait toujours vers elle, quoi qu'il arrivât. En l'occurrence, il était resté avec la jument de la voyageuse, probablement car il ne savait pas trop où aller, et qu'il avait suivi le mouvement vers la fontaine. Sa maîtresse lui flatta l'encolure, pour le féliciter de ne pas avoir pris la poudre d'escampette, et se tourna vers Aglérasia pour savoir ce qu'elle envisageait pour la suite.

De toute évidence, elle était extrêmement motivée, et autant ses paroles que son attitude trahissaient son empressement. Nesrine haussa un sourcil en l'entendant parler de manière aussi rude des hommes qu'elles devaient rencontrer. En regardant la femme apparemment innocente qui se tenait là, on n'imaginait pas quelle force de caractère se cachait derrière ces yeux doux et calmes. Même si elle ne semblait pas costaude, il était indubitable qu'elle tiendrait parole, et qu'elle étriperait tous ceux qui lui feraient obstacle. Avec une telle alliée à ses côtés, la jeune haradrim ne pouvait que se sentir en sécurité. La voyageuse grimpa souplement en selle, probablement encore plus impatiente de partir que sa monture, qui pourtant semblait avoir envie de se dégourdir les jambes, après avoir passé une nuit à déambuler dans les rues de la cité. Nesrine haussa les épaules, résignée à suivre le train d'enfer que lui imposait l'excitation de sa compagne, et se hissa en selle d'une manière fort étrange. Elle n'était pas une cavalière émérite, certes non, et elle montait sur le dos de son cheval comme s'il s'était agi d'un mur à franchir. Les étriers ne lui étaient d'aucune utilité, et elle grimpait simplement à la force des bras, avec une technique qui aurait fait hurler de rage tout bon cavalier, mais qui n'était paradoxalement pas dénuée de grâce.

Lorsqu'elles arrivèrent en vue de l'établissement dans lequel se trouvait Braga, leur attitude avait changé. En traversant les quartiers les moins privilégiés de la capitale, elles étaient devenues plus méfiantes, plus attentives. Il n'était plus l'heure de dire ou de recevoir des compliments, mais de faire attention à chaque coin de rue, à chaque interstice où pouvait se cacher un homme suffisamment audacieux et fou pour les attaquer en pleine ville. Ils n'étaient pas nombreux, mais il y en avait, et il n'était pas besoin de s'afficher comme des proies alléchantes, à regarder en l'air, à compter les nuages et à badiner l'air de rien. Ce fut donc le visage sombre et fermé qu'elles pénétrèrent dans l'antre de Braga. Il leur fallut faire abstraction de l'ambiance glauque, de l'alcool qui imbibait l'air autant que les corps, et de l'impression étouffante d'être menacé de toutes parts. Elles finirent par arriver devant le "patron", l'homme qu'elles devaient interroger, mais celui-ci en devinant qu'elles n'étaient pas là pour le divertir, décida de jouer la seule carte qu'il avait en main : celle de la menace.

Alors qu'il était en train de compter tranquillement, les yeux rivés sur elles, à l'instar des gardes qui n'attendaient que de pouvoir bondir comme des chiens sauvages et affamés sur deux créatures sans défense, Aglérasia l'interrompit finalement, pour lui expliquer ce qu'elles venaient faire ici. Elle avait choisi de lui lancer toute la vérité, enrobée dans un cocon de flatterie qui, espérait-elle sans doute, allait pouvoir l'apaiser temporairement, et le rendre plus coopératif. Nesrine, crispée, regardait alternativement sa compagne, et l'homme qui leur faisait face, espérant être capable de prévenir une saute d'humeur potentiellement létale de l'une ou l'autre partie. Elle n'était pas particulièrement douée pour garder son sang-froid, mais elle savait quand s'énerver risquait de lui coûter la vie, et elle n'avait pas particulièrement envie d'être mise dans le pétrin à cause de la voyageuse. Pour l'instant, cela dit, elle semblait garder son calme, ce qui était bon signe. Pas d'étripage en vue. Braga, lui, avait adopté une expression neutre. Même lorsqu'il entendit le nom de la sœur - Isabella Ridallaeg -, il demeura de marbre. Etait-ce à cause de l'alcool, ou bien parce qu'il jouait finement le jeu de la négociation. Il marqua une seconde de pause, laissant les deux femmes dans l'attente de sa décision - quant à les laisser en vie ou à les tuer -, avant de finalement esquisser un sourire discret. Comme s'il s'était agi d'un signal préétabli, les gardes reculèrent, et la tension baissa d'un cran. Cela ne signifiait pas pour autant qu'elle était totalement retombée, loin de là. Braga lança alors :

- Isabella Ridallaeg, tu dis ? Je connais ce nom, mais je sais plus où je l'ai entendu... Mais puisqu'il paraît que je connais "beaucoup de monde", je vais forcément finir par m'en souvenir... Si vous avez quelques minutes...

Il leur désigna de la main un siège non loin, sur lequel elles pouvaient s'asseoir. Nesrine l'avisa, mais elle savait que si elles acceptaient de prendre place, elles étaient piégées. Tant qu'elles étaient debout, pas trop loin de la porte, elles pouvaient encore envisager de fuir. S'approcher davantage, c'était risquer de voir les gardes leur barrer la route. Et alors, il contrôlerait totalement la situation, et il aurait un avantage énorme. Prisonnières, il pourrait exiger d'elles ce qu'il voudrait. Et des hommes comme ça savaient toujours quoi faire de deux combattantes. Peut-être qu'il les enverrait dans des arènes clandestines, qu'il parierait dessus, et qu'il les ferait combattre jusqu'à la mort. A moins qu'il ne choisît de les employer comme assassin, gardant l'une en otage pour forcer l'autre à revenir. Qui serait la première à choisir de ne pas revenir ? Qui condamnerait l'autre sans états d'âme ? Non, Nesrine savait qu'il était difficile de refuser, mais il était impossible d'accepter. Elle prit la parole juste avant Aglérasia, espérant que cette dernière comprendrait :

- Justement, on n'a pas "quelques minutes". Est-ce que vous la connaissez, oui ou non ?

Le patron braqua son regard pesant sur elle, mais elle le soutint sans sourciller, essayant de faire abstraction de la menace que représentaient les gardes tout autour, qui ne perdaient rien de l'échange. L'homme parut un instant sur le point de dire "trois" et de les condamner à une mort certaine, mais il se ravisa. Il semblait percevoir la possibilité de négocier, et il paraissait s'amuser de cette petite résistance. Il répliqua :

- Tu parles avec un drôle d'accent, toi... Tu ne viens pas d'ici... Peut-être que dans ton pays, ta grande gueule te fait paraître intelligente, mais ici c'est moi qui commande. Alors tu la fermes, d'accord ?

Nesrine serra les poings, mais pour Aglérasia, elle ravala la réplique cinglante qu'elle avait sur le bout de la langue. Pour la voyageuse, et aussi pour sauver sa vie, car elle avait l'impression désagréable que les gardes s'étaient rapprochés. Elle avait du mal à suivre tous leurs déplacements, et en même temps à suivre la conversation. Elle faisait de son mieux pour se focaliser sur ceux qui auraient voulu se glisser dans son dos, et essayer de bloquer la porte. Pendant ce temps, Braga avait repris à l'attention de la voyageuse :

- Je crois bien que je ne connais pas ta sœur, mais j'ai déjà entendu parler de son mari. Les détails m'échappent, mais je crois que l'histoire est tragique... Oui... des morts, du sang... Je peux t'en dire plus, et même faire des recherches pour toi. Mais tout cela a un prix.

Du côté des deux femmes, il n'y eut pas de surprise. Elles avaient prévu tout cela, car il était impossible que Braga leur donnât simplement les informations. Un homme tel que lui monnayait ses services, et généralement il le faisait à prix d'or. Mais si Aglérasia était déterminée à retrouver sa sœur, alors elle était sans doute disposée à payer la somme nécessaire pour avoir le moindre indice. Restait à savoir quel serait son prix. Dans tous les cas, elles n'avaient pas de quoi payer sur elles. Elles avaient pris soin de dissimuler leurs chevaux bien avant d'arriver, ce qui impliquait que pour avoir son paiement, il serait obligé de les laisser partir. Seuls des fous se jetaient dans la gueule du loup avec tout leur or sur eux. Faire confiance à un homme tel que Braga revenait à mettre sa main entre les mâchoires d'un tigre affamé, en priant pour qu'il se retînt. Les deux femmes attendirent donc qu'il fît sa première proposition, sans se douter qu'Aglérasia avait amené avec elle de quoi monnayer toutes les informations dont elle avait besoin :

- J'espère que ce n'est pas une amie proche, lança-t-il en désignant Nesrine du menton.

Avant que cette dernière pût comprendre, elle sentit une brusque douleur entre les omoplates. Bousculée en avant, elle s'effondra face contre terre, le souffle coupé, sans comprendre. En réalité, un des gardes avait troqué son épée contre une arbalète, qu'il avait fort heureusement chargée avec un carreau sans pointe. Mais à cette distance, l'impact demeurait très violent, et elle garderait probablement une trace pendant plusieurs jours. A terre, elle avait l'impression d'avoir reçu un coup de poignard, et elle préférait ne même pas essayer de se relever, tant la souffrance était lancinante. Pendant ce temps-là, autour d'Aglérasia, tous les gardes s'étaient rapprochés, et avaient dégainé leurs armes dans un bel ensemble. De six contre deux, c'était devenu du six contre un, soit une situation totalement désespérée. Bouger, c'était mourir. Braga éclata de rire, rapidement imité par les deux catins qui l'encadraient. Il s'exclama, comme un enfant ravi :

- Ha ! Tu ne l'avais pas vu venir celui-là, hein ? (puis devant l'incompréhension de Aglérasia) Deux types sont venus me voir hier, à la recherche de cette fille du Sud, cette danseuse. Après tout, comme t'as dit, je connais bien le coin. Ils m'ont dit qu'ils voulaient la buter, et ils m'ont filé un paquet d'or pour que je leur dise où elle se trouvait. Je pensais que ce serait réglé rapidement, mais à peine arrivé au lendemain, qui je vois débarquer chez moi ? La danseuse, et sa copine qui l'a aidée à se barrer.

Il éclata à nouveau de rire, comme si l'histoire était vraiment drôle. Pendant ce temps, un des gardes s'était approché de Nesrine, toujours au sol, et l'avait empoignée par les cheveux, avant de la soulever comme si elle ne pesait pas plus lourd qu'un sac de toile. Elle s'était mise à crier de douleur, à gesticuler pour essayer de se libérer, mais le type n'était pas là pour plaisanter, et il lui glissa un poignard sous la gorge pour qu'elle se calmât, ce qu'elle fit. Cependant, de la terreur se lisait dans son regard, trahissant la jeunesse que son voile savait d'ordinaire dissimuler. Elle savait que la situation avait dérapé, et elle connaissait trop bien les hommes comme Braga pour se faire des illusions sur la suite des événements. Et c'était précisément cela qui lui faisait peur : l'impuissance totale face à un destin qui paraissait scellé. Le silence revenu, le patron reprit :

- Deux types du Sud, de vrais costauds, des durs, battus par deux gonzesses qui font la moitié de leur poids. Hilarant ! J'avais des hommes au Chat Noir, et ils m'ont raconté qu'on a ramassé les gars à la petite cuillère. Je me demande combien ils seront prêts à payer pour la récupérer vivante, et lui faire payer... Mais ils n'ont rien dit pour toi, et comme tu m'es sympathique, je t'accorde une faveur : je réponds à ta question, je te dis tout ce que tu veux savoir sur Isabella, et en échange tu pars gentiment, sans faire d'histoires. Après tout, les connaissances, c'est comme l'argent : ça va, ça vient. Mais quand on t'arrache ta famille... c'est de l'or à jamais pris.


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La famille, orage à mépris EmptySam 20 Juil 2013 - 8:30
Au vue de la manière dont Braga se mit à répondre, Aglérasia se mit à penser qu’il prévoyait un mauvais coup. En effet il répondit d’une façon trop arrogante pour Aglérasia en reprenant les mots qu’elle avait dits à son encontre. Braga leur proposa de s’asseoir mais ni Nesrine ni Aglérasia ne voulut l’accepter. En effet s’asseoir les contraindrai à se mettre en désavantage en cas de danger. Ce danger que se fit de plus en plus sentir à l’intérieur d’Aglérasia. Ne sachant pas comment refuser poliment l’offre de s’installer de Braga, Aglérasia fut ravie quand Nesrine prit la parole pour détourner la conversation. C’est alors qu’Aglérasia surpris le regard fixant de Braga à l’encontre de Nesrine et qu’elle sentit la tension devenir de plus en plus palpable. Mais ce fut au moment où Braga repris les paroles qu’Aglérasia compris que ce ne fut plus une impression de tension mais qu’elle fut bel et bien présente. Aglérasia vit Nesrine se contenir et ne fut pas du tout surpris quand Braga leur proposa des informations contre quelque chose d’autre. Aglérasia était près à payer autant qu’il le faudrait pour retrouver sa sœur mais se demanda bien ce que Braga allait bien pouvoir lui demander en échange.

Alors qu’elles attendirent que Braga propose un échange, celui-ci se contenta de dire qu’il espérait qu’elle ne soit pas très proche de Nesrine. C’est alors que tout s’enchaina très rapidement. Nesrine fut projetée par terre. Aglérasia ne put s’empêcher de faire u pas dans la direction de Nesrine afin de l’aider. En vain, Aglérasia se retrouva encerclé par des gardes tous armes aux poings et pour couronner le tout Braga qui éclata de rire. Voila donc ce qui expliqua cette mauvaise impression qu’Aglérasia ressentit au paravent. Ayant compris qu’à présent elle se retrouva seul fasse à six garde, Aglérasia c’était résigner à dévoiler ses armes pour le moment.

Braga repris la parole et expliqua à Aglérasia pourquoi il s’en était prit à sa compagne de route avant d’à nouveau éclater de rire. Ce fait de rire à plusieurs reprises fit monter une sensation d’énervement à l’intérieur d’elle et cette fois ci ce fut Aglérasia qui serra les poings aussi forts qu’elle le pouvait. Quand elle vit un garde soulever Nesrine d’une façon plus qu’inacceptable Aglérasia failli dégainer pour lui trancher les poignets afin de sectionner tous les vaisseaux sanguins et ainsi le faire lâcher la prise. Mais le risque était trop grand et Nesrine ne parut pas en état de se battre pour le moment à la vue du poignard qui se trouva contre sa gorge.

Aglérasia vit la terreur s’afficher dans les yeux de Nesrine et la regarda d’un regard de désolation. En effet ce ne fut que de sa faute tout se qui arriva. Si elle n’avait pas surgit dans sa vie, Nesrine ne serait jamais venue se jeter dans la gueule du loup de la sorte. Ses pensées furent perturbées par le patron qui brisa à nouveau le silence avec sa voix qu’Aglérasia ne supporta plus. Pendant que celui-ci expliqua la façon dont il avait appris toute l’histoire, Aglérasia chercha un moyen d’inverser la situation et vue qu’il n’était pas possible de se mesurer seule face à tous ses garde , la seule solution qui lui resta fut sa façon de pouvoir manipuler les gens par la parole tel que son père l’aurait fait pour négocier certains contrat ou autre.

Aglérasia posa sa voix afin de ne pas trahir l’inquiétude qui l’avait envahi et dit calmement et distinctement :

« Bien jouer Braga. Mais crois-tu vraiment qu’il s’agisse de nous ? Tu vois bien que l’on n’a même pas sut anticiper ton attaque ni même la contrer. De plus qui te dis que ce n’es pas moi la danseuse que tu recherche ? Parce que je n’ai pas cet accent du sud ? Sache pour ta gouverne que nous n’avons pas tous l’accent du sud chez nous ! Ta façon de traiter tes affaires er celle de l’avoir fait aussi brusquement montre bien que tu ne te fis qu’aux apparences. »

Aglérasia fit une pose afin que Braga puisse analyser toutes ces question sortit d’un seul coup alors qu’il ne devait pas s’y attendre. Sa façon de poser les questions était établie de la sorte à mettre le doute dans sa façon d’avoir établie son plan et pourquoi pas mettre encore plus le doute dans ses hommes, surtout celui qui tenait Nesrine afin de lui permettre de se délivrer. Nesrine comprendrait bien, que si Aglérasia agissait de la sorte cela signifier qu’elle était certes prêt à donner énormément de chose afin de retrouver sa sœur mais surement pas au détriment de la vie de quelqu’un.
Avant même que Braga ne puisse répondre quoique ce soit, Aglérasia reprit la parole et continua d’un ton de plus en plus arrogant. Ce qui étonna de plus en plus les gardes de Braga qui ne devaient pas avoir l’habitude que quelqu’un se dresse face à leur chef.

« Qui te dit que nous ne l’avons pas fait exprès de s’être habiller de la sorte afin de t’induire en erreur ? Tout le monde reconnaît tes hommes et nous avons bien vu ceux qui étaient au Chat Noir. Tu as bien du voir la façon dont nous sommes entrées ici, nous n’avons pas hésitées sur le fait de savoir si tu étais là ou pas. »

Aglérasia espéra que son monologue puisse établir un moment de remise en question sur la fierté dont Braga fit preuve. Peut-être que celui-ci se sentirait tellement attaquer qu’il déciderait de s’occuper des deux filles seul sans l’aide de ses sbires, mais Aglérasia eut un gros doute qui la pris au moment où elle finit de parler. Ce fut le fait de ne pas être responsable de la mort de Nesrine qui lui avait permis de parler de la sorte et elle espérait à présent que cela allait porter ses fruits.

Dans tous les cas une chose fut certaine, il était nullement question qu’elle abandonne sa nouvelle compagne de voyage sans essayer de la sortir de se merdier dans lequel elle les avait fourrée.

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La famille, orage à mépris EmptyLun 22 Juil 2013 - 19:09
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Si Braga était le chef d'une bande de malfrats, en dépit du fait qu'il ressemblât bien davantage à une brute épaisse qu'à un meneur, c'était parce qu'il avait certaines qualités qui faisaient de lui un individu capable de conduire les autres. Parmi ces qualités qui n'étaient pas très nombreuses, on pouvait lui reconnaître une certaine patience. En l'occurrence, il n'avait pas à faire d'effort particulier pour écouter jusqu'au bout le discours de Aglérasia, car il se savait parfaitement en position de force. Avec Nesrine à sa merci, et l'autre jeune femme sous la menace de cinq épées, il pouvait écouter son argumentaire jusqu'au bout, et continuer à décider souverainement, sans se soucier plus que ça de son avis. C'était cela qu'il estimait être le privilège du chef. Ce fut donc avec un petit sourire amusé à l'attention de ses filles qu'il prêta une oreille distraite aux propos de la jeune femme. En effet, il était tellement sûr de lui, et tellement imbibé d'alcool, que les menaces et les implications de ce qu'elle était en train de lui expliquer glissaient sur lui comme de l'eau sur un rocher. Une fois qu'elle eût terminé, il la laissa espérer un bref instant qu'il allait revenir sur sa décision, en prenant un air faussement songeur, avant de lui répondre sèchement :

- Sois tu me prends pour le dernier des imbéciles, soit tu imagines être plus finaude que la moyenne. Allons... J'en ai assez entendu. Si cette fille n'est pas celle que je recherche, elle ne sera pas la première à finir la gorge tranchée par erreur. Son cadavre ira pourrir au fond d'un lac, et plus personne n'entendra parler d'elle. Et si j'ai raison, alors je toucherai un beau paquet d'argent.

Il éclata de rire, fier de son intuition géniale, et les prostituées l'imitèrent de leurs voix de crécelle. Les gardes, quant à eux, demeuraient concentrés, alertes, prêts à intervenir si Aglérasia tentait quoi que ce fût pour libérer Nesrine. Pour le moment, il n'y avait toujours pas d'option de fuite. Mais pendant que la jeune femme négociait, la danseuse avait repris ses esprits. Son dos la lançait encore, mais elle était désormais capable de bouger, et même de se défendre. Si elle n'en avait rien fait pour l'heure, c'était parce qu'elle attendait le bon moment. Elle espérait repérer rapidement une faille dans l'attention des gardes, qu'elle pourrait exploiter habilement. En attendant, elle demeurait tête basse, comme si elle était sous le choc, voire même presque inconsciente, en prêtant bien attention à la pression qu'exerçait la lame sous sa gorge. Si elle s'éloignait suffisamment, elle passerait à l'action sans hésiter un seul instant. Mais elle ne s'éloignait pas, et elle fit un effort de volonté pour demeurer calme, tout en écoutant Braga parler, débordant de confiance en lui :

- Ecoute, tes arguments...je m'en fiche. Cette fille mourra de toute façon, ne serait-ce que parce que je l'ai décidé. Tu prétends être la danseuse que nous recherchons, mais je sais que non. Non seulement tu n'as pas l'accent des gens de là-bas, mais en plus tu as le type d'ici. Tu as les traits d'une femme d'Arnor, même si tu n'en as pas l'éducation. Ton père aurait dû t'apprendre à la fermer, et à rester à ta place en présence d'un homme. Ta copine, en revanche...

Pour la première fois, Braga marqua un moment d'hésitation. Les paroles d'Aglérasia commencèrent à raisonner dans son esprit, faisant vaciller sa confiance jusqu'alors inébranlable. Il était persuadé que sa prisonnière était la bonne, mais il n'en était pas certain car il n'avait pas encore eu l'occasion de voir son visage. Elle avait les traits dissimulés sous un voile. Etait-il possible qu'on lui eût tendu un piège, et qu'elles fussent bel et bien là pour une raison très différente que celle de lui demander des informations. Tout à coup, la peur s'empara de lui, et il ordonna vivement au garde qui tenait Nesrine :

- Toi ! Fais-moi voir sa gueule ! Arrache-moi ce voile, maintenant !

Nesrine était demeurée calme pendant toute la conversation, particulièrement à l'écoute pour capter le moindre signe d'espoir. Ce fut donc sans difficulté qu'elle perçut le changement d'atmosphère, et la modification du comportement de Braga. Lorsque l'ordre que ce dernier cracha lui parvint, elle sentit une onde de chaleur s'emparer de son corps. Elle aussi sentait la peur la saisir, mais pas une peur paralysante, non. Une peur soulevant une rage phénoménale. Avec une précision stupéfiante, elle sentit la lame glissée sous sa gorge s'éloigner quelque peu de son cou, tandis qu'elle percevait une main qui s'approchait de son visage. Sa respiration se fit plus rapide, son cœur s'emballa, et elle poussa un cri suraigu :

- NON !

Sa voix était déformée par la terreur, et tous dans la pièce sursautèrent, y-compris le garde qui la retenait. Elle profita de cette diversion pour lui donner un coup de coude dans l'entrejambe, qui lui tira un mugissement de douleur. Avec une brutalité sauvage, elle dégaina ses dagues, et les lui planta dans la nuque. Les autres gardes s'agitèrent soudain à la vue du sang, et ils répondirent aux ordres de Braga, qui les exhortait à attaquer, à la stopper. Mais Nesrine était à la fois trop rapide et trop déterminée pour être arrêtée. Elle bondit sur ses pieds, et fila droit vers le chef des lieux, évitant d'un bond magistral la seule lame qui passa à sa portée. Les deux filles de joie poussèrent des cris effrayés tout en s'écartant du siège, tandis que la danseuse bondissait comme un chat sur celui qui l'occupait. L'informateur avait essayé de se relever, mais elle l'avait cloué sur son fauteuil d'un puissant coup de pied, avant de se glisser dans son dos. La dague encore ensanglantée qu'elle tenait vint effleurer la pomme d'Adam de l'Arnorien, juste avant que la jeune femme ne criât :

- Assez ! Ça suffit !

La pièce était dans un chaos indescriptible. Dans la cohue, des meubles avaient été renversés, des chaises brisées. Deux prostituées effrayées étaient blotties contre un mur, le plus loin possible, de grosses larmes coulant sur leurs joues, emportant à chaque vague un peu plus de leur maquillage. Sur les six gardes qui étaient présents, deux avaient tenté de s'emparer de Nesrine, sans succès, tandis que les trois autres s'étaient jetés sur Aglérasia avec l'intention évidente de la tuer. Mais de toute évidence, il n'y étaient pas parvenus, et un des leurs était même au sol, baignant dans une flaque de sang. Etait-il mort ou grièvement blessé, il était difficile de le savoir. Mais quoi qu'il en fût, la voyageuse était toujours en vie, et elle faisait face aux deux hommes qui s'étaient figés à l'injonction de la haradrim. En se retournant, et en voyant que leur chef était menacé, ils avaient cessé le combat, sans pour autant ranger leurs armes. Ils attendaient simplement les ordres de Braga, qui n'en menait pas large. Nesrine prit la parole :

- Bien, tout le monde reste calme, et il n'y aura pas d'autres victimes. Toi, tu vas tout de suite dire où se trouve le village de sa sœur, et ensuite nous repartirons sans problème, c'est ça le marché.

Elle parlait d'une voix rapide, et elle tremblait encore, comme si sa main n'attendait qu'une raison de trancher la gorge qui s'offrait à elle. Braga dut le sentir, à moins qu'il ne fût particulièrement couard, car il répondit immédiatement :

- D'accord, d'accord ! Tout ce que vous voudrez ! Je sais qu'il vivaient dans un village situé à environ une journée de cheval de la capitale, vers le Nord-Est. Ridallaeg, je connais ce nom, car je suis allé plusieurs fois chez eux pour essayer de voler des chevaux. Mais tu ne trouveras rien là-bas ! Seulement des cendres et du sang.

Nesrine jeta un coup d'œil à Aglérasia, pour voir si ces maigres informations la satisfaisaient. C'était peu, effectivement, mais il était déjà fantastique d'avoir une première piste, et il y avait fort à parier que l'enthousiasme de la voyageuse allait la pousser à vouloir partir dans l'heure. Nesrine secoua tout de même Braga, pour le forcer à en révéler davantage. Il grimaça, et ajouta prestement :

- Je n'en sais pas plus, c'est juré ! Cette histoire remonte à longtemps, maintenant, alors c'est normal que j'aie oublié ! Vous pouvez toujours essayer de trouver un ancien habitant. Je pense que certains se sont installés à Annùminas.

La danseuse jeta un nouveau regard à Aglérasia, comme pour lui signifier qu'elles ne tireraient rien de plus ici, et que les gardes commençaient à s'impatienter. Restait alors à trouver comment sortir sans se faire tuer, et sans déclencher une nouvelle échauffourée. Deux hommes étaient déjà à terre, et il y avait fort à parier que d'autres tomberaient avant que les deux femmes ne fussent maîtrisées. Pour Braga, il valait mieux se montrer coopératif, sans quoi sa garde personnelle risquait d'être proprement décimée. Mais plutôt que de profiter logiquement d'un deux contre quatre qui se profilait pour sortir aux côtés de la voyageuse, la haradrim lui lança :

- Sors ! Attends-moi dehors, je m'occupe du reste.

Puis, devant l'hésitation qui se lisait sur ses traits, elle insista :

- Ne t'inquiète pas pour moi, sors. Il ne m'arrivera rien.

Après quelques instants, Aglérasia finit par franchir le seuil de la porte. Des bruits de pas indiquèrent qu'elle se déplaçait dans la salle commune, et il y avait fort à parier qu'elle n'allait pas y rester, et qu'elle allait effectivement attendre devant l'établissement miteux. Ce fut Braga qui rompit finalement le silence :

- J'espère qu'on ne va pas rester là toute la journée. Tu veux quoi ? Me tuer ? De l'or ?

- Une information, contre ta vie, répondit-elle d'une voix cassante, tout en gardant un œil sur les gardes qui se rapprochaient imperceptiblement.

- Une info ? Reprit Braga. Tu sais que pour avoir pris la vie de deux de mes hommes, et pour m'avoir insultée, je vais lancer mes gars à tes trousses. Ils vont te faire la peau, et tu regretteras de ne pas m'avoir tranché la gorge quand tu en avais l'occasion.

Elle sourit derrière son voile, et lui répondit d'une voix neutre :

- Si je te tue maintenant, je vais mourir à coup sûr. Alors qu'avec tes idiots sur les talons, je ne cours aucun risque.

Il sourit à son tour :

- Ce sera donc une compétition. Que veux-tu savoir ?

Elle marqua une pause, inspira profondément, et lui demanda :

- Aliya Isra Os'Arin. Que peux-tu me dire à son sujet ?


- -- --- ---- --- -- -
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Nesrine franchit la porte en courant, et la laissa claquer derrière elle, sans se soucier outre mesure des cris qui lui provenaient depuis l'intérieur. Elle s'élança dans la ruelle en face, où l'attendait Aglérasia qui devait avoir rejoint les montures. Elle la trouva là où elle s'y attendait, et elle cria :

- Vite ! Filons d'ici avant qu'ils ne se mettent à notre poursuite.

Elles n'étaient pas dupes, et elles savaient qu'elles allaient être prises en chasse. Cependant, l'urgence était bien moindre qu'il n'y paraissait, et si Nesrine pressait autant sa compagne, c'était surtout pour éviter d'avoir à lui révéler pourquoi elle était restée si longtemps seule avec Braga. Elle ne voulait pas révéler ce qu'elle avait appris sur sa propre sœur, et préférait garder toutes les informations pour elle, afin de pouvoir s'occuper de son cas dès qu'elle lui aurait mis la main dessus. La haradrim sauta en selle, et lança son cheval au galop dans les ruelles, à la suite d'Aglérasia qui avait pris la tête. Plusieurs passants s'écartèrent brusquement de leur passage, et ne manquèrent pas de les enguirlander pour leur manque de respect. Elles n'y accordèrent aucune importance. Elles finirent par rejoindre des artères plus fréquentées, et elles décélèrent autant parce qu'elles se sentaient un peu plus en sécurité que parce qu'avec le monde qui déambulait à cette heure, elles n'avaient pas le choix. Nesrine euphorisée par cette cavalcade, et surtout soulagée d'être encore en vie, se permit un petit rire nerveux :

- On s'en est sorties, ouf ! Je crois que tu m'as sauvé la vie sur ce coup, et ça vaut bien un merci. J'ai bien l'impression que je t'en dois une.

Elle adressa une grande claque sur le dos de la voyageuse, assortie d'un clin d'œil malicieux, avant de reprendre :

- Si tu avais accepté leur proposition, je ne sais pas ce que je serais devenue. A ta place je...eh bien...euh... Mais à part ça, tu veux aller dans le village de ta sœur, je suppose ? A moins que tu ne préfères chercher d'autres personnes qui peuvent la connaître ici. Comme tu veux, je te suis. J'ai une dette envers toi, et je compte bien la rembourser !


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La famille, orage à mépris EmptyMer 24 Juil 2013 - 13:08
Au vu de la réponse de Braga, Aglérasia sentit une rage commencer à s’encrer en elle. Elle pensait déjà avoir échouée quand il dit qu’il tuera la danseuse quoi qu’il arrive.

* Comment pouvait-on être sans cœur à ce point de pouvoir tuer un être vivant sans avoir la certitude de sa culpabilité !* Pensa Aglérasia.

Le rire de Braga ne réussit à ne faire rien d’autre que de renforcer cette rage qui s’installa de plus en plus en elle. C’est alors que Braga reprit la parole, mais il ne fini pas sa phrase. C’est à ce moment là qu’Aglérasia comprit que son plan commençait enfin à porter ses fruits. Cependant il arriva ce dont Aglérasia n’avait pas pensé. Braga décida de vouloir enlever ce qui paraissait compter énormément à Nesrine, son voile qui dissimulait une partie de son visage.

C’est alors que Nesrine réagit d’un seul coup. Tout ce bouscula à ce moment ci. Les gardes se ruèrent de partout et les trois qui se trouvèrent aux coté d’Aglérasia décidèrent également que sa vie ne valait pas le coup d’être vécu. Aglérasia ne fut évidemment pas d’accord avec ce fait et décida à son tour de dégainer ses dagues.

En les dégainant, Aglérasia profita du très court moment d’étonnement de ses adversaires pour effectuer les mouvements d’un ciseau et entailler la gorge de celui qui se trouva face à elle. La fin de ce mouvement permis de mettre les deux autres de suite en joue afin qu’ils ne bougent plus.

Elle remarqua à ce moment que Nesrine eut le temps de poser le prolongement de ses bras sur la gorge de Braga. Elle se mit d’un seul coup à crier et tout le chahut se stoppa, mais ce qui étonna encore énormément Aglérasia, ce fut le fait que Nesrine prit le temps de tirer toutes les informations possible  sur la sa sœur d’Aglérasia. Quand Braga décrivit l’endroit où se trouva le village d’Isabella, de l’espoir ce mit à renaitre à l’intérieure d’Aglérasia, mais cet espoir fut rapidement remit en doute quand Braga annonça qu’elles ne trouveraient que cendres et sang.

Aglérasia vit le regard que Nesrine lui jeta et la fixa en retour afin de lui faire comprendre que l’information était maigre par rapport à ce qu’elle espérait. Nesrine resserra l’emprise qu’elle avait sur Braga et celui-ci gémit qu’il ne savait rien de plus et le regard de Nesrine vint confirmer les dires de celui-ci. Aglérasia détourna le regard de Nesrine afin de signifier qu’elle avait compris le message qu’elle voulu lui transmettre.

Soudain Nesrine demanda à Aglérasia de sortir. Aglérasia porta à nouveau un regard sur Nesrine, mais celui-ci fut empli de questionnement. Cependant Nesrine se mit à insister et Aglérasia se résolu à essayer de comprendre et décida de sortir. Elle ne se contenta pas de sortir de la pièce mais sortie de l’établissement  afin de préparer les montures pour la suite de leur périple à la recherche de sa sœur.

Aglérasia traversa la grande salle sans se soucier du regard des autres et sortie par la porte qui faisait toujours ce grincement en s’ouvrant comme pour inciter les gens à regarder celui ou celle qui entrait ou sortait.
Une fois dehors, Aglérasia émit à nouveau son sifflement et regagna l’endroit marqué par Poiana. Elle y prépara sa monture mais également celle de Nesrine. Elle monta sur la sienne et se remémora la fameuse phrase :

‘Mais tu ne trouveras rien là-bas ! Seulement des cendres et du sang.’

Que voulait bien dire cette phrase. Elle n’eut pas énormément le temps d’y songer car elle vit Nesrine arriver à son encontre en courant. Ainsi elles repartirent dans les ruelles de la ville.

Nesrine en profita pour lui adresser des remerciements, qu’Aglérasia accepta volontiers, mais également une claque dans le dos, qu’Aglérasia s’en saurait bien passer. Aglérasia ne put dire quoi que ce soit car en effet Nesrine repris la parole et lui demanda ce qu’elle voulait faire. Aglérasia réfléchit un moment avant de lui répondre tout en descendant de sa monture afin de la diriger avec les rennes.

« Je pensais aller voir le maréchal, en effet si elle possédait des chevaux, il aura peut-être entendu parler d’elle, et ensuit en effet se diriger vers le village décrit par … . »

Aglérasia n’eut pas la volonté de citer le prénom de Braga.

C’est ainsi que les deux jeunes femmes se dirigèrent vers le maréchal en espérant avoir des informations complémentaires.

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La famille, orage à mépris EmptyVen 26 Juil 2013 - 2:13
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Les deux jeunes femmes avaient mis pied à terre, sans cesser de continuer à avancer dans les rues d'Annùminas, capitale de l'Arnor. Elles progressaient plus lentement, naturellement, d'autant qu'elles étaient obligées de se faufiler au travers d'une foule de plus en plus compacte - le marché était animé, il y avait énormément de gens qui passaient, et il fallait parfois jouer des coudes pour écarter des badauds qui bouchaient le passage en discutant - mais le fait d'aller à pied avait un avantage, celui de les dissimuler aux yeux d'éventuels poursuivants. Les gens avec des chevaux n'étaient pas rares, mais les gens montés l'étaient beaucoup plus. Nesrine et Aglérasia avaient eu le même réflexe, surtout qu'ainsi, elles éviteraient d'être tuées par un archer de talent, qui pouvait les abattre sans forcer à une centaine de mètres. Une fin bien pathétique, si on considérait qu'elles avaient échappé à deux pièges apparemment parfaits en deux jours.

Tout en avançant, elles discutaient, et Aglérasia proposa d'aller rencontrer le maréchal-ferrant, afin de lui poser quelques questions. Ses arguments tenaient la route, et il était possible qu'il eut eu entendu parler de la fameuse sœur disparue. Si elles avaient de la chance, il parviendrait même à leur donner une piste sérieuse, qu'elles pourraient ensuite suivre. Cependant, la femme du Rhûn ne termina jamais sa phrase, probablement encore secouée par leur drôle d'aventure. Ce fut Nesrine qui l'aida :

- Par Braga, tu veux dire. Ne t'inquiète pas pour lui... Il a une grande bouche, de gros bras, mais c'est tout. Je suis persuadée que les types qu'il emploie sont des minables, et s'il décide vraiment de mettre quelqu'un à nos trousses - ce qui n'est pas sûr du tout ! -, ce sera probablement un tocard de plus. A deux, on arrivera à s'en débarrasser, et il finira par nous laisser en paix. Et maintenant, allons voir ton maréchal. Je suis pressée de me mettre au chaud !

Elle n'imaginait pas à quel point elle pouvait se tromper. De son côté, Braga avait effectivement accusé le coup de cette bien étrange visite. Ni Nesrine ni Aglérasia n'étaient au fait des us et coutumes de l'Arnor, et elles ne se rendaient pas compte que l'humiliation qu'elles avaient infligé au bandit était d'autant plus cuisante qu'elles étaient des femmes. Sa fierté en avait pris un sacré coup, et il savait que rapidement, ses hommes allaient commencer à jaser. Deux femmes s'introduisant dans son antre, pour tuer un de ses gardes, le menacer, lui extorquer des informations, et finalement repartir comme elles étaient venues, en osant même le défier de les attraper. C'était un affront que nul chef digne de ce nom ne pouvait laisser impuni. Braga, aurait pu envoyer une douzaine d'hommes dans toute la ville pour les traquer, et leur tomber dessus au moment où elles ne s'y attendaient pas, mais il savait tirer les leçons de ses échecs...et de ceux des autres. Les deux traqueurs du Harad avaient lamentablement échoué alors qu'ils étaient de toute évidence entraînés et formés pour ce genre de situations. Ils avaient été laminés, taillés en pièces sans autre forme de procès. Quant à la garde personnelle de Braga, ceux qui étaient supposés être les meilleurs parmi ceux qui l'entouraient, ils avaient été humiliés comme il fallait. Incapables de stopper Nesrine quand elle avait attaqué leur chef, l'un d'eux avait en plus trouver le moyen de perdre la vie contre Aglérasia. Et même son sacrifice n'avait pas donné l'ouverture aux autres pour la tuer. Non, elles n'étaient pas des femmes ordinaires, ni de simples voyageuses à la recherche d'information sur un passé révolu. Il avait conscience qu'elles étaient dangereuses, et il souhaitait en finir vite. Ce fut la raison pour laquelle, une fois Nesrine partie, il fit immédiatement appel à son second, pour lui demander de contacter les meilleurs tueurs du coin. Il avait deux contrats juteux pour eux, qu'ils s'empresseraient d'accepter.

Nesrine et Aglérasia, qui n'avaient pas conscience du danger qui se préparait à s'abattre sur elles, allaient dans les rues de la cité, à la recherche du maréchal. Fort heureusement, la jeune haradrim avait déjà eu l'occasion d'aller le visiter. C'était un personnage incontournable pour tout voyageur, et elle lui avait laissé son cheval après avoir fait le chemin depuis Minas Tirith. Elle n'avait pas eu l'occasion de parler beaucoup avec lui, étant donné que c'était un homme occupé, mais d'après ses souvenirs, il lui avait paru sérieux et honnête. Rien qui lui apprît s'il représentait un danger ou non, mais dans la plupart des langues, "sérieux" et "honnête" sont des mots à connotation positive, alors...

Elles le trouvèrent sur une place marchande assez fréquentée, et il leur fallut faire la queue pour pouvoir se présenter à lui. Il y avait beaucoup de bruit, beaucoup de chevaux, et Nesrine finit par sentir un mal de crâne la saisir. Cela commençait à faire un moment qu'elle n'avait pas dormi, et elle était plus sensible aux petites contrariétés de son environnement que d'habitude. Rien de bien méchant, mais ses yeux exprimèrent rapidement son agacement, de quoi dissuader quiconque de l'importuner pour des broutilles. Finalement, elles se présentèrent devant l'assistant du maréchal, qui prenait les commandes, qui accompagnait les chevaux dans les enclos prévus, et qui s'occupait de recevoir les paiements. Nesrine nota immédiatement la présence d'un homme qui semblait être un vigile, ou un garde du corps. Il s'occupait de vérifier que personne ne voulait arnaquer l'assistant, et que personne ne tentait de l'impressionner. Sa présence imposante, toutefois, ne suffit pas à impressionner la jeune Haradrim, qui lui retourna le regard noir qu'il lui lança. Elle savait que ce n'était pas très malin de se faire remarquer, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher.

Lorsque l'assistant leur demanda ce qu'elles désiraient, Nesrine laissa à Aglérasia le soin d'expliquer leur problème. Elle n'avait pas particulièrement envie de parler, et elle considérait que la jeune femme à côté d'elle pouvait parfaitement régler cette affaire seule. Inattentive à l'échange qui s'en suivit, elle emboîta le pas de sa compagne quand celle-ci l'entraîna un peu plus loin, à l'intérieur du bâtiment. Visiblement, elles devaient patienter avant d'être reçues, mais cela ne dérangeait pas le moins du monde Nesrine, qui en profiterait pour se réchauffer de la présence d'un feu, non loin. Elles attachèrent leurs chevaux, et se dirigèrent vers des sièges où devaient prendre place le maître, son assistant et son garde du corps, lorsqu'ils mangeaient. Ce dernier était adossé à une poutre, et il dévisagea avec insistance les deux jeunes femmes. La haradrim le gratifia d'un "Quoi ?" digne d'un bûcheron bourru, qui fit hausser un sourcil au vigile. Elle leva le menton bien haut, et le dépassa sans plus lui adresser un regard, comme si par ce simple mot, elle avait réglé son cas, et qu'elle souhaitait passer à la suite.

Nesrine s'installa aussi près du feu qu'elle l'osât, et tendit ses mains devant pour les réchauffer. Elle se sentait beaucoup plus à l'aise, mais elle n'aurait pas dit non à une boisson chaude qu'elle aurait eu plaisir à tenir entre ses mains. En attendant, elle devait se contenter de réchauffer ses mains, puis de les passer sur son visage, pour essayer de communiquer au reste de son corps un peu de chaleur. Une tactique qui n'avait pas l'air de porter ses fruits. Elle en profita cependant pour masser précautionneusement ses oreilles rougies par le froid, en y mettant autant d'application que de prudence, comme si elle souhaitait éviter de les casser. Elle se tourna vers Aglérasia, qui avait pris place juste à côté, et, devant son regard peut-être amusé, lui lança :

- Rigole pas, c'est carrément prise de tête ! J'ai l'impression que mes oreilles vont se décrocher ! Même la capuche ça m'fait rien, et pas question que je mette un cache-oreille. Je vais avoir l'air horrible !

Son explication pouvait sembler futile, mais elle l'avait lancée sur un ton très sérieux, comme si son apparence avait énormément d'importance, même lorsqu'elle était transie de froid. C'était quelque chose de paradoxal de la part de quelqu'un qui ne se séparait jamais de son voile. Elle haussa les épaules, et continua :

- Mais toi, j'ai l'impression que ça va. Tu les caches avec tes cheveux ? J'aimerais bien les avoir ondulés comme les tiens, ça te va vraiment bien. Au Harad, les femmes ont des cheveux vraiment bouclés, et je trouve ça magnifique ! Moi, j'ai hérité de mon salaud de père des cheveux lisses que je n'arrive jamais à coiffer. Une vraie plaie !

Elle passa ses doigts dans les immenses mèches de cheveux noirs qui lui tombaient jusqu'aux cuisses, avec un air furieux, comme si la nature lui avait refusé un cadeau qu'elle avait fait à tous les autres. Elle leva la tête soudainement, et lança à la volée :

- Mais au fait, je me demande : est-ce que tu connais tes parents ? Vu que tu cherches ta sœur, et que t'as pas l'air du coin, je me demande comment ça se passe. T'es orpheline ?

Nesrine leva le menton, pour signifier à son interlocutrice que c'était à son tour de parler. Elle ne prit même pas la peine de mettre des gants pour lui poser des questions aussi personnelles et potentiellement douloureuses, et elle lui avait lancé ce qu'elle avait sur le cœur avec la délicatesse qui était la sienne, en prenant le risque de faire remonter des souvenirs désagréables à la surface. Mais ainsi était Nesrine, et on pouvait se consoler en se disant qu'elle ne pensait pas à mal, car elle ne pensait pas du tout. Elle souhaitait en apprendre plus sans raison particulière, simplement car en cet instant, il lui paraissait que c'était la chose la plus importante à dire. Mais elle n'avait aucune notion de réciprocité, et elle ignorait si elle-même était prête à accepter qu'Aglérasia lui posât des questions sur ses parents, ou sur sa famille en général...


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La famille, orage à mépris EmptyLun 29 Juil 2013 - 22:25
La progression au travers de la foule ne se faisait pas sans mal, ce qui commença à énerver Aglérasia jusqu’au moment où elle comprit que le fait d’être coller ainsi les un aux autres, permettait aussi de les dissimuler de n’importe quel adversaire voulant les repéré. Aglérasia fut ravie de voir qu’elle pouvait à présent discuter avec Nesrine sans que celle-ci affiche un regard de méfiance à son encontre. Certes cela ne voulais pas dire qu’elle ne l’était pas, mais elle ne l’affichait plus.

Alors qu’Aglérasia se refusa de terminer sa phrase, Nesrine la termina à sa place. Nesrine enchaina de suite de façon à essayer de rassurer Aglérasia mais cela ne fonctionna guère. Aglérasia ne pouvait s’empêcher de penser que Braga n’allait pas les laisser partir de la sorte. Tôt ou tard elles finiront par tomber sur une personne envoyer par Braga. Le souci majeur de cette pensée était qu’à présent Braga s’avait pertinemment de quoi était capable sa cible devenu ses cibles. De ce faite il allait à pré »sent employer des personne bien plus compétant que jusqu’à présent. Cependant pour l’heure, Aglérasia cessa d’y penser et se contenta de suivre Nesrine qui savait précisément où se trouvait le maréchal.

Enfin elles arrivèrent à la rencontre de l’assistant de celui-ci. Aglérasia vit Nesrine qui ne put résister de lancer son regard au garde, ce qui dessina un rictus sur les lèvres d’Aglérasia. Quand vint leur tour, Nesrine se fit oublier ne laissant pas le choix à Aglérasia de négocier la rencontre avec le maréchal. D’un coté cela arrangeait bien Aglérasia, en effet elle avait l’aire plus diplomate que Nesrine, c’était là un de ses point fort, la communication entre elle est d’autre personne ne s’achevé que très rarement sur un désaccord. Aglérasia négocia donc le rendez vous avec le maitre des lieux et n’eut comme seule proposition d’attendre que celui-ci achève les client commencer et installé avant de bien vouloir lui porter une intention quelconque.

Aglérasia se dirigea alors vers le bâtiment le plus proche et inspecta les lieux dès son entrée. Au bout de quelques minutes, elle continua à scruter autour d’elle, non pas pour chercher d’autre découverte mais pour trouver sa compagne qui n’avait pas pu s’empêcher de se diriger vers une source de chaleur. En arrivant à sa hauteur, Aglérasia ne put s’empêcher de marquer un rictus sur ses lèvre, mais alors que Nesrine lui fit la remarque de ne pas rire, Aglérasia laissa, comme pour lancer une attaque, sortir un rire qu’elle s’empressa de camoufler.

« Excuse-moi. Je, je … »

Aglérasia ne put finir sa phrase sans laisser sortir un autre bruit de rire.

« C’est vrai que de ce coté à j’ai un avantage, mais il y a des jours où j’aimerai bien les avoir lisse, de toute façon on est jamais contente des cheveux que l’on a ! »

Aglérasia afficha un nouveau rictus sur ses lèvres et donne un tape sur l’épaule de sa compagne en signe de compassion avant d’écouter la question suivant et d’y répondre.

« Non, je ne connais pas mes parents, j’ai été adopté des ma naissance. Je n’ai appris que récemment que j’avais été adoptée, même si je m’en doutais fortement au vu des différences que je présente physiquement par rapport au mien, au mien… »

Aglérasia perdu soudain son rictus. Que voulait dire les siens à présent ? Son corps était celui des gens de l’Arnor mes ses pensées était ceux du Rhûn. Aglérasia fut sortie de ses pensées par Nesrine qui s’impatientait de connaitre les réponses entière.

« Je cherche en effet ma sœur, pourquoi pas mes parents ? Je pense que c’est simplement du faite que j’ai toujours eu des parents alors qu’une sœur et jumelle de surcroit je n’en ai jamais eut. »

Aglérasia ne put finir son récit, qui avait réussit à la détendre un peu, car elle fut interpellé par le maréchal qui la héla.

« Bonjour, mon assistant vient de me communiquer la raison de votre arriver dans mon établissement. Que puis-je faire pour vous ? »

Aglérasia fut surprise de la façon dont le maréchal parla. En générale les hommes pratiquant ce genre de métier étaient rarement courtois de la sorte. Etait-ce parce qu’elles étaient deux belles jeunes femmes ? Aglérasia regarda le maréchal et lui répondit de la même courtoisie :

« Bonjour, je suis désolée de vous déranger de la sorte mais je suis à la recherche de ma sœur, Isabella Ridallaeg. Elle procédait des chevreaux dans un petit village d’après ce que l’on m’a dit. »

Aglérasia marque un petit instant de pause avant d’enchainer avec une phrase qu’elle aimait décidément de moins en moins.

« D’après ma source il se pourrait que le dit bâtiment soit partit en fumée. »

Le maréchal lança un regard navré et lui répondit à son tour :

« Je suis désolé mais je n’ai aucune connaissance d’une personne de ce nom. Je pense qu’elle devait savoir ferrer ses chevaux elle-même, car je n’ai jamais vu quelqu’un venir à de nombreuses reprises. »

Le maréchal semblait vraiment être navré. Aglérasia le regarda d’un air triste et le remercia. C’est alors que les deux jeunes femmes quittèrent l’établissement avec beaucoup moins d’enthousiasme qu’à leur entrée.

« As-tu un autre endroit à me proposer pour essayer d’avoir d’autre information ou devrions nous nous mettre directement à la recherche de ce petit village dont Braga nous à communiquer la position ? »

Aglérasia se dirigea vers sa monture et attendit la réponse de Nesrine avant de rejoindre la foule sur le pavé de la ville.

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La famille, orage à mépris EmptyMar 30 Juil 2013 - 17:01
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Nesrine leva la tête en entendant le rire d'Aglérasia résonner à ses oreilles gelées. Les yeux de la jeune haradrim affichèrent pendant un instant sa surprise, en découvrant cette femme d'ordinaire si sérieuse et si réservée essayer de dissimuler son amusement devant une situation qui, à dire vrai, pouvait paraître cocasse. La femme du Sud, d'abord interdite, ne sachant trop comment réagir, se sentit attirée par cette démonstration de bonne humeur bienvenue, et ses yeux se firent plus doux, avant de se mettre à pétiller de malice. Elle n'appréciait d'ordinaire pas qu'on se moquât d'elle, mais sans trop savoir pourquoi, venant de la part de la Rhûnadan, cela ne la dérangeait pas vraiment. Peut-être parce qu'elles avaient traversé de sacrées épreuves en peu de temps, peut-être parce que la bonne humeur de la femme de l'Est était communicative, ou peut-être simplement qu'elle avait besoin de rire un peu pour décompresser. Quelle qu'en fût la raison, le rire de Nesrine partit sans qu'elle le désirât. Elle ne riait pas souvent de bon cœur, et le son qui s'éleva était à la fois sincère et hésitant, comme si elle éprouvait une certaine gêne à se laisser aller ainsi. D'ailleurs, elle se reprit rapidement, et jeta des regards alentours, pour voir si personne ne les observait. Après cet instant de déconcentration, elle avait besoin de vérifier que tout allait bien, qu'aucun danger n'en avait profité pour approcher. Constatant que tout allait bien, elle répondit à Aglérasia :

- Jamais contentes, c'est le mot ! Mais même si je les critique, pour rien au monde je ne les couperais ! Question d'habitude, je suppose.

Nesrine caressait machinalement ses cheveux de ses longs doigts fins, qui allaient alternativement chercher un peu de chaleur auprès du feu, puis tenter vainement de remettre de l'ordre dans ses longues mèches rebelles. Elle apprécia la tape amicale que lui donna Aglérasia, signe que leur relation venait de prendre un autre tournant. Réunies par la force du destin, et condamnées à échapper aux mêmes dangers, elles avaient toutes deux décidé de s'allier pour faire front. On pouvait trouver beaucoup de signification dans de petits gestes, mais pour la femme du Sud, cela signifiait énormément. Cela prouvait qu'elles affronteraient les dangers ensembles, jusqu'à ce que leurs chemins se séparassent. Avoir quelqu'un pour veiller sur ses arrières avait de quoi être rassurant, même si Nesrine n'était pas prête de placer totalement sa confiance entre les mains de cette voyageuse pleine de mystère.

La haradrim sentit que justement, les mystères qui entouraient Aglérasia étaient liés à sa famille, et elle perçut son hésitation lorsque cette dernière lui proposa une réponse quant à ses parents. Elle ne les recherchait pas véritablement, prétextant ressentir plus de liens vis-à-vis de ses parents adoptifs que naturels. D'un côté, on pouvait le comprendre : les uns l'avaient élevée, avaient été là pour elle lorsqu'elle avait eu besoin d'eux. Les autres, absents, ne s'étaient imposés dans sa vie que récemment, et elle aurait probablement du mal à faire la transition. Mais était-ce la seule raison ? Quel enfant refuserait de connaître ses parents biologiques, mais désirerait trouver sa sœur ? Avait-elle peur de quelque chose ? Peur de découvrir pourquoi elle avait été confiée à d'autres ? Il était impossible de dire avec certitude ce que son cœur pouvait ressentir, mais il était certain, à voir la manière dont elle réagissait, que la blessure était plus profonde qu'elle ne se plaisait à l'admettre. Nesrine voulut réagir, mais elle fut coupée par l'arrivée du maréchal-ferrant.

L'homme les aborda de manière chaleureuse, comme si elles étaient des clientes comme les autres. Il essuyait ses mains sales sur un vieux torchon, tandis que derrière lui son assistant semblait affairé à faire les comptes à la mi-journée. De toute évidence, c'était une habitude, car il s'était mis au travail sans broncher, et il paraissait absorbé par sa tâche. Nesrine le regarda un instant, impressionnée par son dévouement à son travail. Elle-même n'aurait jamais été capable de faire ça. Elle aimait trop sa liberté de mouvement et sa liberté d'action pour la sacrifier contre un petit travail bien rangé. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver ça fascinant. Comme s'il avait senti son regard, l'assistant se retourna dans sa direction, et leurs regards se croisèrent. Il rougit jusqu'aux oreilles, et retourna à son office avec une application redoublée. Sous son voile, la jeune haradrim ne put s'empêcher de sourire largement. Elle s'amusait toujours autant de ces réactions gênées.

Elle revint à la conversation qu'entretenait Aglérasia avec l'artisan, juste au moment où celui-ci lui annonça, tout à fait désolé, qu'il ne connaissait personne répondant au nom de sa sœur. C'était une première piste qui s'avérait être une impasse, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'elles devaient abandonner tout espoir. Cependant, elles avaient jusqu'alors eu de la chance dans leurs démarches, et même si les choses ne s'étaient pas bien passées avec Braga, elles avaient obtenu les informations qu'elles étaient venues chercher. Elles avaient naturellement espérer que leur bonne étoile les aiderait encore sur ce coup-là, et elles s'étaient trompées. Aglérasia, qui accusait visiblement le coup, prit le chemin de la sortie, et Nesrine s'empressa de remercier l'homme, avant d'emboîter le pas à sa compagne. Alors qu'elle passait devant le garde du corps qu'elle avait légèrement provoqué quelques temps auparavant, celui-ci sortit de sa torpeur, et se plaça face à elle, lui barrant le passage.

Dans le même mouvement, la jeune femme nota sa compagne qui se dirigeait toujours vers les chevaux, et qui n'avait pas remarqué qu'un homme venait de s'interposer entre elles, mais elle remarqua aussi que le colosse ne semblait pas armé et qu'il n'affichait aucun air menaçant sur son visage. Cela ne l'empêcha pas de glisser discrètement une main dans son dos, jusqu'à ce que ses doigts se posassent sur le manche de sa dague. Simple précaution. L'homme parla alors, d'une voix grave :

- Calmez-vous, je ne vous veux pas de mal...

Etant donné qu'il rendait au moins soixante livres à la jeune femme, cette dernière jugea préférable de rester méfiante, et elle ne se détendit pas l'ombre d'une seconde. Le garde du corps soupira, comme s'il savait à l'avance quelle allait être la réaction de son interlocutrice, et qu'il acceptait sa méfiance. Il enchaîna rapidement :

- Je vous conseille de sortir par derrière. Peu après votre arrivée, ces deux hommes se sont postés là, et ils n'ont pas bougé depuis. On dirait qu'ils vous suivent...

Nesrine recula d'un pas - pour se placer hors de portée du vigile - et essaya de regarder par-dessus la foule, en vain. Mais elle le croyait sur parole. Comment aurait-il pu savoir en si peu de temps qu'elles étaient recherchées par Braga ? Il n'avait pas formellement identifié les hommes comme appartenant à ses sbires, mais il les avait probablement reconnus comme étant une menace. La jeune femme décida qu'il valait mieux lui faire confiance à lui plutôt que de prendre le risque d'être suivies et attaquées au moment où elles ne s'y attendraient pas. Elle se détendit largement, et présenta ses deux mains visibles, pour prouver qu'elle avait renoncé à ses intentions hostiles. Elle tendit la main au vigile, qui la serra délicatement :

- Merci mon pote. S'ils viennent poser des questions, laisse-les faire. Si tu leur donnes l'impression qu'on a reçu de l'aide de ta part, ils vont vous causer du souci.

Il hocha la tête gravement, et libéra la main de Nesrine qui s'élança après Aglérasia non sans lui adresser une tape pleine de gratitude sur l'épaule - l'endroit le plus haut qu'elle pouvait atteindre avec sa main. Elle rattrapa la jeune femme qui détachait les chevaux, et l'arrêta alors qu'elle s'apprêtait à repartir vers la rue principale.

- On est suivies... Chuchota Nesrine sur un ton sérieux. Filons par là-bas !

Elle désigna du doigt une arrière boutique où devait travailler le maréchal-ferrant, et où personne ne les verrait. Elles menèrent leurs chevaux, passèrent une première porte en bois, puis traversèrent une sorte d'atelier où reposaient pêle-mêle quantité d'outils. Elles avisèrent une deuxième porte qu'elles ne franchirent qu'après avoir jeté des regards attentifs dans la rue presque déserte. Ce fut à cet instant qu'Aglérasia demanda quelle était leur prochaine destination. Effectivement, c'était une excellente question, à laquelle Nesrine n'avait pas pensé. Elle avait plutôt l'habitude de se cacher, et n'avait pas particulièrement de but, ce qui lui facilitait grandement la tâche. Mais là, elles devaient décider de la marche à suivre, pour éviter au maximum les hommes de Braga. La haradrim, d'une voix qu'elle voulait sérieuse, mais qui sonnait bizarrement à cause de son petit accent, répondit :

- J'connais personne d'autre en ville qui pourrait te renseigner, désolée. Et avec ces types après nous, j'pense qu'il vaudrait mieux quitter Annùminas pour un temps. Allons au village de ta sœur, et récupérons autant d'infos que possible. Et puis là-bas, ces types ne nous suivront pas, j'en suis persuadée.

La confiance de Nesrine était communicative, et elles prirent la direction de la porte d'Annùminas, qui leur permettrait ensuite de se rendre où bon leur semblait. Elles ignoraient simplement que le danger se rapprochait pas à pas, et qu'elles auraient bien du mal à l'éviter lorsqu'il se présenterait. Elles durent faire la queue pendant une dizaine de minutes aux portes, avant de pouvoir enfin passer. Dix minutes pendant lesquelles elles ne cessèrent de jeter des regards angoissés autour d'elles. Certes, il y avait beaucoup de gardes dans les parages, mais l'immobilisme faisait d'elles des cibles faciles, et elles craignaient que certains des tueurs pas bien malins de Braga ne finissent par passer à l'action au mépris des risques, tout simplement pour empocher la prime qu'il avait dû mettre sur leur tête. Mais il ne se passa rien de tel, et malgré la sensation désagréable d'être épiées, elles n'eurent à se plaindre de rien.

Elles quittèrent donc enfin Annùminas, capitale de l'Arnor, et se retrouvèrent sur les routes enneigées de ce pays glacial, libres comme l'air, et bien décidées à poursuivre leur quête. Les chevaux semblaient heureux de retrouver un peu de place pour galoper, et ils piaffaient d'impatience en attendant le départ. Nesrine sauta en selle, et se tourna vers Aglérasia :

- Je te suis, ma grande ! Partons vite avant que je ne gèle sur place !


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La famille, orage à mépris EmptyMar 6 Aoû 2013 - 3:16
* HRP désolé pour ce petit paragraphe mais pas beaucoup d'inspiration ces jours ci. HRP*

Au moment où Aglérasia s’apprêta à franchir la porte par laquelle elles étaient entrées, Nesrine la stoppa. Aglérasia la regarda et vit que Nesrine avait perdu la gaité qu’elle avait réussit à afficher sur leurs visages quelques instants au paravent. Nesrine se rapprocha de l’oreille d’Aglérasia et lui dit qu’elles étaient probablement suivies et qu’elles feraient mieux de sortir par l’arrière boutique.

En arrivant dehors, Nesrine lui annonça qu’elle ne connaissait personne et qu’au vu du poursuivant potentiel il était préférable de quitter cette ville au plus vite. Aglérasia acquiesça de la tête et suivi Nesrine vers la porte d’Annùminas, les chevaux toujours tenu par les reines. Une fois arrivée la porte, Aglérasia monte son compagnon et enfila sa cape à capuche laquelle était également pourvu d’un tissus épais, identique au reste de la cape, qui lui camouflait la moitié du visage. De cette façon elle fut méconnaissable et pouvait à présent voyager tranquillement sans avoir peur d’être reconnue.

Après plusieurs minutes à trotter sur les chemins couverts de neige, Aglérasia ralenti la cadence afin de se retrouver à la hauteur de Nesrine. Aglérasia se tourne vers Nesrine et entama une discussion plutôt bien remplis de question :

« Nous voila à nouveau sur les routes. Merci de m’accompagnée durant cette tâche.»

Aglérasia marque une petite pose avant de continuer sa discussion.

« Dis j’aurais plusieurs question à te poser, bien sure tu n’y réponds uniquement si tu en a envie. Pourrais-tu m’initialisé à l’art de l’agilité que tu connais ? Recherches-tu également quelqu’un ou quelque chose ? »

Aglérasia fit une autre pause afin de poser la question à laquelle il allait être très difficile d’avoir une réponse.

« Pourquoi te caches-tu tout le temps derrière ce voile ? »

Aglérasia vit de suite le visage de sa compagne se changer et elle sut pertinemment que ce fut sa dernière question qui n’était pourtant pas la plus indiscrète, mais qui semblait cependant être la seule parlant du sujet que Nesrine voulu absolument éviter.

A peine Aglérasia eut-elle le temps de finir sa phrase qu’une bourrasque de vent s’abattu les jeunes femmes. Aglérasia rabat de suite les pans de sa cape surs ses épaules opposées de façon à être emmitouflé dans sa cape de voyage


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La famille, orage à mépris EmptyJeu 8 Aoû 2013 - 19:53
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Même si Nesrine était incapable de comprendre comment des individus sensés pouvaient accepter de vivre dans un environnement aussi glacial, et surtout comment ils avaient pu survivre dans ces conditions, elle était obligée de reconnaître que la magnificence des lieux avait de quoi émouvoir les cœur les plus endurcis. La tempête qui avait accompagné son arrivée à Annuminas était retombée, et elle avait l'impression qu'une main gigantesque et invisible avait déposé affectueusement un drap d'un blanc immaculé sur le monde, à perte de vue dans toutes les directions. Les rares arbres qui arrivaient à garder leurs feuilles sous ces températures incroyablement basses semblaient avoir accroché des étoiles de givre au bout de leurs branches, comme si l'hiver n'était en réalité qu'un printemps différent durant lequel germaient des fleurs d'un genre nouveau, aussi belles que le cristal, mais aussi fragiles que la rosée qui perle à l'extrémité d'une feuille. Des fleurs éphémères, seulement pour le plaisir des yeux, que nul ne pouvait apprivoiser ou cueillir. L'hiver était un monde mort, mais une mort calme, paisible et douce. Le grand nord était la terre du souvenir, où tout rappelait la nostalgie de l'été, de la verdure, des arbres attendant le retour des oiseaux, des animaux se parant d'un nouveau pelage pour survivre à l'étreinte du froid. A l'inverse, le désert d'où la jeune femme venait était la terre de l'oubli, où tout était uniforme, où rien ne subsistait jamais longtemps. Elle avait quitté la seconde pour visiter la première, et même si elle ressentait au fond d'elle que cet endroit n'était pas sa terre natale, elle savait apprécier la beauté de ces paysages qui lui rappelaient paradoxalement ses origines.

Absorbée par sa contemplation du paysage sublime qui défilait devant ses yeux, occupée à chercher des traces indiquant le passage d'animaux quelconques, intriguée par l'absence de bruit qui semblait caractériser les terres glacées, elle ne fit pas attention à Aglérasia, qui remonta lentement à sa hauteur, et qui décida d'entamer la conversation. Nesrine tourna la tête dans sa direction, et lui adressa un sourire qui demeura invisible sous son voile, mais qui se lut dans ses yeux très expressifs, comme toujours. Elle haussa les épaules avec amusement en réponse aux remerciements de la voyageuse, et lui répondit d'une voix enjouée :

- Tu m'as sauvé la vie, après tout. Je te devais bien ça. Et puis je trouve qu'on forme une belle équipe, non ?

Elle pouffa au souvenir des hommes qu'elles avaient bien corrigés, même si elles n'étaient pas passées loin de la catastrophe. Cependant, la jeune haradrim avait l'habitude de vivre dangereusement, et elle avait malheureusement tendance à oublier les difficultés dès lors qu'elle arrachait la victoire. C'était ce qui l'empêchait hélas de prévenir un prochain incident, et qui ne lui permettait pas de tirer de leçons de ses mauvaises expériences. Elle s'arrêta cependant de rire quand Aglérasia décida de lui poser des questions. Il était normal qu'elle désirât mieux connaître sa compagne de route, et cette dernière ne s'était pas privée pour poser les questions qui lui tenaient à cœur, sans se soucier de ce que cela pouvait éventuellement faire ressentir à son interlocutrice. Et puis c'étaient ce que faisaient de nouveaux amis : ils échangeaient sur leurs passés respectifs, et essayaient de se trouver des points communs, des différences, de se comprendre. Les choses ne pouvaient donc pas aller à sens unique, et elle devait faire un effort pour être communicative. Consciente que c'était dans l'ordre des choses, Nesrine accepta donc de répondre aux questions de la voyageuse :

- T'initier à l'art de l'agilité ? Hmm... C'est un vaste sujet, qui nécessite des années d'entraînement, pour ne pas dire toute une vie. J'ai été formée dès ma jeunesse, aussi ai-je plus d'aisance dans ces domaines que la plupart des gens... Mais ne t'attend pas à ce que je fasse de toi une combattante intouchable. Je ne le suis pas moi-même, et j'aurais bien du mal à enseigner ce que je ne maîtrise pas. Ma spécialité, c'est avant tout l'escalade. Mais si tu y tiens, je pourrai te donner quelques conseils. Gratuitement, bien sûr.

Elle avait ajouté ça avec un clin d'œil malicieux, car il était vrai qu'elle avait tendance à passer des accords pour tout, et à monnayer systématiquement ses relations avec les gens. Elle ne fonctionnait en général que par contrat, et il était rare qu'elle s'attachât à quelqu'un aisément. Même en l'occurrence, elle appréciait Aglérasia, mais elle était là avant tout car elle estimait avoir une dette envers elle. Qui aurait pu dire quel aurait été son comportement si les rôles avaient été inversés ? A la seconde question de la voyageuse de l'Est, Nesrine s'assombrit perceptiblement. Elle était bien incapable de garder ses émotions pour elle, et ses yeux exprimèrent soudain une colère voire une haine qu'elle était bien en peine de contenir. Elle répondit sur un ton beaucoup moins chaleureux :

- Oui. Je cherche bien quelqu'un.

Elle voulut s'arrêter là, mais sa colère était tellement profonde qu'elle ne trouva pas la force de garder les lèvres serrées :

- Ma sœur. Elle est responsable de la mort de notre mère. Elle nous a trahi. Elle nous a abandonné. Elle nous a laissé pourrir, alors qu'elle aurait pu...qu'elle aurait faire quelque chose. A cause d'elle... à cause d'elle... C'est de sa faute si je n'ai plus rien. Je n'ai plus d'autre ambition dans ma vie que de la retrouver, et de la tuer. Je veux la faire payer pour tout ce qu'elle a laissé derrière elle...

Nesrine inspira profondément. Sans s'en rendre compte, sa voix s'était faite hésitante, tremblante, et elle dut faire un effort pour reprendre une contenance. Elle ne parlait pas souvent de son passé, préférant cacher ses failles derrière la colère dévorante qui la consumait. Elle avançait tel un automate, mue par un objectif destructeur, qui la conduirait probablement à sa perte. Elle s'imaginait toutes les nuits trancher la gorge de sa sœur, voir dans ses yeux la même peur qu'elle même avait ressenti. Mais pour ce qui était du reste, elle ne savait pas. Dans sa tête, sa vie s'arrêtait le jour où elle accomplissait enfin son destin, sa mission. Elle ne se voyait pas survivre après ça. Son existence aurait perdu tout sens, et la dernière corde qui la rattachait au monde des vivants serait définitivement coupée. Alors qu'elle était en train de reprendre enfin la maîtrise de ses émotions chamboulées, Aglérasia lui porta involontairement l'estocade, en abordant le sujet de ce qui se trouvait sous son voile.

Les yeux de Nesrine s'agrandirent de terreur, et sa poitrine se souleva brutalement, alors que son rythme cardiaque et sa respiration s'emballaient. Son souffle irrégulier agitait le tissu qui recouvrait la moitié inférieure de son visage, et ses mains s'étaient mises à trembler soudainement. Elle s'était pourtant préparée à répondre à cette question, mais déjà sous le choc de la première, elle n'avait pas pu dire ce qu'elle avait réfléchi. Elle sentit une profonde douleur la saisir dans les poumons, et elle se plia en deux, saisie d'une crie de panique d'une rare violence. Elle sentit vaguement la présence d'Aglérasia autour d'elle, et elle se mit à hurler :

- Non ! Non ! Pitié ! NON ! Non...

Sa voix passait de la fermeté à la supplication, en passant par la colère et la haine. Elle plaça ses deux mains sur son visage, comme si son voile risquait brutalement de tomber, emporté par un souffle de vent plus fort que les autres qui venait de les envelopper, emportant dans sa course les larmes qui avaient perlé au coin des yeux de la jeune haradrim. Elle tenta de mettre pied à terre, mais désorientée par son trouble, et malmenée par l'agitation de son cheval qui sentait sa nervosité, elle se retrouva à genoux dans la neige, frigorifiée, trempée et complètement perdue. Dans son esprit, les choses allaient très vite. A chaque battement de cil, elle revoyait fugitivement des épisodes de sa vie qu'elle aurait préféré oublier. Des épisodes à la fois douloureux et pénibles, qui constituaient sa plus puissante motivation, mais aussi sa plus grande faiblesse. Rendue confuse par tout cela, elle avait du mal à discerner ce qui relevait du présent et du passé. Elle voyait des visages ignobles qui se superposaient à celui d'Aglérasia en face d'elle. Les visages étaient-ils là, dans son présent ? La voyageuse avait-elle fait partie de son passé ? Elle n'en savait plus rien, mais son corps lui criait de fuir, de s'éloigner. Elle avait une impression terrible de danger imminent. Elle se releva tant bien que mal, et tenta de courir droit devant elle, éperdue, pour chercher la sécurité et la quiétude qu'apporte la solitude. Elle sentit toutefois la main de la femme de l'Est se refermer sur son poignet, et la forcer à se retourner. La vulnérabilité de Nesrine ne faisait aucun doute. Restait à savoir comment réagirait Aglérasia.


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La famille, orage à mépris EmptyVen 9 Aoû 2013 - 2:50
Après avoir contempler pendant plusieurs minutes le paysage, Aglérasia entendit les premiers mots sortir de la voix de sa nouvelle compagne de voyage. Celle-ci regarda Aglérasia fit un sourire qu’Aglérasia n’eut pas besoin de voir pour pouvoir le contempler, et lui répondit alors que c’était normale qu’elle soit là au vu de l’action qu’avait mené Aglérasia au paravent.
Aglérasia ne fut pas tout à fait d’accord avec ses dires. En effet elle lui avait sans doute sauvé la vie, mais Nesrine avait fait tellement de chose pour venir en aide à Aglérasia que se fut pour elle une normalité que d’intervenir en sa faveur.

Dans la foulé Aglérasia reçu également ses premières réponses aux questions. Nesrine répondit d’ailleurs d’une façon très intelligente, pendant laquelle elle informa Aglérasia qu’il n’était pas possible d’initier quelqu’un sur un coup de tête comme ça, alors que les personnes connaissant l’art de l’agilité, l’apprenaient depuis leur plus jeune âge. Ceci dit, Aglérasia fut vraiment ravie d’apprendre que Nesrine accepta de lui donner des conseils sur la façon d’escalader, ce que Nesrine connaissait le mieux.

Au moment où Nesrine fit un clin d'œil malicieux à Aglérasia, celle-ci fit ravie de voir qu’elles procédaient de plus en plus de point commun et d’une entente hors du commun pour deux personnes venant à peine de se connaître. C’est alors que Nesrine commença à se refermer doucement sur elle. En effet la deuxième question posée par Aglérasia avait remué un couteau dans une plaie qui ne s’était pas refermer. Aglérasia vit à un moment Nesrine avoir une attitude comme quelqu’un en train de se battre contre elle-même. C’est au moment, où Nesrine commença à expliquer le pourquoi elle était à la recherche de sa sœur, qu’Aglérasia comprit pourquoi cela l’avait mise dans un tel état.

Aglérasia s’en voulu d’avoir posé cette question. Elle commença à ouvrir sa bouche pour demander pardon à Nesrine d’avoir posé cette question, quand soudain Nesrine se mit à hurler tout en tombant au sol.

Aglérasia n’avait pas eut le temps de réagir et se demanda encore ce qu’elle avait bien pu dire. Elle comprit ce qui mettait Nesrine dans cet état quand elle vit Nesrine essayer de cacher entièrement son visage.
Alors qu’Aglérasia n’avait pas fini d s’en vouloir pour la deuxième question qu’elle avait eut l’idée de poser, la voila à cet instant devant une deuxième réaction qu’Aglérasia n’avait pas du tout prévu.

Nesrine se trouvant à genou à terre, Aglérasia, qui avait réussit à rattraper difficilement la réalité, se jeta à son tour au sol. Elle y atterrit juste à temps pour pouvoir rattraper la jeune femme par le poignet avant que celle-ci n’eut le temps de se relever et de retrouver la force pour s’enfouir. Aglérasia attrapa de l’autre main la couverture qui était attaché sur son cheval, et emmitoufle Nesrine, à l’intérieur et fit machinalement un geste que jamais elle n’aurait pensé faire avec qui que ce soit.

Elle serra Nesrine emmitouflé dans la couverture et la berça comme une mère le ferait pour endormir son enfant ou le calmer après une grosse colère. Aglérasia se mit également à chuchoter :

« Calme-toi ! S’il te plaît, calme-toi. Oublie ces questions stupides, Lèves-toi et marche. Il ne faut pas rester immobile dans cette neige ! »

Aglérasia se leva et arriva tant bief que mal à relevé Nesrine et la fit marcher autour des chevaux. Nesrine avait d’un seul coup l’aire d’être exténué. Aglérasia essaya de la faire marcher mais en vain. C’est alors qu’elle décida de  poser Nesrine contre le flanc de son cheval qu’elle avait fait s’asseoir et parti non loin chercher du petit bois pour faire un feu afin de tenter de calmer et de réchauffer Nesrine.

Aglérasia s’en voulut d’avoir poser cette question et d’avoir cause de la douleur à une femme dont elle n’aurait pas voulu que l’on lui fasse du mal. Une fois le feu allumé et Nesrine placé à coté de celui-ci, Aglérasia sentit des larmes se former sur ses joues et ne put s’empêcher de regarder fixement son ami en train de se réchauffer et retrouver des couleurs.

Aglérasia regarda sa nouvelle compagne et attendit avec impatience ses premiers geste, même s’il y a avait de forte chance pour que celle-ci lui assigne un coup.



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La famille, orage à mépris EmptySam 10 Aoû 2013 - 23:51
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Il y avait bien des choses qui pouvaient surprendre chez Nesrine, mais celle qui était toujours la plus spectaculaire résidait en ses changements d'attitude aussi brusques que soudains. La simple évocation de ce qu'elle dissimulait sous le voile fin qui recouvrait le bas de son visage suffisait à transformer la redoutable guerrière, railleuse et insolente, en une jeune femme fragile, perdue et terrorisée. Cela s'expliquait par un passé dont elle se refusait à parler à quiconque, mais le simple fait d'imaginer ce qu'elle avait pu subir pour être encore bouleversée des années après avait de quoi faire froid dans le dos. Dans ces situations de panique, ses réactions pouvaient être très diverses. Elle voyait la plupart du temps le reste du monde comme un danger, et elle éprouvait le besoin de retrouver la solitude. Cela pouvait se traduire par une réaction violente, où elle essayait de tuer tous ceux qui l'entouraient, afin d'éliminer les menaces, ou par une réaction craintive, où elle tentait de s'échapper, de rejoindre un endroit qu'elle même considérait comme sûr. Elle était dans cette seconde phase, prête à courir droit devant elle pour échapper aux fantômes de son passé, quand la main d'Aglérasia se referma sur son poignet avec fermeté mais sans brusquerie. Nesrine interpréta cela comme une agression, et tenta de se libérer, mais il semblait que ses forces l'abandonnaient, et elle se contenta de pousser un cri à la fois effrayé et contrarié, tandis qu'elle faisait son possible pour échapper à ces doigts refermés sur sa chair. Aveuglée par sa panique et ses larmes, elle ne comprit pas d'où vint la chaleur qui l'entoura soudainement, alors qu'Aglérasia lui déposait précautionneusement une couverture sur les épaules. Son attention réduite se porta sur ce détail, et elle cessa finalement de se débattre, permettant à la voyageuse de l'attirer dans ses bras.

La jeune haradrim, qui tremblait autant de peur que de froid, sentit la chaleur de la couverture et de corps collé contre le sien lui réchauffer le cœur. Ses bras et ses jambes s'agitaient de manière incontrôlable, comme si son corps lui intimait l'ordre de s'échapper, alors que son esprit, terrassé par la fatigue, ne souhaitait plus que rester dans ce cocon de chaleur pour l'éternité. Elle se blottit encore davantage contre Aglérasia, qui la berçait comme jamais personne ne l'avait fait pour elle. Elle ferma les yeux, pour tenter de se calmer, mais dans les ténèbres qui l'entourèrent subitement, elle entrevit la fenêtre ouvrant sur son passé. Tel un démon tapi dans l'ombre, il semblait attendre ses moments de faiblesse pour revenir la hanter.

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Plic. Plic. Plic.

Des gouttes d'eau tombaient à intervalle régulier sur la pierre, au rythme d'une toute les deux secondes environ.  Elles tombaient inlassablement tous les jours, toutes les nuits, et marquaient le temps plus sûrement et plus précisément que le meilleur des cadrans solaires. Dans l'obscurité quasi-totale qui régnait dans la pièce, c'était la seule chose qui permettait de se repérer. Tout le reste semblait avalé par la noirceur ambiante, comme si on avait rempli la pièce d'encre. C'était probablement la raison pour laquelle l'air était irrespirable. Il semblait liquide, pâteux, visqueux. On avait l'impression de boire cette fameuse encre indélébile à grandes gorgées à chaque fois que l'on inspirait. C'était comme se noyer encore et encore, sans jamais mourir totalement. A moins que la mort ne fût déjà plus que du passé.

Toutes les trente mille gouttes, environ, les repas étaient servis. Une bouillie infâme, qui donnait l'illusion à l'esprit d'être rassasié, mais qui laissait l'estomac désespérément vide. Une manière intelligente d'affaiblir l'autre, de le laisser totalement vulnérable, de lui ôter toute volonté, toute velléité de révolte, de rébellion. Les esprits les plus forts pouvaient résister à la douleur, à la torture, aux coups et aux mots. Mais aucun corps n'était suffisamment fort pour endiguer sa propre fatigue. Le mal le plus noir venait toujours de l'intérieur. Mais hélas, ce n'était pas le seul. Toutes les dix mille gouttes, ils ouvraient la porte. La seule lumière qui rentrait dans la pièce provenait de sous cette fameuse porte métallique, qui grinçait horriblement lorsqu'on l'ouvrait ou qu'on la fermait. Le sol de pierre résonnait incroyablement, et faisait écho aux pas lourds des geôliers qui allaient et venaient dans les couloirs. Toutes les trente mille secondes, c'était l'espoir. Toutes les dix mille secondes, c'était la terreur. Toujours le même rituel :

Clap. Clap. Clap.

D'abord le bruit des pas sur la pierre, annonciateurs de malheurs.

Cric. Crac.

Le bruit de la serrure déverrouillée par une clé. La clé qui fait tant rêver, et qui toujours apparaît accessible, mais demeure inévitablement hors de portée. La plus grande des tentations.

Criiiiiii.

Le grincement atroce de la porte sur ses gonds usés. La porte s'ouvre, déversant un flot de lumière qui dévore les ténèbres, et qui pourtant n'apporte aucun réconfort. Au lieu de permettre de voir, elle aveugle, au lieu de réchauffer elle glace, au lieu de révéler, elle cache. Dans la lumière, une silhouette se découpe, simple forme grossièrement humaine dans l'encadrement de la porte. On distingue à peine les bras bouffis rattachés à ce tronc massif. La tête semble ridicule en proportion. On dirait un être d'argile, réalisé des mains d'un enfant qui n'aurait pas respecté les mesures du modèle original. Son visage demeure invisible, mais il est possible d'imaginer son sourire. Il referme la porte derrière lui, et plonge à nouveau la pièce dans l'obscurité. Il disparaît totalement, cette fois, mais son souffle rauque est parfaitement audible. Impossible de le localiser cependant. La faute à ce maudit écho.

Clic. Clic. Clic.

Les chaînes fixées au mur s'agitent, alors que les deux silhouettes qui y sont attachées essaient de se déplacer le plus loin possible de ce qu'elles savent être une menace. Leur bouche privée d'eau ne peut que laisser passer un maigre gémissement vite dissipé dans l'air liquide qui les entoure. Et toujours les bruits de pas qui se font entendre. Soudain, une main surgit du néant et se referme sur le poignet. Un hurlement, des cris, des supplications :


- Non ! Non ! Pitié ! Je vous en supplie !

Tsiiing.

Le bruit d'une lame que l'on sort de son fourreau. Le tortionnaire obombre totalement ses victimes, et les tient en respect avec une arme qu'elles savent présentes, mais qu'elles sont incapables de voir. Leurs larmes coulent sur leur visage, laissant des sillons salés sur leurs joues crasseuses. La lame glisse sous une gorge offerte. Elle est glaciale comme la mort qu'elle porte avec elle. Elle effleure la peau, et descend lentement le long de la poitrine, jusqu'au ventre, écartant impudiquement les haillons qui couvrent tant bien que mal une nudité dissimulée par les ombres. L'autre main du bourreau s'élève, et va fixer les poignets sur un crochet situé en hauteur, disposant sa victime dans une position de soumission totale. Sa main redescend, et s'égare sur la chair qui lui est offerte. Dans la nuit perpétuelle, sa respiration se fait plus rapide, plus sauvage. Ses caresses deviennent griffures et ses griffures deviennent coups. Sa victime se débat, elle gémit, pleure, supplie qu'il ne lui fasse plus de mal.

Tout se passait toujours de cette manière, mais cette fois ce fut différent. Au lieu d'assouvir ses désirs, de profiter de ce corps jeune et désarmé qui se présentait face à lui, il s'emporta, et la gifla une fois, puis une deuxième. Elle avait frappé brutalement, et elle n'avait pas vu le coup venir, pourtant elle était toujours consciente, et elle continuait à implorer. Grognant comme un animal, les mots rendus presque incompréhensibles par la rage qui l'habitait, il éructa :


- Ta sœur n'est pas revenue comme elle l'avait promis. Elle vous a abandonné. Maintenant, je peux vraiment faire ce que j'veux !

Il éclata d'un rire sauvage, et approcha sa lame du visage inondé de larmes de la jeune femme. Par un hasard du destin, la lumière se refléta sur l'acier, et elle sut quel allait être son sort. Un cri de terreur jaillit de sa gorge, et résonna longtemps dans les ténèbres, accompagné du rire de son tortionnaire.

----

Nesrine réintégra brutalement le monde réel, tirée hors de ses souvenirs par le cri d'un oiseau non loin. Un des animaux qu'elle essayait désespérément d'apercevoir un peu plus tôt. Elle se rendit compte qu'elle était assise en face d'un feu qui crépitait joyeusement, et qui dispensait généreusement sa douce chaleur. Le foyer proche l'avait réchauffée encore davantage que la couverture qu'Aglérasia avait passé sur ses épaules, mais elle tremblait toujours, et se penchait machinalement d'avant en arrière, comme pour conjurer les images terribles qui lui étaient revenues en mémoire. Des souvenirs qu'elle aurait préféré oublier, mais qui s'obstinaient à la poursuivre malgré tout. Elle s'immobilisa finalement, et leva la tête. Autour d'elle, il faisait un peu plus sombre, et il était évident que plusieurs heures étaient passées sans qu'elle s'en rendît compte. Combien, elle n'aurait su le dire, mais midi semblait être passé depuis un moment déjà. Non loin, Aglérasia était installée, dans l'attente d'un signe de la part de la jeune haradrim prouvant qu'elle allait mieux.

- Aglérasia...dit-elle d'une voix enrouée. Je suis tellement désolée...

Elle sentit des sanglots sur le point de la submerger, et elle marqua une pause durant laquelle elle inspira et expira profondément. Elle se sentait sur le point de craquer, sans comprendre vraiment pourquoi. Ou plutôt, elle avait une intuition, mais elle ne désirait pas la laisser se confirmer. Elle avait envie de parler de ce terrible secret, de se confier à quelqu'un, car elle commençait à douter de pouvoir un jour retrouver sa sœur pour accomplir sa vengeance. Et à chaque pas qu'elle faisait en avant, elle sentait son passé la retenir un peu plus, et arracher des morceaux de son esprit pour les engloutir dans le néant. Elle avait l'impression qu'elle allait sombrer avant d'avoir atteint son objectif, et cela la terrifiait. Emergeant à nouveau de ses pensées, elle sentit la présence d'Aglérasia à ses côtés. Quand s'était-elle déplacée ? Elle n'aurait su le dire. Elle détourna le regard, essayant d'essuyer d'un revers de manche ses joues trempées en faisant attention à ne pas bouger son voile.

- Je nous ai fait perdre beaucoup de temps, lâcha-t-elle soudain. Le village de ta sœur est encore loin, nous devrions nous remettre en route immédiatement.

Elle essaya de se relever, mais elle était plus faible qu'elle ne le croyait, et elle retomba maladroitement dans la neige. Elle donna un coup de poing rageur dans la poudreuse, épuisant ainsi ses maigres réserves. Il était évident qu'elle souhaitait ne pas parler de cet épisode, de cet incident, et encore moins de ses douloureux souvenirs, et qu'avancer coûte que coûte était la seule façon qu'elle avait trouvé de ne pas s'effondrer sur le bord du chemin. Mais jusqu'où une telle attitude allait-elle la conduire ? A bout physiquement, elle tourna la tête vers Aglérasia, et lui lança :

- Aide-moi à monter en selle. Je te promets que je ne te ralentirai plus.


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La famille, orage à mépris EmptyDim 11 Aoû 2013 - 23:40
Aglérasia avait installée sa compagne de voyage devant le feu et c’était placé en retrait pour ne pas l’effrayer à son réveil. Elle n’avait jamais vu quelqu’un passer de deux stades d’émotions aussi rapidement. Son attente lui paru très long et elle eu peur que Nesrine ne se réveille pas. Peur ! Peur de quoi ? Pas vraiment une peur en réalité mais plutôt une appréhension. Elle ne la connaissait pas depuis longtemps, mais n’avait pas du tout envie de perdre sa nouvelle compagne de voyage, qui passait de jours en jours au stade d’allier de voyage et qui deviendra probablement son amie enfin espérait Aglérasia. Aglérasia passe une paire d’heures à regarder la jeune femme dormir. A plusieurs reprises Aglérasia sursauta au moment où Nesrine faisait des gestes assez bruts qui révéla qu’elle ne dormait pas agréablement. Pendant tout le temps de son sommeil, Aglérasia s’interrogea sur ce qui avait bien pu arriver à Nesrine. Pourquoi juste le faite d’avoir abordé le sujet, elle s’était mis da ns cet état.

Soudain Aglérasia vit Nesrine se redresser et l’appeler doucement. Aglérasia se rua en délicatesse mais assez rapidement à ses coté et entendit doucement la suite de sa phrase. Aglérasia attendit un moment afin de savoir si Nesrine allait terminer sa phrase mais remarqua qu’elle fut surprise de la voir à ses cotés. Face à cet état de surprise Aglérasia décida de ne rien dire et se contenta de poser sa main sur l’épaule de la jeune femme.


Soudain Nesrine lâcha une phrase emplie d’un sentiment de culpabilité. Aglérasia fit un sourire à son encontre et lui répondit :

« Ne t’inquiète pas pour ça, je ne pense pas que le village va se déplacer. Prend ton temps. »

Le fait que Nesrine veuille fuir ce campement improviser, annonça clairement que ce ne serais pas cette fois-ci qu’Aglérasia aurait sa réponse. Aglérasia emboita directement le pas de Nesrine qui se força déjà de monter à cheval avant d’être résolu à devoir demander de l’aide à Aglérasia.

C’est ainsi que les deux cavalière reprirent la route vers le village inconnu. Aglérasia ne s’éloigna pas de Nesrine au cas où celle-ci, encore affaiblit, tombe de sa monture.



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La famille, orage à mépris EmptyMer 14 Aoû 2013 - 13:33
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Nesrine se sentait affreusement mal à l'aise dans la situation où elle se trouvait, et le regard bienveillant que lui offrait Aglérasia ne faisait rien pour l'arranger, bien au contraire. Elle avait l'impression, quand celle-ci lui disait "ne t'inquiète pas", qu'elle voulait en réalité lui faire comprendre qu'elles avaient effectivement perdu beaucoup de temps, et que ça n'avait plus d'importance désormais. Mais ça en avait, justement ! Ou plutôt, ça aurait dû en avoir. Et pourtant, en regardant les yeux de la voyageuse, la jeune haradrim ne parvenait pas à lire de colère, de contrariété, ou quoi que ce fût qui put laisser à penser qu'elle lui en voulait. Il n'y avait rien qu'une inquiétude sincère, et qu'une sollicitude touchante. Quelque chose auquel Nesrine n'avait jamais été habituée. Elevée à la dure, formée pour se méfier de tout et de tout le monde, on lui avait enseigné à dompter sa fatigue, au point de repousser le sommeil de plusieurs jours, pour ne jamais être vulnérable. Mais comment ne pas faire confiance à la bonté qui se dégageait des gestes et des paroles de cette femme bien étrange ? Aux yeux de la femme du Sud, son comportement paraissait bien naïf, et pourtant elle avait prouvé qu'elle savait se défendre seule. Une éducation totalement différente qui aboutissait néanmoins à des résultats tout à fait exceptionnels. Cela semblait impossible :

- Tu es une personne bizarre, Aglérasia... J'aimerais bien visiter ton pays pour voir si tous les gens là-bas sont comme toi...

Ses paroles semblaient n'avoir aucun sens, peut-être aussi à cause de son trouble émotionnel encore vif. Elle semblait en effet avoir encore du mal à se remettre, et ce ne fut qu'avec l'aide de la Rhûnadan qu'elle parvint à se mettre en selle - au prix de gros efforts, car elle n'avait jamais vraiment appris à monter correctement, et cette fois elle fut bien contrainte d'utiliser les étriers. Une fois en selle, elle fit un effort pour rester concentrée, et inspira profondément l'air frais et piquant de l'hiver du Nord. Il avait un goût étrange, mais pas déplaisant, et son esprit retrouva un peu de clarté. Les vannes qui avaient été ouvertes et qui avaient déversé un torrent d'émotions douloureuses furent refermées, et elles se remirent en route à un rythme lent, d'abord. Les chevaux allaient au pas, leurs sabots s'enfonçant dans la neige en produisant un craquement caractéristique, qui venait rompre le silence ambiant. Il n'y avait que dans le désert que Nesrine s'était déjà retrouvée dans un endroit aussi calme, et elle trouvait cela formidablement apaisant. Aglérasia fut suffisamment prévenante pour éviter de revenir sur le sujet que la jeune femme se refusait à aborder, mais cela n'empêcha pas cette dernière de gamberger. Elle avait fait en sorte d'être préparée pour la prochaine fois où on lui poserait la question depuis que la voyageuse avait montré de l'intérêt pour son voile, mais le moment venu, elle avait été totalement submergée.

Cette prise de conscience brutale du fait que la blessure qu'elle croyait guérie était encore béante lui fit se poser des questions. Ce voile demeurait pour elle comme le stigmate d'un passé effroyable dont elle n'arrivait pas à se défaire, et qu'elle traînait partout comme un boulet. Elle était chaque jour convaincue de pouvoir en parler, et chaque second qui passait la confortait dans cette idée. Jusqu'à ce que l'on abordât finalement la question, et qu'elle s'effondrât, incapable de dire un seul mot. Une telle situation ne se présentait pour ainsi dire jamais, mais depuis que Nesrine et Aglérasia s'étaient rencontrées, c'était la seconde fois qu'elle éprouvait un malaise. La douleur intolérable qui enserrait son cœur à ce moment menaçait de la broyer de l'intérieur, et elle avait l'impression qu'on la compressait dans un étau jusqu'à la rompre. Une sensation détestable qui lui donnait envie de vomir, et qui mettait surtout en lumière toute la fragilité qu'elle tentait de dissimuler.

D'un côté, Nesrine était heureuse de n'avoir pas cédé à ses angoisses devant un adversaire, ou dans une situation dangereuse. Elle était donc toujours en vie, et toujours capable d'affronter les problèmes. Cependant, même son assurance légendaire venait d'être ébranlée par ces deux attaques de panique successives, et elle était encore plus attristée car cela s'était passé deux fois vis-à-vis de Aglérasia. Elle aurait voulu se montrer forte pour l'impressionner, pour lui montrer que les femmes du Sud aussi avaient leur caractère, et pour essayer de ne pas rester dans l'ombre de ses incroyables talents martiaux. Mais au lieu de quoi, elle se retrouvait prostrée comme une enfant malade, incapable de monter sur sa selle et incapable de réfléchir correctement. C'était à la fois une humiliation cuisante devant son amie, et une menace qui planait au-dessus de sa tête en permanence. Tant qu'elle serait paralysée par cela, elle resterait vulnérable face à ceux qui auraient vent de son secret, et qui tenteraient de l'utiliser contre elle. Mais le fait de l'éradiquer était-il aussi simple que le fait de le vouloir ?

- Aglérasia, je... Commença-t-elle, rompant le silence qui les englobait depuis quelques temps. C'est au sujet de...

Elle était sur le point d'en dire plus, quand un sifflement l'alerta.

- Attention !

Elle avait crié sans réfléchir, et s'était jetée sur Aglérasia. Leurs chevaux allaient côte à côte, et il lui fut facile de pousser la cavalière de selle, l'envoyant proprement s'étaler dans la neige glaciale. Cependant, cela lui sauva probablement la vie, car une seconde plus tard, une flèche fendait l'air précisément à l'endroit où la jeune femme s'était trouvée. Nesrine, emportée par son élan, tomba entre les deux équidés qui, paniqués par cette soudaine agitation, se mirent à bouger de manière irréfléchie. La jeune haradrim leva les mains pour se protéger d'un coup de sabot potentiellement fatal, puis rampa dans la poudreuse en crachant de la neige qu'elle avait malencontreusement avalé. Les deux chevaux étaient en panique, et ils projetaient une fine poussière blanche autour d'eux au rythme de leurs chahuts. Une seconde flèche siffla, mais elle ne toucha pas Nesrine, qui pour l'heure était bien incapable de se préoccuper de quelqu'un d'autre qu'elle même. Elle ne voyait rien sinon les jambes de leurs montures, et était bien incapable de localiser la provenance de l'attaque.

- Aglérasia ! Aglérasia ! Hurla-t-elle tout de même, dans l'espoir que la jeune femme n'avait rien.

Un nouveau trait siffla aux oreilles de la jeune haradrim, et cette fois elle l'entendit distinctement tomber, et se planter dans la neige non loin de sa tête. Elle leva les yeux vers le trait fiché dans le sol, et se douta directement, au regard de l'angle, qu'il s'agissait d'un tir en cloche. L'homme ne pouvait pas les abattre directement, et il tentait de les toucher par-dessus leurs montures. Cela changeait la donne, et lui donnait une ouverture pour se mettre en sécurité. Elle pataugea un peu pour se relever, et s'élança aussi rapidement que le lui permettaient ses jambes prises par l'étau immaculé jusqu'à l'arbre le plus proche, pour se cacher derrière. Un quatrième trait siffla, et cette fois-ci, le sang coula. Elle sentit une morsure froide le long de son cou, alors que la flèche ne faisait que l'érafler à la gorge. Cependant, déstabilisée par la surprise et la force du projectile, elle s'écroula dans la neige. Là, elle réussit péniblement à ramper jusqu'à un couvert à peu près sûr - un arbre comme il y en avait tant -, avant de crier à nouveau :

- Aglérasia !

Puis elle la vit. La voyageuse se trouvait dans dans la même posture, adossée à un arbre qui la protégeait sommairement des tirs. Ses vêtements étaient couverts de neige, et elle était probablement aussi glacée que l'était Nesrine en cet instant. Cette dernière examina sa compagne de route pour voir si elle allait bien, et ne constata aucune blessure apparente. Puis elle se souvint qu'elle avait été touchée, et elle passa la main sur le côté de son cou afin de constater les dégâts. Il y avait une vilaine éraflure qui saignait beaucoup, mais qui n'était pas profonde. Il faudrait la soigner en temps utiles, mais pour l'heure elle pouvait très bien continuer le combat sans s'en soucier particulièrement. Elle sentait le liquide poisseux glisser sur sa peau, et couler sur son dos. La sensation était particulièrement désagréable, et lui donna envie d'en finir vite pour abréger ce sentiment de malaise que causait la lente coulée vermeil qui descendait peu à peu sur ses omoplates. Anticipant la question que risquait de lui poser Aglérasia, elle cria juste assez fort pour être entendue :

- Je vais bien, ce n'est rien !

Elle mentait de toute évidence, car la blessure piquait et elle avait l'impression qu'on venait d'essayer de lui arracher la tête. Et elle n'était pas loin de la vérité, car quelques centimètres plus à droite, et c'était sa nuque qui prenait. Et alors, elle n'aurait pas eu de deuxième chance. La mort assurée. Elle inspira profondément pour chasser ces pensées, et se concentrer sur les difficultés présentes et à venir. Comme pour se rassurer, elle sortit ses dagues de leur fourreau, et se tint prête au combat. Elle échangea un regard avec Aglérasia, et analysa la situation de son côté, peu désireuse de parler pour révéler sa position à l'archer qui devait sans doute les prendre encore pour cible.

Dans sa tête, le tableau était sombre. Elles étaient trop éloignées l'une de l'autre pour communiquer et concevoir un plan d'action cohérent, mais suffisamment proches pour que l'archer, de là où il était, pût les mettre en joue toutes les deux sans avoir à changer d'angle. Elles ne savaient pas où il se trouvait, et donc risquaient d'être tuées si elles sortaient, ou bien s'il envisageait de se déplacer. Elles n'avaient pas d'armes longue portée, ce qui signifiait qu'elles seraient obligées de s'approcher très près pour pouvoir s'en débarrasser. Et enfin, pour couronner le tout, elles étaient séparées de leurs chevaux.

Les choses se présentaient mal, et alors que Nesrine réfléchissait, une solution s'imposa à son esprit. Une solution dangereuse, et qui exigeait une bonne coordination, mais qui pouvait fonctionner si elles étaient assez solidaires. Et comment deux personnes pouvaient être plus solidaires que lorsqu'elles souhaitaient échapper à une mort venue les cueillir simultanément ? Nesrine se tourna vers Aglérasia. Elle avait le souffle court, et sa stratégie lui paraissait pleine de failles, mais c'était la seule à laquelle elle avait pensé en un temps aussi bref. Peut-être sa compagne avait-elle trouvé autre chose, mais il fallait agir vite, de toute façon, elle n'était pas partisane des plans trop compliqués. De toute évidence, la Rhûnadan réfléchissait aussi de son côté, et si elle n'était pas arrivée aux mêmes conclusions, tant pis :

- Hey...Pssst ! Lâcha-t-elle pour capter son attention. Je fais diversion, et toi tu t'en débarrasses. Je te dois bien ça !

Elle ajouta un clin d'œil à sa phrase, mais elle était bien consciente qu'elle ne tiendrait pas le beau rôle dans l'histoire. Elle avait de bonnes chances d'y laisser la vie. Cependant, Algérasia avait risqué la sienne pour la sauver, et elle devait au moins lui rendre la pareille pour se sentir quitte. La voyageuse répondit quelque chose, mais le vent emporta ses paroles. Etaient-ces des encouragements ? Une mise en garde ? Voulait-elle lui faire part d'une meilleure idée ? Impossible à savoir, mais Nesrine s'en fichait, au fond. Elle était bien trop indisciplinée pour se plier à une idée compliquée et à une tactique élaborée. Avec un cri de rage, elle sortit de sa cachette, et s'élança droit devant. Une première flèche partit dans l'air, en vrombissant, révélant la position du tireur, qui s'était abrité derrière un talus, et qui les étrillait sans relâche. En hauteur, il dominait la situation, et la seule chance d'Aglérasia de passer inaperçu était de contourner en restant sous le couvert des arbres. Mais cela signifiait laisser Nersine exposée plus longtemps. La jeune femme avait plongé habilement sur le côté pour éviter la première attaque, et elle se relevait à présent pour continuer sa course suicidaire vers la position de l'archer. Si Aglérasia désirait agir, c'était maintenant ou jamais.


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La famille, orage à mépris EmptyMer 14 Aoû 2013 - 15:37
Aglérasia regardait attentivement Nesrine et ne sut que lui répondre à sa phrase. Elle lui posa une main encourageant sur son épaule et l’aida à monter à cheval. Durant le voyage Aglérasia apprécia au même titre que Nesrine ce silence qui les entoura. Elle ferma les yeux et se laissa bercer au rythme du vent et des sabots des chevaux. C’est ainsi qu’Aglérasia essaya de reposer son esprit en temps normale, et le fait de pouvoir le faire après tant de soucis lui procura un bien énorme.

Soudain Aglérasia entendit son prénom, elle ouvrit ses yeux doucement et se tourna ver Nesrine qui avait l’air embarrassé. Nesrine commença une phrase d’un ton gêné avant de crier d’un seul coup. Aglérasia n’eut pas le temps de demander la cause de se crie. Elle se retrouva par terre, allongée dans la neige. Le froid ne se fit pas sentir de suite, ce fut que quelques secondes plus tard alors que sa cape fut mouiller que la froideur de l’hiver fit son retour contre le corps d’Aglérasia.

La première rection d’Aglérasia en découvrant qu’elle était à terre fut de se redresser l’égerment pour éviter tout danger et de chercher Nesrine à proximité. La seule chose que put apercevoir Aglérasia ce fut de voir les chevaux se cabrer avant de bouger dans tous les sens. Elle ne vit aucun signe de Nesrine et sut qu’elle se trouva au milieu qu’au moment où elle entendit Nesrine appeler son prénom. Rassurée que Nesrine allait bien, Aglérasia se mit à courir, en étant le plus porche de la terre ferme, en direction des arbres qui se trouvaient non loin. Apres quelques instants, elle vit Nesrine arriver derrière un arbre proche d’elle. La seule chose qu’Aglérasia vit cependant en voyant Nesrine ce fut cette tache rouge qui s’étendait à vu d’œil. Elle n’eut cependant aucunement le temps de poser la question qui était de circonstance, car Nesrine l’anticipa et répondit qu’elle allait bien. Aglérasia se mit à réfléchir à comment pouvoir venir à bout de cet adversaire jusque là invisible et dégaina spontanément ses armes.

Soudain elle entendit un ‘Pst’ arriver d’un des arbres voisin et Nesrine commença à énumérer le plan qu’elle avait choisi. Aglérasia eut tout juste le temps de répondre qu’elle était d’accord, que Nesrine se précipita déjà à découvert. Le premier point du plan fonctionna à merveille. A présent les deux jeunes femmes savaient exactement où se trouvait leur adversaire. Cependant quand Nesrine du se jeter à terre pour éviter une flèche, Aglérasia mesura alors l’ampleur des risques. Aglérasia ne réfléchit pas longtemps et se mit à courir en direction de l’agresseur. Mais quand elle vit que l’archer tirait à une cadence très importante, Aglérasia décida de modifier un tant soit peu le plan de Nesrine. Aglérasia savait que ça ne plairait pas à Nesrine, mais elle ne pouvait accepter à présent de risquer de la perdre à nouveau.

C’est alors qu’Aglérasia, trouvant qu’elle était assez éloignée de Nesrine s, se mit à hurler afin de rendre à l’agresseur ses deux cibles afin de diviser sa concentration par deux. L’agresseur dut à ce moment la faire attention à deux cible ce qui permit aux jeunes femmes de se rapprocher plus vite. En effet le faite d’avoir deux cibles le forçait à changer de proie à chaque tir et du coup ralentir sa cadence de tir. Aglérasia espéra que Nesrine ne lui en voudrais pas trop et c’est ainsi, qu’au moment où elle pensa à cette question, qu’elle arriva assez prêt de son agresseur pour lui envoyer une dague qui se planta directement dans le visage de celui-ci. Alors que l’archer s’effondra sur lui-même, Aglérasia s’effondra à son tour.

En effet au moment où l’archer prit la lame en pleine figure, il relâcha l’emprise que ses doigts exercer sur la corde de son arc et la flèche parti se loger dans l’épaule d’Aglérasia. Aglérasia n’eut pas le réflexe de hurler. Se trouvant à présent dans la neige, Aglérasia sentit la douleur et se mit alors à crier le prénom de Nesrine.

Alors que celle-ci arriva, la seule chose qu’Aglérasia pensa à lui dire fut :

« Excuse-moi, j’ai changé les plan mais vu à la vitesse que cet archer tirer il était impossible que tu passe au travers de tous ses tirs. Excuse – m… »

Aglérasia ne réussit pas à finir sa phrase, mais sentit un voile se poser sur elle et elle sombra dans un sommeil qu’elle ne put refuser.



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La famille, orage à mépris EmptyMer 14 Aoû 2013 - 21:07
La famille, orage à mépris Fille_11

Au moment où Nesrine sentit la première flèche siffler à côté de ses oreilles, elle sut qu'elle n'avait aucune chance de s'en sortir. En terrain dégagé, elle était une cible facile. Trop facile. Elle aurait éventuellement pu avoir chance sur un sol stable : de la pierre, du marbre, de la terre battue ou n'importe quoi dans lequel elle ne s'enfonçait pas d'au moins vingt centimètres. Mais là, elle avait l'impression de devoir échapper à la mort avec des enfants accrochés aux jambes. Des enfants particulièrement collants, comme elle ne les supportait pas. Le genre de sales bêtes qui peuvent vous faire vous prendre une flèche. La jeune haradrim se releva aussi rapidement que possible. Son vêtement était alourdi à cause de la neige qui s'y était déposée, et c'était comme si elle avait sur les épaules des poids de dix kilos, qui la ralentissaient et la gênaient dans ses mouvements. Elle était gelée, à cause du froid ambiant, de ses plongeons répétés dans la poudreuse, et de son impossibilité à bouger suffisamment vite pour se réchauffer. Pourtant, son cœur battait la chamade, mais c'était probablement plus à cause de la peur qu'elle éprouvait en cet instant qu'autre chose. Elle se débarrassa finalement de sa veste au second tir, et la flèche vint se ficher dans l'épaisse fourrure qui jusqu'alors couvrait sa hanche. Si elle s'était obstinée à la garder, sa vie se serait achevée ici. Plus légère, elle en profita pour accélérer. Cependant, elle était bien consciente que la prochaine fois qu'elle toucherait le sol, elle finirait gelée sur place. Sa peau nue était celle d'une femme du Sud, et elle ne supporterait pas de se vautrer dans un manteau dont la température était inférieure à zéro.

Levant la tête pour voir où se trouvait le tireur, elle se rendit compte qu'elle n'avait presque pas avancé, et qu'elle s'était contentée de bouger latéralement. Cela lui permettait de gagner un peu de temps, mais si elle voulait vraiment se montrer menaçante, et attirer l'attention du tireur, elle devait absolument aller vers lui, avancer encore et toujours, afin de donner une toute petite chance à Aglérasia d'arriver jusqu'à lui. Même si cela signifiait se rapprocher de l'engin de mort qu'il maniait, réduire le trajet de la flèche, et donc réduire ses chances de l'éviter. Elle ne savait même pas si la voyageuse avait compris son plan, ou si elle avait commencé à bouger. Peut-être, songea-t-elle brutalement, était-elle en train de faire tout cela pour rien. Peut-être sa compagne de route en avait-elle profité pour s'enfuir, et était-elle en ce moment en train de gagner le village de sa sœur. Nesrine se rendit compte que c'était ce qu'elle aurait fait, si leurs places avaient été inversées. Elle aurait saisi sa chance sans hésiter, et elle ne pouvait pas reprocher à la femme du Rhûn de faire de même.

Alors qu'elle sentait le désespoir la gagner, accentué par la fatigue qu'elle ressentait, ainsi que le froid qui l'enserrait, elle entendit un hurlement sur son côté. Elle et l'archer tournèrent la tête dans la même direction, pour découvrir Aglérasia qui faisait de grands gestes et criait afin d'attirer l'attention de l'assassin engagé pour les éliminer. Ce dernier n'hésita pas un seul instant. Il avait sans doute compris qu'il s'agissait d'une diversion, et il avait dû vouloir éliminer Nesrine le plus rapidement possible, pour ensuite se concentrer sur la seconde femme. Mais l'apparition de cette dernière l'inquiétait probablement. Il devait penser qu'elle avait de quoi l'atteindre à distance, et il pivota vers elle pour l'abattre avant qu'elle n'eût le temps de tirer, quelle que fût son arme. Sa flèche partit en trombe, mais il avait visé trop vite, et avec trop peu de soin, probablement emporté par la panique. Sa flèche passa un bon mètre à côté, et alla se ficher dans le sol en projetant des éclats blancs dans les airs.

Nesrine poussa un rugissement de guerre à son tour, et repartit derechef à l'assaut du talus. Telles deux lionnes se jetant sur une proie depuis deux directions différentes, elles montèrent à l'attaque, évitant avec agilité les traits mortels que l'assassin, désemparé, avait de plus en plus de mal à ajuster. La jeune femme du Sud était sur le point d'achever son ascension quand, par le plus des malheurs, elle dérapa et s'étala de tout son long. Elle poussa une longue plainte en sentant la morsure atroce du froid sur sa peau, mais fit tout de même l'effort de se relever. Ce qu'elle vit alors la paralysa. Aglérasia venait d'achever sa course, et elle s'était retrouvée suffisamment près pour utiliser sa dague. Avec un cri de rage, elle la planta droit dans le visage de l'archer, qui dans un dernier sursaut d'orgueil avait tenté de tirer sa flèche. Et il y parvint, avec une chance incroyable. Son trait partit et se ficha à bout portant dans le corps de celle qui venait de le tuer. Avec une précision stupéfiante, Nesrine vit les deux corps tomber au sol : l'assassin avec une lame plantée entre les deux yeux, la face baignée de sang, Aglérasia avec une flèche plantée dans l'épaule. Elle ne poussa même pas un cri, tant la surprise devait être grande et le choc terrible, et s'écroula en arrière, sur le dos.

Pendant une brève seconde, la jeune femme du Sud, toujours à demi allongée dans la neige, crut qu'elle était morte sur le coup. Elle demeura figée, abasourdie, incapable d'accepter la situation. Et puis Aglérasia se mit à crier son nom. Dans sa voix résonnaient des échos de douleur qu'elle ne pouvait pas contenir. Elle devait souffrir atrocement. Nesrine se leva en quatrième vitesse, et rejoignit sa compagne plus vite qu'elle ne l'aurait cru possible. Elle se jeta à genoux à ses côtés, et posa des yeux désemparés sur la blessure monstrueuse qu'elle avait, et qui saignait beaucoup. Son vêtement était tâché de sang, et bientôt elle ne sentirait plus son bras. Il fallait faire quelque chose, mais la haradrim n'était pas docteur, et savait qu'une opération mal réalisée pouvait coûter un membre, voire bien davantage. Alors qu'elle s'arrachait les cheveux, incapable de trouver quoi faire, Aglérasia commença à lui parler.

- Ne parle pas, ma chérie... Garde tes forces ! Supplia Nesrine en reprenant les mots que sa mère aurait utilisés. Je t'en prie, reste avec moi ! Garde les yeux ouverts !

Mais la femme de l'Est semblait sur le point de perdre connaissance. Dans ses yeux, on ne lisait que souffrance, et il paraissait évident qu'elle ne tenait que grâce à son extraordinaire volonté. Les deux femmes se prirent la main, et serrèrent de toutes leurs forces, comme si par là celle qui n'avait rien pouvait absorber la peine de celle pour qui la douleur était insoutenable. Aglérasia, dont les yeux regardaient déjà dans le vague, se perdit en excuses que Nesrine aurait voulu couper. Mais elle n'en eût pas la force, car le ton que la blessée employait était si grave et si terrible qu'elle crut un instant qu'il s'agissait de ses dernières paroles. Elle sentit des larmes lui monter aux yeux, alors qu'elle se rendait compte à quel point elle avait été stupide de croire que cette femme avait pu l'abandonner. Non seulement elle était restée quand elle avait eu l'opportunité de s'enfuir, mais en plus elle avait accepté de prendre un risque inconsidéré pour sauver la vie d'une parfaite inconnue. Et peut-être même qu'elle était en train de donner sa vie.

- Non, tu n'as pas à t'excuser, gémit Nesrine incapable de parler sans sanglots dans la voix. C'est entièrement ma faute ! Je...Aglérasia ! Aglérasia réponds-moi !

La jeune femme secoua la blessée pour la faire réagir, mais celle-ci avait déjà sombré dans le coma. Ses yeux venaient de se fermer, et pendant un instant, on eût cru qu'elle venait de rendre son dernier soupir. Les yeux bleus de la haradrim s'agrandirent, et elle se dépêcha de placer son oreille devant la bouche de celle-ci. Elle capta une respiration, mais elle était faible et irrégulière. Même pour quelqu'un n'ayant jamais opéré, c'était mauvais signe. Nesrine s'arracha les cheveux, et hurla d'impuissance, jurant dans sa langue et dans toutes celles qu'elle connaissait contre l'injustice de cette situation. C'était elle, qui aurait dû se retrouver là, et pas Aglérasia. C'était elle qui avait proposé ce plan insensé, risqué et voué à échouer. C'était elle encore qui avait causé tous ces ennuis, en les emmenant voir Braga. Tout était de sa faute. Depuis le début, la Rhûnadan lui avait sauvé la vie, l'avait tirée d'affaire, et elle n'avait pas été capable de le voir. Elle s'était toujours méfiée, elle s'était toujours mise à douter dès qu'elle perdait pied. Mais en l'espace d'une journée, cette femme venait de lui sauver la vie par trois fois, et désormais, elle était mourante, étendue dans la neige qui semblait attendre de pouvoir se refermer sur son corps pour l'emporter dans les entrailles de la terre.

- Non ! Hurla-t-elle. Non, ça ne peut pas se passer comme ça !

La volonté de la jeune femme était d'acier, et elle n'était pas résolue à voir sa compagne mourir dans ses bras. Agissant instinctivement, elle alla chercher son manteau, et le déposa sur le corps inerte d'Aglérasia, qui semblait déjà en train de pâlir. Elle retira ensuite la dague fichée dans la tête du mécréant responsable de son état, et fouilla son corps à la recherche de quelque chose susceptible de guérir une plaie. Mais il ne portait rien sur lui. Il avait dû venir à cheval, mais il l'avait sans doute attaché loin d'ici, pour s'approcher subrepticement à pied. La petite brune fit donc demi-tour, et alla chercher les chevaux. Fort heureusement, ils ne s'étaient pas trop éloignés, et elle put les retrouver rapidement. Elle les ramena auprès de sa compagne qui gisait toujours, plus proche de la mort que jamais.

Au prix d'un effort immense, elle parvint à la hisser en selle, puis s'installa juste derrière, pour lui communiquer un peu de chaleur. La tête d'Aglérasia reposait contre épaule, et Nesrine referma sur elles deux son manteau épais. D'une main, elle dirigea son cheval, attaché par une corde simple à celui de sa compagne. De l'autre, elle s'assurait que celle-ci ne tombât pas de selle, et qu'elle demeurât dans une position confortable. Elle ignorait si cela avait un impact sur elle, mais elle ne pouvait pas la considérer autrement que comme une personne vivante, et devait la maintenir dans la posture de quelqu'un de vivant. Dans la même logique, elle faisait en sorte de lui parler autant que possible. Elle avait l'intuition que cela pouvait l'aider à tenir. Peut-être que dans les ténèbres, elle entendrait une voix émue lui dire :

- Tiens bon ! Tiens bon ! Je vais te sortir de là ! Tiens bon !


~~~~


Quand Aglérasia ouvrit les yeux, elle était installée sur un lit simple, emmitouflée dans une épaisse couverture. Elle se trouvait dans une maison en bois, et il y faisait bon grâce à la présence d'un feu de bois qui crépitait joyeusement dans l'âtre. Une odeur de cuisine se faisait sentir. La jeune femme avait probablement encore mal à l'épaule, et était incapable de bouger le bras droit, mais elle n'avait plus de flèche plantée dans le corps, et c'était déjà ça.

Nesrine avait chevauché pendant de longues heures, demandant aux bêtes plus qu'elles n'en pouvaient. Considérant qu'il valait mieux avancer plutôt que faire demi-tour pour tomber sur de nouveaux ennemis, elle avait poussé plus loin vers le village qu'elles cherchaient à atteindre. Mais alors que la nuit tombait, le vent s'était levé, et avait gêné leur progression. Elle avait mis plus longtemps que prévu à trouver des habitations, et ce fut finalement alors qu'il régnait une obscurité presque palpable qu'elle avait frappé à la porte d'une maison en bois. On ne lui ouvrit pas tout de suite, bien entendu. Les gens d'ici étaient méfiants, à cause des brigands, bandits et autres maraudeurs qui pouvaient rôder et qui parfois se montraient dangereux. La jeune haradrim, au comble du désespoir, s'était mise à implorer :

- Je vous en supplie ! Par pitié ! Mon amie est blessée et elle va mourir ! De grâce ! Ouvrez !

Elle avait continué ainsi pendant un moment, puis avait fini par croire que personne ne lui ouvrirait jamais. Et puis finalement, elle avait entendu le bruit d'une serrure, et vu un interstice s'ouvrir. Un homme avait passé le nez par l'entrebâillement, et l'avait observée des pieds à la tête. Pour sûr, son accoutrement n'avait rien de très habituel par ici, et il avait eu l'air fort surpris. Mais en posant les yeux sur Aglérasia, que Nesrine soutenait tant bien que mal, et plus précisément en voyant la flèche qui dépassait de son corps, l'homme avait ouvert en grand la porte, et les avait invitée à rentrer. La haradrim n'avait jamais autant remercié quelqu'un de toute sa vie :

- Marta ! Marta ! Bon sang va vite me chercher une bassine d'eau et une pince ! Et des linges propres !

Il n'avait pas posé de questions, et s'était contenté de conduire les deux femmes dans une chambre, où avait été installée la blessée. Nesrine avait voulu assister à l'opération, rester présente tout du long, mais le chef de famille avait déclaré qu'il préférait être seul pour ce genre de tâches. Il avait besoin de concentration, pas de quelqu'un qui risquait de s'émouvoir au moindre signe inquiétant. Et des signes inquiétants, il y avait lieu d'en avoir, car la flèche était restée plantée pendant un moment, et le froid n'avait rien arrangé. Il prit une vingtaine de minutes pour enlever le trait, ce qui laissa le temps à Marta de servir un thé bien chaud à la jeune haradrim qui, sans s'en rendre compte, s'était mise à trembler de froid. Cette bonne dame avait même eu la gentillesse de lui apporter une couverture pour l'aider à tenir. Finalement, le mari avait terminé son extraction, et avait réquisitionné les deux femmes pour l'aider à fabriquer un cataplasme, un baume aux plantes, et un pansement. Elles avaient mis tout leur cœur à l'ouvrage, et avaient travaillé avec application. Nesrine n'avait jamais fait preuve d'autant de discipline durant toute sa vie. Cependant, une fois le travail terminé, elle n'avait pas pu constater d'amélioration notable. L'homme lui dit alors :

- Nous avons fait tout ce que nous pouvions. Maintenant, c'est à elle de se battre. Vous devriez aller dormir.

- Non, je reste ici, avait rétorqué la jeune haradrim sur un ton qui ne souffrait aucune contestation.

Et elle était restée. Quatre jours durant. Elle n'avait pas dormi un seul instant, avait très peu mangé, et était restée dans la même position ou presque, installée par terre au chevet de la patiente. Elle avait espéré à chaque signe indiquant qu'elle reprenait un peu d'énergie. Elle avait craint à chaque fois qu'une ombre de douleur passait sur son visage. Elle avait attendu ainsi, méprisant son corps qui lui réclamait du sommeil et de la nourriture, ne s'absentant que quelques minutes par jour tout au plus. Elle tenait à être là au réveil d'Aglérasia. Et ce fut le cas.

Lorsque la jeune femme émergea de son sommeil profond, et qu'elle ouvrit les yeux, alors même qu'elle devait encore se demander où elle était, une de ses premières visions fut le visage de Nesrine, inondé de larmes. La jeune femme s'agenouilla à côté du lit, et caressa le front brûlant de la patiente :

- Oh je suis tellement désolée ! Eclata Nesrine, qui n'avait presque pas dit mot depuis son arrivée ici. Pardonne-moi ! Pardonne-moi ! Tout ça c'est de ma faute !

Elle se pencha vers Aglérasia, et déposa un baiser sur son front à travers le voile qu'elle portait. Un geste étrange devenu habituel pour elle. Entendant les voix dans la chambre, le couple était rentré après avoir frappé. La haradrim se tourna vers eux, et les présenta en quelques mots :

- Voici Viktor, et voici sa femme Marta. Ce sont eux qui t'ont sauvé la vie...

Le mari prit la parole, d'une voix grave et chaleureuse :

- Votre amie vous a ramenée jusqu'ici en pleine nuit. Vous lui devez aussi beaucoup.

- D'autant, ajouta sa femme, qu'elle n'a pas fermé l'œil depuis quatre jours. Elle vous a veillé tout du long.

Rien ne pouvait infirmer cela. Il suffisait de voir le visage marqué de la haradrim. Elle avait des cernes profondes, et ses yeux étaient rougis, pour ne pas dire injectés de sang. Elle semblait avoir maigri au niveau des joues, et son teint était plus terne qu'avant. Mais à ses yeux, elle allait parfaitement bien en comparaison d'Aglérasia. Viktor reprit alors la parole, et conclut sagement :

- Vous êtes dans un sale état toutes les deux, mais au moins vous êtes vivantes. Je suis ravi de vous avoir sous mon toit. Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous ferait plaisir ? Vous devez mourir de faim et de soif, mais vous préférez peut-être prendre un bon bain chaud d'abord. Dites-nous, je vous en prie.


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Dernière édition par Ryad Assad le Jeu 15 Aoû 2013 - 10:37, édité 2 fois
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La famille, orage à mépris EmptyJeu 15 Aoû 2013 - 1:43
Aglérasia, qui avait à présent les yeux fermer, entendit les paroles de Nesrine mais ne pu réagir de quelque façon que ce soit. Soudain Aglérasia entendit une deuxième phrase mais de très loin comme si Nesrine se trouvé au fin fond d’une grotte avant de déconnecter avec le monde réel.

Aglérasia partit ainsi dans un monde de transition. Elle ressentait une douleur mais n’avait pas mal, elle dut en permanence se concentrer sur sa respiration pour ne pas suffoquer et ne sentit quasiment plus la présence de son corps. La seule chose qu’elle pouvait voir et ressentir fut cette scène où la flèche se planta dans son épaule. Elle revivait ainsi de très nombreuse fois la scène en se demandant comment elle aurait pu l’éviter.

Ce fut bien des heures pour elle, mais des jours en réalité, plus tard qu’Aglérasia quitta se monde de transition pour revenir parmi le monde réel. Elle sentit une présence mais ne pu ouvrir les yeux. Elle essaya de se remémorer d’où venait cette senteur agréable et cette chaleur. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas sentit une telle sensation agréable. Soudain elle réussit à entrouvrir ses yeux et fut ravi de voir le visage de Nesrine, bien que celui-ci avait légèrement changé, mais fut surprise de voir Nesrine en larme. Aglérasia sentit à peine les caresses que Nesrine lui fit sur son front, mais cela lui procura une sensation de bien-être. Nesrine se fendit en excuse, mais Aglérasia ne comprenant pas pourquoi elle lui présenta des excuses, sortie tant bien que mal une seule phrase :

« As-tu récupéré ma dague ? »

Elle lança un sourire complice à sa compagne de voyage et afficha de suite une grimace de douleur sur le visage. Aglérasia fut surprise de voir une nouvelle marque d’affection de la part de Nesrine, mais l’accepta sans dire un mot. La seule chose qu’elle fit en retour était un clignement des yeux bien prononcé qui la remercia.
C’est alors qu’entra une femme et un homme qu’Aglérasia n’avait jamais vu. Elle en déduit que se fut les propriétaires de cet havre de paix et de confort, ce que Nesrine confirma en les présentant comme ses sauveurs. Cependant le mari refusa de porter cette vaillance tout seul et tenu à partager que ce fut grâce à Nesrine qu’elle se trouvait à présent dans sa demeure. Marta, la femme de l’homme qui l’avait soigné", tenu à préciser que Nesrine était restée les quatre jours durant à son coter sans fermer l’œil. C’est à ce moment qu’Aglérasia prit la parole. Elle parla doucement et non sans difficulté.

« Cela fait vraiment quatre jours que je suis ici ? C’est vrai que tu n’as pas l’air en bon état. Tu n’étais pas obliger de veiller de la sorte sur moi. Tu aurais du te reposer. »

Aglérasia ferma un instant les yeux puis les rouvrit doucement. Viktor leur fit rappeler qu’elles étaient toute deux dans un sale état mais qu’il fut ravi de les avoir chez lui et qu’il voulait savoir se dont elles avaient besoin.

Anglerais se remit à parler et retrouva sa quasi-totale maitrise du langage.

« Je vous remercie pour tout ce que vous avez accomplis. Merci à vous. Je veux bien un verre d’eau et je prendrais bien une douche si cela est possible. »

Viktor et Marta acquiescèrent et partirent tous deux chercher ce que Nesrine te Aglérasia demandèrent ainsi que préparer la douche. Aglérasia profita de se moment seul avec Nesrine afin d’essayer de détendre l’ambiance lugubre qui flânait dans la pièce.

« Tu vois je te l’avais dis que tu ne nous avais pas retardé. J’ai fais mieux que toi. »

Aglérasia essaya de se lever mais retomba assis sur son lit. Elle se ressaisit et passa machinalement les mains dans le dos. Brusquement elle regarde autour d’elle.

« Ou sont mes dagues et mes vêtement ? Ma cape ou est-elle ? J’en ai besoin. »

Aglérasia était paniquée. En effet elle ne supportait pas de ne pas être armée. Ses dagues n’étaient pas de simples armes, c’était bien plus que ça, elles faisaient vraiment partit d’elle.

Une fois ses armes récupérées et ses habilles enfilé, Aglérasia se prépara au retour de Viktor et Marta. Elle prit le verre d’eau que Viktor lui tendit et le but par petite gorgée. Elle suivit ensuite Marta vers la salle d’eau mais se retourna vers Nesrine avant de sortir de la chambre.

« Ne part pas hein. Et profites-en pour te reposer un peu. »

Elle fit un clin d’œil à Nesrine et suivit Marta jusqu’à la salle d’eau. Marta lui annonça qu’elle lui  avait préparé un bain, que ce serais plus agréable pour elle, elle lui tendit des serviettes et sortie da la pièce.
Viktor quand à lui, proposa à Nesrine de suivre les conseils d’Aglérasia et la laissa à son tour seul dans la chambre.

Aglérasia se dévêtu et pu voir dans le miroir la cicatrice qui était en train de se former à l’endroit de l’impact de la flèche et de suite lui revint en tête les images de son impact avec son adversaire. Elle eut la tête qui tourna subitement et s’assit aussitôt  à terre. Une fois l’étourdissement passé, elle se glissa dans le bain et profita de la chaleur que celui-ci lui procura.

Ce fut comme si elle se retrouva chez elle. Un endroit bien entretenu mais surtout sans danger. Alors qu’elle failli se rendormir, tellement le bain lui procura une sensation de bien être, elle décida de sortir, s’essuya et se rhabilla. Elle prit soin de remettre en place se dagues dans son dos et pis constata avec surprise que sa cape avait été réparé et nettoyer. Elle descendit et regarda Marta.

« Je suppose que c’est vous qui avait réparé l’orifice dans ma cape et l’avez nettoyé. Je vous en remercie. Je ne saurais comment vous remercier de tout ce dont vous avez fait pour nous. Si cela ne vous dérange pas je retourne dans la chambre. »

Viktor lui répondit qu’il n’y avait pas de soucis et lui annonça qu’il leur avait déposé deux repas dans celle-ci.
Aglérasia entra dans la chambre sans faire de bruit et se fut à son tour de s’asseoir au pied du lit et de contempler Nesrine dormir.



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La famille, orage à mépris EmptyJeu 15 Aoû 2013 - 13:15
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Nesrine s'était précipitée au chevet d'Aglérasia dès lors que celle-ci avait commencé à s'agiter, prouvant qu'elle émergeait peu à peu de son coma. C'était un véritable réconfort que de la voir ouvrir les yeux, mais comme l'avait laissé entendre Viktor, la blessure était grave, et elle n'avait pas été soignée dans les plus brefs délais. De fait, la jeune haradrim attendit avec une impatience teintée d'anxiété les premiers mots de la convalescente, qui paraissait encore groggy, et qui semblait ne pas se rendre compte d'où elle était pour l'instant. D'une voix pâteuse, ses premières interrogations furent concernant sa dague, l'arme avec laquelle elle avait mis fin aux jours de leur agresseur. Nesrine sourit derrière son voile, et se disant qu'elle aurait probablement posé exactement la même question si les rôles avaient été inversés. Pour deux femmes dans leur situation, leurs armes constituaient leur seule chance de survivre dans un monde qui cherchait constamment à les maltraiter. Elles étaient comme des alliées d'acier qui leur avaient sauvé la vie à de nombreuses reprises. Plus proches que des sœurs, elles en avaient besoin autant qu'elles avaient besoin d'un cœur ou de poumons.

Comprenant probablement mieux que personne ce que ressentait la jeune femme alitée en cet instant, Nesrine s'empressa de tirer à elle un sac en cuir, qu'elle ouvrit. Elle plongea la main dedans, et en sortit les armes de la jeune femme :

- Tiens... J'ai veillé sur elle pour toi.

Elle voulut ajouter quelque chose, comme si la situation exigeait qu'elle parlât, qu'elle déclarât à Aglérasia qu'elle avait mené une enquête, qu'elle savait qui avait voulu les tuer, qu'elle avait réussi à déjouer les plans de Braga, qu'elle avait trouvé des informations sur sa sœur. N'importe quoi qui eût pu les faire avancer. Qui eût pu justifier leur arrêt de quatre jours. Mais elle n'avait rien à dire, pour la simple et bonne raison qu'elle n'avait pas avancé d'un pouce pendant que la Rhûnadan était inconsciente. Et étrangement, ce n'était que maintenant qu'elle émergeait de son sommeil qu'elle se rendait compte de cela. Encore une fois, elle s'était laissée emporter par ses émotions, et au lieu d'agir utilement, elle s'était morfondue, et était demeurée au chevet d'une personne qui n'avait pas besoin d'elle. Se rendant compte du ridicule de la situation, elle sut gré à Viktor et Marta de pénétrer dans la pièce à ce moment-là, pour dissiper sa gêne et son trouble.

Cependant, ils n'assumèrent pas totalement le rétablissement d'Aglérasia, et tinrent à préciser que Nesrine y avait participé. Cette dernière ne se souvenait pas d'avoir fait quelque chose de particulier, et elle s'apprêtait à protester quand elle se rendit compte que c'était une réaction parfaitement puérile, et que cela risquait de fatiguer sa compagne de route qui, si elle avait ouvert les yeux, devait être encore épuisée. Elle tourna son regard bleu dans sa direction, et constata que celle-ci essayait de parler. De toute évidence, cela la faisait souffrir, et la jeune haradrim la soutint pour l'aider à se mettre dans une position un peu moins inconfortable. Cette fois, lorsque Aglérasia s'exprima, ce fut sur un ton de reproche bienveillant. Elle n'avait sans doute pas pensé à mal, et c'était probablement une manière de lui faire comprendre qu'il était inutile de s'empêcher de dormir lorsqu'il n'y avait pas une bonne raison pour cela. Mais Nesrine, en entendant ces paroles baissa la tête honteuse. Peut-être à cet instant Aglérasia se rendit-elle compte à quel point, malgré ce qu'elle laissait paraître, la jeune femme du Sud était jeune, à quel point elle manquait d'expérience, et à quel point elle pouvait être sensible.

En colère contre elle-même, elle répondit d'une voix quelque peu cassante :

- J'aurais dû essayer de trouver des informations sur ta sœur, surtout. En quatre jours, j'aurais probablement eu le temps de localiser le village, et peut-être même de trouver une piste... J'ai encore été inutile...

Elle avait lâché cette dernière phrase pour elle-même, et il n'était même pas certain que quelqu'un l'eût entendue. Dans tous les cas, personne n'eut le temps de lui répondre, car Viktor en profita pour proposer à ses deux invitées de l'eau et un bain, histoire de se délasser. Aglérasia accepta avec un soulagement évident, et le couple laissa là les deux jeunes femmes, pour qu'elles pussent discuter seules. Mais de toute évidence, l'ambiance n'était pas au beau fixe chez Nesrine, dont le visage aux traits tirés et aux joues creusées ne traduisait pas une joie immense, bien au contraire. Elle paraissait intérioriser quelque chose de très négatif, et la contrariété que l'on pouvait observer dans son regard était tournée - pour une fois - non pas vers l'extérieur mais vers elle-même. Elle était convaincue que toute cette situation était de sa faute. Tout avait commencé avec Braga, en fait. Quelle mouche l'avait piquée pour qu'elle se décidât à aller visiter un des hommes les plus dangereux d'Annuminas ? Tout ça pour le menacer ensuite ? Ça avait été une folie, et elles s'en étaient sorties simplement grâce à la vaillance d'Aglérasia, que la jeune haradrim avait laissé prendre les risques à sa place.

Finalement, ce qui venait de leur arriver n'était que le résultat de l'insolence et de l'inconscience de Nesrine. Provoquer un criminel notoire, c'était nécessairement s'assurer des ennuis. Et au lieu de fuir la ville, elles lui avaient carrément laissé l'adresse où elles devaient se rendre. Et pour ne rien arranger, elle avait totalement sous-estimé son esprit de revanche, et elle n'avait pas pris la peine de choisir un chemin détourné et plus sûr, pour éviter les embuscades. Avec un peu de jugeote, tout cela aurait pu être évité, et elle le savait parfaitement. Elle fut tirée de ses sombres pensées par la voix faible d'Aglérasia, qui essaya tant bien que mal de détendre l'atmosphère pesante qui s'était installée. La plus jeune fronça les sourcils, et lâcha :

- Tu n'aurais jamais dû te retrouver dans cette situation... C'est moi qui devrait être allongée là, pas toi... (Elle demeura un instant crispée, les poings serrés). Tu aurais dû partir... Quand je suis sortie à découvert, tu aurais dû en profiter pour t'enfuir ! Tu ne me devais rien !

La frustration de Nesrine était palpable. Elle ne comprenait tout simplement pas pourquoi Aglérasia était revenue, alors qu'elle avait l'opportunité de rejoindre le village de sa sœur, en profitant du sacrifice d'une inconnue. Elle aurait dû choisir l'option logique : sauver sa vie et accomplir sa mission. Au lieu de quoi, elle avait pris la décision la moins efficace, celle qui l'avait laissée dans cet état terrible. Et ce qui frustrait la danseuse, c'était de ne pas connaître la raison de ce geste qu'elle était convaincue de ne pas avoir fait si leurs places avaient été échangées. Elle avait longtemps vécu en se disant que tous les gens autour d'elle lui voulaient du mal, et qu'elle devait s'en méfier. Elle ne comprenait pas pourquoi Aglérasia refusait obstinément de rentrer dans ce schéma, pourquoi elle s'entêtait à lui sauver la vie quand elle pouvait avancer sans elle.

Alors qu'elle réfléchissait, la voyageuse essaya de se relever. Mais visiblement, son bras bandé la lançait encore terriblement, et elle était bien trop fatiguée pour espérer y parvenir du premier coup. Elle retomba maladroitement assise, et prit quelques secondes pour remettre ses idées en place. Alors, elle passa sa main gauche dans son dos, et constata l'absence de ses dagues. Elle se rendit alors compte qu'on l'avait changée, et que ses affaires n'étaient pas en vue. Un vent de panique souffla sur son esprit, alors qu'elle s'imaginait avoir été dépossédée de tout ce qui lui tenait à cœur.

- Tout va bien, répondit la danseuse. Viktor et Marta t'ont prêté ces habits, mais les tiens sont ici (elle désigna une chaise sur laquelle étaient pliés des affaires). Et voilà tes armes. Mais ici, tu n'as rien à craindre. Tout va bien.

Ces paroles réconfortantes ainsi que la prise de conscience qu'elle n'avait rien perdu parurent rasséréner la convalescente, qui décida tout de même de porter ses propres vêtements. Nesrine l'aida à s'habiller, car avec un bras en moins, c'était une chose peu aisée. Peu après, le couple pénétra dans la petite chambre, et Viktor tendit un verre d'eau à sa patiente, qui le but tranquillement, savourant de toute évidence la fraîcheur de cette boisson. Une fois son verre terminé, Aglérasia profita de l'aide de la haradrim pour se relever, avant de laisser Marta la guider vers son bain. Elle n'oublia cependant pas de dire à Nesrine de se reposer. Celle-ci ne pouvait pas refuser, car ses yeux semblaient sur le point de se fermer tout seuls, et il était évident qu'elle risquait de tomber sur place si elle ne s'allongeait pas d'elle-même. Ses mains tremblaient nerveusement, et elle sentait que son corps était à la limite de sa résistance. Viktor, toujours aussi prévenant, lui apporta un oreiller de plumes confortable, et une couverture épaisse qui la protégerait du froid. La jeune femme lui en fut reconnaissante, et le remercia encore une fois, alors qu'il s'éclipsait discrètement de la pièce.

La petite chambre qu'elles occupaient était modeste, certes, mais il y avait de la place pour étaler un matelas par terre sans gêner le propriétaire du lit. Nesrine s'employa donc, malgré les bâillements de plus en plus profonds et réguliers qui la saisissaient et lui arrachaient quelques larmes à chaque fois, à installer un lit de fortune. Elle déroula un matelas qui ne la quittait jamais lorsqu'elle allait en voyage, et le posa contre le mur, après avoir vérifié qu'il n'y avait aucun interstice par lequel d'éventuels rongeurs pouvaient entrer. Mais de toute évidence, la maison était bien entretenue, et elle n'avait rien à craindre de ce côté-là. Elle disposa son oreiller moelleux, et déplia la couverture. Le simple contact avec ces objets lui donnait une formidable envie de dormir qu'elle avait de plus en plus de mal à combattre. Cependant, son esprit refusait de la laisser accéder au sommeil, pour une raison simple : il ne s'estimait pas parfaitement en sécurité.

Nesrine avait appris très tôt à ne pas s'assoupir dans un endroit potentiellement dangereux. C'était, selon sa mère, le meilleur moyen de surprendre ceux qui pouvaient essayer de la tuer, et de les neutraliser avant. Mais avec sa paranoïa délirante, elle était devenue proprement incapable de dormir sereinement dans un endroit qui n'était pas aussi bien protégé qu'une forteresse. Mais ici, dans cette maison où les gens semblaient si gentils et si accueillants, elle n'arrivait pas à se décider à bloquer la porte avec la commode qui traînait là, ce qu'elle aurait fait n'importe où ailleurs. Elle tourna en rond pendant une bonne minute, s'interrogeant longuement sur la meilleure chose à faire, sans trouver la réponse. Finalement, sa fatigue fut la plus forte, et elle décida qu'elle ne pouvait plus rester debout plus longtemps.

Fidèle à ses habitudes, elle tourna le miroir qui se trouvait sur la commode face au mur, de sorte à ne pas pouvoir observer son propre reflet. Aussi désordonnée que d'habitude, elle se dénuda totalement, et jeta ses vêtements en vrac sur le sol. Elle détacha ses longs cheveux bruns qui cascadèrent librement autour de sa tête, sans même les examiner soigneusement pour voir à quel point ils étaient abîmés - ce qui prouvait son degré de fatigue. Puis, non sans une ultime hésitation, elle retira soigneusement son voile, et le déposa précautionneusement juste à côté de son matelas. Elle le fixa longuement, se demandant encore et encore si elle prenait là la bonne décision. Si Aglérasia décidait de profiter de son sommeil pour s'approcher d'elle discrètement, elle aurait tout loisir de mettre au jour le secret le mieux gardé de la jeune femme. Nesrine sentit sa respiration s'accélérer, alors qu'elle se demandait si elle pouvait lui faire confiance, si la voyageuse respecterait son intimité, alors même qu'elles partageaient le même espace.

Toute à ces interrogations, elle ne se rendit même pas compte qu'elle s'était allongée sur son matelas, et qu'elle s'était glissée sous la couverture épaisse de laquelle nul centimètre carré de sa peau ne dépassait. Seuls ses longs cheveux demeuraient libres, déployés comme autant de fils de soie d'un noir de jais sur un métier à tisser. Elle s'endormit presque instantanément, plongeant enfin dans un sommeil réparateur duquel elle n'émergerait que dans de très nombreuses heures.


~~~~


Alors que Nesrine se reposait, et que Aglérasia terminait son bain, Viktor et Marta s'étaient attelés au repas. Ils cuisinaient tous deux, et avaient fort heureusement quelques vivres à partager, malgré l'hiver effroyable qui s'était abattu sur la région. La proximité avec la capitale facilitait les choses, bien entendu, mais il fallait dire qu'ils étaient prudents et prévoyants. C'était cela qui leur permettait de se montrer aussi charitables envers deux inconnues. Lorsque la femme blessée sortit de la pièce où on lui avait fait installer une baignoire, le chef de famille lui annonça qu'il avait fait déposer des repas à l'intérieur, mais il lui précisa aussi que Nesrine s'était endormie. En effet, il était rentré discrètement dans la chambre, et avait trouvé la jeune femme étendue sous sa couverture, dormant à poings fermés. Il n'avait pas osé s'en approcher, après avoir constaté avec surprise que l'intégralité de ses vêtements traînait par terre, et avait déposé les plats sur la commode avant de s'éclipser.

Aglérasia le remercia, et pénétra dans la chambre. Pendant ce temps-là, le couple prit son repas en silence. Ils ne parlaient pas beaucoup, car les mots n'étaient pas essentiels à leur communication. Ils se connaissaient depuis si longtemps, et vivaient dans une harmonie si parfaite qu'ils se comprenaient très bien sans ça. Viktor était inquiet quant aux deux jeunes femmes. Il savait que la blessure faite par une flèche devait avoir été causée par quelqu'un qui ne leur voulait pas de bien, et il espérait que cette personne ne viendrait pas les chercher jusque chez lui. Sa femme, quant à elle, semblait plus rassurée. Elle avait été d'abord surprise par l'apparence de ces femmes qui venaient visiblement de loin, puis avait montré une curiosité discrète à leur égard. Elle appréciait l'accent bizarre de Nesrine, et si elle trouvait provocante sa manière de s'habiller, elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver que cela renforçait son charme exotique. Puis lorsqu'Aglérasia s'était éveillée, elle avait reporté son attention sur elle, et sur sa manière de parler. Des deux, elle semblait la plus communicative, et c'était auprès d'elle que Marta espérait en savoir plus sur ce qui leur était arrivé. En effet, la haradrim avait refusé de leur expliquer la raison de cette blessure, et eux n'avaient pas jugé opportun de lui poser la question.

Ainsi, lorsque la femme du Rhûn sortit de la chambre après un moment - portant une assiette vide et une assiette pleine que Nesrine n'avait pas mangée -, Marta s'empressa de venir l'aider, avant de la faire asseoir :

- Ma pauvre enfant, ne vous en faites pas pour ça. Vous avez vu votre état ? Vous devriez rester tranquille, et ne pas vous fatiguer inutilement.

Viktor acquiesça d'un signe de tête éloquent, tout en continuant à manger sans un bruit. Marta déposa les assiettes sur un coin de table, et revint s'installer tout à côté de la voyageuse, qu'elle observait attentivement, mais sans se montrer insultante. Elle finit par lâcher :

- J'ai l'impression que vous allez mieux, et votre fièvre semble avoir baissé. Voilà qui est rassurant. (elle sourit tranquillement) Je sais que vous venez simplement de vous réveiller, et que vous êtes probablement encore épuisée, mais... mon mari et moi voudrions vraiment savoir... que s'est-il passé ? Qui vous a mis dans ce triste état ? Je veux dire...

- Ce qu'elle veut dire, compléta Viktor, c'est qu'elle voudrait savoir quels ennuis vous suivent... Nous sommes des gens simples, nous aimons le calme et la paix qui règnent ici. Comprenez que nous ne pouvons pas abriter des criminels, sans quoi nous en deviendrions, nous aussi...

Marta reprit, un peu gênée :

- Ce que Viktor veut dire un peu maladroitement, c'est que nous ne savons rien de vous. Vous pourriez aussi bien être pourchassées par les soldats du Roi. Nous voulons simplement avoir l'assurance que... que vous n'attirerez pas le malheur sur cette maison.

C'était une requête des plus légitimes, en ces temps troublés, et il était certain que Viktor et Marta avaient déjà fait preuve d'une grande générosité en acceptant de soigner Aglérasia, et d'héberger les deux femmes sans rien leur demander en échange. Mais dans le même temps, il était vrai que l'allure de Nesrine pouvait laisser des doutes quant à ce qui les suivait. Elle ressemblait davantage à une maraudeuse qu'à une civile "normale", elle portait des armes comme rarement les femmes en portaient en Arnor, et elle ne s'était pas montrée des plus ouvertes à la discussion. Il appartenait désormais à Aglérasia de trouver les mots pour convaincre leurs hôtes qu'elles n'étaient pas une menace pour eux.

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HRP : 500e message, youhou ! Very Happy


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La famille, orage à mépris EmptyVen 16 Aoû 2013 - 23:02
Aglérasia s’installa non loin du matelas de Nesrine et fixa ce petit monticule qu’elle formait sous la couette. Ne voyant pas de mouvement émaner du monticule, Aglérasia décida de manger le repas offert avec tant de gentillesse par leurs hôtes. Elle mangea son repas délicatement afin de ne pas se précipiter et ne pas goinfrer cet estomac qui n’avait pas mangé depuis plusieurs jours. Une fois son repas terminer elle regarda en direction de Nesrine, se leva pris l’assiette qui lui était destiner et se dirigea vers la porte. Avant de l’ouvrir, elle se tourna et chuchota :

« Dors bien, maintenant c’est à ton tour de te reposer, je serais la pour te veiller. »

Sur ce elle ouvrit lentement la porte et sortit sans faire de bruit. Aglérasia avait reprit des forces avec ce repas et cela se voyait dans sa manière de marcher. Mais Marta ne pu s’empêcher de choyer la Rhûnadan et s’empressa de lui retirer les assiettes de ses mains. Aglérasia en profita pour s’asseoir à leur table et écouta Viktor et Marta essayer tant bien que mal de se justifier d’avoir posé ces questions qui voulaient simplement dire : Qui êtes vous, d’où venez-vous et qu’allez-vous faire ?

Aglérasia les regarda tour à tour et ne sut pas par ou commencer. Alors elle demanda un nouveau verre d’eau que Marta lui apporta sans poser de question. Aglérasia l’entama à nouveau en buvant de très petite gorgée. Elle inspira fortement et prit enfin la parole au soulagement de leurs hôtes qui semblait impatient de savoir si un danger risquait d’arriver :

« Je vous suis très reconnaissante pour tout ce que vous avez fait pour nous. Je puis avec certitude vous dire que ce n’est pas de nous que vous devez craindre quoique ce soit. »

Aglérasia se redressa, bu à nouveau une petite gorgée d’eau et continua :

« En effet, j’ai rencontrée Nesrine alors que je recherchais ma sœur. D’ailleurs je suis toujours à sa recherche, or pendant notre séjour à Annùminas, nous avons eu un léger accrochage avec un homme ayant une forte influence au niveau des bandits. N’ayant pas accepté de devoir céder à deux jeunes femmes celui-ci à envoyer un tueur pour se charger de nous. Or aussi bien Nesrine que moi, faisons partis des rares femmes à avoir appris le maniement des armes et de ce faite nous avons donc pu échapper à nos poursuivant. Malheureusement le dernier, celui qui m’a causer ces blessures dont vous connaissez déjà les dégâts, nous a suivit pendant un long moment. Soudain il se mit à nous prendre pour cible à l’aide de son arc. Ne vous inquiéter pas, ce personnage grossier qui pouvait signaler notre emplacement n’est plus en mesure de rapporter une quelconque donnée sur notre position. Je suis désolé de vous annoncer cela de la sorte mais j’ai agit en  légitime défense. Je n’aurai pas osé prendre une vie si cela n’avait pas été obligatoire, or il se trouve que ce fut soit l’un d’entre nous soit lui. »

Aglérasia repris son souffle et bu à nouveau une gorgée. Elle espérait de ne pas avoir effrayé leurs hôtes. A plusieurs reprises, Aglérasia regarda autour d’elle en espérant voir apparaître Nesrine pour qu’elle puisse la soutenir. Or en vain et Aglérasia du s’en remettre à elle-même.

Marta et Viktor ne surent s’il devait tout croire sur parole ou pas, mais ils furent soulager de savoir que plus personne n’était à leur recherche à présent. D’autant plus qu’Aglérasia avait volontairement omit de parler de la sœur de Nesrine ou de leur réels identités. Ce fut très délicat de leur avouer qu’Aglérasia était en faite une espionne du Rhûn et que Nesrine était une assassine née au Harad.

« Bien, maintenant que nous savons que nous n’avons rien à craindre de vous ainsi que de potentiel poursuivant, vous pouvais rester ici le temps de votre convalescence. N’hésiter pas à nous demander si vous désirez quelque chose. », fit Viktor d’une voix posée et calme.

Ceci dit il savait pertinemment que la jeune femme n’avait pas tout divulgué sur sa vie ainsi que sur sa raison de se trouver en Arnor, mais il se contenta de savoir qu’il n’avait pas pris le risque de se trouver attaqué par des bandits.
Aglérasia quand à elle profita de ce moment de silence pour poser des questions sur la présence potentiel de sa sœur :

« Je me permets de vous poser une autre question. Auriez-vous entendu parler d’une certaine Isabella RIDELLAEG ? C’est ma sœur, je suis à sa recherche, nous avons été séparé à notre naissance. »

Marta et Viktor se regardèrent et s’interrogèrent sans s’adresser une parole. Soudain Marta prit la parole :

« Ce nom me dit quelque chose, il y avait une ferme d’élevage portant ce nom dans un petit village pas très loin d’ici, si vous le souhaitez Viktor pourras vous y emmener après que vous vous soyez reposées. »

Aglérasia eu un rictus qui se dessina sur ces lèvres. Pour la première fois depuis le début de leurs recherches elle trouva quelqu’un ayant vu où entendu ce nom quelque part. Aglérasia se leva, en profita pour se dégourdir les jambes, et s’adressa à leurs hôtes :

« Ne vous embêtez pas, nous trouverons le chemin, vous en avez déjà assez fais comme cela. Je ne sais même pas comment vous remerciez. »

Aglérasia baissa la tête en signe de gène et se rassit à la table. Une ambiance un peu tendu régna et au bout de quelques minutes, Aglérasia se leva, s’excusa et retourna dans la chambre.

« Vas donc, tu as besoin de te reposer, ton corps a subit pas mal de souffrance auxquelles le seul remède se trouve être le repos et le sommeil. », dit Marta calmement en accompagnant Aglérasia à la chambre.

Aglérasia fit un signe de remerciement de la tête et entra tel une ombre dans la chambre. Une fois dans la chambre Aglérasia se coucha sur le lit et se perdit dans ses pensées. A quoi  pouvez bien ressembler sa maison ? Va-t-elle me reconnaître ? Comment a-t-elle grandit ? Tant de question qui lui trotta dans la tête et auxquelles elle essayé de répondre. C’est dans ces pensées qu’elle sombra doucement et s’endormi à nouveau.



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Ryad Assad
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La famille, orage à mépris EmptyLun 19 Aoû 2013 - 19:29
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Une désagréable sensation de fatigue s'empara de Nesrine, alors que sa conscience réintégrait progressivement son corps, abandonné depuis bien trop longtemps. Plus d'une journée avait passé sans qu'elle donnât un seul signe de vie autre que le souffle profond et régulier qui s'échappait de sa poitrine, et soulevait les cheveux qui recouvraient négligemment son visage. Elle demeura allongée quelques instants, essayant de retrouver la force de faire bouger ses muscles, tout en réapprenant à quel point il pouvait être pénible d'entendre en permanence les battements d'un cœur, le sifflement de l'air entrant et sortant des poumons, et le bruissement de la peau au contact de l'entièreté de l'univers matériel. Une cacophonie assourdissante qui lui parut soudain parfaitement invivable. Si elle n'avait pas su que tel était son véritable environnement, elle aurait probablement fait demi-tour pour retourner dans l'abîme de ténèbres dans lequel son âme s'était plongée pendant vingt-six heures. Au bout de quelques minutes qui parurent une éternité, elle finit par ouvrir timidement les yeux, pour se retrouver dans la pénombre. De toute évidence, elle était dans la même chambre où elle s'était endormie, et elle avait passé la "nuit" sans être dérangée. Ou plutôt, personne ne se trouvait dans la pièce pour l'instant, ce qui ne signifiait pas que personne n'y était rentré. Elle songea à Aglérasia, qui devait toujours être convalescente, et se releva. Nesrine savait que ses "nuits" duraient en général autour d'une journée, et elle n'était pas trop perdue mentalement, même si elle avait l'impression d'avoir été coupée du monde pendant des années. Autour d'elle, tout était calme, et elle se redressa en laissant les couvertures glisser sur sa peau nue, tâtonnant à la recherche de son voile qui était fort heureusement toujours à sa place.

Son visage visage fatigué fut découpé en deux, lorsque le fin morceau de tissu vint s'emparer de la partie basse de celui-ci, laissant exposé au monde son regard d'un bleu intense. Ses yeux papillonnèrent vivement, alors qu'elle faisait la mise au point, et qu'elle repérait dans la semi-obscurité ambiante. Le lit dans lequel elle n'avait pas dormi était toujours là, la petite table aussi. Quelqu'un avait remis remis le miroir face à la pièce et non plus face au mur, mais cela ne la dérangeait guère désormais qu'elle portait la seule protection dont elle avait besoin. La jeune femme se leva gauchement, encore un peu ankylosée et raide, et marcha à travers la pièce pour se dégourdir un peu les jambes. Elle sentait le sang se forcer un passage à travers les veines tel un torrent d'eau comprimé dans un tuyau trop étroit. Elle avait l'impression qu'une chaleur brûlante descendait en flèche le long de ses membres fuselés, pour combattre la froideur du sol qui tentait de s'immiscer en elle via la plante de ses pieds. C'était comme un combat acharné pour sa survie, qui se déroulait à un niveau trop infime pour qu'elle en fût témoin, même si elle devinait les efforts que faisaient les petits soldats de son organisme pour remporter cette bataille. Décidant de les aider un peu, elle se pencha pour récupérer la couverture, et l'enroula autour d'elle comme si elle sortait d'un bain. En réalité, c'était principalement parce qu'elle n'avait pas trouvé ses vêtements, qui avaient mystérieusement disparu. Seules ses armes demeuraient présentes, soigneusement rangées au pied de la table par quelqu'un d'autre qu'elle.

Contrainte de se vêtir ainsi, elle se dirigea vers la porte, non sans avoir passé une main dans ses cheveux pour essayer d'y remettre de l'ordre. Cependant, ils étaient secs et abîmés, et elle avait l'impression qu'on lui avait greffé de la paille dans le crâne. Renonçant bien malgré elle à les coiffer alors qu'ils étaient dans cet état, elle quitta la petite chambre, et gagna la pièce à vivre, où se trouvait Marta. La femme était en train de préparer le repas du soir, qui devait mijoter encore plusieurs heures. A part la chanson qu'elle fredonnait doucement, et le raclement de la cuillère sur la marmite, on n'entendait nul bruit à l'intérieur de la maison.

- Euh... Bonjour... ou bonsoir, lâcha Nesrine d'une voix un peu rauque.

Marta se tourna dans sa direction, et lui offrit un sourire paisible, serein. Elle détailla son invitée des pieds - nus - à la tête - décoiffée -, et s'empressa d'abandonner sa cuisine pour venir à sa rencontre :

- Ma pauvre, vous avez besoin d'un bon bain pour vous relaxer. Vous êtes coiffée comme si vous aviez couru dans les bois.

Nesrine, qui tenait peut-être autant à sa chevelure qu'à la vie elle-même, accepta la remarque avec un calme qui pouvait paraître étonnant chez elle. Mais bien reposée, elle était davantage disposée à faire preuve de patience et de gentillesse, ce qui n'était pas du luxe. Elle n'était d'ailleurs pas du genre à refuser un bain, et elle avait l'impression qu'elle ne s'était pas lavée depuis des lustres. D'autant qu'il n'y avait rien de mieux pour ses muscles encore endoloris. Cependant, elle était d'abord concernée par le cas d'Aglérasia, et elle interrogea la maîtresse de maison à ce sujet. Celle-ci la prit par le bras pour la tirer vers une pièce à part dans laquelle se trouvait une baignoire, tout en répondant :

- Elle est sortie, pour l'instant. Elle se sentait mieux, et elle voulait marcher au grand air pour reprendre des forces. Elle m'a assuré qu'elle ne s'éloignerait pas trop, et qu'elle ne rentrerait pas trop tard.

Nesrine acquiesça, puis interrogea :

- Et Viktor ? Enfin... je veux dire... votre mari.

- Il est sorti aussi. Il m'a dit qu'il voulait voir le corps de l'homme qui vous a agressée avant qu'il ne soit enseveli sous la neige. Et sur le chemin du retour, il fera en sorte de trouver du bois pour attiser nos feux. Les températures ont encore baissé. Et maintenant que vous êtes rassurée, allez-vous enfin vous décider à entrer dans cette baignoire ?

Nesrine s'exécuta sitôt que la femme fût partie, non sans lui avoir au préalable montré où se trouvaient ses vêtements - qu'elle avait lavés et séchés - ainsi qu'une serviette propre. La haradrim avait pris soin de verrouiller la porte afin d'interdire l'accès de la pièce à quiconque, et elle s'immergea complètement, prenant un grand plaisir à être enveloppée ainsi de la douce chaleur d'une eau bouillante chauffée au feu de bois tiédie par de l'eau glacée. Le mélange était subtil et harmonieux, et le bain était parfait selon ses envies du moment. Elle n'aurait pas pu rêver mieux. Ayant abandonné son voile à l'extérieur, elle plongea la tête sous l'eau, et profita pendant un instant de l'impression d'isolement que l'on pouvait ressentir au milieu de l'élément aqueux. Elle avait l'impression qu'il s'y jouait une mélodie qu'elle percevait péniblement, et si elle avait eu assez de souffle dans ses poumons, elle se serait volontiers attardée pour l'écouter. Mais l'Homme n'étant pas fait pour garder la tête sous  la surface des choses, elle regagna son élément naturel en inspirant bruyamment, et entreprit de flâner dans son bain, laissant son esprit vagabonder ici et là. Elle songea à tout ce qu'il venait de se produire en quelques jours, et se dit que les choses avaient plutôt bien tourné pour l'heure. Après avoir échappé aux hommes de Braga, elles avaient réussi à rejoindre cette famille adorable, et elles avaient de bonnes chances de localiser le village qu'elles cherchaient. Elles n'avaient jamais été aussi proches du but. Et même la blessure de Aglérasia, qui avait été un vrai choc, semblait n'être qu'un lointain souvenir. La jeune femme marchait déjà, et semblait retrouver des forces peu à peu. Il lui faudrait sans doute encore du repos avant de pouvoir chevaucher tranquillement, mais tant qu'elles se trouvaient dans ce havre de paix, rien ne pouvait les atteindre.

La haradrim profita longuement du confort liquide, mais décida au bout d'un moment qu'il était temps de se savonner, avant que l'eau ne devînt totalement froide. Elle se pencha pour attraper un pain de savon, et entreprit de se frictionner vigoureusement les cheveux, d'abord, puis tout le corps ensuite. L'odeur était forte et elle aurait pu être désagréable, si le voyage ne l'avait pas habituée à plus difficilement supportable. De fait, elle trouva cela parfaitement acceptable, et se décrassa efficacement, déterminée à chasser toute trace de saleté de son épiderme. Après avoir lavé ses cheveux une première fois, et les avoir rincés, elle réitéra l'opération pour être certaine de ne rien avoir oublié. Sa chevelure était longue, et longue était la part de temps qu'elle consacrait régulièrement à leur entretien. Elle finit cependant par achever sa toilette, et ce fut avec l'impression étrange de sortir d'un cocon qu'elle se hissa hors de l'eau. Le froid la saisit immédiatement, et elle s'empara vivement de la serviette pour se sécher, et passer ses vêtements. Cette fois, elle ne prit pas son temps, pressée par la sensation glaciale sur sa peau, et l'affreuse impression d'avoir été plongée dehors en pleine tempête. Elle passa sa tunique fort légère, et s'empressa de regagner la pièce à vivre, non sans avoir au préalable réajusté son voile sur son visage.

Marta était toujours à la cuisine, installée tranquillement devant l'âtre qui dispensait une douce chaleur. En voyant arriver son invitée, elle afficha une mine surprise, et lui lança gaiement :

- Je pense que vous devriez venir ici... que je vous aide à démêler tout ça !

Et elle faisait bien entendu référence aux cheveux de la jeune femme, qui, trempés, ne ressemblaient plus à grand chose tandis qu'ils cascadaient autour de sa tête librement. Elle avait fait en sorte de les sécher autant que possible, mais elle sentait encore de fins filets d'eau couler insidieusement le long de son dos, lui causant des frissons désagréables dont elle se serait bien passé.

- Asseyez-vous à mes pieds, allez ! Ordonna gentiment la maîtresse de maison, à une Nesrine rendue docile par la somnolence qui commençait à s'emparer d'elle.

La jeune femme s'installa donc dos au fauteuil que Marta occupait, assise par terre, laissant cette petite dame s'occuper de sa chevelure. Elle avait sorti de Melkor savait où un peigne, et elle s'appliquait méticuleusement à retirer tous les nœuds qui avaient pu se former. Elle agissait avec célérité et efficacité, tirant parfois quelques grimaces de douleur à sa patiente, qui demeurait silencieuse. Une petite gêne s'installa, que dissipa rapidement la plus âgée :

- Alors, Nesrine... Parlez-moi un peu de vous ! D'où venez-vous donc ? Je ne crois pas que vous soyez originaire d'ici, je me trompe ?

- Non, vous avez raison. Je suis née au Harad, loin au Sud du Gondor.

- Ce doit être un endroit formidable, non ? Bien différent d'ici !

Nesrine opina du chef :

- Très différent, oui ! Là-bas, le ciel est toujours bleu, et les nuages sont rares. Là où je suis née, il ne pleuvait guère souvent, et le soleil était toujours présent. Les températures étaient bien supérieures à celles que l'on trouve ici. Les paysages sont différents, aussi. Nous avons de grandes étendues désertiques : du sable à perte de vue, avec des dunes, quelques arbustes morts parfois. Et puis au détour d'un virage, une oasis avec ses palmiers, sa végétation, ses fruits et son eau. Nul sentiment n'est pareil à celui de découvrir une oasis après avoir arpenté le désert.

Marta continuait inlassablement son travail, mais avait ralenti la cadence, comme si elle voulait profiter de cette conversation avec la femme du Sud. Elle reprit tranquillement :

- Vous avez encore de la famille, là-bas ? Je veux dire... Qu'est-ce que font vos parents pendant votre absence ? Car excusez-moi de vous le dire, mais vous m'avez l'air bien jeune pour faire un si long périple...

L'intéressée se rembrunit un peu, mais comme elle était de dos, seule la légère contraction des muscles de ses épaules trahit sa gêne :

- Je n'ai plus de famille là-bas. Je n'ai jamais connu mon père, et c'est ma mère qui nous a élevées seules. Mais elle est morte il y a quelques années. Assassinée. Au Harad, la vie peut-être dangereuse, et les criminels ont bien plus de pouvoir qu'ici.

- C'est terrible, je suis désolée... Mais vous avez dit "nous"... Vous avez un frère ?

Nesrine baissa la tête. Elle avait dit cela sans réfléchir, et n'avait pas eu l'intention d'orienter la conversation dans ce sens. Cependant, elle se sentait totalement incapable de ne pas répondre. Elle était comme assommée par son bain, par le feu qui crépitait dans l'âtre devant elle et qui la réchauffait agréablement, par l'odeur de nourriture qui se dégageait de la marmite et qui lui mettait l'eau à la bouche, par le contact régulier du peigne sur ses cheveux et le bruit qui en résultait. Elle marqua cependant une hésitation, avant de répondre :

- J'ai une sœur. Mais j'ignore où elle se trouve. Je suis à sa recherche.

Marta demeura silencieuse un instant, et son peigne s'arrêta quelques secondes. Nesrine s'interrogea, avant que le mouvement ne reprît. Alors, la femme lâcha presque avec tendresse :

- Vous l'aimez beaucoup, votre sœur. N'est-ce pas ?

La jeune haradrim crut recevoir un coup de poing dans l'estomac, et elle demeura figée, incapable d'offrir une quelconque réponse. Les questions ne cessaient de tourner dans sa tête : comment cette femme avait-elle pu lire cela dans ses paroles, alors qu'elle s'exprimait toujours de manière déplaisante lorsqu'elle abordait ce sujet très délicat. Elle avait conçu une haine féroce envers elle, envers tout ce qu'elle pouvait représenter, et toute la responsabilité qu'elle portait dans la mort de leur mère. Comment cette vieille femme pouvait-elle dire qu'elle l'appréciait ? Et si ce n'était pas le cas, qu'est-ce qui rendait Nesrine si mal à l'aise ? Pourquoi ne pouvait-elle simplement pas répondre : "Non, je la hais et je veux la tuer" ? Pourquoi ne pouvait-elle pas dire : "Elle est responsable de la mort de notre mère, et je n'aurai de cesse que de la voir étendue à mes pieds dans une mare de sang" ? Elle l'ignorait, mais fut heureusement coupée dans ses pensées par le bruit d'une porte qu'on ouvrait.

Marta et elle se levèrent, pour découvrir Viktor, emmitouflé dans une épaisse pelisse, qui franchissait le seuil en s'ébrouant pour chasser la neige qu'il avait dans les cheveux. Il s'écarta, vivement, et céda la place à Aglérasia, qui était sur ses talons. Ils portaient tous deux du bois - une belle quantité pour lui, beaucoup moins pour elle qui ne pouvait se servir que d'un bras -, et ils refermèrent rapidement l'huis pour préserver la chaleur à l'intérieur. De toute évidence, ils avaient fait la dernière partie du trajet ensemble, et ils avaient probablement dû en profiter pour discuter un peu. Cela dit, leurs visages paraissaient tendus. Ils se débarrassèrent de leurs fardeaux, puis quittèrent leurs manteaux, et allèrent s'installer en frissonnant à côté du feu. Nesrine vint s'asseoir tout près d'Aglérasia, prenant ses mains entre les siennes pour les réchauffer. Elle semblait être attentive à ses moindres désirs, et se tenait prête à réagir si elle commandait quoi que ce fût. Marta leur servit un bon repas chaud, composé de viande et de légumes, qu'elle servit avec du pain un peu dur mais qui tenait au corps. C'était un repas modeste, mais dans leurs estomacs affamés il paraissait divin. La maîtresse de maison s'enthousiasme de l'appétit de ses invitées, et les encouragea à en reprendre si elles le désiraient - ce dont ne se priva pas la haradrim. Puis, une fois le repas terminé, ils plongèrent dans un silence confortable, que rompit Viktor au bout d'un moment :

- Alors Aglérasia, avez-vous pu explorer un peu les environs ? Le chemin que je vous ai décrit pour aller au village de votre sœur est probablement caché par la neige, mais vous devriez pouvoir le retrouver.

Il se tut, écoutant la réponse de la jeune femme, avant de reprendre sur un ton tout aussi sérieux :

- Il y a autre chose... Je préférais attendre de vous parler à toutes les deux, mais... Quand je suis allé voir le corps que vous m'avez décrit, je l'ai effectivement trouvé. Cependant... Êtes-vous bien certaines de ne pas avoir trouvé son cheval ?

Les deux femmes se regardèrent. Aglérasia était inconsciente, mais elle devait se souvenir que l'homme qui les avait attaquées était à pied, et qu'il n'avait aucune monture à ses côtés. Mort, il n'avait pas pu la récupérer, et Nesrine n'avait pas localisé le cheval qui l'avait porté jusque là. Elle avait cru qu'il était resté attaché, et avait prestement sorti cette pensée de son esprit, davantage concentrée sur la survie de sa compagne. Cependant, cette question ravivait des interrogations. Viktor regarda tour à tour les deux jeunes femmes, puis posa les yeux sur sa femme qui semblait inquiète d'entendre la suite de son récit :

- Je... Le corps était toujours là, comme vous l'aviez dit. J'étais surpris, d'ailleurs, car il n'était pas recouvert de neige comme je le pensais. Mais surtout, ce que j'ai trouvé bizarre, c'étaient les traces de sabots tout autour. Je ne suis pas un expert en la matière, mais je pense qu'il y avait plusieurs montures. Est-ce que... Est-ce que vous savez ce que cela signifie ?

Nesrine plongea ses yeux bleus dans ceux d'Aglérasia. Elle croyait connaître la réponse à cette question, hélas, mais elle espérait bien lire autre chose dans le regard de sa compagne. Visiblement, Viktor était davantage inquiet qu'en colère, cependant il interrogeait directement la femme blessée, attendant de sa part une réponse et une décision claires.

#Nesrine #Aglérasia


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