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 De l'art de s'attirer des ennuis ...

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Hrark
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Hrark

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De l'art de s'attirer des ennuis ... EmptyVen 23 Aoû 2013 - 2:52
Le soleil perçait le manteau nuageux du ciel en cet après-midi des plus frais, et il fallut quelques minutes à l'être sortit du sombre passé de ces terres pour s'habituer à telle lueur, lui qui venait de passer ses premiers instants prisonnier des ténèbres. Couvert de boue autant que d'hématomes et d'égratignures, celui-ci, malgré la douleur, était bien trop absorbé par le paysage pour s'examiner, réflexe qu'il n'avait de toute évidence pas eu l'opportunité d'acquérir, lui qui, il y avait peu, ne se doutait pas de posséder un corps.

Non loin sur sa gauche, encore un pan de mur épais, témoin grisonnant qu'autrefois se tenait une muraille en cet emplacement, et en contrebas, par delà un terrain accidenté envahi par la végétation, parvenait le tintement lointain d'un marteau sur une enclume, de la fumée voletant au pied d'une immense flèche de roc noire. Cette prodigieuse construction, hautement travaillée, donnait de loin l'impression d'illusion, comme si tel ouvrage ne pouvait décemment pas exister. Pourtant, force était de constater que la tour d'Orthanc n'avait pas la moindre envie de s'envoler en s'approchant, car c'est ce que fit justement l'Orque, subjugué et encore ignorant du danger qui le menaçait.

Ce fut lorsque deux garçons jouant à la guerre avec des bâtons, l'un brun et l'autre roux, n'ayant pas vu passer plus d'une dizaine d'hivers, le virent s'approcher, qu'il comprit que quelque chose n'allait pas. Ces petites choses lâchèrent leurs épées imaginaires en poussant des cris stridents autant qu'aiguë, que l'on aurait plutôt prêté à des fillettes, et s'enfuirent, trébuchant dans la neige fondue, ce qui fit sursauter la créature, qui fit volte-face, persuadée d'un danger imminent. Il ne fallut pas bien longtemps à l'Uruk pour goûter à l'hospitalité locale, car un trait lui siffla aux oreilles, alors qu'une poignée de paysans l'attendaient prudemment en lisière de la bourgade, qui armé d'une fourche, qui d'une hache et qui d'un arc.

Fulminant d'incompréhension, l'indésirable poussa un grognement guttural avant de se ruer vers des fourrés, peu aspiré par l'éventualité d'avoir à affronter autant d'ennemis, qu'il s'ignorait jusqu'alors.

***

Si la peur de leur propre mort poussait maint jour paysans à chercher un abri, celle de leur bétail, quand ce n'était pas celle de leur progéniture avait le méfait de les rendre hystériques, surtout lors de temps aussi impétueux, et ce fut donc une bande de telles gens qui s'employait à débusquer le monstre rôdant autour de leurs fermes et qui leur prenait des têtes au sein de leurs maigres troupeaux pour se nourrir, le gibier se faisant plus rare et plus méfiant.

La bête massive, portant sur son dos une brebis au cou brisé, fuyait ses poursuivants à travers broussailles et bosquets, les pieds gelés, les poumons en feu et les sens en alerte, alors que fusaient autour de lui les flèches et les cris de rage. Il lui fallait traverser l'Isen s'il voulait pouvoir semer les hommes armés qui lui donnaient la chasse, mais la profondeur, la froideur et le courant du fleuve l'en dissuada plus d'une fois. Affamé, l'Uruk ne se voyait décemment pas abandonner l'ovin, pour lequel il s'était donné bien du mal, mais un tel fardeau donnait un net avantage aux paysans et aux chasseurs à ses trousses.

Finalement, il tenta sa chance en un bras d'eau moins virulent, se servant de son butin comme d'une bouée, le tenant solidement par les dents alors qu'il luttait des deux bras contre le fil de l'eau glacée. La logique lui aurait dicté de se laisser porter par le courant, mais ce n'était pas dans les intérêts de l'Orque, qui craignait de trop s'éloigner de la grotte lui servant d'habitat, et qui avait le don d'être habilement dissimulée. Néanmoins, les hommes lésés lui firent regretter son geste bien assez vite, l'un des levreteux l'atteignant en pleine omoplate d'avec son arc.

Alors que l'archer se congratulait à voix basse de son tir, scrutant la surface de l'eau à la recherche de sa cible, qui avait manqué boire la tasse en gémissant, cette dernière, épuisée, se laissa couler, s'agrippant à la proie commençant à se gorger d'eau, ne luttant plus contre la force du fleuve, sinon pour rejoindre la surface une fois hors de danger. Les Dunlendings abandonnèrent aussitôt les recherches, espérant avoir réglé son compte à leur malfaiteur, qui, perdant du sang, dériva impuissant jusqu'au prochain gué, où, passant au dessus d'un haut fond, il pu rejoindre la rive.

Ayant perdu le fil du temps et ayant de grandes difficultés à rester conscient, l'Uruk transit négligea sur la berge la carcasse de sa proie, détrempée, et tenta bien désespérément d'arracher le trait fiché dans son dos qui le torturait, n'y parvenant bien évidemment pas, ce qui l'irritait d'autant plus qu'il perdait de son sang, aussi sombre que le charbon.

Son souffle se condensant dans l'air hivernal, les muscles pris de convulsions, l'être se débattit contre l'engourdissement qui le prenait, et ramassa la carcasse de l'animal, cherchant un abri pour la nuit, qui ne tarderait pas à tomber ...
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De l'art de s'attirer des ennuis ... EmptyVen 30 Aoû 2013 - 9:49
À l'ombre d'un vieil arbre mort affalé sur un rocher, et couvert autant de mousse que de neige, le fugitif entreprenait d'arracher la toison de son butin, le suint lui collant aux doigts. Jusqu'alors, il avait profité de cette matière pour s'en enduire le corps, à la fois pour mieux supporter la morsure de l'hiver, mais aussi pour entrer dans les bergeries sans plus alarmer chiens qu'ovins. Il n'était pas pour autant sûr de retourner chez les hommes, au vue de la chasse qui venait de lui être donnée, quand bien même leurs pâturages regorgeaient de proies appréciables …

La présence de la flèche se montrait moins cuisante, cela devant être dû à l'hiver qui gelait la plaie mais il faudrait tout de même bien qu'il réussisse à se l'enlever, or ses bras manquaient de souplesse, et toutes ses tentatives n'avaient résulté qu'à plus de souffrance et de rage.

Le corps inerte du bovidé en bonne partie mis à nu, l'Orque planta ses griffes dans la chair et commença à arracher des côtes, mâchonnant la chair maintenant froide de l'animal, toujours alerte au moindre bruit suspect. Auparavant, il avait eu affaire à une meute de loups autant affamée que lui, et après un affrontement de provocations et de menaces, l'Uruk avait fini par abandonner sa carcasse d'agneau à ces bêtes, qui se battirent alors entre eux pour s'accaparer les meilleures parts. Autant dire qu'il ne souhaitait pas non plus les revoir de sitôt.

Mangeant plus que de raison, chair et tripes, l'être solitaire s'était habitué à faire des réserves de graisse, passant parfois près d'une semaine sans avoir l'opportunité de se nourrir à nouveau, et n'étant pas certain de pouvoir conserver ses proies assez longtemps pour les consommer autrement. Et puis, pour traverser ce Rude Hiver, un tant soit peu de gras sous la peau n'était pas de trop ... Ensuite, alors que les derniers rayons du soleil se cachaient, il dissimula la moitié de brebis subsistant de son copieux repas sous un tas de neige compact, non loin de son refuge de fortune, et épuisé, il se roula en boule sur la laine souillée.

***

"Regardez-moi ça ... Cette bête a été éventrée comme s'il s'agissait ... d'une motte de beurre !
- Ça ne semble pas être le fait de loups, ni même d'un ours. Et ils ne l'auraient pas enterré ainsi dans la neige ...
- C'est peut-être encore dans les environs, Pelorg, nous devrions rester sur nos gardes.
- Avez-vous entendu ?
- Quoi donc ?
- Taisez-vous …"


Les deux hommes, dans la force de l'âge, des chasseurs si l'on se fiait à leurs vêtements chauds et rudimentaires et à leurs arcs, s'armèrent pour de bon, se tournant mutuellement le dos, scrutant les environs en gardant le silence, seulement interrompu par leur souffle épais et par le croassement des corbeaux venus se régaler du cadavre déterré.

Le bois, accidenté, n'était qu'un entremêlement de nuances liliales, châtaines et sombres, couvert du dôme vaporeux du petit matin. Et en dehors des charognards à l'œuvre, pas la moindre présence de gibier ou de bête mordant, bien que des empreintes se dessinaient sur le duvet gelé nappant le pays. Une branche morte de hêtre, ployant sous son blanc fardeau, ne tarda pas à rompre, faisant sursauter les braconniers, dont l'un décocha un trait par accident, ce qui fit ricaner son compère.

"Et bien, voilà comment vous ramassez le bois ... Je comprend enfin pourquoi cela vous prend si longtemps à chaque fois !
- Veuillez vous taire, j'ai cru entendre ...
- Quoi donc ? Une autre branche vous défierait-elle ?"


Le moqueur n'eut pas l'occasion de rire de nouveau qu'il s'écroula la tête la première dans la neige, se sentant comme piétiné par un canasson. Le dénommé Pelorg – un Dunlending assez trapu, emmitouflé dans une tenue de peaux comprenant un bonnet, et dont la moustache brune cachait jusqu'aux joues – balbutia, le teint devenu blafard, alors qu'il fit un pas en arrière. La créature massive surmontant son ami de toujours, assez terrifiante pour que le chasseur en perde ses sens sur l'instant, poussa comme un râle hostile, avant de se jeter sur lui, le plaquant au sol tel si le gaillard n'avait été qu'un enfant. Celui-ci se mit alors à trembler, une de ses mains poussant désespérément le torse glissant de l'Orque l'assaillant.

*Tue-le ...*

S'interrompant, la bête plongea son regard dans celui de sa victime, dont les paroles déformés par la terreur étaient incompréhensibles. Cependant il aurait juré distinguer des mots ... c'était même plus que cela. Il n'y avait pas eu de voix, pas le moindre son, sinon les gémissements articulés du pauvre hère, or quelque chose d'autre s'était imposé au tumulte ... Une chose qu'il ne connaissait pas, mais qui, elle, semblait l'observer, et lui avait demandé ... ordonné de ...

*Tue !*

Les yeux du chasseur imploraient un état d'âme que l'Uruk ne maîtrisait pas, non pas qu'il le dédaignât, mais tout simplement parce qu'il lui était totalement étranger. Son objectif n'était néanmoins pas de tuer. Tout ce qu'il voulait, c'était la carcasse que les deux hommes avaient déterré et qu'ils offraient sans vergogne aux oiseaux. Aussi la créature sauvage s'enfuit-elle, non sans ressentir une profonde douleur dans le dos, l'homme l'ayant visiblement blessé, et récupérant son dû aux corbeaux, qui s'envolèrent sous sa charge, il disparu dans la nature, laissant ses victimes sauves.

***

"Je vous le dis, il était énorme !
- Est-ce bien vrai, Méaden ?
- Et bien …
- Et bien ?
- C'est que ... Je ne l'ai point vu.
- Votre ami mentirait-il ?
- Il ... ça non ! Je n'ai pas pu voir ce qui nous a attaqué, mais ça avait une force ... je me suis retrouvé étalé sur le ventre sans plus pouvoir respirer, et si Pelorg ne m'avait pas relevé et secoué j'y serais encore."


L'ancien capitaine toisa les roturiers avec méfiance, sa raison lui dictant de faire jeter ces deux affabulateurs hors de la taverne, son instinct l'incitant à les écouter. Tapotant d'impatience la table de bois brut de ses doigts, l'autre main occupée à coiffer son bouc, et plongé dans ses pensées, il changea de regard lorsque le plaignant sortit un rouleau d'une vieille étoffe de lin, et au demeurant des plus sales.

"Je pensais bien que l'on ne me croirait pas sur parole. Par chance, j'ai arraché cela à ... la chose, avant qu'elle ne ... nous laisse en paix."

Déroulant la toile, le moustachu laissa apparaître une flèche brisée de facture humaine, bien que n'étant pas digne de sortir du carquois d'un soldat, couverte en son extrémité d'une substance noirâtre, objet que le Rohirrim prit avec délicatesse, avant de renifler la pointe souillée, relevant les yeux, des plus sérieux.

"Et vous dites que cet Orque était nu ?
- Un … un Orque ?
- Oui messieurs. Un Orque."
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