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 Un retour douloureux (Passé)

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Gallen Mortensen
Vice Roi du Rohan - Champion Rohirrim
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Gallen Mortensen

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Un retour douloureux (Passé) EmptyVen 13 Juin 2014 - 17:35
Le plus douloureux fut la lumière du soleil en sortant de la vieille Tombe. Gallen découvrait tout. Sa stupeur fut au comble lorsqu'il se rendit compte qu'il se trouvait dans le lointain Rhun.
la remontée vers le Rohan fut physiquement pénible , Gallen était dans un état d'épuisement impressionnant. Thorseld, Amadeo et Léaramn qui l'accompagnaient  , n'étaient pas plus en forme. En plus d'être en territoire ennemi ils devaient se protéger du soleil qui tapait sans faillir sur leurs blessures, le plus mauvais des remèdes. Mais comme toujours l'espoir maintenait la maréchal debout. régulièrement il touchait des doigts l'objet de ses convoitises. L'antidote pour sa Farma.

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Le rohirrim perdit le sens du temps, il ne sut pas trop combien de temps il lui fallut pour retourner à Aldburg. Mais Les plaines du Riddermark s'ouvrirent devant eux et enfin ils étaient de retour au pays. Et, Gallen avait bien des choses à faire


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L'ancien Champion du Rohan voulut immédiatement voir son épouse . Et il tomba au détour d'un couloir par hasard mais l'était ce vraiment, sur Rokh . Le regard sombre de son "ennemi" renvoya son état de grande fatigue , mais Gallen se força à donner le change. Il se redressa sans faillir.

D'une voix qu'il voulut autoritaire il interpella le guerrier

"J'ai su que tu as rempli ta part de notre Accord, Guerrier. Je ferai de même. mais uapâravant je dois me rendre auprès de mon épouse et je dois me rendre à Edoras pour une affaire. Juste après nous aurons notre duel et tu perdras de nouveau"

Mortensen jouait au fanfaron mais il doutait de vaincre en étant diminué un tel monstre d'endurance et le plus doué combattant qu'il avait dû affronter  à l'exception peut être de l'elfe Lammath.

Etonnament Le soldat s'esquissa sans un mot et laissa passer le maréchal. mais Gallen sentit sa présence sur ses pas. Il se doutait que ce Rokh le suivrait partout pour avoir sa revanche en temps et en heure , mais il l'aurait. En revanche impossible pour Gallen de connaitre la raison de l'acceptation des faits par cet homme dur et fier.

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Lorsque Gallen revit Farma dans sa chambre, elle dormait. Maitre Rihils et Aelyn son amie étaient à son chevet. Le regard des deux en disait long sur son état calamiteux, il ressemblait plus à un cadavre ambulant qu'au puissant et glorieux maréchal qu'il aurait dû être. Rokh le suivait partout, inexorablement.


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Quelques jours plus tard Gllen commençait à reprendre consistance. Il régla les affaires courantes. Sur ses pas Rokh ,comme toujours. Le rohirrim devait reprendre des forces. Il ordonna à Léaramn de s'équiper et de partir dans une semaine après s'être remis de ses blessures à la recherche d'Orwen qui aux dernières nouvelles guerroyer dans les plaines du Riddermark . Ils devaient ensuite rejoindre Gallen à Edoras.

Le physique du maréchal revenait mais pas son moral. Farma avait bien perdu son enfant. L'antidote semblait avoir un effet positif sur l'état de Farma: ses jambes bougeaient à nouveau. Mais la blonde avait des absences de plus en plus longues, elle semblait ailleurs et surtout elle était d'une cruauté extrême envers son époux, le tançant publiquement . Mais Gallen encaissait il se sentait responsable de l'état de santé de son épouse.

Néanmoins un soir, Aelyn et Rihils étaient présents ainsi que le sempiternel Rokh , Farma franchit une nouvelle étape. Elle passa sa journée à chantonner une comptine comme souvent les yeux tournés vers le plafond. Cette situation mortifiait Gallen.

Mais son regard émeraude, implacable  se posa sur lui. Le maréchal se rapprocha d'elle. Elle lui cracha dessus.

"Je te hais Gallen, j'ai tout perdu à cause de toi. mon enfant mon père"

Et elle gifla son époux. Au delà de la gifle ce fut les mots qui transpercèrent Mortensen. Comme un automate il ne put, ne sut quoi répondre . Tremblant il sortit de la pièce sous le regard inquiet de Maitre Rihils. Il entendit au loin une voix féminine peut être celle d'Aelyn s'adresser durement à Farma mais peut importe.

Gallen sortit il resta un long moment contre le mur froid cherchant sa respiration et il partit dans les cuisines . Et là il plongea dans la bière naine celle laissée par les naugrims suite à la victoire d'Aldburg. Il buvait pour trouver l'ébriété et oublier , oui oublier. Rokh arriva naturellement, il remarqua les larmes du rohirrim.

Gallen hurla

"Cela ne peut pas t'arriver hein tu n'as pas de cœur, c'est cela ta force !!"

Rokh resta stoique.

Cet enterrement de première classe dura une bonne heure. Tanguant dangereusement Gallen se leva maladroitement , se dirigea vers ces appartements . puis arrivà à une vingtraine de mètres impossibble pour lui de voir Farma il décida de se rendre dans les écuries. A cet instant Aelyn sortit de la chambre de Farma. Epuisé, Gallen s'affala contre le mur. Aelyn s'arrêta .

Gallen d'une voix pâteuse et hargneuse en apparence demanda

"Comment va telle? Elle me hait toujours. Elle  a raison , d'une certaine manière, je suis un monstre je le sais. Tu ne sais pas ce que j'ai fait. Mes nuits sont remplies des cauchemars de mes actes"


Il n'entendit pas la réponse de la guérisseuse. Il tenta de se remettre d'applomb. mais il tangua de nouveau et se rattrapa grâce à Aelyn.

Il se redressa . Et là il craqua complétement sanglotant comme un enfant dans les bras d'Aelyn.

Cela dura un long moment, il se calma.

Il se redressa enfin, il balbutia des excuses. Son visage se trouva au niveau de celui d'Aelyn, il le trouva d'une beauté extrème et il l'embrassa sur les lèvres .Pourquoi ? Il ne sait pas ...

Mais ce qui le surprit c'est que ce baiser eut une réponse. Alors embrumé par l'alcool, Il plaqua Aelyn contre le mur leur baiser devint passionné. Et déjà la main gauche de Gallen avait délacé le corsage de la belle.

Puis il se reprit il se passa une main fiévreuse sur le visage il balbutia de nouveau des excuses et chancelant se dirigea le plus rapidement possible vers les écuries. Mais que faisait il? Il se frappa la tête avec ses poings. Naturellement, il tomba sur Rokh qui il était certain avait assisté à la triste scène.

D'un geste maladroit il poussa l'oriental et continua tant bien que mal son chemin.Rohk comme toujours silencieux était impassible.


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Gallen se reveilla dans les écuries , près de son étalon Lars, la tête embrumé. Mai aussi avec le goût de la bouche d'Aelyn et il aima cettes sensation. Non il ne devait pas !! Son épouse souffrait... Et surtout bientôt il devait partir pour Edoras demander des comptes à Eoseld.

Mais par les valars que le baiser d'Aelyn avait été bon.


#Gallen #Mortensen #Rokh #Farma #Learamn


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Aelyn
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Un retour douloureux (Passé) EmptySam 14 Juin 2014 - 15:17
Tous les jours, les deux guérisseurs se relayaient auprès de la Dame d'Aldburg. Le temps s'égrainait lentement, une journée après l'autre, suivant le même schéma. Ils lui donnaient des remèdes, prenaient soin d'elle, la forçaient à faire ses exercices et surtout s'assuraient de sa sécurité à chaque crise. Bien qu'ils aient convenus au départ de lui laisser des périodes de tranquillité sans surveillance, il n'en était plus question. La dernière fois avait faillit tourner à la catastrophe.
La jeune femme, n'ayant plus de toit au dessus de sa tête et plus de temps à elle pour s'occuper des réparations, avait fini par se voir attribuer une chambre dans l'aile des serviteurs où elle logeait avec ses enfants. Les garçons continuaient à passer leurs journées en ville, s'occupaient des chevaux et de leur écurie avant de vaquer à leurs propres occupations, ne revenant dans la demeure du Maréchal qu'aux heures de liberté de leur mère.
A chaque fois que c'était possible, la petite famille se réunissait dans leur petit jardin, devant leur maison en ruine, malgré le froid. Ils récupéraient le peu qu'il leur restait de leurs affaires, jouaient ensemble ou se racontaient leurs journées. Parfois même ils allaient chevaucher à l'extérieur des murs de la ville, recevaient de la visite de la part de membres de la famille... Tout ce qu'il fallait pour oublier que les mauvais moments, le manque d'argent et la perte de leur maison. Tout ce qui les rendait heureux, ensemble.

***
La première fois qu'elle revit Gallen, elle se trouvait au chevet de Farma et discutait avec Maître Rihils devant une tisane comme ils avaient prit l'habitude de le faire depuis que la jeune femme avait insistée pour prendre soin de son amie également. A ses côtés elle tenait évidement plus le rôle d'assistante que de guérisseuse mais il fallait avouer qu'ils n'étaient pas trop de deux parfois pour gérer la pauvre femme. Et, même, pour ne pas dire surtout, psychologiquement. La Dame dormait maintenant à poings fermés et les deux guérisseurs faisaient le point. C'est à ce moment-là qu'entra le Maréchal. La conversation mourut dans l'instant. Les yeux de la rohirrim s'écarquillèrent d'horreur devant le triste spectacle qu'offrait Gallen. Il était pratiquement méconnaissable, tenant plus du mort que du vivant. C'était à se demander par quel miracle il tenait encore sur ses jambes. Il n'était que plaies mal cicatrisées, peau brûlée et regard vide d'épuisement intense. Et il avait considérablement maigri.
Il tenait serrer un objet dans son poing comme si sa vie en dépendait. Il le donna au maître guérisseur : l'antidote pour Farma. La clé sa guérison... du moins était-ce ce qu'ils pensaient.


"Je te hais Gallen, j'ai tout perdu à cause de toi. Mon enfant, mon père"

Plusieurs jours avait passés, Gallen comme Farma avaient montré une très nette amélioration de leur forme physique. Mais la santé mentale de Farma ne s'améliora pas. Pire, de jour en jour elle sombrait un peu plus. La présence de son époux, loin de lui être bénéfique, ne faisait qu'attiser sa colère démesurée. Il n'était pas rare de l'entendre hurler contre Gallen à s'en briser la voix, quelque soit l'heure du jour ou de la nuit. Mais ce soir-là, trop ahurie par la violence de son amie, Aelyn resta tétanisée, incapable de réagir pour retenir la main de Farma à temps. La gifle claqua furieusement. Jamais elle n'était allée aussi loin... Il fallu d'ailleurs quelques secondes à la guérisseuse avant de revenir de sa surprise. Le Maréchal avait déjà tourné les talons. Le visage torturé de Gallen resta gravé dans son esprit. Finalement elle se leva d'un bond, et s'interposa devant l'autre femme qui tentait de rattraper le maréchal, visiblement pour se jeter sur lui. Aelyn en venait à gronder son amie comme l'on réprimanderait une enfant capricieuse.

« - FARMA ! Arrête maintenant ! Calme-toi !... On a déjà parlé de tout ça ! Pourquoi... Il était venu prendre de tes nouvelles ! Il a fait tout ça pour te ramener un antidote ! Ce que tu viens de faire... c'était cruel ! »

Elle aurait pu arguer que le bébé n'était d'ailleurs pas que le sien ou tout autre raisons logiques... mais elle avait déjà épuisé et répété à l'infini tous ses arguments depuis qu'elle veillait sur Farma et se lassait de s'acharner à lui faire entendre raison. C'était peine perdue. D'ailleurs la seule réponse de la concernée fut de bouder à la façon d'une adolescente contrariée en l'accusant de la détester, le dos tourné... pour finalement retourner à la comptine qu'elle chantonnait depuis le début de la journée. Comme si rien n'était arrivé. Aelyn était en colère et révoltée de la façon dont Farma traitait son époux... mais elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, ce n'était pas vraiment sa faute, c'était la maladie qui rongeait son esprit qui la rendait ainsi. Une maladie qu'elle était incapable de soigner pas plus que Rihils qui était pourtant bien au dessus de son niveau.
Elle échangea un regard qui en disait long avec le meilleur guérisseur du Riddermark, les choses allait de mal en pire. Elle perdait espoir de voir un jour l'état de Farma s'améliorer. Quant à Gallen, elle avait énormément de peine pour lui. Elle ne pouvait pas comprendre cette partie de Farma qu'elle entrevoyait à chaque nouvelle crise. Ne voyait-elle donc pas sa chance ?! Son époux était rentré. Il était vivant et il était rentré pour elle avec de quoi la soigner. Il se souciait d'elle et ne voulait que sa guérison... et elle le traitait pire qu'un chien, l'accablait de paroles blessantes et lui imputait tous ses maux. Même en tant que simple témoin, c'était terrible à voir.

Un peu plus d'une heure plus tard, Aelyn sortit de la chambre. Farma s'était enfin endormie. Plus ses crises étaient violentes, plus longtemps elle dormait, si bien qu'elle passait les trois quart de ses journées à crier et dormir. Et là, elle venait de passer une autre frontière. Comme un rituel, Aelyn ferma les yeux et prit le temps de deux grandes respirations.  Elle avait pris très vite cette habitude à chaque fois qu'elle quittait cette pièce. Cela lui permettait de passer à autre chose l'espace d'une sortie et ne pas imposer son angoisse à ses enfants. Elle ouvrit les yeux et tomba pratiquement nez à nez avec le Maréchal. Avachi sans force contre le mur, visiblement bien trop ivre, il l'apostropha sèchement en se redressant avec peu d'élégance, instable sur ses appuis.

"Comment va-t-elle? Elle me hait toujours. Elle a raison, d'une certaine manière, je suis un monstre je le sais. Tu ne sais pas ce que j'ai fait. Mes nuits sont remplies des cauchemars de mes actes"

Et soudain tout se mit en place dans la tête de la guérisseuse. C'était la culpabilité qui interdisait à Gallen de répliquer. C'était la raison pour laquelle, depuis le début, il acceptait l'attitude de son épouse sans broncher. Elle allait répondre sans même savoir encore quoi, quand l'homme tenta de se détacher totalement du mur. Bien évidement, il vacilla, amorça maladroitement un geste pour se rattraper avant de s'écrouler à moitié sur la jeune femme qui essaya de le retenir comme elle pouvait. Et enfin le barrage céda. L'homme, habituellement si fier, s'écroula en sanglots incontrôlables sur l'épaule de la jeune femme.
Patiemment, elle le laissa pleurer tout son soûl, le berçant dans ses bras comme elle l'aurait fait d'un enfant. Le pauvre homme était épuisé, à bout de nerf. Il avait visiblement vécu des choses atroces pour rapporter à Farma le remède qu'il avait confié aux guérisseurs à son retour, mais au lieu de retrouver le calme et la paix dans sa demeure, il ne pouvait que regarder impuissant sa chère épouse sombrer dans la folie. Farma était tellement cruelle avec lui, chaque mot qu'elle lui adressait n'avait pour autre but que de le faire souffrir et le blesser profondément encore et encore. Des mots qui semblaient malheureusement trouver écho dans l'esprit du maréchal qui se rendait responsable de tout et se torturait continuellement, un feu que Farma prenait plaisir à entretenir jusqu'à l'incendie. Aelyn murmura quelques paroles apaisantes en passant une main réconfortante dans le dos courbé d'épuisement physique et moral. De très longues minutes passèrent avant que le rohirrim ne puisse enfin se calmer. Il s'excusa, elle lui répondit doucement que ce n'était rien, que c'était normal, s'appuyant d'un très léger sourire encourageant.
Quand Gallen releva enfin la tête, une lueur étrange passa dans son regard.  Une lueur qu'elle n'avait pas vue depuis bien longtemps et qu'elle ne reconnu pas immédiatement. Elle n'eut pas le temps de réagir que le Maréchal l'embrassa. Ce fut comme une explosion au creux de son ventre qui balaya tout sur son passage. Son esprit s'embruma à tout ce qui n'était pas ces lèvres qui bougeaient avec fièvre contre les siennes. Combien de temps ? Depuis combien de temps n'avait-elle pas été embrassée, touchée ? Pas depuis Hengest. Une main agrippée aux cheveux blonds et l'autre à la chemise de Gallen, elle répondait avec ferveur. Elle avait oublié où ils étaient, qui ils étaient. A cet instant précis ça n'avait aucune importance. Le baiser devint plus passionné, plus désespéré aussi peut-être. Elle était tant submergée de sensations trop longtemps oubliées qu'elle ne pouvait rien analyser. Et soudain tout s'arrêta. Gallen s'éloigna d'elle en balbutiant un flot d'excuses. La jeune femme redescendit brusquement sur terre. Elle cligna des yeux, incertaine sur ce qui venait de se passer. Soudain la situation la percuta comme une gifle. Rouge de honte et de gêne, elle tenta fébrilement de remettre en place son corsage et se redonner une allure présentable. Joignant ses excuses à celle de Gallen d'une voix un peu trop aiguë, elle semblait vouloir disparaitre dans le mur contre lequel l'homme l'avait plaqué. Elle ne pouvait même plus le regarder dans les yeux. Ce fut pire encore quand, suivant le départ précipité du Maréchal elle croisa le regard indifférent de Rokh, à demi-dissimulé dans l'ombre du couloir. Il avait dû assister à toute la scène... A cette pensée le visage de la jeune femme se colora de deux teintes plus sombres. Elle était écarlate du cou aux oreilles. Y aurait-il pu avoir pire en cet instant de faiblesse qu'un tel témoin ? Aelyn aurait voulu se trouver à mille lieux de là, dans une grotte au milieu de Fangorn, n'importe où mais pas dans ce couloir. Rassemblant sa dignité et son courage pour ne pas s'enfuir en courant dans la direction opposée, elle se dirigea le plus rapidement possible, tête basse, jusqu'à sa chambre pour s'y enfermer.

Alors qu'elle atteignait le quartier des domestiques, elle manqua de percuter une vieille servante qui la dévisagea de la tête au pied.

« - Par les Méaras, ma fille, vous avez bu ?! Vous empestez l'alcool... et regardez-vous, vous êtes complètement débrayée ! »

La mégère lui jeta alors un long regard suspicieux qui manqua de la faire mourir de honte. Cherchant au plus vite une excuse valable, elle inventa le premier mensonge qui lui vint à l'esprit, les Valar lui pardonnent. Le visage d'un rouge qu'elle s'attela à faire passer pour de la colère, elle n'eut pas de mal à simuler un ton outré qui claqua dans l'air :

« - L'odeur que vous sentez est celle des médicaments, vous ne devez pas être sans savoir que l'on doit parfois mélanger des simples avec de l'alcool ! Quant à ma tenue, il se trouve que Dame Farma a fait une crise plus violente que d'habitude. Et je rajouterais que tout ceci ne vous regarde nullement ! »

Dissimulant comme elle le pouvait ses tremblements, elle contourna l'autre femme et s'enferma dans sa chambre. Ce n'est seulement qu'à se moment-là qu'elle s'autorisa à lâcher prise. Elle dû s'asseoir le temps de reprendre ses esprits.
Qu'avait-elle fait ? Embrasser le mari de son amie souffrante, le Maréchal de la Marche Est en personne et qui plus est alors que celui-ci lui faisait confiance dans un moment de faiblesse... Non non non, se corrigea-t-elle, c'était Gallen qui l'avait d'abord embrassé... Mais il était à bout de nerf, et il était ivre, et elle n'avait rien fait pour le repousser, au contraire ! Elle était fatiguée. Ce n'était pas une excuse ! Quelle folie ! Son esprit l'assaillait des images de la scène, la ravivant encore et encore. Chaque fois, elle sentait son corps s'enflammer, son visage la brûler. Elle s'aspergea la figure d'eau en espérant fuir ces visions. Les mains tremblantes, elle tentait de remettre de l'ordre dans les lacets de son corsage qu'elle avait renoués à la va-vite dans sa fuite. Ses enfants allaient rentrer, il ne fallait surtout pas qu'ils la voient dans cet état... Mais dans quelle galère s'était-elle embourbée ?!

Le lendemain, elle dû faire les cents pas devant la porte de son amie pendant cinq longues minutes avant de se résigner à entrer. Elle priait pour que Rihils soit là, tout plutôt que se retrouver seule en tête à tête avec Farma après ça. Pas tant qu'elle n'aurait pas totalement repris ses esprits. Et surtout, surtout, il fallait qu'elle s'occupe pour ne pas réfléchir ou repenser à la veille !

#Rihils #Aelyn #Farma


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Dernière édition par Aelyn le Lun 16 Juin 2014 - 1:53, édité 3 fois
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Ryad Assad
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Un retour douloureux (Passé) EmptyDim 15 Juin 2014 - 13:10
Un retour douloureux (Passé) Rokh10   Un retour douloureux (Passé) Rokh_c10

#Rokh

Le retour du Maréchal Mortensen avait été, pour Rokh, une véritable bouffée d’oxygène. Pendant des semaines, il avait été complètement asphyxié, privé d’air, contraint de se plier au mode de vie rohirrim tout en étant ici un indésirable, un intrus, un ennemi. Il avait été maltraité verbalement, mais aussi physiquement, on l’avait insulté, humilié, traité comme un moins que rien, comme un Chien, surnom peu élogieux qui avait été le sien durant son séjour dans la cité d’Aldburg. Alors nécessairement, quand il avait vu la silhouette décharnée et brisée de Gallen Mortensen approcher d’un pas claudiquant au bout d’un couloir, son sang n’avait fait qu’un tour. Peu importait, au fond, que l’homme fût blessé et sur le point de trépasser : tant qu’il pouvait lui porter le coup fatal, il était heureux. Mais au fond de lui, son honneur de guerrier lui commandait d’attendre que le rohirrim fût remis, qu’il eût retrouvé la pleine possession de ses moyens pour le défier, pour l’écraser sous sa botte ferrée, et pour rentrer chez lui triomphant, satisfait d’avoir lavé son honneur blessé dans le sang de l’ennemi.

Aussi, lorsque le suzerain de ces terres prit la parole, il ne s’offusqua pas vraiment de ses propos. Après tout, il pouvait comprendre le Maréchal. Au vu de son état, il avait traversé de difficiles épreuves, et il avait probablement besoin d’un peu de temps avant de songer à livrer un duel où il risquerait sa vie. Même lui avait le droit de profiter un peu de retrouvailles bien méritées avec son épouse… même s’il n’était pas certain qu’il supporterait de la voir dans cet état. Le guerrier qui avait jadis fait preuve d’une immense bravoure sur le champ de bataille paraissait éreinté, vidé de son énergie vitale, et bien qu’il désirât parler d’une voix forte et claire, on sentait qu’au fond de lui il était éteint, comme si ce qui faisait sa force avait soudainement disparu. Il avait laissé derrière lui une partie de son âme, et malheureusement, il n’était pas sûr qu’il la retrouvât un jour.

Rokh hocha la tête, acceptant avec une forme de stoïcisme presque dérangeant la promesse renouvelée du Maréchal, qui osait lui annoncer sa mort prochaine. Avant la bataille d’Aldburg, il aurait souri largement, et aurait immédiatement provoqué en duel l’impudent qui osait insulter ainsi son honneur. Mais il savait qui se trouvait en face de lui, et surtout, il voulait prouver au Maréchal qu’il était bel et bien le meilleur, qu’il n’avait rien à lui envier, et qu’il pouvait le terrasser quand il le souhaitait, où il le souhaitait. Parler n’aurait servi à rien, seuls les actes pouvaient l’ériger en tant que véritable champion. S’il y avait une leçon qu’il devait retenir de toute cette histoire, c’était bien celle-ci. On le jugerait pour sa capacité à détruire toute adversité, et non pour sa capacité à relater ses exploits.

Impassible et silencieux, Rokh acceptait donc les conditions de son futur adversaire, qu’il devait pour l’instant protéger pour qu’il ne lui arrivât rien d’ici leur duel annoncé. Le rohirrim semblait soulagé de voir que le Rhûnien ne souhaitait pas en découdre immédiatement, et il le contourna en boitant, sans la dignité qui avait fait de lui un opposant si redoutable et un chef si charismatique sur le champ d’honneur. Décidé à ne pas le lâcher d’une semelle, et à faire tout son possible pour accélérer et faciliter la guérison du grand guerrier, l’oriental suivit Gallen sans mot dire, l’accompagnant dans la chambre de Farma, la dame du Rohan dont l’état avec décliné durant l’absence de son époux.

Les jours se succédèrent alors dans la forteresse, chacun ressemblant au précédent. Rokh se levait à l’aube, refusant de s’habituer au confort – certes limité, mais supérieur à ce qu’il avait connu dans l’armée – et désireux de conserver sa forme physique exceptionnelle. Il pratiquait quotidiennement des exercices d’assouplissement et de musculation pour retrouver sa condition avant sa blessure. On pouvait dire, certainement, qu’il avait atteint son objectif et même – et c’était plus inquiétant pour le Maréchal – qu’il avait progressé. Il travaillait avec acharnement, allant au bout de ses capacités, terminant souvent épuisé et en nage après des heures à combattre dans le vide, car il n’avait trouvé aucun adversaire à sa taille dans la forteresse.

A la suite de ces entraînements réguliers, il allait se poster face à la chambre du Maréchal, attendant patiemment qu’il sortît pour déjeuner. Il l’accompagnait alors sans un mot, surveillant qu’il prenait des forces, et qu’il retrouvait peu à peu la santé. En quelques jours, son état s’améliora rapidement, et il devait avoir été privé depuis des lustres, car on aurait dit que chaque bouchée lui redonnait davantage de couleurs et de poids, comme s’il s’agissait des premiers vrais repas qu’il avalait depuis des mois. Et du peu que le guerrier de l’Est avait pu en apprendre, ce devait être le cas. Toutefois, et chaque combattant le savait, il n’était pas possible de récupérer totalement si la tête n’y était pas. Le Maréchal avait beau manger, marcher régulièrement dans la forteresse pour retrouver ses jambes, l’état de sa femme était comme un boulet attaché à sa cheville, qui le tirait inexorablement vers les profondeurs d’une mer de désespoir.

Farma avait, d’après l’avis du Rhûnadan, complètement perdu la raison. Son état de santé s’améliorait d’autant que son esprit déclinait, et il était de plus en plus difficile pour le guerrier de supporter le caractère lunatique de la jeune femme, ses coups de colère suivis presque immédiatement de ses comptines à donner des frissons même à un tueur endurci. Ce dernier assistait d’ailleurs, impuissant, à des scènes qui lui auraient fendu le cœur s’il en avait eu un, mais qui se contentait de le laisser perplexe. L’épouse, quoique sauvée par son époux d’un empoisonnement qui aurait fini par lui coûter plus que ses jambes, continuait à en vouloir à ce dernier, au point de l’insulter, de lui hurler dessus dès qu’il lui en prenait l’envie, sans que lui ne répondît jamais, comme s’il acceptait le poids des accusations qu’elle lui lançait parfois très injustement au visage. Rokh, muré dans un silence presque religieux, s’efforçait de rester loin de la scène dans la mesure du possible, comme si se rapprocher trop près de la jeune femme présentait un quelconque risque de contamination. Il savait bien que non, mais après avoir entendu les histoires que l’on racontait à propos des prêtres de Melkor dans son pays, il ne préférait pas prendre de risque. On ne savait jamais.

Avec sa froideur naturelle, qui était devenue familière au Maréchal depuis qu’il était revenu, il se contenta de plisser les yeux en voyant Farma trouver l’énergie d’adresser une gifle cinglante à son époux, qui claqua dans l’air comme un coup de fouet. Elle avait retrouvé des forces, c’était certain, et il était paradoxalement cruel de la voir l’utiliser pour alimenter sa colère déraisonnable. Gallen vacilla sous le choc, mais davantage symbolique que physique. Il recula et quitta la pièce sans un mot, ébranlé au-delà du concevable. Rokh lui emboîta le pas sans un regard en arrière, incapable de poser à nouveau les yeux sur Farma ou sur ses guérisseurs. Pour lui, elle était déjà maudite, et tous ceux qui passeraient trop de temps en sa compagnie risquaient de subir le même sort.

Gallen était anéanti, bien plus qu’il ne le laissait paraître en public lorsqu’il gérait ses affaires. Mais Rokh le voyait quotidiennement, et il pouvait observer de minces détails qui ne laissaient pas de place au doute. Ses blessures guérissaient, mais il traînait toujours la jambe, ses épaules étaient basses, et il paraissait las et son regard avait perdu en vigueur. Cette fois cependant, il n’était pas nécessaire de fréquenter le Maréchal aussi souvent pour découvrir chez lui les failles terribles qui s’ouvraient dans son âme, pareilles aux sillons que creusait un laboureur impitoyable dans un sol qui n’avait pas vu d’eau depuis des lunes. Et d’eau, il n’en verrait pas non plus en cette soirée, car c’était bien de l’alcool que le champion du Rohan était allé chercher. Immodérément, il se noya dedans et son chagrin avec, comme si oublier signifiait guérir. Répondant avec philosophie, Rokh lui donna sa propre vision, héritée de ses ancêtres :

- En effet, c’est une force. Mais si je peux me permettre, mes prédécesseurs m’ont appris comment oublier la douleur, mais cela n’aide pas à guérir. Au contraire, cela ne fait que vous rapprocher de la mort. C’est pour cela que vous ne pourrez pas me tuer. Je ne suis déjà plus de ce monde.

Ces paroles n’étaient pas pleines d’amertume, comme on pouvait l’entendre parfois, et le Rhûnadan ne se plaignait pas de son sort, bien au contraire. Il semblait avoir accepté la situation avec beaucoup de sérénité, et dans ces conditions, en effet, comment pouvait-il être abattu ? Comment tuer ce qui était déjà mort ? Comment blesser ce qui ne saignait pas ? Peut-être Gallen pourrait-il y trouver des enseignements. Après tout, lui qui se disait défenseur du Rohan et de ses valeurs, souhaitait-il tant ressembler à Rokh, un ennemi ? Ce dernier n’en était pas convaincu, et il pensait que le Maréchal prendrait un autre chemin. On ne renonçait pas à la vie pour devenir un guerrier : on acceptait de ne jamais en avoir. Quand on avait goûté une fois à ce qu’était le bonheur, la relaxation, le plaisir, comment revenir à une vie dédiée entièrement à l’objectif d’un autre ? Comment surmonter la douleur, la peur, la faim et le froid sans en connaître les raisons ? Comment refuser les bras d’une femme aimante, la présence d’enfants chaleureux, pour risquer sa vie, patauger dans la boue et le sang ?

Rokh ne sut pas comment le Maréchal avait reçu ses paroles, mais il continua à vider chopes après chopes, simplement pour perdre la tête et perdre la mémoire, oublier et évacuer la pression, le stress la tristesse. Au bout d’une heure, ce solide gaillard, un des hommes les plus puissants du royaume, était devenu un ivrogne sans honneur, un homme brisé parce qu’il avait pris le risque d’aimer, et que le destin avait décidé de s’acharner contre lui et de lui brûler les ailes alors qu’il avait désespérément battu de celles-ci pour revenir jusque chez lui. Triste fin pour un homme triste. Misérable fin pour un homme qui n’avait rien de misérable. Ayant épuisé son stock de boisson, et ayant probablement  compris que davantage serait trop, le Maréchal se leva péniblement, bien aidé dans son entreprise par le mobiliser, les tables et les chaises proches qui pour certaines basculèrent en lieu et place de celui qu’elles étaient chargées de supporter. Rokh s’occupa de remettre de l’ordre, plus par habitude que par véritable envie de rendre service, ou d’autres considérations du même acabit. Quoi qu’il en fût, il laissa quelques mètres d’avance au Maréchal, qui quitta les cuisines avant lui. De ce qu’il se passa ensuite, il ne vit pas le début, mais arriva assez tôt pour capter une scène assez étrange. Il n’était peut-être pas d’ici, mais il sentait bien que la situation n’était pas particulièrement normale.

Après tout, il ne connaissait pas un seul pays où le fait pour un homme marié, noble de surcroît, d’embrasser la meilleure amie de son épouse, roturière, fût considéré comme normal. Les voir ainsi enlacés, comme si leur vie dépendait l’un de l’autre, était assez surprenant pour Rokh, qui les considéra d’un œil perplexe. Il l’embrassait comme si elle pouvait lui insuffler la vie qui lui manquait, comme si cette guérisseuse du corps pouvait réparer son âme blessée. Ses mains fébriles cherchaient à délacer le corsage qui résistait sous ses doigts engourdis par l’alcool, à la recherche d’un cœur qui battait encore, d’une femme qui pourrait lui pardonner son absence, comprendre sa souffrance, et le laisser guérir en son sein. Et que dire d’elle ? Elle paraissait s’accrocher au Maréchal comme si elle retrouvait un amant perdu depuis longtemps, comme si un baiser passionné suffisait à peine à exprimer tout ce qu’elle ne pouvait pas lui dire, tout ce qu’elle ne pouvait pas ressentir.

Rokh ne chercha pas particulièrement à se cacher, mais il fallut un moment aux tourtereaux pour se rendre compte de sa présence, et ils affichèrent une mine ici pleine de gêne, ici pleine de culpabilité. La froideur du guerrier, son manque de considération à l’égard de ce qu’il ne considérait que comme une faiblesse de plus des peuples de l’Ouest, semblait leur faire presque autant de mal que leurs embrassades sans conséquences. Car après tout, à qui irait-il le raconter ? Et quel avantage tirerait-il à colporter de tels ragots ? Aucun, assurément. Ici, il ne cherchait qu’une seule chose, et il attendrait patiemment que le Maréchal fût remis pour pouvoir s’en emparer sans pitié. Et lorsque la vie du champion du Rohan serait sienne, il quitterait enfin ces terres, et laisserait derrière lui cet univers trop différent du sien, plein d’émotions non gérées, de sentiments incontrôlés, qui ne faisaient que parasiter l’esprit pur et clair du guerrier. Quand, enfin, il aurait retrouvé la sérénité et la victoire, il deviendrait le combattant le plus parfait de la Terre du Milieu. Il en était persuadé.


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Un retour douloureux (Passé) EmptyMar 1 Juil 2014 - 22:02
Gallen eut des remords suite à ce baiser volé, mais il doit l'avouer désiré. Comment pouvait il faire cela à Farma en ces éventements tragiques et funestes. Hélas ou heureusement il ne savait pas trop, il croisait la belle Aelyn à chaque fois qu'il se rendait au chevet de Farma. Taraudé par la culpabilité Gallen bredouillait des salutations pitoyables à son amie guérisseuse et essayait de ne pas la regarder, mais par les valars il en avait envie. Mais au delà de ces événements qui il le sait pouvait apparaître comme des gamineries, Gallen avait de plus en plus le coeur qui saignait car les moments d'absence de Farma s'accentuaient. Son regard vide et ses ritournelles macabres finissaient d'anéantir le maréchal du Rohan. Et la mine grise de Rihils ne rassurait nullement le rohirrim. Il préféra éviter de parler avec Aelyn, trop gêné

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Une bonne semaine passa, les journée du maréchal était rythmée par des séances d’entraînement dures avec Léaramn ou Thorseld et Amadeo qui se remettaient de leurs blessures et des visites auprès de Farma. L'était de santé de son épouse était catastrophique. apparemment l'antidote apporté par Gallen avait bien stoppé les effets physiques du poison, mais l'état psychologique de la belle Dame du Rohan semblait perdu. On parlait dans les couloirs de folie, de sortilèges, de sorcellerie, de damnation . Gallen voyait bien les regards fuyants des serviteurs ou autres gardes de faction. Quelque chose clochait. Et toujours cette comptine enfantine. Farma n’avait plus de mots durs pour son époux mais elle ne communiquait plus, refusait de s'alimenter. l'inquiétude grandissait sur les visages de 2 guérisseurs.

L'état physique de Gallen s'améliorait à vitesse vertigineuse . En effet même si sa faculté de récupération n'était pas aussi exceptionnelle que celle de Rokh, il avait déjà prouvé sa résistance alliée à une volonté de fer.

Il prépara son paquetage et se prépara à son voyage vers Fangorn pour rencontrer Fendor, il irait avec une dizaine de soldats de sa garde. Il ordonna à Léaramn de partir à l'aube rechercher Orwen pour le ramener à Edoras o`u il le rejoindrait .

Il devait faire une chose qui ne lui plaisait pas et il avait besoin de l'aval du roi du Rohan.

Il déambulait dans les couloirs se rendant tard dans le nuit dans la chambre de Farma afin de lui dire au revoir. Toujours suivi par son chien de garde du Rhun. Et ce qu'il craignait, arriva il vit au loin la belle Aelyn. Celle ci discutait avec un jeune garde posté deavant la porte de la chambre de Farma. Celui faisait de grands sourire à la guérisseuse. Il flirtait outrageusement. Et cela énerva Gallen, il enfonça ses ongles dans la paume de sa main droite. Gallen se demanda si Rokh avait remarqué son état d'esprit. Puis Aelyn reprit son chemin, elle croisa deux capitaines qui sifflèrent à son passage. décidément la belle était courtisé en ce moment. Cela agaça Gallen.

Aelyn aperçut Gallen. Celui_ci baissa les yeux. Puis il entendit une remarque salace d'un des capitaines. Cette fois le regard de Gallen fut furibond. Il regarda Rokh avec un sourire

"Je ne sais pas chez toi mais ici il y a de sacrés rustres, je vais leur apprendre les bonnes manières"


Gallen de sa voix de stentor hurla

"Vous deux là bas"

Les 2 capitaines se retournèrent étonnés d'être apostrophés de cette manière. Hélas un seul connaissait le maréchal . Celui ci se figea . Tandis que l'autre inconscient répliqua

"Qu'est ce qu'il nous veut celui là ? Nous sommes des capitaines"

Gallen passa sans un regard près de d'Aelyn, il hurla

"Maréchal Gallen Mortensen , traine savate, on peut savoir qui vous permet de manquer de respect à cette Dame du Rohan"

Le premier déglutit, l'autre un peu plus hardi ou fou répondit

"Maréchal vous  savez avec ce que l'on a vécu on peut s'amuser un peu"

Gallen fixa l'homme d'un regard noir

Le capitaine recula , conscient de son erreur

Il balbutia des excuses et il fit une erreur ou glissa . Il renversa un vase qui était un des préféres de Farma. Le meurtre passa dans le regard de mortensen. sa main jaillit il s'empara du col du capitaine. Le nez de son adversaire fut réduit en bouillie en un instant. Son compagnon tenta de s'interposer. Un coup du tranchant de la main le réduit au silence. Puis Gallen frappa , jusqu'à avoir les jointure des mains couverts de sang, il hurlait

"Tu ne sais pas ce que c'est que souffrir veut dire  je vais te l'apprendre"


Le capitaine pleurnichait littéralement. Le garde de faction tremblait de peur devant la fureur de Mortensen. Gallen se releva le visage transfiguré par la haine. Il s'avança menaçant vers le garde. Il entendit alors  Aelyn d'adresser à lui. Cela le ramena sur terre. Mais il se retourna brusquement et fit tomber Aelyn qui était juste derrière lui. Confus, il tenta de la relever maladroitement. De nouveau leurs visages furent l'un en face de l'autre, Gallen sentit de nouveau le désir monter, cette fois sa main gauche s'atarda trop lointemps sur le bas du dos de la guérisseuse. Puis comme frappé par la foudre, Gallen se racla la gorge. Et il ordonna au garde

"Garde mettez ses hommes dans les geôles, cela les fera réfléchir au respect !!"

Puis il bredouilla des salutations à Aelyn et se dirigea sans un mot rapidement dans la chambre de Farma.

Rokh était resté silencieux pendant toute la scène.

Le lendemain matin à l'aube Gallen quitta Aldburg avec sa garde et son chien de garde pour une destination inconnue. Il eut juste un regard pour les hauteurs de la forteresse dans laquelle sommeillaient son épouse et Aelyn..

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Une semaine et demie plus tard, dans une nuit déchirée par les éclairs, une troupe franchit au galop les portes de l'antique cité d'Eomer. Gallen Mortensen maréchal de la marche Est était de retour. Pris d'une certaine euphorie , il gravit les marches quatre à quatre . Un peu plus loin de sa démarche souple et martiale Rokh suivait sa Némésis. Mortensen voulait voir Farma. A son étonnement il pensa fugacement à Aelyn mais il balaya mentalement le visage de la jolie blonde Maintenant tout irait bien...  Et il voulait le hurler à son épouse. Il arriva quasiment au pas de course devant la pote de la chambre de Farma. c'était le même garde de faction que lors de sa dernière nuit à Aldburg, Gallen affichait un sourire éclatant, le garde sans doute échaudé par le souvenir de échauffourée était mal à l'aise. Il indiqua à Gallen que Farma était faible et que Aelyn et Maitre Rihils avait exigé de ne pas la déranger . Gallen ordonna que l'on ouvre les portes et entra gaiement. Il referma celle ci et resta interdit

Farma pâle comme un linge était au bord de la fenêtre . Elle n'était revêtue que d'une robe blanche elle aussi. Elle s'était peignée. Elle avait mis du parfum de lavande, ironie du sort ou pas...Mais ce qui interpella Gallen ,était les pieds de son épouse au bord du précipice.

Elle tourna son visage de porcelaine vers son époux et lui dit d'une voix étrangement lointaine

"Tu es là mon gallen c'est bien finalement"

Incapable de bouger et parler Gallen resta immobile

Farma le regarda les larmes aux yeux

"Mon Gallen , je ne peux plus. Tu entends je ne peux plus . Mon père ,mon enfant, tous ces enfants, ces femmes , ces hommes morts "

Gallen balbutia



" Mais descends de là, on va parler!!"


Gallen entendit la porte s'ouvrir Maître Rihils et Rokh entrèrent. D'un geste de la main il leur imposa le silence ....

Farma reprit

"Tu es plus fort que moi Gallen, je l'ai toujours su . Et Toi tu as le Rohan"


Le maréchal tenta la menace. D'un ton brusque il essaya

"Farma, descends"

Elle avança encore de quelques centimètres.

D'un ton plus doux il ajouta

"Non, descends je t'en prie"


Farma se tourna vers Gallen

"Mon Gallen, je sais que tu vas de rendre coupable mais tu n'y ais pour rien, je n'en peux plus c'est tout. je t'aime et t'aimerai toujours et je te pardonne ton amour du Rohan "

Dans un geste presque enfantin emprunt de naïveté Gallen fait un geste des deux mains pour lui indiquer de descendre. il est désemparé.

Un dernier regard de Farma et elle s’élance dans le vide.

Gallen se rue vers la fenêtre en hurlant "NON". Il arrive et en contrebas désarticulée, Farma. gallen s'effondre en hurlant. Il reste allongé désespéré. Il aperçoit Rihils pleurer et faire des prières. Gallen ne sait pas combien de temps il reste par terre Il se relève péniblement . Ses muscles à son grand etonnement fonctionnent encore. Il a la nausée mais rein de sort. En contrebas la silhouette de on épouse est là, tâche blanche grotesque. Il descend dans un état second les marches de la forteresse. Il arrive enfin près d'elle. il repousse tout ceux autour du corps de son épouse. Il met même un coup de poing à un de ses gardes. Il soulève le corps et commence à marcher de long en large dans la cour de la citadelle, hurlant sa peine à la lune.

Seul tel un argonaute Rokh impassible , insensible à la puie assiste de nouveau à cette scène tragique. ombien de temps le maréchal parcourt de long en large cette cour pavée détrempée par la pluie. Nul ne le sait Les eclairs et le tonnerre répondant à ses supliques. Mais gallen envisage le pire : la mort mais il se rend compte que Farma a raison il doit survivre pour le roi et pour le Rohan . Cette révélation est comme un choc pour Mortensen, ne serait il qu'un monstre sans coeur, incapable de suivre sa femme dans le mort pour un sens du devoir trop développé? Oui il doit se rendre à la raison il est ce genre d'homme. Gallen hurla encore plus fort n'arrêtant pas ses allées venues. Nul ne veut, ne peut le stopper.

Elle arrive alors ,Aelyn qui se poste devant Gallen. Elle aussi pleure à chaudes larmes. Le maréchal se déplace sur la gauche pour continuer son manège funeste. mais d'une main ferme mais tendre, Aelyn le stoppe. Cette main pourtant si fragile semble d'une force énorme. Les épaules du maréchal s'affaisent, il tombe à genoux. Il fixe le visage d'Aelyn trempé d'eau de pluie. Drs mains viennent prendre le corps inanimé de Farma; Enfin Gallen peut vivre sa peine et s'effondre dans les bras d' Aelyn qui elle aussi pleure la mort de son amie.

Encore un drame au Rohan

Toujours sous le regard intransigeant de Rokh.


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Un retour douloureux (Passé) EmptySam 5 Juil 2014 - 20:17
Les jours qui suivirent furent source de gêne et d'inconfort permanent pour la pauvre Aelyn. Vivre les trois quart de ses journées à quelques mètres de cette amie si chère qu'elle avait l'impression d'avoir trahis, l'impression que tout le monde était au courant sans bien sûr que cela ne soit plausible et le comportement de Gallen à son égard à chaque fois qu'il rendait visite à sa femme... Si elle faisait tout pour garder la face, cela devenait de plus en plus difficile. Ce n'était qu'un malheureux accident mais cette culpabilité qui la rongeait... Elle n'arrivait pas à s'enlever ça de la tête. Alors elle prenait sur elle. Enormément. Chaque jour. Pour ne pas rougir, détourner les yeux ou baisser la tête. Pour rester courtoise sans trop l'être, pour rester à sa place tout simplement. Pour étouffer cette chaleur qu'avait fait naitre le baiser du maréchal dans sa poitrine. Peu à peu, elle réussit à prendre sur elle. Elle n'avait simplement pas le choix.
D'un autre côté, Aelyn avait senti quelque chose de changé en elle. Une chose qu'elle aurait été bien incapable d'expliquer. Depuis qu'elle avait perdu son époux elle n'avait plus vécu que pour une chose : ses enfants. Il n'y avait aucune place pour un homme dans sa vie. Là où d'autres femmes n'auraient pas laissé passer plus d'un an avant de retrouver un conjoint, elle avait vécu sa vie sans se soucier d'elle-même. Elle était capable de subvenir au besoin de sa famille et c'était suffisant. Elle n'avait besoin de rien d'autre. Elle était la mère des jumeaux, elle était la guérisseuse, elle était la voisine serviable... même en tant qu'hôte chez les elfes elle s'était employée à se soucier des autres. Et progressivement, elle avait simplement oublié d'exister en tant qu'elle-même. Ce baiser volé avait comblé un manque, un gigantesque vide dont elle avait ignoré l'existence jusqu'alors. Elle était redevenue une femme, simplement, et plus juste une mère. Et il semblait que les hommes de la forteresse, particulièrement une poignée de gardes qu'elle croisait tous les jours, aient pressentit la différence. Comme ce jour-là...

Un jeune garde de nuit qui veillait sur la porte de Farma l'apostropha alors qu'elle sortait de la pièce, épuisée. A dire vrai elle n'avait qu'un seul souhait, embrasser ses garçons et se réfugier sous les draps de son lit pour y dormir le peu d'heures qu'elle avait. Mais depuis que les rumeurs de malédiction circulaient sur l'épouse du Maréchal, ceux qui l'approchaient - particulièrement les guérisseurs perpétuellement à son chevet - étaient si ce n'est fuit du moins évités avec le plus grand soin. Les serviteurs évitaient généralement de lui parler et faisaient de leur mieux pour ne pas avoir à la toucher. Alors elle décida de répondre au garde, et de discuter un peu. C'était une parenthèse dans cette vie épuisante.
Depuis son retour, sa vie n'était qu'un cercle sans fin. Tout d'abord les heures à veiller Farma de jour comme de nuit en alternance avec Maître Rihils. Ils ne la laissaient que rarement : parfois lorsqu'elle se reposait ou lorsque, lucide, elle voulait se laver ou se changer... Puis il y avait les permanences mises en place pour les habitants. Il y avait trois guérisseur dans la cité d'Eomer, mais un n'était plus en état d'exercer son art, quant aux deux autres, ils étaient le plus souvent à son chevet. Les deux guérisseurs avaient donc décidé de consacrer une partie de leur temps libre à la population qui en aurait besoin, comme ils l'auraient fait en temps normal. Et pour Aelyn , il y avait sa vie de famille qu'elle tentait de garder le plus normale possible... il restait déjà si peu de temps pour dormir... alors chaque petit moment était apprécié. Même converser avec un garde qui n'avait visiblement pas que cette idée en tête. Le pauvre allait être bien déçu.
Après quelques minutes, la guérisseuse prit poliment congés. Il était très tard, la nuit avait recouvert les plaines depuis longtemps et elle tombait de sommeil. Elle vit alors le duo habituel que formaient Gallen et Rokh arriver au bout du couloir. Le rohirrim baissa instantanément la tête. Ce geste la blessa plus qu'elle n'aurait pu l'avouer. Elle continua à le fixer, espérant qu'il finirait par relever le regard, si bien qu'elle entendit plus qu'elle ne vit les deux capitaines la croiser et la siffler. Puis l'un des hommes qui venaient de la dépasser se laissa aller à une remarque irrespectueuse qui choqua Aelyn. Elle ferma les yeux, serra les dents, et les ré-ouvrit, bien décidée à ne pas se laisser importuner de la sorte. Mais ce fut le regard furibond du Maréchal qu'elle croisa en premier lien. L'homme semblait avoir prit personnellement l'affront qui lui avait été fait. En quelques pas et quelques remarques acerbes, il était sur les capitaines.
La jeune femme se retourna dans un même mouvement, les yeux écarquillés d'étonnement devant l'insolence d'un des hommes. Et, trop rapidement pour son cerveau fatigué, les choses dégénérèrent. Il y eu un bruit d'argile brisé et l'instant d'après, Gallen s'était transformé en fauve. La violence, le sang, le couinement pathétique du capitaine au nez éclaté, l'autre envoyé à terre, puis le garde qui tentait d'intervenir.

« - Stop ! Ça suffit ! cria Aelyn. ... S'il vous plait, assez ! »

La guérisseuse s'était précipitée pour arrêter le massacre mais, comme quelques temps auparavant, dans ce même couloir, comme en s'opposant à Rokh qui étranglait le garde, elle se retrouva à terre. Aussitôt honteux, Gallen s'était répandu en excuse en l'aidant à se relever. Ils se retrouvèrent face à face, l'un contre l'autre. Il y eut un moment de flottement. C'était la première fois qu'elle revoyait ses yeux depuis le baiser. Le regard cobalt lui procura une étrange sensation au creux de la poitrine. Elle cligna et le moment passa. Gallen s'éloigna brusquement, ordonna d'enfermer les capitaines et disparu dans la chambre de son épouse.
Aelyn fixa un moment la porte avec tristesse. Mais qu'avaient-ils fait ? Ils avaient rendu les choses si compliqués... Elle soupira et suivit les soldats aux cachots pour réparer sommairement (et sans aucune douceur, il ne fallait pas trop en demander) le nez cassé et panser les quelques plaies. Aucun des hommes corrigés par le maréchal ne bronchèrent, allant même jusqu'à s'excuser platement. C'était une leçon qu'ils n'étaient pas prêts d'oublier. Puis elle alla directement se coucher. Cette nuit-là, perturbée par le regard bleu intense, elle peina à trouver le sommeil.


Le lendemain, comme chaque jour, elle retourna au chevet de son amie malade. Elle y retrouva Rihils. Depuis plusieurs jours, celui-ci essayait de synthétiser un dérivé de l'antidote pour tenter de soigner l'esprit de la Dame d'Aldburg, sans grand succès pour le moment. Et chaque matin, ils récapitulaient ensemble leurs progrès de la veille sans se bercer de trop grandes illusions. Parfois ils avaient l'impression de se battre à l'épée contre le vent du nord, s'épuiser pour rien. Mais parfois, un sursaut d'espoir renaissait quand Farma réagissait plutôt bien à un traitement. Ça ne durait malheureusement jamais longtemps. Alors ils essayaient encore et encore, inlassablement. Le maître guérisseur avait envoyé plusieurs missives à d'éminents collègue, Aelyn avait fait de même en passant en revu ses maigres contacts chez les elfes et ceux, plus importants, de Farma elle-même. Aucun ne put se déplacer et peu répondirent avec une ébauche de solution ou une idée nouvelle. Ce jour-là, ils avaient reçu, soigneusement conservée dans une petite bouse de cuir, une poudre grisâtre, un champignon qui poussait sur les os des cadavres. Elément peu ragoûtant qu'Aelyn répugnait à devoir utiliser mais, comme l'expliquait l'expéditeur, d'une grande efficacité pour traiter les crises de folie afin d'en atténuer la puissance et la durée, particulièrement les crises violentes. Et même si Farma n'avait plus agressé personne depuis sa gifle à Gallen, il n'en restait pas moins un ingrédient qu'ils n'avaient pas testé.
Pour cette fois cependant, Aelyn freinait des quatre fers. Elle était plutôt ouverte d'esprit, surtout pour une guérisseuse de campagne, et savait utiliser des poisons à des fins médicales ou prendre certains risques pour s'assurer de la survie d'un patient... mais la simple idée de faire avaler de "l'extrait de cadavre" à son amie lui donnait la nausée. Le débat dura plus de deux heures. Déjà que tout le monde croyait la Dame maudite, si en plus on apprenait que ses guérisseurs lui faisaient avaler ce genre de chose... Jusqu'à ce qu'évidement, le Maître Guérisseur obtienne gain de cause.
Alors qu'elle abandonnait d'un soupire agacé, elle réfléchit. Jamais elle n'avait fait autant d'histoire pour un malheureux remède, même pour des pires que celui-là. Elle n'arrivait plus à réfléchir correctement. Elle passait trop longtemps enfermée avec Farma, elle allait finir par devenir folle aussi ? Non, elle était juste fatiguée... et perturbée. Perturbée par l'état de sa chère amie, perturbée par l'attitude de Gallen, perturbée par ses propres émotions et ses propres sentiments, perturbée par le regard profondément indifférent de Rokh, perturbée par cette espèce de paranoïa qui agitait la forteresse...Le monde devenait fou... Elle regarda Farma, toujours endormie. Elle avait l'air si paisible. La jeune femme passa une main dans ses cheveux. Ça changera bien assez tôt dès qu'elle se réveillerait.
Comme à son habitude, elle s'installa sur l'une des chaises, devant la table et reprit la lecture d'un ouvrage prêté par Rihils.

***

Plus d'une semaine avait passé désormais. Parfois Aelyn se couchait avec l'affreuse ritournelle de Farma en tête qui hantait ses rêves et ses cauchemars, et la réveillait en sursaut, nauséeuse. Ce fut le cas cette nuit-là. Il faisait un temps atroce depuis le début de la soirée. L'orage était puissant. La pluie et les vents balayaient les plaines, les éclairs étaient aveuglants et le tonnerre faisait trembler les murs. L'air était lourd.
La guérisseuse avait quitté la chambre de Farma trois heures plus tôt, laissant à Rihils les soins du soir. Elle avait diné avec Eofyr et Eogast, avait joué avec eux quelques et fait réciter leurs leçons. Puis tout le monde s'était couché. Et la jeune femme était restée sous les couvertures à fixer le plafond sans parvenir à fermer l'œil. Elle avait une boule dans la gorge qu'elle n'arrivait pas à s'expliquer, une sorte de fébrilité sans doute due à l'orage et l'atmosphère électrique. Très tard, elle sombra enfin dans un sommeil agité, la comptine de Farma trottinant dans sa tête comme une sombre incantation magique.

On tambourinait à la porte avec véhémence. Les jumeaux se réveillèrent en sursaut et complètement perdus.

« - MADAME ! MADAME ! Ouvrez ! Je vous en pris, ouvrez ! Pitié ! S'il vous plait ! Ouvrez ! »

La guérisseuse fut debout d'un bond. Elle fit signe aux garçons de se rendormir d'un mouvement de main ferme et ouvrit la porte juste le temps de se glisser dans le couloir.

« - Mais qu'y a-t-il enfin ? »

Devant elle se tenait une toute jeune fille, à peine sortie de l'adolescence. Elle ne se souvenait plus de son nom, elle travaillait dans les cuisines avec sa mère. La petite cuisinière était pâle comme un linge, ses grands yeux étaient révulsés d'horreur. Aelyn sentit un étau lui enserrer la cage thoracique.

« - C'est terrible ! Un grand malheur Madame ! Un grand grand malheur !... C'est Dame Farma, Madame... Elle a... sur la fenêtre... sauté... elle a... et puis... en bas... dans la cours... le Maréchal... et... »

Aelyn la fixait. Elle se sentit comme si tout son sang quittait son corps. Ses jambes tremblaient si fort qu'elle dû s'appuyer sur la porte pour ne pas s'écrouler. Elle ouvrit la bouche pour parler mais les mots restèrent bloqués. La jeune fille en face d'elle éclata en sanglots incontrôlables et ne parvint plus à aligner un mot, elle s'enfuit dans les ténèbres du couloir laissant derrière elle la guérisseuse sous le choc. Elle avait comprit. Bien sûr qu'elle avait comprit. Ce mauvais pressentiment qui la tiraillait depuis le début de l'orage. Mais son cerveau refusait d'assimiler l'information. Elle n'arrivait pas à le concevoir. L'horreur de la situation l'assaillait sans parvenir pourtant à la toucher... Elle était catatonique, incapable de bouger, de parler, ni même de penser. Son esprit entier se rebellait. Puis soudain une larme s'échappa, suivit d'une autre, et encore d'une autre, et ce fut un raz-de-marée. Le visage fatigué fut noyé sous les larmes. Reprenant vie, Aelyn plaqua sa main contre sa bouche pour étouffer le cri de douleur et de désespoir qui lui vrilla les entrailles. Elle se laissa glisser le long de la paroi de bois. Assise à même le sol, recroquevillée sur elle-même comme une enfant terrorisée, un bras au dessus de sa tête, l'autre devant ses lèvres pour étouffer son chagrin, elle n'était plus que tremblements violents et gémissements de souffrance. Pourquoi... pourquoi... pourquoi... pourquoi... pourquoi... ce n'était pas possible... comment cela pouvait-il être concevable ?... pourquoi... Elle se mordit le poing pour étouffer un nouveau cri, laissant la trace violacée de ses dents sur la chair si sensible.

Un éclair claqua dans l'air, suivit du roulement du tonnerre qui fit trembler les murs... Gallen ! Gallen était là ! Il avait vu... il avait vu... ... Il avait vu ! Puisant dans ce qui lui restait d'énergie et de volonté, la jeune femme se précipita. La cours, la fillette avait dit : la cours. Sans se soucier de ses pieds nus, ni de ne porter pour tout vêtement qu'une simple chemise de nuit, la guérisseuse traversa la forteresse et ses volées de marches pour déboucher dans la cours. Il y avait du monde, des gardes, des serviteurs, d'autres personnes, que de visages flous, sans importance bien à l'abri sous les porches. Rokh, qui ne se préoccupait pas de se protéger du mauvais temps, était le plus impassible, digne d'une statue de marbre dans un coin. Et au milieu de la cours, sous la pluie battante, Gallen hurlait sa détresse au ciel noir, tournait en rond comme un loup blessé, serrant désespérément le corps désarticulé de la belle dame d'Aldburg dans ses bras comme si cela pouvait la faire revenir d'entre les morts. Plusieurs personnes tentèrent de s'approcher, d'arracher la morte des bras de son époux, mais tous reculèrent découragés par un regard assassin ou effrayé par le manège du maréchal.
Farma avait revêtu sa robe blanche, celle qu'elle aimait tant, mais le tissu était désormais brunâtre teinté d'un rose écœurant. Les cheveux blonds recouvraient un visage méconnaissable inondé de sang. Aelyn ferma les yeux, fort, à s'en déchirer les paupières. Ce n'était pas ce souvenir-là qu'elle voulait garder de sa si chère amie. Elle n'entendait plus que les cris de Gallen et les suppliques de ceux qui voulaient le ramener au milieu du brouhaha de la pluie qui tombait à verse. Ils ne comprenaient pas. Ils ne pouvaient pas comprendre. La douleur de la perte d'un être à qui l'on a voué sa vie par un serment sacré, l'atroce sensation de vide et d'amputation, de n'être qu'une coquille vidée qui s'emplit de souffrance, cette boule énorme de lames acérées qui détruit de l'intérieur tout ce qui ressemble à du bonheur ou de l'espoir... non, ils ne pouvaient pas comprendre. Sinon ils ne s'acharneraient pas à lui parler ou à le résonner. Gallen ne pouvait ni les voir ni les entendre de là où son esprit s'était réfugié.
Lentement la jeune femme ouvrit les yeux et, pas après pas, elle se dirigea sur la trajectoire du maréchal. Sitôt le porche dépassé, elle se retrouva totalement trempée. Ses pieds nus s'enfonçaient dans des flaques de boue, sa chemise de nuit totalement imbibée lui collait à la peau, le froid pétrifiait ses muscles. Elle s'en fichait. De tout son corps, elle fit barrière à la progression de Gallen, sans un mot, sans regarder le corps, sans même regarder autour d'elle tout ces gens qui se penchaient les uns vers les autres et qui s'interrogeaient sur son comportement. L'homme arriva devant elle mais loin de s'arrêter, se décala pour continuer son cercle macabre. Suivant le mouvement, Aelyn s'interposa de nouveau. Toujours sans un mot, elle tendit le bras et attrapa l'épaule qui lui faisait face de toutes ses maigres forces pour l'empêcher de dévier de nouveau sa course. Ses yeux rougis de larmes faisaient ressortir l'émeraude de ses iris, les rendant presque irréels. Et c'est avec ces yeux qu'elle intercepta le regard lointain du maréchal à travers le rideau de pluie. Et l'homme tombe à genoux. Aussitôt, deux personnes en profitent pour lui retirer le cadavre des mains. Les yeux de la guérisseuse restent ancrés à ceux de l'homme. Elle ne veut pas voir, alors elle se laisse happer par les yeux bleus jusqu'à la plaie béante de l'âme de Gallen. Elle peut comprendre, mieux que personne... La jeune femme se laissa choir en face de lui et referma ses bras autour de ses épaules, posa sa tête sur les cheveux trempés. Comme si elle cherchait à le dissimuler aux yeux du monde, et de ces vautours toujours agglutinés sous les porches. Pour qu'ils puissent pleurer ensemble cette perte terrible.

Le temps passa et les badauds s'éloignèrent, se recoucher ou colporter la nouvelle, qu'importe. Gallen et Aelyn restèrent encore sous ce ciel qui semblait pleurer aussi, dans le froid qui ne les atteignait pas. Ils étaient trempés, gelés. Finalement, la jeune femme se calma un peu. Ses sanglots diminuèrent. Elle bougea la première, se redressa difficilement en entrainant avec elle l'homme brisé qui peinait à la suivre. Petit à petit, elle le guida à l'abri du déluge. Il se déplaçait comme un pantin, se laissait guider sans broncher, sans même réagir. Alors Aelyn se mit à réfléchir. Elle se faisait violence pour retrouver un peu de lucidité dans son brouillard de tristesse. Gallen avait besoin de se reposer. Mais elle ne pouvait pas l'emmener dans la chambre de Farma... pas plus que dans les écuries où il avait décidé d'élire domicile. Elle le guida finalement vers une chambre d'invité, de l'autre côté de la forteresse, dans l'aile réservée aux visiteurs de marque. Elle avait l'impression qu'à chaque détour de couloir elle verrait apparaitre son amie, le sourire aux lèvres, sa santé mentale retrouvée, qui la gronderait gentiment de s'être laissée berner. Mais cela n'arrivera pas. Ce n'était pas une mauvaise plaisanterie, ni une illusion, ni un cauchemar... juste une terrible vérité. Mais d'aussi bouleversée qu'elle soit, elle savait que son tourment n'était qu'un fantôme en comparaison de celui de l'homme qu'elle guidait tel un aveugle à travers la forteresse. Derrière eux, elle entendait les pas martiaux de l'oriental qui les suivait à quelques mètres d'écart.
Enfin ils arrivèrent devant la pièce qu'elle cherchait. Elle ouvrit la porte et obligea Gallen à s'asseoir sur le lit. Il faisait froid, aucun feu ne brûlait dans la cheminée. La jeune femme se dirigea difficilement vers l'âtre, les muscles raides, se saisit du briquet et tenta de produire les étincelles. Mais ses mains tremblaient. Une immense frustration se saisit d'elle alors qu'elle s'acharnait à vouloir allumer le feu. Plus elle frappait, plus les coups se transformait en rage et la rage en larmes. Pendant quelques secondes qui lui parurent une éternité, elle frappait, pleurait et maudissait le monde. Et enfin, une étincelle se transforma en flamme et le bois fini par s'embraser.
Elle essuya son visage avant de retourner auprès de Gallen. Elle se battait contre elle-même, contre sa tristesse. Elle mordait ses lèvres tremblantes pour ne pas craquer de nouveau. Il fallait s'occuper de Gallen d'abord. C'était le plus important. Après, elle aurait le temps pour elle, après elle pourrait reprendre son deuil. Sans geste brusque, elle força l'homme à retirer ses vêtements trempés d'eau et de sang, et le poussa sous les draps. Quant à la jeune femme, elle se recroquevilla dans un drap au pied du lit, tremblante de chagrin et de froid.
Dans le coin de la pièce opposé, Rokh avait prit un siège, droit comme un I, le visage impassible. Aelyn refusait de le regarder.


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Un retour douloureux (Passé) EmptyMar 29 Juil 2014 - 16:55
HRP: J'avance encore un peu. Ryad tu nous rattraperas avec comme à ton habitude un rp de la mort qui tue mon pote, Au plaisir HRP



Curieusement, Gallen mélangera dans sa mémoire ces jours funestes juste après la mort de sa bien aimée. En tentant ultérieurement de se rappeler de ces moments dramatiques, la couleur grise sera prédominante dans les souvenirs du rohirrim. Il se réveilla donc le lendemain, frigorifié. il claquait littéralement des dents. Il se leva . Il avait du cauchemarder, sa femme ne pouvait pas être morte, c'était impossible mais la silhouette frêle habillé de blanc et maculée de sang revint en mémoire du nouveau Vice roi du Rohan. De plus la nausée qui le taraudait le ramena à la réalité .Comme la veille il n'en avait pas envie mais ses muscles fonctionnaient encore. Etrange !!

Il découvrit la belle Aelyn au pied de son lit. La guérisseuse avait un sommeil agité . Gallen souleva avec précaution la jeune femme. Puis il le déposa dans le lit, il la couvre des draps. Il l'observa un long moment. Au delà de la beauté de la rohirrim il découvrit sa force et sa peine enfouie: Farma avait été une de ses amie les plus fidèle.
Il aperçut la souffrance de la jeune femme dans les mouvements éparses de Aelyn. C'était ridicule mais il en fut touché, il n'était pas le seul anéanti par la perte de son épouse.
Curieusement une chaise vide trônait au milieu de la pièce froide, Rokh n'était pas là. Cela étonna Gallen.

L'ancien maréchal de la marche sortit de la pièce, il croisa un soldat auquel il intima l'ordre de garder cette porte. Gallen sortit et l'air froid s'engouffra dans ses poumons douloureux. Il découvrit dans la cour proche de l'endroit de la mort de Farma, une belle fleur violette pousser: le violet la couleur préférée de Farma. Avec délicatesse Gallen la prit il se releva en pleine admiration de la fleur et il se retourna et découvrit Eothain son écuyer les yeux rougi par la peine.

Gallen l'observa un bref instant et Eothain en larmes se blottit dans ses bras. Gallen ne put retenir les siennes. Puis le jeune homme s'essuya les yeux avec rage.

Mortensen lui remit les fleurs et lui ordonna de les mettre dans la chambre d'Aelyn. Une manière maladroite de la remercier. Puis Rokh arriva la mine toujours aussi implacable...

Gallen décida de se plonger dans ses nouvelles missions. Il avait énormément de travail. Les nouvelles qui provenaient des plaines du Riddermark étaient mauvaises: le pays était déchiré. Il devait rassembler son peuple, quitte à en venir à la force en dernier recours. Il devait nommer des hommes de confiance aux postes stratégiques.

Rapidement Gallen s'aperçut qu'il devait rejoindre rapidement Edoras, car là se situait le centre névralgique du Rohan. Il devait quitter Aldburg. Mortensen eut un pincement au cœur car il avait vécu ses meilleurs moments et ses pires dans l'antique cité d'Eomer. Et toujours Rokh à la patience extraordinaire le suivait.

Mais il avait deux choses à terminer: L'enterrement de sa bien aimée et son duel contre sa Némésis du Rhun.

Gallen craignait le jour de l'enterrement il avait peur de craquer physiquement et surtout mentalement. Il revêtit sa nouvelle armure de vice roi. il eut le plaisir d'avoir un message de condoléances de Fendor. Gallen en eut les larmes aux yeux, la confiance et la compassion du jeune roi le touchait.

Gallen se dirigea vers le tumulus de la ville d'Aldburg. le corps de Farma arriva porté par la garde royale. Le vice roi rejoignit ses hommes et accompagna son épouse dans son dernier voyage. Il eut la joie de voir un nombre conséquent d'habitants de la ville : Farma était aimée. Il faut dire qu'elle avait gouverné la cité en son absence avec abnégation et force.

La voix de stentor de Gallen s'éleva/ la chanson préférée de farma:

Du sombre Dunharrow dans le matin terne
Avec thane et capitaine partit le fis de Thengal :
A Edoras il vint, aux anciennes salles
Des gardiens de la Marche, de brume recouvertes;
Les bois dorés était enveloppés de ténèbres.
Il dit adieu à son peuple libre,
A son foyer, à son haut siège, et aux lieux consacrés
Où longtemps il avait festoyé avant que la lumière ne s'évanouît.
Le roi partit en chevauchée, la peur derrière lui,
Le destin devant. Sa féauté il observa;
Les serments prononcés, tous il les accomplit.
Théoden partit en chevauchée, cinq nuits et cinq jours
Vers l'est et toujours plus loin chevauchèrent les Eorlingas,
Par le Folde, la Fenmarche et la forêt de Firien,
Six mille lances à Sunlending,
A Mundburg la puissance sous le Mindolluin,
Cité des rois de la mer dans le royaume du Sud
Assiégée des ennemis, par le feu encerclée.
Le destin les menait. Les ténèbres les prirent,
Cheval et cavalier; le battement des sabots au loin
Dans le silence se perdit : voilà ce que disent les chansons


Son père Thorin lui avait appris.

Rokh tel un argonaute était impassible, Eothain était en pleurs; Aelyn restait stoïque mais Gallen remarqua les ongles de la guérisseuse s'enfoncer dans les paumes de ses mains. Gallen trouva de la force dans le regard vert déterminé de son amie .Le rohirrim resta longtemps dans le tumulus. la nuit était tombée . A sa grande surprise il découvrit Aelyn. Les deux jeunes gens restent un instant immobiles et tombent en pleurs dans les bras de l'un et l'autre. A quelques mètres de là Rokh les observait silencieux

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Gallen se plongea donc dans ses missions. Il s'apprêtait à préparer son départ pour Edoras. Lorsqu'un jour il reçut un ambassadeur de l'Arnor . Selon les prérogatives de la bienséance il devait organiser un bal. Gallen souffla en découvrant cette obligation. Il laissa les maitres de cérémonie organiser la soirée. Et manque de chance l'ambassadeur était d'un ennui implacable. La musique commença , Gallen se leva avec un regard de soulagement vers l'orchestre. C'était une musique traditionnelle du Rohan, les personnes changeait de partenaires. au rythme des instruments.

Gallen prit le bras de l'épouse de l'ambassadeur qui lui faisait des œillades à peine voilées. Puis il poursuivit . il avait l'esprit ailleurs .Puis, il toucha un bras à la peau douce. Son regard bleu cobalt croisa le regard vert émeraude d'Aelyn. Il plongea littéralement dedans. Le vice roi se rapprocha d'Aelyn la fixant toujours. Aelyn c'est normal en tant que guérisseuse avait été invitée. Il se sentit pris d'une bouffée de chaleur. Sa main prit fermement celle d'Aelyn qui lui répondit à sa grande surprise. Sa main glissa alors et se posa sur la bas des hanches de la belle . Aelyn rougit et Gallen aima cette situation. Il serra un peu plus fort Aelyn. Ils étaient à quelques centimètres l'un de l'autre. l'atmosphère devint étouffante. Les deux jeunes gens n'entendirent pas que le musique s'était arrêtée et leur immobilisme avait cassé la farandole.

Gallen se reprit il toussa gêné. Il avait tenté d'éviter d'Aelyn pendant tous ces derniers jours, perturbé par la jeune femme . Il devait souffrir pour le souvenir de Farma et non pas séduire une autre femme, il s'en voulait et se sentait coupable.

Il se redressa et s'aperçut que sa main tenait toujours celle de la guérisseuse. Avec délicatesse il la retira il fit une révérence vers Aelyn et partit se rasseoir devant le regard interloqué de la foule présente. Puis prétextant un léger malaise il se leva et se dirigea vers ses appartements non pas sans un regard vers Aelyn qui avait toujours ce si joli teint rosé. Il en fut ému il doit bien l'avouer. Et autre bizarrerie il découvrit pour la première fois un sourire fendre le visage de Rokh: le soldat était il responsable de la présence d'Aelyn ? Ce sourire énigmatique enerva Gallen.

Dans les couloirs menant à sa chambre Gallen se fustigeait "Non je ne peux, j'aime toujours Farma, arrête Gallen "


Puis il entra et claqua la porte de sa chambre avec fureur. Une colère plus tournée contre lui que contre toute autre personne.



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Ryad Assad
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Un retour douloureux (Passé) EmptyMar 29 Juil 2014 - 21:40
HRP : Pas facile de retrouver les mots en français après un mois passé à parler anglais, mais l'appel du RP est assez irrésistible langue. J'espère que ça conviendra Wink /HRP

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Un retour douloureux (Passé) Rokh10   Un retour douloureux (Passé) Rokh_c10

La mort de Farma avait été un événement particulièrement troublant pour le cavalier de l'Est. Il était bel et bien habitué à la Mort, qu'il côtoyait quotidiennement, et qu'il connaissait probablement mieux que personne. Pourtant, sa mort à lui, celle qu'il donnait à ses ennemis par le fil de son épée acérée, était une belle mort, une mort honorable que beaucoup recherchaient. Sa mort à lui aurait un sens, et les vies qu'il fauchait servaient à construire son objectif. Ainsi allait le monde, la nature : le fort tuait le faible, et mourrait quand il rencontrait plus fort que lui. C'est parce que tout dévore tout en permanence que la nature est si parfaite. La mort de Farma, en revanche, avait été une mort inutile, pleine de tristesse et de regrets. Il y avait de l'amertume dans l'air, une souffrance déraisonnable, bien trop pour un seul être humain. Le Maréchal Mortensen, pourtant, avait repris du poil de la bête. Rokh l'avait accompagné lors d'une mission de première importance, dont les conséquences politiques lui échappaient en grande partie, et s'effaçaient de toute façon devant l'horreur de la situation qu'il avait découvert en même temps que le glorieux combattant du Rohan, champion de son royaume, réduit à être un mari impuissant contraint de regarder sa femme se défenestrer.

Rokh se rappelait de cette nuit-là dans tous ses détails, du plus insignifiant au plus macabre, du plus anodin au plus glauque. Ils avaient été absents un peu plus d'une semaine, et le retour à Aldburg marquait la fin d'une longue chevauchée dans les plaines balayées par les vents de ce triste pays. Les conditions climatiques s'étaient dégradées de manière considérable ces derniers jours, et la troupe de cavaliers arriva à vive allure dans la cité du Maréchal, pour s'abriter de la pluie qui tombait sans discontinuer d'un ciel zébré d'éclairs qui projetaient à chaque fois des ombres difformes et effrayantes autour d'eux. L'oriental avait eu l'occasion de traverser des champs de bataille bien plus éprouvants, et la tenue chaude qu'il avait revêtu pour l'occasion - clairement différente de l'uniforme des soldats du Rohan, pour que nul ne pût croire que le Maréchal avait pactisé avec l'ennemi - le préservait de la chute des températures qui accompagnait l'arrivée de l'obscurité. Les chevaux éreintés, trempés de sueur et de pluie, chargés de bagages bien lourds et de cavaliers bien las, furent confiés à des palefreniers diligents, qui conduisirent les vaillantes créatures dans un endroit plus sec et plus calme où elles seraient pansées et bichonnées. Rokh avait appris à respecter l'amour que les Rohirrim portaient aux chevaux, et en tant que cavalier, il ne pouvait plus grand honneur à un serviteur que de lui confier sa monture sans avoir à lui préciser ce qu'il attendait de lui. Les bêtes furent conduites à l'abri, et les hommes ne tardèrent pas à faire de même, se séparant en petits groupes, chacun éclatant lui-même en une myriade d'individus désireux de retrouver leur chez-soi, leur famille et leur épouse. Rokh échappait à cette description, et il se contenta de suivre le Maréchal comme à son habitude, se calant sur le rythme joyeux du champion du Rohan, avide de bonnes nouvelles.

De toute évidence, le Maréchal s'était fait à cette présence silencieuse quoique constante. Il savait que Rokh le suivait, mais il avait apparemment cessé de craindre que l'homme de l'Est ne le poignardât dans le dos à la première occasion. Pendant le voyage, il leur était même arrivé d'échanger quelques mots, jamais longtemps et jamais sur des sujets profonds, mais c'était toujours ça. Honnêtement, Rokh se fichait un peu de savoir ce qu'on pensait de lui, et voir que sur toute une compagnie de rohirrim, seul son plus vaillant adversaire acceptait de lui adresser la parole parcimonieusement le remplissait d'une indifférence dédaigneuse à laquelle tous et toutes semblaient s'être habitués. Mais quand même, il y avait du bon à entendre une voix, même sèche, s'adresser directement à soi. Peut-être était-ce de là qu'était née la complémentarité étonnante entre les deux hommes : du respect mutuel qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre, sans qu'il se muât jamais en amitié ou en quoi que ce fût d'approchant. Mortensen restait Mortensen, Maréchal du Rohan voué à son pays ; Rokh restait Rokh, Cataphracte du Rhûn, dédié à sa Reine. Et pourtant, la contribution du guerrier n'avait pas été négligeable. Toujours là pour couvrir les arrières de son meilleur ennemi, toujours là pour le préserver du moindre danger, il représentait à la fois la plus grande menace pour la sécurité du Maréchal, et la plus grande arme de ce dernier. Un paradoxe qui ne manquait pas d'étonner et de faire jaser, tant parmi les riches et puissants que parmi les pauvres roturiers. Mais cette complémentarité, strictement professionnelle, avait naturellement ses limites, et Rokh ne tarda pas à les éprouver, sitôt qu'il pénétra à la suite du Maréchal dans les appartements de Dame Farma.

La première chose que nota le guerrier, en franchissant le seuil, fut la fraîcheur de l'atmosphère. Il faisait froid, extrêmement froid, et une brise désagréable s'engouffrait par la fenêtre ouverte, faisant onduler des parchemins et les pages de livres de guérisons depuis longtemps renversés au sol sur le tapis somptueux. Pour Rokh, ce souvenir était en noir et blanc, et il était incapable de trouver à y ajouter la moindre couleur. Le noir de la nuit en fond semblait impénétrable, et le bourdonnement incessant de la pluie tombant inlassablement paraissait assourdissant, mais pas davantage lumineux. Les gouttes qui perlaient à l'intérieur semblaient noirâtres, comme du sang d'orc, et avaient l'air tout aussi poisseuses, tout aussi répugnantes. Et puis, au milieu de ce qui aurait pu être un tableau tragique, se trouvait la silhouette immaculée de Farma. La Dame d'Aldburg, vêtue d'une robe d'un blanc étincelant, la peau pâle comme la mort, se tenait comme une statue sur la façade d'une forteresse, inspirant profondément, régulièrement, comme si elle était lucide. A ceci près que ses pieds étaient à quelques centimètres d'une chute vertigineuse à laquelle elle ne réchapperait pas. Les murs noirs de la chambre baignée dans l'obscurité ne faisaient que souligner, par contraste, la teinte opaline de ses cheveux agités par le souffle irrégulier du vent. Pendant un bref instant, Rokh se dit qu'il y avait quelque chose à faire. Une seconde de compassion, de désir réel d'aider la femme du Maréchal, quitte à devoir plonger avec elle dans le vide, jusqu'à ce que son esprit analytique ne lui fournît en batterie des éléments logiques pour le dissuader de tenter quoi que ce fût. Farma était trop loin, et paraissait trop déterminée pour être stoppée par la force. S'il tentait quelque chose, elle sauterait aussi sûrement que le chasseur qui veut attraper une perdrix à mains nues est voué à rentrer bredouille. La seule option restait de la raisonner, mais Rokh se rendit compte qu'il n'y avait plus aucun espoir. Il l'avait lu dans son regard dès lors qu'elle avait posé les yeux sur son époux. Il l'avait compris dès la première seconde, mais savait que dans pareille situation, il valait mieux garder son sentiment pour lui.

De toute évidence, son avis était partagé par le Maréchal, qui tentait tout de même d'entrer en contact avec sa femme, refusant de croire que celle qui se tenait devant lui n'était pas celle qu'il avait aimée et pour qui il avait tant donné et tant souffert. Le guérisseur qui entra à son tour dans la pièce, et qui garda le silence sur l'injonction silencieuse du Maréchal, paraissait quant à lui interdit, et incapable de réagir. Il n'y avait donc que Gallen pour parler, mais les mots adéquats semblaient coincés dans sa gorge. Elle l'accusait avec bienveillance, le blessait avec amour, le terrassait avec gentillesse, et il était à peine capable de lui demander de descendre du rebord de la fenêtre. Rokh jeta un bref regard au Maréchal, de dos, et constata ce qu'était la véritable impuissance. Un homme qui avait tout pour lui, la bravoure et le courage pour affronter mille dangers, l'honneur et les titres pour parader en société, se retrouvait totalement incapable d'empêcher le pire d'arriver. Mortensen avait traversé des épreuves immensément difficiles, survécu à des blessures qui auraient terrassé n'importe quel homme, et il s'était débrouillé pour revenir en vie. Mais, caprice de Melkor sans doute, la vie qu'il avait réussi à conserver à coups de dents et d'ongles était en passe de quitter celle qu'il aimait, sans qu'il pût cette fois rien y faire.

Alors quand, sans le moindre effort, elle se jeta dans le vide, le cri de désespoir du Maréchal était avant tout un cri d'impuissance. Le cri de celui qui a laissé son sang sur l'épée de mille ennemis et qui vacille à la dernière épreuve, la seule que son bras puissant ne peut remporter. Happée par les ténèbres, Farma quitte la vue des deux hommes, et avant que ceux-ci aient le temps de rejoindre la fenêtre, un craquement sinistre et révulsant se fait entendre. Une seconde plus tard, les yeux de Gallen se posent sur le corps désarticulé de sa femme, couvert de sang et de pluie. Livide mais enfin en paix, elle est l'inverse de son époux, plein de couleurs et de vie mais terrassé par la douleur. Ses sanglots l'emportent sur toute forme de raison, et tandis que le guérisseur Rihils s'empresse de descendre pour porter secours à Farma - l'inconscient, encore convaincu qu'il y a de l'espoir, ne souhaite pas perdre une seconde -, Rokh décide de demeurer en compagnie du Maréchal, jusqu'à ce que celui-ci fût en mesure de se redresser lui-même, et d'aller voir le corps gisant de son épouse. Descendre les marches dans ces conditions s'avère être une véritable épreuve, tant physique que mentale, mais la force du Maréchal n'a en rien disparu. Sans ménagement, il bouscule la foule de badauds rassemblée autour du corps inerte de leur suzeraine, allant jusqu'à frapper un de ses hommes. Rokh, sur ses talons, fend la foule en regardant de droite et de gauche, défiant du regard quiconque de se permettre la moindre remarque. De toute évidence, l'aveuglement brutal du Rohirrim et la la menace glaçante de l'oriental suffisent à tenir en respect la foule qui, secouée par le vent et trempée par la pluie, n'a pas le coeur à chercher querelle à un homme brisé.

Ce qui suivit fut dès lors d'une tristesse ineffable. Sous les yeux de dizaines de personnes, mais parfaitement insensible à leur présence, le Maréchal se mit à marcher de long en large, son épouse dans les bras, hurlant à s'en briser les cordes vocales au tonnerre qui rugissait à l'autre bout. L'homme semblait atteindre les limites de sa raison, et il basculait peu à peu dans la folie, tandis que son corps semblait incapable de s'arrêter, comme si continuer à marcher était le dernier réflexe de survie de ce guerrier qui avait passé sa vie à tromper la mort, et qui une fois encore ne pouvait pas se résoudre à mettre fin à ses jours. La tristesse était dévorante, lui broyait le coeur et lui déchirait les entrailles, mais il y survivrait, et pire que tout, il devrait apprendre à vivre avec. Le regard de l'Oriental était froid et dur, incapable d'éprouver une once de compassion pour un spectacle qu'il pouvait objectivement qualifier d'émouvant, voire même de profondément bouleversant. Mais lui n'était en rien bouleversé. Au contraire, il était parfaitement serein, conscient qu'il n'y avait plus rien à faire, et que s'il n'était pas utile d'agir, alors il n'était pas plus utile de paniquer, de s'émouvoir, ou de flancher. Impassible, il observait donc la scène, attendant le bon moment pour intervenir et prêter main-forte au Maréchal.

Cette occasion, ce fut la roturière guérisseuse qui se trouvait toujours au chevet de Farma qui la lui offrit. Elle était celle que Gallen avait embrassée fougueusement quoique sans autre témoin que le Rhûnadan qui marchait systématiquement dans ses pas. Petit brin de femme, à peine plus costaude qu’un enfant selon les critères du guerrier, elle parvint tout de même à stopper net le Maréchal, réussissant là où aucun autre – Rokh compris – n’avait eu le cran de venir s’interposer. Les deux êtres, indifférents à ce qui n’était pas eux, virent à peine que l’Oriental venait de prendre le contrôle de la situation avec une efficacité toute militaire. S’emparant sans ménagement de la cape qu’un soldat tenait fébrilement autour de ses épaules, il s’avança à grandes enjambées vers le corps sans vie, et le recouvrit élégamment, mettant fin à la contemplation macabre qui semblait fasciner tant les Occidentaux présents dans la cour à cet instant. Ce fut pour eux comme un signal, et ils se dispersèrent bien vite, se rendant compte que la pluie les trempait jusqu’à l’os, ou qu’ils devaient aller prévenir des proches de ce qu’il venait de se passer. S’égayant comme un groupe d’oiseaux face à un prédateur, ils filèrent prestement, et laissèrent à peine une poignée de gardes et de proches du couple au chevet de Farma. Rihils, en tant que guérisseur, fut un des premiers à s’avancer vers la silhouette désormais pudiquement protégée de Farma, et il entreprit de la soulever, avec l’aide d’un groupe de gardes, qui la hissèrent noblement sur leurs boucliers, avant de la conduire à l’abri, là où on pourrait procéder aux rites funéraires.

Le Maréchal et sa roturière demeurèrent seuls, écrasés par la douleur, sous le regard froid de Rokh qui les observait sans sourciller. De longues minutes passèrent, et leurs sanglots finirent par se calmer. Ils avaient franchi la première étape, celle des larmes et du choc, et ils allaient plonger dans la seconde, plus difficile encore. Ils allaient devoir continuer à vivre puisqu’ils étaient incapables de se laisser mourir, et ils allaient sentir au fond d’eux-mêmes la culpabilité terrible, le poids des remords. Comment pouvait-on être heureux d’être en vie quand on venait de perdre un être cher sans rien pouvoir pour l’empêcher ? Comment pouvait-on apprécier une quelconque compagnie quand l’absence de l’autre rendait futile chaque geste, gangrénait chaque seconde, emplissait chaque silence ? Sans un mot l’un pour l’autre, sans même vraiment se rendre compte de ce qu’ils faisaient, ils se relevèrent donc, appuyés l’un sur l’autre comme deux boiteux, deux amputés. Et amputés ils l’étaient : amputé d’une épouse, amputée d’une amie, amputés d’une raison de vivre. Amputé d’un avenir, amputée d’un souvenir, amputés du bonheur ? Leurs pas hésitants, prudents, les menèrent à des appartements à l’écart, éloignés des fantômes d’un passé par trop récent. La chambre, froide et nue, paraissait correspondre parfaitement à l’état d’esprit du Maréchal, vide de toute humanité, perdu, anéanti. La roturière, faisant preuve d’un acharnement confinant à la folie, parvint finalement à faire partir un feu d’une taille ridicule, mais qui suffirait peut-être à réchauffer le corps du Maréchal, qui tremblait de froid. Rokh songea distraitement qu’elle pouvait également allumer une petite flamme dans le cœur du guerrier, dans l’espoir de le réchauffer et de lui permettre de continuer à battre, mais il se garda bien d’évoquer cela à haute voix. Ce n’était ni le moment ni le lieu, et cela ne le concernait tout simplement pas.

Finalement, les deux êtres se couchèrent après que Gallen eût été délesté de ses vêtements trempés. Grelottant de froid, la femme s’était installée dans un drap au pied de son lit, s’efforçant de ne pas le regarder alors qu’il se trouvait tout en face d’elle, assis sur une chaise. Un silence de mort s’abattit sur la pièce, et il aurait été commode de dire que les trois individus présents demeuraient silencieux parce qu’ils méditaient sur le sort tragique de Farma, mais en réalité la nature avait repris ses droits sur le corps des deux rohirrim. La fatigue accumulée, la tension nerveuse et le froid avaient eu raison d’eux, et ils sombrèrent presque instantanément dans un sommeil qu’ils n’eurent même pas la force de combattre plus de quelques minutes. Alors qu’ils glissaient dans leurs rêves, ou plus probablement leurs cauchemars, Rokh se leva. Ombre parmi les ombres, il se dépêcha vers le feu et constata qu’il ne tiendrait pas la nuit avec si peu de bois. La chambre n’avait pas été préparée, et nul ne savait qu’ils étaient ici. Tant mieux. Le guerrier, discret comme une feuille d’arbre ballotée par le vent, s’éclipsa de la pièce, et partit errer dans la forteresse. Ses pas le conduisirent directement vers la caserne, où il savait qu’il trouverait quelqu’un de jour comme de nuit. Deux gardes lui barrèrent la route, et s’enquirent de la raison de sa présence :

- La femme qui s’occupait de l’épouse du Maréchal. Comment s’appelle-t-elle ?

Les deux hommes se regardèrent, un peu surpris par la question :

- Dame Aelyn ? Que lui voulez-vous ?

- Vous savez où elle habite ? Eluda l’Oriental.

- Bien entendu, mais…

Rokh leva la main pour couper court à toute perte de temps, et les hommes se turent, pétrifiés de terreur devant l’apparence menaçante du guerrier :

- Prévenez votre chef, et dites-lui d’envoyer des hommes à son domicile. Qu’ils préviennent ses enfants qu’elle ne rentrera pas avant demain, et qu’ils restent assurer leur sécurité jusqu’alors.

Ce n’était pas une demande, mais un ordre formulé sans la moindre légitimité. Toutefois, on savait partout qu’il accompagnait le Maréchal en permanence, et si les deux hommes hochèrent la tête, ce fut parce qu’ils estimèrent que cet ordre pouvait venir directement de Mortensen, et qu’il ne semblait pas présenter de danger pour la sécurité de la forteresse. Ils s’empressèrent de s’exécuter, et le Rhûnadan reprit sa marche, en direction des quartiers des serviteurs cette fois. Il y trouva une foule bien réveillée, rassemblée autour de deux femmes qui racontaient ce qu’elles avaient vu avec force détails. Elles parlaient le dialecte du Rohan, aussi Rokh ne comprit pas tout, mais dès lors qu’elles s’aperçurent qu’il était là, elles se turent, craignant d’avoir commis un impair. Indifférent aux regards ici surpris ici terrifiés, Rokh s’approcha d’une servante à qui il rendait au moins deux têtes, et lui demanda sans ménagement de lui trouver des couvertures et du bois de chauffage. Elle hocha la tête à s’en faire mal à la nuque, et lui ramena tout ce qu’il commandait. Sans un regard pour l’assistance qui le dévisageait, il prit ses effets, et repartit d’un pas souple, les conversations reprenant peu à peu derrière lui.

On était au milieu de la nuit, et pourtant il régnait une activité anormale dans la forteresse. Rokh croisa des gardes qui étaient visiblement sortis de leur sommeil pour entendre la nouvelle. Certains essayèrent de l’approcher pour lui poser des questions, mais il leur jeta un regard si noir qu’ils battirent en retraite avant d’avoir ouvert la bouche. Pour les autres, il était plutôt question de trouver un témoin susceptible de raconter ce qu’il s’était passé. Les voisins avaient tout entendu des lamentations de Gallen, mais nul n’avait vu ce qu’il s’était passé. On parlait d’un accident, d’une glissade, et certains évoquaient même un meurtre – après tout, le Maréchal venait à peine de revenir quand cela s’était produit – qui aurait pu être commis par les ennemis du royaume. Ceux qui savaient, comme Rokh ou Rihils, n’avaient pas particulièrement envie de donner davantage de détails. Aurait-il été préférable que tout le monde sût dans l’heure qu’il s’agissait d’un suicide ? Cela aurait-il changé fondamentalement la donne ? Certainement pas. Dans la forteresse, on cherchait aussi le Maréchal, sans savoir vraiment si c’était une bonne chose. Le corps de Farma avait été déposé temporairement dans une crypte, et on cherchait depuis lors son époux. Rokh était le seul à savoir où ils se trouvaient, et il fit très attention à ne pas être suivi, à ne pas être observé.

Il regagna prestement et discrètement les appartements réquisitionnés par le Maréchal et sa roturière… Aelyn, pour constater qu’ils n’avaient toujours pas bougé. Lui était allongé, la respiration irrégulière et le sommeil agité. Elle était trempée – car elle n’avait pas la possibilité d’ôter la chemise de nuit qu’elle avait pour seul vêtement –, et elle risquait fort d’attraper la fièvre dans les jours à venir. Rokh déposa sur elle une couverture épaisse et chaude, veillant à ce que ses pieds ne s’en échappassent point, et il lui constitua un oreiller de fortune à partir de la seconde couverture qu’on lui avait donnée. C’était maigre, mais cela lui éviterait de trop souffrir au réveil. Puis, revenant à l’âtre, le Rhûnadan alimenta le feu en bois, et s’assura qu’il n’étouffait pas et qu’il brûlerait joyeusement jusqu’au matin, avant de regagner sa chaise. Son attitude, même si personne n’avait pu le remarquer, aurait pu être prise pour de la bienveillance ou de la compassion. On aurait pu croire qu’il agissait ainsi par bonté d’âme, parce qu’il se souciait sincèrement de la jeune femme qui dormait aux côtés du Maréchal. Mais en réalité, elle lui était totalement indifférente. Ce qu’il souhaitait surtout, c’était pouvoir affronter son rival dans un combat singulier. Il voulait voir Gallen au maximum de ses capacités, et il savait que perdre son épouse risquait de reporter leur combat. Alors, usant d’une logique implacable, il faisait en sorte de préserver les proches du Maréchal, pour permettre à ce dernier de se concentrer exclusivement sur son combat à venir. Aux yeux de tous, il n’était qu’un chien de guerre, et il n’entendait pas s’éloigner de cette image. Qu’ils le prennent pour un monstre et qu’ils le craignent, c’était tout ce qu’il demandait.

S’installant aussi confortablement que possible sur son siège, Rokh ferma les yeux et essaya de se détendre. Les bras du sommeil vinrent le caresser, mais il les écarta d’une pichenette mentale. Il devait rester éveillé, et protéger le Maréchal contre tout ce qui pouvait le menacer, et l’empêcher d’arriver en forme au duel qu’ils avaient prévu. Calant sa respiration sur le battement lent, profond et régulier de son cœur, il se laissa aller à méditer, bercé par le bruit des flammes. Au cœur de la nuit, ses pensées étaient d’une pureté et d’une clairvoyance rares. Il appréciait de pouvoir se relaxer dans les jardins secrets de son esprit, plonger dans les paroles sacrées de ses ancêtres qu’il entendait en souvenir dans la bouche de son père. Les conseils, les reproches parfois, les ordres souvent, voilà à quoi il se raccrochait pour continuer à avancer. En l’occurrence, pour ne pas oublier d’où il venait, il se plongeait aussi souvent que possible dans une profonde réflexion pour se rappeler que sa place ici n’était pas celle d’un serviteur, encore moins d’un garde du corps. Ce qu’il attendait, c’était une occasion de se venger, une opportunité de pouvoir enfin rentrer chez lui avec le sentiment d’avoir retrouvé son honneur perdu lors de cette tragique journée au pied des murailles d’Aldburg. Des heures durant, bien qu’immobile, il se replongea dans ses plus mémorables combats, revécut en silence les affrontements titanesques de sa jeunesse, et chaque fois revenait à son duel contre Mortensen, qu’il connaissait désormais par cœur. Les tactiques de ce dernier ne lui avaient pas échappé, et il avait appris de ses erreurs, progressé sans avoir pour cela à combattre. La guerre était sa vie, et il se savait le meilleur, quoi qu’on en dît.

Le matin arriva bientôt, et les timides rayons d’un soleil pâle peinaient à filtrer à travers les épais nuages qui continuaient à faire couler une pluie fine sur les plaines du Riddermark. Les deux rohirrim, toutefois, ne se réveillèrent pas. Ils étaient bien épuisés après cette nuit, et ils n’avaient cessé de s’agiter et de trembler, comme s’ils étaient sur le point de mourir de froid. Mais, Rokh le savait, ce n’était pas l’air qui était glacial : c’était ce trou béant dans leur âme, qui aspirait à grandes goulées le peu de chaleur que leur corps s’évertuait à produire. C’était pire que mourir d’un coup d’épée, c’était une lente décomposition, une déconstruction de l’être davantage qu’une violente destruction. Ils allaient devoir freiner le processus lors de ce que l’on appelait le deuil, puis se reconstruire, ce qui risquait de prendre plusieurs années. Rokh, considérant que l’heure était assez avancée, quitta la pièce pour aller s’occuper de ses problèmes. Il avait beau suivre le Maréchal fidèlement, il lui arrivait de penser à ses soucis, et ceux-ci menèrent ses pas militaires jusqu’au forgeron de la cité, qui l’accueillit avec une mine glaciale. Les deux hommes ne s’appréciaient pas, mais il y avait entre eux une forme de fascination mutuelle, davantage liée à leurs professions respectives. Rokh était un tueur, et le forgeron lui fournissait ses instruments. Le premier admirait le travail du second, et le second se glorifiait de savoir que les succès du premier lui étaient dus. Là où les choses devenaient compliquées, c’était quand le guerrier n’était ni proche ni allié.

- Est-ce que tout est prêt ? Vous aviez dit qu’à mon retour, tout serait en ordre.

L’homme à la barbe bien fournie hocha la tête en grommelant quelque chose en rohiric, avant de faire signe au guerrier de l’attendre. Il revint avec un sac d’où se dégageait un bruit métallique unique que l’Oriental reconnaissait entre mille. Le forgeron, bougon, lança :

- Voilà. J’ai réparé votre armure, votre cotte de mailles et votre casque. J’ai consolidé votre masse, et travaillé sur la cuirasse de votre cheval. Ca n’a pas été facile, mais le résultat est là.

Rokh demeura silencieux, observant le casque sombre qu’il faisait tourner entre ses mains expertes, laissant glisser ses doigts sur l’endroit où l’épée du Maréchal avait fendu la protection de métal. L’artisan reprit :

- Qu’allez-vous faire de mon travail, Oriental ?

- Je vais tuer le Maréchal, répondit simplement l’intéressé.

- Vous ne réussirez jamais, cessez de rêver. Gallen Mortensen est le meilleur combattant qu’il m’ait été donné de rencontrer, et vous lui rendez au moins une dizaine d’années. Vous n’avez aucune chance.

Rokh remit le casque à sa place, et ferma le sac, qu’il hissa sur ses épaules avant de repartir :

- Si ce que vous dites est vrai… Pourquoi puis-je lire de la peur dans vos yeux ?

Sans un regard en arrière, il quitta la boutique, et retourna à ses appartements, avec la sensation de toute-puissance qu’il appréciait tant. Maintenant qu’il avait retrouvé ses effets, il pouvait affronter n’importe quel danger, et ce n’était pas le Maréchal qui le freinerait. Son ambition était immense, et même s’il respectait l’homme et le guerrier du Rohan, il se savait bien meilleur. Jamais il ne perdrait ce duel. Jamais.

Rokh déposa l’armure dans les appartements qui lui étaient confiés, puis rejoignit la chambre où Gallen s’était réfugié. Il fut surpris de trouver le Maréchal debout, visiblement un peu perdu, au milieu de la cour. L’Oriental arriva avec sa démarche raide mais énergique, le pas d’un soldat de métier habitué à avaler des kilomètres, et emboîta le pas de celui que l’on pouvait désormais qualifier de veuf. Mortensen semblait hésiter sur la marche à suivre. D’un côté, il avait des devoirs envers son épouse, qui étaient notamment de porter le deuil et de veiller à ce que soient bien accomplis les rites de passage dans l’au-delà. Rokh savait que les Occidentaux ne vénéraient pas Melkor, mais il se doutait qu’ils ne laissaient pas les âmes des leurs s’en aller sans un adieu. Ils étaient barbares, mais pas à ce point. D’un autre côté, en sa qualité de Vice-Roi, il avait de nombreuses affaires à gérer, d’autant plus que le souverain actuel n’était qu’un enfant qui avait besoin d’être conseillé. Le pays était au plus bas après la guerre civile, et qu’il le voulût ou non, Mortensen était la seule personne capable de raccorder les différentes factions, et d’empêcher la décomposition du royaume. Des responsabilités immenses qui pouvaient écraser ou au contraire aider l’homme à se relever. Tout dépendait de la manière dont il allait pouvoir les appréhender.

Mais d’abord, il y avait l’étape particulièrement difficile des funérailles. Pour l’occasion, l’ensemble de la ville se réunit là où on inhumait les défunts, chacun ayant revêtu sa tenue de circonstance : du noir pour les civils, un uniforme de parade pour les militaires. Rokh, à mi-chemin entre les deux, s’était contenté de la tenue qu’il portait quand on l’avait capturé. Réparée et nettoyée, elle était d’un blanc immaculé – ce qui tranchait nettement avec l’ensemble de la population, à dire vrai -, et affichait un style clairement oriental. Une veste à large pans, fermée par une ceinture nouée à la taille, un pantalon ample plongeant dans de fines bottes noires, et une cape qui recouvrait uniquement son bras et son flanc gauche constituaient sa tenue. Il aurait certainement préféré porter du rouge, mais lorsqu’il avait été mandaté par l’Ordre pour venir combattre sur ces terres inhospitalières, on ne lui avait pas demandé d’emmener sa garde-robe personnelle. Il avait tout de même choisi cette tunique de qualité, blanche conformément aux ordres de ses supérieurs, et devait s’en contenter depuis lors. Pour l’occasion, il avait noué ses cheveux noirs en une queue de cheval qu’il portait haut sur la tête, comme c’était la mode sur l’île où il était né. Cela lui donnait l’air incroyablement noble, bien qu’il fût de basse extraction comme la plupart des individus ici. On n’attendait pas de lui qu’il parlât ou qu’il fît quoi que ce fût de spécial en ce jour, aussi se contenta-t-il d’être là, et de regarder avec une froideur terrifiante la peine et l’accablement du peuple d’Aldburg, et plus particulièrement de ceux qui avaient bien connu Farma.


--- ---


A l’enterrement de Farma, succéda le retour à la réalité, les considérations politiques, et bien sûr la diplomatie. L’arrivée de l’ambassadeur d’Arnor – un pays dont Rokh découvrit purement et simplement l’existence – obligea la petite cité à se plier en quatre pour le recevoir dans les formes, et un bal fut organisé pour célébrer la réunion de personnages aussi importants. Tout ce faste, cet étalage de luxe et de bonne chère après les événements qui s’étaient enchaînés révulsa le guerrier, qui se sentait particulièrement mal à l’aise dans les environnements nobles. Il était un soldat, un homme de guerre, et non pas un homme de cour. Les sourires factices, les courbettes polies et les phrases de circonstance ne lui allaient pas du tout. Gallen était tenu par ses obligations, mais de son côté, il se contenta de demander et d’obtenir de la part du Maréchal – qui avait changé de fonction depuis, mais que Rokh persistait à appeler de la sorte, comme si le temps s’était figé à l’heure de son duel perdu – de prendre place parmi les gardes qui s’occupaient de veiller à la sécurité des convives. De là, il pouvait assister à la fête sans avoir à y participer, ce qui lui convenait très bien. Ses yeux allaient de droite et de gauche avec une régularité mécanique, et si personne ne faisait plus cas de sa présence entre ses murs, l’ambassadeur et son épouse avaient été passablement surpris de voir un Oriental en armes dans une demeure du Rohan. Après tout, si la paix régnait entre les deux pays, on ne pouvait pas dire que l’Est et l’Ouest partageaient autre chose qu’une méfiance réciproque, ponctuée de quelques tensions diplomatiques.

Mais tout cela fut vite oublié, noyé par le vin, la musique et la danse, qui eurent tôt fait d’égayer les cœurs et de libérer les langues. On se mit donc à sourire plus franchement, à rire sans fard, et à s’observer avec envie. Rokh, qui conservait toujours le Maréchal en ligne de mire, s’attarda sur lui lorsqu’il changea de cavalière comme l’exigeait la chorégraphie qu’ils exécutaient, et qu’il se retrouva face à Aelyn la guérisseuse. De tous les convives présents, pas un n’avait pas entendu parler de la présence de la jeune femme aux côtés du Vice-Roi au moment du décès de Farma, et du rôle qu’elle avait pu jouer. Mais pour beaucoup, c’était la première fois qu’ils pouvaient assister en public à l’intérêt réciproque que les deux tourtereaux semblaient se porter. Pour Rokh, cela n’avait rien de nouveau, mais il fut tout de même légèrement surpris de voir qu’ils se dévoraient du regard au point de ne pas voir que leur petit manège venait de stopper brutalement l’ensemble des danseurs, qui attendaient de pouvoir continuer. Un cavalier sans cavalière, bien embarrassé à l’idée d’oser déranger le Vice-Roi pour lui emprunter la jeune femme ; une cavalière sans cavalier, de toute évidence un peu jalouse de voir que toute l’attention du personnage le plus puissant de la soirée allait à une toute autre qu’elle. Et au milieu de tout ça, Rokh qui se permit un petit rictus qui n’échappa pas au Maréchal. Celui-ci ne parut pas apprécier, et il s’excusa avant de quitter rapidement la fête, plantant là invités et ambassadeurs, les abandonnant aux bons soins de ses conseillers qui se chargeraient d’entretenir la soirée en son absence. L’Oriental, décroisant les bras, quitta son poste et emboîta le pas du Vice-Roi qui s’était enfermé dans ses appartements, confiant sa sécurité à un garde en faction. Ce dernier fit barrage de son corps :

- Le Vice-Roi ne désire pas recevoir, veuillez attendre.

Tout se serait très bien terminé s’il s’en était tenu là, mais il eut la très mauvaise idée de vouloir repousser Rokh physiquement, en lui posant une main sur le torse. Une tentative trop audacieuse et pas assez déterminée, qui excéda particulièrement le Rhûnadan. Vif comme l’éclair, celui-ci se saisit du poignet du soldat, et le tordit brusquement, mettant instantanément l’homme à genou, soumis et implorant.

- Ne me touche jamais, misérable.

Repoussant le soldat de côté, Rokh ouvrit la porte sans prendre la peine de frapper, et se retrouva nez à nez avec le Maréchal, qui avait de toute évidence perçu les bruits de lutte de l’autre côté de la porte en bois. Les deux hommes se dévisagèrent pendant un instant, comme deux lutteurs s’analysant, avant que le plus jeune prît la parole :

- Ce n’est pas de la tristesse que je vois en vous, Maréchal.

Il leva fièrement le menton, conscient qu’utiliser ce titre pouvait constituer une véritable insulte pour un homme doté du titre de Vice-Roi. C’était pratiquement la première fois qu’il s’adressait directement et de cette façon à Gallen depuis des semaines, et ce dernier devait être bien surpris de ce soudain changement de comportement. Mais Rokh reprit, incisif :

- Ce n’est pas un boiteux que j’ai vu franchir les portes de la salle de bal. Ce n’est pas un homme brisé qui a été nommé Vice-Roi de ce pays, quoi qu’on en dise.

Le guerrier nota que dans son dos, une présence venait de se manifester. Il tourna la tête brièvement, et nota qu’il s’agissait de la roturière Aelyn. Sa présence ne changeait rien, et il se demandait si elle serait davantage concernée par le soldat encore un peu secoué, ou par la tirade de l’Oriental. Celui-ci poursuivit :

- Quand vous êtes parti, vous m’avez fait une promesse sur l’honneur, et moi de même. J’ai protégé votre épouse comme aucun de vos hommes n’aurait été capable de le faire. J’ai été bien au-delà de ce que vous m’aviez demandé, et j’ai enduré bien plus que je n’aurais dû conformément à notre marché. Si votre femme est décédée, c’est sous votre responsabilité, et non la mienne…

Seconde insulte. Bien plus cruelle, cette fois, mais pas totalement fausse. Rokh sentit la rage monter dans les veines de Gallen, mais ce dernier ne pouvait pas lui laisser libre cours. L’Oriental était armé et dangereux, et il aurait été imprudent de se jeter sur lui sans avoir la maîtrise de ses émotions. Surtout en présence d’Aelyn. Toutefois, la réaction du rohirrim tira un sourire de satisfaction au Rhûnadan :

- Vous respirez la colère, la haine, l’envie de vengeance. Vous vous détestez autant que vous détestez ce qui vous entoure. Ce n’est pas la perte de votre femme qui vous ronge, admettez-le. Ce qui vous ronge le plus, c’est que vous n’arrivez pas à éprouver de la peine. Je crois, Maréchal, que l’heure est venue pour vous de faire face à la réalité, et d’arrêter de vous cacher derrière des faux-semblants.

Ce que vous souhaitez plus que tout, c’est prendre votre épée, et plonger dans la bataille : tuer, encore, et encore, jusqu’à mourir noyé sous des litres de sang. Tout cela pour oublier que ce n’est pas la compagnie d’une femme qui vous transporte, fût-elle une noble acariâtre aux tendances suicidaires, ou une vulgaire roturière qu’on trousse à l’abri des regards.


Troisième insulte, peut-être l’insulte de trop. Surtout en présence d’Aelyn. Mortensen fit un pas en avant, mais Rokh fut plus rapide, ayant anticipé sa réaction. En une fraction de seconde, il dégaina son sabre, et posa la pointe sur le torse de son adversaire, avec une maîtrise exceptionnelle. A n’en pas douter, il avait pleinement récupéré de ses blessures. Il avait été si rapide que personne n’avait eu le temps de réagir, et que personne n’était décemment en position de bouger. D’une voix solennelle, il lança :

- Moi, Rokh fils de Hôma le Féroce du Clan Visuni, je vous défie Gallen Mortensen, Vice-Roi et Champion du Rohan. Que notre sort soit scellé en public dès demain, et que Melkor choisisse qui de nous deux aura l’honneur de prendre place parmi ses ancêtres.

Rokh s’empara de la main gauche du Maréchal, et y fit une entaille de petite taille, juste au niveau de la paume. Puis il procéda de même avec sa main, et pendant un bref instant tous purent voir que sa chair était parcourue d’un nombre incalculable de lignes parallèles, symbole des duels qu’il avait livrés et remportés. Le sang coula entre les doigts des deux hommes, qui se serrèrent la main fermement, concluant ainsi ce pacte ancestral qu’aucun des deux ne pouvait décemment songer à rompre. Vingt-quatre heures, voilà ce qui les séparait d’un affrontement titanesque, qui devait prendre totalement au dépourvu le Vice-Roi. Mais au fond, Rokh savait qu’il était prêt en cet instant. Il était partagé entre son chagrin pour Farma, et son affection pour Aelyn, tiraillé entre ses propres aspirations et les responsabilités d’un royaume qui comptait infiniment sur lui. Il ne pouvait pas se permettre de mourir maintenant, et il se battrait ainsi jusqu’au bout, avec dans les veines une énergie décuplée. Rokh tourna les talons, et posa sur la jeune femme qui avait assisté à toute la scène un regard qui, pour la première fois, n’était pas empli d’une indifférence à toute épreuve. Elle put lire dans ses yeux, contre toute attente, une forme de sérénité, comme si la perspective du duel à venir le détendait, et lui permettait de concevoir sereinement son futur. Avant de partir, le guerrier ajouta toutefois quelques mots à la seule jeune femme, se penchant pour lui murmurer à l’oreille :

- Je sais que vous me haïssez, et que vous n’avez aucune raison d’accepter, mais… si je devais ne pas m’en sortir, voudriez-vous prendre soin de mon cheval ? C’est un bon compagnon, et il ne mérite pas de finir ses jours seul.

Curieusement, alors qu’il n’avait que très rarement adressé la parole à Aelyn – et lorsque cela avait été le cas, cela s’était souvent terminé de manière désastreuse – il avait décidé de lui confier ce qu’il avait du plus précieux en ce monde. La vérité était qu’il avait vu l’acharnement qu’elle avait mis à soigner Farma, et la douceur dans ses gestes. Il n’éprouvait pas le besoin d’exprimer son attachement aux êtres humains, mais il était lié à sa monture qui l’accompagnait dans la bataille et prenait les risques avec lui. Il n’attendit pas la réponse de la jeune femme pour s’en aller, préférant lui laisser le soin de décider en son for intérieur. Lui, retrouvant son arrogance naturelle, considéra qu’il n’aurait plus jamais à évoquer ce qu’il considérait comme impossible : son hypothétique défaite. Digne et fier, il s’en alla, laissant les deux rohirrim partager leurs derniers moments.


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Un retour douloureux (Passé) EmptyDim 3 Aoû 2014 - 2:06
[C'est une grande joie de te voir de retour Ryry ! Je te rassure, t'as pas perdu la main même après un mois d'anglais ^^]

Quand Aelyn se réveilla d'un sommeil particulièrement agité elle n'avait plus froid. Elle se souvenait de la sensation glacée qui l'avait faite tremblée toute la nuit mais ça allait mieux. Les draps autour d'elle dégageaient une douce chaleur dans laquelle elle se roula en boule pour replonger dans les méandres du sommeil qu'elle ne parvenait pas réellement à quitter. Elle se sentait encore terriblement fatiguée. La jeune femme prit une grande inspiration, une odeur à la fois familière et étrangère lui envahit le nez. Gallen ! Elle ouvrit instantanément les yeux. Et avec la lumière qui frappa sa rétine, elle se remémora la veille aussi vivement qu'un coup de poing dans l'estomac.
Elle s'extirpa des draps brusquement et fut prise d'une violent quinte de toux, sa gorge la brûlait... Elle était bonne pour trois jours de remède intensif. En se calmant la guérisseuse regarda autour d'elle. Il n'y avait plus personne dans la pièce... et elle était pourtant sûre de ne pas s'être couchée sur le lit... Elle ignorait combien de temps elle était restée endormie. Par la fenêtre le soleil semblait déjà haut dans le ciel.

« - Eofyr... Eogast... » murmura-t-elle, soudain inquiète.

Ses garçons devaient être morts d'angoisse de ne pas l'avoir vu revenir et, pire, s'ils avaient appris par quelqu'un d'autre la mort de Farma... Farma... Aelyn sentit les larmes menacer une nouvelle fois. D'un geste rageur, elle les effaça et se dirigea d'un pas décidé vers sa petite chambre. En sortant elle tomba sur un garde qui l'informa du départ du Maréchal moins d'une heure auparavant.

En chemin, elle croisa une foule d'individus agités, des serviteurs, des gardes, des nobles, des bourgeois, des habitants d'Aldburg divers... tous là à murmurer, comploter, spéculer sur le pourquoi du comment, sur les évènements, le coupable, les faits... C'était une torture ! Elle accéléra le pas pour échapper à la rumeur bourdonnante qui agitait la forteresse. Elle descendit les marches comme un coup de vent et le quartier des domestiques aussi vite, faisant fi de ceux qui tentaient de l'arrêter pour avoir des précisions ou des nouvelles fraiches.
A peine eut-elle franchie la porte qu'elle reçu deux poids à pleine vitesse.

« - MAMAN ! »

Les deux visages enfouis dans son corsage et les voix tremblantes parlaient d'eux-mêmes. Les garçons, d'une façon ou d'une autre, avaient appris la nouvelle et étaient restés seuls une bonne partie de la matinée avec ce poids sur leurs épaules. Quant au comment, c'était assez facile à deviner, il leur avait suffit de sortir pour le petit-déjeuner pour être au courant. L'effervescence paniquée du quartier des domestiques était encore très vive. Ce n'est qu'alors qu'elle remarqua la présence d'un homme dans la pièce, un garde immobile dans un coin, impassible.

« - Madame, salua celui-ci d'un mouvement de tête. On m'a demandé de veiller sur vos enfants jusqu'à votre retour. Ma tâche étant terminée, je vais prendre congés.
- Je... Heu... Merci... » fut tout ce qu'elle put répondre dans sa surprise.

Qui donc avait bien pu savoir qu'elle ne rentrerait pas et surtout avait le pouvoir de se faire obéir de la garde. Rihils peut-être ? Elle était pourtant sûre qu'il n'était plus là quand elle avait erré dans les couloirs à la recherche d'une chambre pour Gallen. Un instant elle pensa à l'Oriental avant de chasser cette idée saugrenue. Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ? C'était ridicule ! Elle n'eut pas l'occasion de s'attarder plus longtemps sur la question.
Eofyr leva son visage baigné de larmes :

« - Maman, c'est vrai ce qu'ils disent ? Dame Farma est... morte... ?
- Ils ont dit qu'elle avait sauté dans le vide... Pourquoi... ? »
compléta son frère, la voix chevrotante.

Comment expliquer ça ? Aelyn s'agenouilla en face de ses garçons et essuya leurs larmes du pouce. Puis, saisissant leurs mains, elle les obligea à s'assoir sur le lit. Il lui fallu quelques secondes et une grande inspiration pour être sûre de parler sans trembler, sans craquer.

« - Les garçons... Vous savez, Farma était très malade. Vraiment très malade. C'est pour ça que je restais souvent près d'elle. Elle n'était plus vraiment elle-même, elle souffrait beaucoup et était très malheureuse. Et parfois, quand les gens sont vraiment désespérés et tristes, ils pensent que le seul moyen pour ne plus souffrir c'est... de ne plus vivre. La maladie lui a fait croire qu'il n'y avait plus rien pour elle ici... »

Elle fit une pause, déglutit difficilement, serra les mains de ses garçons dans les siennes et reprit :

« - Maintenant, Dame Farma est... elle est dans le monde d'après, dans les plaines infinies, auprès de tous ses ancêtres. Et tous ces grands guerriers vont veiller sur elle pour l'éternité. Elle n'est plus malade, ni malheureuse désormais...
- Elle est avec Papa ? »


Aelyn laissa échapper un petit rire attendri et embrassa le front d'Eofyr qui avait posé la question.

« - Oui mon chéri, je suis sûre qu'elle va croiser votre père là-bas. Elle pourra lui raconter quels jeunes garçons forts et intelligents vous êtes devenus tout les deux et il sera très fier. »

Sur ses mots, elle prit les garçons dans ses bras un long moment.

Sur la petite table de chevet, quelqu'un avait disposé un bouquet de fleurs. La jeune femme effleura les pétales fragiles du bout des doigts. Un petit sourire triste ourla ses lèvres.

« - Qui... ?
- C'est Eothain, il a dit que c'était de la part du Maréchal. Il pleurait. Il voulait pas le montrer mais il pleurait. »
répondit doucement Eogast.

Pauvre gamin...

Aelyn passa le reste de la matinée avec ses fils, prépara pour toute la famille une infusion calmante pour apaiser les peines et entreprit de leur changer les idées comme elle pouvait. Après le déjeuner, elle envoya les garçons en ville. Quoi de mieux pour des enfants que jouer avec leur amis pour se changer les idées. Puis la jeune femme partit à la recherche de Gallen. Quand elle finit par le trouver, plonger dans son travail, elle comprit que c'était sa façon à lui de fuir sa peine alors elle déposa à son intention un bol d'infusion et s'éclipsa. Sans Farma à veiller, elle n'avait plus sa place ici.
C'est ainsi qu'elle se retrouva, en milieu d'après-midi, devant sa pauvre maison au toit écroulé, et entreprit de s'occuper l'esprit en nettoyant ce qui pouvait l'être, déblayant les poutres vermoulues par l'humidité et s'enlisant dans le sol de terre battue devenu une gigantesque flaque de boue.
Mais il fallait bien avouer que le travail ne l'aidait pas à oublier l'atroce scène de la veille, Gallen marchant sous le déluge et, dans ses bras, le cadavre de sa plus vieille amie couvert de sang et de terre détrempée. Elle ne l'avait vu qu'une fraction de seconde pourtant, le visage de Farma mutilé par la chute, mais cette image la hantait. Elle ne savait pas ce qui s'était réellement passé là-haut, elle ne comprenait pas non plus. Pourquoi Farma s'était-elle suicidée ? Aucune de ses crises n'avait donné la sensation qu'elle pourrait s'en prendre à elle-même, même dans la pire. Restait une seule solution : c'était consciente qu'elle avait sauté. Et cette perspective l'horrifiait bien plus encore. Aelyn fut soudain prise de nausée. Elle dû s'assoir un long moment et resta prostrée là jusqu'à ce que les jumeaux la rejoignent un peu plus tard dans l'après-midi. Ils travaillèrent encore un peu tout les trois avant de rentrer à la nuit tombante.
Ce fut la dernière nuit qu'ils passèrent chez les domestiques. Le lendemain aux aurores, la petite famille fit ses bagages et partit s'installer dans leur grange tandis qu'Aelyn négocia la réparation de sa toiture avec le charpentier de la cité. L'après-midi, elle tomba malade et fut prise d'une violente fièvre qui la terrassa jusqu'au jour suivant et elle resta faible trois jours durant.
Elle ne revint dans la demeure de l'ancien Maréchal que pour s'enquérir de l'état de celui-ci et, une fois, la plus difficile, pour parler à Rihils qui lui avait tout raconté.

***
L'enterrement fut une véritable épreuve. Tous les habitants d'Aldburg ou presque s'étaient réuni pour rendre un dernier hommage à la maîtresse des lieux. Et tous faisaient la queue pour présenter leurs condoléances à l'ancien Maréchal - Aelyn n'avait découvert sa promotion que par hasard, en entendant les commérages.
Devant tout ce monde se tenait Gallen, qui dissimulait son chagrin sous sa nouvelle armure de Vice-roi. Derrière lui, Rokh dans un vêtement blanc immaculé qui dénotait au milieu de toutes ces tenues sombres. Ce manquement aux règles agaça la jeune femme, peut-être était-ce la tradition dans son pays mais ici, au Rohan, s'habiller de blanc pendant un enterrement était de mauvais goût... Et enfin, portée par des gardes royaux, Farma allongée. Les embaumeurs avaient fait un travail formidable pour dissimuler les stigmates de sa chute. Sur son passage, Aelyn effleura la main glacée et y glissa une simple fleur séchée. Un de leurs souvenirs communs, le premier conseil de Farma pour cette toute nouvelle apprentie d'Elwyn.

« - Sois en paix auprès de tes ancêtres, ma chère amie, loin de tous ces malheurs qui ont assombris ta vie... Jusqu'à notre prochaine rencontre... »

Eofyr et Eogast étaient accrochés à sa robe, blottis contre elle. Elle ne pouvait pas pleurer, elle n'avait plus de larmes, juste une peine immense. Sa fièvre et sa douleur engourdissait son esprit. Ses poings étaient serrés à en craquer la peau, elle sentait ses ongles creuser des sillons en demi-lune sur sa paume. Un énorme poids lui écrasait sans pitié la poitrine et, quand elle essaya de se joindre au chant de Gallen, aucun son ne pu passer la barrière de ses lèvres. Alors elle referma la bouche et suivit du regard la procession. Ses yeux verts rencontrèrent le regard torturé du nouveau vice-roi et s'y accrochèrent. Comme cette nuit-là sous la pluie, elle fut happée par la douleur qu'elle y lisait.
A la fin de la cérémonie dont elle ne garderait aucun autre souvenir que la face de cire de Farma et les yeux bleus de Gallen, la jeune femme raccompagna ses enfants chez eux, suivant le flot des villageois qui faisaient de même. Elle resta avec eux pour les mettre au lit et retourna, seule, sur la tombe.

Sans vraiment de surprise, elle y découvrit Gallen qui n'avait pas bougé. Elle resta derrière lui, à bonne distance jusqu'à ce que le soleil ait disparu derrière l'horizon. Puis finalement, lentement, comme devant un cheval effrayé, elle se fit connaitre. Leurs regards se croisèrent à nouveau, un long silence passa puis les larmes revinrent. Il n'en fallu pas plus pour que les deux rohirrim se retrouvent dans les bras l'un de l'autre. C'était la seule chose qui semblait les soutenir dans leur écrasante douleur. Mais, dissimulé par le manteau noir de la nuit hivernale, ils n'avaient pas honte de leur peine.

***
Après ça, beaucoup de choses changèrent. Grâce à la bonne volonté du charpentier et de quelques voisins compréhensifs, la petite famille d'Aelyn pu bénéficier d'un toit provisoire en attendant les travaux qui ne pouvaient être entrepris qu'en de plus beaux jours.
Quand la jeune veuve travaillait à la réhabilitation de son jardin, elle ne pouvait s'empêcher de jeter un œil vers les hauteurs de la forteresse où avait été la chambre de Farma. Quand elle sortait à cheval, elle faisait un détour vers la sépulture de son amie. Parfois elle s'arrêtait aussi devant celle d'Hengest, arrachait les mauvaises herbes et priait son défunt époux de veiller sur son amie pour elle. Parfois l'horrible chanson de Farma revenait encore hanter ses rêves, accompagnant les images des heures qui avaient suivi sa mort. Elle se réveillait alors terrorisée et ne retrouvait pas le sommeil avant les premières lueurs de l'aube.

Chaque fois qu'elle se rendait à la forteresse, Gallen semblait l'éviter de son mieux. Au bout de quelques temps, elle cessa simplement ses visites... Jusqu'au jour où un messager se présenta à sa porte, la conviant au bal organisé en l'honneur de l'Ambassadeur d'Arnor venu saluer le nouveau Vice-roi. Son rôle auprès de Farma l'avait indirectement monté d'un cran dans l'échelle sociale de la Cité d'Eomer, ce qui expliquait cette invitation.
Le soir du bal, elle revêtit sa plus belle robe - qui, malgré ses efforts faisait bien pâle figure à côté de celles des autres invitées - et se promit de profiter de la fête. Mais à vrai dire elle n'était guère plus à l'aise de Rokh au milieu de toutes ces mondanités. Et cette faible longueur d'avance, elle la devait à son séjour chez les elfes. Sans compter tout ces gens qui lui lançaient ça et là des regards en coin. Elle ne se sentait pas à sa place au milieu de ces gens importants, avides de plaire et de se montrer. En cherchant du regard quelques têtes connues et rassurantes, elle aperçu Gallen, de l'autre côté de la pièce, qui devisait avec l'ambassadeur et son épouse avec un sourire forcé.

La jeune femme accueillit avec un véritable soulagement l'arrivée de la musique et de la danse. Un jeune homme aux manières charmantes l'invita à entrer dans la ronde. Au rythme entrainant de cette danse traditionnelle, elle passa d'un cavalier à l'autre. Certains semblaient ravis d'avoir une jolie femme à leur bras, d'autres semblaient heureux de se débarrasser bien vite de cette roturière. Emportée, elle tendit de nouveau la main vers le prochain, leva les yeux et... Gallen... La peau contre la sienne sembla soudainement irradiée de chaleur. Dans les yeux de son cavalier il y avait cette étincelle qu'elle avait déjà vue lorsqu'ils s'étaient embrassés la première fois et lorsqu'il l'avait bousculé par maladresse en tentant de défendre son honneur contre les soldats trop grossiers. Ce regard la chamboula, elle sentit aussitôt ses joues rosir et ses oreilles bourdonner doucement. Comme à chaque fois, le monde se réduisit brusquement autour d'elle, la musique, tout ce public, plus rien n'existait. Sa main se referma sur celle de l'ancien Maréchal. Elle sentait l'autre qui semblait brûler sur ses reins. Aelyn se laissa envahir par cette chaleur enivrante. Une petite voix dans un coin de son esprit réclamait qu'il l'embrasse de nouveau. Comme une droguée, son être réclamait cette sensation si spéciale d'oubli et de bien-être qu'elle avait ressentit la première fois. Un sourire timide fleurit sur son visage rosi.
Gallen s'écarta et tout deux purent constater la pagaille qu'ils avaient déclenchée. Danseurs et musiciens s'étaient arrêtés pour les fixer. Les joues en feu et une brusque envie de prendre ses jambes à son cou, Aelyn vit à peine le Vice-roi s'incliner et s'éclipser.
Presque aussitôt, une mégère dans une robe trop serrée pour elle s'empressa à sa rencontre pour lui demander d'une voix nasillarde et méprisante depuis combien de temps elle était la maîtresse du Vice-roi. Choquée et vexée, elle lui répondit sèchement avant de prendre congés, s'élançant à la suite de Gallen. Tout pour échapper à ces murmures et ces regards encore plus insistants et inquisiteurs qu'à son arrivée. Ses joues brûlaient de gênes et de honte. Quel fiasco ! Comment pouvait-elle se comporter ainsi ? Elle ressemblait à une adolescente lors de ses premiers émois. Elle était ridicule... En vérité, elle s'était ridiculisée.

Une fois à l'abri des regards, la guérisseuse stoppa sa course. Elle laissa aller son front contre la pierre froide du couloir. Comment avait-elle pu en arriver là ? Elle se sentait atroce. Gallen était un homme en deuil et Farma était son amie. Elle n'avait pas le droit de lui faire ça... Pardon Farma... Pardon... murmura-t-elle au mur avec tristesse. Elle erra quelques minutes sans but dans les couloirs, incertaine de l'attitude à adopter désormais. Leur baiser n'avait été qu'une terrible erreur, un coup de fatigue et de désespoir. Elle n'aurait jamais imaginé que ça aille au-delà de ça. Que devait-elle faire à présent ? Pourquoi fallait-il que ces sentiments oubliés renaissent maintenant, dans des circonstances qui ne s'y prêtaient absolument pas, pour une personne qu'elle ne pouvait décemment convoiter ?

Des bruits de lutte et la voix forte de Rokh la tirèrent soudain de ses réflexions. Inquiète, elle se précipita vers l'origine de l'agitation. Et ce qu'elle y trouva était bien loin de ce qu'elle aurait pu imaginer. Droit et fier, l'Oriental défiait Gallen en regard et en paroles, bien plus qu'elle n'en avait entendu prononcer de sa part depuis son installation à la forteresse. L'étranger remarqua sa présence mais ne sembla pas y prêter plus de cas qu'à un courant d'air ou une mouche. Elle resta pétrifiée devant la scène qui se déroulait devant ses yeux oubliant même la présence du soldat à ses pieds.
Rokh assénait ses paroles comme autant de coups d'épée et avec une efficacité redoutable. Chaque mot tapait précisément là où ça ferait le plus mal. Ces mois passés à Aldburg à tout observer avait doté sa langue d'armes affutées. Les paroles de Rokh étaient d'autant plus douloureuses qu'elles portaient avec elles un fond de vérité, celle que l'on préférait ignorer ou oublier. Mais c'était dit avec une telle cruauté, une telle volonté de blesser que cela choqua la jeune femme au delà de tout. En face de son assaillant, Gallen brûlait de fureur, les yeux transformé en incendie, les poings serrés, tremblants...
Rokh ne l'épargna pas non plus, bien au contraire, loin de se soucier de sa présence, il ne se gêna pas pour la qualifier ni plus ni moins que de catin. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressentit autant de haine pour un homme. Comment osait-il ! Gallen fit un pas en avant, vaincu par la colère mais, aussitôt, il fut accueillit par la pointe effilée de l'épée du Rhûn. Aelyn retint difficilement une exclamation d'horreur en voyant la pointe menaçante posée sur la poitrine de l'ancien maréchal.

- Moi, Rokh fils de Hôma le Féroce du Clan Visuni, je vous défie Gallen Mortensen, Vice-Roi et Champion du Rohan. Que notre sort soit scellé en public dès demain, et que Melkor choisisse qui de nous deux aura l’honneur de prendre place parmi ses ancêtres.

Un frisson remonta l'échine d'Aelyn. Elle sentit son sang se glacer dans ses veines... Non...
L'homme se tourna vers elle et elle dû mettre toute sa volonté pour ne pas faire un pas en arrière. Les yeux verts orageux rencontrèrent ceux incroyablement calme de l'étranger. Il avait l'air d'un homme qui venait de régler une affaire trop longtemps mise de côté. Il avait défié un homme à un combat à mort et il semblait... serein et en paix... C'en était encore plus effrayant.

- Je sais que vous me haïssez, et que vous n’avez aucune raison d’accepter, mais… si je devais ne pas m’en sortir, voudriez-vous prendre soin de mon cheval ? C’est un bon compagnon, et il ne mérite pas de finir ses jours seul.

La jeune femme, qui le fixait jusqu'alors avec un regard chargé de colère, affichait une expression de pur étonnement. Pourquoi... pourquoi lui demander ça à elle alors que leur inimitié était flagrante et réciproque ? Elle lui suivit du regard, incertaine.

« - Je le ferais ! cria-t-elle juste avant que l'oriental ne tourne au coin du couloir. En mémoire de ce que vous avez fait pour mon amie... Mais oui, je vous hais... » termina-t-elle à voix basse, grondante, en se détournant brutalement.

C'était puéril mais ça l'avait soulagée d'exprimer sa colère à haute voix. Aelyn avança alors vers Gallen qui irradiait encore de fureur. Sa présence sembla l'apaiser un peu. Elle attrapa un tissu pour éponger le sang de la main entaillée, s'humidifia les lèvres et parla d'une voix douce.

« - Je... S'il vous plait, ne le laissez pas vous tuer. »

Elle se sentait mal à l'aise, totalement incertaine de l'attitude à adopter. Elle ne savait pas quoi dire. La guérisseuse tenta plusieurs fois, se redressa et, après une inspiration, posa brièvement sa main sur la poitrine de l'homme en face d'elle.

« - Restez en vie... Je ne veux pas enterrer quelqu'un d'autre... Restez en vie. »

Elle se sentit bête. Se retourna, hésita... Finalement elle s'inclina devant Gallen.

« - Je crois que je vous ai assez importuné. Je vais rentrer chez moi... »

Elle dû se mordre la lèvre inférieure pour ne pas le prier de nouveau de survivre au lendemain et prit congés, non sans lancer plusieurs regards par dessus son épaule. Mais de l'extérieur, cela ressemblait plus à une fuite.
Pourquoi le destin s'acharnait-il sur cette magnifique cité ? Le sang avait pourtant suffisamment coulé à Aldburg. Elle avait peur. Non, elle était terrorisée à l'idée que Gallen puisse perde ce duel. Elle refusait de l'enterrer lui aussi. Elle refusait de pleurer sur une autre tombe encore.
En rentrant chez elle, la jeune femme entrouvrit la porte de la chambre de ses fils, s'assura de leur sommeil, leur embrassa le front et referma doucement le battant. Angoissée comme elle était, elle ne trouverait pas le sommeil, alors elle s'installa dans un fauteuil en face du feu qu'elle raviva. Doucement, elle se laissa hypnotisée par les flammes.


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Gallen Mortensen
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Un retour douloureux (Passé) EmptyMar 5 Aoû 2014 - 16:52
Fulminant Gallen s'était assis à son retour il resta un instant stoïque. Puis il blanchit et balança tout ce qu'il y avait sur le meuble de bois ouvragé. C'est à cet instant que l'oriental franchit avec véhémence le seuil des appartements du Vice Roi. Gallen se leva rapidement. Son regard bleu cobalt fixa les prunelles sombres de son futur adversaire


Gallen avait reçu trois énormes gifles. Certes mentales, des coups bien acérés de la part de Rokh. Mais surtout ikl devait se rendre compte qu'il avait lu en lui comme dans un livre ouvert. mais le rhunien attaqua Aelyn, la réaction de Gallen fut épidermique ,décidément cette femme le troublait. Rokh effectua en bonne et du forme la demande de duel comme dans les temps ancien. Gallen en eut presque un soulagement. Oui il attendait cela , déversait sa rage contre quelqu'un et bien ce serait ce sombre guerrier. mais il faut bien l'avouer Gallen au contraire de Rokh n'avait aucune quiétude en lui, il sentait un véritable torrent prêt à tout renverser en lui et il était prêt à combattre le monde entier.

Il suivit l'homme du regard puis il fit à son tour quelques pas dans le couloir, il lança de sa voix de stentor

"Duel accepté. Demain lorsque le soleil sera au zénith dans la cour de la forteresse. Epée et bouclier seront nos armes et tu vas mourir , Guerrier"


Gallen sentit un autre sentiment naitre, non pas une peur mais une appréhension, il n'était pas encore complétement remis de ses différents périples, il avait peu de chance de défaire un tel adversaire.

Et comme toujours cette litanie lui vint à l'esprit "Et c'est ainsi que je vais mourir". mais L'image de son roi s'imposa à lui, il ne pouvait pas abandonner le Rohan, mais l'image de Farma vint alors, il en eut la nausée et pourquoi pas rejoindre sa bien aimée? Tout à ces considérations, il sembla découvrir Aelyn. Par les Valars elle était belle. Il l'entendit interpeller le guerrier à son tour.

Aelyn prit un chiffon mouillé et s'activa à soigner le Champion du Rohan, il tenta de l'écarter mais elle insista.

Il n'avait qu'une envie, la prendre dans ses bras mais non pas en cet instant il ne pouvait pas faire ce geste.

Il se contenta de répondre aux interrogations de la belle rohirrim

"Je suis un guerrier tout comme lui. je ne vaux pas plus ni moins que lui. Un duel est un duel et j'i promis c'est ainsi....Et si je dois mourir ...... c'est que mon heure est venue mais il ne briser jamais ma volonté"

Gallen vit les larmes d'Aelyn et entendit ses supplications . Il réussit juste à murmurer Aelyn deux fois.

Puis elle s'éclipsa, Gallen ne fit aucun geste pour l'en empêcher . Il se contenta de la fixer . Il se demandait juste si elle savait combien il la désirait.

Etreint par la culpabilité Gallen s'acharna quelques minutes sur le reste du mobilier. En sueur soufflant comme un bœuf, le rohirrim resta un instant prostré. Puis il se mit en marche il prit son épée et descendit rapidement les escaliers. Il respira profondément , ses poumons étaient douloureux, il se dirigea vers le forgeron de la cité il ordonna

"Effile Kaya, demain je tue un homme d'honneur et réserve moi ton meilleur bouclier"

Il ne répondit pas au regard interloqué de l'artisan. Il se rendit dans la cour futur théâtre de son duel et lieu du plus grand drame de sa vie. Il inspecta le sol, remarqua les dénivellations, les pavés mal posés. Incroyable malgré la peine , il préparait son combat avec professionnalisme.

La pluie commença à tomber tout comme la nuit. Des éclairs zébrèrent le ciel assombri. Gallen leva le visage vers les cieux laissant l'eau recouvrir son visage émacié. Il resta de longues minutes ainsi, la pluie semblait le laver de tout. Oui il attendait ce duel à la fois avec impatience et appréhension.

Puis détrempé il s'apprêtait à retourner dans ses appartements lorsqu'il croisa Harding un des meilleurs guerriers du Rohan. Gallen respectait le soldat et Farma considérait cet être bourru mais fiable et pétri d'honneur comme un ami

Il y vait une certaine similitude avec Rokh

Le capitaine toisa un instant Gallen et lui dit

"Maréchal
" , Harding ne s'était pas résolu à l'appeler Vice roi, Gallen ne lui en portait pas grief, il appréciait ce terme militaire.

"Mon cœur est meurtri par la mort de Farma", Gallen craint que l'homme ne parte dans des considérations pathétiques, il ferma compte les yeux

"Mais vous avez un duel périlleux demain , Maréchal, j'ai vu combattre cet homme, même vous êtes en danger. En ces instants, c'est votre humanité qui doit vous sauvez , vous n'êtes pas comme lui une machine de guerre. la seule question à vous poser est avec qui voulez vous être maintenant cette nuit"


Puis il partit sans demander son reste, Gallen en resta interdit. Il leva de nouveau le visage vers les cieux et il remonta tout doucement les escaliers, perturbé par les propos d'Harding.

Il entra dans ses appartements , se redressa et l'image d'Aelyn s'imposa de manière évidente. Il murmura
"Tu as raison Capitaine"

Il leva les yeux vers le plafond et dit

"Je ne sais pas si c'est toi Farma qui a insufflé ses mots à Harding, tu as choisi un drôle de messager mais je t'ai comprise. je t'aimerai toujours Mon amour"

Il posa sur ses marges épaules sa cape d'Hermine.Puis il sortit en trombe, il croisa un soldat à qui il intima l'ordre de le suivre.

Il alla dans les écuries et récupéra son étalon Lars . Toujours suivi par le soldat il descendit vers la cité tenant Lars par les rennes et bientôt il arriva au porche de la maisonnette d'Aelyn

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Eofyr s'était reveillé il était sorti de sa chambre. Sa mère avait les yeux fermés elle somnolait mais elle se réveilla à son approche. Elle le fixa et il demanda un verre d'eau. Avec un sourire entendu elle se leva de son siège et alla prendre un gobelet

C'est à cet instant que Gallen frappa à la porte. Eofyr l'ouvrit. Le vice roi était incapable à l'époque de reconnaitre les deux jumeaux mais c'était bien Eofyr .

Gallen un peu surpris que ce soit un enfant qui lui ouvre balbutia un instant oui il se reprit

"Petit, je me présente Gallen Mortensen Vice roi du Rohan je voudrai parler à ta mère "


Eofyr qui savait très bien qui était cet homme restait la bouche bée , son regard alla de Galla à Aelyn.

Aelyn vient alors. Un sourire radieux ourla le visage de Gallen

"Une ballade à cheval sous la pluie vous dirait elle Aelyn? Un garde restera ici pour surveiller vos enfants"



Puis il ajouta

"L'eau est salvatrice au Rohan . je peux vous l'ordonner en tant que vice Roi mais j'aimerai que Tu ..vous acceptiez de bon cœur. Par contre couvre..euh couvrez vous Madame"

Puis son regard tombant sur Eofyr

"Qu'en penses tu mon garçon, ta maman devrait accepter cette promenade non?"


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Ryad Assad
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Un retour douloureux (Passé) EmptyMer 6 Aoû 2014 - 22:17
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Les dernières paroles que Rokh entendit en quittant les appartements du Vice-Roi furent : "je vous hais", prononcées avec rage par la roturière Aelyn. Curieusement, il en ressentit une grande joie. La plupart des gens souffraient quand on leur disait qu'on les détestait, et ils faisaient de leur mieux pour changer, pour essayer de se conformer à ce que l'on voulait d'eux. Mais pour le guerrier oriental, les choses étaient bien différentes. Quand on le haïssait, cela signifiait qu'on le craignait également, et qu'on ne pouvait rien faire contre lui. Il était un homme de guerre, et il était de fait amené à tuer le champ de bataille. Combien de fois l'avait-on maudit ? Combien de fois lui avait-on dit qu'on le détestait ? A chaque fois, il se trouvait en position de force, prêt à abattre sa lame sur le cou d'une femme dont il avait décimé la famille. Alors, elle le regardait droit dans les yeux, et lui crachait ces mots avec l'espoir de le troubler. Ce qu'elle ne voyait pas, c'était que derrière son casque et son turban, il souriait de toutes ses dents, satisfait de savoir que ses dernières paroles étaient mêlées de crainte et de haine pour un être supérieur : lui.

Il s'éloigna donc d'un pas lent, pour une fois, le visage serein et presque souriant. Quiconque l'avait croisé durant le temps qu'il avait passé dans la forteresse gardait de lui le souvenir d'un homme allant rapidement, le corps raide, la mine sévère et austère. Mais en cet instant, avec la promesse que son sort serait scellé dès le lendemain, il n'avait plus aucune raison de paniquer. Au contraire, il devait apprécier chaque seconde, et trouver la paix intérieure pour se renforcer. Car demain, ce n'était pas un duel ordinaire qu'il s'apprêtait à livrer, et il ne pouvait pas négliger sa préparation. Il devait être au maximum de ses capacités, et pour cela il avait besoin d'accomplir le rituel qui lui permettrait de vaincre et de survivre à l'affrontement qui allait l'opposer au Maréchal. Tandis qu'il marchait, ses yeux se posèrent véritablement pour la première fois sur ce qui l'entourait, et il en éprouva une forme de surprise, comme s'il découvrait la forteresse, ses gens, et le Rohan même.

Il s'arrêta un instant devant une fenêtre, et posa sa main incroyablement chaude sur la pierre froide du mur. Ses doigts apprécièrent le contact rugueux de ce bloc gris, nu, dont il percevait la densité et le poids. Il sentait le grain de la roche sous sa peau, et pouvait même deviner au toucher le travail et la patience de celui qui l'avait taillée pour lui donner cette forme spécifique. La pierre était ancienne, et le temps avait fait son œuvre, lissant ses bords et émoussant ses coins, mais elle n'en demeurait pas moins superbe et magnifique. Le guerrier effleura la jointure entre ce bloc et le bloc voisin, appréciant le travail de précision des artisans qui avaient bâti ce mur sans défaut. C'était du bel ouvrage, et les hommes qui avaient participé à sa construction avaient dû être fiers d'eux en voyant le travail accompli. Rokh reporta son attention sur le dehors, posant les yeux sur la petite cité qui fourmillait d'activité. Entre deux averses, les gens se dépêchaient de filer faire des courses, ou d'aller vaquer à leurs occupations. Ils portaient tous des vêtements sombres, et contrairement à ce qu'il avait l'habitude de voir chez lui, nulle couleur vive, pas de jaune, de rouge, de bleu ou de mauve. Le gris, le brun et le noir étaient partout, conférant à Aldburg des allures de cimetière. Et peut-être en était-ce un, en vérité. Il n'y avait pas prêté attention, mais de nombreuses maisons étaient encore à rebâtir, et il voyait distinctement les poutres effondrées, trempées par la pluie diluvienne qui empêchait de démarrer les travaux. Avoir un toit au-dessus de la tête, ici, était un luxe relativement rare, et il semblait que les habitants étaient encore convalescents, se remettant à peine des cicatrices de la guerre.

Rokh s'arracha péniblement à sa contemplation, éprouvant de là où il se trouvait le même sentiment qu'un apiculteur étudiant le travail de ses abeilles, les regardant voler, parvenant à discerner là où tout autre n'aurait vu qu'un chaos, une organisation et une logique spécifique qui l'enchantait. Le guerrier se remit en route, et inspira profondément, notant pour la première fois la froideur de l'air dans les couloirs de la forteresse, son odeur minérale, et percevant l'humidité ambiante. Il pouvait presque voir de minuscules gouttes d'eau couler sur les murs de la forteresse, et en passant sa main dessus, sa paume en avait conservé une moiteur particulière, qu'il n'avait connue que sur l'île où il avait vu le jour, lorsque les températures chutaient, et que la tempête se levait. Alors, il pouvait voir les pierres transpirer. Il ne s'était jamais intéressé à ce phénomène, qui lui avait paru naturel quand il était enfant, et qu'il s'était empressé d'oublier pour rendre son cerveau disponible pour l'éducation stricte qu'il devait recevoir. Même aujourd'hui, il s'ouvrait à tout ce qui l'entourait, mais cela ne durerait pas, et dès lors qu'il aurait tué le Maréchal, il redeviendrait le guerrier froid et implacable qu'il était.

Il n'y prêta pas attention, mais ses pas le menèrent directement vers ses appartements. Depuis longtemps, il n'y avait plus de garde pour les surveiller, et il franchit la lourde porte de bois seul, pénétrant dans la chambre qu'il occupait, et qui semblait ne pas avoir été habitée depuis des jours. Il y faisait terriblement froid, et la cheminée n'avait probablement pas été utilisée depuis longtemps. L'unique fenêtre de la pièce dispensait encore une faible et pâle lumière du jour déclinant, mais très bientôt les ténèbres s'empareraient de la pièce unique, et la plongeraient dans le noir complet. Avant que cela n'arrivât, il s'empressa de plonger les bûches de réserve dans l'âtre, et d'y faire partir une flamme qui s'embrasa et se répandit en quelques minutes. Des lumières orangées jaillirent joyeusement du foyer, accompagnées des craquements de l'écorce incendiée, tandis que les ombres reculaient dans les coins et les recoins, allant se tapir là où elles n'étaient pas indésirables. Elles patienteraient jusqu'à la mort du feu, et reprendraient alors leur place, comme lorsque la fin des temps serait arrivée.

Le mobilier de sa chambre était bien loin du faste et du luxe dans lequel se vautraient les nobles de la forteresse, et en tant qu'invité - guère plus qu'un prisonnier à qui on faisait une faveur, en réalité -, il devait se contenter d'un lit qui ressemblait davantage à une paillasse posée sur un sommier ancien qui craquait bruyamment à chaque mouvement, d'une table basse, et d'un fauteuil en bois sur lequel il avait déposé son armure, celle qu'il entretenait avec soin, et qu'il nettoyait régulièrement, pour qu'elle ne prît pas la poussière. La chaleur n'était pas encore revenue dans la pièce, mais Rokh retira sa veste et sa tunique de cuir, jusqu'à se retrouver torse-nu. Son corps était mince et svelte, mais sa musculature était finement dessinée, et il n'y avait pas une once de graisse en lui. Les ombres projetées sur lui par les flammes crépitant dans l'âtre soulignaient le tracé des cicatrices qui parcouraient son corps à la peau cuivrée, et il paraissait qu'un entrelacs complexe de fils d'acier l'entourait. Les motifs étaient fascinants, formés de dizaines de lignes plus ou moins fines qui se croisaient, et dessinaient des arabesques au sens obscur, comme une formule magique. Rokh y voyait une forme d'écriture particulière, le récit de sa vie et de ses combats, qu'il gardait toujours sur lui, et qu'il emporterait jusqu'à la tombe. Chacune de ces lignes représentait une fois où il avait échappé à la mort, et une victoire supplémentaire. A l'exception des blessures infligées par le Maréchal, dont il n'avait pas encore eu l'opportunité de se venger. Il passa ses doigts sur la cicatrice impressionnante qui courait sur son flanc, infligée par l'épée acérée du rohirrim. Elle était bien refermée, mais son aspect était toujours effrayant, et on se doutait qu'il avait dû souffrir en recevant ce coup d'épée. Mais quand il rentrerait, il se glorifierait auprès de ses compagnons d'armes, et ils éclateraient de rire quand il leur raconterait les circonstances de sa victoire à venir.

Rokh, bien que les températures fussent basses, appréciait le contact de l'air frais sur sa peau, et il attacha ses cheveux bien haut sur sa tête, pour laisser le vent qui provenait de la petite fenêtre glisser sur sa nuque. C'était comme si le souffle régulier chassait sa fatigue, et réveillait en lui son instinct de survie. Plus il faisait froid, plus son corps réagissait et réveillait les fonctions latentes, trop longtemps conservées à l'écart. Il déploya un petit tapis sur le sol, devant le feu qui avait encore gagné en taille, et tira ses armes ainsi que les différentes pièces constituant son armure. Il alla chercher un autre sac, qui contenait tout le matériel d'entretien, destiné à nettoyer et à affûter son équipement. Demain était probablement le jour le plus important de sa vie, et il se devait d'être paré. Il s'installa à genoux, dans une position typique de l'Est, à la fois propice à la méditation et à la prière, et inspira profondément... avant que trois coups portés à la porte ne vinssent perturber sa concentration :

- Entrez, lâcha-t-il d'une voix douce.

Le battant bougea, et il tourna légèrement la tête, s'attendant presque à voir surgir Mortensen, désireux de lui dire qu'il voulait revenir sur sa décision, et reporter leur duel. Il n'imaginait pas son adversaire prendre une telle décision, mais il avait constaté que les hommes de l'Ouest n'aimaient pas le combat, et quand ils pouvaient éviter de tirer l'épée, ils le faisaient. Surtout s'ils en étaient convaincus par une femme, comme cette guérisseuse par exemple. Sa deuxième option était d'ailleurs de la voir arriver elle, pour lui dire à quel point elle le haïssait, et qu'elle lui souhaitait de mourir demain sur le pavé de la cour. Mais, assurément, il ne s'attendait pas à voir pénétrer dans la pièce le petit écuyer de Mortensen, qui s'était occupé de Farma avec dévotion, et qui paraissait un peu perdu depuis la mort de cette dernière. Il devait éprouver un sentiment de culpabilité, car il n'avait pas su protéger l'épouse de son seigneur...

- Je suis venu voir si vous n'aviez besoin de rien. Le Vice-Roi m'a chargé de veiller à ce que ayez tout ce qu'il vous faut pour votre dernière soirée.

Rokh sourit. De toute évidence, la confiance était dans les deux camps... à moins que ce ne fut de l'esbroufe. C'était fort possible, connaissant le Maréchal, qui lui avait promis une mort certaine alors même qu'il était loin d'être remis de ses blessures. Mais l'attention était honorable, et il était vrai que l'on se devait d'offrir ce genre de proposition à un adversaire valeureux, la veille d'un duel important. C'était une marque de courtoisie universelle, et l'Oriental était heureux que Gallen y eût consenti. Cela prouvait à quel point il était professionnel. Ce n'était pas un de ces jeunes soldats zélés, indifférents aux lois de la guerre. Il agissait en homme d'honneur, et ce serait en homme d'honneur qu'il mourrait. Rokh s'assurerait que personne ne salirait sa mémoire, et qu'on se souviendrait du Maréchal en bien.

- Je n'ai besoin de rien, sinon de compagnie. Assied-toi ici.

Ce n'était pas une invitation, et Rokh désigna d'un élégant geste de la main le lit qui se trouvait derrière lui. Le gamin, un peu interloqué par ce qu'il voyait, pénétra dans la pièce non sans hésiter, referma la porte derrière lui, et s'installa là où lui avait dit de se mettre, perplexe. Rokh saisit précautionneusement son casque, le hissa à la hauteur de son visage, puis le déposa devant lui, sur le tapis. Il fit de même avec sa cuirasse, puis avec chaque pièce de son armure, comme s'il s'agissait d'objets sacrés. D'ordinaire, dans sa famille, un combattant n'était pas obligé de procéder lui-même à ce rituel, car d'autres s'en chargeaient pour lui. Le guerrier devait exclusivement se consacrer à son arme, qui représentait davantage une extension de son propre corps qu'un vulgaire outil.

- Comment t'appelles-tu ? Demanda Rokh sans détour.

- Eothain, répondit une voix dans son dos.

Rokh hocha la tête lentement. Contrairement à son habitude, il n'était pas raide et saccadé, et chacun de ses gestes paraissait fluide, précis et harmonieux. On sentait sans même le savoir qu'il n'était pas dans son état normal, et qu'il n'était pas en train de faire un geste banal. La façon dont il prenait ses effets, sans les toucher directement, toujours en utilisant un chiffon ; la manière dont il les présentait devant son regard, avant de les reposer très précisément, tout cela obéissait à un rituel complexe, et il n'était pas besoin d'explications pour comprendre que cela importait beaucoup. Le guerrier, après avoir posé sa question, n'ajouta rien pendant un moment. Il se contenta de récupérer une petite coupelle en acier, dans laquelle il écrasa des plantes séchées qu'il gardait dans une sacoche de cuir. Par une opération qui échappa à la vue de l'écuyer, il embrasa le tout, dégageant une mince fumée qui s'éleva en volutes agréables à l'œil, et dont l'odeur entêtante était difficilement descriptible :

- Eothain... lâcha Rokh, comme s'il ne s'était pas rendu compte que de longues minutes avaient passé depuis que l'écuyer avait répondu. Reste silencieux et immobile, je te prie.

Le garçon hocha la tête, les yeux rivés sur l'Oriental. Il avait l'impression d'avoir pénétré dans un temple de l'Est, et d'assister à une cérémonie mystique dont seuls les gens de ces contrées éloignées avaient le secret. Il savait que ces gens étaient des serviteurs du Mal, et qu'il aurait dû se méfier de leur magie et de leur sorcellerie, mais il ne pouvait pas s'empêcher d'être fasciné par tout cela. Les plantes aux effluves envoûtantes n'y étaient pas pour rien, mais il y avait quelque chose de profondément curieux pour un rohirrim à observer ce spectacle, cet homme de guerre occupé à des choses que tout soldat du Rohan aurait jugé au mieux ridicules, au pire effrayantes. En tant que simple spectateur, Eothain pouvait ressentir le poids de milliers d'années de tradition dans les gestes de l'homme en face de lui, et bien qu'ils fussent originaires de deux peuples bien différents, il éprouvait une forme d'intérêt pour cette culture étrange.

Il sursauta presque en voyant Rokh inspirer profondément, s'aidant de ses bras pour amener l'air et les vapeurs dans ses poumons. Ses gestes étaient amples mais précis, si lents qu'ils ne semblaient pas perturber plus qu'un courant d'air le chemin de la fumée, qui continuait à s'élever, rebondissant sur le plafond pour retomber en une pluie grisée que seules les flammes dansant au sein de la cheminée révélaient. Alors, le Rhûnadan se mit à parler dans sa langue natale, comme s'il récitait une prière. Les mots échappaient à l'écuyer, et pourtant il lui semblait comprendre le sens général. C'était comme une prière, une incantation, un appel. Il ne demandait pas à survivre à ce combat, ni même à le remporter : il appelait juste à pouvoir donner le meilleur de lui-même, et pour cela il implorait une bénédiction. Avec révérence, il prit le casque entre ses deux mains, le porta au-dessus de la ligne de son regard, et inclina légèrement la tête, sans cesser de monologuer. Sa voix était incroyablement douce, et il était certain qu'il n'avait pas le même timbre que lorsqu'il parlait le Commun. Cette dernière langue était étrangère, et bien qu'il la parlât avec une grande maîtrise, son accent était dur et agressif aux oreilles de l'écuyer. Mais maintenant qu'il l'entendait parler Rhûnien, il ne pouvait pas s'empêcher de trouver que la mélodie était superbe, et que les syllabes s'enchaînaient selon un rythme incroyablement agréable. Cette langue pouvait avoir des accents guerriers, mais elle avait également sa part de poésie, et il se sentit privilégié de pouvoir l'entendre.

Le garçon cligna des yeux : la fumée lui brouillait la vue, mais l'Oriental lui avait demandé de ne pas bouger, et il n'osait pas contrevenir à ses ordres, d'autant qu'une certaine langueur le terrassait, et brisait sa volonté. Il perdait la notion du temps, et il n'aurait su dire depuis combien de temps la cérémonie avait commencé... ni même s'il était là quand elle avait débuté. Il avait tout oublié, et n'était plus conscient que du moment présent, de cet homme étrange en train d'effectuer des mouvements gracieux, et de parler avec gravité. Rokh consacra chaque pièce d'armure, une par une, avant d'arriver à son épée. Avec beaucoup de solennité, il commença à démonter son arme, sous le regard incroyablement surpris de l'écuyer. Ce dernier ne connaissait pas un seul homme qui aurait accepté qu'on infligeât un tel traitement à son épée si on n'était pas un forgeron accompli. Et lui, inconscient ou fou, était en train de transformer son épée en une série de pièces détachées. Mais la conception de son sabre oriental devait être bien différente, car il entreprit de la recomposer tout en bénissant chaque pièce d'une prière spécifique. Il s'agissait à la fois d'une prière et d'une vérification, pour s'assurer que son équipement résisterait à l'affrontement à venir. Il prit un chiffon, et entreprit de nettoyer la lame, l'approchant à quelques centimètres de son visage pour en étudier le moindre défaut. Puis, une fois certain qu'elle était prête pour la guerre, il leva le fourreau et l'épée bien haut, et fit se rejoindre les deux jusqu'au claquement sec indiquant que son rituel était terminé.

Eothain cligna des yeux, pour ce qui lui semblait être la deuxième fois. Dans la pièce, le feu était mourant, et s'il faisait bien moins froid que lorsqu'il était entré, il faisait beaucoup plus sombre. La fumée qui, jusqu'alors, semblait être partout, se dissipa subitement quand il reprit ses esprits. S'était-elle évanouie soudainement, comme aspirée par la fenêtre qui donnait dehors, ou bien avait-elle simplement quitté la pièce depuis longtemps sans qu'il s'en rendît compte ? Il n'aurait su le dire, mais son trouble était visible, et Rokh le nota immédiatement, constatant que le jeune garçon était un peu raidi d'être resté assis dans la même position plusieurs heures durant. Lui-même sentait son corps endolori, mais il appréciait cette sensation, et c'était précisément la douleur qu'il recherchait, sans quoi il aurait confié la tâche de nettoyer son armure à un vulgaire servant. Il se leva, et étira ses muscles ankylosés, avant de remettre ses vêtements. Ce faisant, il capta un regard de l'écuyer, qu'il interrogea du regard :

- Vous n'êtes pas très musclé, fit le plus jeune.

- Toi non plus, rétorqua l'Oriental avec un demi-sourire.

Il était amusant de constater à quel point cette cérémonie l'avait apaisé, et il se laissait même aller à plaisanter, comme un homme du peuple échangeant quelques piques avec un ami. Aussi incroyable que cela pût paraître, il s'agissait bien du même homme. La transformation était étonnante. Eothain, un peu piqué au vif par la réplique du guerrier, sembla se renfrogner. C'était vrai, il n'était pas très musclé, et il ne paraissait pas destiné à devenir un grand et costaud soldat du Rohan comme on les appréciait ici. Ses bras étaient trop fins, sa silhouette trop mince. Il le savait, et devait s'entraîner dur pour combattre cela. Mais Rokh, percevant sa déception, ajouta :

- Qui est l'idiot qui t'a enfoncé dans le crâne qu'il fallait être musclé pour être fort ?

Cependant qu'il parlait, Rokh sortit, l'écuyer sur ses talons. A cette question, il ne sembla pas trouver de réponse. Peut-être parce que personne en particulier ne lui avait fait cette remarque... ou peut-être parce que tout le monde le lui avait fait comprendre sans vraiment le lui dire. C'était souvent ainsi : on jugeait la force exclusivement sur des critères physiques. Une erreur que beaucoup d'adversaires du jeune guerrier avaient commise en tombant sur lui. Ils n'avaient pas eu le temps de la regretter très longtemps.

- Le muscle est un bénéfice de l'entraînement, et non... Marche à mes côtés, veux-tu ? Je ne compte pas parler à quelqu'un qui se cache dans mon dos. Merci. Je disais donc : le muscle est un bénéfice de l'entraînement, et non un objectif en soi. Qui s'entraîne pour devenir épais devient épais. Qui s'entraîne pour devenir le meilleur devient le meilleur. C'est ainsi.

Eothain baissa la tête, songeur. De toute évidence, il était encore un peu secoué par les plantes de Rhûn que Rokh avait utilisé. Elles servaient à détendre, à ouvrir l'esprit, mais il était vrai que chez quelqu'un qui n'avait pas l'habitude d'en utiliser, elles pouvaient engourdir pour une longue durée. Toutefois, il paraissait réceptif, et le guerrier continua sa leçon, se trouvant particulièrement à l'aise dans le rôle de professeur :

- J'ai tué des hommes plus grands que moi, des plus petits aussi ; des hommes plus musclés que moi, et des maigrelets ; des hommes plus gros, plus minces. J'ai tué des hommes avec un destrier plus grand que le mien, des hommes avec une épée plus longue, des hommes avec deux armes. Tout cela n'est qu'artifice. Aucun physique n'est meilleur qu'un autre, aucun style de combat n'est meilleur qu'un autre. Tout est question d'hommes.

- Mais les gens plus grands sont plus forts que moi... Se plaignit presque le gamin.

Rokh fronça les sourcils :

- Ils sont plus forts, peut-être, mais pas parce qu'ils sont plus grands. S'ils sont plus forts, entraîne-toi quatre heures chaque jour jusqu'à les vaincre. S'ils sont toujours plus forts, entraîne-toi huit heures. Quand tu les auras vaincus, qu'importe alors qui est le plus grand ? Être le meilleur suffit. La victoire n'exige aucune explication, et la défaite n'en admet aucune.

Le maître et l'élève, curieux duo, arrivèrent bientôt aux cuisines. Ils étaient au beau milieu de la nuit, et il ne se trouvait personne à l'intérieur de la pièce. L'écuyer s'empressa de servir quelque chose au guerrier, qui l'invita à prendre quelque chose lui-aussi. Il n'était pas question pour lui de manger seul, comme s'il était un condamné prenant son dernier repas en présence d'un garde. Au contraire, il était en passe d'être libéré de sa prison, et il tenait à faire partager son enthousiasme. Le gamin revint à la charge, toujours pas convaincu :

- Mais vous êtes bien d'accord qu'un enfant ne peut pas vaincre un adulte ! C'est impossible !

- Alors tu crois que le Maréchal t'a confié la vie de son épouse parce que tu es un bon garçon, parce que tu es serviable et discret ? Que je sache, tu n'es pas un valet, et ton rôle ne se limite pas à rendre leur vie facile. Sinon, pourquoi te prendre toi, et pas un homme musclé et fort ?

L'écuyer sembla réfléchir intensément. De toute évidence, il n'avait jamais vu les choses sous cet angle, et la façon de voir les choses de l'Oriental le déstabilisait. Il tenta de contrer :

- Ca veut dire que vous avez déjà vu un enfant de dix ans tuer un homme de... trente ans ?

Rokh sourit largement, comme si cet exemple était une bonne blague, comme si la réponse était évidente. En face, l'écuyer fronça les sourcils. De toute évidence, la situation lui paraissait impossible, et il ne voyait pas comment surmonter cet obstacle. Les enfants étaient faibles, les hommes forts. C'était pour cela qu'il devait grandir, pour pouvoir protéger les gens qu'il aimait, et son pays. Les choses allaient ainsi depuis des millénaires, et il ne semblait pas possible d'aller contre cette tradition. Pourtant, le Rhûnadan semblait connaître une autre vérité :

- J'avais douze ans, je crois, et il en avait bien quarante. Pourtant, je l'ai tué. Honorablement, pas par derrière ou en traître. Nous avions la même arme, il était aussi en forme que possible, et il combattait pour sa liberté et sa vie. Je l'ai vaincu, toutefois.

Eothain ouvrit des yeux ronds. Il était partagé entre l'envie de demander des détails, la crainte vis-à-vis d'un homme qui avait déjà goûté au sang à douze ans, et l'incrédulité devant une histoire qui lui paraissait totalement improbable. Dans son esprit, il était impossible de voir cela arriver. Pourtant, l'Oriental n'était pas du genre à mentir, et il n'était pas du genre à faire des plaisanteries. Mais comment croire qu'il disait la vérité ? Il chercha dans son esprit une explication logique, n'en trouva pas, et décida de trouver un nouvel argument pour essayer de se justifier :

- Mais par exemple les femmes... elles sont moins fortes que les hommes et...

Il n'eût pas le temps de terminer sa phrase que Rokh partit d'un rire franc. C'était probablement la première fois qu'Eothain l'entendait rire, et assurément, il était le seul de la forteresse à en avoir été témoin. Il fut si surpris qu'il en demeura interdit. Donc cet homme pouvait rire ? Il n'en revenait pas. Le guerrier retrouva son sérieux en quelques secondes, et l'écuyer se demanda s'il n'avait pas rêvé, s'il n'avait pas imaginé tout cela. Après tout, les vapeurs lui brouillaient encore l'esprit, et il aurait tout aussi bien pu fantasmer tout cela. Oui, c'était possible. Quoi qu'il en fût, l'Oriental répondit :

- Si telle est ton opinion, Eothain, je te souhaite de ne jamais rencontrer une femme de l'Est. Elles sont plus féroces que le plus féroce des prédateurs, rusées et tenaces qui plus est. J'ai vu des guerrières réaliser des prouesses que bien des hommes leur enviaient, et je ne me risquerais pas à les sous-estimer. Je vois que tu te demandes comment une telle chose est possible... tout est question d'entraînement. D'entraînement et de volonté.

Rokh reposa ses couverts et l'écuyer s'empressa de débarrasser, tandis que l'homme se levait pour aller retrouver ses appartements et son lit. La nuit était tombée depuis longtemps, et il devait dormir, prendre des forces pour le lendemain. A n'en pas douter, la tête du jeune garçon était pleine de questions, mais il devrait trouver les réponses par lui-même, en grandissant et en faisant ses propres expériences. Le guerrier le laissa aller se reposer, lui donnant rendez-vous le lendemain au matin, pour les derniers préparatifs. Pendant ce temps, l'Oriental alla se coucher, et il trouva le sommeil facilement, après avoir accompli tous les rites qui lui promettaient l'honneur dans la mort ou dans la victoire. Lorsqu'il ferma les yeux ce soir-là, il était serein, et pour une fois il ne rêva pas des visages des gens qu'il avait tués... peut-être à cause de l'encens oriental dont le parfum flottait encore dans l'air.


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Au petit matin, Rokh était déjà réveillé. Il avait accompli un certain nombre d'exercices d'assouplissement, et s'était offert un repas léger, constitué d'un peu de viande, mais essentiellement de légumes et de pain, pour préserver son organisme de toute lourdeur. Il anticipait un duel long et fastidieux, et il ne devait pas se surcharger sans quoi il risquait de le payer cher. Puis, alors qu'il était encore tôt, il se rendit dans les écuries, où sa monture était logée. Saêna, son fidèle cheval, l'accueillit avec un hennissement joyeux. Il y avait entre lui et le cavalier un lien solide, forgé dans les flammes de la guerre qu'ils avaient traversés côte à côte, l'un veillant sur l'autre. Rokh pansa et soigna son compagnon, s'assurant qu'il était bien traité. Mais il faisait confiance aux rohirrim, qui n'usurpaient pas leur réputation d'amis des chevaux, il devait bien le reconnaître. Sa monture avait le poil luisant, les yeux vifs, et l'air particulièrement en forme. De quoi faire chaud au cœur au guerrier, qui passa près d'une heure à le bichonner, traquant la poussière dans son poil, et dans sa crinière. Puis, après avoir conversé avec lui en Rhûnien pendant un bon moment, lui racontant en détail comment il anticipait le duel à venir, le guerrier décida de seller sa monture, et de lui faire porter son armure de guerre, qu'il avait emmenée avec lui. Une plaque d'acier entre les deux yeux, une cuirasse sur le poitrail s'étendant aux flancs, et une cotte de mailles sur la croupe pour le protéger des tirs. Harnacher l'animal était fastidieux, mais le résultat était des plus impressionnant, et Saêna ressemblait à un dragon engoncé dans ses écailles d'acier noir. L'impression de puissance et d'invulnérabilité qui se dégageait de l'animal était presque aussi importante que la protection réelle fournie par l'acier. Quiconque voyait un Cataphracte charger face à lui avait la sensation d'être en face d'une boule de métal que rien ne pouvait arrêter, et beaucoup se débandaient avant l'impact, conscients qu'ils allaient laisser leur vie s'ils tenaient la ligne. Rokh avait entendu dire que certains des membres de ce corps d'élite pouvaient à ce titre faire preuve d'une certaine arrogance, mais il ne voyait pas qui.

L'écuyer le rejoignit, apportant son armure et ses affaires au guerrier, comme celui-ci le lui avait demandé. Il avait pris soin d'empaqueter tous ses effets, pour être prêt au départ en cas de victoire, et prêt à être brûlé en cas de défaite. Il avait indiqué l'emplacement d'une lettre contenant ses dernières volontés à Eothain, mais ne comptait pas laisser le gamin y toucher, car il n'entendait pas perdre la vie en ce jour. Rokh, fidèle à ses principes, insista pour enfiler son armure en présence de son cheval, et il leur fallut pour cela quitter le box dans lequel logeait l'animal, et trouver une cour suffisamment dégagée pour permettre au guerrier de se vêtir convenablement. Il avait choisi de porter la tenue de l'Ordre, ses vêtements blancs sous son armure d'obsidienne, comme pour remonter le temps au moment de la première bataille, et de son premier duel contre Mortensen. Il avait ramené ses cheveux en une grande queue de cheval, pour qu'ils ne le gênassent pas dans sa lutte, et il vérifia une dernière fois que les sangles étaient bien serrées, que tout était parfait. Au côté, il portait sa masse d'armes, et Varvad était rangée dans le fourreau collé au flanc de Saêna. Il grimpa en selle, aussi souple que s'il avait été vêtu de lin, et se tourna une dernière fois vers l'écuyer :

- Va, et occupe-toi du Maréchal. Dis-lui que je l'attends.

Rokh enfila son casque, disparaissant immédiatement derrière ce visage d'acier, imperturbable et profondément effrayant. Le tout était si sombre que même en y regardant de près, on ne voyait pas ses yeux derrière la fente pratiquée au centre. Peut-être était-ce voulu, pour accentuer l'effet sur l'ennemi. Le guerrier attrapa le bouclier que lui tendit Eothain, qui s'empressa de le contourner pour lui tendre sa lance de cavalerie. Ainsi armé, il était exactement dans la même tenue que le jour où il avait chargé Mortensen pour la première fois. Certes, il n'aurait pas besoin de sa masse et de sa lance, mais il comptait l'impressionner en lui rappelant ce jour d'hiver où ils avaient croisé le fer pour la première fois. L'écuyer ouvrit la porte, et d'un simple mouvement du bassin, Rokh fit aller son cheval, quittant l'obscurité pour aller vers le jour.

Les sabots de sa monture claquaient sur le sol pavé, et les regards se tournaient vers lui. La nouvelle du duel à venir s'était répandue partout dans la ville, car il était de notoriété publique que le Chien de Farma n'était là que parce qu'il attendait une occasion de transpercer le désormais Vice-Roi. Tous savaient que ce jour allait arriver, et quand ils en avaient eu confirmation, ils s'étaient empressés de descendre dans les rues pour voir. Tous n'étaient pas arrivés, bien entendu, mais des dizaines de gardes s'étaient rassemblés, et les plus courageux des badauds avaient bravé le froid et la pluie pour venir patienter, une bonne heure avant le début programmé du combat. En voyant Rokh arriver, ils ne pouvaient pas s'empêcher d'avoir un hoquet de surprise. C'était une chose que de voir un guerrier oriental dans un couloir, ou dans une rue, de voir son visage dur au teint exotique ; c'en était une autre de le voir vêtu pour la guerre de pied en cap, juché sur sa monture elle-même cuirassée. L'aura menaçante qui se dégageait de son armure d'ébène était pesante, et tous reculèrent d'un pas devant son passage, craignant peut-être qu'il n'abattît son arme sur un innocent.

Rokh gagna le lieu annoncé du duel, et se présenta seul face au cercle que les gardes avaient créé de leurs corps. Il posa les yeux sur le sol, analysant le terrain sur lequel il allait se battre, jugeant déjà que l'agencement des pavés ne leur permettrait pas de prendre trop de risques, sans quoi ils risquaient de glisser et de chuter. Ce serait un duel crispé, un duel de force et d'endurance, domaine dans lequel le Rhûnadan excellait. Sa monture décrivit des cercles réguliers, allant toujours au pas, sous le regard silencieux de la foule qui se massait de plus en plus. Il avait décidé de se présenter en avance, pour prendre possession des lieux, et c'était désormais le Maréchal qui était attendu. Chacun des pas du cheval, qui claquait dans l'air, marquait l'écoulement d'une pleine seconde, et quiconque se trouvait dans la foule semblait s'impatienter à mesure que le temps passait que le Maréchal ne se présentait pas.

Et puis enfin on l'annonça. Un soldat fit son apparition, et Rokh immobilisa sa monture. Il tendit à l'homme sa lance de cavalerie, puis fit de même avec sa masse d'armes. Souplement, il descendit de selle, tandis que d'autres sabots claquaient sur le pavé, annonçant l'arrivée du champion des lieux, accueillit avec quelques encouragements timides : tout le monde semblait respecter le cérémonial, et faire preuve de beaucoup de retenue. On avait visiblement peur. Gallen pénétra dans le cercle, mais Rokh lui tournait toujours le dos, occupé à tirer Saêna hors de l'arène. Il confia la bride à un soldat qui se trouvait là, et porta la main au manche qui dépassait de la selle. Avec beaucoup d'extravagance, l'Oriental dégaina Varvad, son sabre de guerre et le tendit bien haut vers le ciel. Le chuintement sinistre de l'épée quittant le fourreau sembla donner des frissons aux gens qui se trouvaient près de lui. Une sensation délicieuse. Il fit tourner l'arme dans sa main, pour en assurer la prise, et s'étira brièvement, plus par habitude que par réelle nécessité. Il était prêt. Il était fin prêt. La bête en lui était lâchée, et il détruirait le Maréchal aujourd'hui.

Se retournant enfin, il posa les yeux sur son adversaire. Un sourire cruel déforma son visage, sous le casque impassible qu'il portait.

Enfin...

Enfin il allait prendre sa revanche.

Enfin.


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Aelyn
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Un retour douloureux (Passé) EmptyDim 31 Aoû 2014 - 21:38
Aelyn avait finalement fermé les yeux là, devant l’âtre, bercée par le ronronnement apaisant du feu et la danse gracieuse des flammes. Son esprit vacillait entre le sommeil et l’éveil. Elle était consciente de tout ce qui l’entourait, les craquements du bois, les murmures du vent entre les interstices, le battement de la pluie contre les volets de bois, les intervalles irréguliers du tonnerre grondant, le hennissement étouffé d’un de ses chevaux à l’écurie et même l’étrange démarche du veilleur de nuit qui passait dans la ruelle. Mais ses pensées étaient ailleurs, prises dans un tourbillon, suivant des fils incertains et des chemins tortueux. La scène dont elle avait été témoin entre Rokh et le Vice-roi résonnait en sourdine, en arrière-plan derrière un flou apaisant de songes accélérés.
Combien de temps resta-t-elle ainsi ? Quelques secondes ? Dix minutes ? Une heure ? Plus ? Elle avait perdu la notion du temps. Quelque chose, un son particulier la tira de sa somnolence. Le grincement caractéristique de la porte qui menait à la chambre des jumeaux, celui qu’elle faisait quand l'on ne la tirait pas légèrement vers le haut au moment de l'ouvrir.
Eofyr se tenait devant elle, les yeux ensommeillés et la démarche lente, en se frottant les yeux. Les boucles de sa chevelure, ébouriffée par un sommeil agité, formaient des épis désordonnés sur sa tête. Le garçon semblait à la fois surpris et soulagé de trouver sa mère là.

« - Qu’est-ce qu’il y a mon grand ? C’est l’orage qui t’a réveillé ? »

L’enfant sembla réfléchir un instant puis fit non de la tête.

« - J’ai soif… S’il te plait Maman. »

Aelyn eut un sourire attendrit et se leva pour chercher à boire. Eofyr s’assit sagement sur un tabouret pour attendre sa mère. Et, alors que celle-ci se trouvait encore dans la petite réserve de la cuisine, on frappa à la porte d'entrée. Les coups nets résonnèrent dans la maison. Qui cela pouvait-il bien être à une heure si avancée de la soirée. Le garçon sauta sur ses pieds et alla ouvrit. Il était très loin de s’attendre à ce qui se présenta devant lui. Il le reconnu aussitôt avant même que l’homme n’ouvre la bouche. Le Maréchal… non le Vice-roi Gallen Mortensen se tenait en chair et en os sur le parvis de sa maison. Le gamin avait la bouche ouverte à s’en décrocher la mâchoire, soudain parfaitement réveillé. Ses yeux brillants d’admiration détaillaient chaque centimètre carré de l’homme qui lui faisait face. Sa poitrine se gonfla d’une fierté enfantine. Le deuxième homme le plus important du Riddermark était venu chez lui, en personne, pour parler à sa mère. Quel honneur ! Quelle chance ! Dommage qu’il n’y aurait personne pour le croire demain matin quand il le dirait, à part Eogast.
Puis, réagissant enfin, il pointa du doigt l’ouverture par laquelle Aelyn avait disparu quelques instants plus tôt et venait de revenir un grand gobelet d’eau à la main.

La jeune femme se figea au milieu de la pièce en découvrant qui était ce mystérieux visiteur nocturne. Elle ne comprenait pas ce qui avait pu le pousser chez elle à la nuit tombée mais, étrangement, elle s’en réjouissait. La jeune femme répondit immédiatement, et presque inconsciemment, au sourire qui s’étalait sur le visage de l’homme.
La guérisseuse tendit le verre à son fils et prit sa place dans l’entrée. La demande que lui fit alors Gallen fut très étrange. Une ballade à cheval sous la pluie ? Puis sa manière de la persuader fut encore plus étrange, en lui suggérant qu’il pouvait le lui ordonner, en hésitant entre le vouvoiement et le tutoiement, en lui conseillant une tenue plus adaptée au temps et finalement en demandant l’avis de son fils qui n'avait même pas encore 8 ans… D’aucun aurait pu croire qu’il avait bu si ses paroles n’avaient pas été si clairement énoncées. Elle hésita mais Eofyr ne lui en laissa pas l’occasion. Trop heureux d’être consulté par son héro, le garçon hocha vigoureusement la tête.

« - Je sais que ma mère sera en sécurité avec vous Messire. Elle doit venir ! » répondit-il comme une évidence et une parade contre la seule raison valable qui, dans son esprit, pouvait motiver à refuser une telle invitation.

Aelyn fit une moue et gronda gentiment son fils :

« - Bien que le Vice-roi t’ait demandé ton avis jeune homme, ne crois pas que c’est à toi de décider si oui ou non je dois accepter cette invitation. Maintenant, zou, au lit, il est tard. »

Eofyr afficha quelques secondes une mine dépité mais après avoir salué avec zèle et cérémonie l’ancien maréchal, il semblait heureux comme jamais. Et c’est d’un pas guilleret qu’il retourna se glisser sous ses couvertures. Après l’avoir suivit d’un regard affectueux, la jeune femme reporta son attention sur son invité. En réalité, elle ne s’était même pas posé la question, évidement qu’elle acceptait, aussi étrange que paraisse la demande. Sa présence lui mettait du baume au cœur. Mais dans un coin de son esprit une agaçante voix grinçante lui susurrait que peut-être Gallen ne survivrait pas au lendemain… Et puisqu’il était venu la voir elle parmi tous pour cette nuit particulière… peut-être la dernière, susurra de nouveau la voix. Elle ne lui refuserait pas cette demande… Et si elle était totalement honnête avec elle-même, elle ne lui aurait jamais refusé, tant bien même l’Oriental ne lui aurait-il jamais lancé ce défi mortel.

« - J’accepte votre proposition sans contrainte et avec joie, si vous voulez bien me laisser quelques instants pour me préparer. » elle hésita un instant avant de rajouter « - Je vous remercie de votre sollicitude mais il est inutile de laisser quelqu'un ici, mes garçons savent se débrouiller seuls et ils sont parfaitement en sécurité entre ces murs. Ils ont l'habitude, je sortais souvent pendant plusieurs heures la nuit pour m'occuper d'un malade. »

Elle l’invita à entrer à l'abri le temps de revêtir une tenue plus appropriée à ce genre de chevauchée, en tissus et cuirs chaudement fourrés, souples et légers ainsi qu’une longue cape épaisse pour se protéger du mauvais temps. La jeune femme fit ensuite un crochet vers les écuries pour choisir sa monture. Elle élimina d’office l’étalon de guerre qui avait appartenu à son époux. Au côté de la monture de Gallen, il risquerait d’être plus difficile à mener et ce n’était pas le but. Son cheval de trait aurait été sans doute été excellent pour un telle balade, et particulièrement confortable, mais ce soir il semblait étrangement perturbé par le tonnerre. Híril, sa jument baie cerise serait parfaite, elle était si calme que l’orage lui faisait à peine bouger les oreilles, et elle semblait parfaitement alerte, comme si elle n’attendait que cette occasion de se dégourdir les pattes. La jeune femme prit le temps de les flatter chacun leur tour, de vérifier leur eau et de préparer la jument.
Le temps de toute cette préparation et du harnachement, il s’écoula un petit quart d’heure pour qu’enfin Aelyn soit prête. Elle retourna faire un crochet par son salon pour y retrouver le vice-roi qui l’attendait patiemment. Un interstice laissé ouvert de la porte de la chambre des garçons lui fit rapidement comprendre qu’Eofyr, loin d’être allé se coucher, avait réveillé son frère pour espionner l’ancien maréchal à son insu. Quand les deux enfants saisir le regard de leur mère braqué sur eux, il y eut une sorte de bruit de chute suivi d’une cavalcade puis le silence. Aelyn soupira en levant les yeux au ciel.
Alors ils se mirent tout deux en selle et commencèrent à cheminer sous la pluie battante. Il faisait froid mais pas suffisamment pour la faire trembler sous ses vêtements chauds. L'eau ruisselait pourtant déjà le long de sa cape et du capuchon qui dissimulait à moitié son visage. Il faisait sombre sans lune ni étoile pour éclairer leur chemin et, excepté les bruits de l'orage, il n'y avait pas un son autour d'eux. Un demi pas en retrait, la jeune femme se laissait guider. Elle n’avait aucune idée de la direction que comptait prendre l’homme ni ce qu’il avait en tête. Elle ne savait pas non plus quoi dire, quelle attitude adopter ou comment se comporter en cet instant, surtout après ses suppliques un peu plus tôt dans la soirée, et Gallen semblait être venu sur un coup de tête sans avoir réellement prémédité ce qu’il faisait.

Alors qu’ils s’engagèrent dans une petite rue, la jeune femme ne put empêcher un coup d’œil en direction de la forteresse. Quelque part dans ses murs, l’homme du Rhûn se préparait à donner la mort à son adversaire. Il avait attendu patiemment son heure et était prêt à faire ce à quoi il avait tant aspiré ces derniers mois. Un frisson d’horreur remonta le long de l'échine de la jeune veuve. Elle préférait ne pas penser au lendemain et aux terribles évènements qui pourrait s’y produire. Elle aurait aimé pouvoir faire en sorte que le jour ne vienne jamais, aussi puérile que soit cette idée. Aelyn prit quelques instant pour faire revenir un sourire sur son visage et elle talonna sa monture pour se retrouver à la même hauteur que Gallen.

« - Puis-je vous demander quelle sera notre direction ? »


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Gallen Mortensen
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Un retour douloureux (Passé) EmptyLun 8 Sep 2014 - 15:40
Gallen resta dans l'embrasure de la demeure. Il observa avec amusement le manège de la petite famille. C'était des éléments que Gallen appréhendait mal. Sa vie se résumait à la guerre et aux luttes politiques intestines, ce foyer semblait une véritable bulle de quiétude. Il eut étrangement l'envie d'appartenir à celui-ci. Il laissa Aelyn se préparer. Il déambula dans la petite maisonnée en pleine reconstruction, la marque d'Aelyn était partout cela fit de nouveau sourire Gallen, mais il remarqua aussi la présence d'Hengest le mari d'Aelyn mort au combat. Il connaissait cet homme, pour résumer Gallen le considérait comme un homme honnête qui se tenait debout. Il eut un bref moment de malaise, d'autant plus que l'image de Farma s'imposa de nouveau à lui. Le Vice roi entendit du bruit provenant de la chambre des fils d'Aelyn. Il leur sourit et effectua même un signe amical de la main. Aelyn apparut à cet instant et les jeunes garçons tombèrent malencontreusement. Gallen eut de nouveau un sourire fugace.

Il observa un bref instant Aelyn équipée en vraie cavalière rohirrim. Puis sans un autre regard il quitta la demeure , Aelyn le suivant. Malgré la recommandation de la guérisseuse, le Vice Roi imposa la présence d'un garde de faction.

Les deux jeunes gens parcourent au trot les rues pavées de la citadelle. D'un regard connaisseur Gallen approuve le choix d'Aelyn pour sa monture.

Aelyn l'interroge sur la destination de leur promenade. Gallen hausse les épaules et répond dans un éclat de rire

"Je ne sais pas mais chevauchons ma belle "

Gallen avait prononcé ma belle de manière instinctive. Puis à la sortie d'Aldburg il éperonna Lars et partit au galop.

Sous un temps exécrable , les deux rohirrims chevauchaient dans les plaines du Riddermark. Gallen se sentit revivre comme tout rohirrim en ces instants de communion avec son compagnon équidé.

Puis leur cavalcade les mena sans s'en rendre compte près de la tour de garde.Gallen stoppa net et descendit calmement il aida Aelyn et il se rendit dans l'ancienne tour à moitié détruite. C'est là que commença la bataille d'Alburg contre l'OCF. Ces évènements bien que récents reviennent dans l'esprit du champion du Rohan.

Il semble errer un long moment mais Gallen pense aux hommes tomber lors de cette bataille.

Puis il rentre dans l'édifice. Il s'assoit sur une table de pierre à moitié détruite. Aelyn se place à ses cotés. Gallen observe un instant son profil . La nuit tombe de plus en plus . Le rohirrim perçoit le visage de la blonde par intermittence. Une tension alliant sensualité et stress s'installe entre les deux jeunes gens.

C'est Gallen qui rompt le premier le silence.

"Bien des hommes sont morts ici car je leur ai demandé de combattre. Tel que tu... vous me voyez je suis pour certains un héro un libérateur, pour d'autres, pour des familles, un tyran qui envoie les enfants du Rohan à la mort"


Puis après avoir ménager une pause

"Je suis comme ce Rokh, ma vie n'est que sang fureur et guerre. Et le pire c'est que je le fais très bien .. de tuer des hommes. Demain je vais combattre ce guerrier, je gagnerai ou je perdrai mais jamais il ne brisera ma volonté. Là se situe ma force ..."

Gallen avait besoin de dire ces choses sur lui. Puis de manière maladroite il poursuivit

"Je ne suis pas ...Hengest, il était plus droit et courageux que moi d'une certaine manière"


C'était maladroit car il n'avait pas envie de parler de l'ancien mari d'Aelyn mais il le devait pour sa mémoire de guerrier. Il laissa la jeune femme répondre. Un silence gêné s'installa.

Un orage éclata. Des éclairs zébrèrent le ciel. Le visage d'Aelyn fut éclairé par intermittence . La main droite de Gallen toucha la main gauche d'Aelyn. Il la serra fort et à la grande surprise de Gallen il eut une réponse de la part d'Aelyn qui le serra plus fort, sa main semblait lui dire oui je t'attends Gallen.
Le rohiirim tourna sa tête vers Aelyn, leurs regards se croisèrent. Le vice roi se rua alors sur Aelyn et ils échangèrent un baiser enflammé et passionné.

Gallen se calma et caressa la joue droite d'Aelyn, il s'embrassèrent cette fois plus calmement , dégustant l'instant.

Puis Gallen se leva . Puis il étala la cape d'hermine sur la table à moitié détruite. Il allongea Aelyn et commença avec une main tremblante à la déshabiller, on aurait dit un adolescent lors de sa première nuit. Il eut un sourire en découvrant le corps parfait et voluptueux de la belle guérisseuse. Il aurait voulu lui dire que dans le couloir de la forteresse il aurait dû continuer son geste instinctif, l'idée qu'il ne comprenait pas que cette femme splendide soit restée seule aussi longtemps l'effleura aussi, mais il se tut par respect et surtout il admira la beauté éclatante de cette femme, il se sentait si bien avec elle .. Puis il se donnèrent l'un à l'autre.

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Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque Gallen se réveilla. les deux amants étaient enroulés dans la cape d'hermine du vice roi. Il admira le visage d'Aelyn. La belle se réveilla quelques instants plus tard. Ils se préparèrent sans un mot. Puis il se dirigèrent vers leurs montures respectives en silence. Mais Gallen ne put s'empêcher de l'embrasser au moment ou il l'aidait à monter sur sa jument d'albâtre. Il laissa sa main sur l'encolure et déclara

"Aelyn j'aimerais que tu n'assistes pas au combat de tout à l'heure , tu comprends, tu ....risques de me perturber"


Malgré les réticences d'Aelyn Gallen resta imperturbable, il devait se concentrer sur son duel . Ils arrivèrent au trot à la demeure d'Aelyn , Gallen avait tenté d'étirer le plus possible ce moment. Il n'embrassa pas la belle, mais il la regarda longtemps il espéra qu'elle voyait dans son regard bleu cobalt ce qu'il ressentait pour elle: bien plus qu'une attirance de base.

Puis le Champion du Rohan partit non sans avoir saluer les jumeaux qui de nouveau tentaient d'apercevoir par leur fenêtre cette fois.

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Gallen arriva dans ses appartements , Eothain l'attendait, son armure était prête tout comme Kaya et son bouclier. Son écuyer s'acharna sur son casque au panache blanc.

Eothain se rua sur Gallen qui le prit dans ses bras.

"Alors tu as aidé mon adversaire"

Eothain lui raconta tous les détails de sa rencontre avec Rokh. Gallen ponctua régulièrement la diatribe du jeune homme de "Bien","Hum"

Il conclue par

"Tu vois Eothain le monde n'est pas blanc ou noir. Malgré sa férocité cet homme est un homme d'honneur , ne l'oublie pas quoiqu'il arrive, mais il n' a pas de cœur lui pense que c'est un atout mais je suis d'avis que c'est un désavantage. Car bien que le cœur ne doit pas intervenir dans le combat c'est lui qui donne la mesure d'un Homme tout comme l'esprit "


Eothain eut les larmes aux yeux. Gallen le prit de nouveau dans ses bras

"Ce n'est rien mon petit.... Je suis fier de ce que tu es devenu ne l'oublie jamais. Farma aussi l'était. Allez va préparer Lars"


Eothain s'essuya rapidement les yeux et fonça vers les écuries après un dernier regard pour son mentor.

Gallen termina de s'harnacher il fixa un long moment sa meilleure amie Kaya . Puis il quitta d'un pas décidé ses appartements , son duel avait déjà commencé.

Il arriva dans les écurie, Lars était prêt. L'étalon sentait que le moment était important. C'était un cheval de guerre. Gallen caressa longtemps l'encolure de Lars.

Puis Gallen s'apprêtait à mettre sur le puissant dos de son destrier la selle de peau d'ours blanc ayant appartenu au roi Folwince . Il entendit du bruit. Sans se retourner il lança

"Eothain tu devrais déjà te trouver sur le lieu du duel en tant qu'écuyer"

Le silence lui répondit . Il tourna alors la tête et découvrit Aelyn essoufflée par une course apparemment effrénée. Gallen déposa la selle, puis d'un pas décidé il se dirigea vers la belle guérisseuse. Arrivé à sa hauteur, Aelyn eut un pas de recul et Gallen à sa surprise l'embrassa avec passion.

Puis il la regarda . Puis il posa ses mains sur ses joues et il posa son front contre le front d'Aelyn et il lui murmura

"Tu as raison oui, tu as eu raison de ne pas m'écouter"

Puis Gallen monta sur son étalon. Puis il tendit la main et aida Aelyn à monter sur Lars derrière lui.

Il déclama

"Allons y"

Lars parada littéralement dans les rues d'Aldburg. Ils arrivèrent enfin sur la cour lieu du duel . Il eut une pensée fugace pour Farma. Son regard cobalt tomba sur le lieu de la mort de son épouse. Ils arrivèrent au niveau du cercle de rohirrims qui attendaient , tendus ce duel à mort.

Gallen déposa Aelyn, son regard était calme et il ne voyait qu'elle.....

Puis il avança, son adversaire était prêt à combattre. Il stoppa Lars et descendit calmement il lança alors de sa voix de stentor

"Rohirrims. Quoiqu'il arrive je vous demande de ne pas intervenir. Ce duel suit les règles ancestrales du combat. Je vous l'ordonne en tant que Vice Roi du Rohan"


Gallen a son habitude tourna autour de son adversaire le regard déterminé. Il le savait le combat devait être court. Il porta la première attaque. Le duel commençait . Implacable et cruel ......





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Ryad Assad
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Un retour douloureux (Passé) EmptyJeu 11 Sep 2014 - 15:42
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Les habitants et les soldats d'Aldburg connaissaient la guerre, pour l'avoir vue à leurs portes. Des armées s'étaient affrontées sous leurs remparts, des centaines de vies avaient été fauchées, et le sang du Rohan avait inondé la terre jusqu'à ce qu'elle n'en pût plus. Pourtant, pour bien d'entre eux, c'étaient la première fois qu'ils assistaient à un duel de ce type. Ils avaient vu des charges de cavalerie, assisté aux oppositions frontales entre deux armées féroces et déterminées à remporter la victoire. Ils n'avaient sans doute jamais vu deux champions pénétrer dans l'arène face à face, et se promettre mutuellement la mort. C'était un spectacle rare en cette ère de trahison et de lâcheté. Il était loin le temps où les combattants se faisaient face et refusaient de porter un coup en traître. Il était loin le temps où l'honneur valait davantage que la victoire, où l'héroïsme valait mieux que la fourberie. Des hommes de la trempe de Mortensen et de Rokh étaient d'une autre époque, et ils devaient paraître bien étranges à ceux qui les observaient. Le Maréchal... non, le Vice Roi... prit la parole d'une voix forte, et invita chacun à demeurer à l'écart du duel qui allait se jouer. Nul ne devait intervenir, nul ne devait tenter d'interrompre la lente marche du destin, même s'ils voyaient leur suzerain s'incliner face à la puissance et la détermination sans faille de l'Oriental.

Rokh, hocha la tête, et balaya l'assistance du regard. Ses yeux se posèrent sur la guérisseuse, qui paraissait au comble de l'inquiétude. Elle se tenait là, au premier rang, comme si sa présence pouvait changer quelque chose. Elle devait se dire que, d'une manière ou d'une autre, elle pourrait intervenir et sauver ce qu'il resterait du seigneur de ces terres. C'était espérer qu'il allait survivre à l'affrontement, ce qui était loin d'être écrit, car il était évident que le Rohirrim était loin d'être physiquement prêt au combat. Il essayait de dissimuler son affaiblissement, mais de toute évidence il était encore diminué. Toutefois, comme l'avait prévu le Rhûnadan, il avait cette flamme dans les yeux. Une flamme qui ne trompait pas, et qui était plus révélatrice que le meilleur diagnostic médical. Son adversaire était fin prêt, et il se battrait jusqu'au bout. C'était tout ce qui importait, désormais.

- Souvenons-nous de ce duel à jamais, Maréchal. Quelle que soit la fin...

Le Rhûnadan avait parlé pour la première fois, et sa voix était déformée à cause de son casque qui lui couvrait l'entièreté du visage. Elle était plus grave, plus terrifiante, plus métallique que d'ordinaire. L'effet était saisissant, et on aurait dit qu'un homme de métal s'exprimait derrière cette armure. C'était très probablement voulu, et cela ne faisait qu'accentuer l'impression d'invincibilité qui se dégageait de lui. Les hommes de l'Est étaient maîtres dans l'art de la guerre psychologique, et ils savaient comment saper le moral de leurs adversaires avant même d'avoir donné le premier coup. Même si contre un adversaire comme Mortensen, cette mise en scène n'aurait qu'un effet limité, l'impact sur la foule rassemblée là était indéniable, et Rokh savait puiser sa puissance de la terreur des gens autour de lui. Le moindre frémissement de crainte des Rohirrim le renforçait, et lui donnait la hargne nécessaire pour frapper encore et encore, jusqu'à remporter la victoire.

Les deux guerriers s'approchèrent l'un de l'autre, tels des fauvres prêts à s'entredéchirer. Ils étaient parfaitement opposés, et pourtant il y avait une forme de similitude entre eux deux. La même posture rigide, le même calme face à leur avenir pourtant brutal et sanglant, le même sentiment qu'ils étaient déjà morts à l'intérieur, et qu'ils se battaient pas pour survivre, mais bien pour qu'on se rappelât d'eux. Ils se saluèrent en silence, chacun dans la tradition de son peuple, d'ores et déjà concentrés sur l'affrontement à venir. Ce combat se déroulerait sur tous les plans : physique, certes, mais également mental, voire même technique et tactique. Ce n'étaient pas seulement deux hommes qui s'opposaient, mais aussi deux volontés en acier trempé, deux styles de combat, deux conceptions de la guerre. Ils prolongeaient ainsi les siècles de violence qui avaient opposés les hommes de l'Ouest à ceux de l'Est, et s'inscrivaient dans une tradition qui les dépassait et pourtant les définissait d'une certaine façon. Celui qui remporterait la victoire affirmerait non seulement sa supériorité sur l'autre, mais également la supériorité de sa vision du monde. Tout du moins, c'était ce que croyait Rokh, qui ne doutait pas un seul instant de sa victoire et du prestige qu'il allait en tirer. Il s'était entraîné, il s'était préparé comme jamais pour ce jour si particulier, et il n'envisageait pas que tout cela fût en vain. A quelques pas seulement de son adversaire, le Rhûnadan se pencha vers lui et lui souffla presque avec bienveillance :

- Avant de commencer, toutes mes condoléances pour votre épouse. Je voulais également vous dire que si les circonstances avaient été différentes... j'aurais eu plaisir à vous connaître.

Seuls les spectateurs les plus proches comprirent ses mots, au nombre desquels la guérisseuse Aelyn, qui paraissait fébrile. Il n'était pas possible de voir dans le regard de Rokh, dissimulé qu'il était par son casque noir de jais, mais la sincérité dans sa voix était indéniable. Il avait beaucoup de respect pour le Maréchal, et non seulement parce qu'il était un bon combattant. Il avait reconnu en lui un véritable guerrier, et s'il était né en Rhûn, il aurait pu devenir l'ami du Cataphracte, qui appréciait son caractère et sa fougue. Toutefois, Melkor ne leur laissait pas le choix, et leur imposait de se battre comme des chiens dans l'arène, jusqu'à ce que l'un des deux rendît l'âme, et partît rejoindre ses ancêtres. C'était une fin tout aussi honorable. Il inspira profondément, et érigea son immense bouclier entre lui et le Maréchal, qui de son côté commençait à tourner autour de lui, comme il l'avait déjà fait quelques mois plus tôt, dans les plaines d'Aldburg. Un silence de mort s'abattit sur la petite cour, et nul ne paraissait vouloir interrompre la concentration des deux hommes... surtout de Mortensen, qu'ils espéraient voir remporter la victoire.

Ce dernier, vif comme l'éclair, engagea le combat avec rudesse. Sa première attaque fila à la vitesse d'un carreau d'arbalète, et s'écrasa comme un coup de marteau sur le bouclier du Rhûnadan, qui avait réagi avec célérité pour éviter de recevoir une blessure sérieuse sinon fatale. Il sentit l'onde de choc se répercuter dans son bras, et remonter le long de celui-ci, avant de se déverser dans tout son corps. Son cerveau analysa cette information, et en tira les conclusions qui s'imposaient. Mortensen n'entendait pas faire durer cet affrontement très longtemps, de toute évidence. Il y avait, parfois, un moment d'observation entre deux lutteurs, où ceux-ci se laissaient aller à tester la défense de leur adversaire, pour essayer de le jauger. Il était question de comprendre le style de l'autre, de le maîtriser, de le dominer, pour ensuite remporter la victoire en déployant une force appropriée. Mais ici, les deux hommes se connaissaient déjà, et devraient tout donner sans hésiter pour s'imposer. Ils savaient presque quel allait être le prochain mouvement de leur opposant, et cela les dispensait donc de préparation. Rokh savait que le Rohirrim allait insister sur sa vitesse et sur la puissance de ses assauts. Lui devrait contenir cette menace le plus longtemps possible, et riposter avec tout l'engagement dont il était capable. Ce qu'il fit.

Coup pour coup, ce fut ainsi que démarra leur duel. Sitôt la première attaque du Maréchal bloquée, Rokh sortit de sa défense, et frappa brutalement sur le bouclier du Vice Roi, cherchant à affaiblir son bras gauche. Ses attaques de taille, redoutables, claquant bruyamment dans l'air, firent reculer son adversaire qui se déplaça sur le côté pour reprendre son approche traditionnelle. Apparemment, il aimait tourner autour de sa cible, de sa proie, pour déterminer l'endroit où il allait la piéger. Il maîtrisait le terrain, et choisissait le moment de l'assaut, ce qui lui donnait le temps de combattre à son rythme. Toutefois, Rokh était sa Némésis, et il était parfaitement à l'aise dans le rôle du combattant acculé, dos au mur, contraint de livrer bataille de toutes ses forces. Si le Rohirrim ne passait pas à la vitesse supérieure, s'il ne tentait rien de nouveau, il perdrait ce combat, c'était évident. Dût-il durer deux heures, trois, cinq, le Rhûnadan l'emporterait à la fin, si c'était un combat d'endurance. Toutefois, si Gallen tentait quelque chose, il s'exposait à une contre-attaque incisive et violente. L'équation était complexe pour le Vice Roi, et l'ancien Lieutenant le savait.

Ainsi donc, leur duel commença sans coup de semonce, brutal et sauvage, montant crescendo en intensité. Tels deux prédateurs déterminés à assurer leur suprématie sur un territoire donné, tels deux loups se battant pour le titre d'Alpha, ils se jetaient l'un sur l'autre, s'acharnaient à essayer de pénétrer la garde de l'autre, avant de se séparer pour mieux revenir à l'assaut. Il n'y avait pas de cris, pas de hurlements de rage, seulement un froid professionnalisme qui était paradoxalement encore plus effrayant. Les lames ripaient contre leurs protections d'acier, leurs boucliers s'entrechoquaient et se couvraient d'éraflures qui attestaient de la violence de leurs estocades. Ils rivalisaient d'ingéniosité pour se surpasser l'un l'autre, mais ne paraissaient pas en mesure de trouver une ouverture décisive pour remporter la victoire. Rokh se laissa asticoter, provoquer, museler, pendant quelques temps, se contentant de défendre et de contre-attaquer, sans véritablement chercher à imprimer son rythme. Mais il n'avait pas passé ces mois de captivité à faire les mêmes erreurs que celles qui l'avaient conduit à perdre son premier duel contre le Rohirrim.

Soudainement, changeant radicalement de tactique, il se mit à avancer. Il n'était pas plus agressif qu'auparavant, il ne prenait pas davantage l'initiative, mais ce simple revirement était aussi déstabilisant que s'il s'était soudainement mis à courir partout en hurlant. Il marchait droit vers le Rohirrim, l'obligeant à modifier la manière dont il se déplaçait, et ainsi à casser peu à peu sa tactique. Il entendait bien le forcer à se battre frontalement, dans un style qui lui était sans doute moins familier, et dans lequel il serait moins à l'aise que le Rhûnadan, qui excellait dans les duels de force pure. Avec son armure épaisse, son bouclier large et sa défense impénétrable, il aurait rapidement raison de Mortensen, s'il réussissait à le coincer. Mais encore fallait-il attraper l'insaisissable combattant, qui s'escrimait à ne pas se laisser enfermer dans le traquenard de l'Oriental. Certes, le piège était gros, mais la qualité de Rokh lui permettait de mettre en difficulté son adversaire, même avec une tactique simpliste.

Il changea de rythme, et rompit la distance soudainement, avant de frapper de taille, pour forcer le Vice Roi à bloquer, et à se déplacer sur sa droite. En même temps qu'il frappait, il continuait d'avancer, pour gagner les précieux centimètres qui lui manquaient. Dans un duel de cette intensité, la distance était un élément important, sinon la variable qui pouvait la différence entre la vie et la mort. Il ne fallait pas plaisanter avec cela, car un pas pouvait assurer une victoire immédiate, ou permettre à l'adversaire de contre-attaquer. Prudent, l'Oriental savait qu'il n'aurait pas beaucoup d'autres chances comme celle-ci, et il déclencha son assaut. Mortensen, trop occupé à bloquer, ne vit pas venir le coup de bouclier de Rokh, qui le déstabilisa légèrement. C'était suffisant. Varvad, la lame acérée du combattant tout de noir vêtu, jaillit comme un serpent, et vint mordre le Vice Roi au niveau de l'épaule gauche. La blessure n'était pas profonde, mais sans ses épaulières renforcées, il aurait très certainement perdu l'usage de son bras. En dépit de la superficialité de la plaie, le sang s'était mis à couler, et le sabre du Lieutenant se teinta de carmin.

Il n'eut pas l'opportunité de pousser son avantage, que déjà Mortensen s'était placé hors de portée. Il jeta un œil à sa blessure, sous le regard livide de ses soldats et de ses sujets qui s'étaient rassemblés. Rokh aurait bien voulu jeter un œil à la guérisseuse, pour voir ce qu'elle pensait de tout cela. Elle devait mourir d'envie de venir aider le Vice Roi, mais ce dernier avait été clair avec l'art du duel, et il acceptait totalement son destin, sans se soucier des conséquences pour lui. Ce n'étaient que pure conjectures, toutefois, car à cause de la confusion du duel, l'Oriental avait perdu la trace de la jeune femme, et il lui était impossible de passer plus d'une demi-seconde à la chercher, sans quoi il donnerait une belle ouverture à son adversaire. En effet, même si le premier sang lui était favorable, le duel n'était pas encore fini. Pour ainsi dire, il ne faisait que commencer, et la riposte de Mortensen était à craindre. Derrière son casque obscur, Rokh se laissa aller à un sourire. Les choses devenaient enfin intéressantes...


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Aelyn
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Un retour douloureux (Passé) EmptySam 20 Sep 2014 - 4:11
Aelyn esquissa un sourire en entendant la réponse du Vice-roi. Chevaucher pour chevaucher, oui, c'était une bonne idée. Les murailles passées, la jeune femme talonna sa monture qui partit au galop à la suite de l'étalon de guerre.
"Ma belle", c'était étrange d'entendre ces mots de la bouche de Gallen, étrange mais étonnement... grisant. Elle sentit ses joues chauffer et rougir. Heureusement pour elle, la noirceur du soir, la pluie et son capuchon camouflaient parfaitement son émotion. La jeune femme se répéta le surnom, elle l'aimait beaucoup. Son sourire s'élargit légèrement.
Mais bien vite, emportée par la vitesse, le vent et les battements de la pluie sur son corps, bercée par les mouvements souples et réguliers du galop de sa jument, l'esprit de la jeune femme s'envola. Elle ne ressentait pas le froid. Les yeux fermés, elle se contentait de laisser la pluie battante laver ses peines, ses douleurs et ses horribles souvenirs. Chaque mètre avalé emportait avec lui une partie de ce qui la tourmentait depuis la mort tragique de son amie. Elle se sentait bien, pour la première fois depuis qu'elle était partie de chez les elfes, même mieux car elle était chez elle. Elle galopait dans ces plaines qu'elle aimait tant.
Finalement elle rouvrit les yeux et remarqua que Gallen avait commencé à prendre de l'avance.

« - T-t-t... Híril, qu'est-ce que tu en dis ? On ne va pas les laisser nous semer comme ça. Allez, en avant ! »

Suivant les indications de sa cavalière, la jument accéléra l'allure jusqu'à revenir au niveau du cheval de guerre.

La jeune femme ne sut pas vraiment combien de temps ils chevauchèrent ainsi, côté à côté, mais quand les chevaux ralentirent, ils se trouvaient face à une tour de garde en ruine, lieu du violent face-à-face qui avait opposé les rohirrim aux adversaires à l'étendard noir. Gallen descendit de sa monture et aida la jeune femme à faire de même. Son visage sembla se refermer au fur et à mesure qu'il déambulait au milieu des pierres brisées et des murs tombés.
Ils finirent par rentrer à l'intérieur du bâtiment, dans une partie encore protégée de l'intempérie. Au milieu de la pièce trônait une table en pierre partiellement détruite. L'homme s'y installa. Elle prit place à ses côtés en silence. Le visage torturé de Gallen était plus parlant que mille mots pour désigner ce qui s'était passé en ces lieux. Elle le fixait... Elle attendait sans savoir quoi. Une parole ? Un geste ? Elle ne savait pas, vraiment pas. Mais il y avait quelque chose qui flottait entre eux dans l'air. Quelque chose qui n'avait rien à voir avec la nuit d'hiver, le vent ou l'orage. Une tension qui faisait vibrer l'espace qui les séparait.
Enfin, Gallen parla. Il parla des morts et de sa culpabilité, de l'image qu'il renvoyait aux autres et de celle qu'il se renvoyait à lui-même, de ses doutes qui le rongeaient et de ses certitudes inébranlables. En quelques phrases à peine, il avait matérialisé beaucoup de son état d'esprit. Il y avait tant de regrets dans ces paroles.

"Je ne suis pas ...Hengest, il était plus droit et courageux que moi d'une certaine manière"

Aelyn pinça les lèvres. Elle ne savait pas comment exprimer ce qu'elle avait en tête. Elle prit une grande inspiration et commença. Elle exposa son point de vue d'une voix calme, douce, à peine plus élevée qu'un murmure. Ses yeux passaient de Gallen à un point fixe, lointain, quelque part dans un autre monde.

« - Tu... »

Aelyn s'interrompit et se mordit la lèvre inférieure en se rendant compte de sa familiarité mais, après une seconde de réflexion, ne prit pas la peine de se corriger. Gallen lui-même manquait à tout moment de la tutoyer, autant rendre les choses plus simples... ou du moins l'illusion qu'elles étaient plus simples. Demain, il allait peut-être mourir sous la lame du guerrier de l'Est, pourquoi s'encombrer de tels principes alors.

« - Tu n'as pas à l'être... Hengest n'est plus. Tout comme Farma. Ils étaient uniques et nulle personne en ce monde ne saurait les remplacer... Je... Quand j'ai perdu mon époux, je l'ai cherché inconsciemment chez d'autres hommes. Mais ça n'a fait que me rendre plus malheureuse de courir après un fantôme... Je ne lui cherche aucun égal... Tu es différent, ni meilleur ni pire... ... Mais je vois ces qualités que tu cites en toi aussi. Tout ces hommes tombés ici, elle balaya les alentours d'un ample mouvement du bras, seraient morts tout autant sous les ordres d'un autre. Il faut bien quelqu'un pour donner les ordres, quelqu'un qui ait la force et le courage d'assumer ce pouvoir et d'en faire bon usage. Mais ce serait salir leur mémoire que de croire qu'ils n'étaient pas préparés à mourir. Les Rohirrim sont de fiers guerriers et tous sont prêts à donner leur vie pour leur terre. Quel homme ne serait pas prêt à mourir pour protéger sa famille et sa terre ? Tu ne leur as rien demandé qu'ils ne s'apprêtaient déjà à faire. Ne... ne te juge pas trop sévèrement. Même les familles. C'est dur de perdre quelqu'un et on peut parfois dire et faire des choses que l'on regrette mais toute les femmes, toutes les mères, tous les fils et les filles savent pourquoi ces guerriers se sont battus et sont morts, au nom de quoi ils sont morts et pour qui. Pas pour toi, mais pour le Rohan et pour eux. Je ne vois rien aux yeux du monde qui puisse te rendre coupable du sang qui nourrit cette terre... Tuer... et tuer bien, c'est ce que l'on demande aux gens comme toi, comme on demande aux gens comme moi de guérir. Parfois on réussi, parfois on échoue, mais nous nous efforçons toujours de faire au mieux de notre talent pour des raisons qui vont bien au delà de ce que nous sommes et ce que nous voulons, parce que il y a en ce monde des personnes qui comptent sur nous. Parce que chacun à notre manière nous changeons les choses... »

Quand les mots moururent sur ses lèvres, elle fixait le ciel noir au dehors, les yeux brumeux. Elle aurait aimé changer les choses elle aussi, bien plus, sauver plus. Sauver Farma. Il était assez dérangeant de songer à son amie alors qu'elle se tenait là, au milieu de la nuit avec le veuf de celle-ci et cette tension entre eux. Mais elle savait que Farma serait toujours là d'une certaine façon, derrière Gallen.

L'orage redoubla, les éclairs zébraient l'horizon tant qu'on croirait le jour revenu à chaque flash. Le silence s'étira, un peu pesant, un peu gêné. La guérisseuse espérait vraiment n'avoir commis aucun impair ni exprimé trop de chose. Lentement, elle sentit la main de Gallen approcher la sienne avant même qu'elles n'entrent en contact. Une chaleur rayonnante qui effleurait sa peau. Et quand sa main fut prisonnière entre les doigts du guerrier, elle répondit au contact, serrant plus fort, répondant instantanément à la demande du vice-roi. Une invitation muette et pourtant qui lui semblait raisonner dans ses oreilles. A ce moment très précis, à cette seconde près tout allait changer. En bien ou en mal, c'était au destin d'en décider. Mais pour l'instant rien ne lui importait que ce contact si simple mais pourtant incroyablement puissant. Leurs regards se rencontrèrent de nouveau. Une minuscule seconde plus tard, le temps d'un éclair qui lui avait fait entrevoir le regard cobalt assombri, et ils étaient l'un contre l'autre, unis par un baiser passionné, brûlant, presque violent. Puis un autre, plus doux, plus sensuel.
Elle se laissa guidée par les gestes de Gallen. Son cœur battait dans ses oreilles à un rythme effréné, comme à leur premier baiser son monde ne se réduisit qu'à lui. Elle le laissa la débarrasser de ses vêtements, le laissa l'admirer d'une façon qui lui noua la gorge d'émotion. Cela faisait si longtemps qu'elle ne s'était pas sentit si désirée, si aimée, si... bien. Et elle découvrit avec fascination le corps musclé par les entrainements et la guerre qui lui faisait face. La main blanche de la guérisseuse parcourut avec la douceur d'une aile de papillon chaque forme, chaque ligne, pour les garder en mémoire. Chaque cicatrice et chaque stigmate, cherchant presque à effacer ces marques et les souffrances qu'elles avaient engendrées. Cette nuit-là, en se laissant happer par ce cocon de chaleur et de bien-être, il n'y eut pas que son corps qu'elle donna au guerrier, mais aussi son cœur et son âme, sans réserve.


Le lendemain matin, elle se laissa longtemps flotter dans les brumes du sommeil, savourant le contact chaud et rassurant des bras qui l'enserraient et de ce corps contre le sien. Elle aurait voulu se blottir encore un peu plus longtemps, encore un peu plus près, mais la sensation d'un regard sur elle lui fit ouvrir les yeux. De nouveau elle croisa le regard de Gallen et aussitôt elle se souvint : aujourd'hui était le jour fatidique. Arrachée de limbes cotonneuses du bien-être par l'horrible vérité, la jeune femme sentit une pierre se loger au fond de sa gorge. Elle caressa le visage qui lui faisait face et lui adressa un triste sourire. Si seulement le fait de faire une crise ou un scandale pouvait le retenir près d'elle, elle se serait volontiers ridiculisée de la sorte pour le garder ici mais... fille, épouse et sœur de guerriers, elle connaissait par cœur l'obligation et l'honneur, le respect de la parole donnée et celui de l'adversaire. Rien ne saurait soustraire Gallen à ce duel, tant bien même elle insisterait. Mais elle ne lui ferait pas cet affront, elle s'y résignait.
Ils s'éloignèrent l'un de l'autre, se préparèrent et retrouvèrent leurs montures. Il l'embrassa encore avant de l'aider à se remettre en selle. Un baiser qui avait un étrange goût d'adieu, amer.

"Aelyn j'aimerais que tu n'assistes pas au combat de tout à l'heure, tu comprends, tu ....risques de me perturber"

« - Je ne peux pas faire ça ! Je... »

Mais ses arguments restèrent vains, elle finit par accepter la demande d'un simple hochement de tête. Puis ils refirent le chemin de la veille, en silence. Ils ne parlèrent pas plus quand il la déposa devant chez elle. Front contre front, elle pouvait voir dans les magnifiques yeux du vice-roi, toutes ces choses qu'elle espérait y voir. Et ses yeux d'émeraude s'empressèrent de répondre avec tant de tendresse. Pitié, ne me l'arracher pas...
Enfin, elle rentra chez elle.

A peine eut-elle passé le pas de la porte que deux éclairs se postèrent devant elle. L'un avec son petit-déjeuner en main et l'autre le regard plein d'espoir. Ni l'un ni l'autre ne posèrent de question mais ils en attendaient les réponses. Eofyr et Eogast ne la lâchèrent pas d'une semelle. Elle se changea puis ils mangèrent un peu. Enfin Eogast se jeta à l'eau. Le plus sage des jumeaux évita soigneusement d'interroger sa mère sur sa longue absence nocturne mais posa la question la plus effroyable aux oreilles de la jeune femme.

« - Maman, tu ne vas pas voir le duel ? Et s'il était blessé ? »

Aelyn déglutit difficilement et répondit doucement :

« - Je ne peux pas, mon chéri, j'ai promis. Et il n'y aura pas de blessé... C'est un duel à mort, le perdant ne survivra pas.
- Mais... si...
- Je sais, mon chéri, je sais... Mais ce sont les règles de ce genre de duel. »


Il y eut un long silence autour de la table. Puis soudain Eofyr bondit comme un ressort.

« - Tu dois y aller ! Il faut que tu l'encourages ! Il peut pas gagner si tu l'encourages pas ! Et puis s'il gagne mais qu'il est blessé quand même ? Il est fort l'autre gars aussi ! T'as promis mais tu dois y aller. On est pas obligé de respecter les promesses stupides qui ont aucun sens ! »

La jeune mère médita une fraction de seconde sur les paroles de son garçon, le visage torturé, les poings serrés contre son bol. Elle se leva brusquement. Le lait dans le récipient déborda sous la vague.

« - Je reviens vite. Vous irez nourrir les chevaux après le repas, et je ne veux surtout pas vous voir trainer du côté du duel, c'est clair ?
- Oui, Maman. »
répondirent-ils en chœur.

Et sur ces mots, elle se précipita en courant vers les écuries de la forteresse. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard. Elle arriva à l'entrée du bâtiment, essoufflée et les joues rougies par sa course. Gallen était là, lui tournant le dos, sur le point de seller son étalon. Elle ralentit l'allure pour reprendre son souffle. Il parla. Elle ne répondit pas, elle continua à avancer. Jusqu'à ce qu'il se retourne. Un éclair passa dans son regard quand il la reconnu. L'homme s'avança vers elle d'un pas vif et décidé. S'était-elle trompée ? Etait-ce une erreur finalement d'être venue ? Elle s'inquiéta... pas longtemps. Le baiser passionné calma ses craintes. Elle recouvrit des siennes les mains qui lui enserraient les joues et murmura avec angoisse :

« - Je ne pouvais pas... Tu ne peux pas me demander de rester loin... J'ai besoin d'être là. »

Heureusement, ou plutôt miraculeusement, Gallen semblait avoir changé d'avis sur le sujet. Elle ressentit un profond soulagement quand il lui chuchota qu'il était heureux qu'elle soit là malgré ses recommandations.

Elle traversa tout Aldburg en croupe derrière Gallen. L'étalon parada littéralement à travers toute la ville. Tout le monde les dévisageait, intrigués. Certains devaient se demander qui elle pouvait bien être. D'autres, très peu au courant, la prirent pour Farma. La majorité pourtant rejetèrent rapidement leur attention sur le Vice-roi et son combat et l'acclamèrent tout au long du chemin. Aelyn lova son front contre son dos.

Arrivés à "l'arène", l'ancien maréchal lui tendit le bras pour l'aider à descendre. Elle serra la main tendue contre elle avant de lui glisser à l'oreille.

« - Westu Gallen hal... »

Puis elle mit pied à terre, le laissant s'avancer seul au milieu du cercle. Marcher pieds nus sur des éclats de verre lui semblait soudain une douleur négligeable à côté de cette horrible angoisse qui la rongeait de le voir avancer ainsi vers Rokh. L'oriental avait l'air plus effrayant et menaçant que jamais. Et quand enfin il parla, ce fut pire encore. Cette horrible voix métallique tira un frisson d'horreur et de dégoût à la guérisseuse, de concert avec une grande partie de l'assistance. Les poings crispés autour des plis de sa jupe, Aelyn ne respirait déjà plus qu'à peine, les yeux écarquillés. Elle se forçait au silence le plus totale, refusant que la moindre de ses plaintes angoissée ne puisse perturber Gallen. Le moindre instant d'inattention serait fatal.

- Avant de commencer, toutes mes condoléances pour votre épouse. Je voulais également vous dire que si les circonstances avaient été différentes... j'aurais eu plaisir à vous connaître.

Non... Il n'avait pas osé ! Si, bien sûr. Il avait besoin de la colère de Gallen dans son plan. Aelyn se demanda si c'était finalement une bonne idée d'être venue. Elle se sentait si impuissante. Elle ressentait le calme de son amant qui s'effritait et s'écroulait à cause de cette simple phrase. Ces quelques mots déjà plus blessants qu'une lame.

Le combat commença dans un choc d'acier qui résonna comme un gong. La technique, la puissance, la volonté, les deux adversaires avaient tout pour la victoire... tout les deux. Le vrai combat était celui de la froideur contre la rage. L'être entier de la jeune femme sembla brusquement se calquer sur le combat. Chaque pas de Gallen vers son adversaire permettait de respirer, bref moment de soulagement. Chaque pas de Rokh vers son ennemi la mettait en apnée, angoisse mortelle. Chaque fois que les lames s'entrechoquaient, elle se crispait. Chaque fois que les duellistes s'éloignaient l'un de l'autre, ses épaules s'affaissaient. Le tissu sous ses doigts menaçait de craquer tant elle le tordait et le maltraitait. C'était insupportable. Si au moins elle avait su quoi ou qui prier, elle l'aurait sans doute fait. Même les divinités elfes feraient l'affaire !
Elle crut bien s'évanouir en voyant la terrible lame du Rhûn jaillir trop vite pour être évitée et entailler l'épaule de Gallen. Une trainée de sang resta suspendue comme au ralenti dans les airs avant de s'éparpiller en fines gouttelettes sur le sol. Son premier réflexe fut de se précipiter vers lui, mais une paire de bras puissants la stoppèrent net dans son élan. Un grand gaillard lui fit non de la tête avant de la relâcher lentement. Elle se résigna donc à reculer d'un pas en se contorsionnant pour évaluer l'état de la blessure. Une égratignure. Ce n'était qu'une plaie superficielle. La guérisseuse se répéta cent fois cette phrase pour se rassurer. Rien qu'une petite plaie de rien du tout. Une égratignure... Elle étouffa un énième gémissement d'angoisse. Jamais elle n'avait autant espéré la mort d'un homme que celle de Rokh à cet instant précis. Il ne pouvait pas vivre, pas pour condamner Gallen. Elle se sentait horrible de penser une telle chose mais la peur était trop grande. Pour que Gallen vive, il devait tuer l'homme qui avait veillé sur son épouse et le faire vite avant qu'une autre blessure ne vienne s'ajouter à la première.


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Un retour douloureux (Passé) EmptyVen 7 Nov 2014 - 15:23
Gallen observa la tache vermillon s'agrandir; il sentit les premiers picotements dans son bras. Il était bien entamé, mais c'était de sa faute, il s'était précipité, peut être conduit par l'appréhension, il aurait du se douter que le guerrier sombre avait échafaudé une stratégie.

Le vice roi à son habitude tourna autour de son adversaire. Ses yeux n'étaient que des petites fentes il tentait de percer la défense ennemie. Mais comme lors de son duel précédent, impossible de traverser cette muraille d'acier. Et Rokh semblait avoir retrouver son endurance surnaturelle.

Ainsi il voulait réduire la distance; il était donc persuadé d'être supérieur à Gallen en frontal. Mortensen sourit intérieurement "on va lui donner ce qu'il veut". les picotements augmentèrent. décidément il fallait écourter ce duel et il était clair que le rhunien avait marqué mle premier point et pas le moindre.

Gallen fondit alors sur Rokh comme d'habitude . Un véritable mur de lames s'abattit sur le lieutenant de la reine Lyra. Le rohirrim ne se ménagea pas. Il fut rapide violent efficace, il hurlait, il misa tout sur la vitesse. le public devait vraiment croire que le Vice roi allait achever le guerrier en quelques coups d'épée tellement les attaques étaient rapides, fluides et puissantes. Mais le champion du Rohan en combattant expérimenté n'était pas dupe, il ne menait pas la danse: Rokh arque boutait sur ses appuis laissait la vague passer.

Puis Gallen le sentit ce fameux moment, l'instant où le guerrier allait se déplacer. Tout combattant reculerait mais Gallen en était persuadé Rokh allait avancer d'un pas pour le mettre en défaut et réitérer sa tactique gagnante. Comment Gallen sentait cet événement? Il était incapable de le dire mais Maitre Graham lui en vait parlé c'est ce que l'on appelle "le sentiment de fer" au combat, une sorte de prémonition de quelques microsecondes concernant les ripostes ennemies. Certains en sont dotés d'autres pas, et cette capacité est développée par les heures interminables d'entrainement.



Gallen sentit donc la réplique de Rokh, il ne chercha pas, au lieu de reculer c'est lui qui campa ses appuis. puis il déclencha sa danse écarlate à plein régime. Rokh avance et il n'eut pas le temps de déplier son bras armé de son sabre. Kaya visa le cou de son ennemi. mais de nouveau Rokh fit preuve d'une mestria extraordinaire. Il changea de tactique en une fraction de seconde, il réussit l'exploit de rompre avec le haut de son corps. Kaya mordit la chaire ennemie mais de manière superficielle. Certes une large estafilade sur le coté gauche du cou mais rien de plus. Gallen rompit alors se mettant hors de portée, ses batteries étaient bien entamées et son coup fatal avait échoué, mais il était vivant c'était l'essentiel . De nouveau ce guerrier avait étonné le rohirrim. Et il comprit lui aussi avait cette faculté d'anticipation. décidément beaucoup d'éléments les rapprochaient. dans une vie peut être??

Mais non là n'est pas le plus important, le duel continuait. Le regard bleu cobalt plongea dans le regard sombre.

Gallen fit tournoyer Kaya . Puis il fondit à nouveau Rokh martelant le bouclier de son adversaire, espérant avoir blessé suffisamment Rokh pour le faire plier. Rien n'était moins sûr.


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Ryad Assad
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Un retour douloureux (Passé) EmptyLun 10 Nov 2014 - 20:19
Un retour douloureux (Passé) Rokh10   Un retour douloureux (Passé) Rokh_c10

Rokh recula d'un pas, et resta un instant immobile, sous le choc. Il sentait encore la brûlure insidieuse de l'acier pénétrer sa chair, et en ressortir vivement. Le coup du Vice-Roi, sorti de nulle part, avait pénétré sa garde jusqu'alors parfaite, et avait bien failli lui coûter la vie. Il n'avait dû sa survie qu'à un prodigieux réflexe qui l'avait conduit à s'écarter de la trajectoire de l'épée acérée de son adversaire, qui filait droit vers son visage. Le sang avait coulé des deux côtés désormais, et les deux combattants avaient pu constater qu'il n'y aurait pas de pitié dans ce combat. La moindre erreur serait fatale, et ils paieraient cher le moindre saut de concentration, le moindre excès de confiance. Rokh, particulièrement, savait qu'il avait fauté. En attaquant Mortensen pour le mettre sur la défensive, pour le forcer à commettre une erreur, il avait été présomptueux, et s'était exposé à une riposte. Il l'avait échappée belle, et il devait désormais en tirer les leçons. Il était curieux de voir comme il avait mûri durant sa captivité ici : quelques mois auparavant, il aurait chargé frontalement le Vice-Roi pour lui faire payer son affront, et serait sans doute tombé dans le piège qui lui tendait les bras. Il se serait dépensé sans compter, se serait épuisé, et aurait été finalement vaincu par l'expérience de son adversaire, brillant duelliste également. Désormais, il avait un peu plus de plomb dans la tête, et il ne prit pas le parti d'attaquer directement le rohirrim. Au lieu de quoi, il porta une main à sa gorge pour évaluer les dégâts.

La lame avait pénétré superficiellement dans sa chair, sans toucher d'artère majeure, mais suffisamment profondément pour tremper son cou et son torse d'un sang écarlate qui coulait sous son armure de jais. Le rohirrim ne le voyait pas de là où il se trouvait, mais son attaque était vraiment passée tout près d'ôter la vie au rhûnadan. S'il avait eu conscience de cet état de fait, il aurait probablement poussé son avantage pour mettre encore davantage en difficulté le Lieutenant, le submerger sous un mur d'acier, pour enfin lui planter une lame en plein cœur. Au lieu de quoi, il avait battu en retraite, s'était réfugié derrière cette maigre victoire qu'il espérait entretenir précieusement. Il ne souhaitait pas prendre de risques, il ne souhaitait pas mourir, et il combattait non pas pour vaincre, mais pour survivre. C'était cela, dans la conception du rhûnadan, qui les différenciait totalement. Lui envisageait le combat comme une forme d'art, dans lequel l'objectif était bien supérieur au moyen et aux coûts. Mortensen voyait la guerre comme une nécessité, comme une basse besogne qu'il accomplissait avec réticence. Comment pouvait-il gagner avec tant de fébrilité dans le cœur ? Bien décidé à faire sortir le lion qui se tapissait derrière ce pourpoint orné d'un cheval, le Lieutenant se mit en garde, et avança de nouveau vers le Vice-Roi, prudent mais déterminé.

Comme de coutume désormais, les coups vinrent pleuvoir sur le bouclier épais de Rokh, dont le bras paraissait encaisser sans faiblir la violence des attaques de Mortensen. Il se déplaçait en ligne droite, marchant toujours vers son adversaire qui continuait à lui tourner autour pour se placer hors de portée. Lorsqu'il le pouvait, il plaçait une contre-attaque audacieuse, enchaînait sur deux ou trois coups de taille que le Vice-Roi était contraint de parer, avant de revenir s'abriter derrière son épais bouclier. C'était un duel crispé, tendu comme la corde d'un arc, et les spectateurs ne s'y trompaient pas. Ils frémissaient à chaque fois qu'un des combattants menaçait de prendre l'avantage sur l'autre, lançaient des encouragements à leur champion lorsqu'ils le sentaient en passe de surpasser la défense jusqu'alors impénétrable du rhûnadan. On sentait une véritable ferveur, qui commençait à s'emparer de la foule, qui se mit bientôt à crier, à hurler, à louer le local, à huer l'étranger.

Ce n'était plus un combat honorable entre gentilshommes, ni une passe d'armes éclair entre bretteurs de talent, mais bien un duel létal entre deux chiens de guerre. A coups de crocs, de griffes, ils progressaient vers la victoire, et les badauds qui s'étaient massés autour savaient que si leur champion perdait, il ne se relèverait plus jamais. Alors ils criaient, espérant que leur intervention donnerait du courage au Vice-Roi, et de la crainte au rhûnadan. Le rohirrim, dont l'agressivité allait croissante, asséna un redoutable coup de pied droit dans le bouclier du Lieutenant. D'ordinaire, une telle tentative n'aurait pas dû le déstabiliser plus que ça, et il fit un pas en arrière pour retrouver son équilibre, et repartir de l'avant. Toutefois, son pied d'appui dérapa sur les pavés traîtres, et il trébucha en arrière. Il sentit des mains le repousser fébrilement, avec dégoût, alors que des cris se faisaient entendre dans la foule. Rokh, qui n'avait aucune idée du temps passé dans l'arène, se rendit brièvement compte qu'autour de lui la pluie s'était mise à tomber, et que les pavés étaient trempés. Depuis combien de temps ? Il n'aurait su le dire. Il était dans sa bulle, simplement concentré sur ces yeux bleus qui le fixaient intensément, et desquels il n'arrivait pas à faire partir la lueur de vie. D'un mouvement d'épaules sec il s'écarta des spectateurs, et partit à l'assaut de Mortensen.

Du bouclier et de l'épée, il frappait sans faiblir, désireux de changer de stratégie pour perturber le Vice-Roi. Il frappait avec davantage que de vitesse que de force, pour l'épuiser, le forcer à réagir au moindre danger. Le plus minuscule mouvement du poignet déviait la trajectoire de cette langue d'acier jetée à toute allure, dont la moindre caresse pouvait apporter la mort et la douleur. A chaque fois, le bouclier du rohirrim s'interposait courageusement, et les sillons profonds qui parcouraient sa surface attestaient de son efficacité. Varvad, l'imposant sabre de cavalerie oriental, s'acharnait sans merci sur la pièce de bois qui crachait à chaque estocade les copeaux arrachés à sa structure désormais fragilisée. Rokh n'entendait pas surclasser techniquement Gallen, qu'il savait être un combattant bien plus aguerri : il allait le piétiner, le massacrer, le briser comme il briserait son bouclier. Il ne se faufilerait pas dans sa garde, il la ravagerait impitoyablement. Il ne profiterait pas d'une ouverture opportune, il la créerait de ses propres mains à force de pilonner inlassablement le mur de volonté qui se dressait devant lui.

Soumis à rude épreuve, accusant le contrecoup de sa débauche d'énergie, Mortensen fut à son tour victime du sol traître, et il réussit à s'en sortir miraculeusement, en se jetant de côté, et en finissant à son tour dans les bras d'une foule qui semblait se refermer autour de lui pour le protéger. Rokh aurait pu poursuivre l'assaut, mais il s'interrompit. Il comprit que plus tôt, son adversaire l'avait épargné en ne poussant pas son avantage, et qu'il se devait d'en faire autant. Il laissa le Vice-Roi se remettre de sa glissade, aidé par les mains secourables de son peuple, qui l'encourageait de la voix et du geste. On lui tapait sur l'épaule, on le poussait, on voulait le toucher pour lui donner force et courage. Ils étaient tous derrière lui, convaincus qu'il allait l'emporter. Ou du moins, ils voulaient s'en convaincre. Tous connaissaient la bravoure et la valeur de Mortensen, dont beaucoup l'avaient vue de leurs propres yeux sur le champ de bataille, à ses côtés. Ils savaient qu'il filait dans les rangs ennemis en taillant et en tranchant, fauchant la vie de ses ennemis sans distinction. Pour la première fois, ils le voyaient non pas en réelle difficulté, mais pris dans un duel bien plus équilibré, où il ne survolait pas la situation comme à son habitude. Tous ceux qui l'avaient vu s'entraîner savaient qu'il avait abattu ses cartes, et qu'il n'avait rien d'autre à proposer. Il en était de même pour Rokh, qui avait joué tous ses atouts techniques. Le reste ne serait qu'un duel de volonté, qu'une opposition brutale et féroce où chacun allait devoir puiser au fond de lui-même la rage et le courage de porter le coup fatal.

Mortensen revenu dans l'arène, il attaqua à son tour, et cette fois le duel prit une tournure bien plus tragique. Le rohirrim, dont le corps commençait à le trahir, était obligé de précipiter son combat, et de jeter toutes ses forces dans un dernier sursaut. Il comprenait qu'il ne l'emporterait jamais à l'usure, et qu'il devait forcer une victoire qui ne lui tomberait pas dans les bras s'il ne prenait pas de risques. Sa lame virevoltait comme un feu follet, cherchant la moindre faille dans l'acier, sans parvenir à la trouver. Mais il ne paraissait plus chercher cela. Changeant brutalement de cible, il feinta à gauche, feinta en haut, et frappa finalement au niveau de la jambe. Son attaque de taille s'enfonça dans la jambe du rhûnadan, pas assez profondément pour la trancher, mais assez pour tirer à ce dernier un rugissement de douleur.

Rokh recula en boitillant, alors que le sang coulait à flots à ses pieds. Le métal plié vers l'intérieur lui rentrait dans la cuisse, et à chacun de ses mouvements, lui déchirait la jambe un peu plus. La douleur était atroce, insupportable. N'importe quel homme serait tombé à genoux, vaincu, totalement hors combat. A la plus grande surprise des rohirrim, le rhûnadan se maintint debout. Il inspira profondément, expira bruyamment, et recommença la manœuvre en se répétant en boucle :

"La douleur est une illusion des sens"

Par la seule puissance de son esprit entraîné, il canalisait la douleur, la comprimait, et l'enfermait dans une partie de son esprit d'où elle ne pourrait pas sortir sans son consentement. Ses épaules, qui se soulevaient à un rythme rapide, se calmèrent soudainement, en même temps qu'il domptait la souffrance. Avec la pluie qui continuait de tomber dru, et qui chassait les traces écarlates sur sa tunique, on aurait presque pu croire qu'il n'avait pas été blessé. Et pour cause, il s'élança vers Mortensen, sans paraître gêné outre mesure, peut-être encore plus combatif qu'auparavant, si c'était possible. Avec une brutalité sans nom, portés par des cris de guerre, les deux lutteurs se jetèrent l'un sur l'autre sans merci.

Le combat entrait dans sa phase apocalyptique, où la fatigue rendait tout incohérent. Ils se rendaient coup pour coup, et n'hésitaient pas à user de toutes les bottes secrètes qu'ils avaient à leur disposition, même les moins nobles. Rokh, asséna un coup de bouclier dans le visage de Mortensen, lui éclatant la lèvre et le nez, lui laissant le goût du métal nain dans la bouche. Le rohirrim frappa du pied sur sa blessure pour le forcer à rompre, et à mieux protéger son côté blessé. Ils saignaient tous deux abondamment, et pourtant ils continuaient à se tourner autour, tels deux prédateurs, leurs corps gelés par l'eau glacée qui tombait du ciel, et le vent qui s'engouffrait dans leurs armures. Seuls leurs cœurs étaient chauds, brûlants, bouillants du désir de tuer.

Gallen chargea de front, sentant que Rokh ployait, mais le rhûnadan répondit avec une technique totalement inédite... même pour lui. Il lança son bouclier droit vers le rohirrim, lourde pièce de métal propulsée en travers d'une course que rien ne pouvait arrêter. Mortensen freina, mais dut ériger ce qu'il restait de son propre bouclier de bois pour se protéger. Le choc le stoppa net, et le sonna quelque peu, alors que le rhûnadan ripostait avec toute la furie dont il était capable. Hurlant à chaque assaut comme un démon sorti des pires cauchemars, sa voix déformée par son casque de ténèbres, il avait pris son sabre à deux mains, et frappait encore et encore, avec deux fois plus de force qu'avant.

Varvad, assoiffée, pulvérisa le bouclier du rohirrim, et se planta dans son avant-bras à peine protégé. Le sang coula à gros bouillons, mais Rokh ne s'en préoccupa guère. D'un coup de pied terrible, il repoussa Mortensen et le jeta à terre, alors que sa lame s'arrachait douloureusement de la chair meurtrie de son adversaire. Il y eut un cri de souffrance, un cri de victoire, et cent cris de terreur quand le champion du rohan, le vainqueur d'Aldburg, le Vice-Roi du Riddermark, quand l'homme le plus puissant du pays se retrouva à terre, en grande difficulté. Le rhûnadan fondit sur lui, frappant de toutes ses forces pour écarter cette épée qui lui barrait la route, qui le privait de sa victoire. Ses mouvements étaient fluides et précis, il savait avoir déjà remporté la victoire : il avait procédé à trop de mises à mort pour se tromper en la matière. Il avait porté trop de fois l'estocade pour ne pas reconnaître les signes avant-coureurs. La victoire était à portée de main, à portée de sabre. La victoire, la gloire et la liberté.

A chaque pas, il repensait à tout ce qu'il avait enduré entre ces murs. Il repensa à sa capture indigne, et à la séance de torture qu'on lui avait infligée. Il repensa à ces hommes qui s'étaient moqués de lui, qui l'avaient battu malicieusement, pour briser sa volonté alors même qu'il implorait une mort rapide et honorable. Il se rappela de ses blessures qui semblaient ne jamais vouloir cicatriser, des combats qu'il avait dû mener contre les hommes qui lui avaient tenu tête et qui avaient mis en doute sa place ici, à Aldburg. Il se souvint de la violence des mots, de la violence des regards, de la violence des gifles. Il se souvint de ceux qui avaient essayé de le comprendre, de ceux qui avaient vu en lui, au-delà du masque impitoyable qu'il arborait en permanence. Eliah, Eothain, Farma. Il revit la silhouette immaculée de la jeune femme, perchée sur ce promontoire au-dessus du vide, enfin en paix après avoir été tourmentée par le chagrin si longtemps. Il se souvint de tous ces gens qui l'avaient haï, qui l'avaient méprisé, et qui ne voyaient en lui qu'un chien... le chien de Farma, le chien de Lyra, le chien du Rhûn, le chien des champs de bataille... Pourquoi, soudainement, ne pouvait-il pas se résoudre à leur donner raison ?

Rokh était plongé dans ses pensées, alors que son épée était posée sur la gorge du Vice-Roi. L'épée de ce dernier reposait au loin, balayée in fine par la frénésie guerrière du rhûnadan. Un geste, un simple geste et il pouvait remporter la victoire. Il pourrait se targuer auprès de toutes et de tous d'avoir réussi à vaincre son plus puissant ennemi, et il pourrait revendiquer sans le moindre doute le titre de meilleur combattant de la Terre du Milieu. Il était certain qu'avec cette victoire, il reviendrait gonflé de prestige et de gloire en Rhûn, où on l'accueillerait royalement. On fêterait son retour, on chanterait et on danserait. Il serait considéré comme un véritable héros, et on l'implorerait de reprendre sa place en tant que Lieutenant des Cataphractes. On le promouvrait peut-être même général, et on l'élèverait dans les plus hautes sphères du pouvoir. Et lui, fidèle à ses principes, demanderait à sa Reine de l'envoyer au front en première ligne, pour qu'il pût y trouver la victoire et la mort au fil de l'épée.

Alors pourquoi ne pouvait-il pas achever Mortensen ? Il plongeait dans ces yeux bleus, et il y lisait ce que le Vice-Roi avait dû voir dans les siens, il y avait de cela une éternité, sur le champ de bataille d'Aldburg. Il n'y lisait aucune crainte ou aucune résignation, mais bien un défi. Le défi d'un homme qui sait mourir en n'ayant pas vraiment perdu, seulement privé d'un combat épique par un corps blessé et meurtri par une trop longue captivité, une âme déchirée par la souffrance et la peine. Etait-ce cela que Mortensen avait vu dans ses yeux, alors qu'ils se tenaient dans cette pleine couverte de neige et de cadavres ? Etait-ce pour cette raison qu'il l'avait épargné ? Comment savoir ?

D'une voix saccadée, épuisée par la violence du combat et par ses nombreuses blessures qui saignaient toujours, Rokh lança dans un silence de mort :

- Mortensen... Si tu veux continuer ton combat... trouve-toi un bouclier... car je dois... je dois me rendre en un autre endroit...

C'étaient les mots exacts que le Maréchal de l'époque lui avait dits avant de l'abandonner, à l'exception qu'il n'avait pas parlé de bouclier mais de monture. Parodie cruelle de leur dernier affrontement. Sur ces mots, et dans un silence pesant, Rokh se redressa et releva sa lame. Ce duel était terminé, et il avait remporté la victoire, sans en tirer aucune fierté. Il s'attendait à éprouver une joie immense, un intense soulagement, mais en réalité rien. Rien sinon un goût d'inachevé, et l'impression que leur duel n'était pas terminé, qu'il leur resterait à s'affronter une dernière fois pour enfin les départager. Il rengaina son sabre, qui avait bien souffert dans cet affrontement épique, et recula de quelques pas. La douleur à sa jambe se rappela à lui, et il s'écroula à son tour, comme si privé de sa seule raison de continuer à avancer, ce golem de métal, assemblage curieux de chair et d'acier à qui il manquait un cœur, ne pouvait que s'effondrer sur lui-même. Son souffle profond et régulier envahissait son casque, et résonnait dans ses oreilles, alors que ses cheveux rendus collants par la sueur lui glissaient devant les yeux. Sa dernière vision, fut celle d'une foule compacte se précipitant pour aider le Vice-Roi, une jeune roturière aux yeux envahis de larmes en tête.


~~~~


Rokh ouvrit les paupières sans savoir où il était, ni même quel jour il pouvait bien être. Il avait été débarrassé de son armure et de ses effets personnels, et s'il n'avait eu cette douleur lancinante à la jambe, il aurait pu croire qu'il avait rêvé cet affrontement avec Mortensen. Il avait beau avoir les yeux dégagés, il ne voyait pas grand-chose à cause de la lumière qui lui arrivait en plein visage. La lumière du jour. Ainsi donc, ils n'étaient pas le même jour que celui du duel, à moins que les nuages ne se fussent dissipés en quelques heures seulement. Essayant de se redresser en grimaçant, découvrant avec une acuité terrible que son corps était entièrement douloureux, il sentit des mains fermes se poser sur ses épaules, et lui demander de rester tranquille. Encore un peu sonné, il obtempéra sans résister. Mais il n'était pas l'arrogant et impétueux Rokh Visuni sans raison. D'une voix qu'il voulut aussi ferme que possible, il lança :

- Faites amener mes affaires... Je pars dans une heure !

Enfin, s'il ne se rendormait pas d'ici là...


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Aelyn
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Un retour douloureux (Passé) EmptySam 22 Nov 2014 - 19:46
Aelyn manqua plusieurs fois de défaillir d'angoisse. Sa peau avait prit la couleur de la porcelaine et ses oreilles sifflaient tant le sang semblait avoir déserté son corps. Elle avait tant étouffé ses plaintes de terreur en mordant sa chair que son poignet était en sang. Son cœur lui donnait sans cesse l'impression qu'il ne pourrait en supporter plus à chaque nouveau coup d'épée. Elle ne savait par quel miracle elle tenait encore sur ses jambes... ou plutôt elle s'en fichait. Le monde entier aurait pu s'embraser autour d'elle qu'elle n'aurait pu se détacher de l'horrible duel qui se déroulait devant leurs yeux à tous. Et dans sa tête raisonnait cet horrible litanie "Faites qu'il meurt, faites qu'il meurt, faites qu'il meurt....". Encore et encore comme si cette atroce prière pouvait foudroyer le guerrier du Rhûn avant qu'il n'ait la moindre chance de porter un coup fatal.

Quand enfin Gallen parvint à porter un coup décisif, enfonçant profondément l'armure de son adversaire dans sa cuisse. Aelyn crut sa prière enfin entendue. Un coup pareil ne pouvait pas laisser indemne. Le rugissement de douleur de Rokh sembla raisonner et se répercuter sur chaque mur de la cour. Un frisson parcouru la foule. De l'anticipation, leur vice-roi allait enfin prendre l'avantage définitivement, et gagner. Mais tel un démon, l'oriental refoula la douleur à la limite du possible, faisant fi de sa blessure comme si le métal ne l'avait même pas effleuré. Et ce fut la peur qui gagna la foule. Pire que ça, une terreur viscérale et superstitieuse devant cette invraisemblance. Ce n'était pas possible, il ne pouvait pas continuer de se battre, pas comme ça ! C'était impossible. Ce n'était pas humain... Et cette pluie ! Cette pluie maudite qui refusait de s'arrêter ! Qui brouillait les lignes et les contours et qui rendait le combat plus irréaliste encore. Quelqu'un commença même à murmurer que l'étranger ne saignait même pas.
Ce fut comme un signal pour les combattants qui firent remonter tout ce qu'il y avait de plus animal chez eux. Ils se jetaient l'un sur l'autre tel deux fauves. Fini les règles, les coups réguliers, rien n'importait plus que la mise à mort. Ils fatiguaient, il fallait que cela cesse. Ils s'éloignaient et revenaient l'un sur l'autre avec fracas et grognements. Tout n'était que sang, sueurs et pluie. Tout n'était que désir de tuer, de détruire, d'éradiquer.

Le bouclier de Gallen vola en éclat, offrant son bras à la lame meurtrière. La guérisseuse ne chercha même pas à retenir son cri. La chair ouverte de son amant libéra un flot de sang qui, emporté par le déluge, dévalait jusqu'au sol à une vitesse inquiétante. Le cri de l'homme qu'elle aimait la frappa au cœur et elle se débattit de nouveau pour s'interposer. Non, non, non... ça ne pouvait pas arriver. Pas comme ça ! Pas maintenant !
La foule entière se pencha dans un même élan. Comme elle, tous voulaient s'interposés mais, contrairement à elle, aucun n'avait l'intention d'aller au bout de son geste. Gallen était maintenant à la merci de l'épée orientale, Kaya échouée loin de lui, hors de portée. Son adversaire le dominait de toute sa hauteur, maître de son destin et de sa mort. Le tranchant de sa lame caressait la gorge du rohirrim.
Aelyn se débattit avec plus de force. Ça ne pouvait pas finir comme ça ! Ses yeux n'arrivaient même pas à pleurer ou à cligner. Sa gorge l'étranglait et se resserrait encore, l'empêchant même de crier. Sous les doigts de l'homme qui peinait de plus en plus à la retenir, se formaient des ecchymoses violacées. Sa peau lui semblait percée de mille lames tant elle souffrait de ce qu'elle voyait.

Le coup de grâce tardait. Toute la foule était immobile, pendue au bras de Rokh, attendant et redoutant ce dernier mouvement qui clôturerait définitivement le duel et qui leur arracherait cet homme que tous admiraient et respectaient. A quoi pouvait-il bien jouer à la fin ?
Même Aelyn s'immobilisa enfin. Elle avait même arrêté de respirer. Sous le rideau de pluie, les deux combattants étaient tout aussi immobiles. Le temps avait arrêté sa course. Il n'y avait plus d'autre bruit que la chute de la pluie sur le sol et les toits.

Une phrase rompit le silence.

- Mortensen... Si tu veux continuer ton combat... trouve-toi un bouclier... car je dois... je dois me rendre en un autre endroit...

Et la lame quitta la gorge du vice-roi. Le silence se prolongea. L'assemblée était plongée dans la stupéfaction. Que venait-il de se passer ?

Dans un fracas de métal, Rokh s'effondra à son tour sur le pavé de la cour. C'était fini. C'était fini et pourtant les deux combattants étaient en vie.

Une seconde passe. Et la foule se précipita. Aelyn se précipita.
Arrivée à la hauteur de Gallen, elle s'écroula, ses jambes refusaient de la porter plus. Elle tremblait, énormément. Les mouvements de ses mains étaient tellement saccadés qu'elle avait du mal à leur imposer sa volonté. Des larmes de soulagement réchauffaient ses joues et leur rapportaient petit à petit les couleurs qui avaient fuient son visage. Et elle riait au milieu des larmes. C'était un soulagement si intense qu'il la submergeait totalement. La jeune femme voulait serrer Gallen contre elle, vérifier, sentir qu'il était bel et bien vivant. Que ce n'était pas un mauvais tour de son esprit traumatisé. Autour d'eux l'assistance avait formé un cercle compact.
La jeune femme passa ses doigts tremblants sur le front de l'ancien maréchal, laissa flotter sa main au dessus du bras blessé et soupira de reconnaissance. Il n'y avait là rien qu'elle ne puisse guérir. Merci !
Aelyn plongea son visage dans le cou du vice-roi pour y dissimuler ses larmes. Sa main se plaqua douloureusement sur la plaie qu'il avait au bras pour endiguer l'hémorragie.

« - Merci. Tu es en vie... Merci. Merci... »

Une main se posa sur son épaule pour l'écarter. Elle la chassa d'un violent mouvement de buste et un regard meurtrier à celui qui avait osé la toucher. C'était un soldat de la cité. Elle s’adoucit. Serrant Gallen contre elle, elle lui ordonna de disperser la foule et de faire porter les deux hommes à l'intérieur - Oui, les deux hommes ! - pour les y soigner.
Elle n'avait aucune autorité, aucun droit de commander à ces hommes, mais sans y penser, ils obéir. Peut-être, comme elle, pensaient-il qu'il s'agissait de la meilleure chose à faire.

« - Le guerrier du Rhûn a agit en homme honorable et a été un vaillant adversaire. Si un quelconque mal lui est fait, le coupable en répondra devant le Vice-roi ! » hurla-t-elle aux trois hommes qui s'étaient penchés sur l'oriental inconscient.

Après ça, elle ne quitta pas le chevet de Gallen, le soignant et prenant soin de lui. Elle avait prié, presque supplié, le Maître Guérisseur de s'occuper des blessures de Rokh. Elle restait inexplicablement inquiète, comme si l'épée de Damoclès planait toujours au dessus de leur tête. Alors elle refusait de s'éloigner.

Parfois, Eothain passait les voir et elle le rassurait sur l'état de santé de son mentor avec un sourire sincère. La seconde fois, il revint, accompagné des jumeaux. Eofyr et Eogast s'étaient fait incroyablement discrets une fois rassurés. Eofyr en avait même profité pour offrir à son idole un petit cadeau, un simple bracelet fait d'une cordelette noire à laquelle pendait une petite breloque en bois en forme d'épée. Puis le garçon était reparti en bredouillant, rouge comme une pivoine, en tirant son frère par la manche.

Jusqu'au jour où Rokh se réveilla. Sitôt sur pied le guerrier exigea ses affaires et déclara partir. Pour tout autre patient, elle lui aurait préconisé de rester au lit encore quelques jours pour retrouver des forces mais... elle était pressé qu'il quitte enfin le pays. Ainsi il ne pourrait pas changer d'avis et réclamer de nouveau un duel ! Elle voulait qu'il parte.
Malgré tout, elle profita du sommeil de Gallen pour s'éclipser. Elle se glissa jusqu'aux écuries et glissa un paquet des les fontes du cheval de Rokh. C'était un petit paquet, emballé d'un épais carré de lin brut. Dedans, elle y avait soigneusement entreposé tout un nécessaire de soin pour ses blessures, pour le voyage. Elle n'avait pas l'intention de lui remettre en main propre, pas après ce qu'il avait faillit faire. Mais par égard pour ce qu'il avait fait... ou plutôt n'avait pas fait, elle tenait à lui offrir ce modeste mais très utile présent. Parce que, malgré tout il avait veillé sur Farma. Parce que malgré tout, il avait laissé Gallen en vie. Et ça, elle ne pourrait jamais l'oublier.
Puis, elle retourna à l'intérieur.


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Un retour douloureux (Passé) EmptyMer 3 Déc 2014 - 15:07
Il avait perdu. Il avait été vaincu par le plus fort que lui.

Etonnamment Gallen sentit enfin les gouttes de pluie tomber sur son visage émacié. Il réussit même à en goûter quelques unes.

Etonnamment il était bien. Son regard fixait le yeux opaque de son vainqueur.

En ultime défi, Galln ne baissa pas les yeux, sa volonté n'avait pas été brisée. Là résidait son unique soulagement.

C'est donc ainsi qu'il mourrait. Il n'eut pas de peur ou de tristesse, c'est ainsi il mourrait, tué par la main d'un homme venu de l'autre bout des Terres du Milieu, un homme puissant , habile et honorable.

Il eut néanmoins une pensée pour Aelyn mais la remercia mentalement pour la beauté des derniers moments qu'il avait vécus. Mais il fut triste de la laisser encore une fois seule mais c'est ainsi.

Sa bouche forma le mot "Pardon" non pas destiné à son vainqueur mais à Aelyn sa bien aimée.

Puis il attendit, en paix le coup fatal. mais il ne vint pas. La tête du rohirrim retomba sur le sol inégal. Il ne comprenait pas. Mais il entendit le défi de Rokh. Ainsi donc il y aurait une belle, Gallen en fut certain.

Allongé Gallen vit une myriade de visages se pencher sur lui. Puis un regard passionné et d'une beauté extrême s'imposa: Aelyn, son Aelyn.

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A moitié évanoui Gallen fut transporté dans a chambre, Aelyn était à ses cotés il sentit sa présence. Les jours d'après furent ponctués de cauchemarset de réminiscences du duel .

Puis Enfin Mortensen émergea, Aelyn était installé sur un siège à ses coté, à demi assoupie.

Son corps était une plaie immense mais les bandages et les senteurs d'onguent le rassurèrent. Il tenta de bouger ses muscles, il répondaient avec douleur mais ils répondaient. Là était l'essentiel

Puis son regard se porta sur le petit bracelet réalisé par Eofyr.

Grimaçant il se contorsionna , regarda le petit objet avec un large sourire et l'enfila. Puis il se rapprocha d'Aelyn et l'embrassa passionnément . La belle se réveilla avec ce baiser

"Cette nuit entre nous n'était pas une seule unique nuit pour moi et pour toi"

Il était important pour Gallen de le signifier à Aelyn. Il la regarda longtemps suite à sa réponse et ce baiser passionné. Oui il était plus qu'heureux de l'avoir près de lui.

Puis d'un coup comme piqué par une abeille, le Vice roi demanda

"Où est il? Il est parti? Où est Rokh?"


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Un retour douloureux (Passé) EmptyDim 7 Déc 2014 - 1:45
Gallen s'agitait souvent, prisonnier de la fièvre et de la douleur. Mais Aelyn, malgré tout, restait confiante. Contrairement à Farma qui souffrait d'une maladie de l'esprit, Gallen souffrait d'un mal du corps qu'elle savait parfaitement soigner. Mais il n'était pas totalement remis de ses précédentes blessures, ce qui n'avait fait que renforcer les terribles douleurs contre lesquelles il devait maintenant faire face. Et cela crevait le cœur de la guérisseuse.

Comme souvent, la jeune femme s'était endormie près du lit du vice-roi, assise sur son siège, la tête reposant sur le côté. Les manches encore relevées de derniers soins qu'elle avait administrés, les cheveux négligemment attachés en arrière, elle semblait fatiguée et manquait clairement d'une bonne nuit de sommeil réparateur. Mais elle préférait se lever toutes les deux ou trois heures pour vérifier l'état de Gallen, ses signes vitaux, sa fièvre, son sommeil, ses plaies. Et elle avait beau le savoir sortit d'affaire, elle n'arrivait pas à refouler l'inquiétude et se relevait inutilement... juste pour vérifier. Juste pour être sûre qu'il était toujours là, bien vivant. Car ses rêves étaient peuplés de cette scène fatidique, l'épée de l'oriental juste au dessus de la tête de son amant, prête à s'abattre, et parfois... le coup tombait. Et elle se réveillait en sursaut, les yeux exorbités de terreur et mettait de très longues minutes à calmer les battements affolés de son cœur.
A présent, elle dormait d'un sommeil léger, prête à bondir à la moindre alerte, au moindre grondement de douleur ou au moindre gémissement d'inconfort. Elle ne rêvait même pas, plongée dans un océan cotonneux et rassurant. Sa respiration était calme, régulière. Derrière elle, le feu ronronnait tranquillement dans la cheminée. Et une odeur de rose provenait des bandages du blessé pour embaumer toute la pièce. Et pour compléter ce tableau idyllique, un soleil merveilleusement lumineux rayonnait à travers la fenêtre.

Les oreilles de la guérisseuse saisirent un mouvement discret en direction du lit. Dans son état d'inconscience, elle fronça légèrement les sourcils sans parvenir à dissocier la réalité du monde onirique. Le froissement de draps se fit plus prononcé. Les pupilles s'agitèrent sous ses paupières closes. Et soudain, un baiser appuyé l'arracha au sommeil. Il fallut une bonne seconde à la jeune femme pour se rappeler où elle était et comprendre ce qui se passait. Remise de sa surprise, un sourire ourla ses lèvres alors qu'elle déposait un délicat baiser au coin des lèvres de l'homme en réponse. Elle se leva finalement pour l'obliger à se rallonger.

"Cette nuit entre nous n'était pas une seule unique nuit pour moi et pour toi"

Aelyn papillonna des paupières. Les battements de son cœur perdirent le rythme. Sa mine s'éclaira brusquement... pour finalement s'assombrir lentement. Sa logique venait l'arracher à ce doux rêve éveillé. Gallen délirait et elle, elle avait été stupide d'y croire. Comme Rokh n'avait cessé de le rappeler, elle n'était qu'une roturière, une veuve sans titre ni fortune, une simple guérisseuse qui élevait seule deux enfants. S'il n'était une vieille amitié de jeunesse avec Farma, jamais elle n'aurait été amenée à fréquenter cet homme de près ou de loin. Déjà en tant que Maréchal, ils n'étaient pas du même monde mais maintenant qu'il était Vice-roi... quel avenir pouvaient-ils bien avoir ? Une nuée de demoiselles de noble lignage allaient se précipiter à son bras, toutes de meilleur parti les une que les autres...
Pour dissimuler son trouble, elle baissa la tête et caressa tendrement les cheveux de Gallen. Si seulement...

Celui-ci sursauta brusquement. Il se releva à moitié, comme sous l'effet d'une piqure de frelon.

"Où est il? Il est parti? Où est Rokh?"

Surprise par la brutalité de sa réaction, Aelyn s'écarta d'un bond en arrière. Puis, comprenant où il voulait en venir, elle réitéra son mouvement pour le maintenir allonger.

« - Il est parti ! Il est retourné chez lui ! C'est fini... Il est parti... » murmura-t-elle, de profondes notes de soulagement transpiraient de sa voix. « On l'a soigné et il a réclamé à partir sitôt qu'il s'est réveillé... Reste tranquille maintenant ou tu vas rouvrir tes blessures... »

Dès que Gallen fut calmé, la jeune femme se déplaça pour s'assoir sur le bord du lit et agrippa une des mains du guerrier entre les siennes. Un sourire attendri s'étira sur son visage en remarquant le bracelet d'Eofyr à son poignet. Quelque part dans sa poitrine, elle sentit une petite flamme la réchauffer. Elle posa ses lèvres sur les doigts encore abimés du combat puis les serra contre son cœur. Elle ne pourrait jamais exprimer sa reconnaissance à Rokh d'avoir laissé vivre Gallen. Même si elle savait que l'oriental n'aurait que faire de sa reconnaissance... Elle n'aurait pas supporter de le perdre lui aussi.

« - Il a récupéré toutes ses affaires et a fait route vers l'est à ce qu'on dit. Il... il a été bien traité et bien soigné, je m'en suis assurée. »


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Dernière édition par Aelyn le Mar 26 Mai 2020 - 16:11, édité 1 fois
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Ryad Assad
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Un retour douloureux (Passé) EmptyLun 15 Déc 2014 - 16:50
Un retour douloureux (Passé) Rokh10   Un retour douloureux (Passé) Rokh_c10

Les jours se succédaient et se ressemblaient, longs et monotones, sans le moindre espoir de changement. Un cheval solitaire allait sur la plaine, son cavalier tenant à peine en selle, résistant à l'attraction du sol grâce à la force de l'habitude. Il avait très certainement passé plus de temps juché sur le dos d'une monture qu'allant à pied, et il n'était guère aisé de le faire tomber. Même son corps meurtri, même les blessures les plus atroces, même la mort imminente ne le jetterait pas à bas de son fidèle compagnon qui le portait loyalement jusque chez lui. Il y avait bien longtemps que Rokh avait quitté le Rohan désormais, bien longtemps qu'il affrontait les étendues désertiques du Rhovanion, affreusement seul, livré à lui-même. Son esprit était au bord de la rupture, et il était plongé dans un état trouble, à mi-chemin entre la réalité et le rêve, entre le souvenir et l'hallucination.

Devant lui, il n'avait pas l'immensité vide d'habitants, les plaines sans fin qui aboutissaient en définitive aux portes du royaume qui l'avait vu naître. Il n'avait pas les nuages sombres qui s'amoncelaient dans le ciel, poussés vers le Nord par des vents puissants qui dégageaient le ciel progressivement. Il n'avait pas l'herbe frémissante, retrouvant sa liberté après avoir été prise dans une gangue de glace pendant si longtemps. Il n'avait pas ces oiseaux qui s'en retournaient au Nord, ces animaux qui repartaient peupler leur territoire originel, ces habitants qui se déplaçaient en immenses convois, qui essayaient de reprendre pied sur leurs domaines ravagés par le Rude Hiver. Non. Pas plus qu'il n'entendait le chant joyeux du fleuve Anduin, enfin libéré des glaces ; pas plus qu'il ne percevait la chaleur de l'air qui lui caressait le visage, et faisait voler les mèches brunes de ses cheveux. Il était ailleurs, absolument absent, absorbé par les visions qui dansaient devant son regard vide, qui gambadaient dans son esprit en transe.

Il voyait distinctement le duel qu'il avait livré contre le Vice-Roi, comme s'il était plongé dans le combat en ce moment-même. Il revoyait chaque mouvement au ralenti, mille fois, et se remémorait ses erreurs, visualisait les failles de sa garde, ses mouvements parasites qui lui avaient coûté de précieuses secondes. Il revoyait ses succès aussi, ceux qui lui avaient permis de prendre l'avantage, de déstabiliser Mortensen, de le pousser dans ses retranchements, de le forcer à commettre des erreurs. Il revoyait nettement son assaut audacieux. Ses yeux suivaient encore et encore la trajectoire sifflante de son bouclier lancé à toute allure. Il entendait distinctement le choc sourd de l'acier contre le bois, percevait le grognement du Vice-Roi, le cri étouffé de la foule alors qu'il fondait sur le champion pour lui asséner méthodiquement des coups de sabre sans jamais faillir, sans jamais tressaillir, sans que son jeune visage affichât davantage d'expression que son casque d'un noir profond. Il entendait la pulsation du sang qui s'écoulait de la blessure à sa jambe, percevait distinctement le bruit de chaque gouttelette qui tombait sur le sol, comme s'il s'agissait de billes d'acier qui s'écrasaient sur les pavés humides d'Aldburg. Pourtant, cela ne l'arrêtait pas. Mécanique, implacable, il continuait d'avancer, abattant son arme avec une sauvagerie incommensurable. Et le bois cédait, et l'acier avançait, jusqu'à rencontrer la chair du Vice-Roi. Un cri. Un cri de souffrance pure, alors que le Rhûnadan comprenait que la victoire était sienne. Balayée, cette épée ennemie dressée devant lui comme une brindille devant un incendie ! Balayé ce regard de défi et de défiance, ce rictus de mépris et de méfiance ! Balayée cette confiance insolente et insensée. Il avait gagné. Il avait gagné.

Une cruelle douleur ramena brutalement Rokh à la réalité, et il serra les dents pour ne pas s'effondrer. Il lui fallait faire une pause. Laissant Saêna se reposer, il se laissa aller contre l'encolure de sa monture, et ferma les yeux pour se laisser happer par le sommeil, quelques heures. Dormir en selle était loin d'être confortable, mais il se demandait toujours s'il aurait la force de remonter s'il se décidait à mettre pied à terre. Dans le doute, face au risque de rester coincé à terre, et de mourir comme un vulgaire fantassin, il préférait s'accrocher à son cheval, et gagner de précieux mètres, lentement, sûrement. Sa force était l'endurance, et il était persuadé de pouvoir rejoindre son pays en vie. Même si cela le mettait au supplice. Il savait, au fond, qu'il ne mourrait pas. Avant son départ, il avait eu le temps de s'examiner brièvement, et il avait pu constater que le guérisseur qui s'était occupé de lui avait fait du bon travail. De l'excellent travail, même, compte tenu des circonstances, et de la gravité des blessures de l'oriental. On l'avait recousu, rafistolé aussi bien que possible, et on lui avait entouré le corps de bandages qui étaient censés préserver ses plaies de tout mal. Il avait fait de son mieux pour changer ses pansements régulièrement, mais il n'avait certainement pas le savoir-faire médical de guérisseurs expérimentés, et son ouvrage était de bien piètre qualité. A peine suffisant pour éviter de contracter une infection qui le tuerait en quelques jours.

Essayant d'oublier le monde physique, calant son souffle sur celui, puissant et rassurant, que produisait son fidèle destrier, il se laissa aller à somnoler, et ses pensées reprirent le cours de leur divagation là où elles s'étaient arrêtées. Il se voyait désormais, au-dessus du Vice-Roi, la lame au niveau de sa gorge. Il n'avait plus qu'à appuyer : une simple pression, et la chair céderait sous l'acier. Une simple pression, et il détachait cette tête de ces épaules. Il pourrait alors pousser un cri de guerre triomphant, un rugissement de joie brute, un défi à tous les rohirrim qui se trouvaient là. Qui parmi eux aurait désormais le courage de le défier, alors qu'il venait de mettre à terre leur champion, leur meilleur bretteur ? Qui ? Pourtant, en dépit de la satisfaction évident que lui procurerait ce meurtre, il était incapable d'aller au bout de son geste, et de mettre fin purement et simplement à la vie de Mortensen. Même maintenant, il ne comprenait pas pourquoi. Il avait déjà tué des adversaires valeureux, des combattants qui lui avaient donné du fil à retordre, et qu'il avait pourtant laissés dans une mare de sang, le corps vomissant ses fluides vitaux par les plaies béantes que lui avaient infligé un cimeterre tranchant. Depuis qu'il s'était vu confier Varvad, il n'avait pas fait davantage dans le sentimental, et il avait parcouru le champ de bataille d'Aldburg en fauchant allègrement tous ceux qui se présentaient, sans distinction, alliés ou ennemis, fidèles de Mortensen ou du Roi déchu.

Comme à chaque fois depuis qu'il avait quitté la forteresse, Rokh s'endormit sans parvenir à trouver de réponses à la question qui l'obsédait, qui le tiraillait, et qui ne le lâchait jamais. Pourquoi donc avait-il épargné le Vice-Roi ?


~~~~


Rokh était aux portes de la mort. Il avait épuisé ses rations depuis un moment, et il avait survécu en mangeant ici ou là les fruits d'un arbre, et en buvant l'eau de pluie qui tombait parfois, de plus en plus rarement à mesure que l'air se réchauffait. Son corps était transi de froid et il serrait autour de lui la cape de voyage qu'on lui avait donnée avant de partir, comme si c'était son bien le plus précieux. En réalité, c'était peut-être la seule chose qui lui permettait de tenir le coup, et d'éviter d'attraper une maladie qu'il ne saurait soigner, et contre laquelle il n'aurait de toute façon aucun remède. Saêna, portant vaillamment son compagnon, continuait d'avancer sans jamais se plaindre du poids constant qu'il avait sur le dos. Il fallait dire que Rokh était de moins en moins lourd, à mesure que les privations du voyage tiraient sur son physique. Il n'avait jamais été bien épais, de toute façon, mais il avait considérablement perdu, et son corps accusait le coup d'un retour bien difficile. Lorsqu'il s'endormait, il répartissait un peu mieux son poids sur le corps de son cheval, qui était une monture exceptionnelle, entraînée dès son plus jeune âge pour combattre, et supporter le poids d'un cavalier en armure lourde. Supporter un homme affamé était largement à sa portée. Ce dernier, toutefois, ne tiendrait plus longtemps. Il y avait des heures qu'il s'était endormi, et sa tête dodelinait de droite et de gauche. Sa respiration était si ténue qu'il était difficile de savoir s'il était encore en vie. Plongé dans un quasi-coma, il lui fut totalement impossible de remarquer les cavaliers qui s'approchaient de lui, à vive allure.

Les hommes qui constituaient ce groupe étaient armés, mais ils ne paraissaient pas hostiles. Il aurait été difficile de ne pas voyager en portant de quoi se défendre sur ces terres sauvages, inhospitalières, et parfois dangereuses. On ne pouvait que comprendre la précaution des cavaliers, qui paraissaient quelque peu tendus. Ils avaient hélé Rokh, sans obtenir de réponse, et avaient finalement décidé de s'approcher, jusqu'à remarquer que le jeune Rhûnadan était inconscient, seulement maintenu en selle par les réflexes d'un corps habitué à se tenir en équilibre juché sur le dos d'un cheval. Les hommes paraissaient inquiets de l 'état de santé du guerrier, aussi décidèrent-ils de le raccompagner jusque là d'où ils venaient, en veillant sur le combattant blessé, qui paraissait ne pas vouloir se réveiller, en dépit de toutes les tentatives de la part des hommes qui se tenaient autour de lui, et qui veillaient sur sa santé. Ils chevauchèrent ainsi pendant plusieurs heures, et arrivèrent à destination un peu avant le coucher du soleil. L'endroit où ils vivaient ressemblait à s'y méprendre à un campement fortifié, fait principalement de palissades surveillées par des gardes. Si Rokh avait été réveillé à ce moment, il aurait pu voir que de nombreuses tentes se dressaient au milieu du camp, alors qu'hommes et femmes s'affairaient ici ou là, pour préparer le repas, ou pour achever quelque activité communautaire nécessaire à la survie de cette microsociété. S'il avait été conscient, il aurait pu voir l'accueil qui lui était réservé, l'arrivée de plusieurs dignitaires qui s'étaient réunis autour de lui pour discuter de son cas, et qui avaient finalement convenu de l'installer dans une tente à part, sous bonne garde.

Au lieu de quoi, il émergea des ténèbres sans vraiment comprendre où il se trouvait. Totalement désorienté, Rokh ouvrit les yeux et sentit sa tête tourner. Il avait chevauché des semaines durant, avec pour seul plafond le ciel, pour seuls murs l'horizon, et pour sol la colonne vertébrale d'un cheval qui avançait toujours au pas. En voyant une toile de tente au-dessus de sa tête, en sentant un matelas sous son dos, en ne ressentant plus le roulis régulier causé par Saêna, il éprouva un brusque mal de terre. Portant la main à ses yeux pour soulager la migraine qui s'emparait peu à peu de lui, il commença à s'agiter, pour essayer de comprendre ce qu'il lui était arrivé, pour savoir où il était, et qui l'avait installé ainsi. Il ne se souvenait de rien. Son réveil ne passa pas inaperçu, et ses grognements alertèrent rapidement l'attention du factionnaire chargé de le surveiller. Une voix s'éleva, un appel qui trouva une réponse. Moins d'une minute plus tard, le pan de toile qui obstruait l'entrée se souleva, et laissa passer une jeune femme seule. Elle portait l'épée au côté, mais son attitude n'était pas agressive : plutôt curieuse. Curieuse et froide.

- Comment allez-vous ? Demanda-t-elle sans ambages.

Elle avait un accent prononcé, mais Rokh était trop faible pour deviner d'où il venait. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas entendu des gens parler le Commun avec une tonalité différente de celle des Rohirrim, et il avait du mal à identifier l'origine de la jeune femme, qu'il ne voyait pas vraiment derrière ses paupières mi-closes. Il voulut répondre quelque chose, mais il avait la gorge nouée, si sèche qu'aucun son n'en sortit. Elle se retourna, et appela le garde, lui demandant d'aller chercher quelque chose à boire. Il s'exécuta, et revint bientôt avec le précieux breuvage. Doucement, la jeune femme redressa la tête du guerrier, et le fit boire à petites gorgées jusqu'à ce qu'il repoussât sa main délicatement :

++ Vous êtes Rhûnienne ? ++

La jeune femme, il la voyait bien mieux désormais, avait les traits d'une combattante de l'Est. Elle avait la peau légèrement cuivrée, les cheveux noirs et lisses. Sa tenue pouvait également faire penser aux styles de l'Orient, même s'il y avait bien longtemps que Rokh n'avait plus vu ses compatriotes, et qu'il ne pouvait en être certain. Toutefois, ce qui lui avait mis la puce à l'oreille, c'était simplement la langue dans laquelle elle s'était adressée au garde. Un rhûnien un peu ancien, un peu littéraire, mais du rhûnien quand même. Il n'avait pas pu résister à la tentation de lui poser la question dans sa langue natale, et il ne fut pas déçu en voyant sa réaction. La surprise se peignit sur ses traits, avant qu'elle ne posât une main réconfortante sur son torse :

++ En effet mon ami. ++ Elle ne cachait son plaisir à s'exprimer dans sa langue natale, et à découvrir un compatriote. ++ Puis-je m'enquérir de votre nom ? ++

Il savait qu'elle était méfiante. D'ordinaire, on se présentait en premier avant de demander à un éventuel interlocuteur de faire de même. Mais son arrivée curieuse devait avoir attiré la curiosité de ses compagnons, et elle était chargée de vérifier qu'il ne constituait pas une menace. Il trouvait cela assez justifié, et il répondit avec difficulté :

++ Rokh du clan Visuni. Et vous-même ? ++

Elle parut réfléchir un instant, sans trouver dans sa mémoire le nom de ce clan. Après toiut, il était vrai qu'elle ne paraissait pas venir de l'Ouest du pays. Rokh était né dans la partie occidentale du pays, sur une petite île de la Mer de Rhûn où il avait passé l'essentiel de son enfance. La jeune femme semblait venir de l'Est du pays, à en juger par son accent et sa posture. Elle finit par hocher la tête, et par répondre :

++ Sh'rin Sharaki, enchantée. Je crois que vous devriez vous reposer pour l'instant, vos blessures risquent de se rouvrir. ++

++ Je dois retourner chez moi. Sommes-nous loin de Vieille-Tombe ? ++

Elle haussa un sourcil, avant de comprendre qu'il avait été inconscient pendant longtemps, au point de ne pas vraiment voir la direction qu'il avait emprunté jusqu'à arriver ici. Sa monture avait dérivé loin au Nord, au lieu de prendre la direction de l'Est comme il l'avait sans doute prévu. C'était probablement ce qui lui avait sauvé la vie, d'ailleurs, car serait sans doute mort d'épuisement et d'inanition avant de rencontrer le premier avant-poste Rhûnien. Sh'rin le regarda avec intensité, comme si elle l'étudiait des pieds à la tête. Il avait l'air encore plus désorienté qu'elle ne l'avait cru au premier abord, et elle le plaignit intérieurement. Gentiment, elle le fit boire encore un peu, avant de lui annoncer :

++ Plus loin que vous ne l'imaginez, Rokh Visuni. Beaucoup plus loin. Mais si vous estimez devoir rentrer à Vieille-Tombe, nous nous arrangerons pour vous faire partir. Soyez sans crainte. Nous ne laisserons pas un des nôtres aux mains de barbares. ++

Elle lui passa une main sur le front. Il était encore un peu fiévreux, même si eu égard à ce qu'il avait traversé, il s'en sortait miraculeusement bien. Bien des hommes auraient succombé à la faim, et à l'épuisement, même sans arborer l'impressionnante collection de blessures dont il n'avait pas encore fait mention. Privilégiant le dialogue à la violence, elle avait préféré essayer de nouer des liens, et de gagner sa confiance, pour ensuite obtenir les informations désirées. Sans savoir pourquoi, elle avait l'impression que cet homme était honnête et droit, et elle sentait qu'elle n'aurait pas besoin de le brusquer outre mesure pour l'amener à se confier. Il paraissait surtout chercher une présence alliée, douce et réconfortante, et il n'était sans doute pas prêt à voir apparaître des militaires en armes qui lui poseraient des questions bien indiscrètes. Soucieuse de le ménager pour l'instant, elle le fit boire encore un peu, avant de le laisser se reposer. Il pouvait dormir tranquille ici, il avait déjà posé un pied en Rhûn.


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Un retour douloureux (Passé) EmptyVen 16 Jan 2015 - 15:32
Gallen se remit péniblement de ses blessures mais il se remit. On commença à le voir déambuler dans les couloirs de la forteresse d'Aldburg. il put même au bout de deux semaines reprendre l'entrainement, il choisit le nouveau capitaine des gardes royaux du Rohan: Léaramn.

Et Gallen découvrit les obligations d'un vice roi. les entrevues stratégiques, la reception des hôtes de marque. en tant que guerrier il appréciait d'ériger des plans sur la défense du Royaume mais il devait s'astreindre à d'autres obligations. Ses journées étaient courtes. Mais Gallen pouvait s'appuyer sur de nombreux hommes de confiance, notamment tous ceux qui avaient combattu le roi félon à Aldburg. De plus le vice avait 2 hommes de confiance le capitaine Léaramn qui avait combattu l'OCF et devenait de plus en plus mature, en plus qu'un soldat aguerri et l'enigmatique Harding qui toujours le nommait Maréchal et était de très bon conseils sans être loquace et Gallen doit bien l'avouer Harding était proche de Farma et cela le rassurait.

Gallen était en contact avec le roi Fendor , pour l'avenir du royaume.

L'esprit du vice roi était préoccupé par les mouvements de troupes au sud du royaume mais surtout rapidement il comprit qu'il devait rejoindre Edoras il n'avait pas le choix, mais cela signifiait... ne plus voir Aelyn...

La relation avec la jeune femme était compliquée et simple à la fois. Elle avait regagné sa petite maison si chère à ses yeux. Régulièrement Gallen s'y rendait . Il adorait ses moments passés avec les jumeaux , mais une sorte de gêne s'était édifiée entre les jeunes gens. Bon d'accord il ne purent se leurrer ils avaient partagé quelquefois leur couches et ces moments étaient gravés à jamais dans la mémoire du Vice roi . Mais que faire maintenant? Qu'avait il à offrir à Aelyn?

Tout à ses considérations , il décida de visiter la ville accompagne d'Harding et de Léaramn pour se laver la tête. Le trio était silencieux, Gallen fixa longtemps les plaines du Riddermark qui s'étendaient à ses pieds, ce somptueux paysage l'avait toujours calmé. Puis il descendirent dans la ville basse et heureux hasard ou l'était ce vraiment? Ils entendirent des cris et des pleurs d'enfants et les trois hommes découvrirent un attroupement et là agenouillée Aelyn tenant dans ses bras Eogast et Eofyr rageant les poings serrés qui fixait l'auberge.

Gallen arriva suivi de ses compagnons . Il croisa le regard rempli de larmes d'Aelyn, qui serra plus fort  Eogast en pleurs également. Le cœur de Gallen se figea . Puis il se dirigea vers le jeune Eofyr, il se mit à sa hauteur et lui demanda

"Que s'est il passé ?"

"ils ont insulté Maman et l'ont bousculée. elle  s'est pas laissé faire mais ils ont sorti leurs épées et moi j'ai voulu me battre et ils ont rigolé"

Des badauds confirmaient les faits. Gallen croisa de nouveau le regard d'Aelyn et lui demanda à voix basse Ca va ??, elle balbutia un Oui

Puis il se remit à la hauteur d'Eofyr et lui dit

"Tu as été courageux Eofyr, je vais te demander de t'occuper de ta maman et de ton frère . je m'occupe du reste, va y"

Puis Gallen se releva et indiqua à Léaramn et Harding

"Allons voir ces malpolis !!"


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Dernière édition par Gallen Mortensen le Lun 19 Jan 2015 - 18:21, édité 3 fois
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Nathanael
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Un retour douloureux (Passé) EmptyLun 19 Jan 2015 - 17:35
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La vue qui s’offrait à lui l’emplit d’une sérénité depuis longtemps disparue. Les prairies s’étendaient au-delà du regard et le vent faisait onduler les hautes herbes sous son souffle régulier. Des vagues d’une beauté chatoyante donnait vie à la plaine et semblait faire d’Aldburg un vaisseau naufragé. La tempête s’était affaiblie, les bourrasques de violence et les marrées de sang s’étaient dispersées. Ici et là quelques sursauts agitaient la campagne pour venger une rancœur tenace, une femme bien aimée ou un fils perdu, mais une certaine stabilité semblait avoir pris le dessus, politiquement parlant. Les cœurs étaient encore troublés et les esprits tourmentés par les longs combats et les lourdes pertes. Repousser un ennemi commun unissait les peuples et anoblissait les actes de courage, justifiait la guerre et affermissait le patriotisme. Mais les querelles intestines étaient d’un autre ordre : ceux qui s’affrontaient la veille devaient apprendre à se serrer la main le lendemain, à reconnaître leurs erreurs ou à se soumettre à un nouvel ordre, sur leur propre terre, dans leur propre cœur. Il semblait plus difficile de pardonner à un ami de s’être trompé que d’absoudre les erreurs d’un étranger.

Un garde était venu le chercher plus tôt dans la journée pour lui apprendre que Gallen Mortensen le cherchait. Le Maréchal avait du, comme ses compatriotes, s’incliner devant le nouveau roi et répondre à ses nouvelles obligations.  Ici et là les plus courageux qui étaient toujours de ce monde avaient eu la bénédiction et les remerciements du jeune roi et s’étaient vu remettre de nouvelles insignes allant avec leur nouveau grade. Il était redevable à Gallen de ne l’avoir pas bousculé sur le théâtre des promotions. Les responsabilités lui pesaient et l’enserraient comme un vêtement mal ajusté que l’on se sent tout de même obligé de porter. Il quitta son poste d’observation et rejoignit le Maréchal. Il se trouvât que ce dernier n’était pas d’humeur à disserter avec les grands du royaume à propos de sujets que Harding trouvait tous plus ennuyants les uns que les autres. Il fut ragaillardi par la proposition de son supérieur de se dégourdir les jambes plutôt que de s’engourdir l’esprit. Il salua à l’occasion Learamn qui devait les accompagner. Il était un peu plus jeune que lui mais disposait d’une plus grande patience pour réaliser les charges qui lui étaient assignées.

Ils marchaient ainsi depuis quelques temps lorsqu’ils revinrent en ville. L’agitation et le tumulte des rues, les conversations et les négociations avaient remplacé dans les souvenirs les cris d’angoisse, les pleurs étranglés et les cris d’effroi. Harding ne pouvait néanmoins pas s’empêcher de se remémorer que là où se trouvait un petit troupeau de brebis à la vente avaient gis dans leur sang de téméraires soldats. Pour deux causes différentes, ils avaient trouvé la même fin. Fendor l’avait-il vraiment emporté en faisant couler tout ce sang ? Orwen étai également responsable, il en prenait conscience aujourd’hui : de l’idée d’un seul pouvait dépendre le sort de beaucoup d’autres.

Ses réflexions s’arrêtèrent avec le bruit des pleurs d’un enfant. La Dame Aelyn serrait dans ses bras un de ses fils alors que le second, comme un bon petit soldat, faisait son rapport à Gallen. Les jumeaux étaient nés le même jour mais, quelques fois, bien des années semblaient les séparer. Il avait eu l’occasion de le constater les rares fois où il avait eu l’occasion de les fréquenter. Bien que Gallen fût de dos, il vit une émotion intense le traverser, comme il se relevait avec le dos et la nuque raides. Tandis que Gallen entrait dans la taverne il s’avança lui-même pour poser une main rassurante et calme sur l’épaule d’Eofyr. Distant et froid de coutume, il éprouvait une affection réelle pour les deux garçons, tout comme il avait profondément aimé Farma ; comme un ami.  

- Ils ont ri Eofyr car ils ont eu peur de toi. Le courage effraie toujours les idiots et les couards. Ils ont ri ? Et bien nous les ferons taire…

Il ne tint pas compte du regard dont Aelyn le tança. Les garçons étaient bien assez grands pour comprendre. Il se redressa et suivit Gallen dans l’auberge, sans un regard en arrière.
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Un retour douloureux (Passé) EmptyLun 19 Jan 2015 - 21:22
Les jours avaient passés à une vitesse folle depuis le duel entre Gallen et Rokh. Quand le vice-roi avait enfin pu se lever et reprendre ses responsabilités, Aelyn était retournée vivre avec ses fils dans sa maison. Les travaux ayant été terminé en grande partie, la petite bâtisse était redevenue un havre de paix pour toute la famille, et chacun avait reprit ses activités.

Gallen passait souvent les voir. Pas seulement elle, mais aussi les jumeaux qui l'avaient rapidement et totalement adopté. Et l'homme semblait apprécier cette compagnie, cette vie de famille joyeuse et simple. Eofyr qui le pressait de questions martiales en sautillant presque autour de lui comme un jeune chiot. Eogast qui l'écoutait en silence mais tout aussi avidement, qui, censé et posé comme toujours, s'interrogeait sur les tactiques et les peuples. L'un s'extasiait de voir l'ancien maréchal porter son bracelet, l'autre s'empressait toujours de lui offrir une boisson chaude à son arrivée. Et tout deux s'attristaient les jours où le vice-roi ne se présentait pas. C'était une chose nouvelle pour eux que cette présence masculine dans leur foyer, eux qui n'avaient gardé aucun souvenir de leur père.
Quant à Aelyn, elle profitait de ce qu'il lui offrait tant que ça pouvait durer. Elle appréciait chaque moment, quand ils étaient tous les quatre et quand ils n'étaient que deux. Mais jamais ils ne parlaient d'avenir. Le futur n'avait aucun sens dans leur relation. Elle n'avait rien et lui était inaccessible. En un sens, ça faisait mal, mal de savoir qu'à un moment ou un autre, tout ça, ce bonheur, cette chaleur nouvelle qui avait prit possession de son cœur, allait s'évaporer comme un rêve au levé du jour. Alors elle chérissait chaque moment, chaque seconde, tout en sachant qu'un jour, il ne viendrait simplement plus. Parce qu'il avait des obligations, des devoirs et sans doute une longue liste de prétendantes, elle n'espérait rien de plus. Parfois, elle ne savait simplement pas ce qu'elle pouvait s'autoriser à dire ou à faire, ni quelle attitude adopter en dehors des murs de sa maison. Et les voisins devenaient curieux, ça jasait. Pourtant, malgré ça, elle pouvait dire qu'elle était heureuse. Heureuse et plus vivante que jamais.

Mais quelque chose, ce jour-là, était destiné à perturber cette rassurante routine. La guérisseuse avait décidé de faire un tour au marché. Les garçons s'étaient proposés de l'accompagner pour porter les achats. Eofyr marchait quelques pas devant en imitant un combat épique avec une branche d'arbre qu'il avait trouvé en chemin, son jumeau, quant à lui, se tenait auprès de leur mère, lui récitant un poème elfique qu'il avait apprit la veille en lisant le livre qu'Isilo de Limeclaire lui avait offert à leur départ.
Le temps était clair, la température clémente et rien n'aurait pu noircir cette petite sortie en famille. Rien... à l'exception de...

Face à eux arrivèrent quatre soldats qui parlaient bruyamment entre eux. Aelyn n'y prêta guère attention jusqu'à ce que le groupe ne deviennent soudain étonnement silencieux. Ils la regardèrent étrangement et l'un d'eux chuchota quelque chose à l'oreille du plus haut gradé. Quelque chose qui sembla le faire immédiatement réagir. En trois pas, le groupe entier était sur la petite famille, formant en à peine quelques secondes un cercle fermé autour d'eux. instinctivement, Aelyn attrapa Eofyr par le col et ramena ses deux fils derrière elle. Malgré son inquiétude face à ce comportement étrange qui n'était pas sans lui rappeler un certain incident à Edoras qui avait précédé la terrible nuit de massacres sous l'autorité du roi félon.

« - Je peux vous aider messieurs ? » demanda-t-elle malgré tout, tentant de paraitre le plus neutre possible.

Mais le chef du groupe fit mine de ne pas l'entendre et commença à tourner lentement autour d'elle comme l'aurait fait un loup face à une proie acculée.

« Hey, les gars, regardez ce que nous avons là... La catin du vice-roi ! Et bin, ça pour une surprise ! »

« - Heu... je suis pas sûr que ce soit une bonne idée... » grommela celui qui semblait être le plus jeune des soldats.

« - La ferme ! Si t'es pas content, va voir ailleurs si j'y suis ! » puis se tournant vers Aelyn, il pencha la tête et susurra « J'vois pas ce qu'elle a de spéciale. Elle doit peut-être être très douée pour... »

Il ne finit jamais sa phrase. Il était désormais si près d'elle qu'Aelyn n'eut aucun mal à le repousser en arrière.

« - Suffit ! Pour qui vous prenez-vous ?! Laissez-moi passer ! Vous n'avez rien de mieux à faire que de faire perdre leur temps aux honnêtes gens ?! »

Plutôt que de s'en aller, il attrapa la jeune femme à la gorge et cracha ses paroles venimeuses.

« - Ne t'avise plus à me touche, sale putain ! Apprend à rester à ta place ! »

D'un geste, il l'envoya au sol. Sous le choc des pavés contre son dos, la jeune femme en eut le souffle coupé. Elle tenta de se relever mais fut accueillit par la pointe d'une lame posée en travers de sa gorge. Ces lâches avaient sortit leurs épées ! Contre une femme sans armes et deux enfants ! Sa respiration se bloqua brusquement en sentant le fil coupant effleurer la peau fragile de son cou. Ainsi, ils la tenaient à leur merci et en semblaient particulièrement fiers.
Etonnamment, ce fut Eogast qui s'interposa en premier, tentant de repousser de ses deux bras l'homme penché au dessus de sa mère mais son « Hé ! » de protestation mourut dans le claquement sec de la main qui s'abattit contre sa joue, l'envoyant à terre comme un fétu de paille. Aussitôt, les larmes montèrent aux yeux du garçon qui se recroquevilla sur lui-même. Aelyn se précipita vers lui tandis que son autre garçon prenait la relève, défiant sans peur les quatre soldats qui lui faisaient face avec une inconscience effrayante. Eofyr se tenait campé sur ses deux jambes, le menton fièrement relevé, le feu de la rage dansant dans ses yeux gris sombre, un malheureux bâton serré dans son poing pour toute arme.

« - Si vous voulez-vous battre, je suis votre homme. Arrêtez d'insulter ma mère ! »

Aelyn releva les yeux de son cadet, les yeux écarquillés de peur. Mais au lieu de rouer de coups le garçon comme elle le craignait plus que tout, les hommes se contentèrent de se regarder. D'abord surpris par l'aplomb du garçon, ils éclatèrent rapidement d'un rire gras et condescendant.

« - Z'avez entendu ça les gars. Ce moustique nous défit. Retourne dans les jupons de ta mère, gamin ! »

Aussitôt, le poing serré d'Eofyr fendit l'air en direction du sourire goguenard du plus gradé mais celui-ci n'eut pas à faire beaucoup d'effort pour bloquer l'attaque de la paume de la main. Il repoussa l'enfant comme on repoussait un sac de grain qui encombrait le passage et s'adressa aux autres hommes comme si de rien n'était.

« - Allez les gars, on va pas rester là. On leur a déjà accordé plus de temps qu'ils ne le méritent. »

Là-dessus, il laissèrent derrière eux la petite famille, fermant la porte aux vociférations haineuse d'un gamin de 7 ans et demi qui fulminait de rage sur le palier de l'auberge.

« - Revenez vous battre, espèce de lâches ! » hurlait le garçon.

La voix d'Aelyn claqua dans l'air, des larmes de rage, d'impuissance et d'inquiétude brouillaient ses yeux sans qu'elle ne les autorisa à couler. Elle tenait fermement serré contre elle Eogast en pleurs qui tremblait en s'agrippant à sa robe.

« - Eofyr, ça suffit ! »

Alors le garçon se tut mais continua à fixer la porte comme si son simple regard pouvait faire flamber le bâtiment et ses occupants avec.
Ce fut dans cette position que les trouva Gallen, Learamn et Harding. Trop occupée à consoler les pleurs de l'un de ses fils et empêcher l'autre de se lancer à la poursuite des agresseurs, elle ne les entendit pas arriver. Pas plus qu'elle n'avait conscience d'être le centre d'un attroupement de plus en plus conséquents de badauds qui, à défaut d'être intervenus face aux épées, semblaient sincèrement s'inquiéter pour elle, du moins une partie. Ce n'est qu'en croisant le regard de Gallen qu'elle se rendit compte de leur présence à tous. Les mots du "chef de la meute" lui revinrent immédiatement en mémoire en retournant le poignard dans la plaie. Catin... Malgré elle, elle baissa les yeux, se concentrant plus qu'il ne fallait sur le garçon qui sanglotait dans ses bras. Ce fut donc à Eofyr que le vice-roi demanda des explications.

« - Ils ont insulté Maman et l'ont bousculée. Elle s'est pas laissée faire mais ils ont sorti leurs épées et moi j'ai voulu me battre et ils ont rigolé. »

Ceux qui les entouraient confirmèrent les dires du garçons, y ajoutant chacun sa petite précision, son grain de sel.
Aelyn releva la tête vers son fils et Gallen, et répondit au murmure de celui-ci sur le même ton, un simple "Oui" qu'il fallait lire sur ses lèvres plutôt qu'entendre. Il y avait une colère sourde qui brûlait dans les yeux du vice-roi désormais. Il indiqua aux deux autres hommes de le suivre.
Pourtant Harding s'attarda à côté d'Eofyr, laissant une main réconfortante sur l'épaule du garçon chez qui la pression commençait à retomber. la chute d'adrénaline le faisait maintenant trembler malgré lui. Eofyr acquiesça vivement aux paroles de Harding. Il trouvait parfois cet homme bizarre mais il l'aimait bien et il lui faisait confiance. Avant que l'homme ne suive les deux autres pour corriger les coupables, il agrippa le bas de sa tunique pour le retenir et lui murmura :

« - Ils ont fait du mal à Maman et Eogast, je veux qu'ils aient mal ! Personne ne menace ma mère ! »

Puis il le relâcha pour se tourner vers sa famille. Rasséréné par les compliments des deux hommes sur son courage, il se précipita pour aider sa mère à redresser son frère. Sur la joue rougie du garçon, on distinguait parfaitement la trace d'au moins trois doigts qui commençait déjà à bleuir et le contour de son œil gauche à gonfler. Aelyn grimaça en serrant les dents. Eogast essuya rapidement ses larmes du revers de sa manche alors que sa mère effleurait la marque brûlante avec douceur.

« - Vous avez été très courageux. Je suis fière de vous... mais... » elle soupire « Qu'importe, je suis très fière de vous. »

Elle les serra contre elle, remercia quelques spectateurs encore là d'avoir témoigné en sa faveur et hésita. Devait-elle rentrer chez elle ou attendre le retour des trois hommes ? Elle prit finalement le parti d'attendre. Elle installa Eogast sur un petit muret et accepta un seau d'eau froide et un linge, pour apaiser la douleur, qu'une habitante lui proposa gracieusement en commentant "Quelles brutes, j'espère qu'ils recevront une bonne correction !". Puis il restèrent là, les yeux régulièrement braqués sur l'auberge.


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Learamn
Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Learamn

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Un retour douloureux (Passé) EmptyMar 20 Jan 2015 - 9:36
Le repos relatif dont avait bénéficié Learamn depuis son retour de Vieille-Tombe lui avait permis de se ressourcer un minimum , mais le jeune rohirrim avait obtenu une prestigieuse promotion et les grandes responsabilités que lui incombaient son nouveau poste ne tarderaient pas à arriver . Assis sur son bureau de fortune , une plume à la main il écrivait sur son journal qu'il n'avait plus ouvert depuis plusieurs semaines . Il retranscrit son voyage en Rhûn et le cauchemar qu'il avait vécu dans les catacombes de Vieille-Tombe . Alors on frappa à la porte

-Entrez !
fit Learamn en reposant sa plume .

Un jeune page fit son entrée , Learamn le dévisagea  ; le garçon était très jeune mais à peine mois qu'un dizaine d'années séparaient les deux hommes . Légèrement intimidé par le capitaine en armure étincelante  sur lequel circulait plusieurs rumeurs plus ou moins réelles le page parla d'une voix  faible

-Capitaine Learamn , le maréchal Mortensen demande à vous voir.

Le capitaine le remercia avec un sourire rassurant et s'empressa d'enfiler son armure , prendre ses armes et de rejoindre son supérieur hiérarchique . Le jeune homme ne désirait pas faire attendre le Maréchal , l'homme qu'il considérait dpeuis à présent de longs mois comme son modèle et son mentor . Cet héros du Rohan et des Peuples Libres avait plusieurs fois réussi à motiver un Learamn prêt à baisser les bras , comme ce fut le cas sous Vieille-Tombe alors que le jeune homme était en bien mauvaise posture dans son duel avec Warin. La mort récente de dame Farma avait brisé pendant un temps l'homme  , cette nouvelle attrista également énormément Learamn. Farma avait été l'une des seules à avoir donné une chance à la tête brûlée qu'il avait été à l'époque où il avait débarqué à Aldburg avec un convoi de pauvres civils réfugiés où s'était cachée l'espionne qui avait empoisonnée la Dame d'Aldburg . Le jeune homme s'était évidemment senti dans un premier temps coupable , c'était lui qui avait amené l'assassine ici et s'il n'était jamais venu jusqu'à Aldburg Dame Farma serait sûrement encore en vie ; mais le Maréchal ne lui avait fait aucun reproches et n'en avait pas tenu rigueur . En effet apparemment l’antidote   que lui avait ramené Gallen avait stoppé les effets physiques du poison et mais la noble Dame aurait sombré dans la folie disait-on  ; bien que cela fut dramatique Learamn n'y était pas pour grand chose. Elle aurait fini par se suicider mais le jeune homme n'était pas désireux de connaître plus de détails , les choses étaient déjà trop dramatiques.

Il se rendit donc avec empressement vers le lieu indiqué où il retrouva le maréchal Mortensen et un autre guerrier : Harding . Un homme robuste à la longue chevelure lisse qui s'était d'abord montré méfiant envers le jeune homme lors de son arrivée à Aldburg. Si le maréchal avait pleurée son épouse perdue pendant de longues nuits d'insomnie on n'en voyait rien , son visage affichait le même air déterminé d'un chef . Il avait décidé de visiter la ville avec ses deux hommes . Aller au contact du peuple que l'on protégeait était une noble tâche mais qui se révélait très compliquée pour un guerrier comme Learamn qui ne maniait pas aussi bien l'art de la rhétorique pour rassurer des familles que son épée ou sa monture. Les trois hommes descendirent donc jusqu'à la cité , s'arrêtant un moment pour contempler les plaines du Riddermark. Learamn avait laissé son fidèle destrier , Oragan aux écuries où , pomponnées par une armée de pages , il devait se sentir à l'aise. Cet étalon que le jeuen capitaine avait rencontré lors de sa fuite d'Edoras l'avait toujours accompagné dans ses missions. Edoras , ce nom ressurgissait régulièrement dans la conscience du jeune homme ; la capitale du Rohan , la ville près de laquelle il était née , là où il avait été formé en tant que cavalier ; il n'y était plus retournée depuis longtemps et la perspective d'un retour prochain le rassurait comme si tout était enfin rentré dans l'ordre. Mais alors qu'il déambulait dans la ville ils furent alerté par des pleurs d'un enfant.
Un peu plus loin une belle jeune femme à la chevelure blonde tenait dans ses bras un enfant en pleurs tandis que l'autres s'empressa d'expliquer à Gallen ce qui s'était passé. En s'approchant Learamn reconnut Dame Aelyn , une guérisseuse qui officiait à Aldburg . Le Maréchal fut interloqué par le rapport de l'un des deux fils , à priori il ne laisserait pareille justice impunie et quand il était en colère il pouvait se montrer particulièrement enragé comme la fois où il avait abattu de sang-froid Lena dans son cachot. Mais Learamn se devait de le suivre et c'est ce qu'il ferait une main sur le pommeau de son épée il suivit donc le maréchal et Harding dans la taverne.


The Young Cop


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Gallen Mortensen
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Un retour douloureux (Passé) EmptyDim 25 Jan 2015 - 23:00
Gallen entra donc dans la taverne. Le vice roi la connaissait, bien une des plus réputées , "l'étalon galopant". Le vice roi croisa le regard d'Eagor le tenancier, un bonhomme aux joues rouge et la barbe blonde fournie. Le tenancier baissa les yeux rapidement visiblement gêné. Une jeune serveuse les bras chargés de choppes de bières s'écarta devant le regard sombre du Vice Roi.Gallen observa l'endroit d'un rapide regard demi circulaire. Il repéra ses ennemis. Attablé au bar, un grand guerrier roux, sergent, qui draguait de manière peu élégante une autre serveuse, la grande gueule typique. Au fond une table de jeu, quatre hommes jouent aux cartes dont un soldat plus petit que le premier, Blond , avec des tresses, calme qui joue,concentré, une choppe de bière naine trône uniquement à coté de lui.Un sergent également apparemment.

Et au centre Gallen repère un soldat faisant des grands gestes, une choppe à la main , ricanant . Il porte les insignes de lieutenant. Les clients l'écoutent , avec des rires d’assentiments polis. A coté de lui un jeune homme imberbe , une vingtaine d'année à peine, caporal apparemment qui écoute avec attention, le sourire aux lèvres.

Le vice roi sent les regards des clients se tourner vers lui. un silence de cathédrale tombe. Rapidement Gallen ordonna

"Capitaine, l'homme au bar, Harding l'homme au fond faites en sorte qu'ils n'interviennent pas"


Puis Mortensen avance droit vers l'homme sui raconte son exploit. Le lieutenant a la malchance de tourner le dos à la porte d'entrée, il ne voit pas arriver le Vice roi. Le caporal lui le voit il se lève à moitié. Emporté par son récit le lieutenant se balance , se retenant juste sur les deux pieds arrières de sa chaise de bois. C'est alors que la main droite de Gallen se referme sur son cou et le bascule vers le sol le Vice roi accompagne son geste. la tête de l'homme heurte violemment le sol . Gallen intime d'un geste de l'index gauche au jeune soldat de rester assis, il hurla

"Reste assis petit".

Puis son regard bleu cobalt tombe sur le chef qui se relève et tente de se redonner constance.

Il hurla à son tour

"Salaud je vais te tu...."

C'est alors qu'il reconnait son agresseur.

Gallen s'avance sur lui. Il ne sont qu' à quelques centimètres l'un de l'autre

"Alors lieutenant poursuivez"

L'autre balbutie , tentant du regard de trouver d e l'aide

Le regard de Gallen implacable fixe son adversaire

Sa voix de stentor retentit contre les murs de l'auberge

"Je sais ce que tu te dis, je suis foutu, je n'ai aucune chance"

Gallen ménage une pause , puis il poursuit

"Mais nous sommes au Rohan , et je vais te laisser une chance. Je ne suis pas ici en tant que vice roi mais en tant que Champion du Rohan , je vais t'apprendre les bonnes manières ,Lâche"

Et le Vice roi vit que cet idiot avait l'espoir qui naissait dans son regard malsain. Toujours vigilant, il se baissa et s'empara du dossier de la chaise du lieutenant. Il acheva de détruire l'objet et obtint deux bâton de bois de la même longueur. Il en lança un à son adversaire et en garda un

Il hurla

"En garde"

L'autre ne réagit pas , alors le bâton du vice roi jaillit. Le nez de lieutenant fut écrabouillé. Gallen ponctua son attaque d'un retentissant "RESPECT"

Le lieutenant se releva et effectua une attaque maladroite, Gallen esquiva et le bâton jaillit de nouveau , balayant son ennemi, il hurla "HONNEUR".

La correction dura longtemps , le lieutenant ne toucha pas une seule fois Gallen , mais titubait, le corps parsemé de bleus.

Le Champion du Rohan s’apprêtait à assommer d'un dernier coup son assaillant, lorsque tout accéléra de nouveau. Un éclair passa dans le regard de Gallen , il vit le jeune caporal sortir une dague . Le vice roi s'esquiva , effectua un coup de coude dans la tempe gauche du jeune soldat. et celui ci se retrouva comme par magie la main clouée à la table avec sa propre dague. Le jeune homme hurlait à la mort dans un mélange de cris de terreur, de douleurs et de pleurs.

Le lieutenant avait profité de la confusion pour sortir sa lame, lI avait attaqué le vice roi qui s'était simplement effacé devant avec calme et expérience et Kaya était apparue comme par enchantement dans sa main

il dit simplement

"Tu n'as pas écouté , ce que je t'ai dit, tu as eu tort"

Gallen vigilant s'approche du jeune caporal et lui inflige un coup de poing puissant, il tombe à genoux, agrandissant sa blessure. Il hurla d'autant plus

Puis Kaya jaillit, il n'y eut pas de combat. Léaramn put reconnaître la danse écarlate. Le lieutenant eut l'épée du Vice roi dans le gras de sa cuisse gauche en un bref instant. Gallen arborait un sourire presque sadique. Le lieutenant tomba à genoux hurlant à son tour.

La lame de Kaya fondit à nouveau et s'arrêta à quelque millimètres de l’œil droit du mécréant qui demandait pitié. Les cris de douleur du jeune homme montèrent encore. Un silence de plomb tomba . Une simple correction se transformait en véritable carnage. Qu'allait décider Gallen ? Et quelle décision de la part du capitaine Léaramn et d'Harding?


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