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 Le passé finit toujours par nous rattraper

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Learamn
Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Learamn

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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyMar 17 Juin 2014 - 14:23
-Le ragoût et la bière c'est pour vous?

-Oui merci.


L'homme qui venait d'être servi éteignit sa pipe et commença à manger. Après cette harassante journée Nunne Adelne avait très faim. Six mois s'étaient écoulés depuis qu'il avait quitté les rangs de l'Ordre il était parti vers le royaume d'Arnor , sa capitale Annunimas plus précisément où il avait obtenu un métier d'ouvrier plutôt bien payé. Le jeune homme était décidé à se faire une nouvelle vie loin du sang et de la guerre. Il laissait traîner son épée dans une vieille armoire sans l'entretenir et avait troqué ses habits guerriers contre des tenues plus classiques. Cette rupture avec tout ce qu'il avait connu jusqu'ici avait été particulièrement compliqué. Fils de riche commerçants haradrim ses parents avaient été emportés par la maladie et leurs anciens associés s'étaient emparés de toute leur fortune envoyant Nunne , encore adolescent , dans la rue exposée à tous les dangers. Un soir alors qu'il était poursuivi par des marchands d'esclaves un étranger était venu à son secours puis lui proposa de partir de cette région avec lui , Nunne complètement démuni accepta. L'étranger qui se nommait Al'dar Omenuir l'intégra à un Ordre guerrier et depuis ce jour  Nunne n'avait pas cessé de battre pour cette cause sous les ordres se son sauveur. Mais la donne avait changée , le vent avait fini par tourner après la bataille de Fondcombe lors de la conquête des villages environnants quand il avait fait la connaissance d''Aliénor , une jeune femme d'une grande beauté mais soumise à un terrible maîre pour qui son cœur flancha. Aliénor avait fini par lui ouvrir les yeux sur les horreurs de l'Ordre et Nunne était parti , seul la laissant derrière lui. Et même si il lui avait laissé un petit mot qui lui assurait qu'il reviendrait Nunne était le dernier à croire qu'il soit encore possible qu'ils se revoient. Il avait fini par se construire une nouvelle vie , heureuse et sereine. Il avait dû quitter la capitale arnorienne  quand il avait entendu que le roi Aldarion traquait tous les anciens de l'Ordre en fuite , Nunne qui n'avait plus rien à voir avec l'OCF jugea tout de même plus sûr de s'éloigner de la capitale pour partir plus au nord. Son employeur lui avait dégoté un boulot d'assistant ébéniste chez un ami , il commencerait demain. Arrivé la veille à Bree il avait commencé par prendre possession de l'appartement que lui avait généreusement prêté son ancien employeur. L'arrivée et l'installation à Bree fut assez fatigante et mouvementée , le jeune homme n'osait même pas imaginer ce que cela aurait été s'il avait été seul. En effet Nunne pouvait à présent compter sur le meilleur soutien qui existait à ses yeux ; celui de sa compagne Amiel. Il avait fait la connaissance de cette magnifique blonde à Annunimas et ils comprirent vite qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Issue d'une famille modeste de la capitale elle ne voyait pas quelle était le problème de partager a vie avec un ouvrier quand celui ci se montrait doux et attentionné. Si le départ d'Annunimas avait été compliqué pour Nunne il avait été plus particulièrement pour Amiel qui avait courageusement décidé de suivre son amant et de quitter sa famille pour se diriger vers le Nord c'est alors que la porte s'ouvrit laissant apparaître la femme en question Nunne leva la tête et admira sa compagne qui s'installe devant lui
-Tu es en retard , lui fit Nunne ,un sourire en coin
-Je suis une femme très occupée, lui répondit elle d'un ton espiègle.
-Ca j'en doute pas à force de trotter dans ma tête
La jeune femme émit alors un rire cristallin que Nunne trouva absolument magnifique
-Plus sérieusement , fit elle , j'ai remis un peu l'appartement en ordre il était dans un état épouvantable
-Soyons heureux d'en avoir un , j'ai parlé avec Doest , mon nouvel employeur , je commence à travailler dans son magasin demain
-Tu connais bien le métier d'ébeniste?
-Tout s'apprend
-Je meurs de soif je vais voir si je peux avoir un verre de quelques chose de pas trop fort au comptoir.
-Vu la queue tu vas en avoir pour un moment.
-Heureusement que je suis patiente contrairement à d'autres ,
dit-elle en se levant.
A présent seul à sa table Nunne but une gorgée de bière et il parcourut les clients installés du regard avant de s'arrêter net sur une personne , visiblement très surpris.


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Ryad Assad
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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyMar 17 Juin 2014 - 18:37
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Assise à une table, occupée à rédiger un compte-rendu de mémoire, Aliénor était absorbée dans son travail, cessant d'écrire de temps à autre pour avaler un peu du lait chaud au miel qu'elle avait commandé dans la soirée, et qui lui faisait un bien fou. En six mois, elle n'avait pas changé. Toujours la même coiffure, toujours le même style de vêtements, et toujours le même air hautain et légèrement contrarié sur le visage. Depuis le début de la soirée, quatre hommes étaient venus l'aborder sans la moindre galanterie, lui demandant ce qu'elle faisait là toute seule, et si elle attendait quelqu'un. Refusant de s'abaisser à mentir, elle leur avait répondu sèchement que non, mais qu'elle ne désirait nullement de la compagnie, seulement du calme et du silence pour travailler. Trois avaient compris tout de suite, et s'en étaient allés embêter quelqu'un d'autre. Le dernier avait quand même tenu à s'asseoir et avait insister lourdement, jusqu'à ce qu'elle lui prît sa chope de bière et qu'elle la lui jetât au visage. Rouge de honte, il s'était levé sous les rires de ceux qui avaient vu la scène, et avait quitté l'établissement sans demander son reste. Cela faisait une bonne heure maintenant, et plus personne n'était venu déranger la jeune femme qu'on avait même cessé d'observer du coin de l'œil.

Elle était arrivée en ville deux semaines auparavant, pour mener une enquête au nom du Roi. Elle avait brandi une ordonnance signée de la main d'Aldarion lui-même, et elle passait régulièrement dans les boutiques pour poser des questions. Elle cherchait des individus suspects qui seraient passés par Bree, des hommes qui pourraient avoir des liens avec l'Ordre de la Couronne de Fer, et qui étaient susceptibles de fournir des informations importantes aux agents du Roi. Les habitants n'y avaient vu que du feu, et avaient immédiatement répondu à ses questions, sans noter que l'ordre de mission était faux. Bien entendu, elle n'était pas là sur les ordres d'Aldarion, mais plutôt sur ceux de Corbeau : l'elfe mystérieux qui avait survécu à la bataille d'Imladris.

Aliénor posa sa plume un instant, se souvenant de tout cela. Après le départ de Nunne, et la fin des massacres autour de Fondcombe, ils avaient regagné la cité elfique et avaient fait leur rapport à Lammâth, qui avait déjà perdu l'esprit. A chaque fois qu'il regardait la jeune femme, il semblait voir en elle quelqu'un qu'il connaissait, alors qu'elle était sûre et certaine de ne l'avoir jamais rencontré. Elle s'en serait souvenue... elle se serait rappelée de ce visage fou furieux, de cette grandiloquence pleine de démence, et de l'aura effrayante qu'il dégageait, presque aussi paralysante que celle de Corbeau. Les jours s'étaient succédés, et elle avait soigneusement fait en sorte d'éviter la route du Seigneur d'Imladris, filant aussi vite que possible quand elle était contrainte de le croiser. Il semblait déceler sa peur, et s'en régaler. Elle s'en voulait d'éprouver des sentiments aussi faibles, et de lui donner une prise sur elle. Corbeau, lui, paraissait beaucoup plus à l'aise, même s'il prenait garde à ne pas se trouver dans les parages lors des coups de sang désormais célèbres de l'elfe qui dirigeait la ville, et qui avaient tendance à faire du dégât. Il tuait quand il était énervé, et il s'énervait pour pas grand chose, de plus en plus souvent. On le laissait donc seul, et le respect que les soldats avaient pour lui se mua en une crainte qui finit par les desservir.

Quand les premières nouvelles étaient tombées comme quoi les elfes chassés d'Imladris s'apprêtaient à attaquer, Lammâth avait paru retrouver un peu de lucidité, et il avait donné ses ordres avec une grande efficacité, ordonnant que la cité fût protégée et gardée, et que chacun se tînt sur le pied de guerre. Mais déjà, il y avait des fissures dans les rangs de l'Ordre, alimentées en sous-main par Corbeau qui connaissait de toute évidence l'issue de la bataille. Elle le suivait partout, et elle savait qu'il prévoyait de s'enfuir avant la fin. Il y avait des signes qui ne trompaient pas. Ainsi, quand les trompettes guerrières avaient sonné, quand les premiers échos de la bataille avaient résonné entre les murs de la Dernière Maison Simple, elle avait fui par un passage qu'il lui indiquait, le laissant régler ses dernières affaires avant qu'il ne la rejoignît.

Et puis ils avaient fui. D'abord vers l'Ouest, pour éviter les troupes du Seigneur Palantir, qui menait la contre-offensive elfique victorieuse. Ils avaient marché des jours durant, sans s'arrêter, et Aliénor avait cru que cela ne s'achèverait jamais. Et puis ils avaient rejoint un fleuve qu'ils avaient traversé, et à partir de cet instant, Corbeau s'était détendu, comme s'il savait que personne ne viendrait les chasser aussi loin. Les mois qui avaient suivis avaient été compliqués pour la jeune femme. Corbeau avait rejoint son Nid, son bastion, l'endroit secret où il torturait ses jouets humains, et Aliénor avait rejoint sa cellule comme les autres, subissant des sévices cruels pour la punir de sa tentative. Pendant quatre mois, il l'avait reconditionnée, la brisant physiquement et mentalement pour s'assurer sa plus complète obéissance. Elle avait résisté, refusant de devenir un vulgaire pantin comme il le désirait, mais elle avait été si traumatisée qu'elle s'était de nouveau renfermée dans sa coquille, terrifiée. Il l'avait finalement délaissée, avant de lui confier des missions sans importance, comme celle-ci. Elle consistait simplement à amasser des informations sur les anciens membres de l'Ordre de la Couronne de Fer, sans plus. Elle avait toutefois rapidement compris que ces données servaient à Corbeau à effacer ses traces, et à éliminer tous ceux qui étaient susceptibles de l'avoir rencontré un jour.

Ce compte-rendu relatait les diverses rumeurs qui lui étaient parvenues, et les soupçons qu'elle avait concernant certains anciens membres de l'OCF qui seraient venus se terrer à Bree pour un temps, avant de partir. Naturellement, il y en avait qui n'avaient jamais rencontré Corbeau, et qui ne représentaient donc aucune menace. Mais il fallait tout analyser, recouper toutes les données pour se faire une idée aussi claire que possible, et ne laisser aucun survivant gênant. Mentalement, l'elfe avait commencé par les plus hauts dignitaires de l'Ordre, ceux qui étaient susceptibles non seulement de le reconnaître, mais aussi d'avoir des informations sur lui qui pourraient faire tomber son impressionnant réseau d'information. Il avait dès lors mené la chasse, traqué et éliminé les menaces potentielles, récupérant au passage quantité d'informations sur l'Ordre, qu'il pourrait utiliser plus tard. Mais lorsque ses agents de terrain découvraient quelqu'un qui présentait un risque, même s'il s'agissait d'un individu sans grade au sein de l'OCF, ils étaient tenus de le rapporter, en général le malheureux finissait égorgé dans une ruelle, sa famille disparaissait mystérieusement, et on n'en entendait plus jamais parler. Le nettoyage était efficace, et pour l'heure aucun des individus localisés n'avait échappé à son destin.

A Bree, Aliénor achevait sa quatrième mission, et elle était sur le point de partir pour un nouvel endroit, mener une nouvelle enquête en essayant de fermer les yeux sur le sort de ceux qu'elle allait découvrir, et dont la fin allait être scellée dès lors qu'elle aurait envoyé son rapport. Elle tentait de faire abstraction des conséquences, et se considérait comme un simple maillon d'une chaîne, tenue en définitive par une créature démoniaque. Elle avait passé un pacte avec lui, et elle ne pouvait plus s'en défaire désormais qu'elle lui avait vendu son âme. Avec la chute de l'OCF, il s'était arrangé pour libérer sa famille, et il garantissait leur protection tant qu'elle continuait de le servir, et de se faire passer pour morte aux yeux des siens. Si elle faisait tout ça, c'était parce que Corbeau la tenait par son véritable point faible : sa famille. Il la laissait seule, sans surveillance ou presque, parce qu'il savait que désormais qu'il exerçait une pression directe sur ses proches, elle reviendrait toujours vers lui. Tout aurait été plus simple si elle n'avait pas aimé sa mère et ses grands-parents.

Mais pour garantir leur survie, elle devait se montrer parfaitement obéissante, et dénoncer méthodiquement toute personne susceptible d'avoir un jour croisé la route de Corbeau. Jusqu'à présent, elle ne s'était pas posée la question, et elle avait fait son travail sans hésiter. Mais lorsqu'elle posa les yeux sur l'homme qui se tenait de l'autre côté de la taverne, elle sentit sa résolution vaciller. "Pas lui !" se dit-elle soudain en se mordant la lèvre. Avec empressement, elle rassembla ses documents et ses affaires, désireuse de quitter l'établissement au plus vite. Si elle partait de Bree suffisamment tôt, elle pourrait toujours dire qu'elle ne l'avait pas vu, qu'ils s'étaient croisés sans se voir par manque de chance, et qu'elle avait pris la route immédiatement après. Oui... cela pouvait se tenir, et Corbeau n'en saurait rien.

Elle se leva, mais elle comprit qu'il était trop tard. Il l'avait vue, et pire, il l'avait reconnue. Dans ses yeux, elle vit passer une profonde surprise, et elle ne s'attarda pas pour en percevoir davantage. Passant entre les tables sans le regarder, elle s'excusa auprès d'un Hobbit qu'elle venait de bousculer sans le voir. Le rouge lui monta aux joues quand le semi-homme la pria de faire "attention où vous mettez les pieds", et elle s'excusa platement avant de filer prestement. Ce léger accident lui avait fait perdre du temps, mais elle se retrouva tout de même dehors en premier. L'air frais du soir était agréable, d'autant qu'il faisait encore assez jour à cette heure, mais elle ne s'autorisa pas à en profiter. Elle s'éloigna de la taverne, remontant dans la rue principale. Elle avait une chambre au Poney Fringant, mais elle trouvait l'établissement trop mal famé pour y travailler sereinement, et elle préférait le confort de la taverne, où se retrouvaient davantage les travailleurs du coin, d'honnêtes gens sans histoires.

Tandis qu'elle avançait d'un pas rapide, on la héla derrière elle. Elle ne se retourna pas, et accéléra autant que le lui permettaient ses atours féminins, fort peu adaptés à ce genre de situations. De nouveau on l'appela, et elle entendit des pas se rapprocher derrière elle. Elle était à moins de cinquante mètres de l'auberge quand on la saisit fermement par le bras, l'arrêtant dans sa course :

- Lâchez-moi immédiatement ! S'énerva-t-elle.

Mais la colère qu'elle adressait à Nunne, l'ancien soldat de l'OCF, tomba dans l'oreille du client de la taverne, celui sur qui elle avait renversé la bière. Il la regardait avec un mélange de stupeur et de surprise, ne s'attendant probablement pas à ce qu'elle réagît aussi vivement. Mais il ne l'avait toujours pas lâchée, et il paraissait contrarié. Toutefois, il n'eut le temps de rien dire que derrière lui, une voix s'élevait. Une voix que la jeune femme aurait reconnu entre mille.


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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyMer 18 Juin 2014 - 10:16

Il n'avait fallu qu'une poignée de secondes pour que Nunne reconnaisse la personne qu'il venait d'apercevoir.

"Aliénor..."

Nunne n'en revenait pas et croyait sérieusement à une hallucination. Que faisait-elle à Bree? Qui plus est au moment il s'y installer? Il resta assis bouche bée durant un poignée de secondes. Il la vit se lever et se diriger avec empressement vers la sortie. Elle l'avait de toute évidence reconnu. Nunne aurait pu faire le même choix qu'elle , l'ignorer et continuer sa vie refoulant son passé ; cela aurait été sûrement plus judicieux et lui aurait sûrement évité de nombreux problèmes. Mais animé par une force inexplicable qui faisait bouger ses muscles et lui instiller une bouffée d'adrénaline Nunne se leva prestement et se dirigea à grandes ejambées vers une Aliénor qui cherchait à fuir. Il passa devant le comptoir où il prit une demi seconde pour avertir Amiel qu'il sortait pour quelques minutes puis continua sa route sans attendre de réponses de la part de sa compagne quelque peu surprise. Il bouscula un homme robuste sans prêter attention au juron qu'il lâcha en trébuchant. Mais Nunne ne pouvait pas se retourner , aider le bougre à se relever puis s'excuser ; il n'en avait pas le temps tout simplement, la femme qui avait changé le cors de sa vie était en train de l'échapper et sans qu'il ne puisse expliquer pourquoi il sentait qu'il fallait qu'il la voie , qu'il lui parle peut être rien que pour vérifier si c'était bien elle et non une autre jeune femme bien qu'il doutait fortement qu'il se soit trompé. Avait-il seulement vraiment envie de la revoir , en y réfléchissant un peu plus Nunne aurait peut être jugeait qu'il valait mieux l'ignorer et continuer sa vie mais son instinct lui disait bien le contraire. Il ne voulait peut être pas la voir mais il lui fallait la voir. Il atteignit la sortie de la taverne à grandes enjambées pour arriver sur une petite ruelle dans laquelle s’immisçaient les derniers rayons du soleil couchant. Nunne mit un instant pour s'habituer au léger vent frais de l'extérieur qui contrastait avec la chaleur et l'odeur mêlée de bière et de tabac . Une fois acclimaté à son environnement et il tourna la tête afin de voir vers où la jeune femme s'était dirigé , il la vit prenant rapidement la direction de la rue principale , elle espérait sûrement pouvoir le semer dans la légère foule qui devait s'y trouver à cette heure ci où les commerces fermaient et où les gens rentraient chez eux. Un homme se saisit alors du bras d'Aliénor celle-ci lui cria quelque chose que Nunne n'entendit pas , trop occupé à courir vers sa direction. Il s'arrêta à quelque mètres de la scène et il put observer la jeune femme avec précision. Ce visage fin , ces habits , ce diadème ; sans aucun doute c'était bien elle . Nunne fut parcouru par un frisson inexplicable . Il avait la sensation qu'il attendait ce moment où il la reverrait tout espérant que ce soit le plus tard possible. La question qu'il s'apprêter )  poser il en connaissait évidemment la réponse mais il devait l'entendre de sa bouche à elle.
-Aliénor ?C'est bien toi?


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Ryad Assad
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HRP : Désolé du retard, c'est fou ce qu'on peut avoir comme trucs à faire pendant les vacances Wink /HRP

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L'intervention de Nunne fut pareille à une pierre jetée à la surface d'un étang par une belle journée d'été sans la moindre brise. Brisant l'élan de l'homme, client de l'auberge et désireux d'obtenir réparation du préjudice subi, elle laissa la jeune femme figée par la crainte qui dissimulait le plaisir et le soulagement qu'elle avait à voir l'ancien combattant de l'OCF encore en vie. Toutefois, elle ne pouvait pas se permettre de lui laisser croire qu'elle était ravie de le revoir. Elle voulait couper les ponts avec lui le plus vite possible, et chaque seconde qu'elle passait en sa compagnie les mettait tous les deux en danger. Elle ne s'inquiétait pas vraiment pour elle, mais plutôt pour Nunne, qui avait toujours fait preuve d'une obstination sans bornes, au point de se mettre en danger pour une femme qu'il connaissait à peine. Elle était persuadée qu'il recommencerait, et elle ne voulait pas lui donner l'opportunité de s'interposer entre elle et Corbeau... Autant essayer de faire barrage de son corps à une coulée de lave pour protéger une fleur solitaire. L'intention était noble, mais le résultat désastreux.

Toutefois, Aliénor ne trouva pas le temps de répondre que déjà le client de l'auberge prenait la parole, se tournant d'un air offusqué vers Nunne qui s'était arrêté à quelques pas seulement. D'une voix étonnamment agressive au regard de la situation, il lança :

- Dégage, c'est pas tes affaires !

Mais comme Nunne ne bougeait pas, il détourna son attention de la jeune femme, qui en profita pour se dégager, sentant que la pression sur son bras se relâchait. D'un mouvement sec, elle regagna sa liberté, et s'empressa de poursuivre sa route, les yeux rivés sur le Poney Fringant, sa destination et son refuge pour l'heure. Elle n'avait qu'une envie, c'était de s'enfermer à double tour dans sa chambre, et de n'en ressortir que pour prendre la route, et quitter Bree à tout jamais. Marchant d'un pas vif, elle ne put toutefois empêcher le client de l'auberge de la rattraper, et il la tira de nouveau en arrière, plus violemment cette fois.

- Où tu vas comme ça, ma jolie ? C'est pas parce que tu es envoyée au nom du Roi que tu as tous les droits, et tu me dois bien un petit dédommagement pour ce que tu m'as fait tout à l'heure.

La pression sur le bras d'Aliénor était si forte que, même en essayant de se débattre, elle ne parvint pas à lui faire lâcher prise, et elle finit par gémir de douleur, sentant le sang refluer de l'extrémité de ses doigts. De toute évidence, la situation était en train de prendre une tournure désagréable, et l'odeur d'alcool qui émanait de l'inconnu était si forte qu'il n'y avait pas de doute à avoir sur l'issue de cette conversation. Elle s'achèverait nécessairement dans la violence, comme si le destin de Nunne était de devoir affronter l'univers entier pour se rapprocher d'Aliénor, comme si une force invisible dressait un millier d'obstacles entre eux, pour les empêcher de se retrouver. Sentant une présence dans son dos, l'ivrogne se retourna pour voir Nunne, qui leur avait emboîté le pas, et qui paraissait ne pas trop savoir quoi faire dans la situation actuelle.

Peut-être que du temps où il était encore sous les ordres de Ald'ar, quand il obéissait encore à l'Ordre de la Couronne de Fer, qu'il portait encore une épée au côté, il aurait réagi plus rapidement. Il aurait sans doute compris que la situation ne se réglerait pas avec des mots apaisants, et des gestes mesurés. Son vis-à-vis et désormais adversaire n'avait rien d'un homme raisonnable en temps normal, et désormais qu'il était aviné, il n'était même plus possible de converser avec lui. Avec un cri de rage bien inattendu, il se jeta sur Nunne, l'empoigna par les épaules, et le projeta au sol en tombant sur lui. Il n'avait pas du tout prévu son coup, et avait été emporté par son élan, mais il se retrouvait désormais dans une position avantageuse, qui lui permit de faire pleuvoir sur l'ancien combattant une série de coups de poing maladroits et imprécis, mais qui n'en demeuraient pas moins dangereux car le gaillard était costaud et en colère. Il braillait des choses incompréhensibles, et s'énervait contre personne en particulier, visiblement désireux de laisser libre court à sa colère contre le premier venu.

Rapidement, le vacarme de la bagarre alerta des passants qui en appelèrent à la garde. Quand les hommes en armes, chargés de maintenir l'ordre, arrivèrent sur les lieux, un petit attroupement s'était formé autour des lutteurs qui pataugeaient dans la poussière et dans les ordures. Les soldats saisirent fermement les deux combattants qui semblaient vouloir continuer d'en découdre, et un officier approcha l'air sévère, criant à son tour par-dessus le vacarme que produisait la foule :

- Ca suffit ! Silence ! Qu'est-ce qui se passe, ici ?

Rapidement, les badauds s'éloignèrent, tandis que quelques hommes levaient la main pour dire ce qu'ils avaient vu. Les témoignages furent éloquents, et tous ceux qui se trouvaient non loin au moment de l'échauffourée s'accordaient à dire que Nunne, qui avait l'air tout à fait nouveau dans la ville, avait été attaqué sans raison apparente par le dénommé Elbert. C'était de toute évidence quelqu'un de connu, car les gardes s'empressèrent de libérer l'ancien combattant de l'OCF, en lui présentant leurs excuses. Celui-ci avait l'arcade sourcilière et la lèvre ouvertes, et quelques bleus un peu partout qui allaient prendre une jolie teinte violacée d'ici quelques jours. L'officier s'approcha de lui :

- Désolé pour tout ça. Elbert peut avoir des accès de violence... Vous comprenez, les gens qui ont essayé de tuer le Roi... l'Ordre de je-sais-pas-quoi... eh bah ils sont passés dans le coin, il y a quelques mois, et ils ont tué sa fille. Depuis, il a perdu l'esprit, et il essaie de survivre tant bien que mal...

L'officier jeta un regard à l'homme. Elbert semblait désormais épuisé, et de grosses larmes coulaient sur ses joues sales, traçant de profond sillon dans la couche de poussière qui avait élu domicile sur son visage. Nunne était dans le même état, sans parler de ses vêtements qui devraient être lavés activement pour être récupérés un jour. L'homme paraissait bien misérable, et il n'avait plus rien de l'ivrogne agressif et violent, maintenant qu'on en savait un peu plus sur lui. On aurait même pu le prendre en pitié. Le soldat haussa les épaules, et ajouta :

- Vous avez le droit de porter plainte, et le Seigneur de la ville s'occupera de juger des faits sans tarder. Mais si vous le faites, vous risquez de faire culpabiliser encore plus ce malheureux, et il n'a probablement pas assez pour vous indemniser. Enfin... vous faites ce que vous voulez... Passez à la caserne si vous voulez donner suite, je m'occuperai de faire remonter.

L'officier s'éloigna, laissant Nunne seul au milieu de la rue. Il y avait un élément que personne n'avait évoqué, ni les témoins de la scène, ni les gardes, c'était la présence d'une jeune femme qui avait eu un rôle crucial à jouer dans l'agression, et qui avait pour l'heure disparu. En réalité, Aliénor avait décidé de prendre la fuite dès qu'elle avait vu que la situation tournait à l'affrontement. Il faisait sombre, et tous les regards étaient rivés sur les deux protagonistes les plus bruyants, ce qui lui fournit une excellente opportunité de s'enfuir. Elle tourna les talons, et rejoignit le Poney Fringant, situé non loin. Les échos du pugilat n'étaient pas encore remontés jusque là, et elle put rejoindre sa chambre sans difficulté, s'y enfermant par simple précaution. Elle n'était pas fière d'avoir abandonné Nunne à son sort, même si après l'avoir vu se battre, elle ne doutait pas qu'il pût venir à bout d'un ivrogne bagarreur sans trop de problèmes. L'homme en question avait fourni une diversion suffisante et bienvenue, et elle ne s'était pas fait prier quand elle avait vu l'ouverture. Au fond d'elle-même, elle éprouvait toutefois le besoin de retourner voir l'ancien guerrier de l'OCF, pour lui parler, pour lui expliquer, pour se justifier. Elle ne voulait pas qu'il la prît pour une traîtresse, pour une ennemie, mais elle savait que c'était préférable. Elle avait déjà passé trop de temps en sa compagnie, et il valait mieux qu'il ne la suivît pas.

Convaincue que sa démarche allait porter ses fruits, elle se déshabilla et prépara son paquetage pour le lendemain. Elle partirait à l'aube, pour éviter d'avoir à le croiser. Ses rêves furent sombres cette nuit là, peuplés par d'étranges animaux aux proportions gigantesques, et la silhouette obscure d'un elfe qui se penchait sur son épaule, un sourire perpétuel aux lèvres.


~~~~


Le lendemain matin, Aliénor se réveilla de bonne heure, se s'empressa de se préparer, et de prendre le chemin des écuries. Elle y avait toujours le même cheval, et bien qu'en robe, elle le montait sans difficulté aucune, habituée depuis petite à tenir en selle dans des habits de femme. Elle se dépêcha de seller l'animal docile, de vérifier les sangles et ses sacs, avant de tirer la bête vers l'extérieur pour l'amener discrètement en dehors de la ville. Elle tomba alors nez-à-nez avec un visage familier, légèrement tuméfié :

- Nunne ? Laissa-t-elle échapper involontairement, en proie à une surprise non feinte.

Il lui barrait la route, et il n'y avait pas un chat à cette heure bien matinale. Ils avaient donc tout le temps de discuter, et personne pour les en empêcher. La jeune femme fronça les sourcils, et choisit sur son visage le masque le plus hautain et méprisant qu'elle avait dans son arsenal, espérant désarçonner le guerrier à tel point qu'il ne lui ferait pas d'histoires. Mais au fond d'elle-même, elle n'était pas très rassurée, et le cacher lui demandait un effort certain. D'une voix glaciale, elle lança :

- Laisse-moi passer. Je n'ai rien à te dire.

Direct et violent, comme elle l'avait imaginé...


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Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Learamn

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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyLun 23 Juin 2014 - 10:53

 L'intervention de Nunne jeta indéniablement un froid , en particulier sur une Aliénor qui semblait complètement désemparé. Elle ne répondit pas à la question de Nunne , était-ce volontaire ou simplement parce que l'ivrogne qui l'avait attrapé par le bras ne lui en avait pas laissé le temps. Il avait coupé court aux retrouvaille s en ordonnant à Nunne d'aller voir ailleurs. Ce dernier n'avait toutefois  aucunement l'intention de partir, après tout ce temps le ciel lui faisait signe . Aliénor était venue à lui alors qu'elle ignorait totalement où l'ancien guerrier habiait et de son côté Nunne n'avait pas cherché à la retrouver mais aujourd'hui le destin les avaient fait se retrouver . Dans ce cas là ignorer l'autre n'était pas même envisageable aux yeux du Suderon.

 L'homme enivré reprit alors fermement le bras d'Aliénor et parla d'une voix forte . Bien qu'il se situât à quelques mètres de la scène Nunne trouva l'haleine alcoolisée de l'ivrogne particulièrement désagréable , Aliénor qui se trouvait juste en face de lui devait en souffrir. Si Aliénor sétait fait malmené de la sorte il y a six mois Nunne n'aurait pas hésité une seule seconde et aurait jailli sans attendre sur son agresseur , à présent désarmé et se voulant paisible il avait eu un temps de réaction conséquent, pas par hésitation  pour savoir s'il était bon d'aider la jeune femme non cela c'était évident mais parceque sur le coup il  avait été surpris par la situation pris au dépourvu . Et sans ses rflexes guerriers son temps de réaction avait été plus long et se décida à s'avancer vers l'ivrogne. Nunne jugea préférable de ne pas le provoquer en combat et se contenta de poser une main amicale sur on épaule en lui intimant d'arrêter.

- Monsieur .Je vous conseille d'arr...

 Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase que l'ivrogne à la carrure impressionnante se retourna , le prit par les épaules et le projeta au sol plusieurs mètres plus loin. L'arière de sa tête percuta le sol ce qui eut pour effet de sonner Nunne qui ne parvint pas à se relever à temps , l'homme était déjà sur lui et une pluie de coups imprécis mais puissant tombait sur l'ex agent de l'OCF. Ce dernier commençait à sentir le sang tiède coulait de son nez et de sa lèvre supérieure avant qu'un puissant direct du droit ne vienne l'atteindre à l'arcade sourcilière . Du sang gicla et masqua la vue de Nunne qui continuait à se protégeait tant bien que mal avant de réussir à se dégager quelques secondes grâce à un habile coup de pied dans l'entrejambe , en six mois il n'avait pas perdu tous ces talents de combattants. Mais très vite l'ivrogne se ruait  à nouveau sur lui , Nunne cette fois préparé à l'affrontement encaissa le rugueux choc et le deux hommes tombèrent ensemble à nouveau au sol , ils roulèrent plusieurs fois sur eux même s'échangeant des coups , Nunne s'il n'avait pas bu n'était pas dans un état optimal après la première phase du combat qui l'avait surpris et bien étourdi. Autour des deux hommes une petite foule se dressait , l'un d'eux allait sûrement prévenir une patrouille de gardes qui s'empresseraient de mettre fin aux hostilités. Les gardes ne tardèrent d'ailleurs pas et ils séparèrent rapidement et assez efficacement les deux combattants. Nunne n'eut pas besoin de se justifier devant les gardes les témoins le firent à sa place , ils s'accordaient tous pour dire que l'ivrogne avait attaqué le jeune homme sans raison apparente. Soulagé Nunne essuya le sang qui suintait sur son visage d'un revers de manche. L'officier de la garde s'approcha de lui et lui apprit que l'homme qui l'avait attaqué n'était pas juste un ivrogne lambda mais un homme qui s'était réfugié dans l'alcool après la mort de sa fille de la main de l'Ordre. Au moment où l'officier cita l'organisation à laquelle Nunne avait appartenu  son coeur avait fait une embardée , ainsi l'Ordre avait également réussi à répandre le chaos et le désespoir dans cette région. Qui avait donc été épargné? Nunne nourrissait de profonds regres t se sentait intérieurement coupable d'avoir aidé cette Ordre destructeur. Si on ne lui avait pas ouvert les yeux il ne se serait probablement jamais rendu compte des véritables intentions de l'Ordre de la Courrone de Fer. Et cette personne qui lui avait permis de sortir du gouffre elle y était au fond dans ce gouffre ; car la personne qui lui avait ouvert les yeux c'était bien Aliénor qui  présent semblait le fuir. Les sentiments qu'il avaient éprouvés pour elle lors de l'expédition dans la région de Fondcombe avaient certes changé depuis son départ car Nunne persuadé qu'il ne la reverrait plus et décidé à prendre un nouveau départ avait fait la connaissance d'Amiel avait qui il partageait sa vie mais il ne pouvait nier qu'il se sentait toujours lié à Aliénor. Comme si le fait de s'être retrouvé au coeur de la tourmente sans vraiment l'avoir voulu les avaient rapproché , comme si le fait qu'elle lui ait ouvert les yeux engendrerait une reconnaissance éternelle de la part de l'Haradrim. Nunne regarda quelques seconde le pauvre bougre dénommé Elbert  complètement abattu et plongé dans son chagrin puis le jeune homme leva la tête et scruta le public encore présent, en vérité il cherchait sans vraiment avoir espoir de la trouver ; Aliénor avait très sûrement dû profiter de l'agitation pour partir. Le jeune homme lança un juron d'agacement avant de tourner les talons .

-Nunne qu'est ce qui t'es arrivé? fit une voix féminine.

Amiel se dirigeait vers lui , une expression inquiète sur le visage. D'un regard Nunne rassura sa compagne.

-Ce n'est rien , un ivrogne qui m'a agressé.
-Il faut laver tes blessures au plus vite Nunne.


 Le couple retourna dans leur nouveau domicile où Amiel traita sommairement les blessures de son compagnon. Ereintée , elle alla se coucher avant de s'endormir très rapidement. Nunne quant à lui ,allongé à ses côtés il avait toutes les peines du monde à trouver le sommeil. Il se remémortait tous els évenement qui s'étaient déroulés ce soir. Avec cette question qui lui revenait sans cesse. Que faisait Aliénor à Bree? Une crainte commença à naître à l'intérieur de Nunne quand il se rappela que Corbezau n'était jamais bien loinde sa servnte. Etait-il là lui aussi? Cela pourrait peut-être expliquer l'attitude de la jeune femme mais toutefois Corbeau ne serait pas bien malin de se rendre en Arnor ou le Roi Aldarion menait une opération de recherche des anciens de l'Ordre , les plus hauts gradés étaient priviliégiés et vu le poste qu'occupait l'elfe mllénaire au sein de l'Ordre cela s'avérerait bien imprudent pour un ancien Neleg de s'aventurer ici. Mais dans ce cas là comment expliquer l'attitude d'Aliénor à son égard? Tant de question qui n'auraient probablement jaamsi de réponses vue que la jeune femme venait de lui échapper.
"A moins que..." se dit alors Nunne
 Si la jeune femme était seule la jeune femme chercherait à partir très vite après cette rencontre mais pas ce soir , trop dangereux de partir la nuit elle attendrait l'aube où elle sellerait son cheval dès les premières lueurs. Nunne savait quand elle partirait mais comment trouvait d'où? Bree n'était pas une très grande ville et les endroits où se loger n'étaient pas légions le plus populaire étant le Poney Fringant.
Cette nuit là Nunne ne ferma pas l'oeil et parti très tôt de chez lui laissant un petit mot sur la table  à Amiel qui continuait à dormir profondément. Priant intérieurement pourqu'il ait fait la bonne déduction il se rendit devant le Poney Fringant où il attendait. A Bree , depuis la fin du Rude Hiver le climat était très agréable mais le matin il faisait encore un peu frais , le jeune homme ressera sa veste pour se protéger du vent frais tout en fixant sans relâche la porte des écuries de l'auberge.
Au bout d'une demi-heure elle fit enfin son apparition , tirant sa jument derrière elle visiblement très surprise de rencontrer le jeune homme sur sa route. Mais elle se reprit rapidement et lui parla sur un ton cassant

- Laisse-moi passer. Je n'ai rien à te dire.

Nunne soupira , il s'était attendu à ce ton dur mais cela faisait comme même mal de la voir lui parler comme ça mais le jeune homme s'efforca de garder son calme avant de répondre une pointe de frustration et d'impatience dans sa voix

-Ah bon? Tu n'as vraiment rien à me dire ? Après tout ce temps , tous ces événement tu n'as vraiment rien à me dire? Ne me mens pas. Est-ce à cause du hasard que tu viens à Bree au moment où je m'y installe? Je n'y crois pas trop.

Nunne marqua un temps d'arrêt avant de reprendre sur un ton légèrement plus doux

-Aliénor peut être as-tu peur que j'essaie de renouer notre relation mai il n'en est rien. C'est du passé et j'ai fini par l’accepter , tu m'as offert la chance de me reconstruire et cette chance je l'ai saisie , je vis avec une femme extraordinaire qui me rend heureux. Si je veux te parler et te voir aujourd'hui Aliénor c'est parcequ'après tout ce qui s'est passé nous ignorer et rejeter le passé est contre-nature d'autant plus quand ce passé m'a permis de me reconstruire.


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Ryad Assad
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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyMar 24 Juin 2014 - 11:38
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Depuis qu'elle avait rencontré Corbeau, depuis que sa vie avait basculé dans les ténèbres et la mort, dans le sang et la tristesse, Aliénor avait toujours tout fait pour garder la tête haute. En dépit des brimades, des insultes, des tortures physiques et psychologiques, elle avait fait de son mieux pour toujours conserver autant de fierté que possible, car c'était la dernière chose qui la faisait avancer. Avoir le sentiment de pouvoir influencer ne fut-ce qu'un peu ce qui l'entourait entretenait l'illusion que son sort n'était pas écrit, et qu'elle pouvait encore y changer quelque chose. Elle préférait ne pas y réfléchir plus avant, pour ne pas se rendre compte à quel point sa vie était misérable, à quel point son existence pouvait être difficile. Pourtant, après toutes les choses horribles qu'elle avait subies ou vues, elle n'aurait jamais imaginé qu'il fût si difficile de regarder Nunne dans les yeux, de supporter son regard qui n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu, quand bien même leurs situations respectives avaient bien évoluées à tous les deux.

L'homme, de toute évidence plus serein qu'elle l'était en cet instant, réagit avec autant d'émotion qu'elle avait mis de froideur dans sa voix, comme si le masque insipide qu'elle lui servait était plus douloureux que les six mois qu'ils avaient passé loin de l'autre. En effet, ils s'étaient connus pendant l'équivalent de quelques jours, à peine, et pourtant un lien très fort s'était tissé entre eux. Pour Aliénor, Nunne avait été la seule branche à laquelle elle avait pu se raccrocher temporairement, dans sa chute éperdue dans les abysses de la souffrance, de la terreur et de la soumission. Elle avait eu l'impression d'être une naufragée s'agrippant désespérément à une planche flottant au gré d'une mer démontée qu'elle aurait appelée Corbeau. Elle avait compris que l'océan les emporterait tous les deux, et contre tout instinct de survie, elle avait poussé la planche en direction d'eaux plus calmes, et avait accepté de sombrer à jamais. Survivre à la tempête avait été pénible, mais revoir Nunne était encore plus étrange, plus difficile, plus douloureux encore. Ses questions étaient autant de pieux qu'il lui plantait en plein cœur, et elle dut faire un effort de volonté pour ne pas laisser son visage et son corps trahir sa souffrance. Elle sentait les accusations qu'il lançait, voilées. Elle percevait la méfiance dans son ton, à son égard autant qu'à celui de Corbeau, dont il percevait l'aura à défaut de voir la silhouette. Qu'aurait-elle pu répondre à tant de reproches ? Qu'aurait-elle pu lui dire ? La vérité ? Elle risquait de le blesser, et elle ne souhaitait pas s'apitoyer sur son sort. Un mensonge ? Méritait-il d'être préservé, lui qui avait déjà été tant gâté ? Elle était incapable de trouver une réponse à ces questions, aussi décida-t-elle de garder le silence, soutenant les assauts avec toute la dignité qu'il lui restait.

Comprenant peut-être qu'il était allé trop loin, qu'il avait fait preuve de trop de brusquerie, qu'il s'était laissé emporter par ses émotions, Nunne marqua une pause, avant d'approcher Aliénor avec davantage de mesure, comme un dresseur use tantôt de la menace tantôt de la bienveillance envers un animal sauvage et prêt à s'enfuir. Mais s'il croyait soulager la jeune femme avec ces paroles, il se trompait lourdement. Celle-ci ne s'expliqua pas le sentiment de trahison qu'elle éprouva en cet instant, quand bien même sa logique lui commandait de passer à autre chose. Nunne, avec une autre femme, filant le parfait amour ? C'était tellement naturel et pourtant tellement... injuste ! Injuste ? Oui. C'était ce qu'elle éprouvait. Egoïstement, elle aurait voulu au plus profond d'elle-même qu'il revînt avec le cœur brisé de l'avoir abandonnée, et elle aurait mille fois préféré le voir se jeter à ses pieds, débordant d'affection, que de l'entendre lui dire qu'il n'éprouvait plus rien pour elle, que tout ce qu'ils avaient vécu était du passé.

Mais Aliénor n'était pas idiote, et elle savait que sa réaction était disproportionnée, pour ne pas dire exagérée. Qu'aurait-elle dit, si les rôles avaient été inversés ? Qu'aurait-elle dit si c'était elle et non Nunne qui avait refait sa vie au détriment de l'autre ? Aurait-elle accepté de mettre en balance ce qu'elle avait pour un bonheur hypothétique et fragile ? Non, bien entendu. Mais ce n'était pas parce qu'elle l'acceptait qu'elle appréciait la situation, et elle hocha la tête avec lenteur, comme si les mots de l'ancien combattant de l'OCF s'étaient refermés en un poing venu s'abattre brutalement au creux de son abdomen. Le souffle court, les idées embrouillées, perdue et désespérée, elle ne choisit même pas vraiment de répondre, laissant simplement son instinct prendre le pas sur la raison qui aurait dû la guider :

- Que répondre à ça, Nunne ? Que veux-tu au juste que je te réponde ?

Elle soupira, lasse :

- Tu voudrais m'entendre dire que tout a été à merveilleux pour moi après ton départ ? Tu voudrais que je te dise que tout s'est arrangé, que je me suis "reconstruite" grâce à toi ? Malheureusement, c'est faux.

Elle leva la main, coupant court à ses protestations à venir. Elle savait ce qu'il allait dire, et ne voulait pas l'entendre. Elle ne voulait pas voir de la pitié dans ses yeux, elle avait l'impression que cela pourrait l'achever sur place :

- Ce n'était pas ta faute. Je t'ai demandé de partir, et j'ai choisi de rester. J'ai payé, cher, ma décision. Et toi, tu as trouvé le bonheur. Tout est comme il doit être.

Il n'était pas besoin de bien connaître la jeune femme pour déceler une pointe de contrariété dans sa voix. De la jalousie ? Oui, sans doute. Comment ne pas envier cette femme qu'elle ne connaissait pas, et qui avait simplement eu le mérite de naître dans la bonne ville, dans la bonne famille ? Elle n'avait eu aucun effort à fournir pour que Nunne lui tombât dans les bras, tandis qu'elle, Aliénor, vivait quotidiennement un cauchemar, et était contrainte de faire des choix terribles pour garder un peu la tête hors de l'eau, pour éviter de sombrer dans les ténèbres obscures qui l'entouraient.

- Que pourrais-je ajouter ? Je suis fatiguée, Nunne. Fatiguée de tout ça. Je ne sais pas... Je ne sais même pas si tu es bien celui que tu prétends être. Je ne sais même pas si tu es réel. Tu pourrais aussi bien être une hallucination envoyée par Corbeau pour me piéger. Je suis certaine qu'il en est capable.

La jeune femme baissa la tête. Il n'était pas facile de supporter tous les jours l'ombre pesante d'un être qu'elle croyait doté d'immenses pouvoirs. Il lui avait fait voir tant et tant de choses atroces qu'elle avait parfois du mal à croire que le monde pouvait encore tourner normalement, que la vie d'individus simples pouvait continuer comme si de rien n'était. Nunne en mari aimant et en travailleur honnête ? Pouvait-elle sincèrement le concevoir après l'avoir vu plonger dans la bataille comme tant d'autres soldats de l'Ordre, tuer des civils coupables d'avoir voulu protéger leurs maisons d'un envahisseur impitoyable ? Elle aurait toujours de lui la vision d'un guerrier, et bien qu'elle ne détestât en rien ce qu'il était, elle ne pouvait pas penser à lui sans imaginer du sang sur ses mains. C'était ainsi.

Elle voulut continuer sa route, et s'avança d'un pas, mais Nunne s'interposa, et elle eut un mouvement de recul. Une certaine impatience se lisait sur ses traits, mais elle n'était pas liée à quelque chose d'urgent qu'elle aurait eu à faire. Non. Elle avait simplement l'impression d'être observée, et que chaque seconde passée en compagnie de l'ancien soldat de l'OCF risquait de les condamner tous les deux à une mort certaine. D'ailleurs, son regard quitta celui de l'homme, pour aller observer les alentours, comme si une menace pouvait surgir au coin d'une ruelle, ou derrière un toit, pour leur prendre à tous les deux la vie, et enfin les libérer de leurs fardeaux respectifs. Serrant ses petits poings de colère et de frustration, elle lança un ton plus haut :

- Tu ne comprends pas que c'est impossible, Nunne ? Toi... Moi... Je ne devrais même pas être en train de te parler, à l'heure actuelle. Tu veux discuter, évoquer le passé, mais c'est une chose qui ne nous est pas permise. Et ce que je souhaite moi...

Elle secoua la tête, comme s'il était même inutile d'évoquer la question à voix haute. Résignée, elle rentra dans les écuries, où il faisait tout de même meilleur que dehors, là où ils étaient à discuter depuis quelques minutes. Elle ne pouvait pas passer par la porte principale, mais il y avait naturellement une autre sortie, pour permettre de faire rentrer le fourrage pour les bêtes. Elle était encore résolue à quitter la ville. Mais, à peine eût-elle fait deux pas à l'intérieur, regagnant l'ombre agréable du bâtiment, qu'elle sentit une main saisir son coude - pour la troisième fois en deux jours -, la forçant à se retourner. De toute évidence, le guerrier n'avait pas encore terminé, et il n'était pas prêt à la laisser partir. Elle se retourna, le regard curieusement dévasté par la tristesse, elle qui avait été si venimeuse auparavant. Voulait-elle qu'il la lâchât immédiatement, ou qu'il la retînt pour toujours ?


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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyLun 28 Juil 2014 - 12:18

A la connaissance de Nunne , Aliénor avait toujours été assez directe dans sa manière de parler. Ce qui l'avait même parfois un peu blessé six mois plus tôt , lors des quelques jours qu'ils avaient passé ensemble.
C'était il y a tout juste six mois et pourtant cela lui semblait être des années voires des décennies. Il avait fui l'Ordre et délaissé son mentor qui lui avait sauvé la vie , il s'éait installé comme ouvrir à Annunimas avant de fuir la capitale à l'annonce du souhait du Roi Aldarion de traquer les anciens membres de l'OCF. Les histoire et les rumeurs disaient que l'Orchâl , le chef suprême de l'Ordre avait été anéanti en Rhûn , un royaume à l'est, par un groupe d'aventuriers. C'était sûrement tant mieux , cet Ordre ne pourrait plus manipuler des pauvres gens dépourvus comme lui l’avait été. Mais aujourd’hui il était libéré du joug de la guerre  grâce à la personne qui se trouvait face à elle : Aliénor. Cette personne qu’il avait autrefois aimé de tout son coeur et qu’il pensait ne plus jamais revoir , et voilà qu’elle se trouvai face à lui , allait-il la laisser si aisément partir ? Assurément non , le suderon avait toujours été un homme entété et cela n’avait pas changé depuis sa désertion .
Nunne perçut une pointe de déception ou de jalousie dans la voix de la jeune femme . Elle n’avait pas dû apprécié que Nunne lui annonce qu’il avait trouvé l’amour avec une autre mais c’était pourtant la vérité. Il aurait pu ne pas le lui dire mais le jeune homme en avait assez des mensonges et des secrets , il voulait être un homme vrai et honnête sans aucun mystère ou secret à cacher. Il ne voulait pas mentir surtout à elle , il se devait d’être honnête avec la personne qui lui avait demandé d’être honnête avec lui-même.
Le jeune homme poussa un léger soupir quand Aliénor parla de Corbeau et du fait que Nunne pourrait très bien être une hallucination. La jeune femme était obsédée par cet elfe millésime , cela pouvait se comprendre vu ce qu’elle endurait sous sa tutelle mais ça glissait dans la paranoïa. Corbeau était en train de la rendre folle , la faisant douter de tout et lui enlevant tout le plaisir de la vie. Si le jeune femme avait aidé Nunne à sortir de sa prison elle n’était pas parvenu à s’évader de sa propre cellule.
Elle fit un pas en avant , Nunne lui barra la route ; il avait la ferme intention de la retenir. Elle ne repartirait pas à la va-vite vers l’enfer quand qu’elle n’écoute tout ce qu’il avait à lui dire mais Aliénor ne semblait pas de cette avis et laissant sa dernière phrase inachevée elle tourna les talons pour rentrer à l’intérieur. Surpris dans un premier temps Nunne fitde grandes enjambées pour la rattrapper avant de lui saisir son avant-bras. Elle se retourna et Nunne lui fit d’une voix implorante

-Aliénor , il faut que tu m’écoutes , je t’en prie il faut que tu m’écoutes.

Il déglutit difficilement , visiblement pas à  l’aise

-Je sais ce que tu vas répondre à ce que je vais te dire du moins dans l’immédiat , peut-être y réfléchira tu plus tard mais tu dois m’écouter jusqu’au bout.
Avant de e voir j’étais comme un aveugle , je ne voyais pas ce qu’il y avait sous mes yeux et celle qui m’a ouvert les yeux c’est toi. Celle qui m’a donné une vie paisible , heureuse et pacifique c’est encore. Si tu n’avais pas été là j’aurais continué à me battre pour cet Ordre sanglant et je serais sûrement mort dans sa chute. Tu as brisé mes barreaux mais tu as choisi de rajouter mes barreaux aux tiens. Tu es emprisonné dans ta crainte envers Corbeau , tu semble être la personne la plus malheureuse du monde. Comment pourrais je laisser celle qui m’a sauvé se dépérir sous mes yeux? Je veux t’aider , je dois t’aider Aliénor.

Il marqua une pause avant de rajouter d’une voix emplie de chagrin et de tristesse

-Oh Aliénor , tu mérites tellement mieux.


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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyMer 6 Aoû 2014 - 12:36
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Dire que la situation était confuse aux yeux de la jeune femme aurait été un doux euphémisme. Il aurait été plus juste de dire qu'elle était sans queue ni tête, chaotique. Rencontrer Nunne au milieu de ce petit village du bout du monde, loin de tout, avait été un choc terrible pour elle, comme si un enfant malicieux avait décidé de prendre sa vie et de la secouer dans tous les sens, avant de la reposer avec fracas. Ce qu'elle avait pris tant de temps à ordonner, à ranger dans une boîte qu'elle avait cachée soigneusement au fond de son esprit, avait été jeté sans cérémonie sur le sol, mélangé avec le reste de ses sentiments. Perdue. Elle se sentait perdue. Perdue et bouleversée, même si sa fierté lui interdisait de trop en révéler, de peur que Nunne la prît pour une faible. Si elle avait été elle-même, elle aurait détesté le Suderon en cet instant. Après tout, il avait tout ce qu'elle n'avait pas, et il lui prenait le peu qu'elle avait pu préserver de la furie de Corbeau. Sans le vouloir, et sans même le savoir, il venait de jeter au loin la canne, le bâton de marche, le seul soutien sur lequel elle avait pu s'appuyer dans les moments les plus sombres de sa vie de ces six derniers mois. Et quand elle regardait son doux visage, inquiet mais moins préoccupé, lorsqu'elle plongeait dans ses yeux qui n'appelaient plus le sang et la mort, elle savait qu'il n'avait pas compris sa souffrance, et qu'aussi fort qu'il essayât, il était loin d'imaginer ce qu'elle avait pu éprouver.

Alors, lui restaient deux solutions : lui faire du mal intentionnellement, en espérant que cela soulageât sa propre peine, ou bien fuir et espérer remettre de l'ordre dans sa vie et dans sa tête, pour enfin le sortir de ses pensées. Mais des deux solutions, aucune n'était réalisable. La première parce qu'en dépit de son ressentiment, elle se refusait à lui faire du mal ; la seconde, parce que la main de Nunne s'était refermée sur son bras, la forçant à rester en sa présence. Décidément, il ne voyait vraiment pas... A quoi bon parler ? A quoi bon discuter encore, revenir toujours sur une chose qu'elle ne pouvait pas combattre ? Pour Aliénor, Corbeau était une constante, et pas quelqu'un dont elle pouvait se débarrasser d'un claquement de doigt. Elle avait bien perçu que Nunne identifiait l'elfe comme un problème, mais il était bien davantage. Il était comme la malchance, le destin, ou encore la mort : on ne le voyait pas toujours, mais il ne disparaissait pas pour autant, et il était toujours vain de lutter contre. C'était ainsi qu'elle le voyait, et elle ne comprenait pas que le Suderon pût concevoir les choses autrement. N'avait-il pas été témoin de sa puissance ?

Toutefois - et c'était tout à son honneur -, il souhaitait véritablement aider la jeune femme, en dépit des risques. Elle s'inquiétait pour sa sécurité et sa vie plus qu'il ne s'en préoccupait lui-même, et comme les preux héros des contes pour femmes qu'elle lisait plus jeune... avant tout ça... il accourait au secours de la belle dame, plein de charme et de manières, pour la libérer du dragon qui la détenait. A ceci près que cette fois, au lieu d'affronter la bête et la terrasser virilement, il entendait la soustraire par la ruse à une créature bien plus intelligente et bien plus redoutable. Or, s'il réveillait la colère du monstre, il serait détruit sans avoir la moindre chance de survivre, et la princesse retournerait dans sa prison pour y subir mille châtiment, et peut-être enfin recevoir la mort qu'elle méritait tant. Car oui, c'était tout ce qu'elle méritait, quoi qu'en dît Nunne. Ce fut d'ailleurs cette dernière phrase qui la fit réagir, comme si elle ne pouvait pas accepter d'être quelqu'un de bien, comme si se détester lui procurait quelque bien :

- Tu ne me connais pas ! Siffla-t-elle entre ses dents. Tu ne sais pas ce que j'ai fait ! Je ne mérite rien de mieux, Nunne. Je ne mérite rien du tout. Je...

Pendant un instant, elle hésita, comme un funambule au milieu du vide, oscillant dangereusement. D'ordinaire, elle parvenait à retrouver son équilibre, à reprendre le contrôle, mais Nunne était comme une tempête faisant tanguer son univers, et l'invitant à la chute. Après une seconde de battement, elle reprit, amère :

- Je sers Corbeau, et je ne mérite pas mieux que lui. Si quelqu'un veut lui faire payer ses crimes, et l'exécuter pour cela, alors il devrait commencer par me tuer, car sans des gens comme moi, il ne pourrait rien faire. Où est-il actuellement ? Se cache-t-il derrière moi pour me poignarder si je lui désobéis ? Certainement pas. Ce que je fais, je le fais de ma propre volonté, parce que je n'ai pas le courage de lui refuser quoi que ce soit.

Sur ses dernières paroles, sa voix s'était brisée d'émotion, et elle baissa la tête quelques secondes, inspirant profondément. Les larmes étaient venues naturellement dans son beau regard, et elle ne voulait pas que Nunne les vît. Elle ne voulait pas qu'il s'apitoyât sur son sort, qu'il éprouvât de la peine pour elle, alors qu'il aurait dû être dégoûté par son attitude. Elle voulait qu'il la haït, qu'il la détestât de tout son être, mais cela ne semblait pas être le cas présentement. Elle releva le visage, essayant en vain de dissimuler son trouble, pour continuer d'une voix froide et dure, tandis que ses yeux étaient brillants de tristesse contenue :

- J'ai fait trop de mauvaises choses, et laissé trop de mauvaises choses arriver pour encore mériter d'être sauvée, Nunne. J'ai cru bien faire en ne m'opposant pas, mais en restant passif on devient complice. J'ai fermé les yeux sur trop de crimes, et ce que j'ai vu à Fondcombe m'a...

Elle tenta de finir sa phrase, sans succès. Quels mots auraient pu décrire ce qu'elle avait ressenti en découvrant l'atroce spectacle du massacre de la famille du chef de ce petit village ? Quels mots auraient pu convenir pour expliquer en détail le sentiment d'horreur, d'effroi, de répulsion qu'elle avait instantanément éprouvé en posant les yeux sur la mise en scène macabre et obscène du Boucher de Khand, qui n'avait jamais aussi bien porté son surnom qu'en cette funeste journée. Cette vision resterait à jamais gravée dans sa mémoire, et elle ne s'enlèverait jamais de l'esprit qu'elle était responsable de cette abomination, que si elle avait voulu l'empêcher, elle n'aurait eu qu'à ouvrir la bouche. Un seul mot glissé discrètement aurait suffi à changer la donne, à inverser le cours de l'histoire en marche. Elle aurait effectué une bonne action, sauvé des vies, et aurait eu la satisfaction d'avoir contribué à quelque chose d'utile dans son existence. Au lieu de quoi, elle se sentait souillée, et chaque fois qu'elle se regardait dans le miroir, elle avait l'impression de voir une tueuse, un monstre qui avait assassiné des innocents. Bouleversée, elle trouva néanmoins la force de continuer :

- Quand je ferme les yeux, je revois tout cela en rêve... Tout ce que nous avons fait, tous ces morts que nous n'avons pas su empêcher. Après Fondcombe, ces visages sont revenus me hanter. Même le tien... Je ne savais pas si tu étais encore en vie, si tu avais réussi à échapper aux elfes qui ont attaqué la cité. J'ai pensé que je t'avais envoyé à une mort certaine, et il m'a fallu du temps pour cesser de me morfondre sur ta disparition. Et te voilà revenu désormais, mais tu n'es plus le même. L'homme que je connaissais... celui qui me promettait de me libérer et en qui j'ai cru... cet homme a disparu depuis longtemps.

Elle plongea son regard désespéré dans ses yeux, et quelque part on pouvait sentir qu'elle l'accusait. Elle ne le jugeait plus assez fort pour s'opposer à Corbeau, et elle lui en voulait presque d'avoir succombé à sa faiblesse. Bien égoïstement, elle aurait voulu qu'il continuât à penser à elle, qu'il établît un plan pour la sortir des griffes de son tortionnaire, qu'il tirât l'épée pour la défendre comme il l'avait fait par le passé. Mais le Nunne guerrier, fougueux, impétueux, avait été remplacé par un homme commun, un homme bon certes, mais un homme qui n'avait plus en lui la force de défendre une amie pour ne pas dire une vague connaissance. Elle lui avait fait confiance, et elle avait secrètement espéré qu'il viendrait la délivrer, mais maintenant qu'elle le voyait, ses derniers espoirs s'effondraient, et la dernière bougie qu'elle avait su maintenir allumée dans les ténèbres de son esprit s'éteignit sans un bruit, la laissant seule au milieu de l'obscurité dans laquelle Corbeau l'avait plongée.

- Je n'ai pas le choix, Nunne, je vais devoir te trahir à Corbeau. J'ai souffert le martyr en pensant qu'un jour tu pourrais revenir pour moi, mais tu n'en as pas été capable...

Elle savait ses paroles cruelles, et elle savait que ce qu'elle faisait était mal, mais avait-elle un autre choix ? Certes, elle allait réduire à néant la vie de Nunne, et probablement qu'elle le condamnerait à mort si elle rapportait sa position à Corbeau. Ce dernier trouverait un moyen de se débarrasser de lui, et d'exécuter sa femme, probablement. Il ne laisserait aucune trace, et il s'arrangerait pour ne rien laisser trainer derrière lui. Il était méticuleux et méthodique, à n'en pas douter. Elle devina dans les yeux du Suderon une forme de crainte. Oui, il avait peur, car il devait comprendre ce que cela impliquait. Si elle parlait à Corbeau, il n'aurait aucun endroit où fuir, aucun lieu en Terre du Milieu où se cacher. Il se trouverait toujours quelque part un agent de l'elfe millénaire pour le retrouver, et le dénoncer.

Aliénor s'approcha de Nunne et le prit dans ses bras fins, le serrant avec force. C'était un geste si inattendu, si éloigné de ce qu'elle était d'ordinaire - froide et distance -, que Nunne n'eût pas le temps de réagir. Elle inspira profondément, se rappelant instantanément de l'odeur de ses cheveux, se reposant sur ses épaules solides. Elle pouvait sentir son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, sans toutefois pouvoir identifier l'origine de son trouble : était-ce parce qu'elle était dans ses bras, comme si mois auparavant, ou parce qu'elle tenait sa vie entre ses mains et qu'elle avait bien l'intention de se débarrasser de lui ? Elle murmura à son oreille, chuchotant presque :

- Je suis désolée... Je suis tellement désolée... Je croyais que tu m'aimais, et j'ai tout sacrifié pour toi... Mais je ne peux rien t'offrir de plus. Plus maintenant que je sais la vérité...

Elle commença à défaire son étreinte, prête à s'éloigner de lui pour partir dans le lointain, et ne plus jamais revenir. Il n'entendrait plus jamais parler d'elle, et un beau jour verrait une silhouette sombre se présenter à sa porte. Il essaierait de fuir, mais avant d'avoir eu le temps de bouger, il se retrouverait avec le corps sans vie de son épouse dans les bras. Avant que les larmes trouvassent leur chemin pour couler sur son visage, sa maison serait déjà en flammes. Et quand enfin il lèverait les yeux vers le ciel sombre où s'élèverait une fumée grise et orangée, tout ce qu'il verrait serait le sourire satisfait de l'elfe, et puis plus rien.

Voilà quel était son futur s'il la laissait partir. Voilà quel était son avenir s'il ne trouvait pas un moyen de la retenir. Mais comment le pouvait-il ? Des deux femmes qui avaient changé sa vie, laquelle choisirait-il ? Saurait-il trouver les mots pour convaincre Aliénor de changer d'avis ? Ou devait-il cesser de parler, et agir ? Tant qu'elle était dans ses bras, il avait encore une chance de gagner du temps, mais cela signifiait réagir en moins d'une seconde. Une seconde pour décider de l'entièreté de son avenir.


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Learamn
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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyLun 11 Aoû 2014 - 19:52
[HRP]Je profite d'une bonne connexion , d'un ordi et d'une soirée de libre pour poster


Comme elle l'avait déjà fait six mois auparavant à Valdol , Aliénor parla à Nunne d'un ton dur et cassant qui se voulait presque méprisant. Elle cherchait à le persuader qu'elle n'était qu'une mauvaise personne , servant de mauvaises personnes et faisant de mauvaise choses. Elle li affirma qu'elle faisait tout de sa propre volonté et que pour atteindre Corbeau il faudrait d'abord lui passer sur le corps. Nunne devait bien avouer que Corbeau , en fin manipulateur qu'ilé tait , avait bien fait son travail d'endoctrinement de la jeune fille , lui enlevant toute étincelle de liberté ou même de libre arbitre. L'enchaînant au bord d'une falaise de manière à ce que sil elle décide de se libérer de ses liens elle tomberait dans le gouffre. Il avait réussi à la persuader que sa vie actuelle , aussi misérable soit-elle était préférable à celle qu'elle aurait si elle fuyait.

Le Suderon maudit pour lui-même l'elfe millénaire, cet elfe maléfique et manipulateur entouré de mystères et de secrets. Nunne n'était pas idiot et il commençait à se douter qu'après les événements qui se sont déroulés il y a six mois l'ex-Lefnui ne l'avait pas oublié comme cela après a désertion , sûrement savait-il qu'il se trouvait en ce moment à Bree et peut être avait-il envoyé Aliénor ici car il trouvait cela amusant. Ce ne serait guère une manœuvre étonnante de sa part.

A ce moment Nunne fut parcouru par un frisson d'effroi. Si Corbeau savait réellement où il se trouvait alors il était en danger mais Amiel l'était également. Et quand bien même l'elfe n'aurait pas été , Nunne ne savait par quel miracle , au courant du lieu de résidence du Suderon ce serait une Aliénor désemparé , bouleversé et endoctriné qui le lui dirait.
La solution la plus logique pour Nunne de préserver sa compagne et une chance de fonder une famille aurait été de retenir Aliénor , peut-être même de la tuer pour la réduire au silence mais le jeune homme ne pouvait se résoudre à cette solution extrême. Comment pourrait-il lever la main sur celle qui avait fait battre son coeur pour la première fois , pour celle qui lui avait permis de prendre un nouveau départ.

A ce moment et de façon innatendue la jeune femme se blottit dans les bras d'un Nunne visiblement surpris . Il sentit sa tête se réfugier dans son large et puissant torse et sa respiration était palpable. La tête dans sa chevelure le jeune homme ne pouvait qu'humer le parfum de ces derniers. A ce moments des souvenirs qui semblaient dater d'une autre époque refirent surface.

Nunne poussa un long soupir il tenait dans ses bras une créature perdue  qui se sentait trahie , désabusé et lasse . Il voulait tellement l'aider  , lui ouvrir une porte mais à chaque fois qu'il tentait de le faire Aliénor la refermait net , prétendant que derrière il n'y avait qu'un gouffre sans fond. Il tenta une ultime tenttvie de la convaincre du contraire

-Aliénor n'ai-je pas moi aussi commis des gestes inexcusables et sûrement irréparble? N'ai-je pas sciemment massacrer des innocents , des femmes , des enfants? Ne crois tu pas qu'ils me hantent encore chaque nuit? Mais tu m'as ouvert les yeux , tout le monde peut changer , peut admettre ses erreurs et changer de voie. Grâce à toi je suis un nouvel homme libéré des chaînes de la violence et du sang et qui vit dans un monde paisible mais bien réél. Tu dis que de nombreuses personnes sont morte par ta faute , je ne pourrais pas te contredire mais veux-tu vraiment avoir la mort d'autre personnes sur ta conscience? Quoique tu me dises je sais très bien que tu ne le veux pas. Tu n'est pas un monstre Aliénor tou comme je n'en était pas un. Tu es une personne abusée par des plus puissants qui prétendent être tes protecteurs comme je l'ai été.


Je suis désolée... Je suis tellement désolée... Je croyais que tu m'aimais, et j'ai tout sacrifié pour toi... Mais je ne peux rien t'offrir de plus. Plus maintenant que je sais la vérité...

On aurait dit que les derniers mots d'Aliénor planaient dans l'air, le temps que Nunne prenne le temps de les assimiler et de les digérer. Mais malheureusement pour lui le suderon n'avait plus le temps pour réfléchir ; Aliénor commençait à défaire son étreinte et bientôt elle serait partie faire l'irrévocable. Le jeune homme devait faire quelque chose et vite.

Nunne parla alors d'une voix plus dure , beaucoup moins douce , loin d'être méchante mais qui se voulait autoritaire comme celle d'un grand frère qui avertirait sa soeur mêlé à une pointe d'émotion

-Aliénor! Si ce que tu désire vraiment c'est d'aller me dénoncer à Corbeau alors va! Mais dans ce cas-là je me souviendrais de toi au moment où je verrai ma maison en flammes , le corps ensanglanté de ma femme. Je ne me souviendrais non plus de toi comme celle qui comme un ange venu des cieux m'a ouvert les yeux et emmené sur d'autre voies comme je l'ai fait jusqu'ici mais comme celle qui aura décidé de condamner des innocents pour des raisons égoïstes . Je comprends ta frustration mais peut-être est-il temps de passer au-dessus.
Je ne te retiendrais plus longtemps , si tu le veux va-t-en retourner chez ton maître adoré , servante!


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Ryad Assad
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Essayer de convaincre Aliénor avec des mots était aussi vain qu'essayer de forcer une pierre à parler. Son esprit avait depuis longtemps cessé de raisonner logiquement, et tout ce qu'elle voyait en cet instant, c'était l'ombre terrifiante de Corbeau qui se penchait sur elle, et qui la dominait entièrement. Quoi qu'elle fît, quoi qu'elle décidât, elle devait toujours penser à l'éventuelle punition qu'elle recevrait. Si les stigmates sur son corps commençaient à disparaître, le temps faisant son œuvre pour réparer l'empreinte d'une souffrance indicible à laquelle aucun être ne devrait jamais faire face, rien ne pourrait guérir son esprit atrocement mutilé. Folle ? Elle l'était sans doute depuis le jour où elle avait rencontré Corbeau. Ce qui lui permettait de tenir ? Une envie irrépressible de survivre, et continuer à exister malgré tout ce qu'on lui infligeait. Car ce qui la rongeait plus que tout, c'était qu'en dépit de tout ce qu'elle subissait et de tout ce qu'elle était contrainte de faire, elle n'arrivait pas à envisager de mettre fin elle-même à son calvaire.

Peut-être parce que son tortionnaire avait réussi à entretenir la flamme de l'espoir en elle, à souffler sur les braises pour les garder rougeoyantes, et ainsi extirper de sa servante le meilleur jusqu'à la dernière goutte. En effet, Aliénor n'était pas la seule à être prisonnière de l'elfe millénaire : bien que sa famille l'ignorât, elle était surveillée en permanence par Corbeau, qui n'hésiterait pas à les tuer si elle n'agissait pas conformément à son souhait. La jeune femme avait eu l'occasion d'aller les voir une fois, en compagnie de son bourreau, qui souhaitait lui prouver qu'il pouvait mettre à exécution ses menaces. Elle se souvenait parfaitement de ce jour-là, comme si on l'avait gravé dans sa mémoire au marteau et au burin.

Ils avaient chevauché plusieurs jours durant pour rejoindre l'Anfalas, elle, Corbeau et trois de ses hommes de confiance. Une longue route qui les avait menés jusqu'à un domaine modeste mais bien entretenu par la famille de Valdoré, la famille d'Aliénor. Quand elle était arrivée sur ces terres, la jeune femme avait immédiatement reconnu les paysages de son enfance, retrouvé les senteurs qui accompagnaient ses rares souvenirs d'avant sa captivité. Et quand elle avait posé les yeux sur les murs pâles du manoir de sa famille, de grosses larmes avaient commencé à couler sur ses joues, sans qu'elle eût la possibilité de les essuyer d'un revers de manche... Corbeau avait été très strict à ce sujet. Il voulait voir son désespoir, et se régalait de l'observer désemparée, à la fois si proche et si éloignée de sa liberté. Il lui avait expliqué que c'était son père qui avait pris la tête de la famille. En effet, l'Ordre avait également fait enlever sa mère et ses grands-parents, qui se trouvaient les Valar savaient où, dans un sombre cachot. Ses cousins et ses neveux étaient devenus des enfants de substitution pour un père privé de toute descendance et de l'épouse qu'il aimait tant. En fait, la vie avait continué son cours, comme si l'absence d'Aliénor avait été comblée, comme si elle n'était qu'une pièce remplaçable dans un ensemble qui se devait de fonctionner sans accroc. Tout du moins, c'était ce que Corbeau avait essayé et réussi à lui implanter dans le crâne. Une idée qui avait fait son chemin, et qui avait sapé ses forces. En s'échappant et en rentrant chez elle, elle ferait encore plus de mal aux siens, ce qu'elle ne souhaitait pour rien au monde.

Corbeau s'était parfaitement acquis le soutien d'Aliénor, et désormais que cette dernière était face à Nunne, elle était placée face à un dilemme terrible : choisir entre la vie de sa famille, des gens qui seraient bien incapables de la reconnaître désormais, mais qui comptaient encore énormément pour elle, ou bien celle d'un homme qui n'avait aucun sentiment pour elle et qui - croyait-elle - ne pouvait rien lui offrir de valeur : ni la liberté ni la mort. Elle avait cru qu'avec le Suderon, les choses allaient être différentes. Elle avait senti naître en elle la flamme d'un amour désespéré, comme attisé par la proximité de Corbeau, comme si elle devait vivre pleinement cette transgression avant de sombrer totalement. Mais les choses n'avaient pas été réciproques, et elle avait failli perdre ce qu'elle avait de plus cher au monde pour un homme qui s'était détourné d'elle. Elle ne pouvait pas s'offrir le luxe de prendre à nouveau ce risque... pas avec la promesse de Corbeau de la tuer si elle lui désobéissait une nouvelle fois.

Cependant, Nunne n'avait pas dit son dernier mot, et après avoir essayé de lui faire entendre raison avec douceur et patience, il se laissa emporter par l'amertume et la colère. Il ne souhaitait toujours pas la brusquer ou la forcer à changer d'avis, mais ses paroles étaient désormais pleines de rage contenue. Elle le vécut comme une véritable agression. Croyait-il vraiment que c'était ce qu'elle désirait ? Qu'elle souhaitait le voir mort ? Elle n'en savait rien. Peut-être. Peut-être que l'envie de se venger de l'espoir qu'il lui avait insufflé sans le faire grandir était plus forte, et qu'elle souhaitait le voir périr des mains de Corbeau. Mais au fond d'elle-même, elle savait que c'était faux, et qu'elle n'avait aucune envie de lui faire du mal, encore moins à son épouse qu'elle n'avait jamais rencontrée. C'était simplement qu'elle n'en pouvait plus de souffrir pour les autres. Elle avait l'impression d'avoir passé son existence entière à subir les tourments toujours plus inventifs d'un être maléfique, pour que d'autres pussent vivre en liberté et en paix, sans même avoir conscience de son sacrifice. Et aujourd'hui, elle arrivait à la limite : un simple regard de l'elfe la foudroyait sur place, et elle tombait à genoux en tremblant quand il levait la main, même quand il n'avait pas l'intention de la frapper. Lui se délectait de sa terreur, elle se maudissait de sa faiblesse. Songer à ce qu'ils pourraient lui faire si elle laissait Nunne s'enfuir aujourd'hui la rendait malade, et elle craignait même qu'il s'aperçût de son hésitation, et qu'il apparût d'une seconde à l'autre pour la prendre sur le fait. Elle le croyait sincèrement capable de tout.

Toutefois, ce ne furent pas les accusations de Nunne qui lui firent le plus de mal. A dire vrai, ses menaces n'étaient qu'une tentative désespérée pour la retenir, et la ramener à la réalité. Il voulait lui faire prendre conscience du libre-arbitre dont elle disposait encore, et lui faire admettre qu'elle n'était pas obligée de le dénoncer et de le condamner à une mort certaine. Cela, elle pouvait tout à fait l'entendre de la part du Suderon, et elle aurait été véritablement surprise qu'il ne tentât rien pour la convaincre de rester. Elle l'avait toujours connu déterminé et prêt à aller jusqu'au bout de n'importe quelle entreprise. Ce n'était donc pas aujourd'hui qu'il allait changer, et abandonner un combat qu'il pouvait encore espérer remporter. Ce qui déchira profondément la jeune femme, en revanche, ce fut sa réplique acerbe, pleine de mépris pour elle, alors qu'elle avait tant fait pour lui. Son maître adoré ? Elle détestait Corbeau aussi fort que l'on pouvait détester quelqu'un dans cet univers. Elle le voyait comme un tyran, un monstre, une abomination sans cœur qui se régalait de la souffrance des autres. Elle était fascinée par cette créature de cauchemar, et terrifiée par ses immenses pouvoirs, mais dire qu'elle l'adorait... Elle avait toujours tout fait pour lui résister, et pour cultiver le germe de la rébellion, s'acharnant à l'empêcher de piéter la fleur de la liberté.

Outrée que Nunne pût se méprendre à ce point sur elle, elle sentit une colère bouillonnante naître au creux de son estomac, et se déverser dans ses muscles. D'ordinaire, elle était capable de garder son calme en toute situation, et elle méprisait ceux qui utilisaient la violence pour combler leur incapacité à répondre par les mots. Elle les trouvait pathétiques, et ils se complaisaient dans la domination physique, sans comprendre que l'important n'était pas de pouvoir faire, mais bien de faire le bon choix. Toutefois, en cet instant, elle céda à la même rage que les guerriers sur le champ de bataille, prise par un sentiment qu'elle essayait de refouler au plus profond d'elle-même, mais qui en réalité l'aidait à tenir le choc et à survivre. Sa main s'écrasa avec fracas sur la joue de Nunne, claquant bruyamment dans l'air. Le guerrier parut surpris, mais pas autant que lorsqu'il reçut une seconde gifle, encore plus puissante que la première. Il dut sentit le goût du sang dans sa bouche, et bloqua la troisième attaque de la jeune femme dont les yeux lançaient des éclairs et dont le visage était déformé par le mépris et la colère :

- Comment oses-tu m'appeler ainsi !? Comment oses-tu croire que je peux adorer Corbeau !? Tu n'as aucune idée de ce qu'il m'a fait subir, aucune ! Tu es aussi abject que lui, et toi aussi tu essaies de me manipuler pour ton propre compte ! Tout ça pour vivre une vie paisible, pendant que moi je souffre chaque jour que les Valar font !

Elle tenta de le frapper de ses poings ridiculement petits, mais ses poignets furent bloqués par le Suderon, qui l'empêchait tout juste de l'atteindre, sans toutefois lui faire de mal. Mais pour elle, c'était comme être prise dans un étau, et elle se débattit furieusement, avec l'impression qu'il essayait de l'emprisonner. Elle hurla derechef :

- Lâche-moi ! Sale menteur ! Tu m'avais promis que tu m'aiderais, et voilà ! Tu voudrais faire quoi maintenant ? Me tuer ? Vas-y ! Tue-moi ! Tue-moi, puisque c'est la seule solution pour que tu puisses vivre en paix ! Donne-toi au moins les moyens de protéger ta nouvelle femme, puisque tu n'as pas été capable de me sauver moi.

Sans qu'elle comprît pourquoi, ses mains se retrouvèrent soudainement libérées de celles de Nunne, et elle recula d'un pas, haletante. En la lâchant, ce fut comme s'il avait rompu le sortilège qui s'était emparé d'elle, et qui l'avait rendue subitement agressive, enflammée et cruelle. Elle inspira à plusieurs reprises, pour retrouver son calme, tandis que ses traits passaient subitement d'une immense colère à une honte tout aussi grande, puis à une tristesse infinie. Elle s'en voulait terriblement de s'être laissée emporter, et elle s'en voulait d'avoir frappé Nunne sous le coup de ses émotions. Retrouvant son calme, elle reprit :

- Je suis désolée...

Elle ne trouva rien à ajouter, et baissa les yeux. Elle n'avait plus rien à dire, et peut-être était-ce la fin de leur conversation. Peut-être devaient-ils s'arrêter là, repartir chacun de leur côté, et laisser Corbeau décider de la fin de leur histoire. Elle attrapa la bride de son cheval, qui se tenait non loin, et jeta un dernier regard au Suderon. De toute évidence, il était incapable de bouger pour l'empêcher de partir. Elle le sentit triste... ou peut-être était-ce sa propre tristesse qu'elle projetait sur lui. Peut-être allait-il changer d'avis, et la poignarder dans le dos quand elle se serait retournée. Elle fit volte-face, comme pour presser le moment fatidique, et fit quelque pas vers la seconde sortie des écuries. Elle était sur le point d'y arriver, le souffle court, s'attendant presque à sentir la froide morsure d'une lame traversant sa chair, quand soudainement une silhouette apparut devant elle. Aliénor se figea instantanément, et ouvrit grand les yeux, terrifiée. L'homme, à qui elle rendait une bonne tête, avait le visage dissimulé sous un capuchon de voyage, et les seules choses qu'elle pouvait identifier clairement étaient la barbe qui lui mangeait le visage, trop longtemps délaissée, et l'épée nue qu'il tenait en main. Elle recula alors que l'homme faisait un pas en avant, et chercha à s'enfuir quand il leva son arme au-dessus de sa tête.

Un cri. Un seul. Ce fut tout ce qu'elle eût le temps de pousser avant qu'un choc violent à la tempe ne vînt la plonger dans les ténèbres. Elle s'écroula lourdement sur le sol, tandis qu'au-dessus d'elle, Nunne et l'inconnu se faisaient face.


~~~~


Aliénor revint à elle progressivement, se réappropriant son corps trop longtemps abandonné à son subconscient. C'était comme reprendre possession d'une maison après avoir été absent pendant des années. On passait d'une pièce à l'autre avec un chiffon, et on enlevait la poussière. On rallumait le feu dans la cheminée pour dispenser un peu de chaleur, on remettait les objets à leur place, et on remettait de la vie en ouvrant les volets, et en laissant les rayons du jour pénétrer à l'intérieur. De même, elle prit progressivement conscience du tambour de son cœur, lent et profond, qui battait la mesure. Puis elle entendit le souffle régulier de l'air entrant et sortant de ses poumons, avant de percevoir nettement une pulsation douloureuse dans sa tête. Sa main, récemment raccordée au reste de son organisme, se leva et vint se plaquer contre sa tête, effleurant du doigt le diadème que Corbeau avait accroché à vie autour de son crâne, "la plus belle des chaînes" selon lui. Elle glissa jusqu'à sa peau, et au premier contact, une onde de souffrance la traversa, la forçant à battre en retraite. De toute évidence, elle devait avoir un bleu immense, et celui qui lui avait fait ça n'y avait pas été avec le dos de la cuillère.

Elle ouvrit doucement les yeux, non sans lâcher un gémissement plaintif quand le soleil frappa son visage et le baigna d'une lumière vive et trop claire pour elle. Elle se laissa le temps de s'habituer à ce soudain changement de luminosité, avant d'oser jeter un œil autour d'elle. Elle était allongée sur ce qui semblait être un lit, au milieu de ce qui ressemblait à une cabane. Il n'y avait pas de verre à la fenêtre, et celle-ci était simplement barrée par des planches qui faisaient office de volets. En l'occurrence, elles avaient été retirées pour laisser entrer un peu de lumière. Aliénor essaya de bouger, mais elle se rendit rapidement compte qu'elle était attachée. Sa cheville était retenue par une chaîne dont l'autre extrémité était fixée au sol par un pieu solidement enfoncé. Encore un peu sonnée, elle préféra ne pas tenter de se redresser, et tendit l'oreille à la place. D'abord, il n'y eut rien, et puis elle entendit quelqu'un s'affairer au dehors. Deux personnes en fait. Les voix allaient et venaient autour de la cabane, et de toute évidence les deux se disputaient. Elle ne perçut que des bribes : "...pas nécessaire d'en faire autant !", "...possible de la raisonner...", "...elle est notre meilleure chance...". Ces propos incohérents trouvèrent un sens quand elle entendit les voix se rapprocher, la serrure se déverrouiller, et qu'elle vit les deux hommes pénétrer dans la pièce. Alors, sa surprise fut totale :

- Nunne ? Ha...Halmun !? Je... Oh, ma tête... Où suis-je ? Qu'est-ce qui se passe ? Expliquez-moi !

Elle s'était redressée pour leur faire face, mais sa montée de tension, et la crainte que l'on percevait dans sa voix, firent bourdonner sa tête, et elle retomba sur le dos, les yeux fermés, un rictus de douleur sur le visage. Les deux hommes se regardèrent, cherchant lequel allait prendre la parole :


~~~~


- Vous m'avez fait appeler, monsieur ?

L'homme qui venait de prendre la parole s'inclina respectueusement. Sa voix était déformée par l'acoustique des lieux, qui renvoyaient ses intonations en écho sur les murs, et qui donnaient l'impression de se trouver dans une cathédrale. Le moindre bruit semblait amplifié et répété mille fois. Le maître des lieux se leva de son fauteuil avec une grâce féline, et descendit les marches qui le séparaient de son interlocuteur. Curieusement, ses pas semblaient ne pas faire le moindre son, comme s'il avait marché sur un épais tapis de velours absorbant le choc de ses bottes sur le pavé. Grand, mince, la peau pâle et pour une fois la mine grave, Corbeau paraissait soucieux :

- En effet, j'ai besoin de toi. Tu connais Aliénor ?

L'homme hocha la tête avec raideur. Son visage s'était contracté perceptiblement, et il était évident qu'il ne la portait pas dans son cœur. Il répondit d'une voix froide :

- Naturellement. C'est cette femme qui refuse d'ouvrir les yeux...

- Exactement, lâcha Corbeau avec une certaine douceur. Elle aurait dû rentrer ce matin, et aucun de mes espions ne l'a vue sur le chemin. Elle semble avoir disparu.

L'homme fronça les sourcils, et soudainement explosa :

- Salope ! Catin ! Scélérate ! Je la trouverai, je lui ouvrirai le ventre, et je la pendrai par les entrailles, je...

Corbeau leva une main, et la litanie s'interrompit. L'homme, presque honteux, baissa la tête en implorant sans le dire le pardon de l'elfe. Mais celui-ci n'était nullement en colère, et son visage s'était même attendri devant les propos pourtant extrêmement violents qui avaient été prononcés à l'encontre d'une femme qu'il s'était acharnée à protéger de tout mal. Aliénor était sa chose, et d'ordinaire il n'était pas permis à quiconque de la menacer ou de projeter lui faire du mal. De toute évidence, quelque chose avait changé :

- Calme-toi, Zaël... Rends-toi à Bree, et cherche sa trace. Elle est peut-être en danger, donc inutile d'agir avec trop d'empressement. Mais si il t'apparaît sans le moindre doute qu'elle complote quelque chose... eh bien... tu sais quoi faire. Tu es mon bras, et j'ai confiance en ton jugement. Va.

Zaël se fendit d'un sourire carnassier, et il tourna les talons, faisant voler sa cape. Il souriait encore quand, quelques minutes plus tard, il partait au galop dans les plaines, cap sur la petite ville de Bree. Le vent qui lui fouettait le visage, le souffle puissant de la bête qui le portait, tout cela le grisait. Il n'en pouvait plus d'attendre, il était impatient comme un enfant à qui on promettait une belle surprise. Car, s'il découvrait quelque chose de suspect à propos de la jeune femme, il se délecterait de pouvoir la tuer et prendrait plaisir à la faire souffrir comme elle avait fait souffrir Corbeau. Il était son bras, et il se montrerait digne d'un tel titre.


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Learamn
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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyVen 22 Aoû 2014 - 14:12

Visiblement Aliénor avait été très blessée par les dures paroles de Nunne. Le jeune homme navai pas été tendre et il en avait conscience mais après avoir vainement  essayé de la raisonner en lui parlant  doucement et calmement il n'avait vu que cette solution pour essayer de lui faire entendre raison. Si le Suderon se doutait bien que ces paroles ne plairaient pas à la jeune femme sur le coup , il espérait qu'elles la feraient réfléchir plus tard mais le jeune homme ne s'était ps attendu à qu'elle lève la main sur lui. La surprise qui cloua Nunne au moment où il sentit la douleur de la gifle sur sa joue était bien supérieure à sa douleur , à peine eut-il le temps de réagir , e comprendre ce qu'il venait de se passer ou de dire quelque chose qu'une seconde gifle , beaucoup plus puissante claqua sur son visage , le jeune homme sentit le goût du sang dans sa bouche. Retrouvant ses réflexes guerriers il bloqua la troisième tentative de gifle en attrapant le poignet de la jeune femme. Laissant libre cours à sa colère elle traita Nunne de menteur et de vil personnage , prétendant qu’il la manipulait pour qu’il puisse vivre heureux et tranquille. Elle tentait visblement d’atteindre le visage de Nunne de ses poings , mais le jeune homme maintenait fermement les poignets d’Aliénor , l’empêchant de lui faire du mal.
Finalement au bout de quelques secondes il lâcha les mains de la jeune femme qui se calma aussitôt , inspirant de grandes bouffées d’air , Nunne l’observant en silence .

-Tu as tort Aliénor , peut être que si je te tue je survivrais mais je t’assure que je ne viverai pas en paix.

Après avoir prononcé une dernière parole exprimant ses regrets elle lui tourna les talons et partit , craignant sûrement d’être poignardé dans le dos mais le suderon ne bougea pas d’un pouce songeant à la vie qu’il allait avoir à présent , pour survivre il allait sans aucun doute devoir fuit avec sa femme , il se serait séparé d’elle en espérant la sauver ainsi mais celle-ci n’accepeterait sûrement jamais. Combien de temps allait-il pouvoir survivre ainsi en fugitif traqué par un être surpuissant et qui semblait omnipotent ? Il l’ignorait . Peut-être fallait-il qu’il agisse , qu’il retienne Aliénor , qu’il la prenne comme captive mais biarrement son corps ne semblait pas vouloir obéir à ce qui lui disait sa raison. Il ne pouvait se résoudre à refaire ce pourquoi il avait fui l’Ordre : faire du mal. Mais Nunne n’avait pas faire quoi que soit , en effet quelq’un d’autre s’était chargé de retenir Aliénor. Le suderon entendit un cri suivi d’un bruit sourd.



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Halmun avait quitté Echtebourg depuis six mois maintenant laissant la ville aux soins du consiel des Anciens , la ville n’étais à présent plus en danger et prospérait  nouveau epuis que le seigneur Palantir aidé des elfes de Gar Thulion avaient repris Fondcombe des mains de l’Ordre de la Courrone de Fer et de leur général Lammâth. Mais l’ancien passeur d’étoiles savait bien qu’un autre elfe millénaire était encore sur le ring : Corbeau.  Halmun connaissait bie  l’elfe pour avoir été son disciple pendant plus de quinze ans avant de fuir dégoûté par la cruauté de son mentor et de rallier les Passeurs d’Etoiles quelques années plus tard sous le pseudonyme de Belette à cause de sa manie de fouiller et de retourner bibliothèques et archives entières à la recherche d’informations. A présent que l’Ordre était tombé , Corbeau se retourvait “libre “ de tout supérieur pouvant lui dicter des ordres , exit l’Orchâl ,Lammâth ou même les chefs d’expédition trop sûrs d’eux comme le Bras de Fer , à présent l’elfe millénaire était en roue libre et qui sait ce qu’il préparait. Pour l’arrêter il fallait agir et vite , recueillir des informations , le localiser et apprendre de combien de fidèles disposait-il , après avoir fait un tour dans les archives de Minas Tirith et avoir repris contact avec d’autre Passeurs il s’était dirigé vers Annunimas où le Roi Aldarion avait organisé une purge des anciens agents de l’Ordre , si Halmun voulait recueillir des informations sur Corbeau auprès d’ex membre de l’OCF il allait devoir faire vite , c’est sur la route qu’il aperçut une silhouette familière , il s’empressa de rabattra son capuchon afin que celle-ci ne le reconnaisse pas , quelques mètres devant lui , se dirigeant vers le nord se trouvait Aliénor Valdoré d’Anfalas , s’il y en avait bien une qui pouvait lui révéler des choses c’était bien elle , de plus elle semblait seule. Mais que diable faisait-elle là , Halmun choisit donc de la suivre discrètement jusqu’à sa destination : Bree. Il comprit assez rapidement qu’elle était là pour localiser d’anciens membres de l’Ordre ayant été en contact avec Corbeau pour les réduire au silence. Ainsi l’elfe voulait disparaître pour pouvoir continuer à combiner et à planifier en secret. Corbeau n’était pas encore assez puissant pour pouvoir s emontrer aux yeux de tous et se plaisait donc à manipuler et à jouer dans l’ombre , Halmun reconnaissait bien là les stratagèmes de son ancien mentor. La jeune femme était tombé sur Nunne , un autre ex-agent de l’Ordre qui avait participé aux sacs des villages environants mais qui avait fini par déserter , la haine du jeune homme pour Corbeau éait sûrement très grande et sûrement le suderon pourrait être utile à Halmun. Le chef d’Echtebourg s’était provisoirement installé dans la cabane d’un ami qui se situait en dehors de la ville puis il s’était dirigé vers Bree où il allait devoir intercepter Aliénor. Il la trouva en train de parler avec Nunne dans les écuries d’une auberge , terré dans l’ombre Halmun attendit que la jeune femme se décide à partir pour lui faire. Encpuchonné et vêtu d’une longue cape de voyage , Aliénor ne reconnut pas le sage humain sur le coup et ne put pousser qu’un petit cri strident avant que le vieil homme ne l’assome avec la garde de son épée. A ce moment Nunne accourut

-Qui êtes vous ? Qu’est ce que vous lui avez fait ? fit-il d’une voix à mi-chemin entre le soulagement et la panique.

Le sage d’Echtebourg descendit son capuchon et fixa le suderon de ses yeux bleus électriques.

-Vous savez qui je suis Nunne .

Décidément le jeune homme n’était pas au bou de ses surprises , après être tombé sur Aliénor la veille il avait devant lui Halmun , l’intriguant  et pacifique chef du village d’Echtebourg.
S’il était toujours aussi intriguant il semblait d’un coup beaucoup moins pacifique avec sa longue épée nue dans sa main et son expression dure et sévère sur son visage.

-Si j’avais essayé de la retenir par des paroles elle ne m’aurait pas écouté , j’ai donc agi en conséquence . De toute évidence elle n’est plus là-même que celle que vous avez connu il y a six mois. Elle est encore plus tourmentée , plus hantée par ses souvenirs et plus dévouée à son cruel maître.
-Dévouée à Corbeau? Elle le déteste plus que tout comment pouvez vous dire ça?
- Elle le déteste et c’est bien pour cela qu’elle ne le trahira jamais . Elle est si devouée que je pense bien qu’il sera compliqué de la fare parler.


Nunne semblait  incompréhensif

-La...la faire parler? Mais pourquoi?

-Elle seule peut nous renseigner  sur l’endroit où se trouve Corbeau et sur les forces dont ils disposent.

-Vous voulez vous attaquer à Corbeau? Mais c’est insensé.

-S’attaquer à l’Ordre dans son propre bastion était aussi insensé pourtant des gens l’on fait. A chaque minute qui passe  l’influence et le pouvoir de ce maudit elfe s’étend , il faut agir vite .
Suivez moi à mon logis et je tâcherais de vous éclairer.


Intrigué mais aussi un peu inquiet Nunne s’empressa d’alla chercher sonc heval aux écuries de la ville , Halmun l’attendait déjà aux portes de la ville , Aliénor inconsciente tsur la selle devant lui.
La chevauchée fut courte , cinq minutes tout au plus. Ils atteingirent une modeste cabane où vivait un vieil ermite coupé de la civilisation depuis des années , visiblement Halmun le conaissait puisqu’il avait investi l’endroit.

-Veuillez excusez notre hôte , il ne vient ici que pour dormir , il passe ses journées auprès de ses amis sans soucis aucuns ; les fleurs , les écurueils et les champignons  
, fit Halmun en rentrant dans la maison avant d’attacher Aliénor au pied du lit avec une chaîne.

-La chaîne est-elle vraiment nécessaire ?

-Oui elle l’est , la jeune femme n’hésiterait pas à courir rejoindre son maître si elle en a l’occasion.


A ce moment Nunne , visiblement contrarié par les méthodes d’Halmun s’emporta

-Où est passé l’homme sage et pacifique qui gouvernait Halmun? Et comment savez ce qu’elel va faire ou non ? Comment?

-Jeune homme! L’homme que vous avez vu à Echtebourg était un homme qui tentait de sauver les habitants de son village et celui que vous avez en face de vous est l’homme qui essaie de sauver l’ensemble de la population des Terres du Milieu d’un mal impensable. L’echelle n’est pas la même , quand ons acrifie du blé pour sauver un village , il faut sacrifier plus pour sauver un continent. Et sachez que je connaîs que trop bien les méthodes qu’exercent Corbeau sur ses serviteurs , je ne l’ai côtoyé que trop longtemps.


-Vous le connaissiez? fit un Nunne passant d’une émotion à l’autre en quelque secondes

-Il a été mon mentor pendant plus de quinze ans.

Il y eut un moment de silence que brisa Nunen d’une voix inquiète

-Vous n’allez pas la torturer quand même?

-Je ferais ce que j’ai à faire.

-On pourrait essayer de la raisonner , pas la peine d’en faire autant. Il ne faut pa sla brusquer elle est notre meilleure chance.

-En effet elle est notre meilleure chance et je ferais tout pour en tirer le meilleur ; notre invitée doit déjà s’être réveillée, rentrons à l’intérieur.


Les deux hommes poussèrent la bancale porte de bois et firent face à une Aliénor enchaînée  qui reprenait lentement ses esprits sur son lit de paille.
Après une regad jeté à Nunne  ce fut Halmun qui parla le premier

-Je suppose que vous me reconnaissez  Aliénor Valdoré d’Anfalas et je susppose aussi que vous saez pourquoi je suis face à vous aujourd’hui alors je ne vous poserai la question qu’une seule fois pour gagner du temps. Etes- vous prêtes à coopérer?

Halmun fixa la jeune femme de son regard électrique , il avait beaucoup appris de Corbeau et si Aliénor refusait de parler à cause de la crainte que lui inspirait Corbeau Halmun tait bien décidé à se faire craindre plus que Corbeau aux yeux de le jeune fille.

#Aliénor #Zaël #Halmun


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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyDim 24 Aoû 2014 - 16:35
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Halmun...

Aliénor s'était souvenue du nom du vieillard comme s'il sortait tout droit d'un vieux rêve, et elle l'avait lancé sans vraiment réaliser. Elle n'aurait pas pu le reconnaître sans ses yeux si particuliers, d'un bleu intense, tant il avait changé physiquement. Il n'était, en effet, plus le chef de village digne et fier s'opposant à l'arrivée de l'Ordre, et cherchant par tous les moyens à préserver la vie de ceux qui l'entouraient. Sa barbe avait poussé, et n'avait pas été entretenue depuis un bon moment. Son dos jadis droit s'était un peu voûté à cause de la marche, et il paraissait amaigri. Il présentait tous les signes d'un homme vivant sur les routes, marchant beaucoup, mangeant peu, dormant encore moins. Il n'était plus un noble représentant de la paix, il était davantage semblable à un rôdeur, à un chasseur, à un traqueur. Et, à en juger par la chaîne qu'elle avait autour de la cheville, pince de métal refermée sur sa peau délicate, elle était sa proie. Totalement à la merci des deux hommes, sa première réaction fut de pure terreur, et elle chercha à se placer aussi loin d'eux qu'il était possible. Mais entravée et prisonnière d'un espace exigu, elle ne gagna qu'un bon mètre, que les deux individus comblèrent d'un pas.

La jeune femme, de toute évidence, était terrorisée. Elle savait avoir blessée Nunne, et elle l'avait menacé de le dénoncer à Corbeau... non, elle avait promis de le faire. Elle avait décidé sciemment de mettre en danger ce qu'il avait de plus cher au monde, simplement parce qu'elle n'arrivait pas à accepter qu'il eût pu choisir quelqu'un d'autre qu'elle. En vérité, elle attendait deux réactions de sa part. Elle espérait sincèrement qu'il allait la tuer, lui planter un couteau dans les omoplates, et enfin la débarrasser de cette vie de servitude infâme dans laquelle elle était plongée depuis trop longtemps. Elle espérait qu'il aurait le courage de trancher le lien qui l'unissait à Corbeau, du fil de son épée, et qu'il parviendrait ainsi à la libérer véritablement, car il n'existait pour elle aucune autre façon d'échapper aux serres acérés de l'elfe. D'un autre côté, s'il n'avait pas le cran de la tuer, alors elle lui tournait définitivement le dos, et elle le laisserait assumer son manque de courage face à son maître. Dans sa logique pervertie par l'influence néfaste de Corbeau, elle trouvait que les choses étaient quelque part équitables. Une vie pour une vie. C'était un marché honnête, d'autant qu'elle n'avait pas à faire le choix.

Alors, se réveiller là, au beau milieu de nulle part, face à deux individus qu'elle croyait connaître, mais qu'elle redécouvrait sous un jour nouveau, c'était particulièrement perturbant. Nunne, qui avait prétendu avoir arrêté de se battre, et qui tenait de beaux discours sur l'amour et la paix, était là, devant elle, à la regarder se débattre contre la chaîne qui ne voulait pas rompre. Il était complice de son enlèvement, et de ce qui allait suivre immanquablement. Car si elle ne lisait pas une détermination froide et une volonté inflexible dans ses yeux, ce n'était pas le cas chez son voisin, qui paraissait avoir organisé tout cela. Halmun, le gentil chef de village, s'était transformé en homme cruel et impitoyable. Il la toisait de toute sa hauteur, et l'épée qu'il portait au côté marquait bien son changement d'attitude vis-à-vis de la paix et de la vie d'autrui. Désormais, il paraissait prêt à tout.

- Je vous en prie, laissez-moi partir ! Supplia Aliénor.

En cet instant, elle n'avait plus rien de la jeune femme vindicative et agressive qui s'en était prise à Nunne. Elle ressemblait à ce qu'elle aurait dû être : une noble désemparée et éperdue, implorant le pardon de geôliers trop mesquins pour daigner écouter ses suppliques. Dans sa voix, on entendait des accents de désespoir qu'il était difficile de bien cerner. Etait-elle réellement effrayée par le sort qu'on lui promettait, ou bien craignait-elle la punition de Corbeau si elle ne rentrait pas à temps ? De toute évidence, Halmun avait déjà sa petite idée en tête. Elle se détourna de lui, et regarda Nunne avec espoir :

- Je t'en supplie, Nunne... Je t'en supplie... Ne le laisse pas me faire du mal.

Elle savait très bien ce qu'il allait advenir d'elle. Elle connaissait trop bien Corbeau, et elle savait qu'il n'y avait qu'une raison de garder quelqu'un en vie : lui infliger d'innommables souffrances. Halmun, qui de toute évidence avait été à bonne école, lui parla d'une voix froide, déterminé à ne pas lui laisser entrevoir la moindre faille dans son attitude inflexible. Il rompait totalement avec le souvenir qu'elle avait de lui, et désormais qu'il se tenait face à elle, elle avait l'impression de voir un des protégés de Corbeau, une de ses marionnettes qui infligeait de la souffrance en jouissant de voir les autres se tordre de douleur. Il souriait presque, tant il était satisfait du pouvoir qu'il détenait et qu'il exerçait. Les tortionnaires, malheureusement, avaient tendance à croire qu'ils étaient divins, et qu'ils avaient le droit de vie ou de mort sur les âmes qu'on leur amenait. Combien de malheureux Halmun avait-il tué avant d'arriver ici ? Il pouvait nier avoir succombé aux attraits de la violence gratuite, mais Aliénor voyait cette étincelle dans son regard. Le feu ne brûlait pas encore, mais c'était pour bientôt. Et alors, il aurait perdu le peu d'humanité qu'il lui restait, pour devenir comme ceux qu'il combattait.

- Halmun... Lâcha-t-elle pour gagner du temps. Vous êtes un homme bien, et vous devez vous en souvenir. Halmun écoutez-moi, je vous en prie.

Mais il ne paraissait pas l'entendre, et il se contenta de se déplacer sur la droite, pour sortir un petit coffret de bois. L'ensemble était terne, nu, sans la moindre décoration, et il chassa la poussière qui se trouvait dessus d'un revers de la main. Aliénor haussa le ton :

- Halmun ! Vous n'avez aucune chance d'abattre Corbeau ! Je vous en prie, fuyez pendant que vous le pouvez encore. Cachez-vous, allez au bout du monde, et vivez vos derniers jours heureux. Pourquoi vous obstinez-vous à vouloir l'affronter ? Pourquoi est-ce que vous voulez tant mourir ?

L'homme ne répondait toujours pas. Il déverrouilla le coffret, et l'ouvrit pour lui-même, observant son contenu avec un intérêt méticuleux. Il plongea la main à l'intérieur, et en sortit un chiffon qu'il déposa sur une table. Puis, avec une lenteur calculée, il sortit des instruments dont la seule vue faisait froid dans le dos. Des lames, des pinces, des aiguilles, des clous, de toutes les formes et de toutes les tailles, conçus pour infliger un maximum de douleur tout en gardant le sujet en vie. Le sujet. A ce stade, on ne parlait même plus d'être humain, tant ce qui sortait de ces séances était proche du néant. Une non-créature, une boule de chair sanguinolente, incapable de rien faire d'autre que de trembler et d'attendre la mort. Aliénor déglutit. Même Corbeau n'utilisait pas de tels instruments avec elle. Même lui savait qu'il n'obtiendrait pas sa soumission de la sorte. Mais Halmun ne souhaitait pas la soumettre. Il voulait la faire parler...

- Halmun... Reprit-elle, des larmes de terreur coulant sur ses joues. Halmun, je vous en supplie, vous ne pouvez pas faire ça. Halmun ! Vous voulez affronter Corbeau ? Vous voulez vraiment le tuer, ou est-ce que vous souhaitez prendre sa place ? Si vous faites ça, vous deviendrez pire que lui ! Pire ! Vous êtes un monstre ! Pitié, non...

L'ancien chef d'Echtebourg avait sélectionné une série de pinces et de chaînes destinées à la maintenir "réceptive", comme disait Corbeau. Elle essaya de fuir, mais elle s'écroula de tout son long, retenue par la chaîne à sa cheville. Halmun la saisit par le bras, et l'attacha fermement sur le lit. Il était beaucoup plus fort qu'il le laissait paraître, et en quelques secondes, Aliénor se retrouva ferrée, attachée par les quatre membres, les bras en croix. La tension était si forte qu'elle ne pouvait presque pas plier les bras ou les jambes, et se débattre ne faisait qu'accentuer la douleur. Elle rua comme une diablesse, criant pour appeler à l'aide, mais il n'y avait rien à faire : elle était piégée, et personne ne viendrait l'aider.

- Nunne ! Nunne, à l'aide !

Ce furent ses derniers mots avant que Halmun ne plaquât une bande de tissu sur son visage, la privant de la vue, et recouvrant intégralement son nez et sa bouche. Il s'empara d'une cruche d'eau, et la vida lentement sur la jeune femme. Elle se débattit furieusement, spectacle horrifiant et révoltant qui n'avait qu'un seul objectif : découvrir où se trouvait Corbeau. Etait-il vraiment si terrifiant qu'il était nécessaire d'en arriver à de telles extrémités ?


~~~~


Midi était passé depuis près de deux quand, aussi soudainement que la nuit tombe durant les froides soirées d'hiver, un cavalier arriva à toute allure dans la petite cité de Bree. Il mit sa monture exténuée à l'arrêt, et en descendit sans grâce aucune, pestant d'avoir sali ses bottes à cause de la boue qui s'était substituée à la terre là où il avait atterri. De toute évidence, sa journée commençait mal, et il n'avait pas véritablement envie de faire la conversation. Pourtant, un homme d'apparence sympathique s'approcha de lui, avec l'intention évidente de faire la conversation. Il avait le visage rieur, et s'il avait été un peu plus petit, on aurait facilement pu le confondre avec un Hobbit. Le cavalier lui accorda à peine un regard, mais l'homme le salua chaleureusement :

- Salut l'ami ! Bienv'nue à Bree, pardi ! C't'une belle journée pour ch'vaucher, mais vot' monture là, l'a l'air ben crevée. Et vous donc. Devriez aller au Poney Fringant, la meilleure place d'la ville pour se siffler une bière bien fraîche.

Le cavalier, insensible à ce discours, était en train de secouer ses bottes pour les décrasser. En vain. Il essayait de garer son calme, mais il était agacé par ce babillage intempestif et intrusif. S'il avait eu sa liberté de mouvement, il aurait probablement laissé libre cours à sa colère sourde, et aurait fracassé le crâne du malheureux contre une poutre, pour lui faire apprendre les vertus du silence. Hélas, il ne le pouvait pas. Se décidant à intervenir pour couper le bavardage du mécréant, il lança :

- A Melkor la bière et les poneys ! N'avez-vous pas vu une femme, grande comme ça, avec un diadème sur la tête ? Faites un effort pour vous souvenir...

- Euh... Maint'nant qu'vous l'dites, j'crois bien qu'elle est v'nue ici y a que'qu'jours, ouais. Un joli brin de fille, avec du caractère hein ! C'est vot' dame ?

Le cavalier cracha sur le sol, avec un emportement si soudain et si violent que l'habitant du village recula d'un pas, un peu surpris. Ce n'étaient pas vraiment les manières des gens du coin, et cet inconnu commençait à l'effrayer. Il s'énerva d'ailleurs :

- Jamais ! Cette pétasse et moi ? Vous m'avez bien regardé ? Mais il y a plus urgent. Est-ce que vous savez où je peux la trouver.

- Ah dam' non... Mais.... mais j'sais qu'elle était en ville hier soir. Elle s'est un peu disputée avec un ivrogne du coin, rien d'grave. J'sais pas où elle a pu aller après ça. Je... Promis, j'sais rien de plus...

Le nouvel arrivant fronça les sourcils, et s'éloigna à grands pas, sans prendre la peine de remercier l'habitant qui venait de l'accueillir et de lui fournir de précieux renseignements. Il n'avait pas de temps à perdre avec des êtres inférieurs, encore moins quand ceux-ci ne lui étaient d'aucune utilité immédiate. S'il avait pu la conduire jusqu'à Aliénor, il aurait pu se montrer légèrement plus courtois, en ne le bousculant pas pour l'écarter de son passage, mais puisqu'il n'en savait rien... Sa cape flottant derrière lui, il prit la direction de la caserne, où il entendait bien commencer son enquête, et obtenir des résultats dans les plus brefs délais. Si elle avait de l'avance sur lui, il devait la combler sans délai.


~~~~


Aliénor était en train de se noyer.

Les yeux fermés, incapable de se débattre, elle sut qu'elle allait mourir cette fois. Ses poumons brûlaient, et elle n'était plus en mesure de respirer autre chose que de l'eau. Elle tenta d'inspirer, mais le liquide envahit ses narines, sa bouche, et elle suffoqua une fois de plus. Cette fois, c'était la bonne, elle allait y passer. La douleur dans sa poitrine était terrible, et elle avait l'impression que l'absence d'air la rongeait de l'intérieur. Elle n'aurait pas eu plus mal si on avait enfoncé une lame en acier entre ses côtes. Et puis soudainement, aux portes de la mort, elle fut de nouveau sauvée par son tortionnaire qui, implacable, la torturait ainsi depuis ce qui semblait être des heures. L'eau cessa de couler, le tissu fut ôté de son visage, et une main ferme saisit ses cheveux pour la redresser.

Toussant, crachant, elle revint peu à peu à la vie. Le stridor que tous pouvaient entendre à chacune de ses respirations était loin d'être feint, et elle aspirait chaque goulée d'air avec avidité, avec le besoin pressant de soulager son organisme meurtri. Elle était au bord de l'évanouissement, la tête lui tournait, et elle ne sentait presque plus ses extrémités. Ses mains et ses pieds lui paraissaient une terre étrangère sur laquelle son cerveau n'avait aucune influence. C'était comme si le système central abandonnait peu à peu les zones périphériques, pour se concentrer sur l'essentiel. Elle se débarrassait peu à peu de son propre corps, pour assurer la survie de l'ensemble, renonçait aux fonctions secondaires pour sauvegarder celles qui la maintenaient en vie. Ainsi, elle ne sentait presque pas qu'on lui tirait les cheveux, et ses oreilles ne comprenaient pas le sens des cris qu'on lui poussait dans les oreilles, et qui devaient être de nouvelles questions. Elle était entièrement focalisée sur respirer.

Inspirer.

Expirer.

Voilà à quoi se résumait son univers pour l'instant. Le reste n'était que de l'agrément, ou du désagrément en l'occurrence. Les voix lui vrillaient les tympans, l'eau glacée la torturait aussi sûrement que si on lui avait versé de l'acide sur la peau. Elle tremblait de son être, sans savoir si c'était de froid, de peur ou de douleur. Peut-être un savant mélange des trois, destiné à la faire craquer mentalement. Mais inexplicablement, elle ne craquait pas. Elle savait ce qu'ils voulaient entendre, elle savait qu'ils souhaitaient des informations sur Corbeau, mais elle était incapable de parler. Incapable de leur dire ce qu'ils souhaitaient entendre de sa bouche. Curieusement, malgré son état d'épuisement, son cerveau lui fournit une pensée parfaitement lucide sur sa situation, et deux raisons pour ne pas céder : premièrement, elle était convaincue qu'ils ne s'arrêteraient pas là. Si elle commençait à leur révéler les secrets de Corbeau, ils iraient plus loin, ils la tortureraient davantage, pour obtenir d'elle jusqu'à la moindre parcelle d'information, avant de finalement la tuer. Elle savait quel sort l'attendait, et elle préférait rester en vie, quitte à souffrir, plutôt que de fermer le rideau.

Par ailleurs, s'ils avaient la bonté ou la stupidité de la laisser en vie, alors que ferait-elle ? En révélant les secrets de Corbeau, elle s'attirerait ses foudres sans nul doute. Il la traquerait personnellement, il la retrouverait où qu'elle se cachât, et il la tuerait avec une sauvagerie intense. Il prendrait son temps, et il la ferait souffrir le martyr pour qu'elle comprît à quel point sa trahison était grave, avant de la démembrer et de la laisser se vider de son sang. Peut-être qu'il allait la donner à manger à des chiens, plutôt, pour s'assurer qu'elle sentirait leurs crocs se planter dans sa chair. Ou peut-être qu'il chargerait certains de ses suivants de la tailler en pièces, pour faire d'elle un exemple. Dans tous les cas, il trouverait quelque chose d'inventif et de prodigieusement douloureux. Une mort qu'elle regretterait de ne pas voir venir plus tôt.

Alors parler ? A quoi bon ? A quoi bon quand tout son univers risquait de s'écrouler. Elle ne leur accordait pas une chance contre Corbeau, et la meilleure chose à faire pour eux aurait été de fuir avant qu'il ne se rendît compte qu'elle manquait à l'appel. Il exerçait un contrôle constant sur elle, depuis les derniers événements, et même si elle travaillait en solo, il savait où elle se trouvait. Au moindre écart, il n'hésiterait pas à signer son arrêt de mort, et à envoyer ses hommes l'éliminer. Il lui avait dit qu'il ne pardonnerait plus la moindre désobéissance, et elle avait lu dans son regard que cette fois, il était sérieux. Elle avait été trop loin, et il exterminerait sa famille, massacrerait ses proches, pour la punir de s'être liguée contre lui. Retrouvant presque par enchantement l'usage de la parole, elle gémit :

- Pitié... Arrêtez ça...

Pathétique et futile, car les deux hommes qui la dominaient l'avaient noyée des dizaines de fois, pour obtenir d'elle des réponses. Quelles raisons avaient-ils de cesser maintenant, à part peut-être une certaine lassitude de cette méthode qui ne donnait aucun résultat - mais qui avait l'avantage de ne pas être salissante. Et pourtant, son appel ne demeura pas vain. Elle entendit des voix parler, peut-être un début de dispute. Elle capta nettement la voix de Halmun, qui lança :

- Pourquoi m'as-tu arrêté ?

Elle n'en comprit pas davantage, focalisée sur une seule chose. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Chaque seconde gagnée était une seconde de vie, aussi précieuse que tout l'or du monde.


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Learamn
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Learamn

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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyMer 27 Aoû 2014 - 15:28

L'homme sage et pacifique qu'avaient autrefois rencontré Nunne avait bel et bien disparu laissant place à un cruel bourreau prêt à tout pour soutirer des informations à une Aliénor terrorisée. En six mois , aux yeux du suderon , Halmun avait bien  changé.
Le vieillard avait commencé par sortir un petit coffret en bois tout en faisant la sourde oreille aux supplication de la jeune femme , avec des gestes lents et méticuleux il fouilla à l'intérieur de ce caisson , piqué par la curiosité le suderon fit deux pas afin de pouvoir observer ce qu'il y avait à l'intérieur. La découverte qu'il fit lui glaça le sang. A l'intérieur du caisson se trouvait toutes sortes d'objets métalliques , tous destinés à torturer .

Leur teinte métallique mêlé à la rouille donnait un aspect inquiétant à ces objets aux pointes acérés. Intérieurement Nunne espérait que ces ustensiles n'étaient là que pour intimider Aliénor et la faire parler par la peur , en aucun cas pour s'en servir. Le jeune homme essayait de déchiffrer les émotions d'Halmun mais aucune n'était lisible sur son visage impassible , il ne fallait pas oublier que pendant quinze ans Halmun avait suivi les enseignements de Corbeau , il avait du retenir certaines choses de son ancien mentor.  

Alors que le vieillard , faisant preuve d'une force étonnante pour son âge apparent se saisit des bras d'Aliénor pour les attacher à l'aides de chaînes l'appel à l'aide de la jeune femme retentit.

-Nunne ! Nunne, à l'aide !

Le suderon , à l'écoute de cette voix et l'espace d'un court instant , fut pris par l'envie de sauter sur Halmun , l'assomer et libérer Aliénor pour la laisser prendre son envol ; mais le jeune homme s'arrêta bien vite dans son élan. Il devait être réaliste et s'il voulait préserver Amiel et sa propre vie des griffes de Corbeau libérer Aliénor et agresser Halmun  était bien la dernière chose à faire. Il observa donc en silence ignorant les appels que lui lançaient son coeur.

Le tortionnaire s'était saisi d'une cruche d'eau et déversait à présent son contenu sur une Aliénor qui avait toutes les peines du monde pour respirer,Nunne serra les dents devant l'image de la jeune femme cherchant désespérément de l'air. Il avait l'impression d'avoir fait un bond précis six mois en arrière , la nuit où il avait rencontré Corbeau pour la première fois celui-ci avait torturé sa propre servant sous les yeux ébahis et horrifés d'un Nunne impuissant et d'un Ald'ar visiblement surpris par ce spectacle.

Ce "petit jeu" semblait durer une éternité à chaque fois qu'Aliénor était sur le point de perdre connaissance faute de pouvoir respirer Halmun arrêtait de lui verser de l'eau pour qu'elle puisse reprendre sa respiration puis reversait à nouveau de l'eau inlassablement et ainsi de suite. Il la torturait lui faisait tout le mal du monde mais ne cherchait pas à lui infliger des séquelles irrémédiables , oh non elle était trop précieuse. Il la maintenait en vie ; on pouvait bien là reconnaître les fruits de l'enseignement de Corbeau  .
Alors qu'il couvrait pour une énième d'eau une Aliénor qui souffrait incroyablement, Nunne ne put se contenir et saisit le bras du vieillard qui tenait la cruche et l'éloigne de la jeune femme au bord de l'inconscience.

Surpris et un peu furieux le chef d'Echtebourg fit volte-face mais parla toujours d'une voix calme et posé , s'il était en colère il ne le laissait pas paraître

-Pourquoi m'as-tu arrêté ?

-Vous alliez la tuer ! fit un Nunne complètement dépassé.

-Je savais ce que je faisais ; elle n'allait pas mourir et tu le sais pertinemment Nunne.répondit un Halmun toujours aussi impassible

La..la torture que vous lui faites subir j'ai vu quelqu'un d'autre la lui faire. Cette personne c'était Corbeau. Vous êtes comme lui alors à quoi bon le combattre? Pour prendre sa place?

Cette fois c'en était trop pour Halmun , celui-ci fusilla Nunne de son regard si particulir et parla d'une voix grave et puissante

Non jeune homme , je ne suis pas comme lui ; je fais comme lui  . Car oui tout n'était pas à jeter dans ces enseignements loin de là , sinon je n'aurais pas mis quinze ans avant de partir . Les méthodes qu'il utilise sont bien souvent les plus efficace et les mieux adaptés la différence qui nous sépare ce sont les fins , le pourquoi nous utilisons ces méthodes. On peut faire mal pour faire du mal mais on peut passer par le mal pour faire le bien.

-Mais elle est innocente ... fit l'ex agent de l'Ordre .

-Dois-je te rappeler qu'au moment où je l'ai intercepté elle courait chez son maître pour lui donner votre position afin que celui-ci puisse te tuer toi et tes proches.

Les pensées de Nunne se tournèrent vers Amiel , la femme avec qui il faisait à présent sa vie et avec qui il se fiancerait bientôt . Elle le pensait sûrement en train de commencer l'apprentissage de son nouveau métier , elle était en tout cas loin d'imaginer qu'elle et Nunne courrait un grand danger.

-Elle est désespérée ...


-Je ne dis pas le contraire mais je ne suis pas un médecin sauvant des âmes en détresse , je suis ici pour sauver les vies de milliers d'autres innocents qui vivent en paix. Une âme contre un millier de vies le choix est vite réalisé.

-Il doit y avoir un autre moyen que ça... tenta Nunne une dernière fois.

Halmun visiblement exaspéré finit par lâcher

-Je vais chercher du bois pour faire un feu , la journée s'annonce fraîche . Pendant ce temps parle lui si tel est ton désir mais n'aie pas trop d'espoir. Si tu échoues , tu ne discuteras plus mes méhodes.

Le vieillard ouvrit la porte et la claque derrière lui laissant Nunne seul avec une Aliénor à moitié consciente. Le jeune homme l'observa silencieusement , trempée jusqu'aux os elle tremblait énormément . Tremblait elle de froid ou de peur? Sûrement les deux songea le suderon . La seule chose qui était resté intact sur elle était son intriguant diadème qui brillait de mille lumières.
Le jeune homme s'empressa d'aller chercher une couverture qui s'apprentait plus à un grosse fourure et l’enroula autour d'Aliénor. Il attendit agenouillée auprès d'elle une bonne dizaine de minutes avant qu'elle ne reprenne ses esprits. A ce moment -là il lui tendit un verre d'eau chaude mêlé à des feuilles de menthe.

-Bois ça te fera du bien .

Il attendit qu'elle prenne le verre avant de continuer

-Aliénor te souviens-tu ce que tu m'avais dit avant de vouloir me laisser et de rejoindre Corbeau tout à l'heure , "je suis désolé" . Et je crois sincèrement que tu l'était mais tu ne voulais plus souffrir pour les autres et cela je le comprends , je comprends pourquoi tu as choisi de faire ça. Alors j'éspère que tu comprendras ce que je fais moi aussi , que j'essaie de préserver moi aussi les choses auxquelles je tiens , la vie de compagne et la mienne en premier lieu. Nous ne sommes plus dans le même camp à présent , et jamais nous le serons , tout nous sépare . On nous a pas laissé le luxe de choisir de partir ensemble en paix quand nous avons pu le faire , à présent on nous oblige à nous affronter et nous n'avons aps d'autres portes de sortie. Pour ce que tu as enduré et pour ce que tu vas encore endurer je dois te dire que...

Nunne marqua une pause , il avait lâché plusieurs larmes  qui coulaient le long de son visage , il posa sa main sur la joue de la jeune femme avant de reprendre avec une voix brisée par l'émotion.

-Je suis désolé...Aliénor , je suis désolé.


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Ryad Assad
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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptySam 30 Aoû 2014 - 13:36
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A demi-consciente, encore traumatisée par l'odieux traitement qui lui avait été infligé des mains d'Halmun, et avec la complicité passive de Nunne, Aliénor ne parvint pas à comprendre plus de quelques mots de la conversation qu'entretenaient ses deux tortionnaires. Elle entendait distinctement leurs voix, mais ils auraient pu parler une langue étrangère qu'elle n'aurait pas saisi davantage le sens de leurs paroles. Dans son brouillard d'émotions, qui lui obscurcissait la vue et le jugement, elle ne savait que penser de tout cela. Elle avait l'impression désagréable d'avoir été capturée par un Corbeau bis, qui se serait amusé à la maltraiter pour le plaisir, à ceci près qu'elle ne pouvait pas se rattacher à l'idée que c'était son bourreau le monstre. En effet, Halmun avait réussi à la convaincre que c'était elle la méchante, l'ennemie de l'histoire. C'était elle qui devait céder, et non lui. Et cela la rongeait au plus profond de son âme, car elle n'arrivait pas à se résoudre à trahir Corbeau.

Pourquoi ? Elle n'avait pas d'explication certaine. Peut-être parce qu'elle craignait encore le courroux de son maître, et bien qu'il ne fût pas présent dans la pièce, elle savait qu'il serait au courant de la moindre fuite d'information, et il se vengerait de son manque de loyauté. Peut-être parce qu'elle savait également que Halmun allait se débarrasser d'elle une fois qu'il aurait obtenu ce qu'il voulait, qu'il allait l'enterrer dans un trou pour la punir d'avoir résisté si longtemps. Elle n'était pas une enfant perdue à qui on enlève une mauvaise habitude pour la récompenser ensuite d'avoir changé. Elle était une ennemie à qui on arrachait sans pitié de sombres secrets, mais dont la nature ne changerait plus. Plus jamais. Peut-être enfin parce qu'elle se raccrochait à l'espoir que quelque chose allait se passer, qu'on viendrait la sauver.

Elle comprenait progressivement que Nunne, cette fois, ne serait pas son preux chevalier bien décidé à la tirer des griffes de la douleur et de la mort. Il était là, attentif bien qu'inactif, et il se contentait de la regarder alors qu'elle souffrait le martyr. Il n'osait pas mettre la main à l'ouvrage, mais il ne faisait rien pour la sauver. En cela, elle le trouvait encore plus coupable, car il se servait de Halmun pour obtenir ce qu'il voulait au fond : sauver sa compagne. Il n'avait pas le cran de faire lui-même ce pour quoi il était là, et c'était un comportement indigne du guerrier qu'il avait été dans le passé. Il s'était ramolli, il avait perdu la fougue et la bravoure qui le caractérisaient autrefois, pour devenir un homme du peuple, un homme simple, terrifié par la violence et par les conséquences de celle-ci. Il voulait être un homme sans problèmes, et il l'était devenu dans tous les sens du terme. Il ne se battrait plus jamais, Aliénor en était convaincue.

Elle en était là de ses réflexions quand elle perçut une ombre au-dessus de sa tête. Par réflexe, elle ferma les yeux et détourna le menton pour se cacher, tenter vainement de se protéger d'une nouvelle séance de torture impitoyable. Bien entendu, cela n'aurait aucune incidence sur ce qui allait lui arriver, mais cela lui donnait l'illusion de ne pas être une victime totalement consentante. Elle sentit brutalement quelque chose de lourd et de chaud lui tomber dessus, et elle lâcha un petit cri par réflexe, craignant d'être tout simplement étouffée par Halmun. Mais il n'en était rien, et elle ouvrit les yeux petit à petit, pour observer avec une certaine stupéfaction Nunne qui l'enroulait dans une épaisse couverture. Essayait-il de se donner bonne conscience ? Essayait-il de se faire pardonner sa lâcheté en l'aidant à se remettre, pour mieux endurer la séance suivante ? Elle ne savait pas où il voulait en venir, et elle qui avait réussi à lire en lui par le passé était désormais bien incapable de percer cette carapace qu'il avait érigée autour de son cœur. Il n'était plus l'être sincère qu'il avait été par le passé, et il jouait désormais avec un masque qui dissimulait ses véritables pensées. Elle le détestait pour cela.

Toutefois, c'était un véritable réconfort que de retrouver un peu de chaleur, et bien qu'elle eût préféré ne pas ressentir cela, Aliénor éprouva un immense soulagement. Elle savait que ce n'était pas définitif, et qu'elle aurait bientôt à regretter les attentions du suderon, mais pour l'heure c'était exactement ce dont elle avait besoin pour se remettre. Elle sentit ses doigts qui lui parurent brûlant dénouer les liens qui entravaient ses poignets et qui l'empêchaient de se débattre. Ce n'était pas pour la libérer, naturellement, mais simplement pour lui permettre de trouver une position confortable, et de boire tranquillement sa boisson chaude, destinée à la remettre d'aplomb. Elle aurait voulu refuser, elle aurait dû refuser, mais l'odeur de menthe qui se dégageait du breuvage était si attirante qu'elle se prit à sourire distraitement. Elle était au bord de la folie, incapable de discerner le bien du mal, le vrai du faux.

Elle attrapa le verre qui lui réchauffa instantanément la paume des mains, et se redressa tant bien que mal, avec l'aide du suderon, pour boire une petite gorgée. Elle sentit le liquide presque bouillant lui brûler la langue et la gorge, mais au moins elle se sentait vivante, et c'était une souffrance qu'elle choisissait et qu'elle appréciait. Les arômes de menthe se déversèrent sur ses papilles, et elle eût l'impression de ne jamais avoir rien bu d'aussi bon de toute son existence. C'était toujours l'effet que lui faisaient les repas après la torture, mais bien qu'elle sût que c'était une illusion, le reste de son corps ne pouvait pas s'empêcher de danser de joie devant un plaisir simple et pourtant si précieux. Elle aurait voulu savourer cet instant pendant une éternité, le silence, la chaleur, la sensation très nette de la douleur refluant sous le tapis duquel elle avait été extraite. Elle avait l'impression de revenir petit à petit à une forme d'harmonie et de paix intérieure, que rien n'aurait dû troubler. Mais au milieu de tout cela, Nunne décida de prendre la parole.

Elle tourna la tête dans sa direction, son regard passant de la crainte à l'incrédulité. Il... Il essayait de se justifier ? Il essayait de justifier ce qu'il était en train de lui infliger ? Elle n'en revenait tout simplement pas. Elle se demandait si c'était une insulte, ou s'il était simplement totalement insensible à ce qu'elle pouvait ressentir. Il était en train de la torturer, par tous les Valar ! De la torturer ! De lui infliger une souffrance supérieure à celle que tout homme normalement constitué pourrait supporter. N'était-il pas conscient qu'elle était attachée à un lit, entravée, incapable de se défendre ? N'était-il pas conscient qu'elle avait été au bord de la mort à de nombreuses reprises en quelques heures seulement ? C'était déjà trop pour n'importe quel soldat, n'importe quel combattant aguerri... avait-elle seulement l'air d'une guerrière ? Avait-elle l'air d'une de ces personnes fortes, capables de tout endurer, de survivre à tout ? Soit il le croyait sincèrement, soit il avait perdu de vue la réalité.

A n'en pas douter, la culpabilité le rongeait comme de l'acide, et il souffrait intérieurement, en témoignaient les larmes qui coulaient nombreuses sur ses joues. Pendant un très bref instant, Aliénor se prit à éprouver de la pitié pour lui. Après tout, ce qu'il disait était vrai : il n'avait pas choisi de se retrouver dans le camp d'en face, pas choisi d'être obligé de lui faire du mal pour obtenir ce qu'il désirait au fond. Mais elle revint rapidement sur terre, et se souvint qu'il avait fait son choix. Il aurait pu tout faire pour venir la sauver des griffes de Corbeau, mais au lieu de ça, il avait choisi de se terrer, d'abandonner tout espoir pour vivre avec la tête dans le sable. Il avait préféré fermer les yeux sur le reste du monde, et se focaliser uniquement sur sa petite existence, plutôt que d'affronter courageusement la mort comme elle l'avait fait.

Alors, au comble du désespoir et du déchirement, il s'excusa de toutes ses forces. Il était sincèrement désolé, impossible de douter de cela. Elle sentit ses doigts s'égarer sur sa joue, affectueusement, alors qu'il était vaincu par la tristesse. Elle referma sa main autour de celle du guerrier, comme pour lui dire : "ne t'inquiète pas, je te comprends". Elle sentit à son tour des larmes couler le long de ses joues. L'injustice de la situation lui brisait le cœur. Ils étaient comme deux âmes-sœurs bloquées par une barrière infranchissable, condamnés à devoir se côtoyer sans jamais pouvoir se réunir. La vie avait décidé de leur sort, et il semblait impossible d'aller contre le torrent du destin qui les emportait toujours plus loin en aval sur le chemin de la vie. Plus ils se rapprocheraient, plus ils souffriraient, jusqu'à se détruire mutuellement. C'était écrit.

Cédant à un élan inexplicable, Aliénor se pencha vers Nunne agenouillé vers elle, et approcha son visage du sien. Cette fois, elle ne ferma pas les yeux comme une amoureuse transie, et elle le regarda intensément, s'attendant presque à ce qu'il reculât. Mais il ne fit aucun mouvement pour s'écarter, sans que la raison de son immobilisme apparût clairement à la jeune femme. Alors, poussée par une force qu'elle ne soupçonnait même pas avoir, elle posa ses lèvres sur celles du Suderon. D'abord timidement, maladroitement, avant de donner plus de force et de passion à leur dernier baiser. Leur dernier baiser. De sa main libre, elle attrapa le col de Nunne, et le tira vers elle comme pour l'empêcher de s'éloigner. Mais de toute évidence, il n'en avait pas envie, et elle sentit ses mains se refermer sur son corps, sans intention de la repousser. Ils ne pourraient jamais être ensemble, c'était certain, mais pour quelques minutes au moins, ils avaient l'impression de se tenir hors du temps et de l'espace, dans un univers rien qu'à eux, où personne ne pouvait les toucher, où personne ne pouvait leur faire du mal.

Il y avait tant de passion dans leur étreinte, tant d'abandon, qu'ils étaient insensibles à tout ce qui se trouvait autour d'eux, à tout ce qui n'était pas eux. Ce fut d'ailleurs pourquoi Nunne ne fit rien venir. Il y eut un craquement sinistre, et l'ancien soldat de l'OCF éprouva brusquement une douleur fulgurante à la tempe gauche. Le sang coula, et il bascula sur le côté, accompagné de bris de verre. Il sombra dans l'inconscience avant d'avoir touché le sol.

- Moi aussi, je suis désolée... souffla Aliénor.

Elle regarda sa main droite, entaillée par le verre qu'elle venait de fracasser sur la tête du Suderon. Le sang s'échappait à grosses gouttes de multiples plaies, et elle avait quelques morceaux de verre plantés dans la peau, mais elle n'avait pas le temps de s'en occuper pour l'instant. Enroulant grossièrement sa main dans un morceau du drap qu'elle venait de déchirer, elle se pencha vers la table de chevet qui bordait son lit. Quand Halmun l'avait attachée, il l'avait fait soigneusement, et avait bloqué ses cheville avec des chaînes bloquées par une clé. Il avait entravé de même ses poignets, et n'avait donc pas jugé utile de dissimuler ladite clé, qui se trouvait de toute façon hors de portée de la jeune femme. Mais c'était sans compter sur l'intervention de Nunne...

De la mauvaise main, Aliénor réussit tout de même à déverrouiller ses fers, et à se libérer totalement. Elle aurait probablement dû attacher Nunne, au cas où il se serait réveillé, mais elle était si effrayée et si éperdue qu'elle s'empressa de courir vers la porte qui n'était, heureusement, pas fermée. Elle l'ouvrit, et se retrouva dehors, avec la sensation difficilement explicable d'avoir changé de dimension, d'être sur une terre totalement inconnue. Face à elle s'étendait un chemin sinueux qui partait à travers la forêt, mais qui ne lui inspirait nullement confiance. Elle avait l'impression qu'en allant tout droit, elle allait se jeter à pieds joints dans un nouveau piège, et qu'elle ne s'en sortirait pas cette fois.

Prenant à gauche, au hasard, elle se jeta entre les arbres et les buissons, insensible aux dégâts causés à sa robe magnifique. Les branches s'accrochaient dans ses vêtements, et emportaient des morceaux d'étoffe, mais elle ne courait pas pour le plaisir aujourd'hui. Elle courait pour sa vie. Elle était totalement perdue, absorbée par le relief, et la masse d'arbres qui se dressaient au-dessus d'elle. Le soleil ne lui apparaissait que par de minces rayons qui perçaient le feuillage épais, et il régnait une atmosphère lourde et pesante ici. Elle descendit une colline abrupte, en s'accrochant comme elle le pouvait, essayant d'épargner sa main blessée. Mais elle était trop lente, et elle finit par entendre des bruits de course derrière elle. On la traquait...


~~~~


De tous les fidèles de Corbeau, Zaël se considérait personnellement comme le plus fidèle, et le plus compétent. Ses qualités naturelles avaient été développées par le conditionnement de son maître, et il était devenu une véritable arme, capable de tuer pratiquement n'importe qui. Pour un humain, il était extrêmement prometteur. Il avait en lui une forme de rage sourde, de haine tournée vers le monde entier, qui lui permettait de faire tout ce qu'il fallait pour accomplir sa mission. Si quelque chose se dressait comme un obstacle, il le pulvérisait avec un immense sourire sadique. Hommes, femmes, enfants, coupables ou innocents, il écrasait tout sur son chemin, et ne faisait en général pas dans le détail. Mais ce qui le différenciait des autres tueurs du même acabit, c'était son intelligence. Il n'était pas doué en mathématiques, et il n'élaborait pas de plans complexes, mais il savait toujours quand il était judicieux de s'arrêter. C'était une qualité rare, et cela faisait de lui un tueur hors pair. Il faisait le nécessaire, mais jamais trop.

En l'occurrence, à Bree, il avait rapidement localisé la caserne, et interrogé les gardes qui se trouvaient là. Les hommes en question étaient des gens assez simples, et ils avaient rapidement été impressionnés par la prestance de Zaël, qui pouvait s'exprimer avec beaucoup de correction, quand il le voulait. On lui avait rapidement donné des indications, concernant la jeune femme, et l'homme qui avait participé à l'altercation. Son enquête l'avait conduit à sortir de la ville car, disait-on, la jeune femme qui ne pouvait être qu'Aliénor avait décidé de partir aux aurores. Mais, fait curieux, son cheval était toujours là.

Le traqueur avait émis deux hypothèses. Soit elle était réellement partie de la ville, à pieds, ce qui dénotait une stupidité évidente, et une envie de mourir pressante, soit elle n'avait pas vraiment quitté les environs, et elle était en train de comploter quelque chose. Il s'était donc mis en chasse. Pour lui, trouver des traces était aussi facile que de respirer, et il s'était contenté d'explorer les environs à la recherche d'indices. Il n'y avait pas cent personnes qui passaient dans la petite bourgade, et il avait décidé d'explorer les pistes qui paraissaient ne concerner qu'un petit nombre d'individus. Il avait galopé à bride abattue vers une ferme qui se trouvait à une dizaine de minutes, mais n'avait trouvé qu'un homme malade dont le fils était allé en ville pour chercher des simples. Chou blanc. Il avait exploré une seconde piste qui s'était révélée fausse, avant de finalement approcher d'une maison qu'on lui avait décrite comme isolée, dans les bois. Une sorte de cabane de chasseur, dans laquelle personne ne se rendait jamais.

L'endroit parfait pour comploter. Et il ne s'était pas trompé. En approchant, il avait perçu des bruits étranges provenant de la forêt. Il avait abandonné son cheval sur le bord de la route, et s'était enfoncé discrètement dans les bois, se déplaçant avec furtivité et rapidité, allant à la rencontre des bruits qu'il entendait de plus en plus clairement. Il y avait des voix, des craquements de branches et de brindilles, tout ce qui indiquait sans le moindre doute qu'on courait, ou plutôt qu'on fuyait. Une chasse était-elle en cours ? Il en doutait fortement... sauf si on parlait de chasse à l'homme. Que pouvait donc bien fabriquer Aliénor ? Pendant une seconde, Zaël se demanda si elle n'était pas en retard parce qu'elle traquait quelqu'un, un individu suspect qu'elle voulait ramener à Corbeau. C'était une raison suffisante pour ne pas la tuer. Surtout si elle se rendait sans faire d'histoire. Il fronça les sourcils... il espérait que ce n'était pas le cas.

L'homme patienta pendant quelques minutes, se déplaçant pour se trouver face aux individus qui couraient, et qui de toute évidence changeaient de direction fréquemment. Il observait à la dérobée, et finit par voir apparaître une tâche rouge dans la forêt. Son cœur se mit à battre plus fort, comme celui d'un loup apercevant une proie. Même à cette distance, il pouvait l'identifier formellement : c'était Aliénor. C'était sa cible ! Elle courait à en perdre haleine, jetant de fréquents coups d'œil derrière elle, vers les bois qui pour l'heure étaient impénétrables. Elle dévala une pente assez raide, trébucha à de nombreuses reprises, puis finit par arriver en bas à un ruisseau boueux. Elle le traversa sans hésiter, maculant ses vêtements de boue et ruinant ses chaussures. De toute évidence, la menace était réelle.

Il bondit hors de sa cachette, et s'élança vers la jeune femme, qui ne le vit arriver que trop tard. Elle était focalisée sur ce qui venait derrière elle, et ne s'attendait pas à voir arriver son pire cauchemar face à elle. Elle freina subitement, ouvrant des yeux ronds, et essaya de filer dans une autre direction, mais Zaël était plus rapide et plus fort. Il bondit par-dessus un tronc couché pour lui couper la route, et bouscula la jeune femme qui se retint en s'appuyant à un arbre. Elle lâcha un hurlement de douleur perçant, et tomba à genoux en tenant sa main droite. Elle était enroulée dans un linge qui était maculé de sang, et de toute évidence elle en souffrait terriblement. Mais le traqueur n'en avait que faire, et au contraire il se délectait de la voir ainsi diminuée. Il s'approcha d'elle, et attrapa sa main blessée, la serrant de toutes ses forces :

- Aliénor ! Haha ! Quel plaisir !

Elle hurla de nouveau à s'en briser la voix, cherchant en vain à se débattre, avant de se mettre à pleurer et à supplier à haute voix. Le sourire sadique du bras de Corbeau ne laissait pas de place au doute : il n'arrêterait pas de sitôt. A genoux devant lui, il la dominait totalement, et il se réjouissait de la voir réduite à une boule de chair en souffrance qu'il pouvait torturer à volonté, sans le moindre effort. Il serrait si fort qu'il avait déjà du sang plein les doigts, et son sourire ne faisait que s'élargir à mesure qu'il sentait le liquide chaud couler sur sa main. C'était véritablement un monstre, et s'il aimait la torture, il n'avait pas le raffinement et l'élégance de Corbeau :

- Espèce de trainée, pétasse ingrate, comment as-tu osé Le trahir ? Hein ? Hein !?

Il hurlait, et serrait derechef. Aliénor était presque incapable de respirer, et elle était sur le point de s'effondrer. Mais il n'était pas prêt à la laisser faire : il la saisit de sa main libre au niveau de la gorge, et la releva. De la sorte, il pouvait voir son visage, et se régaler des émotions qu'il y lisait : la peur, la haine, la résignation. Elle était condamnée, et elle le savait.

- Salope, je vais t'ouvrir comme la truie que tu es, je vais te découper le visage à la hache, je vais te donner à bouffer aux chiens, je vais...

Il s'interrompit en pleine litanie en entendant des bruits de pas dans son dos. Avec une vivacité étonnante, il se retourna en positionna Aliénor entre lui et le danger qui les menaçait désormais tous les deux. Une lame sortie de nulle part vint se glisser sur la gorge de la jeune femme, tandis qu'il se cachait derrière elle, observant les deux hommes qui venaient juste d'apparaître. Son sourire cruel disparut en voyant le plus âgé. Il le reconnut instantanément : comment oublier ces yeux ? Comment oublier celui qui avait trahi ? Comment oublier cette haine qu'il avait ressentie, et cette envie de vengeance ?

- Ha... Hahaha ! Mais qui voilà ? Halmun le Renégat ! De tous les porcs avec qui tu aurais pu t'accoupler, tu as choisi le pire, espèce d'immonde traîtresse !

Il éclata d'un rire sans joie. Si Aliénor avait encore une chance de négocier quelque chose avec Zaël, elle venait de s'envoler avec l'arrivée de Halmun et Nunne. Elle était blessée, choquée, et elle aurait pu prétendre avoir été enlevée, elle aurait pu lui dire qu'elle voulait retourner à Corbeau pour lui dire qu'on le cherchait. N'importe quel mensonge, n'importe quelle demi-vérité était préférable à ce que le traqueur allait lui faire subir. Mais maintenant qu'ils étaient là, tout était terminé. Il l'avait associée à Halmun, ce qui signifiait qu'il allait la tuer sans la moindre hésitation. Mais pour l'heure, il n'était pas concentré sur elle, absorbé qu'il était dans sa conversation :

- Tu ne te souviens pas de moi, Renégat. C'était il y a bien longtemps, maintenant. Je n'étais encore qu'un enfant, et j'ai beaucoup changé. Je ne te ferai même pas l'honneur de te dire mon nom, mais sache que je te tuerai de mes mains pour Lui, et que je prendrai un immense plaisir à Lui ramener ta tête.

Tandis qu'il parlait, les deux hommes paraissaient chercher une solution pour sauver Aliénor de ses griffes. Elle s'était peut-être échappée, elle avait peut-être blessé Nunne - qui saignait encore de la tempe -, mais elle valait toujours plus vivante que morte, et elle pouvait leur donner des informations cruciales sur Corbeau. Malheureusement, ils étaient trop éloignés pour intervenir, et ils n'avaient pas d'armes à projectile capables de toucher Zaël à cette distance. S'ils voulaient le faire lâcher Aliénor, ils allaient devoir trouver les bons mots, le provoquer suffisamment, ou peut-être le convaincre qu'elle n'y était pour rien et qu'elle n'avait pas trahi. Tous les arguments seraient bons. Mais ils jouaient tout de même avec la vie de la jeune femme, et après ce baiser passionné, qui pouvait dire ce que Nunne pouvait ressentir ?


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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyLun 1 Sep 2014 - 9:27

Visiblement Aliénor était plutôt satisfaite d'avoir une couverture qui la réchauffait sur ses épaules et une boisson chaude qui lui redonnait un peu goût à la vie. Les paroles du suderon semblaient aussi avoir toucher la jeune femme si bouleversée. Elle referma délicatementsa main autour du poignet du suderon comme pour le rassurer. La scène était atypique , voillà qu’une jeune femme bien frêle et chétive  qui sortait d’une éprouvante séance de torture qui tentait de rassurer un ancien combattant aguerri à la souffrance mais peut-être pas cette souffrance là. Ils se fixèrent un moment , Nunne plongeant dans le regard de leur captive.  Pas un mot de plus ne fut échangé , le silence en disait tellement plus. Alors lentement le visage d’Aliénor se rapprocha lentement du sien , ce qui allait arriver était facilement devinable pour le jeune mais le regard toujours plongé dans celui de son interlocutrice il ne bougea pas d’un cil . Alors tout en continuant à le fixer intensément elle posa délicatement ses lèvres sur celles de Nunne , elle attrapa le suderon par le col comme pour le maintenir avec elle mais il n’avait aucune envie de se dégager de l’étreinte de la jeune femme. Il semblait retrouver des sensations qu’il avait perdues depuis bien longtemps comme si la relation que les deux jeunes gens avaient quelque chose de spécial en plus . A présent aux yeux du suderon tout semblait futile , sans importance ; la seule chose dont il avait conscience et qu’il ne voulait plus lâcher c’était Aliénor avex qui il échanger un baiser passionné. Mais tout ceci ne pouvait durer plus de quelques minutes et pour Nunne le dur retour à la réalité se fit assez brusquement. Il y eut un craquement et le suderon ressentit une douleur insoutenable au niveau de la tempe gauche , il n’eut pas même le temps de comprendre ce qu’il venait de lui arriver qu’il s’écroula sur le sol , inconscient .



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Halmun était parti à la recherche de bûche de bois bien sèches pour faire un bon feu de cheminée. Cela faisait bientôt une vingtaine de minutes qu’il avait laissé Aliénor aux bons soins de Nunne et il s’était enfoncé dans les bois environnants. A ce moment il entendit un craquement et une voix un peu plus loin dans une clairière , alerté il décida d’approcher le plus discrètement possible. Au centre de la clairière était assis sur une souche de bois un homme très petit et trapu , le crâne mal rasé et un long bouc pas très bien entretenu qui courait le long de son menton , il était vêtu de vêtements rudimentaire et sculptait quelque chose dans un bout de bois. Reconnaissant son vieil ami Halmun sortit de sa cachette

-Gnoro ! Comment vas-tu ? Je ne m’attendais pas à tomber sur toi juste ici.

L’homme répondant au  nom de Gnoro se retourna un large sourire sur son visage , l’homme n’était autre que le propriétaire qu’avait investie Halmun , Nunne et Aliénor. C’était un trappeur qui avait autrefois servie comme pisteur dans l’armée du Gondor et chez les Passeurs. Piètre combattant il était plutôt utile par sa capacité à repérer des traces et suivre des pistes.

-Je me suis permis d’amener quelques invités dans ta demeure , tu n’y vois pas d’inconvénients j’espère?
-Non non Halmun ne t’en fais pas je n’utilise cette cabane que pour m’abriter la nuit , la journée fais-en ce qui te plaît.

-Merci mon ami il faut que je rentre à présent , sûrement nous reverrons nous ce soir.

-Oui Halmun oui , fit Gnoro qui avait repris la confection de sa sculpture et qui n’écoutait plus que d’une oreille .

Une poignée de minutes plus tard Halmun se trouvait devant la cabane , avec assez de bois pour tenir toute une nuit au chaud mais avant même d’entrer il sentait que quelque chose ne s’était pas passé comme prévu. Il en eut vite la confirmation , Nunne gisait au sol , inconscient et avec une vilaine blessure à la tête , des éclats de verre jonchait le sol humide d’eau et de sang et Aliénor , libérée de ses liens avait disparu. Le vieillard analysa rapidement la situation tout en se dirigeant vers Nunne pour le réanimer. Le jeune homme avait dû défaire les liens de la jeune femme pour la soulager après cette séance de torture et cette dernière l’avait dupée et abusée de sa confiance pour l’assommer et pouvoir s’enfuir. La naïveté avait eu raison du jeune suderon qui fut vite réanimé bien qu’encore quelque peu étourdi. Alors qu’il essayait de remettre ses souvenirs en place l’Echtebourgeois enroula rapidement un bandage autour de sa tête l’aida à se lever et lui cria

-Suis-moi vite!

Avec une vivacité étonnante pour son âge qui paraissait si avancé il bondit à l’extérieur et se dirigea à toute vitesse vers les bois mais comment savoir par où elle tait partie? Gnroro aurait pu les aider à trouver sa trace mais le trappeur était loin et aller le chercher leur ferait perdre du temps. Les deux hommes s’engouffrèrent donc dans les bois un peu à l’aveuglette sans vraiment savoir par où se diriger. A ce moment on entendit clairement la voix forte d’un homme qui parlait en des termes peu bourgeois. C’était par là qu’il fallait aller , Halmun fit signe à un Nunne encore désorienté de le suivre.

Là-bas ils retrouvèrent Aliénor à nouveau captive d’un homme qui semblait être un guerrier confirmé et qui avait cette lueur de folie dans le regard si particulière.
“Un sbire de Corbeau”songea Halmun qui se doutait bien qu’à un moment ou à un autre Corbeau mettrait son grain de sel , avec son ancien mentor rien n’était jamais facile.

- Ha... Hahaha ! Mais qui voilà ? Halmun le Renégat ! De tous les porcs avec qui tu aurais pu t'accoupler, tu as choisi le pire, espèce d'immonde traîtresse !

Restant de marbre aux insultes du soldat de Corbeau , Halmun analysait rapidement la situation avec une Aliénor le couteau sous la gorge , tandis que Nunne malgré sa blessure semblait paniqué à l’idée de voir Aliénor se faire égorger sous ses yeux.



-Tu ne te souviens pas de moi, Renégat. C'était il y a bien longtemps, maintenant. Je n'étais encore qu'un enfant, et j'ai beaucoup changé. Je ne te ferai même pas l'honneur de te dire mon nom, mais sache que je te tuerai de mes mains pour Lui, et que je prendrai un immense plaisir à Lui ramener ta tête.

Halmun fixa son interlocuteur de son regard électrique , s’il ne l’avait pas reconnu sur le coup il savait face à qui il se trouvait. A l’époque où il suivait les enseignements de Corbeau ce n’était qu’un très jeune enfant arraché par Corbeau à ses proches afin de l’élever et d’en faire l’un de ses fidèles soldats.

-Zaël...souffla le vieillard, je ne doute pas que Corbeau sera extrêmement ravi de te voir lui ramener ma tête mais il le sera beaucoup moins quand tu lui rapporteras celle de cette pauvre Aliénor . Crois moi s’il apprend la vérité à savoir que je l’ai prise de force et qu’elle est restée fidèle à son maître malgré la torture , ton maître adoré ton “Lui” ne sera pas vraiment ravi d’apprendre que tu aies égorgé son plus beau jouet. Alors je te conseille fortement de la relâcher et de venir chercher ma tête si mourir est ce que tu désires vraiment.

L’épée nue qui pendait à la ceinture du vieillard avait une allure menaçante , Zaël n’eut pas de réaction immédiate , il semblait hésiter face à un Halmun en attente. De son côté Nunne commençait à remettre les choses en ordre dans sa tête. Aliénor était là à quelques mètres de lui menacé par la lame d’un inconnu envoyé par Corbeau encore lui...Le baiser passionné qu’il avait échangé avec Aliénor s’était révélé troublant pour le jeune homme lui faisant ressortir des sentiments qu’il croyait perdu. Aliénor n’était pas la femme qu’il aimait , il aimait sa douce Amiel mais avec Aliénor il semblait avoir un lien particulier unique qu’il ne pouvait retrouver avec personne d’autre , Nunne ignorait comment l’expliquer mais il le sentait ,peut-être elle aussi ressentait-elle la même chose  . Il ne lui tenait même pas rigueur de l’avoir assommé un peu plus tôt , elle avait fait ce qu’elle avait à faire , il le lui avait dit lui-même malgré eux ils étaient ennemis. Nunne n’avait pas été assez vigilant et elle en avait profité ; c’était de bonne guerre.

Corbeau...Corbeau ce mot rvenait inlassablement dans l’esprit de Nunne , cette créature maléfique … Alors une rage insurmontable s’empara du suderon , il se saisit de l’épée qui pendait au côté d’Halmun et bondit sur Zaël avec une rapidité qu’il croyait perdu tout en criant

-ASSEZ!!!

Il se jeta sur le sbire de Corbeau qui visblement surpris réussit  à para le puissant coup de son adversaire. Mais emporté par son élan Nunne bascula sur le sol entraînant Zaël avec lui dans la boue.


The Young Cop


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Ryad Assad
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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyJeu 4 Sep 2014 - 18:21
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Aliénor était terrorisée, et cela se voyait. Son corps était tendu, et elle était incapable de bouger le moindre muscle, de peur que Zaël interprétât cela comme une tentative de sa part de se dégager. Il avait encore la lame plaquée contre sa gorge, et au moindre faux mouvement, elle y restait. C'était aussi simple que ça. Malheureusement, l'arrivée de Halmun et Nunne avait tout aggravé, et désormais que les combattants se faisaient face, elle n'était plus qu'une pièce gênante dans l'équation de la guerre. Au milieu de la mêlée, elle risquait de recevoir un mauvais coup, et considérant les armes que les trois hommes avaient à leur disposition, celui-ci serait probablement fatal. Si elle voulait s'en sortir, elle devait donc demeurer immobile tant qu'elle était captive, et espérer qu'on allait la lâcher, et la laisser partir.

C'était sans compter l'insistance de Halmun, qui de toute évidence était prêt à tout pour obtenir la jeune femme. Il savait qu'elle était la seule à pouvoir le guider sur les traces de Corbeau, même si pour l'heure elle ne s'était pas résolue à ouvrir la bouche. Elle avait courageusement résisté à la torture, et il faudrait encore nombre d'efforts pour lui arracher les secrets de son maître. Toutefois, il paraissait convaincu d'y arriver, et le seul obstacle sur sa route était pour l'heure Zaël, qui ne souriait plus du tout. Son visage était déformé par la rage, la haine, et il serra les mâchoires en entendant la voix du vieillard qui s'adressait à lui.

Celui-ci continuait à lui parler sur un ton paternaliste qui donnait au fidèle de Corbeau envie de vomir. Comment ce misérable, ce traître et ce lâche, pouvait-il encore oser lui donner des leçons ? Il avait abandonné son maître, parce qu'il était trop faible pour ouvrir les yeux sur la véritable nature du monde, et désormais il osait lui adresser la parole à lui, qui était le plus loyal et le plus zélé des serviteurs de l'elfe ? C'était une véritable insulte, à laquelle le guerrier n'était pas insensible. Il rugit avec colère :

- Silence, sale cafard ! Renégat ! Misérable vermine ! Ton existence est une insulte, et je prendrai ta tête sans hésiter, sois-en certain. Mais seulement en temps utile. Pour l'heure, je dois déjà m'occuper de cette infâme catin coupable de trahison et de parjure avec une abomination comme toi ! Hahaha ! Tu croyais que j'étais venu pour la ramener au Maître, et qui allait une nouvelle fois lui passer ses excès ? Cette fois, ordure, tu vas comprendre à quel point Sa détermination est grande.

Il éclata d'un rire malade, malsain, profondément vicieux. On aurait dit qu'il se complaisait à l'idée de supprimer la vie, et c'était de toute évidence pour cette raison qu'il constituait un des plus fidèles soutiens de Corbeau. Il était une arme, une brute épaisse incroyablement compétente, et surtout incroyablement loyale. Il n'était pas possible de lui faire entendre raison, pas possible en cet instant de lui faire comprendre qu'Aliénor n'avait jamais trahi Corbeau, et qu'elle s'était refusée à révéler le moindre de ses secrets. Mais comment aurait-il pu le comprendre, lui qui voyait la jeune femme comme une ennemie et une traîtresse, comme une créature à annihiler ?

Il avait devant lui suffisamment de preuves pour se débarrasser d'elle, et surtout, il avait la bénédiction de son maître, dont il était le fier représentant en cet instant. Personne ne pouvait s'opposer à lui, et rien ne l'empêcherait de faire connaître à Aliénor le sort qu'elle méritait selon lui. Corbeau lui avait dit qu'il se fierait à son jugement, et dans son esprit dérangé les choses étaient claires. Halmun, Aliénor et cet inconnu étaient de mèche, ils travaillaient ensemble, conspiraient contre l'elfe, et méritaient donc la mort sans délai et sans sommation. Ils expieraient leurs crimes dans l'après-vie, mais au moins ne dérangeraient plus les plans du maître qui avait beaucoup à faire. Zaël reprit, avec délectation :

- Aujourd'hui, je suis Son bras ! Je suis Sa volonté, et j'ai choisi le destin de cette traînée. Je n'agis pas contre Lui, mais pour Lui, avec Lui ! J'entends Sa voix dans ma tête, qui me demande de la tuer, de la faire souffrir, de lui faire payer l'entièreté de ses crimes. Tu te trompes si tu crois Le connaître, sale traître ! Corbeau a peut-être été indulgent avec toi, mais elle n'aura pas la même chance. Elle subira le sort que ceux qui s'opposent à Lui doivent affronter : ma colère et ma vengeance !

Zaël était au zénith de son discours, mais il fut interrompu par le cri de rage de l'homme à qui il n'avait jusque là pas prêté attention. L'inconnu aux traits indéniablement suderons se jeta sur lui en hurlant, après avoir dégainé l'arme qui pendait à la ceinture de Halmun. Il rompit la distance en trois pas, mais il ne fut malheureusement pas assez rapide. Son attaque fut bloquée par le fidèle de l'elfe millénaire, mais dans sa course furieuse il sema la pagaille parmi ceux qui se trouvaient là. Aliénor s'effondra sans un cri, tandis que lui et Zaël roulaient sur le sol, empêtrés l'un avec l'autre, comme deux chiens de guerre déterminés à se faire du mal, à s'arracher la vie à coups de crocs et de griffes. Le bras de Corbeau, rapide comme l'éclair, lança un violent coup de dague à Nunne qui sentit l'acier mordre sa chair au niveau de l'épaule. La plaie n'était pas profonde, mais l'arme était effilée, et la douleur était cuisante.

Vif et agile, Zaël se releva avant le suderon, qui de toute évidence avait des réflexes de combattant, mais qui n'en avait plus la condition physique. Il lui asséna un coup de pied en pleine tête, laissant le guerrier sonné mais pas totalement inconscient. Toutefois, c'était suffisant pour s'ouvrir une fenêtre, et venir planter sa lame dans la gorge de Nunne, qui n'avait aucune chance de se défendre. Mais au moment où il s'apprêtait à passer à l'acte, il en fut empêché par un Halmun déterminé qui venait de le charger férocement. Il reçut un coup de poing au visage, et une main ferme se saisit de son poignet, le frappant contre le sol jusqu'à le faire lâcher son arme. Le vieillard était combatif et fort pour son âge, mais Zaël était un monstre formé à la guerre. Même s'il se trouvait en position de difficulté, il parvint à trouver une parade. Il crocheta son adversaire, et se débrouilla pour reprendre le dessus, avant de lui lancer deux coups au visage. Il y eut un craquement sec, et Halmun cessa de se débattre, ses bras retombant mollement autour de sa tête. Les mains couvertes de sang, à peine essoufflé, le séide de Corbeau se releva, juste à temps pour éviter la lame de Nunne, qui avait trouvé la force de se relever. L'acier passa à un cheveu de son visage, mais il ne s'en émut pas particulièrement. Baissant la tête, il chargea sous la garde du suderon, et le plaqua férocement. C'était un assaut peu conventionnel, mais il avait eu le mérite de surprendre son adversaire, qui lâcha son épée sous le choc. Les deux se retrouvèrent de nouveau au sol, mais cette fois Nunne était en difficulté.

Zaël lui envoya un coup de poing au côté, et profitant de ce que sa victime était pliée en deux, cherchant son souffle, il releva son adversaire et lui donna un redoutable coup de pied dans le torse. Nunne partit en arrière battit des bras pendant un bref instant, et chuta le long du talus qu'il n'avait pas vu dans son dos. Il roula d'abord sur le dos, entraîné le long de la pente par son propre poids, gagnant toujours plus de vitesse ce qui rendait le moindre choc incroyablement dangereux. Il percuta plusieurs arbres, qui le blessèrent grièvement, se heurta à bon nombre de rochers qui sortaient du sol, et dont les arrêtes coupantes lui laissèrent une multitude de plaies sanguinolentes et des bleus sur tout le corps. Il s'arrêta vingt mètres plus bas, après s'être fracassé contre un arbre qui se trouvait sur son passage, et qui l'arrêta net. Le guerrier demeura immobile, face contre terre, le corps mutilé comme s'il avait été passé à tabac, totalement inconscient.

Ce combat était fini...

Tout était fini...


~~~~


- Aliénor ? Aliénor ? Où es-tu ?

Une femme superbe, altière et fière, descendait précautionneusement un escalier de pierre, en retenant ses lourdes robes pour ne pas trébucher. Ses fines chaussures en daim claquaient contre le pavé, et résonnaient entre les murs pâles de la cité, repris en écho par les pierres qui paraissaient murmurer entre elles. Elle avait un visage beau et doux, des yeux en amande d'une belle couleur noisette, mais sur ses traits désirables se peignait une inquiétude telle qu'on ne pouvait éprouver qu'une immense compassion pour cette jeune femme désespérée, à la triste beauté. Elle tourna la tête de droite et de gauche, faisant voler ses cheveux bruns et lisses, qui paraissaient animés d'une vive propre.

- Aliénor ? Appela-t-elle de nouveau.

Elle prit un couloir au hasard, convaincue qu'elle ne l'avait pas fait, alors qu'elle était déjà passée trois fois par celui-ci, cherchant derrière chaque porte, derrière chaque meuble, en vain. Bien cachée dans un passage secret, Aliénor observait les déplacements de sa mère avec attention. Au départ, tout cela l'avait fait sourire, mais désormais elle se sentait quelque peu mal d'avoir joué ce mauvais tour à sa très chère mère, qui s'inquiétait et qui s'affolait. Elle aurait dû cesser depuis bien longtemps, retourner la voir et lui dire que ce n'était qu'une blague, recevoir la correction que son père lui promettait lorsqu'elle faisait ce genre de choses. Néanmoins, son ami lui avait dit de rester ici, et de ne surtout pas bouger. Elle ne voulait surtout pas lui désobéir. Il était un magicien, et il pouvait de toute évidence la transformer en quelque chose de pas naturel, si elle ne faisait pas exactement ce qu'il voulait. Mais il était son ami, et il ne lui ferait jamais une chose pareille, il le lui avait promis. Elle le vit d'ailleurs arriver, toujours vêtu de son impeccable pourpoint noir, de ses chausses noires, de ses bottes noires, et de sa cape assortie. Aliénor était jeune, bien trop jeune pour comprendre ce qu'était l'amour, mais elle était fascinée par cet être beau et pur, qui semblait ne pas appartenir au même monde qu'elle. Il lui fit un sourire discret, sachant pertinemment derrière quel pan de mur elle l'observait, et s'éloigna rejoindre sa mère, comme il lui avait dit qu'il le ferait.

Il s'enfonça dans le couloir, marchant d'un bon pas, suivant sans difficulté la voix alarmée de la mère. Elle était si affolée qu'elle n'avait pas remarqué l'absence des serviteurs. Il les avait tous congédiés pour la journée, en réalité, grâce à une lette qu'il avait falsifiée. Un ordre émanant du chef de maison, qui lui-même était absent car prétendument invité à se rendre à Minas Tirith où le roi demandait sa présence. Quand il se rendrait compte qu'il avait été berné, il reviendrait à toute vitesse, mais il serait trop tard. Les hommes de Corbeau étaient déjà en place, et ils seraient partis avant qu'il eût réalisé ce qu'il se passait.

L'elfe passa une main dans ses cheveux, choisit une mine de circonstance, à la fois grave et rassurante, et s'approcha de la jeune femme qui cherchait sa fille depuis de longues minutes, sans parvenir à la trouver. Il posa avec légèreté sa main sur son épaule, mais il avait été si discret en la rejoignant qu'elle sursauta, prenant seulement conscience de sa présence. Elle eut un mouvement de recul, et le regarda droit dans les yeux. De toute évidence, elle se méfiait de lui, même s'il était évident à voir comme ses joues avaient rosi qu'elle n'était pas insensible à son charme. Il était, après tout, un elfe dont le corps ne trahissait pas son âge. Beau, élégant, raffiné, délicat, il était magnifique et les femmes humaines étaient fascinées par son physique. Il en jouait d'ailleurs pour les approcher, et se servir d'elles. Mais la mère de cette gamine résistait un peu mieux que les autres :

- Où est ma fille ? Je vous en prie, je veux la voir.

- Je sais où elle se trouve, mais je ne peux pas vous le dire. Pas si vous ne m'accordez pas ce que je veux...

La jeune femme eut un sanglot déchirant. Elle était face à un terrible dilemme, de toute évidence, mais quel service pouvait être plus important que la vie de sa fille ? Sa fille adorée, Aliénor, que détenait cette créature monstrueuse aux oreilles pointues. Elle sembla s'éteindre, comme si la résignation avait étouffé la flamme de vie qui brûlait en elle, comme si en acceptant l'odieux chantage auquel elle était soumise, elle renonçait à une part d'elle-même. Et en fait, c'était le cas. Elle avait toujours été fière et noble, et elle n'avait jamais cédé devant l'adversité. Le faire aujourd'hui était nouveau et terrible pour elle, car jamais personne ne lui avait jamais fait aussi peur :

- J'accepte... Mais je vous en supplie, laissez ma fille en vie... Je vous en prie !

L'elfe eut un sourire de plus détendus :

- Je n'avais pas l'intention de la tuer. Mais vous ne la reverrez que lorsque vous m'aurez livré votre mère, comme convenu. Sinon, il se pourrait que votre chair et votre sang disparaisse malencontreusement. J'ai beaucoup d'idées à son sujet, et elle pourrait m'être utile après que je l'aie dressée.

La jeune femme s'agenouilla et joignit les mains, implorant l'elfe de ne rien en faire. Elle était pathétique et désespérée, ce qui tira un sourire satisfait à Corbeau, qui éprouvait un plaisir toujours renouvelé à voir des créatures inférieures se prosterner devant lui, implorer son pardon, implorer sa miséricorde. Il se sentait presque l'égal des Valar, à ceci près qu'il avait le pouvoir d'intervenir, lui. Il agissait, et ses fidèles le servaient avec un zèle que ces misérables créatures se faisant appeler dieux n'avaient jamais eu. Toutefois, croire que seul le pouvoir l'attirait était faux. Il avait des objectifs bien plus élevés et plus nobles.

- Je vous donne un mois pour me livrer votre mère. Je viendrai la chercher ici.

- Et ma fille ?

Il sourit de nouveau :

- Si vous faites tout ce que je vous dit, elle vous sera rendue en parfaite santé. Je vous le promets.

Une promesse que Corbeau n'entendait jamais tenir...


~~~~


Nunne se réveilla dans la chambre où il avait enfermé Aliénor, dans la cabane des bois. Une silhouette lui tournait le dos, mais en entendant le bruit qu'il fit en essayant de se redresser, l'homme se retourna bien vite et observa le jeune guerrier qui souffrait de nombreuses blessures, toutes plus sérieuses les unes que les autres. Il n'était pas très haut, mais large et fort. Il avait l'aspect négligé de ceux qui vivent dans des conditions difficiles, mais le regard vif de ceux chez qui on décerne une certaine intelligence et une forme rare de courage. Il s'approcha du guerrier, et le força à rester allongé :

- Restez calme, vous allez vous blesser encore. Enchanté, je m'appelle Gnoro, et cette maison est à moi. Je vous ai trouvé dans la forêt et... désolé si vous ne pouvez pas parler, je vous ai administré une substance de ma fabrication. Elle vous maintient endormi, mais pendant environ une heure après le réveil, vous aurez la langue pâteuse...

Le petit bonhomme paraissait amical, et en tout cas ce n'était certainement pas Zaël, le serviteur de Corbeau, qui s'était mystérieusement volatilisé. Tout comme Aliénor et Halmun, dont il n'y avait aucune trace. L'homme examina le corps de Nunne, sans lui demander la permission puisque de toute façon il n'aurait obtenu pour toute réponse qu'un borborygme incompréhensible. Le guerrier put, cependant, constater que son corps avait souffert dans l'affrontement. Il était pansé et soigné, mais il avait un nombre incalculable de petites blessures qui n'avaient pas été recouvertes, ce qui laissait présager de ce qu'il se cachait sous les pansements :

- Dites-moi... Halmun et cette jeune femme étaient vos amis ?

Il avait posé la question l'air de rien, mais le regard qu'il lança à Nunne était éloquent. On voyait dans ses yeux la tristesse de celui qui vient de perdre un vieil ami, et la culpabilité de celui qui doit apprendre une mauvaise nouvelle. Il parut chercher ses mots pendant un instant, mais il se ravisa. Le suderon n'était réveillé que depuis quelques minutes, et il reprenait seulement conscience de ce qu'il venait de se passer. Mais il était trop tard pour le ménager. Gnoro se contenta de lâcher :

- Ils sont derrière la maison... Quand vous serez en état de marcher, nous irons les voir...

En effet, derrière la cabane, au pied d'un sublime chêne aux branches si hautes qu'on aurait dit qu'elles touchaient le ciel, se trouvaient deux corps étendus, recouverts pudiquement d'un blanc linceul. Et sous l'un d'eux, reposait le corps d'une femme que Nunne avait aimée, mais qu'en définitive, en dépit de tous ses sacrifices et de toutes ses peines, il n'avait pas été en mesure de protéger. Il avait tout tenté, fait tout ce qui était humainement possible, mais il n'avait pas réussi à la sauver. A l'exception de la ligne écarlate qui courait le long de son cou, le segment qui avait marqué la fin de son existence sur cette terre, elle ressemblait en tout point à la Aliénor qu'il avait connue.

Sa peau veloutée était certes plus pâle, ses doigts fins figés par la mort, mais elle avait toujours la même expression quelque peu mélancolique, la même lassitude d'une vie qui s'était acharnée sur elle sans la moindre pitié, la même beauté sculpturale qu'elle emporterait jusque dans la tombe, les mêmes yeux grands ouverts qui fixeraient pour l'éternité le beau ciel bleu d'été succéder aux gris nuages de l'hiver, et précéder la chute des rouges feuilles de l'automne. Mais pour elle, il n'y aurait plus jamais de printemps. La fleur de sa vie de refleurirait pas. Elle s'était éteinte, avalée par la violence de la vie. Ses dernières pensées, alors que le froid de la mort s'emparait de son corps, alors qu'on soufflait la bougie de son esprit progressivement, avaient été pour le seul homme qu'elle avait jamais aimé, et le seul homme qui lui avait jamais fait espérer un avenir meilleur.

Sa bouche aux lèvres charnues demeurerait à jamais figée dans un demi-sourire dont elle seule avait le secret, alors qu'elle partait en sachant qu'au fond, il l'aimait.

Aliénor n'était plus.


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passé - Le passé finit toujours par nous rattraper  EmptyDim 14 Sep 2014 - 1:11

A son réveil Nunne eut bien du mal à remettre de l'ordre dans son esprit. Sa tête lui faisait un mal de chien mais ce n'était rien comparé aux douleurs qui traversaient son corps encore sanguinolent. Ses jambes , ses bras et ses épaules était presque entièrement recouvert de bandages apposé avec soin. Le suderon avait comme un goût de sang dans la bouche et essayait tant bien que mal de remettre ses souvenirs en place. A ce moment il se rendit compte qu'il n'était pas seul , une personne se trouvait juste en face de lui , occupé à préparer d'autres bandages. Le suderon eut un léger mouvement de recul , ce n'était ni Aliénor ni Halmun et encore moins le sbire de Corbeau avec qui il s'était battu. L'homme était trapue et fort et il ne tarda pas à se présenter à Nunne comme étant Gnoro , le propriétaire de cette cabane. Le jeune homme voulut lui répondre mais sa langue pâteuse qui refusait de lui obéir l'empêchait de s'exprimer. Un peu inquiété par ce phénomène son "soigneur" le rassura aussitôt affirmant que ce n'était que l'effet secondaire d'un traitement qu'il lui avait administré pour le maintenir endormi. Nunne fit la grimace quand il changea de positions , ses blessures le faisant vraiment souffrir.

- Dites-moi... Halmun et cette jeune femme étaient vos amis ?

Cette question posée sur un ton neutre mais néanmoins accompagné du regard triste de Gnror sembla ramener le suderon à la réalité . Les souvenirs se remirent progressivement en place. L'ultime tentative de persuasion d'Halmun , le discours teinté de folie du sbire de Corbeau , la perte de son sang-froid qui l'avait amené à se ruer sur l'ennemi sans mesurer les risques , le combat âpre et rude , les coups subis , l'intervention courageuse mais désespérée d'un Halmun sans armes , sa glissade à travers les bois avant de perdre conscience. Halmun...Aliénor.... Nunne avait un terrible pressentiment et commençait à prendre en mesure les conséquences de son acte irréfléchi. Lentement il hocha la tête en signe d'acquiescement.

- Ils sont derrière la maison... Quand vous serez en état de marcher, nous irons les voir...

Sur ces mots et ne voulant visiblement pas croire l'inévitable et macabre destin d'Halmun et d'Aliénor il voulut se lever pour se rendre directement derrière les cabanes. Mais ses jambes refusèrent d'obéir tant les blessures lui faisaient encore mal , il se fit donc violence et se força à rester allonger pour quelques heures encore .

Une fois capable de marcher tant bien que mal en se faisant aider par Gnoro , il se rendit derrière la cabane où les craintes de Nunne furent confirmés. Là aux pieds d'un immense chêne se tenait deux corps enveloppés d'un linceul d'une blancheur pure. Par transparence on pouvait apercevoir à travers l'un deux les traits tirés et sage figés pour l'éternité d'Halmun l'Echtebourgeois. L'ancien Passeur d'Etoiles , fervent défenseur de la paix s'était laissé abusé par la traque de son ancien maître dans laquelle il s'était lancé , oubliant les principes qui avaient fait de lui un grand sage il avait cédé à la tentation de la violence et donc de la facilité. Frapper était tellement plus simple.
A ses côtés et même si on ne le voyait pas très bien on pouvait distinguer un visage féminin , pour Nunne l'identité de la défunte ne faisait plus aucun doute. Enveloppé de ce linceul blanc se trouvait Aliénor , injustement tué. Le jeune homme s'agenouilla désormais submergé par une douleur bien supérieure à celles qui faisaient souffrir son cœur. Il poussa un long cri avant d'éclater en sanglots , la tête touchant presque le sol  devant un Gnoro qui observait la scène avec un regard triste et un silence religieux.
Nunne s'en voulait , il s'était précipité sans réfléchir , animé par un instinct primaire il avait fondu sur celui qui agressait la seule personne qui avait vu autre chose en lui qu'un simple et bête soldat de l'Ordre. Tout ça était de sa faute , il s'empara d'une pelle et claudiquant tant bien que mal il s'efforça d'aider Gnoro à creuser deux tombes dans la clairière la plus proche. Deux heures plus tard ils placèrent les corps , toujours sans un mot on recouvrir les corps de terre ; le silence disait parfois tellement plus. Gnoro la cherche eux planches de bois sur lequel il grava deux épitaphes qu'il plaça sur les deux tombes.
Sur celle d'Halmun était inscrit
"Ci-gît
Homme sage parmi les sages
Considéré comme une Belette
Eleve du maître du Carnage
Qui finit par avoir sa tête
"

Sur celle d'Aliénor était inscrit
"Ci-gît
Une âme pure et innocente
Torturée et possédée
Chante , rossignol , chante
Vole et retrouve ta liberté
"

Nunne s'avança comme pour prononcer une oraison funèbre mais il n'en avait plus la force. Tout ce qui lui restait à faire c'était de retourner à Bree , d'expliquer toute la vérité à Amiel , de se délester de tous ses secret et de tourner définitivement la page pour repartir . Il n'avait pas d'autres choix , il s'agenouilla devant les tombes et trois mots seulement ne purent sortirent de sa bouche

-Je suis désolé.

#Halmun #Gnoro


The Young Cop


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