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 Joyaux que gemme

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Edawyn
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Edawyn

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Joyaux que gemme - Page 2 EmptySam 23 Juil 2016 - 17:07
La mêlée, déjà mal commencée, tournait de plus en plus en défaveur d’Edawyn et de ses compagnons. Le seul encouragement fut lorsqu’il mit au sol la créature qui combattait l’Extracteur, mais ce répit donné à son guide ne lui permettait pas pour autant de délaisser son adversaire. Ce dernier avait été lent à réagir, ce qui avait permit à Edawyn de se tirer de son attaque sans se faire blesser par derrière, mais il tentait de se rattraper en ne laissant aucun répit au jeune homme, l’étouffant d’attaques fluidement enchaînées.

D’ailleurs, malgré la grandeur de la pièce dans laquelle ils se trouvaient, Edawyn étouffait bel et bien. Le combat avait quelque chose de troublant. La noirceur, la froideur de l’air, voir même les traces d’une claustrophobie – car si la pièce était grande, ils n’en demeuraient pas moins enfermés dans les souterrains – étaient depuis trop longtemps endurés et c’était devenu trop que d’ajouter à ces menaces psychologiques des créatures aussi sournoises que robustes. C’était donc une chance que Viglo se soit déchaîné. En dévoilant à tous ce potentiel effrayant mais dont on ne pouvait néanmoins nier l’utilité, il canalisait l’attention sur ses amples gestes et sa fureur inarrêtable.

L’Arnorien ne pouvait, malgré la pression qu’il subissait, s’empêcher de penser à ce que devenait Viglo. Il était incrédule, lui qui avait toujours cru avoir un compagnon stoïque, certes quelque peu renfermé, mais en aucun cas capable de déchaîner une violence semblable. Or, peu importe quelles seraient les conséquences d’une folie semblable, quelles que soient les possibles séquelles, Edawyn ne se plaignait pas, car son compagnon était, en ce moment, tout ce qui le maintenait en vie.


Or, si Viglo fut capable, pendant un temps, de monopoliser l’attention, Edawyn n’en restait pas moins face à un adversaire coriace. Ce dernier, aidé par un de ses comparses, avait réussi à le faire reculer, si bien que l’Arnorien s’était retrouvé dos au mur, obligé d’être sur la défensive. Il savait ce que cette position signifiait. En sous-nombre, sur un sol inconnu, être obligé de parer sans relâche annonçait une inéluctable défaite, du moins c’était ce que lui dictait son cœur, empli d’amertume et de frustration.

Toutefois, Edawyn n’avait qu’un objectif, si sa fin était inévitable : emporter un de ses ennemis avec lui. Il criait, un mélange de souffrance, de colère, d’un sentiment d’impuissance qu’il n’avait jamais ressenti auparavant. Ses coups étaient féroces, mais imprécis. Il blessait sans doute peu au vu des armures épaisses, et chaque coup lui meurtrissait encore plus le bras. Il n’entendait rien de plus que sa respiration et avait le gout de son sang dans la bouche.

Puis, une voix cria, pesant les mots.

- Cessez de vous battre, ou nous tuons vos deux amis.

Edawyn jeta instinctivement un coup d’œil en direction de son guide. Il le vit prisonnier et lâcha immédiatement ses armes. De toute manière, sans Thorek, il était perdu. Il ne survivrait pas dans les cavernes, déjà hostiles en elles-mêmes, mais de plus, abritant d’adversaires aussi redoutables. D’ailleurs, le combat était perdu, il restait à employer la voie diplomatique, et pour cela, il fallait qu’il s’en remît à l’Extracteur.

L’Arnorien avait peu porté attention à la voix qui l’avait interpellé, mais il avait tout de même pu remarquer qu’elle n’avait rien de commun. Elle n’était pas orque, Edawyn ne les connaissaient que trop bien pour en avoir croisé dans quelques moments dangereux de sa carrière. Quand aux autres créatures susceptibles d’être dénichées dans les profondeurs, elles relevaient plus du mythe qu’autre chose aux yeux du mercenaire, qui se retourna vers Thorek. Ce dernier semblait concentré, puis une lueur fut aperçue dans ses yeux lorsqu’il déclara :

- …ce sont des gn…

Il fut interrompu, un coup l’ayant assommé. Edawyn tressaillit, mais jugea bon de rester muet.  

Ses mains furent vite attachées. C’était peut-être parce qu’ils les considéraient comme de possibles menaces, mais Edawyn en doutait. Ils avaient livré une piètre prestation de leurs talents guerriers, d’autant plus qu’en sous-nombre, et maintenant que Thorek était inconscient, ils ne pouvaient qu’attendre le dénouement de l’histoire avec fatalisme.

Edawyn avait le désespoir au cœur. Il jeta un coup d’œil à Garlm, mais ce ne fit qu’aggraver son sentiment. Le Rohirrim avait cherché le pétrin, il fallait l’avouer, mais il n’en méritait pas tant. En voyant qu’on traînait sans aucune considération le garde, qu’on ballottait ce corps inerte, l’Arnorien comprit qu’ils n’étaient plus que deux.

Et de là à savoir si Viglo était ressorti indemne de sa rage…


Oublié depuis le vacarme auquel ils avaient tous prit part, le silence revint. C’était un silence angoissant, ou le moindre petit pas sur le sol se répétait mille fois dans leurs têtes. En temps normal, Edawyn se serait servi d’un temps mort semblable pour ce ressourcer, faire le point. Or, il en était incapable. La noirceur et le froid étaient envahissants. Il avait une douleur lancinante à la cuisse gauche, dont il ne savait si elle avait été causée par une blessure ou si elle avait une origine psychologique.

Bref, tout cela couplé à l’appréhension de ce qui suivrait le tourmentait trop pour qu’il conçût quelque plan.

Il n’avait jamais ressenti de pareille crainte. En surface, tout particulièrement à Annùminas, il se sentait toujours en possession de ses moyens. C’est pourquoi il était serein, l’air perpétuellement calme, alors que depuis qu’il avait pénétré les cavernes, un flot d’émotions à la fois puissantes et toutes contraires l’assaillaient.

Il finit par être tiré de ses troubles psychologiques par une lumière. Mais elle ne fit que le ramener à ceux de la réalité.

- Tout ce vacarme pour si peu de choses? Les humains ne cesseront-ils donc jamais de venir nous emmerder ?

La voix était féminine, mais pas pour le moins méprisante. Edawyn ne savait que penser. Avait-elle véritablement croisé autant d’humains par le passé ou se servait-elle de cette allusion uniquement pour mieux placer sa pointe ?

Peu importe après tout. Le jeune homme avait progressivement repris ses esprits, et il comptait non seulement sauver sa peau, mais aussi celle de ses compagnons. Il sentait progressivement une dose d’héroïsme lui monter au cerveau. Ce qu’il n’avait su faire par les armes, il le ferait par la parole. Mais encore fallait-il trouver la bonne formulation. Il s’apprêtait à tenter paroles creuses, histoire de tâter le terrain, lorsqu’il se fit devancer par Viglo, la langue visiblement aussi légère que l’épée.

« Eh bien, si vous voulez que les hommes arrêtent de vous embêter, faites comme les elfes, montrez à quel point vous êtes emmerdants! »  

Edawyn ne put s’empêcher une grimace qu’il espérât imperceptible. Bien qu’il se doutât qu’avec de pareilles créatures, un langage raffiné était à écarter, il n’aurait pas non plus tenté pareille boutade. D’ailleurs, l’esclaffement général parut lui donner raison.

Il ne vit rien d’autre à faire qu’attendre que les esprits s’apaisent. Il en profita pour regarder alentour, tentant de déterminer le nombre, le plus exactement possible, de leurs agresseurs.

Puis, il tenta une approche qui, l’espérait-il, n’échaufferait pas les esprits, même s’il ne se faisait pas d’illusions quant au caractère exécrable de leurs ennemis.

- Nous ne vous cherchions pas, nous ignorions même votre existence. Certes, la rencontre s’est faite de la pire manière qu’il soit, mais il serait sans doute préférable que nous nous en sortions tous la tête sur les épaules, ainsi que tous les autres membres intacts.

Il avait dit cela en lançant un regard éloquent à Viglo, désirant que celui-ci redevienne comme à leur entrée dans ces maudits souterrains.
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Dwolin
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Joyaux que gemme - Page 2 EmptyVen 19 Aoû 2016 - 14:07
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Glang !

Le bruit d'une grille que l'on ferme. L'esprit de Garlm que le sommeil, ou plus vraisemblablement les coups, avaient maintenu loin de son corps, commençait à revenir en place. Le Rohirrim tenta tant bien que mal de le laisser là où il était, avant de se rendre compte que cela accélérait le processus. Trop tard. Ses sensations revenaient. La douleur, partout. Il avait les idées floues. Où était-il ? Pourquoi avait-il mal ? Il ouvrit un œil. Il n'y voyait rien, il le referma. Son corps était plaqué contre de la roche froide. Une fraîche humidité emplie de moisi flottait dans l'air. Une caverne. Les cavernes étincelantes. Des choses lui revinrent en mémoire, les nains, les trésors, ses compagnons. Mais où étaient-ils d'ailleurs ?

Il se rendit alors compte que, jusque-là, il n'avait pas fait attention aux bruits qui l'entouraient. Quelqu'un respirait fort près de lui, des bruits de pas, plus ou moins proche allaient et venaient. Cette fois-ci, il ouvrait les deux yeux. Après un temps d'adaptation, il pu avoir un aperçu de là où il se trouvait. Une lueur, venant de derrière lui, éclairait le fond de la grotte qui se trouvait devant lui. A sa gauche, une forme humaine était allongée, et, visiblement, dormait profondément. Garlm se redressa difficilement, et, une fois assit, se retourna pour voir la source de lumière. Celle-ci était une torche, qui semblait être accroché plus loin dans le couloir qui menait à leur cavité. Derrière une grille.

Merde ! Songea t-il. Il était donc enfermé.

Il essaya de se lever, mais retomba aussitôt. Sa jambe ne le tenait pas. Sa course dans les couloirs, la créature, le passage. Alors qu'il se remémorait ces événements, sa tête le fit souffrir atrocement. Sa main passa sur une première bosse. Les petites créatures qui les avaient attaqués, sa charge désespérée lorsqu'il avait vu ses compagnons, la rapidité avec laquelle il avait était maîtrisé et réduit à l'inconscience d'un bon coup sur le crâne. Une deuxième bosse. D'où venait-elle celle-là ? Il y avait Thorek, qui avait crié quelque chose avant de se prendre un méchant coup sur la tête.  Puis cette voix nasillarde, suivie de celles des mercenaires qui s'étaient mis à déblatérer toute sorte de chose que le Rohirrim n'avait pas saisi . Et enfin, dans toute sa finesse, il avait lui-même insinué que le présumé chef des petites créatures descendait d'un croisement entre un gobelin et une loutre de moindre vertu. Ce souvenir lui arracha un petit rictus satisfait. Puis c'était encore le noir et il était ici désormais.

Il attendit un instant, les yeux fermés, le temps que sa tête se calme et qu'il s'habitue à la douleur. Il se releva. À ses côtés gisait l'extracteur, inconscient. Ou peut-être dormait-il juste profondément.
Garlm se traîna jusqu'à son compagnon, malgré la douleur. Son armure lui avait été retiré. Il hésita un instant avant de tenter un réveil. Même lorsqu'il dormait, quelque chose d'inquiétant émanait de l'extracteur. Néanmoins, le Rohirrim se doutait qu'il en savait plus sur leur situation que lui-même, et, comme il ne trouvait rien de mieux à faire, il le secoua doucement :

« Réveillez-vous, réveillez-vous ! »

Après plusieurs tentatives, le guerrier poussa un soupir. Rien à faire. À croire qu'une tempête en mer ne l'aurait pas plus réveillé. Néanmoins, las du silence qui régnait, il continua à lui parler :

«  Vous nous avez foutu dans un sacré pétrin Thorek. Des trésors oubliés ! À portée de main, plus qu'à se servir !  Peuh ! Des créatures dangereuses et rancunières oui ! Et maintenant nous voilà à croupir en attendant quoi ? La mort ? »

Des bruits de pas s'approchèrent, mêlés à des paroles que Garlm ne comprenait pas.  Dans un réflexe douteux, il se tut, s'allongea et fit semblant de dormir. À plus tard la bravoure. La discussion entre les deux nouveaux arrivant s'arrêta un instant, le temps qu'ils ouvrent la grille et entrent dans la cellule. Alors que Garlm tentait un coup d’œil, il sentit deux mains le soulever avec une force surprenante. Il atterrit violemment sur l'épaule du gardien, tant bien qu'il eu le souffle coupé. Les deux créatures repartirent de la cellule avec leur fardeau, sans prêter attention à l'extracteur. Alors que l'une des deux sortait un trousseau de clefs, une idée traversa l'esprit du Rohirrim. On verrait plus tard si c'était une bonne ou une mauvaise, mais pour le moment il s'en tenait à elle.

Comptant sur l'effet de surprise, il se jeta maladroitement sur les clés avant que la porte ne soit verrouillée. Une fois sa prise bien en main, il la jeta dans la cellule tel qu'on ne pouvait distinguer son lieu de chute. Il cria aussi fort qu'il pu, essayant de camoufler un minimum le bruit de la clé qui tombait et pourquoi pas réveiller son comparse.

Son geôlier le reprit violemment, étouffant son cri. Cette fois, il le tenait d'une fermeté infiniment plus élevée. Il n'attendit pas que l'autre petite créature retrouve les clés pour avancer dans les couloirs. Garlm eut juste le temps de voir un léger mouvement du côté de Thorek. Il espérait avoir donné une chance à ce dernier. Sinon et bien, ils étaient pris de toute façon. Plus loin dans le couloir, il crû distinguer des formes humaines dans une autre cellule. Sûrement les arnoriens. Garlm tenta de se remémorer leurs noms. Il n'y avait tellement pas fait attention qu'il ne put sortir que des approximations :

« Edaryn ! Veglo ! »

Il essaya de percevoir une réaction mais, hélas, le petit être avait accéléré le pas et, sentant le rohirrim se tortiller, il lui donna  un nouveau coup sur le crâne.
Décidément, il avait le don de les énerver songea-t-il avant de sombrer une nouvelle fois.

Il divagua un moment entre les cavernes et les plaines. Son cheval et lui dans le vent, rien ne semblait pouvoir les arrêter. Il se promit qu'il ressentirait encore la même chose avant de mourir, il se promit qu'il aurait un cheval dans le vent rien qu'à lui. Qu'il remontrait du trou vers la surface où l'attendait le cheval et le vent. Mais au fond de lui, dans la conscience qui le rattachait encore à ce monde, il savait qu'il n'était pas encore au fond du trou, et que sa remontée attendrait qu'il en ait fait la connaissance si mortelle fut-elle…

Quand Garlm reprit conscience, il était assit sur un siège, attaché.  

Fichtre ! Pensa-t-il très fort.

En face de lui se trouvait l'un des arnoriens, Eda...machinchose. Il n'avait pas pu voir s'il était attaché lui aussi, car ce qu'il vit devant lui capta son attention. La grande créature qui l'avait pourchassé et presque capturé dans les couloirs se trouvait là. Et elle avait l'air contrarié.

Le danger, c'est là où Garlm était encore un peu de ce qu'il avait été, quand il n'avait pas trop bu…
Après un rapide examen, il se rendit compte que son siège, quoi que fait de pierre, n'était nullement fixé au sol et que sa forme confinait à celle d'une chaise. L'énorme chose fonça vers lui. Sûrement préparait-elle un réveil tout en douceur. Encore une fois, l'effet de surprise lui sauva la mise. Décidément, personne ne semblait voir en lui une menace sérieuse, voire une menace tout court, et ne prenait de précautions.

C'est sur cette pensée qu'il se retourna soudainement, employant toute sa force pour soulever son siège le temps que la créature frappe dedans, tête la première. Elle recula, hébété. Le siège disloqué, Garlm n'eut aucun mal à se détacher des liens qui l'entravait. Il s'apprêtait à fuir par la seule ouverture qui n'était pas derrière son adversaire quand il se rappela du mercenaire encore accroché. Heureusement, Garlm avait toujours une petite dague sur lui, à l'abri des fouilles corporelles. Rien de bien dangereux, tellement elle était minuscule, mais ça permettait de trancher des liens. Ça n'était pas très glorieux, mais ça l'avait déjà sauvé par le passé. Il trancha les liens de son compagnon aussi vite qu'il pu, mais leur adversaire s'était déjà relevé, prêt à charger. Cependant, elle ne s'attendait pas à avoir en face d'elle deux adversaires libres de leurs mouvements. Aussi le temps qu'elle choisisse une cible, ils avaient décampé à travers les couloirs obscurs.

Ils avaient peu être gagné un répit, mais c'est bien tout ce que cela leur avait octroyé...
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Nathanael
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Joyaux que gemme - Page 2 EmptyDim 21 Aoû 2016 - 17:16
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Ils ont fui il y a de longues années” … “Fuir, jamais ! Ils sont toujours là-bas, dans les tréfonds des montagnes, ils gardent le plus grand trésor de notre peuple” … “Fadaises, il n’y a plus rien là-bas que des ruines et des cendres” … “Personne ne peut rien affirmer à ce sujet, personne n’y est jamais retourné”… Des échos, des souvenirs. Sa mémoire flanchait. Etait-il vivant ? Une douleur lancinante dans le bas du dos le ramena à lui. Une douleur vive derrière le crâne aussi. Oui, vivant. Mais il ne parvenait pas à refaire surface. Ils étaient descendus trop profondément sous les montagnes. Ils étaient remontés trop loin dans le temps. Il entendait les mots de Garlm, mais il n’en comprenait pas le sens. Il criait. Pourquoi ? Il avait mal. Pourquoi fallait-il que le Rohirrim lui irrite en plus les tympans ? Il émit un grognement plaintif, mais Garlm ne comprit pas le sous-entendu. L’alcool nain avait dû lui ronger l’esprit. Puis de nouveau ce fut le silence. Étaient-ce des bruits de pas ? Il remercia silencieusement ceux qui avaient éloigné le brailleur. Il sentit un objet lui heurter le bras, puis il sombra à nouveau dans l’obscurité.

Deux font la paire. L’Extracteur et Viglo avaient été laissés en cellule. Edawyn et Garlm, emportés dans une salle. Les créatures souhaitaient approfondir un interrogatoire sans doute, les coups sur la tête ne leur ayant pas apporté les réponses souhaitées. Mais au lieu de mots, ils durent faire face à des coups. La grande créature subit l’assaut brutal du Rohirrim. Elle cria. C’était un hurlement de douleur. Ni un grognement, ni un rugissement. Juste un cri. Garlm ne nota sans doute pas la différence, qui s’enfonçait déjà dans les ténèbres en compagnie d’Edawyn pour sauver ce qui pouvait l’être. Dans l’ombre, la petite voix nasillarde ordonna d’une voix péremptoire et sèche.

- Que les humains sont prévisibles ! Rattrapez-les ! Nahald, Sisyphe, debout, rattrapez les !

La grande créature se scinda en deux parties distinctes qui, cahin-caha, partirent sur les traces de Garlm et d’Edawyn. La voix nasillarde quitta la salle tout en continuant de donner des ordres. Il fallait s’assurer que les deux autres ne s’esquivent pas non plus. Que Mahal soit remercié ! Les deux humains étaient encore étendus dans leur cellule. Le plus grand des deux, le plus vieux aussi, était couché.

- Prudence Trahald, ne commettons pas deux fois la même erreur.

Une petite forme s’avança dans la cellule, un bâton dans la main. La faible lumière se reflétait sur le crâne dégarnie de la créature. Elle assena un grand coup de son arme dans les côtes de l’Extracteur qui se réveilla en gémissant.

- Qu’Aulë vous emporte !
- Ne blasphémez pas jeune homme. Vous n’êtes pas en position de le faire.


Le dénommé Trahald aida l’Extracteur à se relever en s’adossant contre un mur.

- Vos amis nous ont faussé compagnie. Voilà comment les humains nous remercient de leur offrir l’hospitalité.
- Votre hospitalité prenait une autre forme à l’époque.


Etait-ce un rire qu’on entendait sortir de la gorge de la petite personne qui se trouvait devant l’Extracteur ? Un rire rouillé, patiné par le temps, érodé par la fatigue, l’attente et la lassitude. Elle quitta la cellule de l’Extracteur et rejoignit celle où se trouvait toujours Viglo. Le mercenaire était blessé, mais ce n’était que des plaies superficielles.

- Celui-ci nous a donné bien du fil à retordre. Comment être sûre qu’il ne nous filera pas entre les doigts une fois libéré ? Te tiendras-tu tranquille ?

Dans la lueur blafarde qui baignait l’étroite caverne, Viglo put découvrir, enfin, le visage émacié d’une naine rondelette. Elle était vieille. Ses longs cheveux blancs reposaient sur un épais manteau de cuir noir. Ou marron. La couleur d’origine était indéfinissable. Elle tenait un court bâton mais ne semblait pas vouloir s’en servir. L’Extracteur regardait ce petit groupe insolite se dessiner au milieu des ombres, surgissant du passé comme des chimères oubliées. La naine aboya quelques ordres dans une forme du Khuzdûl que Thorek n’avait jamais entendu. Quelques signes brefs, secs et rapides, et trois autres nains les rejoignirent rapidement. L’un d’eux portait une torche. La brusque lumière aveugla l’Extracteur et Viglo dont les yeux s’étaient accoutumés à la noirceur des grottes. Thorek réussit à articuler quelques mots, effaré.

- Comment est-ce possible ?

***

Au milieu des ombres des Cavernes Etincelantes, Edawyn et Garlm courraient. Poursuivis par deux créatures des plus étranges. Des nains. Mais Garlm et Edawyn ne le savaient pas. Comment distinguer un nain équipé d’une armure, d’un gobelin équipé d’une armure ? La barbe peut-être. Mais la barbe ne se voit pas dans le noir. Et nulle autre couleur ne venait contraster au milieu des ombres des Cavernes Etincelantes.
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Joyaux que gemme - Page 2 EmptySam 15 Oct 2016 - 3:38
Edawyn et Garlm s’étaient enfuis. Thorek et Viglo étaient en geôle. C’est ce qu’il comprenait. Devant eux, quelques nains rabougris les toisaient insolemment. L’Extracteur semblait savoir à qui il avait affaire. Se rappelant l’aisance avec laquelle celui-ci se déplaçait dans les Cavernes, le mercenaire était maintenant certain que son employeur était déjà venu.

L’Arnorien était vexé. Fils de la campagne n’ayant connu que les travaux des champs et les bassesses urbaines, il n’avait jamais eu de vraie éducation. Par orgueil ou par fierté, il avait appris à lire et à écrire dans ses temps libres, il en avait eu beaucoup, et avait continué son érudition en volant des livres par-ci par-là. Néanmoins, il ne s’intéressait qu’aux ouvrages de poésie, de philosophie ou portant sur les arts (péché mignon qu’il faisait bien de garder pour lui). Il n’avait donc aucune connaissance générale pouvant lui permettre de comprendre ce qui se passait. Il n’avait qu’une idée vague de ce qu’était ce qui se trouvait devant lui. Ils étaient petits, et il en déduisit qu’ils étaient des nains. Il était vexé, car il n’y comprenait plus rien, tout n’était que chaos autour de lui. Le pire, c’était qu’il était désarmé et qu’il était donc plutôt vulnérable.

Viglo mit fin à ses balivernes. Telle était la pensée des faibles, qui justifient leur inaction par le fait qu’ils ne peuvent plus rien faire. Les forts sont proactifs. Viglo commença par étudier son environnement afin de trouver une quelconque échappatoire. Il n’y en avait pas vraiment. La sortie était bloquée, ses adversaires avaient l’avantage en toute chose, du terrain à la forme physique. La fuite était donc à oublier pour l’instant, sans compter que l’ennemi avait eu le temps de se réorganiser après le prompt départ des deux autres.

Par contre, au moins, ses adversaires semblaient décents. Ils étaient polis, calmes, posés. Le dialogue était encore possible. L’approche diplomatique était assurément la plus sûre, mais des négociations seraient difficiles puisque Thorek et Viglo n’était pas exactement en position de force. De plus, la seule entente raisonnable qui aurait pu être faite et qui soit positive aurait été que les quatre compagnons repartent vers la surface. Étant donné que l’Extracteur avait des intérêts intrigants concernant ces Cavernes et que deux des aventuriers étaient manquants, une telle proposition était difficile à concevoir, d’autant plus qu’il était probable que ces nains veuillent la mort des compagnons. Mais dans ce cas, il était incompréhensible que les Petits les laissent encore vivre. Viglo crut donc que les liens de son patron avec ces Profondeurs y étaient pour quelque chose.

Ainsi, plus par manque d’option que par réelle décision, Viglo se leva. Il avait mal partout et des traces de sang tâchaient ses vêtements. La douleur, néanmoins, n’avait que très peu d’effet sur lui. Cette particularité, vue par plusieurs de ses anciens employeurs comme un don, lui avait souvent parue comme un sérieux désagrément. Souvent par le passé il s’était retrouvé à l’article de la mort après avoir négligé des blessures s’étant infectées. Il en avait gardé plusieurs cicatrices et un système immunitaire hors du commun.

Bref, il se leva et sentit aussitôt ses geôliers s’agiter, sûrement se souvenaient-ils de la mauvaise expérience d’Edawyn et de Garlm. Néanmoins, parce qu’ils le croyaient à moitié mort ou parce qu’ils étaient confiants en l’avantage du nombre, ils le laissèrent faire. Viglo se tenait droit, prenant la pleine mesure de la taille de ceux devant lui. Il ouvrit la bouche, tenta de parler mais dû violemment se racler la gorge avant de commencer. Le son de sa voix résonna pendant un bon moment dans les souterrains. « Certes, vous avez l’avantage et je le reconnais. Néanmoins, je vois que vous nous avez gardé en vie, ce qui prouve que vous faites tout de même preuve de civilité. Il serait apprécié que vous nous expliquiez ce que vous voulez, considérant que nous ne vous serons d’aucune aide tant que nous ne le saurons pas. Je sais que nous avons pu vous paraître belliqueux mais ce n’était en aucun cas nos intentions. J’espère sincèrement que vous saurez vous montrer constructifs. »

Cette voix, Viglo ne la prenait que pour parler à ses supérieurs. C’était un ton froid, à une preuve de force sans arrière-fond d’effronterie. Il n’aimait pas parler de la sorte, puisqu’il se forçait pour trouver les mots justes. Utiliser ce langage était ardu pour lui puisqu’il devait constamment se souvenir des formules employées par les puissants d’Annuminas. Après tout, le mercenaire était autodidacte, pas érudit.

La femme qui semblait être en position d’autorité ricana de dédain en toisant l’homme du Nord. « Petit impertinent, va. Les êtres insignifiants comme vous me dégoûtent, mais tous vos questionnements sont compréhensibles vu votre position. » Elle se retourna vers l’Extracteur avec un air las et fatigué et continua : « En route. Nous devons vous emmener voir quelqu’un. Expliquez-lui ce que vous savez sur le chemin ou pas, ça m’est égal. Concernant vos amis, ils ne courront pas bien longtemps encore. Ils finiront par se perdre dans tous ces tunnels. Nous les rattraperons alors tôt ou tard et vous serez alors réunis. Suivez-moi. »

Elle sortit de la cellule, suivie de deux de ses compères. Les deux captifs suivirent et fermèrent la marche les deux autres nains. Thorek, encore tout chamboulé par ce qu’il venait de découvrir, dit d’une petite voix faible contrastant nettement avec son imposante stature : « Pfff… Par où commencer?

- D’habitude, répondit Viglo, on commence une histoire par le début.

- Eh bien, puisque le trajet semble plutôt long, je vais tout vous raconter… continua-t-il en ignorant le commentaire de l’Arnorien.
»

Et c’est ainsi qu’il raconta en quelques minutes des années de récits, d’aventures, de trahisons, de vengeances et de promesses brisées qui chambouleraient le cœur de n’importe quel homme sur ces terres. Si seulement Viglo avait un cœur… Dans les Cavernes, seuls retentissaient leurs pas et sa voix, et, un peu plus loin, la respiration effrénée de Garlm et Edawyn, qui ne se doutaient pas qu’ils ne faisaient que s’enfoncer de plus en plus dans les profondeurs des montagnes.
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Edawyn
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Joyaux que gemme - Page 2 EmptyJeu 17 Nov 2016 - 23:01
Edawyn ne comprenait plus rien dans tout ce qui se passait. Ou du moins, il n’arrivait à rien comprendre de logique, de rationnel. Tous ce qui prévalait dans son esprit depuis sa capture étaient des sentiments bruts, des pensées instinctives et des peurs insensées – ou l’étaient-elles ?

Depuis que, sans trop qu’il puisse comprendre, il avait été emmené avec Garlm, il ne se souciait plus de comprendre sa propre situation. À sa grande surprise, il avait été sauvé par la réactivité du Rohirrim, qui devait s’être enfin libéré de l’effet de l’alcool nain. Il n’avait pu l’aider que très peu ; l’état de choc retardait toutes ses prises de décision, si bien qu’il aurait très bien pu être en état d’ébriété et mieux coopérer, la témérité lui manquant.

C’est pourquoi, lorsque Garlm prit ses jambes à son cou, il ne pensa qu’à le suivre. Il ne prit aucunement en considération les tunnels labyrinthiques, sa propre faiblesse physique, leurs sous nombre… Il vit une échappatoire, et s’y dirigea.

Il eut été justifié de penser que c’était peine perdue, que leurs ennemis ne feraient que s’amuser avec leurs proies une dernière fois avant de les exécuter, mais, grâce à Garlm, Edawyn fut amené à prendre un risque.

Lorsque tous deux franchirent rapidement la voûte qui ouvrait la salle d’où il venait d’être libéré, ils débouchèrent sur un corridor en apparence sinueux. Dans leurs course d’autant plus effrénée qu’ils ne voyaient pas leur assaillant en raison des zigzags que les murs leurs imposaient, ils s’efforçaient de réfléchir à leur trajectoire. Toutefois, tandis que des embranchements eussent été salvateurs – semer l’ennemi, faute de pouvoir bien s’orienter soi-même, telle était l’idée – ils n’en voyaient aucun.

Ils continuaient, avançaient, progressaient, s’enfonçaient de plus en plus dans les cavernes et dans le danger. Dans la tête du jeune mercenaire, une foule d’idées s’entre-chamboulaient, mais lorsqu’il tentait de se concentrer, il s’apercevait que seul leur respiration et leurs pas étouffés brisaient le lourd silence des profondeurs. Lorsqu’il tentait de prêter l’oreille aux sons de leur assaillant qui, possiblement, trouveraient écho pour parvenir à eux, rien ne venait.

Il essayait de réfléchir rationnellement ; chose ardue. Ils tournèrent à gauche, puis à droite, puis descendirent et montèrent si bien qu’il perdit toute notion de temps et d’espace. De toute manière, il n’avait placé aucun espoir en ses capacités d’orientation. Tout ce qu’il espérait, c’était de vaincre d’une façon ou d’une autre ce qui les poursuivait.

C’était une forme de vengeance, plus importante encore que d’assurer sa propre survie.

Ils entrèrent dans une pièce sombre. Leurs yeux s’étant évidemment habitués à la noirceur, il arrivait à distinguer le contour d’une table vétuste, apparemment massive et faite de pierre. Edawyn ralentit le pas, détourna la tête du meuble pour croiser Garlm.

Il n’arrivait pas à voir clairement son visage, mais il semblait enclin à être plus rationnel, ce qui était de bonne augure. D’ailleurs, le simple fait qu’il ait lui aussi arrêté de courir pour examiner les alentours était encourageant.

L’Arnorien pressa le pas, fit le tour de la salle – qui devait faire une trentaine de pieds de profondeur – et tenta de trouver une sortie. Or, c’était tentative vaine. Le mur lisse et froid se continuait et, lorsque les deux hommes eurent fini de l’inspecter, Edawyn comprit qu’il fallait changer de stratégie. Il chercha autour de lui une arme, mais ne trouva rien. S’accroupissant pour mieux voir un faible reflet de lumière qui indiquerait la présence d’une lame, il ne trouva rien. Hormis une épaisse couche de poussière, à peu près rien n’altérait la froideur de la pierre. Il jeta un rapide coup d’œil à Garlm pour voir ce que celui-ci faisait, mais il revint bientôt à ses propres préoccupations. Le mercenaire savait que le temps lui manquait, et bien qu’il eût voulu trouver une arme, un piège, il dut se rendre à l’évidence qu’il devait trouver une alternative. Simple et rapide.

Il s’approcha prestement du bord de la table. Un choc avait abîmé le coin de la table vis-à-vis l’entrée, et un bloc massif de roc traînait, invitant.

Edawyn n’hésita pas une seule seconde, prit le bloc en main, alla s’embusquer près de l’ouverture par laquelle ils étaient arrivés. Il s’abstint de donner quelque indication à Galrm.

Soit il s’était pris en main et avait lui aussi concocté un accueil à leurs assaillants. Tant mieux si c’était le cas.

Soit il était revenu au Garlm tête-en-l’air, inconscient et suicidaire. Le cas échéant, Edawyn n’attacherait pas grande valeur à sa vie. Il servirait d’appât, tout simplement.
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Dwolin
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Dwolin

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Joyaux que gemme - Page 2 EmptyLun 5 Déc 2016 - 20:05
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Il y avait comme un air de déjà vu dans cette scène.
Deux pauvres ères courant au hasard des couloirs sombres, poursuivis par des créatures qui ne leur voulaient apparemment pas que du bien. Que pouvaient bien espérer les deux compères épuisés sinon une prompte mort ?

Garlm qui était parti devant avait vite été rattrapé par le jeune Arnorien qui menait maintenant la course. Cette course pour la survie dans laquelle ils perdaient de plus en plus de terrain sans le savoir. Le vieux guerrier se laisser guider bien que ses sens lui indiquaiten qu'Edawyn ne savait guère où il allait, mais il n'en avait cure. Toute sa concentration lui servait à rester debout. La douleur à sa jambe était insupportable, quoique son état l'empêchait de la sentir pleinement, son souffle semblait une perpétuelle crise d'asthme et ses yeux ne pensaient qu'à se fermer et ne jamais se rouvrir. Enfin, après un zigzag dans ces cavernes infinies, son compagnon s'arrêta brusquement. Cul-de-sac. Des bruits se rapprochaient. Edawyn s'était mit de côté quelque chose dans sa main, prêt à frapper. Garlm mit sa main à la ceinture mais n'y trouva point son épée. Sa dague minuscule ne lui servirait à rien dans un assaut frontal.

L'ennemi arriva et Garlm eu juste le bon sens de se mettre hors de vue. Sa vue se brouillait , sa tête allait exploser. Tout se passa très vite. Le premier arriva à pleine vitesse, arrêté net par l'arnorien qui l'envoya dans les pommes d'un coup bien vigoureux. Le deuxième ne comptait sûrement pas se faire avoir mais s'était sans compter Garlm qui fit un malaise et s'effondra par terre devant l'ouverture alors que la créature la franchissait. Aussi bas que fut son centre de gravité elle perdit l'équilibre, lâcha sa masse dans sa chute et fonça le crâne le premier sur elle, le spectacle n'était pas beau à voir.  

Garlm reprit assez rapidement connaissance, sa jambe, immobile lui faisait moins mal. Son souffle redevenait normal et il ouvrit les yeux. Edawyn était penché sur la créature qui avait perdu connaissance et lui avait retiré son casque. Garlm eu du mal à y croire, c'était un nain !

La rage monta en lui, les nains étaient censés être les amis des hommes ! Pas de viles créatures perfides ! Ils allaient payer ! Enfin au moins un. Il devait bien connaître une sortie. Il s’approcha du cadavre et avec toutes les peines du monde, le transporta sur le nain inconscient. Ce dernier se réveilla et tenta de bouger. Mais avec le poids de son armure, un nain en armure et le Rohirrim sur lui il n'arriva pas à grand-chose sinon à pousser un grognement d'impuissance.

Garlm empoigna sa dague et la posa contre le front du nain qui cessa de bouger. Il allait parler ! Enfin pour peu qu'on lui pose une question.

«Qu'est-ce qu'il se passe là-dessous ? »


Le nain cracha sur le visage de Garlm. Ce dernier n'essaya même pas d'esquiver et n'y prêta pas attention. Il se contenta de déplacer son arme du cou de sa victime vers sa barbe et fit mine de commencer à la couper. Le visage du nain se décomposa. Ils étaient si prévisibles.

« Qu'est ce qu'il se passe ici bordel !  »
continua Garlm en prenant soin de marquer chaque mot.

Sans même attendre une réponse il commença son travail sous le regard plein de rage de sa victime.   La réponse arrivait, un cri du nain plus déchirant que les autres à la vue des poils qui tombaient sonnait la fin de sa résistance. Il prit une inspiration mais avant qu'il ne débute son histoire Garlm reprit :

« Et après, tu nous dira comment sortir de ce merdier ! »
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Nathanael
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Joyaux que gemme - Page 2 EmptySam 19 Aoû 2017 - 18:31
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Plus sombre que la nuit, les couloirs par lesquels la naine les menait ne leur renvoyaient que l’écho de leur pas. Thorek avait bien essayé d’expliquer à Viglo ce qu’il savait. «D’habitude, on commence une histoire par le début, avait dit le mercenaire». Mais comment faire comprendre à ce jeune cabochard aux dents longues, que l’histoire était longue de plusieurs centaines d’années ? Il s’était contenté de lui avouer l’évidence :

- Ce sont les descendant des gens de Gimli, fils de Gloïn.

L’Arnorien savait-il seulement de qui il s’agissait ? Chez les nains, Gimli passait pour une légende, mais chez les hommes … leur mémoire courte ne se souvenait que des images qui résistaient à l’érosion du temps. Frodon aux Neuf Doigt était connu de tous. Mais ses compagnons, qui s’en souvenait ? Quelques Rohirrims imprégnés d’histoire, peut-être. Quelques nobles Gondoriens qui avaient eu des précepteurs consciencieux, ou de rares privilégiés qui savaient lire et avaient un jour eu entre les mains le Livre du Thain, que d’autres encore appelaient Le Livre Rouge de la Marche de l’Ouest. Si lui-même ne s’était pas intéressé aux trésors des légendes et des contes, sans doute n’aurait-il jamais su qui était Gimli fils de Gloïn. Il devait s’en trouver des dizaines qui s’appelaient encore aujourd’hui Gimli, petit et ventru, barbe grise ou rousse ou noire, tressée ou non, plus ou moins longue. Sous la montagne d’Erebor, sous la Moria, dans les Montagnes Bleues et peut-être, encore, sous les Montagnes Grises, pour peu que les gobelins n’aient pas encore tout saccagé là-bas. Il avait cherché des trésors en parcourant mille lieux. Il avait retourné des milliers de pierres, tâtonné des milliers de parois. Et il avait trouvé, quelques fois : minerai de fer, jade sombre, rubis rutilant, quartz noir ou blanc, olivine, …

Comment aurait-il pu penser que la plus grande des richesses se trouvait sous les pieds des hommes et des chevaux. Une richesse ni d’or ni d’argent, mais qui lui était plus chère qu’aucune autre. Ces nains étaient comme des reliques, surgis du passé. Nul ne savait comment ils avaient pu survivre ici alors que tous avaient migré vers le nord, quelques deux cents plus tôt. Partout ailleurs on les disait morts, disparus, égarés. Mais ils étaient là. Thorek cherchait encore comment présenter les choses à l’Arnorien quand ils arrivèrent dans une pièce voûtée où se trouvaient une table et des sièges de pierre. La dalle était propre, une lampe à huile brûlait, accrochée au plafond par une chaînette en métal. Deux torches ceintes dans des anneaux permettaient de voir clairement où on mettait les pieds. Et derrière le plateau gris et bas se tenait un nain plus chétif que ses comparses. Il ne portait nulle armure et se soutenait à l’aide d’un bâton. Devant lui, rien d’autres que des plumes, des encriers vides et des parchemins si vieux qu’ils semblaient prêts à se désintégrer.

- Bécile, où se trouve Telect ? demanda la femme naine.

A la lueur des torches,on voyait mieux ses formes replètes distendre la robe de bure qu’elle portait sous son manteau de cuir. Ses longs cheveux gris comme l’acier étaient tressés et tombaient en nattes argentés sur ses épaules. Son visage semblait buriné dans la pierre. Pourtant, à la lumière, nul ne pouvait s’y tromper. Elle était vieille, très vieille. Le nain derrière la table de pierre répondit dans un dialecte que Thorek ne déchiffrait que péniblement. Certains mots lui échappaient, d’autres ressemblaient à ce qu’il savait de la langue des nains. Mais la prononciation de ceux qui se trouvaient là n’avait rien de commun avec la langue des nains de la Moria ou d’Erebor.

- Trouve-le nous je te prie. Nous avons des invités.

Force fut de constater que, même s’ils avaient les mains liées, ils furent invités poliment à s’asseoir sur des sièges bas, patinés autant par les années que les nombreuses paires de fesses qui s’étaient posées là avant. On entendit les bruits de pas s’éloigner dans le couloir, le tintement des armes et des armures à chaque mouvement des nains qui les encadraient, des raclements de gorge. Impossible de s’y méprendre. Aussi farouches furent-ils pendant les combats, les nains présents n’étaient que le reflet vieillissant de leur race. Barbes grises, cheveux blancs ou crânes dégarnis, ridés, fronts soucieux. L’un d’eux présentait les signes d’une cataracte rampante. On ne voyait ses yeux qu’à travers un voile opaque semblable à de la fumée. Ils avaient ôté leur heaume et leur casque. L’un d’eux avait un hématome sur le crâne, les deux autres présentaient des plaies et des écorchures sanguinolentes au visage. «Ils n’ont plus rien de combattants, pensa Thorek. Comme nous, ils se sont battus avec l’énergie du désespoir, sans doute pour préserver leur secret». D’autres bruits de pas. Et le nain chétif, nommé Bécile, revint, suivi d’un nain plus grand. Même visage : las, fripé, vieux. Mais ses yeux étaient vifs sous ses sourcils broussailleux.

- Pourquoi s’être donné tant de peine pour de si vaines choses ? interrogea le dénomme Telect.

L’Extracteur ne répondit pas tout de suite. Il avait promis de l’or et des gemmes à ses comparses. Mais ce qu’ils avaient sous les yeux étaient plus rares encore, plus inédits. Lui-même ne s’était guère attendu à rencontrer ces nains. C’était du mirhtil qu’il escomptait. Les vieux filons dont parlaient les livres de compte sur lesquels il avait réussit à mettre la main.

- Comment avez-vous fait pour rester dissimulé si longtemps ? demanda Thorek. Votre peuple vous croit mort. Tous ceux qui ont migré au nord disent que les Cavernes Etincelantes sont vides et creuses. Et pourtant vous êtes là.

Car telle était la question. Pourquoi une poignée de nains s’était-elle terrée si longtemps sous terre ?

***

- Nahald ! cria le nain à qui l’on coupait la barbe.

Il sentit tomber par terre ses longues tresses. Ses poumons le brûlaient. Une de ses dents s’était déchaussée dans sa chute et le goût ferreux du sang lui dégoulinait dans la gorge. Le corps de Nahald reposait sur son torse, l’empêchant de respirer convenablement. Le Rohirrim menaçait encore de tailler une autre tresse. Il était en colère, il était triste, il avait mal partout. L’humain puait. Tous les humains puaient. Ceux-là plus que les autres. Il traînait dans son sillage l’odeur de cheval. De la viande, à ses yeux. Gloire et honneur, pour les hommes du Riddermark. Il n’avait jamais aimé les chevaux. Il était perdu. Ils étaient tous perdus. Avoir tenu ce petit royaume depuis tant d’année, pour mourir dans l’oubli sous la lame d’un humain. Quel déshonneur. Ils avaient tant espéré que les leurs reviendraient. Ils avaient tant attendus. Mais Aülé n’avait écouté aucune de leurs prières.

- Nous sommes … nous …

Il haletait, sa respiration était sifflante. Mais il sentait encore la lame appuyée contre une de ses tresses. Des années ! Il avait mis des années à faire pousser cette barbe. Des années ? Non, des décennies et, à tout bien compter, peut-être pas loin de deux siècles.

- Nous sommes les descendants de ceux que Gimli, fils de Gloïn, mena dans les Cavernes Etincelantes.

Les descendants ? Les cousins, les frères aussi. Peut-être ceux qui étaient partis, il y a si longtemps, étaient-ils encore vivants. Pour certains. Quelque part dans son coeur, il l’espérait. Et c’est pourquoi, sans doute, il cracha si facilement la vérité. Pour que quelqu’un se souvienne. Se souvienne que tous n’étaient pas partis, et qu’il y avait encore des nains dans les Cavernes Étincelantes.
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