L'enfer n'est rien... [PV Windrid]

Catrïona ployait sous le poids des deux énormes seaux de lait qu’elle portait à bout de bras. La traite avait été bonne mais le court trajet de l’étable vers la maison ne lui avait jamais paru aussi long. Le soleil tapait déjà fort de si bon matin et la température risquait d’être caniculaire d’ici au milieu de journée. Sam devait être en train de s’occuper du poulailler et il serait bientôt l’heure de lever les enfants.

Ils n’étaient pas bien riches mais la ferme leur fournissait tout ce dont ils avaient besoin pour subsister. Ils revendaient leurs excédents au marché de Tonguem chaque semaine et, tout bien considéré, ils n’étaient pas les plus à plaindre. Le Rude Hiver avait été dur, pour eux comme pour tout le monde, mais il était loin désormais et le beau temps avait toujours eu le pouvoir de la rendre optimiste.

Elle en avait bien besoin ces derniers temps. Les problèmes s’accumulaient au dessus de leurs têtes avec une régularité qui défiait toute logique. Elle avait d’abord cru qu’ils étaient seulement victime de la mauvaise chance mais elle savait maintenant que c’était de malveillance dont il s’agissait.

Cela avait commencé par de petites choses. Des objets brisés, une fenêtre cassée. Rien de bien méchant en soi. Puis les choses avaient empiré. Quelqu’un avait déversé du fumier dans leur puits d’eau potable, la clôture de l’enclos des cochons avait été découpée et ces derniers s’étaient échappés, ravageant leur culture de maïs. Ils avaient atteint le point culminant la semaine passée. La grange où ils conservaient le foin avait brûlé de fond en comble et il s’en était fallu de peu que le feu se propage à l’étable. La lumière les avait réveillés et, malgré tous leurs efforts, Sam et elle n’avaient pu endiguer l’incendie avant qu’il ne soit trop tard.

Sam avait profité du dernier marché de Tonguem pour aller déposer une plainte à ce sujet, mais on lui avait répondu qu’il y avait bien plus important que leurs petits malheurs et que, si les choses empiraient, quelqu’un trouverait peut être le temps de s’intéresser à leur problème. Si les choses empiraient… Catrïona espérait de tout cœur que les choses s’amélioreraient au contraire, d’autant plus qu’elle n’avait pas la moindre idée de pourquoi quelqu’un avait décidé de s’acharner sur eux de cette manière.

Elle tournait juste à l’angle ouest de leur maison quand elle se rendit compte que tout était bien trop tranquille. Normalement, Saphir aurait dû tourner autour d’elle, ses aboiements tirant immanquablement les enfants de leur sommeil. Cependant, elle n’avait pas vu l’animal depuis qu’elle s’était levée, ce qui était des plus inhabituel.

La raison lui en apparu alors qu’elle s’approchait de la porte de derrière et elle lâcha ses seaux qui allèrent rouler sur le sol. Le lait se répandit tout autour d’elle et fût rapidement absorbé par la terre sèche qui manquait cruellement d’eau ces derniers temps. Ses yeux ne pouvaient se détacher du spectacle immonde qui se tenait devant elle.

Le cadavre de son chien était suspendu à un crochet de boucher, le sang du pauvre animal s’écoulant lentement sur le sol. L’infortuné canidé avait été égorgé comme on l’aurait fait pour un cochon. Son crâne était défoncé et la pioche ayant servie au méfait, encore couverte de sang, de poils et de matière cérébrale, était posée négligemment sur le sol à quelques pas de la mare de sang qui s’était formée sous le cadavre de Saphir.

Ce matin là, les enfants ne furent pas réveillés par les aboiements joyeux de leur chien mais par les hurlements terrifiés de leur mère.


Catrïona tremblait encore et les bras puissants de son mari autour d’elle ne suffisaient pas totalement à la réconforter. Elle porta à sa bouche le verre rempli de liqueur de pomme que Sam lui avait servi et l’alcool lui brûla la gorge lorsqu’elle l’avala. Elle n’aimait pas vraiment le goût de ce poison mais c’était exactement ce dont elle avait besoin pour le moment.

Alerté par ses cris, Sam s’était précipité vers la maison et avait rapidement compris les raisons des hurlements de sa femme. Il avait décroché le corps de Saphir et l’avait recouvert d’un sac en toile avant que les enfants ne puissent être témoins du massacre de la pauvre bête. Il allait l’enterrer dès qu’il aurait réussi à calmer Catrïona qui, après avoir pleuré toutes les larmes de son corps, semblait désormais reprendre ses esprits. La peine de Sam n’était pas moindre que celle de sa femme mais ce qui l’emportait pour l’heure était la colère.

Il ne comprenait pas pourquoi quelqu’un leur voulait tant de mal mais trop c’était trop. Il ne pouvait pas laisser le meurtre de son fidèle compagnon impuni. Après avoir enterré ce dernier, il prit le chemin du village le plus proche, Narhold, et demanda officiellement à ce que quelqu’un soit envoyé afin d’obtenir la vérité sur celui ou ceux qui s’en prenaient à sa famille.

Les autorités de Narhold furent bien plus compréhensives que celles de Tonguem. D’un point de vue territorial, leur ferme était située sur les terres de Narhold mais, dans les faits, ils étaient à mi-chemin entre les deux villes. Tonguem étant bien plus grande et développée que Narhold, c’est là-bas qu’ils vendaient leurs produits et ils ne connaissaient personne à Narhold. Cependant, on lui assura que quelqu’un se rendrait chez eux dans les plus brefs délais afin de tirer cette histoire au clair.


Le capitaine Frëam était en charge de la sécurité de Narhold. Il travaillait étroitement avec les capitaines des autres villages de la région, huit en tout, afin de maintenir la paix et l’ordre dans le Plateau. Le capitaine Karson, basé à Tonguem, était techniquement son supérieur mais Frëam n’avait qu’une sympathie limitée pour ce dernier qu’il trouvait bien trop timoré pour occuper de telles fonctions. De plus, il le suspectait de se livrer à quelques affaires pas tout à fait légales dans le but de s’enrichir. Autant dire qu’il n’avait été que moyennement surpris lorsque le fermier lui avait dit avoir été mal reçu lorsqu’il était allé déposer plainte à Tonguem.

Frëam aurait aidé cet homme de toute façon, il ne supportait de voir l’injustice frapper les bonnes gens, mais il serait ravi de montrer à cet incapable de Karson qu’il pouvait réussir là où ce dernier ne se donnait même pas la peine d’essayer. C’est pourquoi il avait attendu que ses hommes reviennent de leur dernière mission et qu’il avait convoqué Windrid, un jeune gars prometteur, à qui il avait confié la mission d’aller voir sur place ce qu’il pouvait faire.

Cela faisait maintenant 4 jours que le fermier était venu le voir et la ferme en question  était située à deux ou trois heures de cheval de Narhold. En partant maintenant, le jeune rohirrim devrait arriver sur place en fin d’après-midi. C’était l’occasion pour lui de faire ses preuves. Après tout, faire régner l’ordre voulait aussi dire savoir mener une enquête. C’était désormais à lui de trouver la ou les personnes qui s’en prenaient à ces honnêtes gens.

Windrid lança un grand éclat de rire. Il faut dire que l’histoire racontée par Horn, son compagnon d’armes, était plus qu’hilarante. Les deux rohirrims aimaient passer du temps  ensemble à la taverne devant quelques pintes d’hydromel. Ecouter les chants du ménestrel, danser avec de jeunes demoiselles et les blagues salaces n’étaient pas non plus pour les déplaire.

Un rohirrim en arme vint briser ce bon moment de détente :

- Windrid, tu es attendu par le capitaine Frëam tout de suite. Il a du travail pour toi, dit-il.

- Voilà juste que je reviens d’une mission, dit Windrid perdant son sourire.


C’est donc un peu déçu mais le devoir en tête que Windrid reçut sa mission du capitaine qui lui donna tous les détails de l’affaire qui avait été portée à sa connaissance.

- Fais un peu fonctionner ta tête, mon gars. Les armes ne sont pas ce qu’il y a de plus dur à utiliser dans la vie, lui dit le capitaine avant de le laisser s’en aller.

Il retourna donc à sa maison rassembler ses effets, mettre son équipement de service et sceller son cheval. Une fois prêt, il s’élança vers la sortie de Narhold grâce à un énergique coup de talons dans les côtes de sa monture.


Ce jour-là, le temps était au beau fixe. Seuls quelques nuages venaient de temps à  autres obscurcirent le ciel du Riddermark. Les immenses prairies du Rohan étaient vertes et une légère bise venait incliner les brins d’herbes la composant.

Bien qu’appréciant grandement l’ambiance d’une taverne animée, Windrid aimait aussi cette ambiance naturelle qu’il ressentait en parcourant les étendues de son pays. Le trot du cheval, le  vent sur le visage et l’odeur des plaines lui permirent de retrouver le sourire et l’envie d’aller de l’avant.

Il passa ainsi trois heures à cheval à parcourir les plaines, les vallons et les gorges qui le séparaient de sa destination. Mais c’est toujours avec son énergie qu’il arriva en vue de la fermette de pur style rohirrim. La paix semblait l’entourer de loin mais plus il s’approchait,  plus il voyait des détails inquiétants : les cultures ravages, les fenêtres cassées, …

Un détail commença à inquiéter Windrid : il ne pouvait percevoir aucun mouvement, aucun son de travail, pas un seul signe de vie. Quand il arriva à quelques mètres de la ferme, il aperçut la porte fracassée. Sa main glissa directement vers la garde de son épée. Il continuait à avancer, se tenant sur ses gardes.

Il descendit de son cheval pour continuer son approche et passer les montants de l’entrée. En tendant l’oreille, il se mit à entendre les pleurs d’un enfant. Était-il en train de se faire agresser ? Cela poussa le courage de Windrid qui d’un bon fit irruption dans la première pièce de la maison.

#Windrid #Frëam

Lorsque Windrid pénétra dans la pièce principale, il se retrouva face à une femme manifestement surprise de sa brusque apparition. Elle tenait un petit garçon dans les bras qui ne devait pas avoir plus de deux ans. Ce dernier pleurait et hurlait à s’en décrocher la mâchoire et la jeune femme tentait de le calmer mais ne semblait pas réussir à y parvenir.

Aussitôt qu’elle se rendit compte de l’intrusion de Windrid, elle s’empara d’un gros couteau de cuisine tout en tenant l’enfant de son autre main. Elle tremblait et agitait son arme dérisoire en direction du jeune homme, le menaçant du regard. Elle semblait à la fois furieuse et déboussolée.

- Qui êtes-vous et que faîtes-vous chez moi ? Vous êtes venu finir ce que vos amis ont commencé ?

Si les paroles de la jeune femme lui parurent étranges sur le coup, Windrid n’eût qu’à tourner la tête pour apercevoir un spectacle terrible, qui expliquait l’attitude méfiante de l’occupante des lieux et probablement aussi pourquoi le petit garçon n’en finissait pas de pleurer. Une petite fille était étendue à même le sol, la gorge tranchée de part en part, une large flaque de sang s’étendant sous le cadavre. Elle n’avait pas 7 ans.

Suivant le regard du jeune homme, la femme laissa tomber son couteau et se retînt au mur derrière elle. Elle se détourna rapidement, cherchant à cacher le massacre aux yeux du petit garçon. De toute évidence, qui que soit l’intrus, il n’était pas venu pour lui faire du mal.

Lorsque Windrid lui apprît la raison de sa venue, elle éclata d’un rire hystérique, semblant proche de perdre totalement l’esprit.

- Si vous étiez arrivé 10 minutes plus tôt…

Elle se calma relativement rapidement et son regard se fit implorant. Elle se mit alors à parler très vite, prenant à peine le temps de reprendre son souffle entre deux phrases.

- Ils ont fracturé la porte et sont entrés comme des fous furieux. Deux hommes et une femme. Le plus jeune s’est jeté sur mon mari et la femme s’est précipitée sur moi. Elle tenait une dague entre ses mains.

Elle se tourna vers Windrid de façon à lui faire voir la marque sur sa joue gauche, guère plus qu’une éraflure.

- J’ai réussi à me jeter sur le côté et c’est là que j’ai vu que le deuxième s’était emparé de ma fille et il…

Sa voix se brisa sur ces dernières paroles mais il n’était pas difficile d’imaginer ce qui s’était déroulé par la suite.

- Mon mari a réussi à désarmer l’homme qui lui faisait face et il l’a blessé au bras. Les 3 assassins ont alors pris la fuite vers la forêt. J’ai supplié Sam de rester mais il était comme fou et il est parti à leur poursuite. Je vous en prie, il est encore temps de les rattraper. Aidez-le ou il risque de se faire tuer lui aussi…

Windrid eut le sang glacé en voyant le corps de la jeune fille égorgée. Quel monstre aurait-il pu faire cela ? S’en prendre à de malheureux innocents sans réelle défense n’était pas le fait d’hommes, mais d’êtres perfides qui ne devraient bénéficier d’aucune compassion. La colère se développait dans la tête de Windrid. Il voulait partir à la poursuite de ces meurtriers pour leur rendre la sentence la plus juste possible : la mort.

Mais son regard se reporta sur la mère avec son enfant et il reprit un peu le contrôle de ses nerfs. Ces pauvres gens avaient été attaques, leur fille tuée et leur ferme était maintenant sans défense. Il fallait d’abord les mettre en sécurité avant toute chose. Windrid savait que ce contretemps lui ferait peut-être perdre la trace des meurtriers et celle de Sam, mais c’était nécessaire.

Avec sa voix sûre et ferme, il s’adressa à la femme :

- Je ne peux vous laisser ici sans protection. Prenez quelques affaires, je vous mettrai en lieu sûr. Ne vous encombrez surtout pas. Votre mari est un homme, j’irai le rejoindre plus tard.

La femme prit quelques vêtements et provisions et les mit dans un sac. Windrid installa les deux malheureux sur sa monture et il repartit en direction du village. Leur allure était lente du fait de la charge imposée au cheval. Le soleil commençait à disparaître derrière les collines et les ombres des arbres à s’allonger quand ils atteignirent un pan rocheux d’une colline. En s’approchant encore d’avantage, l’entrée d’une grotte commença à être aperçue. C’était un endroit que Windrid connaissait pour des missions précédentes et qui lui avait été très pratique pour passer les nuits noires des plaines du Rohan.

Arrivé dans la grotte, Windrid installa la mère et son fils. Il leur alluma un feu et leur fit un stock de bois pour qu’ils sachent tenir la nuit. Il ne pourrait prendre sa chasse à l’homme qu’avec les premières lueurs de l’aube et fit donc office de sentinelle pendant que la petite famille dormait tant bien que mal après les événements bouleversants qu’ils avaient vécus lors de cette terrible journée.

Quand l’aube montra ses premières lumières, Windrid réveilla la jeune femme et son fils et les aidèrent à s’apprêter pour la marche.

- Je vais repartir chercher votre mari. Continuez sur cette route jusqu’au village. Vous êtes hors de danger ici. Bonne chance !

Il sauta sur le dos de son cheval et partit au galop en direction de la ferme tandis que la famille partait à pied en direction du village. Au bout d’une bonne heure, il arriva à la ferme qu’il inspecta pour voir si personne n’y était passé depuis la veille. Mais rien n’avait changé. Windrid prit quand même le temps d’enterrer le garçon égorgé avant de reprendre la route en direction de la forêt. Il n’était pas un grand chasseur et donc il n’eut pas facile à suivre les traces mais la direction semblait claire : c’était tout droit.

Sans pouvoir aller trop vite pour ne pas rater un détail, Windrid avançait d’une bonne allure. La région qui s’étendait de la ferme à la forêt était vaste et couverte d’immenses plaines. L’allure pouvait être alors assez soutenue pour espérer reprendre du terrain sur Sam. Il avança ainsi tout au long de la journée et ce n’est qu’au crépuscule qu’il atteint la lisière de la forêt. Il chercha des traces de la poursuite et dans les dernières lueurs du jour, il aperçut un homme armé qui se reposait, épuisé, contre un arbre.

Windrid approcha doucement, toujours sur ses gardes. En l’entendant arriver, l’homme sauta sur ses jambes et chargea Windrid. A la description qu’il avait eu au village et de la jeune femme, il comprit que c’était Sam qui le prenait sûrement pour un agresseur. En bloquant les coups fatigués de Sam, Windrid lui expliqua qu’il venait pour l’aider et non le combattre. En pleur, Sam tomba à genoux.

- Votre femme est votre fils sont parti vers le village et y seront en sécurité, dit Windrid pour essayer de remonter le moral de Sam.

Windrid voulu que Sam aussi reparte seul vers le village mais Sam voulait continuer la chasse et rien n’aurait pu lui faire changer d’avis.

- Dans ce cas, je viendrai avec vous faire justice à ces misérables. Ils paieront pour leur crime ! dit Windrid.

Windrid devait être fatigué car le petit garçon n’avait pas cessé de pleurer de toute la nuit. La jeune femme avait tenté de le calmer, sans grand succès. Elle ne parvenait pas à l’apaiser, malgré les paroles douces qu’elle n’avait cessé de lui murmurer. Si le petit était trop jeune pour savoir s’exprimer, il ne fallait pas être devin pour voir qu’il restait terrifié.

Lorsqu’enfin, épuisé, il avait fini par s’endormir, la jeune femme avait discuté avec Windrid. Elle lui avait expliqué, très grossièrement, la disposition du terrain derrière la ferme. Et surtout, elle lui avait décrit Sam en détails. La description n’était pas tout à fait celle qu’on lui avait donnée au village (qui avait été plus que sommaire) et désormais Windrid pourrait le repérer aisément. Elle avait beaucoup insisté sur l’apparence de Sam, comme si parler de son mari lui apportait un peu de réconfort.

Le jeune cavalier ne s’était pas trompé sur la direction et lorsqu’il attînt le compagnon de la jeune femme qu’il avait laissée le matin même, ce dernier était adossé contre un arbre, son épée à portée de main. Dès qu’il entendit du bruit, il bondit sur ses pieds et attaqua celui qu’il pensait être un agresseur. Windrid n’eût aucun mal à parer les coups et à le désarmer car il était manifestement épuisé. Et pourtant, même ainsi, il constituait un adversaire de taille. Son maniement des armes était d’ailleurs surprenant pour un fermier.

Lorsque Windrid lui expliqua qui il était et ce qu’il avait fait, la première réaction du jeune homme fût une surprise totale. Il ne s’attendait manifestement pas à ça. Puis il tomba à genoux et se mit à sangloter, bien qu’il gardât la tête entre les mains, de façon à ce que Windrid ne pût le voir pleurer. Il faisait sûrement parti de ces hommes qui, quelle que soit la situation, refusaient de montrer leur faiblesse.

Néanmoins, il eût l’air particulièrement soulagé lorsque le cavalier lui apprît que sa femme et son fils étaient en sécurité. Il refusa cependant d’aller les rejoindre.

- Je ne m’arrêterai pas avant d’avoir trouvé et tué ces meurtriers.

Il hocha la tête lorsque Windrid lui dit qu’il l’accompagnerait et lui expliqua la situation.

- Le plus jeune et le plus fort des deux hommes est blessé. J’ai réussi à lui lacérer le bras quand nous avons combattu à la ferme. Le plus vieux est blessé à la jambe et cela les force à avancer lentement. Malgré cela, ils ont réussi à me semer. Ils connaissent mieux le terrain que moi. Je ne suis certain que d’une chose, c’est qu’ils ont réussi à pénétrer dans la forêt.

Pour l’heure, cela ne les avançait pas beaucoup. La nuit tombait et il eût été trop dangereux de s’aventurer sous le couvert des arbres. De plus, il était manifeste que l’un d’eux au moins avait besoin de repos. Il était à espérer qu’ils seraient en mesure de suivre leurs traces, ce qui serait plus aisé dans la forêt que dans les champs.

Au petit matin, ils étaient tous deux frais et reposés. Ils se mirent en marche sans tarder et repérèrent les premières traces sans grande difficulté. Ces dernières les menèrent à une caverne qu’ils inspectèrent de fond en combles. Manifestement, les trois fuyards s’étaient installés là pour la nuit mais avaient déjà levé le camp.

Il fût plus difficile de savoir par où ils étaient partis mais les deux poursuivants finirent par se rendre compte que les traces formaient un large cercle. Ils essayaient de faire demi-tour sans tomber sur eux. Aussitôt, le jeune homme se mît à courir, comme s’il craignait que les trois agresseurs ne leur échappent et ne parviennent à rejoindre la ferme ou Catrïona, même si cela aurait été difficilement concevable, étant donnée l’avance qu’elle avait désormais grâce à Windrid.

Il était un peu plus de midi lorsqu’ils entendirent du bruit devant eux. Ils les avaient rattrapés et ne s’étaient pas encore fait repérer. Il était temps de mettre au point une stratégie d’attaque.