[Ce premier message est un rp flashback qui suit ce qu'il s'est passé après la mort d'Eoseld et la nomination de Gallen Mortensen au poste de Vice-roi.]
Fendor arriva à l'orée de la forêt de Fangorn accompagné de Felarel. Il avait renvoyé ses Chevaliers en Isengard rejoindre l'Ordre des Lames, leur siège tant que le jeune roi ne prenait pas le pouvoir. Le garçon mit pied à terre et tendit les rênes de son cheval à Felarel qui le regarda comme s'il le jaugeait.
- Êtes-vous sûr ? demanda-t-il en prenant les rênes.
- Je serai en sécurité, soyez sans crainte, répondit le garçon.
- Avez-vous réfléchi à tout ? Où dormir, comment manger... ?
- Je dormirai à l'abri des arbres, j'ai de quoi faire du feu et de quoi chasser. Je connais les champignons et les baies comestibles. J'ai tout ce dont j'ai besoin.
- Combien de temps resterez-vous ?
- Je ne sais pas, avoua Fendor. Je ne sais même pas vraiment pourquoi j'y vais, mais je sens qu'il le faut. Trop de choses se sont passées, j'ai besoin d'un temps hors du monde pour trouver des réponses à des questions dont je n'ai même pas connaissance. Je dois voir Sylvebarbe, s'il veut bien s'entretenir avec moi.
- Vous êtes si jeune et me paraissez si sage...
- J'ai juste l'impression d'être perdu, Felarel.
- Mais le reconnaître est là votre sagesse, croyez-moi, peu de gens en font autant, soupira le capitaine. Pourrons-nous avoir de vos nouvelles ?
- Si possible, je vous en ferai parvenir par Vertgland. Je dois y aller, prenez soin de vous et gardez un œil sur le royaume pour moi.
- Mon seigneur, soyez sans crainte vous aussi, prenez le temps qu'il vous faut et revenez-nous avec la détermination d'un roi.
Fendor sourit à son protecteur. Aucun des deux n'oubliait le serment qu'ils avaient fait et qui les liaient l'un à l'autre. Le garçon n'ajouta rien et se retourna pour passer dans l'ombre de la forêt. Felarel soupira et s'en alla rejoindre ses hommes en Isengard.
Fendor avançait d'un bon pas, sans savoir où il allait. Il était dans ses pensées et ne doutait pas de toute façon que ce serait Sylvebarbe qui le trouverait, non l'inverse. Il ressassait les aveux d'Eoseld. Son oncle, un traître... Eoseld avait été son mentor, il lui avait appris presque tout ce qu'il savait, cela faisait-il de lui quelqu'un d'aussi mauvais que son oncle ? Comment savoir s'il était une bonne personne si un traître capable de faire assassiner son propre fils l'avait façonné ? Il doutait à présent de tout ce qu'il croyait. Une larme coula en silence sur sa joue. Il s'en aperçut et l'essuya aussitôt, il ne voulait plus pleurer. Il avait fait le serment ici-même de devenir fort, mais en cet instant, il sentait son âme brisée en un millier de morceaux et doutait qu'un jour elle puisse être de nouveau entière et saine. Si saine elle l'eut été un jour... Il se prit alors les pieds dans une racine et s'écroula de tout son long par terre. Le genou droit douloureux, il se releva en jurant et s'épousseta. Sorti de ses réflexions, il regarda autour de lui. Des arbres à droite, des arbres à gauche, les mêmes devant et derrière. Il commençait à se demander si c'était une bonne idée de venir ici tout seul. Il entendait les murmures de la forêt et frissonna. Il préféra reprendre sa marche, il y avait quelque chose de rassurant à avancer, comme une rivière qui suit son cours inexorablement, imperturbable par ce qui pouvait se passer sur ses rives.
Même s'il ne voyait pas le soleil, les rayons qui réussissaient à percer la cime des arbres lui apprirent que le soleil déclinait. Le crépuscule approchait, la nuit le talonnant. Il espérait arriver jusqu'à Sylvebarbe avant qu'il fasse noir, dans le cas contraire il serait obligé de s'arrêter pour la nuit et il n'en avait nulle envie.
Quel triste roi fais-je, à craindre ainsi de rester seul face à mon imagination ! Qui pourchasserait jusqu'ici un gamin sans pouvoir ? Je ne suis une menace pour personne, j'ai été capable de servir le royaume à un assassin, un traître... Je ne suis qu'un pantin !Fendor s'adossa à un arbre et s'assit en se laissant glisser contre lui. Il se prit la tête dans les mains et essaya d'arrêter de penser, en vain.
Tu es le second fils de ton père, tu n'es pas né pour porter la couronne ! Cette pensée était associée à la voix de son oncle, délivrant une cruelle vérité. Mais elle ne s'arrêtait pas là.
Ton père était un grand roi et ton frère son digne successeur. Et toi, gamin, crois-tu vraiment pouvoir égaler de tels hommes ? Tu fais honte à ton illustre famille dont la lignée va s'éteindre avec toi ! La voix continua longtemps ainsi, détruisant un peu plus le garçon vérité après vérité. Les derniers rayons du soleil faiblissaient de plus en plus, ils auraient bientôt disparus. Fendor ne pleurait pas, il avait dépassé ce cap, aucune larme ne pouvait plus le soulager à présent. Il n'y songeait pas évidemment, acculé par la voix dans sa tête.
Combien d'hommes as-tu fait tuer en choisissant de poursuivre une couronne que tu n'as pas la force de porter ? De grands hommes tels que le Seigneur Mesald, le Capitaine Martelong et le Maréchal Feoren Theofinson sont morts pour un avenir que tu ne pouvais pas leur offrir ! Tu...- Jeune Fendor...
Le garçon releva la tête et regarda autour de lui, comme sorti de transe par une voix profonde qui n'émanait pas de son esprit. Ses yeux se posèrent enfin sur Sylvebarbe. Il soupira.
- Marchons un peu... dit l'Ent.
- J'ai mal aux pieds, se plaignit Fendor.
Sylvebarbe se baissa et ramassa le garçon sans mot dire. Fendor s'accrocha au tronc tandis que l'Ent se mit en marche. Ils restèrent un moment ainsi, sans qu'aucun ne rompisse le silence. La nuit était tombée et des hurlements de loups se firent entendre. Le garçon s'installa plus confortablement sur son porteur.
- Vous saviez ! cria-t-il sans ambages.
- Racontez-moi tout, répondit simplement le vieil Ent.
Fendor lui conta l'histoire depuis que Gallen Mortensen était venu le chercher en Isengard jusqu'à son arrivée ici, en détail et sans rien n'omettre. Sylvebarbe garda le silence tout le long, continuant à marcher d'un pas régulier. Quand il eut fini, le garçon soupira une nouvelle fois.
- Vous saviez... répéta-t-il.
- Je ne savais pas... J'ai simplement vu qui il était lors de notre rencontre. Un homme avide de pouvoir, fourbe et sans pitié.
- Vous m'aviez prévenu !
- Des risques qu'il y avait, naturellement. Remerciez le Seigneur Mortensen de vous avoir sauvé. Le royaume serait devenu puissant avec lui, mais vous n'auriez pas survécu.
- Regrettez-vous qu'il ne soit pas devenu roi ? s'étonna tristement Fendor. Alors même vous pensez que je ne suis pas digne de porter la couronne...
- Le royaume aurait été puissant, mais n'aurait connu qu'une guerre perpétuelle, à l'extérieur comme à l'intérieur.
- Que puis-je apporter au royaume moi ? questionna le garçon, sans espoir.
- Rien... répondit Sylvebarbe, confirmant ce que craignait le jeune roi. Pour le moment... Laissez votre âme se reconstruire parmi les arbres ancestraux de cette forêt. Elle le fera, vous verrez, le temps fait toujours son office pour peu qu'on lui donne de bonnes conditions pour cela. Puis rencontrez-vous.
- Que je rencontre qui ? interrogea naïvement Fendor.
- Vous. Apprenez à vous connaître, découvrez votre âme, construisez et développez votre personnalité, aimez vos forces et acceptez vos faiblesses...
- Qu'est-ce que cela va m'apporter ?
- Tout.
- Euh... Que voulez-vous dire par-là ?
- Rencontrez-vous, vous le saurez.
L'Ent n'ajouta rien. Le garçon voulut méditer ces paroles, mais il s'endormit très vite, bercé par la démarche régulière de Sylvebarbe. Ils arrivèrent ainsi jusqu'à une clairière, loin dans la forêt. Fendor fut déposé sur un lit de mousse et son sac posé non loin. Il dormait toujours. Le gardien de la forêt le regardait avec bienveillance.
- Dors, petit homme. Tu vas rester avec moi quelques temps... Nous allons faire de toi un grand roi, ou tu resteras ici pour toujours...
#Fendor #Sylvebarbe