Nathanael Espion de l'Arbre Blanc
Nombre de messages : 1025 Age : 35 Localisation : Pelargir Rôle : Espion
~ GRIMOIRE ~ -: Humain -: 34 ans -:
| Mar 6 Sep 2016 - 16:00 | | - Il est mort !
Le guérisseur sortit du grand boxe où étaient accoudés deux garçons d’écurie. L’un deux avaient les yeux rougis par les larmes, de la morve séchée recouvrait sa lèvre supérieure. L’autre avait l’oeil plein d’une curiosité malsaine. Ils s’écartèrent pour laisser passer le rebouteux à la mine renfrognée. L’homme était soucieux. Il se précipita jusqu’à un grand baquet d’eau froide et se lava les mains. La saignée n’avait pas fonctionné. Les points de chaleur non plus. Encore moins les diverses palpations et massages qu’il avait réalisé. Il ne comprenait pas.
- Toi, va chercher le responsable des écuries. Dépêche-toi !
Il se retint d’ajouter “c’est grave”. Inutile d’inquiéter le jeune garçon qui restait accroché à la porte du boxe. Comme si son attitude pouvait ramener à la vie le cadavre étalé dans la paille. Il réfléchissait à toute vitesse mais tous les souvenirs qui affleuraient à la surface de son esprit n’annonçaient rien de bon. “Ca sent mauvais, ça sent très mauvais” … et il ne parlait pas des odeurs nauséabondes qui s’étaient échappés du corps dans l’écurie. Il y avait eu une montée de fièvre pendant quelques heures, des spasmes, puis la fièvre avait atteint son paroxysme dans la nuit. Elle était redescendue au petit matin. Un répit de courte durée. Il y avait eu ensuite des coliques, douloureuses et accompagnées de gémissements sourds. Puis d’autres spasmes. Il s’était débattu comme un démon du Mordor. Puis une dernière montée de fièvre. Fatale. Le pauvre était mort dans d’atroces souffrances. Le guérisseur n’avait rien trouvé pour le soulager, rien pour le soigner, rien pour le guérir. La mort avait du être une délivrance. Il l’espérait sincèrement. Il y eut des bruits de pas précipités tandis qu’il s’aspergeait le visage et qu’il commençait à nettoyer ses outils de travail. Le sang sur son petit couteau fin formait des tourbillons pourpres dans l’eau clair du sceau.
- Que s’est-il passé ?
La voix grave et sévère du maître d’écurie était teintée d’angoisse et de peur. Il était responsable de toutes les âmes qui se trouvaient dans le bâtiment. Il craignait une épidémie. Une perspective dramatique. Beaucoup de déplacements réduits, limités voire contrôlés ou pire, taxés. De quoi lui mettre des sueurs froides, lui qui était chargé d’apporter les forces vives nécessaires pour franchir n’importe quelle distance. Les nobles aimaient les balades et payaient chers pour entretenir leurs chevaux, les commerçants avaient besoin de bêtes de sommes pour transporter leurs marchandises, et le royaume avait besoin d’animaux pour labourer les champs. Comment faire si les déplacements étaient restreints ? L’économie du pays était menacé.
- Je suis aussi inquiet que vous.
Le guérisseur rangeait à présent ses outils et ses petits pots d’onguent dans une sacoche de cuir. Le garçon d’écurie était secoué par des sanglots. Il ne parvenait pas à détourner son regard de l’intérieur du boxe.
- On ne peut plus rien pour lui mon gars. Laisse-le partir. Il était franc et gentil. Mais on ne peut rien y faire. Il va falloir le sortir de là maintenant. Changer la paille, brûler le corps et nettoyer le boxe à fond. Si c’est ce que je crains faudra même envisager de déplacer les chevaux et d’empêcher les autres de venir. - Je suis du même avis que vous. Cette mort n’est pas à prendre à la légère. Si une nouvelle épidémie se répand parmi nous, ce sera la fin du Gondor.
Le jeune garçon se moucha le nez dans sa manche et se retourna vers le guérisseur et le maître des écuries.
- Il est mort de quoi ? - La peste … ou pire encore !
Et le souvenir des morts de l’an 294 du Quatrième Âge fit frémir la silhouette du médecin. Le maître d’écurie ouvrit la porte du boxe pour sortir le cadavre. Il s’était ceint le visage d’un foulard et il avait mis des gants. Etendu dans la paille se trouvait le corps d’un jeune homme aux yeux révulsés. Il portait encore le masque de la douleur sur son visage juvénile. |
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