Hadhod Croix-de-Fer Seigneur de la Moria
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~ GRIMOIRE ~ -: Nain de la Maison des Longues-Barbes. -: 190 ans. -:
| Ven 7 Avr 2017 - 20:11 | | C'était la deuxième fois qu'Ólfr admirait la Grande Porte, belle et majestueuse, de la capitale du Gondor. La première fois, c'était seulement quelques jours auparavant. Souhaitant rallier la province de Lossarnach le plus vite possible, il n'avait toutefois pas pu résister à s'écarter pour quelques miles de la Grande Route pour contempler ce joyau de l'artisanat nain. L'Anórien ne connaissait pas une paix sereine disait-on, à défaut d'être complètement en guerre, aussi bien qu'il fût un individu tout à fait apte à défendre sa vie en cas de danger, il ne s'était pas senti totalement à l'abri de cette mystérieuse armée ennemie, dont les vagabonds croisés en route lui rebattaient les oreilles, parlant tantôt de sauvages à la peau sale, tantôt d'hommes venus de l'orient lointain, et tantôt même, de fantômes ! C'est pourquoi il avait préféré assouvir sa soif de contemplation avant de poursuivre sa route vers les Caves d'Or du sieur Asthrabal ; comme cela, même s'il mourrait, eh bien il mourrait tranquille. Mais il n'était pas mort, pas plus qu'il n'avait croisé des hommes sauvages ou des fantômes. Il faut dire qu'il n'avait plus fait aucune entorse à son trajet et s'était contenté de suivre scrupuleusement la route, à l'aller comme au retour, sans plus s'en écarter, surtout pas vers le nord où l'on disait que les ennemis des Hommes de l'Ouest avaient leur nouveau quartier-général. En fait, il avait plutôt eu l'impression d'être lui-même un fantôme errant sur sa monture dans un monde vide, tant les voyageurs qu'il avait rencontrés étaient rares dans cette partie du pays. La peur semblait dissuader les marchands d'acheminer leurs cargaisons, et les soldats de s'aventurer au-delà du Rammas Echor. Or donc, il avait réussi à passer pour la seconde fois les barrages qui avaient été fortement renforcés sur les entrées du grand mur circulaire. Cela n'avait pas été une partie de plaisir tant la méfiance des gardes était exacerbée et il avait dû batailler dur verbalement pour justifier ce second passage en moins d'une semaine, que les militaires gondoriens avaient trouvé assez étrange. Mais on avait jugé qu'un espion du Peuple des Quatre Fleuves, même bien grimé et choisi parmi les plus petits et les plus trapus de cette armée, n'aurait pas pu se faire passer pour un nain. Aussi avait-il eu l'autorisation de pénétrer à nouveau à l'intérieur des Champs du Pelennor et de se présenter à la Grande Porte. Et à nouveau, Ólfr était subjugué par l'Arbre Blanc de mithril qui se dessinait sur l'armature d'acier des énormes battants, lesquels étaient entrouverts de façon à permettre aux gardes de contrôler les arrivants au compte-goutte et de les bâcler rapidement en cas de besoin. Ólfr s'arracha à l'émerveillement et éperonna son poney, lequel le mena jusqu'au seuil de l'huis. - Identité et objet de votre venue, lâcha l'homme qui lui barrait le passage, debout dans entrebâillement avec son armure rutilante et son air fier. Son regard s'attarda longuement sur le poney qui agitait impatiemment la queue. - Plus de cent lieues depuis mon pays natal et même pas une phrase complète, voilà qui est engageant ! Mais peu importe, je suis l'ambassadeur Ólfr, représentant du seigneur Hadhod de la Moria. Je souhaite demander une audience auprès de votre Roi.Le garde observa le silence pendant un moment, dévisageant ce nain juché sur son cheval miniature comme s'il croyait le voir éclater tout à coup de rire en avouant lui avoir fait une mauvaise blague. Mais la demi-portion semblait être du plus grand sérieux. Il ne répondit toujours pas tant la demande lui paraissait déplacée. - Ou votre Intendant, finit par ajouter Ólfr, si le Roi est indisponible.- Si vous réussissez à rencontrer ne serait-ce qu'un de nos diplomates, je pense que ce sera déjà bien... Capitaine !De derrière la Porte arriva un homme qui portait une armure de forme assez similaire à celle du garde, mais dont l'acier était plus finement travaillé et dont le polissage avait été effectué à la perfection. En outre il portait une cape noire dans le dos. - Qu'est-ce qu'il y a ? demanda le capitaine. - C'est ce nain, il dit s'appeler Ólfr, être l'ambassadeur du royaume de Moria, et veut monter au septième niveau pour être reçu à l'ambassade.- Je m'en occupe Ingold. Ecoutez mon brave monsieur, je vous déconseille fortement de pénétrer dans Minas Tirith, surtout avec votre monture. Il y a une maladie équine dans l'enceinte de la cité et je doute fort...- Je me dois d'insister, capitaine, j'ai un message urgent à transmettre à vos autorités, je prends le risque.Il avait déjà eu vent de cette épidémie. Asthrabal lui en avait touché deux mots et lui avait lui aussi déconseillé de se rendre dans la capitale. Le bourgeois lui avait même parlé d'humains décédés... de toute évidence la garde avait reçu des consignes pour ne pas faire naître une psychose. Mais les Nains étaient plus résistants que les humains, et même que les chevaux, et l'hypocondrie n'avait pas réellement de prise sur l'esprit d'Ólfr. - Et je me dois d'insister fortement en sens inverse, ambassadeur, répliqua le gondorien. Nous sommes en état d'alerte au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, et à moins que vous ne soyez également le général de l'une de nos provinces qui viendrait grossir notre armée dans notre besoin – ce qui m'étonnerait fort – vous ne passerez pas cette porte. Nous avons d'autres choses à faire en ce moment, croyez-moi.Les narines du nain expirèrent un puissant souffle d'air qui fit trembler ses moustaches couleur de paille. Cet échange si court et concis avec les deux hommes avait réussi à lui faire monter la moutarde au nez, et pour de bon. - Alors écoutez-moi mon jeune prétentieux, je vais m'en retourner dans mon pays comme vous me l'enjoignez, mais je devrais dégonder ces portes et les attacher à ma monture, et les ramener dans nos forges pour en tirer le prix de leurs métaux. Elle sont un cadeau du seigneur d'Aglarond, un cadeau de notre peuple, mais un cadeau trop beau pour vous apparemment ! Et si vous avez la moindre reconnaissance envers ceux qui vous les ont forgées, vous transmettrez à vos diplomates le message que j'étais venu leur délivrer : les rumeurs vont bon train dans ce monde, et nous savons que le Gondor est à la recherche des objets des temps anciens perdus ça et là... certainement des objets merveilleux, et certainement des objets qui ne lui appartiennent pas ! Gardez-vous d'aller dénicher ceux des Nains, pas touche à nos anneaux ! Et si vous l'avez déjà fait vous aurez la gentillesse de nous les restituer !Et sur ce coup de gueule il tourna bride, sans avoir pu entrer ne fut-ce que dans le Premier Cercle de cette cité ingrate. The Half Cop |
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