Nombre de messages : 1079 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
Le blizzard soufflait avec vigueur sur les sommets des Montagnes Blanches, glaçant les corps et les coeurs des hommes qui y étaient postés. Là-haut, les glaciers avaient pourtant reculés depuis plusieurs décennies et la roche nue, sombre comme la nuit, contrastait avec les reflets immaculés du manteau de neige qui recouvrait d’ordinaire la région entière en cette période de l’année.
Un aigle au plumage noir comme l’ébène planait au milieu des nuages menaçants, naviguant tant bien que mal au milieu du brouillard. Il tournoyait ainsi au-dessus des cimes, inspectant de son regard acéré les escarpements rocheux en quête d’une proie trop imprudente qui aurait quitté sa tanière. Malgré l’environnement pour le moins hostile, il n’était pas rare de croiser des marmottes ou autres rongeurs qui profitaient de la fonte des glaces pour partir aventureusement en quête de nourriture après une longue période d’hibernation. Le rapace, alerté par des sons inhabituels, vira à droite et après avoir contourné la cime immense d’une des montagnes, il se retrouva au-dessus d’un plateau de terre nue et noire comme la nuit. Mais les proies qu’il espérait y trouver étaient bien plus grosses que prévues; il n’y avait là ni lièvres ni campagnols mais de hautes silhouettes se tenant sur deux pattes. Quelque peu contrarié par la présence humaine sur son territoire de chasse, l’aigle royal se posa sur un promontoire rocheux et continua d’observer cette scène bien intrigante.
Deux groupes se faisaient face. Ils étaient formés d’hommes des montagnes couverts de larges peaux et fourrures; ils étaient de ceux qui avaient colonisés la vallée des siècles plus tôt et qui avaient dû apprendre à vivre au coeur de cette inhospitalière nature. Entre eux, se tenait un homme à l’allure fier, à l’armure reluisante et au casque richement décoré. A en juger par son accoutrement et son allure distinguée, celui-ci n’était pas d’ici. L’un des montagnards semblait particulièrement irrité et l’atmosphère générale de la scène était particulièrement tendue. Sur son perchoir naturel, le rapace jugea bon de rester discret pour le moment, à l’affût. Il n’était pas judicieux de voler au-dessus de ces archers d’exception lorsque ceux ci étaient de mauvaise humeur. “L’heure d’honorer ton serment est venue Thengald! Oseras-tu te défiler devant le Roi comme tu l’as fait devant mon père et le peuple de Morthond? ” s’exclama l’un des montagnards qui semblait particulièrement contrarié.
Pour toute réponse, il obtint un crachat à ses pieds de la part du principal intéressé qui affichait un air méprisant. “Fédon n’était qu’un petit despote sans honneur dont le seul tour de force fut d’avoir engendré un “héritier” encore plus pitoyable que lui. Le Roi de la Montagne n’a aucune leçon à recevoir de la maison des Fédoriens! -Mais il doit pourtant répondre à la Couronne!” l'interrompit l’homme en armure qui s’était fièrement avancé pour s’interposer entre les deux seigneurs locaux.
Thengald dévisagea cet étranger qui s’était présenté comme un émissaire du Haut-Roy Isildur ; il était venu jusque dans leurs montagnes avec ses manières de la capitale et son petit ton autoritaire qu’il croyait légitimer par ses ordres de mission. Mais il en fallait bien plus pour intimider celui qui se faisait appeler le “Roi de la Montagne”. “Ceci n’est pas ma guerre! Si le Roi du Gondor désire voir ses enfants mourir devant les murs sombres du Mordor, alors grand bien lui fasse! Mais je n’enverrai point mes fils vers cette mort certaine! -N’abusez pas du pouvoir qui est le vôtre! La Couronne a été assez clémente pour fermer les yeux sur votre petite sécession mais il est temps de prouver votre loyauté! Le seigneur Evanor, ici présent, n’a pas hésité une seule seconde à rallier les troupes de la vallée à l’effort de guerre. Si vous ne vous montrez pas coopératifs, le Roi se verra contraint de reconsidérer la question de l’autonomie de votre communauté.”
Thengald ne supportait visiblement pas le fait de recevoir des ordres de la part d’une entité supérieure par le biais d’un émissaire de rang inférieur. De plus, il n’avait nullement l’intention de faire partir ses meilleurs guerriers dans une guerre perdue d’avance au moment même où il en avait le plus besoin pour consolider son pouvoir face aux frères rivaux de la vallée de Morthond. D’un autre côté, il avait bien prêté serment devant le Roi et ce dernier n’était pas homme à contrarier. Le montagnard reste donc un long moment silencieux, pesant le pour et le contre, hésitant quant à la marche à suivre. Agacé, l’émissaire de Minas Tirith tenta de le presser par la menace. “Le Roi a été assez clair sur ce sujet; je suis autorisé à faire usage de la force si nécessaire pour vous faire respecter votre parole!”
Thengald ricana mais il fulminait intérieurement d’entendre ce messager malingre le provoquer de la sorte. Il se retourna lentement, tournant désormais le dos à ses interlocuteurs pour faire face à ses hommes et il sentit son poing tremblant se refermer sur lui-même; derrière-lui ses fidèles de la première heure savait que quand il entrait dans cet état là, alors il devenait incontrôlable. “Bien...bien…” fit-il d’une voix qu’il s’efforçait de rendre la plus douce possible.
L’émissaire esquissa un sourire et s’avança un peu plus alors qu’il triomphait intérieurement. Ainsi, la puissance de la Couronne faisait trembler jusqu’aux sauvages des Montagnes Blanches. “Alors voici ma réponse au Roi…”
Sans crier gare, Thengald dégaina sa lame et dans son mouvement puissant décapita la tête casquée du héraut qui s’en alla rouler en contrebas. Son corps s'affaissa sur la roche sombre avec un tintement sous les yeux choqués du Seigneur Evanor et de sa suite. Mais ces derniers étaient bien moins nombreux que leurs rivaux qui avaient déjà dégainés leurs épées. Les hommes de la vallée se replièrent donc alors que le Roi de la Montagne reprit la route vers les sommets d’un air perplexe.
Les derniers rayons de soleil brillaient encore entre les pics glacés, illuminant les bordures de la vallée du Racine Noire d’une faible lueure orangée qui annonçait la pénombre. Un vent venu du Nord se frayait un chemin à travers les escarpements et venait embrasser, de son étreinte glaciale, la foule qui s’était massée au pieds des montagnes. Après une longue nuit de veillée passée auprès des tombeaux des anciens suivie d’une journée de festivités qui avait vu locaux et visiteurs s’adonner à des compétitions de tirs à l’arc ou des concours de chasse, le peuple de Morthond s’était rassemblé à la lisière nord de son territoire pour ce qui représentait l’apothéose de cette période de fête: la Purification. Des immenses tambours battaient à un rythme soutenu faisaient entendre leur grondement dont l’écho faisaient trembler la vallée toute entière et faisait entrer les habitants dans un état de transe presque spirituelle. Plus haut dans le ciel, le son des percussions se mêlaient aux cris stridents des buses qui virevoltaient au-dessus des têtes.
Cette cérémonie, à la fois fierté de la région et symbole des hommes qui la peuplaient, était attendue avec impatience depuis de longues semaines et les préparatifs avaient été soigneusement orchestrés par le Conseil lui-même. Et l’édition de cette année s’annonçait particulière excitante; jamais autant de champions n’y avaient participé et le nombre exceptionnellement élevé de seigneurs venu d’ailleurs renforçait cette envie de prouver aux étrangers la bravoure et le mérite des gens de la vallée. Quelques rumeurs inquiétantes portant sur la découverte d’anciennes malédictions enfouies dans les glaciers près de la Pierre d’Erech s’étaient propagés dans les rangs et faisaient frémir de peur les plus courageux mais toute cette affaire avait été tant bien que mal été étouffée par les autorités.
Une autorité d’ailleurs parfaitement incarnée par l’imposante silhouette du Seigneur Eon Ludgar qui, juché sur une sorte de promontoire rocheux, observait avec gravité l’agitation qui se déroulait sous ses yeux. Ce soir, il n’avait pas le coeur à rire. A ses côtés se trouvait le taiseux Capitaine Formric, maître archer, ainsi que le vieux Navon, doyen du Conseil des Rescapés. Derrière eux, différentes bannières flottaient au gré du vent; celle des Rescapés représentés par un cygne noir était au centre, dominant toutes les autres. Cette édition de la Purification était déjà une grande fête et s’annonçait comme un véritable succès historique; jamais les participants n’avaient été aussi nombreux. Même la vieille Dame Eliabel avait daigné quitter son cottage reculé sur les contreforts de la montagne pour se présenter avec un champion bien mystérieux.
Malgré tous ces signaux positifs, Navon échangea un regard inquiet avec son suzerain; ils savaient tous les deux ce que l’architecte avait découvert et avaient fait le choix délibéré de ne rien en dire pour éviter la panique. Pourtant, au fond d’eux, les prenant par les tripes, résidait encore une peur irrationnelle. Et si…
Dans l’ombre de Tryon, Elisha avançait lentement tout en scrutant les alentours de son regards aussi intelligent que calculateur. Sur leur passage, plusieurs personnes intriguées s’étaient retournés en désignant du doigt le Baron de Roncefort, ils parlaient entre eux d’une voix basse mais dans laquelle on percevait la curiosité. Eon Ludgar avait pris bien soin de propager l’information que cette année, il y aurait bien un Seigneur en personne qui prendrait part à la Purification; chose qui n’était pas arrivée depuis la participation du maître de Morthond lui-même. La population se demandait ainsi qui était cet homme assez fou pour risquer ainsi tout ce qu’il avait mais d’un autre côté les gens de Morthond savaient apprécier la bravoure du guerrier, quand bien même elle confinait à l’inconscience, et Tryon pouvait ainsi voir l’admiration au fond des pupilles des observateurs.
Derrière eux se tenait Wilfried qui portait fièrement les effets de son suzerain. Si le colosse se sentait lésé d’avoir ainsi été placé sur la touche, il n’en montrait absolument rien. C’était un grand professionnel et avant tout un soldat loyal. La Baronnie de Roncefort savait décidément bien s’entourer.
L’attention du Baron fut alors attirée par une voix bien familière qui s’adressa à lui: “Le Baron de Roncefort! Mon cher ami Tryon!”
Le seigneur Vögel s’avançait vers lui les bras écartés avec un large sourire révélant sa dentition bien trop parfaite pour être honnête. ll était lui aussi accompagné de son champion, vêtu du même équipement élégant, mais bien peu fonctionnel, que le gardes qui avaient été massacrés dans le bastion des Roncefort. Derrière son ton amical, on percevait d’ailleur très bien la rancoeur provoqué par ce souvenir amer chez le Seigneur du Hautval. “Quel plaisir de vous voir ici! Continua-t-il sur cet air des plus hypocrites. Je me vois rassuré de vous voir présent avec votre champion; figurez vous que le bruit court que vous auriez décidé de participer vous-même à cette cérémonie barbare. Quell folie serait-ce! En tout cas votre colosse aura en Wulm, mon plus fidèle soldat, un allié de choix au sein du Chemin des Morts.”
Le garde, affublé d’un casque à plume, opina du chef ne sachant pas réellement qui de Tryon ou Wilfried il préférait avoir à se méfier une fois au coeur de l’action.
Eneron avait pris du retard et quand il arriva sur place, le lieu était déjà noir de monde. L’Arnorien avait passé l’après-midi auprès de l’ambassadeur de Dol Amroth, le sulfureux Mafielas qui résidait dans un domaine située en périphérie de la vallée, aussi loin que possible des “bouseux” de Morthond. L’homme, autrefois grande figure politique de la cité princière, noyait sa frustration dans l’eau-de-vie qu’il produisait dans sa cave. On l’avait écarté et envoyé ici suite à une basse manoeuvre politique et il menait depuis une vie bien amère. Toutefois, le vieil homme n’avait pas complètement baissé les bras et manigançait dans l’ombre pour préparer son retour; malgré ses échecs son sens politique était toujours affûté et il avait encore des cartes à jouer. Eneron avait ainsi beaucoup appris durant ces heures passées dans son salon; il n’avait même pas vu le temps passé et avait dû quitter son hôte à la hâte au moment où il avait constaté que le soleil commençait à décliner à l’horizon. Mafielas avait refusé de l’accompagner, ne désirant pas prendre part à ces “traditions de primitifs”.
Le Seigneur du Valnahar déambula pendant de longues minutes au milieu de la foule, quelque peu agacé du champ de vision réduit qui l’empêchait de trouver la personne qu’il cherchait. Heureusement, la silhouette filiforme et l’allure distinguée de cet individu tranchait avec le reste et, pour peu que l’on croisait, l’individu était reconnaissable entre milles malgré le capuchon qui recouvrait ses traits et ses oreilles en pointes. “Maître Aurhen! Je crois bien qu’il est temps de me faire part de votre choix concernant mon offre…”
Il avisa alors l’épée de haute facture que le Premier Né portait à sa ceinture. “En tout cas vous me semblez fin prêt pour ce soir!”
Elsner venait de quitter la compagnie de Dame Aofel et celle des rohirrims postés près d’une tente installée un peu plus loin pour l’occasion au dessus de laquelle flottait la bannière emblématique frappé du méaras. Il alla tranquillement se poster près de l’entrée du Chemin des Morts, là où tous les champions commençaient lentement à se regrouper. Il avait déjà identifié les menaces principales, à commencer par Kaldor. Les Rescapés choisissait toujours des guerriers de talents pour les représenter lors de la Purification, une cérémonie avant tout significative pour les gens de leur caste. Les deux hommes échangèrent un regard glacial. Il jeta un coup d’oeil au Seigneur Ludgar, toujours posté sur son “estrade” et qui s’apprêtait à faire son discours pour lancer les hostilités. Le mercenaire fit machinalement rouler ses muscles alors que son regard déviait lentement vers la cavité obscure qui servait d’entrée au royaume des damnés. Les ténèbres y étaient absolus, presques palpables, et ils happèrent la conscience du rohirrim pendant de longues minutes. Il crut même entendre une voix diffuse dans l’air froid qui l’invitait à pénétrer dans l’ombre. Elsner fut finalement tiré de sa torpeur par les cors qui se mirent à résonner au sein de la vallée. L’heure était proche.
Il se rendit alors compte que la silhouette qui se trouvait à sa droite était bien différente de celle de tous les autres colosses qui les entouraient. Un corps certes athlétique et élégant mais qui semblait bien frêle et mince en comparaison de leurs rivaux. Son visage était entièrement recouvert par un masque de métal, accoutrement curieux pour cet évènement où les participants étaient avant tout en quête de reconnaissance. Mais le rohirrim comprit rapidement que cette femme n’était pas à sous-estimer; tout dans ses gestes et son attitude respiraient le confiance ainsi que l’expérience. Il ne savait pas encore comment elle comptait rivaliser au sein du Chemin des Morts mais il se doutait bien qu’elle ne s’était pas retrouvée ici par hasard.
Il tenta de briser la glace qui les séparait en lui parlant sur un ton qui se voulait assez banal. “Il y a bien plus de rivaux que ce que j’imaginais; cela s’annonce encore plus compliqué pour trouver les rares biens qui doivent rester dans ces souterrains. Mais au fond, nous ne sommes pas venu seulement pour les trésor des macchabées, n’est-ce-pas?”
Elsner savait pertinemment dans quel but il avait été envoyé ici par le Bras de Fer; l’or était un facteur certes mais l’idée était surtout de faire connaître le nom de leur organisation. Sur un plan personnel, cela était également l’occasion parfaite pour renouer des liens avec des gens de son peuple -fussent-ils des réfugiés. Mais le mercenaire, d’un naturel curieux, se demandait bien pour quelle raison une femme, aussi talentueuse fut-elle, risquerait ainsi sa peau là-dedans car il devait bien avouer que maintenant qu’il faisait face au Chemin des Morts, il n’avait plus vraiment envie de s’y aventurer.
The Young Cop
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Il avait honoré ses morts, puis avait passé la journée à se mêler aux festivités parmi les siens comme un simple bon vivant, se donnant en spectacle au tir à l’arc pour la plus grande joie de la plèbe locale. « Kaldor ! Kaldor ! » L’appelaient les Rescapés alors qu’il allait vers l’épreuve. Les gens de son peuple l’aimaient. Et lui aussi les aimait. Malgré ses origines supérieures, c’était un champion accessible, arborant de vifs sourires empreints de confiance, qui saluait à tout va, qui échangeait des poignées de mains avec les petites gens, avec ses subordonnés de l’archerie qui l’appelaient avec une quasi-familiarité…
En outre, il tenait à envoyer le message à ses rivaux, à ce baron de Roncefort, à ce Elsner… Ici, vous êtes chez moi. C’est mon pays, mes gens. Kaldor n’était pas homme à souffrir du trac de la foule et des espoirs de son peuple qu’il portait sur ses épaules. Cela ne le rendait même que plus fort. Un petit ascendant psychologique bienvenu.
Les jeux étaient faits. Epée au côté, son arc dans le dos, Kaldor vint tranquillement se ranger aux abords du baron de Roncefort. Un noble qu’il reconnut comme le Seigneur Vogël s’était avancé vers le colosse sombre en engageant la discussion avec lui. Kaldor resta tranquillement en retrait, les laissant achever leur échange sans les interrompre.
Quand le baron se fut libéré de la présence du noble en usant de formules empreintes de toute la courtoisie qui le caractérisait à vue, Kaldor vint le côtoyer tranquillement. Sa mine affichait cette impétueuse en lui qui l’avait caractérisé lors du repas de la veille, et son regard était braqué droit sur son seigneur Ludgar qui s’apprêtait à discourir, mais celui-ci, entre les dents de son sourire fier, glissa au baron : « Il serait indigne de ma part de ne pas faire front commun avec vous au moins pour début de la Purification, alors que monseigneur m’a désigné comme un allié pour vous, baron. Et il y a ici bien assez de concurrents pour nous occuper tous les deux pour une bonne moitié de la nuit… »
Tryon de Roncefort Baron des Montagnes Blanches
Nombre de messages : 77 Localisation : Ringlo Vale - Baronnie de Roncefort
Lun 19 Oct 2020 - 21:24
Le baron de Roncefort etait là.
Et il scrutait l'assemblée du regard de l'exalté. Il voyait briller dans les yeux de la populace la lueur de ceux qui n'avaient rien et ne comprenaient pas que celui qui avait tout soit en capacité de se mettre en danger, voire de mourir sous leurs yeux, une sorte de sacrifice pour leur plaisir, eux qui n'avaient rien. Oui, je me mettais en sacrifice, et j'aimais cela.
Pourtant je vendrai ma peau difficilement, je regardais Kaldor. Il devait sentir que son allié de circonstance n'hesiterait pas enfoncer sa lame au plus profond de son corps la retirerait et lecherait la lame quitte a entamer sa langue. Je n'etais certes pas un serpent tel Vogel a sourir et planter sa lame dans le dos. L'on savait quand je voulais tuer, et c'est pour cela que j'etais là plutot que mon champion, Wilfried. J'etais là pour m'eprouver aux hommes, peut etre que j'avais toujours souffert d'etre maltraité par mon père loin des hommes. Maintenant, je serai avec eux, sans conscience, demence, c'est l'oubli de l'esprit, j'etais venu ici pour cette raison, j'oublierai ma douleur en l'infligeant.
Je scrutais les autres nouveaux arrivants, et me rejouissais interieurement des brebis venues dans cette bergerie. Je pensais en mon coeur qu'il faudrait vite qu'ils m'achevent, car le risque était que je montre mon vrai visage, et que cette competition de combat finisse dans un bain de sang, cruel, sadique, et jouissif ou je ressortirai de l'epreuve couvert de sang, et porteur des tetes de mes ennemis designés ici, je ne voyais deja plus leurs visages.
Je regardai Kaldor froidement, Vogel et son champion, je souriais legerement, maitrisant ma souffrance, mon sourire devenait une chimère hideuse.
"Kaldor, essayons de prendre pied dans cette arène. Je compte sur votre bras."
Aurhen regarda l’Edain s’éloigner sans comprendre ce que l’on attendait de lui. Devait-il le suivre ? Que devait-il lire dans les paroles sibyllines du seigneur ? Il n’était pas un Elda habitué aux belles cours royales et s’il avait reçu l’éducation des grands de Nargothrond et partagé un peu la vie des Princes et des grands, lui-même n’avait jamais été au cœur du pouvoir. Il craignait les conséquences de ce choix. Certes, il trouverait peut-être là le seul moyen pour lui de remplir la mission que lui avait confié le seigneur Rustor et, à la fois, ne risquait-il pas d’entraîner des conséquences indésirées dans les politiques mortelles ? Il avait si longtemps parcouru ces terres, restait qu’il avait toujours la sagesse d’un louveteau de trois semaines…
Il s’agaça à la façon des gens de son peuple, c’est-à-dire guère plus qu’en soufflant entre ces dents la colère qu’il avait contre lui-même, et quand enfin le seigneur Eneron eut disparu dans ce qu’il fallait bien appeler une ville, faute d’autres formes d’urbanisation, il invita son cheval à reprendre sa route, non sans avoir relevé sa capuche ; si les gens de son peuple se faisait rare ici, peut-être ne devait-il pas devenir une attraction locale pour ne pas nuire à son devoir. Aux abords des portes, des sentinelles lui firent signe d’approcher. La soleil avait disparu derrière les monts et ses derniers feux y mouraient.
« Ohé, voyageur, qu’est-ce qui vous amène à Morthond ? – Bonsoir ! J’imagine, la même chose que beaucoup en ce moment : j’ai envie moi aussi de participer à la célébration. Pourriez-vous m’indiquer s’il reste quelque part où dormir ?– Aah… Je ne peux rien vous promettre, car c’est vrai qu’y’a du monde. Plus peut-être qu’on peut en accueillir. Mais doit bien rester une place ou deux du côté du Berceau de l’Hiver, l’auberge de Grisella, une sacrée dame ! Au pire, elle aura forcément de la place dans un coin de la grande si vous n’avez pas peur de dormir dans le foin pour une nuit – c’est toujours mieux que dans la rue. – Le foin ne m’effraie pas. Merci bien, je pars donc en quête de Grisella. » L’un et l’autre opinèrent du chef et Aurhen reprit sa route.
La bourgade n’était pas bien grande et il n’eut pas de mal à trouver le Berceau de l’Hiver et sa célèbre aubergiste. Il n’eut pas besoin de dormir avec les chevaux : il restait une chambrette sous les combles dont personne n’avait voulu. Totalement débordée par l’affluence en ces temps singuliers, on ne lui posa pas de questions. Il paya son dû, s’installa dans un coin de la salle commune pour manger, observa, écouta. Les conversations allaient du graveleux à la politique entre les royaumes. Il entendit parler de la Dame Aofel, des Rohirrims, d’Eon Ludgar, le seigneur de Morthond, de Valonias, un architecte venu de la capitale aux idées farfelues. Les ragots étaient si nombreux et parfois si audacieux dans ce qu’il révélait que mise à part les noms, il ne crut pas vraiment bon de retenir le reste. Pour ne pas attirer l’attention, il n’attendit pas que la salle se vidât, il partit dans sa chambre avec le premier tiers.
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La journée du lendemain se passa dans le calme. Il y avait suffisamment d’étrangers partout pour qu’Auhren se promenât sans trop attirer l’attention. Si quelques-uns se retournèrent sur lui puisqu’il semblait trancher avec la masse, pourtant, il y avait suffisamment de plus nobles que lui pour que guère plus qu’un haussement d’épaules mît fin à toutes les interrogations. En rôdeur aguerri, il repéra rapidement la cartographie des alentours, se perdit un peu dans les hauteurs sans être vu. Lorsqu’il se glissa dans la foule naissante, il avait acquis quelques certitudes à propos du lieu, bien qu’il demeurât incertain quant à la réponse qu’il devait donner.
« Maître Aurhen! Je crois bien qu’il est temps de me faire part de votre choix concernant mon offre… En tout cas vous me semblez fin prêt pour ce soir !– Seigneur Eneron. Il marqua une pause respectueuse puis sourit tranquillement. Oui, j’ai cru comprendre qu’on ne devait pas prendre ces montagnes à la légère. Mais vous m’avez demandé une réponse et reprochez hier de trop parler, la voici : j’accepte. Maintenant, j’ai à mon tour des questions, pour vous : est-ce bien le Seigneur Eon Ludgar qui s’apprête à parler ? Et qui sont les gens qui l’entourent ? Et… Quelle foule ! Est-ce chaque année ainsi ?»
Nathanael Espion de l'Arbre Blanc
Nombre de messages : 1025 Age : 35 Localisation : Pelargir Rôle : Espion
À l’ombre des ifs noirs, elle avait confié ses prières aux esprits étrangers qui peuplaient les montagnes de cette partie du monde. Où étaient-ils vraiment, ceux qui étaient partis ? Que restaient-ils vraiment de ceux qu’on avait laissés ? Aux souvenirs douloureux de ceux qu’elle avait aimés s’étaient mêlés les regrets amers impossibles à oublier. Le vieux Thibert avait allumé de nombreux brandons autour des sépultures et Brand, Marhari et Dame Eliabel avaient passé toute la nuit à prier leurs âmes perdues. Lome les avait rejoints au petit matin, sur l’invitation de la maîtresse des lieux, pour entamer une cérémonie plus particulière. On l’avait fait s’agenouiller devant les pics enneigés sur lesquels le soleil traçait des ombres roses et noires. Brand s’était saisi de la vieille épée de son père et lui avait fait jurer de défendre le nom de leur famille dans les ténèbres du Chemin des Morts. Elle avait répété après lui, d’une voix lente et mesurée :
– Que l’homme vil soit puni de s’être détourné du chemin de la dignité, qu’il soit pourchassé jusqu’à ce qu’il avoue ses crimes et que le Dwimorberg le juge à l’aune de son courage. Aux parjures, la proscription ! Aux parjures, la damnation ! Aux parjures, l’expiation !
***
Agité par le vent, le grand cygne noir claquait son mécontentement au-dessus des hommes et des femmes réunis à l’entrée du chemin des Morts. Lome, caparaçonnée de son armure luisante, rendait à chacun les regards curieux qu’on lui lançait. Dame Eliabel, à ses côtés, n’en faisait pas moins, le torse bombé de pectoraux débordant d’orgueil. Brand les avait accompagnés jusque devant les premières marches. Pour rencontrer les seigneurs voisins, d’après ses dires. Lome devinait des intentions moins louables. Il était mâle et il doutait encore de ses capacités. Il ne voulait rien d’autre que s’assurer qu’elle s’engouffrerait bien dans la gueule béante et glaciale qui se trouvait devant eux. Quitte à n’en jamais ressortir.
Derrière son masque aux écailles d’azur, elle tenta de sonder la nature des autres champions. Ils étaient plus nombreux que ce qu’elle s’était figuré. S’était-elle trompée en venant ici ? Qu’adviendrait-il si elle venait à échouer ? Un bref instant, elle resserra ses doigts sur la garde de ses dagues. En forme de serres, les deux armes lui ceignaient les hanches dans de discrets fourreaux ornés de plumes. Elle sursauta presque quand Dame Eliabel lui posa la main sur l’épaule et tendit le doigt vers des hauteurs invisibles.
– C’est de là haut, souffla-t-elle, qu’il serait revenu.
La langue saillante d’un glacier se glissait entre les pierres grises et noires d’un vallon à la végétation déchiquetée. La neige surplombait le faîte sombre des résineux qui se maintenaient au bord des ravins par leurs racines tordues. Il n’y avait nul chemin dans cette vallée encaissée. Ceux qui l’avaient emprunté cherchaient forcément quelque chose. « De la pierre » d’après Dame Eliabel. « Spéciale » avait-elle rajouté comme une confidence. Mais ils n’avaient trouvé au milieu des séracs et des crevasses qu’une menace indicible qui les avait rendus presque fous. Lome voyait encore l’architecte se tenir recroquevillé dans le fauteuil que Marhari lui avait tendu avant qu’il ne fermât la porte. Détournant les yeux des sommets, elle porta son regard au cœur du monde. Un homme, armé d’un arc, tenait une torche virevoltant au gré du vent qui peinait à projeter une ombre sur la paroi nue. Au-delà du roc sombre, on ne voyait rien. Des brandons huilés étaient empilés à l’entrée du Chemin de Morts, attendant leurs porteurs. Mais quand les mèches s’éteindraient, qu’adviendrait-il ?
Sur sa gauche, un homme lui parla avec un accent qu’elle reconnut comme celui des Têtes de Paille qui grouillaient dans les plaines. Ils étaient nombreux à s’être réfugiés de ce côté là des montagnes. « Lâches… » pensa-t-elle. Avec raideur, elle se tourna vers lui, une lueur moqueuse dans le regard.
– Il n’y a aucune gloire à fouailler les entrailles de la terre. Que ferons-nous vraiment de plus que des vers qui s’agitent pour dévorer le cœur pourri d’un fruit trop mûr ?
Elle le laissa là avec ses réflexions, et suivit Dame Eliabel et Brand qui se rapprochaient du seigneur Ludgar. Le borgne ne tarderait pas à commencer son récital. Les mots, pourtant, n’étaient que du vent. Seuls les écrits restaient. Elle toucha par réflexe ses dagues à sa ceinture. Il n’y avait pas toujours besoin d’encre pour écrire.
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Les cors résonnèrent au coeur de la Vallée de la Racine Noire, leur écho se répercutant sur les flancs escarpés des montagnes. Un long silence s’ensuivit. Les conversations et autres acclamations avaient cessés à l’écoute du signal. Champions, seigneurs et spectateurs se retournèrent alors instinctivement en direction du promontoire rocheux d’où une noble silhouette les surplombait de toute sa prestance. De là où il se trouvait, le Seigneur Ludgar parvenait à se faire entendre de tous presque sans effort. L’acoustique naturelle aidant grandement à diffuser sa voix puissante et autoritaire. “ Seigneurs du Gondor! Champions venus d’ailleurs! Soeurs et Frères de Morthond! “
Il scrutait la foule hétéroclite dont l’excitation croissante était devenue presque palpable. Il y avait bien plus de monde que jamais auparavant; les temps troublés et l’absence d’un ennemi clairement défini sur lequel reporter ses maux poussaient sûrement de plus en plus de Gondoriens sur le chemin de la spiritualité, ou sur celui du sang. “Au cours de ces dernières nuits, nous avons religieusement honoré la mémoire de nos ancêtres. Et nous nous sommes efforcés de nous rappeler que ce courage qui coule dans nos veines, celui qui nous permettra de dompter le souffle de l’hiver et les malédictions qui l’accompagnent, ce courage il nous vient de nos aïeux. Ces femmes et ces hommes qui ont tout abandonné pour venir ici. Rejetés, souvent moqués, méprisés par le reste de la population; ils sont venus ici dans la plus hostile des contrées du royaume pour prouver à tous que la bravoure des habitants de Morthond n’a pas d’égal. Mais l’heure du recueillement est terminé et ce soir, comme chaque année, est arrivé le temps de faire preuve de ce courage pour que nos Morts nous observent depuis leur monde avec un regard fier.”
Beaucoup n'écoutait pas vraiment ou seulement d’une oreille le traditionnel discours du maître des lieux. Ils n’attendaient plus que ce dernier ne les laisse enfin pénétrer au sein des souterrains. “Et quelle meilleure preuve de courage que d’aller défier les esprit des renégats dans leur antre maudite? Ces parjures qui ont laissé tombé leur roi et leur serment avant de se terrer comme des lâches dans les contreforts de la montagne et de hanter nos chaumières. Ils ont peut-être disparu mais leur fief a encore besoin d’être purifié de leur souvenir. Nous devons nous assurer que leurs fantômes ne reviennent pas dans les Montagnes Blanches. Tel est ce soir votre mission.”
Ces paroles mystiques étaient plutôt attendues par les locaux qui avaient été bercés par ces histoires et légendes d’une région encore très influencée par les superstitions en tout genre. Mais un tel discours et ces histoires de fantômes avaient sans doute de quoi surprendre les étrangers présents. Et les rumeurs concernant le retour d'une certaine malédiction près de la pierre d'Erech ne faisait qu'entrenir cette crainte teintée d'excitation si caractéristique des gens de la vallée.
“Un trophée a été placé au sein des dédales sombres de ce royaume maudit. Au plus profond de l’obscurité. Soyez assuré que celui qui le ramènera sera acclamé à Morthond et au-delà. La gloire que vous êtes tous venus chercher se trouve au bout de cette nuit. Je vous rappelle également que cette cérémonie est sacrée et que nul débordement ne sera toléré. Morthond ne se fait pas l’hôte d’une sorte d’arènes de gladiateurs venus amuser la galerie, ce serait indigne de notre histoire. Vous êtes invités ici pour purger les abymes des bêtes, des brigands et des mauvais esprits; non pour y plonger ceux qui vous accompagnent dans cette tâche. Afin d’éviter tout écart, des patrouilles du Capitaine Formric circuleront également au sein du Chemin des Morts et n’hésiteront pas à intervenir à la vue d’un comportement jugé inapproprié.”
Au fond, le seigneur de Morthond savait que ce genre de débordements n’étaient pas rares malgré les efforts de ses hommes. Nombre de champions profitaient des ténèbres pour y éliminer un concurrent trop encombrant. Et même s’il ne l’avouait pas en public, Ludgar avait même une certaine tolérance face à cela, ce genre de disparitions permettait d’entretenir l’atmosphère de danger mystérieux qui entourait la Purification. “Champions! Saisissez vos flambeaux! Je déclare ouvert la Purification! Puisse la Destinée vous accompagner!”
Comme un seul homme, ces derniers s’avancèrent au devant de la foule et saisirent chacun une des torches plantées au sol face à l’entrée du tunnel. Le public se bousculait derrière eux, cherchant à ne pas quitter des yeux celui pour lequel il s’était déjà entiché.
Les tambours se remirent à battre de plus belle mais les percussions furent bientôt accompagnés d’un grand fracas. Il avait suffi de quelques pas mal maîtrisés d’un groupe de bouquetins soudainement effrayés par l’activité humaine pour que le fragile équilibre des montagnes ne s’ébranle. Des petits rochers se détachèrent et commencèrent à rouler sur le flanc des sommets, entraînant dans leurs sillage des projectiles bien plus dangereux. Bientôt ce fut un petit éboulement qui se mit à menacer les champions qui cherchèrent à se mettre à l’abris. Certains comme Aurhen, évitèrent la casse grâce à leur agilité et leurs réflexes surdéveloppés leur permit d’éviter promptement le danger. D’autres n’eurent pas cette chance; ceux qui avaient un bouclier le levèrent au-dessus de leur tête. Une énorme bloc de pierre vint s’écraser au milieu du groupe, broyant la jambe d’un des champions qui se retrouva cloué au sol avec de grands cris . Première victime indirecte de la Purification. Tryon fut plus chanceux; une petite roche passa près de lui avant de rebondir violemment sur l’épaule de Kaldor qui ressentit instantanément le choc. A priori il n’y avait rien de cassé mais la douleur était fulgurante et risquait bien de le handicaper pendant plusieurs heures.
Cette première frayeur passée, les champions s’engouffrèrent un à un dans les sombres galeries. Pour le moment, ils avançaient tous d’un bon pas, déterminé et bien aidé par la faible lueur que produisait leurs torches et qui leur indiquait la marche à suivre tout en rassurant leurs âmes.
Mais bientôt, toute lumière serait éteinte par le souffle des Damnés.
The Young Cop
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Mer 4 Nov 2020 - 23:01
L'eboulement était sur nous, je regardais les roches descendre de leur lit naturel vers nous. Quelle peste que ces bouquetins, quelle idée d'avoir rassemblé ces animaux indisciplinés, je commencais a regretter de n'etre moi meme l'organisateur de la Purification. Ces créatures ridicules n'auraient pu y mettre une patte.
La pierre se dirigeait vers moi et je me decalais légèrement, j'entendais un champion hurler, blessé cruellement et je souriais, tout en cherchant a me retenir, un de moins me dis je.
La roche me frolait et frappait un rocher au sol pour rebondir sur l'epaule de Kaldor et lui arracher un gemissement.
Je me retournais vers lui, un sourire grimacant au visage, lui tendant la main.
Laissez moi vous soutenir, Champion, vous semblez touché.
« Merci, mais je vais bien ! » Grinça Kaldor entre ses dents, s’efforçant de se redresser, le dos droit, en rejetant vivement la main tendue de Tryon. S’efforcer de faire bonne figure. Il n’allait pas "bien". La douleur du choc, osseuse et musculaire, le lançait dans son épaule, et il sentait que celle-ci est partie pour durer et l’amoindrir, et ce au niveau de son bras droit. Celui qui tient l’épée, évidemment ! Quelle blessure stupide ! Mais cela aurait pu être pire. Observant autour de lui, il aperçut le champion blessé. Un de moins ! Se dit une part cruellement compétitive en lui. Il observa les hauteurs et trouva les responsables directs de cet éboulis, et ses lèvres se pincèrent dans un sourire d’ironie des plus amers : lui, un champion capable de traverser des combats armés sans la moindre égratignure, et des bouquetins l’infirmaient en le prenant totalement par surprise !
Il croisa aussi le regard de son seigneur. Depuis son promontoire, le sort de Kaldor ne lui avait pas échappé et celui-ci lui jetait un regard soucieux. S’efforcer de faire bonne figure. Kaldor hocha la tête, s’efforçant d’arborer un sourire confiant. Oui, Ludgar avait mis sa confiance en lui, et ce n’était pas un fichu caillou qui allait lui faire trahir cette confiance.
Invitant du regard le baron à le suivre, Kaldor vint se saisir d’une torche, et rentra dans les ténèbres de la grotte. La douleur le tenaillait dans l’épaule, mais il s’efforçait de serrer les dents et de ne pas se trahir devant le baron, devant ses pairs. Gagnant le rang de devant pour faire bonne figure.
Tryon de Roncefort Baron des Montagnes Blanches
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Dim 22 Nov 2020 - 1:10
Je souriais alors que Kaldor rejettait ma main tendue avec impetuosité.
Lorsque l'on commence a perdre le controle de ses emotions, c'est un bon debut vers la derive, et la fin.
Je le regardais de mon regard cruel.
Je ne suis pas inquiet, Kaldor, cela n'a pas l'air grand chose.
Pourtant je savais que la blessure etait plus severe et m'en rejouissais interieurement.
Je n'avais pas besoin de Kaldor, je m'etais d'ailleurs deja juré de lui montrer bientot ses tripes.
Et ce n'etait pas les pantins qui m'entouraient qui m'effrayaient.
Cette Purification allait finir en massacre, et j'en riais a l'avance.
Ils etaient venus tous pour la curée.
Et je serai le premier executant ou je mourrais ce qui me libererait de mes douleurs.
Et les deux perspectives m'enchantaient.
Je suivais Kaldor qui voulait faire bonne figure en se placant en premiere ligne.
Je me placais derriere lui sans mot dire.
J'avais envie de l'insulter.
De lui crier.
Tu es blessé imbecile et tu seras la premiere victime. Je suis dans ton dos, ou pour te frapper, ou pour que la premiere lance, les premieres fleches te transpercent, et ton corps me servira de rempart. Je te souleverai tel un fetu, toi qui pense etre un colosse, la colere, la rage, la folie me prendront et je t'emmenerai tel un epouvantail percé de traits sur nos ennemis pour finalement leur trancher la gorge avec colere et folie. Ils sont enfermés avec moi, je ne suis pas enfermé avec eux. Nos ennemis apprendront a s'en rappeler.
En attendant je regardais les epaules massives de Kaldor, sa nuque decoupée et me disais qu'il devait etre un bon soldat que Ludgar appreciait, leur petit echange de regard ne m'avait pas echappé.
Peut etre devrais je faire preuve d'un peu de consideration pour ce soldat que je haissais, afin que LUdgar m'apprecie plus.
Je refrenais ma haine, et suivais le brave qui allait vers la mort.
J'avais sorti ma lame et regardais le tunnel sombre, et m'imaginais bientot avec du sang sur le visage.
C'etait ce que j'etais venu chercher.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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L’ambiance entre les deux champions était pour le moins tendue et leur alliance fragile risquait fort de voler en éclats dans les profondeurs du Chemin des Morts. Mais pour le moment, ils avaient fait le choix de défier les damnés ensemble, et à deux ils n’étaient certainement de trop pour défier les obstacles qui les attendaient.
Leur progression était lente au milieu de ces corridors de pierre qui devenaient de plus en plus étroits à mesure qu’ils s'enfonçaient sous les montagnes. Le sol était accidenté et glissant, de nombreuses pierres au bords coupant étaient éparpillés sur leur route; Tryon et Kaldor, à l’épaule encore douloureuse, devaient ainsi prendre bien soin à ne pas trébucher et se blesser bêtement. Ici, les chances d’obtenir de l’aide étaient bien minces. Il faisait froid et l’air était lourd et malgré leur allure pourtant très lente, les deux hommes étaient déjà essoufflés, comme s’ils manquaient d’oxygène. Leurs torches respectives n’éclairaient leur route que de quelques mètres et aucun d’eux ne savait ce que chaque nouveau pas en avant pouvait leur révéler. Le bois de leur lanterne se consumait d’ailleurs rapidement, beaucoup trop rapidement. Ce n’était plus qu’une question de minutes avant qu’elles ne s’éteignent et qu’ils se retrouvent plongés dans une obscurité quasi-totale. Mais avant tout, leur torches demeurait leur dernier repère temporel; un compte à rebours fatidique qui leur indiquait depuis combien de temps ils avaient pénétré dans les entrailles de la terre suite au signal du Seigneur Ludgar mais aussi et surtout les minutes qui les séparaient du moment où ils s’y perdraient.
Avec deux torches, leur luminosité était déjà réduite et leur permettait tout juste d’avancer. Pourtant il allait falloir prendre une décision rapide. Deux choix s’offraient à eux. Ils pouvaient décider de continuer ainsi à profiter des flammes des deux lanternes en sachant qu’ils seraient bientôt privés de toute source de lumière. Ou alors ils pouvaient choisir d’éteindre l’une des deux torches pour le moment jusqu’au moment où l’autre serait presque consumé. Ils pourraient alors utiliser le feu de l’une pour allumer l’autre et ainsi profiter de lumière pendant un petit peu plus longtemps, mais la luminosité se retrouverait dans ce cas considérablement réduite.
Au loin, ils entendirent un bruit étouffé. Sa source était encore éloignée mais ici, mieux valait-il rester en mouvement. Il leur fallait prendre une décision concernant la lumière, et rapidement. Le destin de leur Purification dépendrait certainement de ce choix.
The Young Cop
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Jeu 3 Déc 2020 - 22:55
Je souriais de ce sourire insolent qui jamais ne me quittait.
Je regardais ce nigaud de Kaldor et lui jetais au visage.
"Il s'agirait d'avoir un peu de présence d'esprit ici, soldat."
Je lui souriais une fois de plus j'aimais le defier.
"Nous serons bientot dans l'obscurité, ainsi je recommande d'agir rapidement pour gagner un peu de temps.
Laisse moi eteindre ma torche, ansi quand la tienne sera consumée, je pourrai allumer la mienne.
Cela me semble plus judicieux pour gagner du temps entre lumière et obscurité, plutot que consumer nos forces betement.
Certes, nous aurons moins de luminosité, mais je prefere peu de luminosité qu'aucune luminosité."
J'avais entendu le bruit etouffé devant nous.
Je reprenais;, ma lame en main droite, et ma lanterne en main gauche.
J'avais l'habitude des traitrises et me preparais a un coup de mon compagnon, c etait simple pour moi, toute amitié, toute alliance, tout "amour" avait toujours été interessé, ou pour survivre, ou pour exploiter, our pour jouir.
Ce soldat pouvait traitreusement me planter sa lame dans le ventre de colere apres ma prochaine diatribe qui l'humilierait, et il aurait raison, mais j'y etais preparé.
En fait, c'est ce que je cherchais, qu'il me donne un pretexte pour le tuer.
"Ils arrivent, nos amis, nos compagnons d'infortune.
Fais ton choix et vite, et sors ton arme, avec ton epaule disloquée.
Tu es doué pour le theatre Kaldor, j'aurai presque cru que tu n'avais pas mal.
Pourtant je vois la douleur dans les rictus que tu t'efforces de controler.
J'espère que tu es plus un soldat qu'un comédien devant ton maitre Ludgar.
De toutes les idées, quitter de la cohorte de champions rentrée toutes armes et torches brandies n’était manifestement pas la meilleure, se dit Kaldor. Dissimulés à la vue de la civilisation au fond de cette grotte sinistre, son épaule qui le faisait toujours souffrir, son "binôme" n’attendait déjà plus pour établir un franc antagonisme, faisant pleuvoir les provocations et le défiant de son regard fou. Pour un peu, fondu dans la pénombre de la grotte, Kaldor s’attendrait à voir le barbu de Roncefort se transformer en un loup-garou fou furieux…
« Vous m’avez percé à jour, concéda-t-il en feintant la légèreté. Cette satanée pierre m’a disloqué l’épaule, comme vous dîtes, et je souffre le martyre… « Néanmoins, vous qui avez rencontré monseigneur Ludgar : pensez-vous que ce sont mes piètres talents de comédien qui ont fourvoyé l’homme et l’ont amené à me désigner comme son champion ? Ou parce qu’il me sait capable de hauts faits d’armes et capable de continuer à combattre en dépit de la souffrance de pires blessures et de la fatigue ?
Ayant fini d’Argumenter posément, Kaldor se fendit d’un sourire en coin, égal à celui de Roncefort. Défiance empreinte de méfiance quant à une réaction tempétueuse. La confrontation apparaissait maintenant plus qu’évidente. Elle aurait lieu tôt ou tard. Kaldor se demandait dans combien d’angles tortueux de la caverne la tension rivale entre eux ferait place au déchaînement de violence…
— Et c’est un avis que je partage, celui à propos de nos torches, ajouta-t-il sur un ton mielleux. Venez maintenant. Les morts attendent devant nous. »
Du chef, Kaldor invita son… "Compagnon", à continuer leur progression. Les prochains pas s’annonçaient rudes pour les nerfs. Un œil devant lui pour guetter les dangers de leur périple dans le Chemin des Morts, l’autre alerte quant à une traîtrise du baron possédé qui marchait à sa suite comme son ombre, tandis qu’il avançait en éclaireur, la torche en main…
Dernière édition par Snardat le Ven 18 Déc 2020 - 23:28, édité 2 fois
Tryon de Roncefort Baron des Montagnes Blanches
Nombre de messages : 77 Localisation : Ringlo Vale - Baronnie de Roncefort
Sam 19 Déc 2020 - 22:13
Il avait du cran, ce compagnon.
Entre desir de meurtre, de lui offrir son coeur en offrande, et envie de lui sourire sincerement, je ne savais plus où allait mon humeur, ce qui etait sur, c'est que je voulais du sang a présent, dans l'etat de confusion où j'étais entré. Ou le sien ou celui des morts, ou celui des champions? Je sentais que j'étais possédé par cette angoisse qui me rendait fou de douleur et de rage. Et nous y etions. Le sang allait couler bientot, le mien en premier lieu d'ailleurs si je ne trouvais pas d'empreinte a ma souffrnace.
Kaldor répondait, en essayant d'eviter de perdre son honneur, mais egalement en evitant la confrontation.
C'etait finalement une bonne recrue.
Ludgar avait vu juste, un guerrier aguerri il etait, mais aussi presque un diplomate lorsque le sang etait proche de couler quand un allié improbable s'en prenait à lui.
Je parlais de moi.
Il avait toutefois été fort imprudent au sein de la Seigneurie en me defiant, car sa vie etait a présent en jeu, et il essayait de rattrapper ses erreurs.
Force etait de constater qu'il ne pouvait pas savoir qui etait Tryon de Roncefort.
Ce personnage que j'etais n'etait pas un homme commun, ne meritait peut etre pas d'etre qualifié d'homme d'ailleurs, c'etait un monstre qui exercait sa violence, et son charme malsain et glauque, tout en sachant qu'il etait un monstre, se detestait, se maltraitait chaque soir.
Nombre de fois je m'etais decoupé, frappé la tete a mort, frappant les murs en esperant que mon crane eclate.
Pourtant seules les traces de sang sur les murs et mon visage meurtri etaient mes temoins silenceux.
Les cicatrices sur mon visage montraient un visage de douleur. La nature etait bien faite, c'etaient des petites stries blanchatres sur mon front qui montraient mon appetit a ma propre torture.
Je regardais Kaldor, excité par son regard contri.
Allons voir les morts, ils doivent attendre leur dernier repos, Kaldor.
Pour la première fois, mon ton n'etait plus insultant.
Il meritait plus la vie que moi même; lui le soldat fidèle, et je m'emploierai a le sauver, le defendre et a massacrer nos ennemis quitte a disparaitre.
La situation avait echappé a mon conseiller politique Elishan, j'allais mourir et la Barronie serait en detresse. Il me connaissait depuis l'enfance, mais nous avions franchi un pas ici avec la Purification. Belle manoeuvre de Ludgar, il pourrait mettre la main sur Roncefort après mon décès. Elishan courbera l'echine face a son nouveau maitre. Je pourrai ici enfin mourir en massacrant le plus d'ennemis qui se presenteraient face a moi, quel plaisir !
Je cherchais la delivrance.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Les deux compères reprirent leur marche en avant mais leur avancée se faisait de plus en plus ardue. Ils ne bénéficiaient que de la faible lueur de leur unique torche allumée qui se consumait à vue d'œil, heureusement qu’il leur restait la seconde en réserve. A condition, bien entendu qu’ils veillent à ce que leur flamme ne s’éteigne pas malencontreusement, auquel cas ils retrouveraient dans l’obscurité totale.
Autour d’eux l’obscurité se faisait de plus en plus pressante, de plus en plus pesante et leur feu leur permettait à peine de voir où mettre les pieds juste devant eux. S’ils levaient le nez pour se projeter plus en avant, ils se heurtaient à un mur de noir absolu. Leur souffle se faisait de plus en plus saccadé, leur démarche de plus en plus pénible mais les deux champions poursuivaient malgré tout leur progression. Après-tout n’étaient-ils pas des braves?
Alors Tryon manqua alors de glisser sur une pierre humide. Pour garder son équilibre, il posa une main sur le mur, lui aussi humide. Le liquide était tiède, épais. Kaldor approcha la torche et les deux hommes découvrirent alors l’immense trace de sang qui suintait sur la paroi rocheuse. Et il ne leur fallut pas chercher très loin pour en découvrir son origine. Devant-eux, à moins de deux mètres seulement, gisait une silhouette affreusement mutilée. A côté du corps se trouvait la torche éteinte du pauvre bougre, coupée en deux.
Son visage déchiqueté n’était plus reconnaissable mais ce qui était certain c’était que ce mort ne faisait pas partie de ceux qui hantaient ces souterrains depuis des siècles. Non, le cadavre était encore bien trop frais pour cela. Bien trop frais.
La menace était là, toute proche. Scrutant chacun de leurs gestes, attendant le moment opportun pour frapper. Qui étaient ces hommes assez fous pour perturber ainsi son si long sommeil.
Incapables de voir clairement autour d’eux, les deux hommes ne perçurent qu’un mouvement furtif dans leur dos. Ils firent volte face mais leur piteuse lumière ne révéla rien.
Eux ne voyaient pas. La bête, elle, voyait.
Un grognement profond fit vibrer les murs en obsidienne.
La chasse avait commencée.
The Young Cop
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Ven 1 Jan 2021 - 19:19
J'avais manqué de tomber, glissant sur cette substance visqueuse.
Heureusement, mes reflexes m'avaient permis de me rattrapper au mur, empreint lui aussi de cette substance visqueuse.
C'est alors que la torche de Kaldor me revela que cette substance etait le sang d'un autre champion decoupé en morceaux.
Je regardais l'ecarlate dans ma paume, souriait et lechais a pleine langue son sang.
Nous etions des etres de sang et j'honorais sa memoire.
Le gout su sang je l'aimais et il me mettait en condition pour la bataille proche.
Kaldor mettait la main sur sa garde alors que le monstre rugissait dans l'obscurité.
J'étais exalté. J'avais envie du sang de cette bete furieuse, j'avais envie de saigner avec elle, j'avais envie de la bataille.
Je degainais mon épée, celle de mon père. Elle brillait de son tranchant acéré, une des lames de l'Ouistrenesse qui n'avait jamais failli, reminiscence de Numenor.
Je riais pour attirer l'attention du monstre.
Elle avait cherché a isoler le champion mort, mais nous etions deux, et c'etait la lecon a retenir, nous ne devions pas nous isoler. A deux, elle ne ferait rien de nous.
Je criais de ma voix puissante.
Viens !!
Tu vas pouvoir me devorer, et t'en etouffer !!
Et de chuchoter a Kaldor.
Celui qui subit l'attaque pare de toute son energie, l'autre frappe. Nous l'aurons ainsi.
Eh bien, voilà une chose qui déstabilisait quelque peu Kaldor. Peut-être allaient-ils parvenir à livrer au moins un combat en commun et tenir leurs engagements auprès du seigneur Ludgar, après tout ! Depuis quelques instants maintenant, il semblait que quelque chose dans le ressenti de son compagnon à son égard s’était altéré. Ils ne parlaient que peu dans leur avancée, et principalement des échanges d’ordre pratique dans leur progression difficile en ces tunnels difficiles d’accès ; Kaldor avait l’impression cependant que le ton du baron avait refroidi de quelques degrés d’hostilité. Ainsi celui-ci s’adressait maintenant à lui en allié. Peut-être n’était-il pas aussi perdu dans sa folie qu’il l’avait craint de prime abord. Il se montrait même protecteur, maintenant face à la bête.
Ils venaient de révéler le carnage à la lueur de la torche. A la pénibilité de leur progression dans les galeries, se succéda la peur, cette émotion primaire que Kaldor connaissait bien. S’il n’avait pas la complaisance macabre dont semblait faire preuve Tryon de Roncefort, la peur, il savait la dominer, garder le contrôle. Même si le grondement qui émana de leurs arrières en aurait poussé plus d’un à vaciller. Pas un brigand qu’ils allaient simplement se charger de faire décamper. Fondue dans la pénombre, la bête féroce était irrationnelle et impossible à raisonner, tout juste à fondre sur eux avec toute sa férocité animale. Kaldor était en posture défensive, flanquant le Baron. Ce dernier lui exposa son plan. Simple et efficace. Kaldor approuva. Restait à voir ce qu’était la bête qui allait surgir des ténèbres. Un loup ? Ou même un ours ? Le Roncefort semblait déterminé à être le héros, provoquant hargneusement la créature. Le baron l'ayant devancé et vu l'état de son épaule, Kaldor était parti pour couvrir ses arrières. Leurs "nouvelles" arrières.
"Approche, animal..." Siffla Kaldor entre ses dents...
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Un rugissement qui fit trembler les murs sombres des galeries. Deux yeux jaunes scintillant dans l’obscurité. Puis la charge. Tout se déroula si rapidement, quelques secondes tout au plus qui suffirent à la créature pour parcourir la distance qui la séparait des deux intrus. Tout se passa si rapidement et la maigre source de lumière qu’ils avaient n’était pas assez forte pour distinguer avec précision ce à quoi ils s’apprêtaient à faire face, mais il était certain que l’animal était gigantesque. Bien plus massif qu’un loup solitaire qui se serait aventuré en ce sombre endroit. Et pourtant malgré sa taille et les couloirs étroits, la bête se mouvait avec une aisance déconcertante à l’intérieur du tunnel. Rapidité, puissance, agilité. Elle réunissait toutes les qualités pour en faire le prédateur suprême en dessous des Montagnes Blanches. Comme s’il elle ne faisait qu’un avec ce lieu maudit. Ils étaient ici chez elle. La poussière s’élevait au passage de la bête, des roches vacillaient et le bruit des griffes raclant le sol se faisait de plus en plus strident.
Le choc était imminent.
Si Tryon n’avait pas eu la présence d’esprit de faire un pas de côté et ainsi éviter la charge en se collant à la paroi; il aurait probablement été écrasé par la puissance qui se dégageait d’un tel être.
Kaldor ne fut pas aussi chanceux.
S’il évita habilement les griffes acérées qui passèrent à quelques millimètres du visage, il ne put rien faire pour contrer le formidable coup de museau. L’espace d’un instant il put voir le pelage sombre et rugueux de leur assaillant et sentir son odeur âcre qui rappelait celle du sang. Puis il voltigea sur plusieurs mètres. Le Champion de Morthond s’écrasa sur la paroi avant de s’écrouler au sol, sonné mais encore conscient. Il avait empoigné son épée assez fort pour l’avoir toujours à ses côtés mais la torche, elle, était retombée au sol. La flamme s’éteignant sur le sol humide.
Ce fut l’obscurité totale.
Tryon cherchait à se repérer autour de lui mais seuls les yeux de la bête étaient désormais visibles. Utiliser son ouïe ou son odorat était une option mais à ce jeu là, la Nature avait bien mieux armé l’animal que les deux champions. Un reniflement sourd se fit entendre dans la pénombre. La créature localisait sa proie. Le Baron de Roncefort retint son souffle mais il était trop tard. L’animal savait précisément où il se tenait.
La seconde charge arriva et cette-fois l’homme ne put l’esquiver. A l’aide de sa lame il chercha à percer son assaillant à l’aveugle, et parvint même à faire une entaille dans l’une des énormes pattes qui cherchait à l’assommer. Le sang gicla sur son visage. Un hurlement fit trembler la Montagne. Encore plus enragé par sa blessure et enivré par l’odeur du sang - y compris le sien- la bête se redressa sur ses pattes arrières.
Majestueuse. Titanesque. Terrifiante.
Les adjectifs manquaient pour désigner la silhouette que Tryon pouvait distinguer dans la pénombre. Un corps robuste et puissant qui s’élevait à plus de trois mètres. Des pattes arrondies plus larges que la tête du Seigneur et des griffes aussi longues et tranchantes que sa propre lame qui paraissait désormais être une défense bien ridicule.
L’ours des cavernes rua une nouvelle fois.
Tryon tomba sur le dos et se retrouva bloqué sous une patte gigantesque. La bête chercha à réaliser la morsure fatale sur la gorge de l’homme qui se défendit comme un diable. Se débattant pour s’extirper de l’emprise de l'animal, il plaça sa lame à la perpendiculaire, devant son visage pour éviter les crocs. Il pouvait désormais pleinement sentir l’haleine fétide de la bête.
Leurs regards se croisèrent un moment.
La même folie meurtrière se lisait dans les yeux des deux opposants.
La bête hésita même l’espace d’un instant. Jamais encore elle n’avait eu affaire à une proie si tenace. Mais face aux centaines de kilogrammes de muscles qui poussaient sur ses défenses et ainsi allongé sur le dos, combien de temps la Baron de Roncefort allait-il encore pouvoir tenir.
Un petit peu plus loin, Kaldor avait toutes les peines à se relever. Le choc l’avait étourdi et son épaule le faisait souffrir plus que jamais. Pourtant il était encore là, prêt au combat.
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Mar 12 Jan 2021 - 21:56
J'avais subi les assauts gigantesques du monstre, et Kaldor egalement.
Les babines du monstre etaient sur le point de devorer mon visage, alors que je le repoussais de ma lame non pas si derisoire pour que ses crocs n'arrachent pas ma face. Je savais que j'allais lui arracher le visage, ce monstre, car quand je me battais, je ne voyais jamais vaincu. Jamais. Au pire, nous mourrions ensemble. En fait, je voulais son sang.
Kaldor etait a terre, blessé, massacré, son epaule disloquée, et meurtri, et je riais tel un dément.
Cette créature allait souffrir, ou m'arracher la tete.
Je n'avais pas dit mon dernier mot.
Kaldor non plus, j'avais percu qu'il se relevait, et je savais donc que c'etait un guerrier, il puisait sa force dans la douleur, et il revenait car il allait massacrer ce monstre.
J'avais en un coup d'oeil furtif relevé ses muscles se tendre, se gonder, car l'adrenaline, et de la peur et de la violence, commencaient a se jumeler et je savais qu'il allait agir.
Alors que desesperement, je repoussais la creature lui placant ma lame sous la gorge.
Je regardais les crocs, les yeux neutres et jaunes, laids, du monstre qui voulait me devorer, meme son haleine, en fait m'excitait, je devenais lui.
J'etais sur le point de tout perdre. D'une certaine façon, j'étais venu pour cela et Elishan serait malheureux.
Tout repassait dans mon esprit en un cout instant, mon père qui me violait matin et soir, les tabassées regulières, ma mère qui pleurait mais n'osait parler, qui venait me consoler de son amour coupable, ses cheveux d'or que j'embrassais a pleines mains, mon air hagard enfant, enfant perdu sans volonté ni envie, perdu à la vie, ma colère a l'adolescence, ma violence extreme, je maltraitais toute jeune fille offerte pour mes premiers coïts, incapable d'aimer, je frappais mes compagnons de duels, j'etais devenu jeune adulte un monstre se repandant dans la luxure, et dans la debauche, dans la violence, dans les excès, dans la douleur et la souffrance.
Et à présent que ce monstre allait devorer mon visage, c'etait d'une certaine facon une liberation, ca j'allais mourir ou detruire sa face.
Si Kaldor ne pouvait frapper d'un coup fatal ou severe ce monstre dans les quelques seccondes qui venaient, je ne pourrai le retenir, et donc je tenterai le tout pour le tout, j'aimais cette situation, le laisser me devorer, il ne pouvait me terrasser instantanément meme en m'arrachant la gorge, ou le visage, j'aurais encore le temps avant de perdre mon energie, ma vie en ces secondes fatales, de lui traverser son oeil gauche de ma lame d'Ouistrenesse, fierté de mes ancetres, de toute la force que ces années de haine, de souffrance et d'entrainement m'avaient donné, jusqu'à la garde, le sentir transpercé de douleur, devenir tranquille alors que je meure alors que la fin le rejoint, moi-même eclaboussé par son sang peut etre pour revivre.
Nathanael Espion de l'Arbre Blanc
Nombre de messages : 1025 Age : 35 Localisation : Pelargir Rôle : Espion
La caverne versait sur leurs épaules, goutte à goutte, de désagréables frissons. Une torche en main, Lome s’était glissée dans la gueule noire de la montagne parmi les derniers participants. Elle n’avait pas allumé son brandon, suivant les tâches de lumière projetées par ses adversaires sur les murs obscurs. Les flammes crachotantes étaient parfois violemment soufflées par de brusques courant d’air venus d’on ne savait où. Le sol inégal avait arraché de nombreux jurons autour d’elle, tout comme le ruisseau qui prenait sa source au coeur des ténèbres et rendait le sol glissant sur plusieurs coudées. La roche suintait une humidité froide et laissait sur les doigts un substrat de sédiments humides. A chaque fois que l’on posait sa main sur la paroi, elle était aussitôt salie. Et chaque fois que Lome ramenait un peu ses bras contre elle, le pli de son vêtement lui collait aux aisselles une sueur glacée. Malgré l’effort de la marche, elle ne parvenait pas vraiment à se réchauffer. Elle avait l’impression étrange que la montagne absorbait leur chaleur pour se nourrir. Ou pour nourrir quelques créatures innommables tapissées dans les replis rocheux qui tailladaient les parois sombres.
Le long couloir dans lequel ils avaient pénétré s’ouvrit petit à petit et devint une large caverne où ils pouvaient marcher côte à côte. Le Rohirrim qui s’était adressé à elle plus tôt se trouvait non loin de là. Un sifflement aigu surgit des profondeurs loin devant eux puis ils entendirent comme un bruit de lutte et des grognements qui n’étaient pas humains.
— Êtes-vous venus pour ce genre de choses ? demanda-t-elle d'un air railleur.
Elle dégaina ses deux dagues en forme de serre et s’avança entre les ombres projetées des guerriers. Tous s’étaient saisis de leurs armes, mais aucun d’entre eux n’avait osé s’avancer. Ils échangèrent des regards plein de suspicion et de doutes. Lome, malgré le courage qu’elle s’évertuait à montrer, avait les jambes flageolantes. Ce n’était pas ce bruit là qu’elle attendait. Et peut être que les choses avaient mal tourné. Malgré tout, avec ou sans eux, il lui fallait continuer d’avancer. Ce qu’elle était venue chercher valait bien quelques frayeurs et une ou deux égratignures. Elle savait se battre, elle était formée pour cela. Les plaies guérissaient.
Plus assurée, elle continua. Les grognements étaient ceux d’un animal, elle en était persuadée. Son coeur, pourtant, tambourinait dans sa poitrine. Concentrée à deviner ce qui se trouvait plus loin, elle ne vit pas le cadavre devant elle et glissa dans les entrailles que Tryon et Kaldor avaient trouvé peu avant. Un coup d’oeil suffit à lui faire comprendre de quoi il s’agissait. Un coup d’oeil suffit à lui faire comprendre qu’il était bien trop gros pour être vaincu par une seule personne.
— Un ours !
Sa voix projeta de nombreux échos. Les champions qui se trouvaient là, certains d’avoir à faire à quelque chose de naturel raffermirent leur prise sur leurs armes et s’avancèrent avec plus de détermination. Ils étaient trois, avec Elsner, à s’approcher de la zone où Tryon et Kaldor luttaient contre l’énorme créature.
— Par Wulf ! jura-t-elle.
Tryon, au sol, était écrasé par la créature. Sous l’amas de fourrure et de poils, on ne devinait qu’une partie de son visage et ses gestes désespérés pour se protéger devenaient de moins en moins vigoureux. Il sembla à Lome qu’une lame avait été planté dans la face de l’ours et du sang giclait à chaque mouvement de tête qu’il faisait. Un réflexe la poussa à venir au secours de Tryon, mais elle se ravisa rapidement et laissa un homme derrière elle la doubler en hurlant, sa lance tendue devant lui. Le champion inconnu planta sa pointe dans l’épaule de l’animal. La hampe se brisa sous la force du coup, et des esquilles de bois s’enfoncèrent dans la main du guerrier. L’ours blessé, attaqué dans sa propre demeure, cerné, devint encore plus fou et, délaissant le corps du seigneur qu’il tentait de dévorer, se jeta vers son nouvel attaquant. Lome profita de la diversion occasionnée et, dans une pénombre s’épaississant, planta ses dague dans le corps du carnivore.
Il y eut de longs cris étouffés et des grognements monstrueux et macabres, puis le bruit d’un corps lourd qui chute. Lorsque les autres champions se rapprochèrent, la lueur des flammes révéla les cadavres du guerrier à la lance, défiguré, et de l’ours des cavernes. Lome, dans son armure rutilante de sang, rengaina ses armes. Sur les parois, des tâches d’écarlate sombre maculait la pierre noire.
— Sacrément bien visé, dit un homme. Surtout dans le noir. Quel coup de chance !
Les plaies béantes qui s’étiraient sur les flancs de l’ours laissaient s’échapper un bouillonnement épais et rouge là où passaient normalement les artères. La chance, Lome n’y croyait pas. Pas plus que ceux qui l’avaient formé à l’époque, pas plus que ceux qui l’avaient choisie ensuite. La chance n’existait pas dans les ténèbres du monde. Les ténèbres de son monde. Elle rajusta le masque d’écailles sur son visage.
— Le sang ! rugit quelqu’un. Le sang !
Il pointa un doigt vers Lome. La pierre dans son dos était redevenue noire et lisse. Sous leurs yeux, un résidu rouge se dissipa, absorbé dans la roche. Elsner s’approcha pour poser sa main sur la paroi et la retira au bout de quelques secondes comme s’il s’était soudainement brûlé. Lome le vrilla, pleine d’attention à son égard.
Il grelottait dans les ténèbres noires sous la montagne. Les voix se moquaient de lui et de sa peur. Elles se moquaient de son peuple mourant et de leur faiblesse et lui chuchotaient cruellement à l’oreille à quel point les hommes étaient plus forts. Il devinait parfois des lueurs fugaces, vacillantes, des éclats de lumière blafarde et le son de longues capes qui frottaient sur la pierre froide. Il serra davantage contre lui le trésor de son peuple. Raghan serait furieux, il le savait. S’il venait un jour à rentrer parmi les siens, il serait… Il n’osa pas imaginer ce que Raghan lui ferait s’il retournait jamais chez lui. Il repoussa les songes et les chimères qui lui tourmentaient l’esprit. Ce qu’il faisait, il le faisait pour son peuple, contre les hommes mauvais venus de l’est et des plaines. Des hommes sauvages et plein de haine qui ne savaient que tuer et détruire, piétiner et brûler tout ce qu’ils trouvaient sur leur passage. Ils ne connaissaient ni le chèvrefeuille sauvage, ni la clématite effrontée qui bravaient les plus grands arbres. Ils ne savaient ni écouter la terre ni le chant de l’eau. Ils étaient sourds aux voix flûtées des oiseaux et aux bourdonnements joyeux des insectes. Ils étaient aveugles à la beauté du monde. Leur coeur battait au rythme des pioches des créatures souterraines qui excavaient l’or et l’argent, ils aimaient les richesses et conquérir des terres. Ils avaient soif et faim, mais ils étaient insatiables et la folie les dévorait. Ils ne valaient pas mieux que les gorgûn venus des sombres terres de l’autre côté du monde.
Pas à pas, il cheminait dans le noir, malmené par de mauvaises pensées et les voix pernicieuses qui l’accusaient d’avoir trahis les siens. Mais il savait, au fond de lui, qu’il n’était pas un traître. Il l’espérait. Il s’arrêta et tenta de percer l’obscurité. Il lui sembla que le plafond était plus haut et que les murs s’étiraient pour former comme une grande salle. Il s’était passé ici de mauvaises choses et des êtres malveillants avaient occupé le coeur de la montagne pendant de longues années. Il le savait. Son père, lorsqu’il l’amenait aux tertres de leurs ancêtres, lui avait souvent parlé de la Montagne des Spectres.
— Qui va là ? souffla une voix fatiguée.
Il se crispa et resserra davantage son trésor contre lui. Il ne devait y avoir personne. Personne. Les spectres étaient partis depuis de longues années. Le roi des hommes, celui-là même qui leur avait rendu leurs terres, avait chassé les fantômes.
— Aidez-moi… S’il vous plaît.
Une botte racla sur le sol. Une longue inspiration sifflante s’extirpa d’une poitrine malade. Il s’avança, avec précaution, mais ne voyait pas nettement celui qui se trouvait devant lui.
— Aidez-moi… — Qui êtes-vous ? dit-il de la voix guttural de sa race. — Un Frère… je suis un frère, murmura la voix chevrotante. Aidez-moi…
Il fit un pas en arrière. La statuette entre ses bras, lui parut plus lourde à porter. Dans la noirceur de la caverne, des bruits de pas lui parvinrent. Des voix aussi, bien réelles, celles-ci.
— Ce sera bientôt trop tard, ils viennent. Ils ne doivent pas savoir, aidez-moi…
De toutes les idées qu’il avait eu dans sa vie, tenir tête à un ours sans plan, sans piège, avec pour toutes armes l’honneur et une épée qu’il s’efforçait de tenir à deux mains en dépit de son épaule blessée, n’avait pas été la plus brillante. Envoyé valser dans ce décor rocheux tel un personnage secondaire inutile dans la saga de Tryon, Kaldor avait peiné à se remettre sur ses deux jambes. Aveugle dans le noir, avec la perte de la torche, il n’était toutefois pas difficile de focaliser sur l’ouïe, à mesure qu’il se remettait du choc.
Foutre dieu, est-ce que le baron fou était maintenant en lutte à poids de corps avec un ours ?!
C’était ce qui lui semblait à entendre les grognements de l’ours, du champion. Lesquels étaient ceux de la bête, lesquels ceux de son compagnon, il ne savait pas trop tant on les confondait dans cette bestialité sonore qui se répercutait dans toute la cavité et faisait vibrer ses entrailles.
Kaldor, bien sûr, s’apprêtait à accourir à la rescousse de son compagnon, et certainement pas à s’éclipser discrètement par cette petite issue sur le côté en prétendant ne jamais avoir été là. L’arrivée impromptue de cette femelle à l’habit fourbe, était purement opportuniste et lui volait tout bonnement la part de gloire qui lui était due dans cette confrontation avec le monde animal. Le pire, c’est que son intervention ayant été tout bonnement salvatrice, Kaldor allait devoir s’efforcer de lui témoigner sa gratitude, et cela en y mettant une once de sincérité dans le ton. Une femme avec une épée… Afin de mieux digérer l’affaire, peut-être pourrait-il remercier non pas la femme, mais son groupe dans l’ensemble ? A son instar aux côtés du baron, celle-ci avait amené avec elle des sous-fifres masculins, qui composaient la figuration.
Mais Kaldor fut interrompu dans ses pensées quand la roche commença à absorber le sang, et à ce spectacle insensé, demeura pendant plusieurs secondes encore plus benêt que lorsqu’il avait été projeté par l’ours hors du jeu.
Tryon de Roncefort Baron des Montagnes Blanches
Nombre de messages : 77 Localisation : Ringlo Vale - Baronnie de Roncefort
Mer 27 Jan 2021 - 22:11
L'ours avait été sur le point de dechiqueter ma gorge et ma face, et j'en riais de mon rire de dément.
J'avais tenté le tout pour le tout et j'avais réussi, à mon grand etonnement, à lui arracher un oeil, à eclabousser mon visage de son sang, sans que le monstre ne m'arrache la face.
Et soudain, cette femme et le lancier etaient apparus et avaient blessé le monstre jusqu'à le terrasser.
Le lancier y avait perdu la vie.
Je me relevais le visage ecorché, et l'armure decrochée par endroits sous la masse du monstre.
Ma face etait rouge du sang de l'ours, mêlé au mien ,car la creature des cavernes par moments m'avait malmené suffisamment pour que ma face eclate par endroits.
J'aimais ces moments, ces moments, ou j'etais seul avec moi meme, blessé et galvanisé par la douleur.
Je regardais mes nouveaux compagnons sans rengainer mon épée de Numenor, jetais un coup d'oeil à Kaldor qui se remettait difficilement.
Je me disais.
"Dommage. Il etait prometteur. Il pourra peut etre s'exprimer plus tard."
Je me placais face a la femme qui m'avais sauvé par ses "gestes experts".
Mes hommages.
Je m'inclinais, prenant sa main pour y deposer un mirage de baiser, avant de la relacher, appliquant l'education seculaire que seul ma lignée m'avait transmis. Le protocole. Le protocole que j'appliquais le visage en sang, laissant une trace de sang ou d'ours ou d'homme sur sa main gantée.
Merci pour votre aide, vous m'avez sauvé la vie, ainsi que celle de Kaldor.
Je jetais un regard mauvais a ce compagnon decevant.
Je revenais sur cette femme.
Alors, nous ferons equipe ensemble?
C'est alors que le mur commenca a boire le sang, et je me placais face à ce phenomène peu commun brandissant mon arme.
Nathanael Espion de l'Arbre Blanc
Nombre de messages : 1025 Age : 35 Localisation : Pelargir Rôle : Espion
La respiration sifflante, l’homme lui attrapa la cheville d’une main qui manquait de fermeté. Il puait la mort. Buri voulut s’écarter, son trésor entre les mains. Il devait repartir. Le tintement d’une épée qui frappe contre la pierre lui parvint.
— Aidez-moi, reprit la voix fatiguée. Il ne faut pas qu’il le trouve ! Cachez-le ! Cachez-le !
Buri le repoussa. Il en avait assez de ces hommes et de leurs manigances, de leur orgueil démesuré et de leur volonté de dominer tout ce qui se trouvait sur ces terres. La colère de son peuple gonfla en lui. Il posa l’héritage de ses ancêtres sur le sol, contre la paroi, et s’assit à côté de l’homme moribond. Il prit une longue inspiration et s’efforça de ralentir les battements de son coeur. L’écho de la fureur des hommes gonflait en se rapprochant. Il y avait de nombreuses voix, de nombreux pieds différents qui foulaient le sol. Ils sentaient la sueur, le feu et le sang. Buri s’immobilisa complètement, ignorant les tâtonnements incessant du Frère dans son dos. Sous ses paupières mi closes, il décela les premières lueurs que projetaient les torches entre les parois de pierre et les ombres démesurées qui avançaient aux pieds des soldats.
Au milieu des clameurs qui s’étendaient dans la caverne sombre, Buri n’était plus qu’immobilité. Il savait comment faire. Il savait ce qu’il fallait faire. Les voix et les rumeurs spectrales s’étiolèrent. Buri les repoussa mentalement aussi loin qu’il le put, jusqu’au coeur de la pierre, là où était leur place. Il les enferma solidement dans la roche, ainsi que le lui avait appris son père et les mura dans le silence. Sa poitrine se gonfla, lentement, doucement et il laissa filtrer l’air entre ses lèvres dans une expiration qui sembla ne jamais prendre fin.
La lumière chassa les ombres dans la grande caverne.
— Il est là ! cria quelqu’un.
Le Frère gémit et se recroquevilla sur lui-même en suppliant que quelqu’un lui vienne en aide.
Il y eut un sifflement strident, aigu, insupportable.
— Mais qu’est-ce qu…
Il y eut le bruit d’un corps qui choit et le craquement sonore d’os rompus. La torche crachota au bout d’un bras mort. Le Frère, couché par terre, osa ouvrir un oeil, étonné d’être toujours en vie. Il resserra contre lui l’objet sacré qu’il voulait dissimuler dans l’obscurité du Chemin des Morts et étouffa un cri quand il découvrit la statuette dressée devant lui sur ses petites jambes courtaudes. Les flammes moururent et le Frère fut de nouveau plongé dans le noir. Un noir de charbon où brûlait deux braises ardentes prêtes à s’enflammer.
***
Sous les yeux des champions, la pierre absorba jusqu’à la dernière goutte de sang. Lome vrillait l’espace gris où la montagne avait épanché sa soif. Un sourire naquit sur ses lèvres quand elle vit les soldats se saisir de leurs armes.
— Vous ne combattrez pas cette chose là avec des lames, dit-elle à Tryon de Roncefort.
Son hommage lui avait plu, en quelque sorte. Elle se sentait moins l'outil d'un bras puissant et eut l'impression un moment qu'elle pouvait elle aussi déplacer les pions à sa convenance sur l'échiquier du monde. Elle avait rengainé ses deux dagues en forme de serre et rallumé sa torche à celle d’un homme resté en retrait.
— Il y a de vieilles choses qui sommeillent ici. Des choses plus vieilles que les hommes venus de la mer. Peut-être plus vieilles encore que les animaux et les arbres. Des choses obscures et étranges. Mais vous ne risquez rien pour l’instant. La montagne se nourrit des morts et non des vivants.
Elle laissa Elsner et les autres en proie à leurs réflexions personnelles. Quoi qu’il advienne, ils devraient maintenant faire avec. Son vieil ami lui avait parlé de ce phénomène et de bien d’autres choses à propos des Montagnes Blanches, des peuples autochtones et des terribles évènements qui étaient survenus après l’arrivée d’Isildur et des siens. Et bien qu’elle fut libre à présent, elle se sentait davantage menacée que lorsqu’elle croupissait dans les geôles de la cité blanche.
Armée de sa torche et d’un courage qui lui nouait les entrailles, elle avança au devant des champions et continua son chemin vers ce qu’elle supposait être l’ouest.
— Nous nous en sortirons mieux si nous restons ensemble, dit-elle. Aussi gros fut cet ours, ce n’était qu’un ours. De chair et d’os. Plus nous avancerons… plus nous avancerons et plus la montagne nous marquera, à sa manière.
Etait-ce des voix qu’elle avait perçu, ou le fruit de son imagination parvenait à la faire douter de ses sens ? Elle se tourna brutalement vers l’une des parois, certaine d’avoir vu quelque chose bouger. Mais il n’y avait là qu’un éperon rocheux auquel la lente érosion du temps avait donné la forme d’un visage disgracieux et difforme.
— Méfiez-vous de vous-mêmes, dit-elle.
Parler lui conférait davantage de force. Et la distrayait des chimères qu’elle croyait voir ici et là. Ils s’avancèrent de longues minutes au milieu d’un chemin tortueux et sombre où les ombres s’avançaient ou se retiraient comme pour se moquer d’eux.
— Qu’est-ce que c’est ? finit par demander l’un des champions. J’ai entendu quelqu’un. — Ce n’est rien d’autre que votre imagination, souffla Lome. Restez concentrés. Nous avons dû parcourir une grande partie du chemin. Le trophée de Ludgar ne sera plus très loin maintenant. Nous verrons alors qui sera le plus à même de s’en saisir.
La fin de sa phrase fut couverte par le son d’une voix que tout le monde perçut clairement. Un râle d’agonie et des borborygmes incompréhensibles. Tryon, qui marchait aux côtés de Lome, put voir devant eux un homme assis, adossé à un bourrelet de pierre froide. Il ne s’agissait ni d’un champion ni d’un homme de Ludgar. Ses guenilles étaient sales et abîmées et le poignard qu’il tenait à la main était émoussé et rouillé. Il avait tout l’air d’un de ces bandits qui peuplait le Chemin des Morts pour se cacher. Et vu l’état dans lequel il était, il n’avait pas dû être d’accord avec ses compagnons d’infortune.
Il gémissait en se tenant le ventre, un flot de sang s’écoulant entre ses doigts. Il regardait ses mains rouges et tremblantes. Et quand il tourna son visage apeuré vers les nouveaux arrivants, des larmes avaient creusé de profonds sillons sur ses joues crasseuses.
— Ils… ils … ils sont venus par l’autre côté, dit-il sans qu’on ne sache vraiment s’il s’adressait aux champions ou s’il délirait. Ils sont là. Tout proche. Ils sont venus pour la statuette. Pour la statuette…
Sa voix mourut dans un couinement. Il tendit un doigt ensanglanté auquel manquait un ongle, la peau et quelques millimètres de chair dans une direction où ne se pouvait voir que le néant. Une goutte de son sang tomba sur le sol et, comme les champions avaient pu en être témoin plus tôt, fut absorbée par la pierre. L’homme sembla alors devenir fou et se mit à hurler.
— Elle me prend ! Elle me prend ! Haaaa…
Les champions s’étaient arrêtés, immobilisés par l’incompréhension ou la peur. Et s’ils ne faisaient rien, qu’adviendrait-il de cet homme ? Pouvait-il leur apprendre quoi que ce soit sur ceux qui l’avaient mortellement blessé et s’étaient enfuis ? Qui étaient ces opposants imprévus ? Et quel était leur but ? Et s'ils touchaient le corps, que risquaient-ils vraiment ?
Nombre de messages : 1079 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
Elsner s’était montré plutôt discret depuis le début de la cérémonie. Le mercenaire s’était contenté de suivre un petit groupe de champions dans les profondeurs de la montagne. A mesure qu’ils progressent et que l’obscurité se faisait de plus en plus pressante, le rohirrim sentait l’angoisse gagnait son cœur. Il n’était pourtant pas un pleutre. Il avait maintes fois bravé la mort et chargé sabre au clair sur les vertes collines du Riddermark. Depuis son exil du royaume il avait aussi connu la misère et la faim et ne devait son salut qu’à sa rencontre avec le charismatique chef d’une troupe de mercenaires basée à Lossarnach. Après la défaite d’Hogorwen, il avait un temps songé à prendre un nouveau départ, devenir artisan ou bûcheron et faire le choix d’une vie plus paisible. Pourquoi ne pas même fonder une famille? Néanmoins, il avait vite compris que les hommes comme lui n’avait de valeur pour les autres qu’avec une épée entre les mains. Il s’était donc résigné à continuer de vivre comme il l’avait toujours fait: en faisant la guerre. Jadis, il servait une couronne en or; désormais il combattait pour l’or. La différence était à ses yeux bien mince.
Toutefois en arrivant à Morthond pour devenir le champion des réfugiés rohirrim il avait ressenti une fierté qui n’avait pas gagné son coeur depuis de longues années. Cette fois il ne risquait plus sa vie pour quelques pièces d’argent ou les désirs pécuniaires du Bras de Fer. Non, ce qui était en jeu, c'était la fierté de ses sœurs et de ses frères rohirrim. De braves innocents n’ayant eu d’autre choix que de fuir leur terre natale suite à la défaite de Hogorwen lors de la guerre civile par crainte de représailles. Ils avaient tout laissé derrière eux: leurs biens, leur dignité et leur patrie pour se retrouver dans une terre étrangère. Certes, le Seigneur Ludgar les avait accueilli les bras ouverts mais le statut de réfugié n’était pas chose aisée à effacer. Une victoire pour ce groupe lors de la Purification pourrait tout changer pour ces pauvres gens. Il avait vu le regard plein d’espoir et d’admiration des petits enfants aux cheveux d’or avant qu’il ne pénètre dans les souterrains. Il se devait de ramener le trophée. Pour eux. Pour redonner un sens à son existence perdue.
La bataille avec l’ours avait été aussi brève qu’intense et deux champions perdirent la vie entre les griffes de la gigantesque bête. La mystérieuse Dame s’était quant à elle distinguée de manière surprenante. Avec une facilité insolente et une certaine grâce, elle avait mis à terre le prédateur qui gisait désormais dans son sang qui tachait le sol et les parois.
Un homme leur intima alors de regarder le liquide vermeil qui s’écoulait des plaies de l’ours et des champions tombés. Le sang, au lieu de former un petit ruisseau s’écoulant dans les galeries inclinées, s’incrustait dans la pierre. Comme absorbé par une force minérale qui suçait ce précieux breuvage. Intrigué par ce phénomène inhabituel, Elsner s’approcha de la paroi ensanglantée et posa sa main sur le basalte. Boum
Il sentit alors la montagne sous ses doigts. Boum
Des battements parfaitement rythmés comme celui que produisaient le coeur. Boum
Des pulsations qui faisaient vibrer la dernière fibre de son être.
Le souffle coupé, l’ancien Garde Royale, recula brusquement en se tenant le bras. Celui-ci était brûlant. Il échangea un regard avec la Dame qui l’interrogea immédiatement sur un ton serein d’où perçait une certaine excitation. “Réveillée? De quoi parlez-vous? “
Il prit quelques secondes pour reprendre ses esprits et sa respiration. “Je...j’ai senti des choses...Comme des battements de coeur… Je ne comprends pas bien…”
Visiblement nul n’avait d’explications convaincantes à ce phénomène et le groupe reprit sa marche en avant à la recherche du trophée placée par Ludgar dans les profondeurs de la montagne. Alors qu’ils avançaient à la lumière de leurs torches, bien trop peu nombreuses, Elsner s’approcha discrètement de Kaldor en avisant son épaule qui formait un angle bien étrange. “Je vois que vous avez été plutôt secoué par les derniers affrontements. Je ne suis pas vraiment guérisseur mais cela peut vous faire du bien et vous aider à endurer la douleur.”
Il tendit au Gondorien une outre d’eau dans laquelle Dame Aofel avait fait infusé différentes herbes aux propriétés de guérison.
Mais les champions n’étaient définitivement pas au bout de leur surprises. Quelques minutes plus tard seulement, ils furent alertés par les gémissements d’un mourant. En alerte, les guerriers dirigèrent la lumière de leurs flambeaux en direction du râle; là se trouvait un pauvre bougre mal en point. Sa blessure était mortelle et le sang coulait à flots mais il semblait surtout habité par la démence. De qui parlait-il avec ces “ils”? Une statuette? Avec quoi cela pouvait-il bien rimer? Ce n’était assurément pas le trophée de Morthond qui était traditionnellement un objet bien plus prestigieux.
Elsner, prenant son courage à deux mains et chassant sa peur des ténèbres et du surnaturel, s’approcha du blessé et s’agenouilla devant lui. “Son abdomen a été transpercé par une lame. Un geste expert et net. Une bête n’aurait pas pu faire cela…”
Tentant d’apaiser l’homme pris dans sa folie, le rohirrim leva les mains devant son visage pour montrer qu’il ne lui ferait aucun mal. “Ne vous inquiétez pas; nous sommes ici pour vous aider. Qui êtes-vous ? Qui vous a fait cela? Et de quelle statuette parlez vous donc? ”
The Young Cop
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Nombre de messages : 77 Localisation : Ringlo Vale - Baronnie de Roncefort
Mar 2 Fév 2021 - 20:14
Je regardais cette humaine masquée a qui j'avais laissé la trace de mon sang sur son gant. Et elle semblait flattée dans son regard. Une sacrée garce, dangereuse. Elle m'amusait. J'aimais les deviants, et les deviantes.
Je lui retournais un sourire qui ressemblait plus à une grimace qu'a un sourire.
Et soudain nous avions droit au melodrame.
Ce pauvre hère, au ventre dechiqueté qui gemissait en voyant la fin venir.
C'etait assez lamentable.
Je regardais Kaldor, j'esperais voir dans son regard de la compassion, de la douleur pour cet inconnu en guenilles, qui resemblait a un vagabond, ou a un bandit sans fortune.
Son coeur sensible commencait a m'attendrir, allait il verser une petite larme? Il etait si charmant ce Kaldor, presque un mignon. Ludgar savait s'entourer de sa bande de mignons.
Je guettais la larme au creux de ses yeux, mais je n'y voyais guère dans cette pénombre.
Toujours est il que les choses s'emballaient avec cet homme qui parlait de statuette, pointait du doigt les ombres, poignardé.
Je m'approchais de cette créature pitoyable et lui assenait l'épée sortie, pret a frapper ce qui sortirait des ombres, ou lui même pour mettre fin a ses tourments, avec un souffle rauque.
"Allez, dis nous qui t'a fait ca? Et elle vient d'ou ta satanée statuette?"
Je ne quittais pas l'homme du regard pret à le decapiter, il etait peut etre lui meme un piege en soi, et une creature du mal venue pour nous tourmenter et nous abreuver de mensonges.
J'etais habitué aux faux semblants.
Une part de moi egalement scrutait l'obscurité, pret à frapper, à tuer, ou à mourir.
Toutes ces options m'excitaient.
En fait, cette epreuve était parfaite pour ma personne.
Je voulais tuer ou etre tué, et à chaque epreuve je me rapprochais du but, et jouissais de ces moments qui m'embraisaient.
Kaldor ingurgita la potion. Dans les minutes qui suivirent, son épaule fut en proie à une sensation de léger engourdissement. Mais surtout, elle ne le faisait plus souffrir, une simple gêne tout du moins. Kaldor lâcha un soupir de soulagement : « Je suis votre obligé. » Dit-il à Elsner. Un bon gaillard, cet Elsner, se dit Kaldor. S’il se couvre de gloire dans cette épreuve, il se devra de mentionner de quelle ce concurrent a rétabli l’équité des chances entre eux. Après avoir côtoyé Roncefort sur autant de pas et de dédales, il était apaisant de retrouver pour un temps, des yeux rivaux, certes, mais dans lesquels ne luisait aucune folie meurtrière...
Bon sang, il continuait à penser comme un jouteur dans cette épreuve de Purification, dans un moment pareil...
La douleur atténuée, pouvait-il joindre pleinement son énergie à tenter de comprendre le principal et absurde problème du moment : la montagne qui palpitait tel un cœur animal, et dont la roche s’abreuvait de sang. Que se passait-il ? Quelles étaient ces "vieilles choses" évoquées par la femme ? "La montagne les marquera" ? "Méfiez-vous de vous-mêmes" ? Depuis la mort de l’ours et cet évènement surréaliste avec le sang, Kaldor avait de moins en moins l’impression de disputer une compétition, mais plutôt à présent d’avoir mis les pieds dans un pétrin qui les dépassait totalement. Quant à cette diablesse encapuchonnée, elle en savait manifestement bien plus qu’eux ! Elle se jouait de leur ignorance pour entretenir le mystère, leur distribuant les informations et les mises en garde au compte goutte !
Alors que l’environnement de la grotte semblait devenir plus oppressant, plus sombre, de son ton agacé qui transpirait une arrogance supérieure qui devait être naturelle chez lui, il lui demanda : « Vous avez l’air de savoir exactement à quelle force maléfique nous sommes confrontés, et d’être là précisément pour elle. Si vous nous expliquiez exactement à quoi nous avons à faire, femme ? »
Ils entendirent et trouvèrent alors ce qui avait été à vue d’œil un brigand et qui agonisait maintenant d’une blessure mortelle. “Son abdomen a été transpercé par une lame. Un geste expert et net. Une bête n’aurait pas pu faire cela… Ne vous inquiétez pas; nous sommes ici pour vous aider. Qui êtes-vous ? Qui vous a fait cela? Et de quelle statuette parlez vous donc? ”
— Les hommes tels que lui sont pratiquement des bêtes, maugréa Kaldor sans aucune once de compassion. Une babiole ayant la moindre valeur dans leurs larcins, et tous ils s’entretuent pour la posséder. »
Se tenant impérieusement droit juste derrière Elsner, au-dessus de l’homme à l’agonie, avec l’expression d’un roi qui aurait découvert avec dégout en posant le pied hors de son palais qu’il venait de marcher en plein dans des déjections canines, Kaldor était néanmoins plus intéressé qu’il n’y paraissait d’entendre ce que la misérable crapule à l’agonie pouvait avoir à leur dire…