Il était exactement là où il devait être. La silhouette de l’homme s’agitait dans l’alignement de sa flèche. D’un léger mouvement de l’épaule et du coude, il changea l’orientation de son arc. La tête ou le coeur ? Ou bien la cuisse ? Il serait suffisamment gêné pour ne plus représenter une grande menace pour eux. Il hésitait.
— Arrête de jouer. Tue-le, qu’on en finisse.
Jorund et son impatience toute rohirrime. Même dans le noir, il devinait l’agacement du mercenaire. Attendre n’était pas son fort. Avant qu’ils n’entendissent les pas de leurs victimes, il n’arrêtait pas de questionner les choix de la Dame. Il se demandait si elle savait réellement ce qu’elle faisait ou si elle n’était que le jouet d’autres volontés. Parfois, elle semblait se reposer entièrement sur eux sans jamais donner le sentiment de savoir où elle allait. Norring, lui aimait bien ça. L’inconnu, l’inattendu le changeait de son quotidien morose de cavalier de la vallée sombre de Harrowdale. Parcourir le chemin des morts avait quelques chose de beaucoup plus excitant que de se casser le cul sur un cheval toute la journée. Tout ça pour une poignée de pièces rouillées et la reconnaissance éternelle d’un roi qu’ils n’avaient jamais vu. La Dame leur avait servi un autre discours et montrer de l’or, du vrai.
— Tire, répéta Jorund.
Norring hésitait à lâcher la corde. Juste pour voir jusqu’où tiendraient les nerfs de son acolyte. Il prit une longue inspiration et s’immobilisa. Il s’était décidé. La cuisse. Et il relâcha la tension entre ses doigts.
***
Elsner sentit quelque chose sous ses doigts quand il toucha l’homme blessé au sol. Mais quoi exactement ? Un frisson désagréable ou une mauvaise impression, comme si quelque chose lui était remonté dans le bras ? Sous la peau, une main invisible le tenait fermement. Le blessé croisa son regard, comme s’ils partageaient le même sort et qu’ils étaient capables de ressentir le même phénomène. Derrière eux, Lome dégaina un de ses poignards.
— Les malédictions sont de plusieurs sortes, expliqua-t-elle.
Elle lut dans les yeux d’Elsner qu’il comprenait un peu mieux que les autres ce dont elle parlait. Il le ressentait.
— Il n’est pas besoin d’être roi pour maudire tout un peuple. Il faut connaître les bons mots, les bons serments et savoir invoquer les bons Valari.
A vrai dire elle n’en savait fichtre rien. Elle ne faisait que répéter ce que lui avait dit son ami et Eliabel Chaborgne.
— Quelqu’un a maudit l’un de nous, ou peut être bien tous ceux qui se trouvent ici. Pour quelle raison je n’en sais rien. Mais tous les signes sont présents. La montagne se réveille et prendra son dû. Elle est seule juge ici. Il est perdu, dit-elle en regardant le bandit blessé. Il a déjà perdu trop de sang.
Pour le reste, elle savait déjà tout ce qu’elle avait besoin de savoir. Ils étaient là, au bon endroit, au bon moment. Les rares torches dont ils disposaient se mirent à crépiter presque en même temps. Il ne leur restait que quelques minutes avant de sombrer dans le noir. Dans sa main, les flammes faiblirent. A l’adresse de Kaldor, elle reprit :
— Je doute qu’un geste aussi précis soit le fait d’un amateur. Vous ne trouvez rien d’étrange ? Le Chemin est réputé abriter des maraudeurs, des bandits, des renégats. Et nous n’avons rencontré jusque là qu’un ours et un gueux au ventre ouvert.
Tandis qu’elle disait cela, ils perçurent le même sifflement, une vibration dans l’air qu’ils reconnurent tous. Mais trop tard. La flèche fendit l’obscurité, s’alluma d’un reflet avant de s’enfoncer profondément dans la cuisse de Tryon. Lome recula brusquement pour se soustraire à l’angle de tir. Quelques secondes passèrent, puis une seconde flèche surgit et les frôla avant de rebondir contre la roche.
***
Il avait raté son second tir. Pas de bol ! Il n’avait pourtant rien à reprocher aux arcs de Morthond. Les archers qu’ils avaient occis quelques heures plus tôt avaient été surpris de les trouver là, au milieu de nulle part. Leur sang lui poissait encore les bottes et collaient sous ses semelles quand il se déplaçait. Ils avaient cherché un peu de leur côté l’objet des désirs de la Dame. Mais ils n’avaient rien trouvé. Elle seule semblait savoir où se trouvait le fameux objet qu’ils étaient venus récupérer. Il aurait préféré venir seul, à une autre période de l’année, quand personne ne risquait de leur transpercer la peau de la pointe d’une épée. Mais la Dame leur avait parlé d’il ne savait quel rituel à respecter pour pouvoir se saisir de leur trésor. Une histoire avec du sang, beaucoup de sang.
Il encocha sa troisième flèche. Il ne raterait pas sa prochaine cible. La Dame voulait le moins d’opposition possible. On risquait moins de mourir si tous les opposants agonisaient au sol. Mais il aurait aimé un peu plus de muscles et de nerfs. Il était Rohirrim aussi après tout, chassez le naturel…
Et sur cette pensée, il lâcha la corde.
***
Le sifflement fut suivi d’un bourdonnement sourd pour Kaldor. Les sons ne lui parvenaient plus tout à fait de la même façon. Comme s’il lui manquait quelque chose. Son oreille, par exemple. La flèche lui avait arraché l’oreille droite et avait raclé les premières millimètres du crâne, laissant une plaie profonde et sanglante ouverte sur l’os. Tryon s’était jeté quelque part devant eux dans le noir. Les autres champions avaient tous dégainé leurs armes, mais personne ne s’était vraiment décidé. Lome prit les devants et s’enfonça dans l’obscurité sur les pas de Tryon. Il ne devait pas rester seul. Il ne devait pas mourir ici. Pas tout de suite. Pas encore.
Tandis qu’ils s’avançaient aux dernières lueurs projetées par les flammes, l’espace autour d’eux se fit plus grand et plus large. Ils étaient arrivés dans une salle large et haute de plafond, qui, plusieurs centaines d’années auparavant, avait accueilli des morts, beaucoup de morts, et un roi.
***
Jorund poussa un grand cri et s’élança comme un boeuf à la rencontre de Tryon. Le choc fut terrible et les ébranla tous deux, sans qu’il fut possible pour Jorund de savoir lequel des deux étaient toujours debout. L’archer abandonna son arc et se saisit de son épée. Il se jeta dans la mêlée qui se préparait et bondit sur Elsner. Si la Dame voulait du sang, il lui en fournirait. Autant qu’elle en voudrait.
***
An 251 du Quatrième Âge
Buri tremblait encore de colère, au milieu des corps étendus autour de lui. Beaucoup de corps. Les hommes s’étaient allongés à ses pieds, le regard vide. Le poison instillé dans leurs veines paralysait brutalement la respiration. Il ne fallait ensuite que quelques secondes pour que la mort survint. La statuette l’avait aidée, évidemment. Elle les avait toujours aidé lui et les siens, le peuple des Hommes Sauvages des Bois. Il sentait en lui les coups qu’elle avait pris et il lui faudrait plusieurs jours pour guérir des entailles qu’elle avait reçu. C’était le prix à payer pour ceux qui créaient les pierres de garde. Le créateur était indissociable de sa créature. Une grande fatigue le saisit. Ici c’était très bien. Personne ne la trouverait si personne ne la cherchait. Et qui viendrait à savoir que le trésor de son peuple se trouvait dissimulé au coeur des montagnes ?
Il allait partir quand le Frère le héla.
— Aidez-moi, dit-il. — Buri a aidé vous, répondit le Drûg. — Cachez-le. S’il vous plaît. Cachez-le.
De son regard acéré, Buri devina ce que le vieil homme tenait entre ses mains. Cela sentait la magie, d’une manière très différente de la statuette. Cette magie là venait d’au-delà des mers et était venue avec les grands hommes sur leurs navires maudits.
Il demeura figé sur place plusieurs secondes qui lui parurent s’étaler dans le temps, comme ci celui s’était suspendu en cet instant précis. Pourtant, devant lui, ses compagnons s’agitaient, criaient, passaient à l’attaque. Kaldor lui, demeura immobile, en proie à la stupéfaction. Machinalement, il porte la main dans la zone humide et chaude de sa tempe, qu’il tâta avant d’en contempler le sang sur sa main gantée, fasciné par celui-ci, et par l’absence sur le côté de son crâne là où aurait dû se trouver son outil auditif. Tiens ? Je n’ai plus d’oreille à cet endroit…
Ensuite la douleur monta telle un bélier, l’extirpant de sa bulle temporelle dans une grimace de douleur à pleines dents, les yeux plissés, tandis qu’il tomba à genoux en hurlant. Il lui fallut de longues secondes pour surmonter sa douleur. De longues secondes durant lesquelles il n’avait que peu de notion précise de ce qu’il se passait autour de lui, hormis la fureur du combat qui s’était déclenché plus loin. Quelqu’un avait tenté de le tirer à l’abri, mais il était trop en bloc prostré sur place pour se détendre et se laisser porter. Devant son refus de bouger et le danger auquel s’exposait son sauveur en restant ainsi à découvert, ce dernier renonça et le laissa souffrir à découvert.
Au bout d’un moment, le visage toujours crispé dans un rictus de douleur, les yeux en larmes, Kaldor parvint à puiser dans sa rage pour empoigner son épée. Il se força à se remettre sur ses pieds, et encore sonné, à moitié étourdis, il s’efforça de se ressaisir, d’avancer. De foncer dans la direction où s’était élancé Tryon et où l’affrontement faisait fureur. Il allait y aller, mettre la griffe sur la crapule qui lui avait pris son oreille en le prenant pour une cible d’entraînement à l’archerie, et il allait l’embrocher à travers le ventre jusqu’à faire jaillir sa lame dans son dos, il le jurait sur l’honneur de Ludgar !
Kaldor arriva à distinguer Tryon, qui bataillait furieusement contre leurs agresseurs. La douleur qui pulsait dans sa tempe meurtrie était atroce, mais elle devint comme un coup de fouet qui le fit plonger dans le combat en s’époumonant, l’épée brandie à deux mains au-dessus de sa tête.
Tryon de Roncefort Baron des Montagnes Blanches
Nombre de messages : 77 Localisation : Ringlo Vale - Baronnie de Roncefort
Sam 6 Fév 2021 - 22:07
La flèche s'etait plantée profondément dans ma cuisse.
La douleur m'avait galvanisé, lorsque je souffrais, je faisais toujours souffrir.
Jamais je ne retirerai la flèche car je pourrais generer une hemorragie dont je ne me remettrai pas. Après la bataille peut etre. Il fallait tuer a présent.
Ainsi il y avait un archer.
L'archer toujours a mon esprit avait été un lache.
Il avait toujours empeché le corps a corps. Mais ce soir, il ne pourra pas l'empeccher.
Car j'allais venir a lui, boitant avec ma fleche enfoncée.
Trois flècches furent tirées et je n'en connassais absolument pas le resultat.
Ce que je savais c'est que cet archer allait perdre la tete.
Je me jetais en avant tel un buffle dément, et je savais que ceux que j'allais trouver, ils allaient mourir.
Soudain un colosse blond vint me percuter l'épéer a la main. J'etais ebranlé et reprenais avec difficulté mon equilibre.
Je riais, j'allais lui arracher le visage avec mes dents.
Je frappais avec rage de mon épée d'acier de Numenor, il parait et les etincelles venaient illuminer son visage.
"Tu vas mourir bientot mon ami et je vais te devorer." pensais je en un instant.
J'etais devenu fou, il fallait qu'il meure, et vite.
Toute mon energie etait sur lui, il allait rendre tripes, et j'irai les brandir a ses amis s'il en avait !
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
Nombre de messages : 1079 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
Le brigand blessé semblait être atteint d’une folie profonde et toute personne un tant soit peu sensée n’aurait prêté que bien peu d’attention aux élucubrations du pauvre hère. Pourtant, les dires de l’homme avaient eu un grand effet sur Elsner qui resta accroupi devant lui, cherchant des explications dans le regard fuyant de son interlocuteur. Parfois la plus terrible des vérités prenait des atours de farce. Et si les révélations de cet homme n’étaient pas le simple fruit de son imagination. Quand le champion posa ses mains claires sur le bras poisseux du mercenaire, une connexion particulière se créa entre les deux hommes. Comme s’ils partageaient le même funeste destin.
Ce fut pourtant la Dame qui reprit la parole, offrant des informations énigmatiques à ses pairs. Elle évoquait d’anciennes malédictions qui menaçaient dans les profondeurs de la montagne et qui risquaient de s’abattre sur eux. La guerrière estima aussi qu’il n’y avait plus rien à faire pour l’homme qui gisait devant eux. Sa blessure était profonde et des litres de sang s'étaient déjà répandus sur le sol sombre qui, inétanchable, continuait à absorber le liquide vermeil. La Montagne se nourrissait du sang de ceux qui troublaient sa quiétude.
Tout bascula alors en un instant.
Le sifflement strident d’une flèche passa près de leurs oreilles alors que le trait tiré avec précision, fendait l’air sombre des souterrains pour finir sa course avec un bruit lugubre dans la jambe du Baron de Roncefort. Craignant pour sa vie et impuissant face à ce tireur invisible, Elsner se mit à couvert près de la paroi en jetant un œil à Tryon. Ce dernier, véritable force de la nature, se tenait toujours debout malgré la douleur et cherchait du regard son agresseur, une lueur meurtrière dans les yeux. Cet homme était-il particulièrement brave ou alors juste fou à lier? La frontière entre les deux était parfois ténue et bien souvent seule la Mort, froide et cynique, se faisait seule juge entre les deux notions. Elsner détourna le regard du visage du Baron pour observer sa blessure et la flèche fichée dans sa cuisse. Cette arme, il l’aurait reconnu entre milles. Faite d’un bois sombre et surmontée d’une pointe en obsidienne; il ne pouvait s’agir que d’une flèche appartenant aux archers de Morthond. Les Gardes de Ludgar avait-il pris pour cible les Champions ? Cela semblait impossible.
Un deuxième trait fut tiré, et Kaldor, décidément bien malchanceux depuis le début de la nuit, fut touché au visage. Heureusement pour lui l’archer avait raté son crâne mais son oreille arrachée finit sa course avec la flèche qui échoua plusieurs mètres plus loin. “Par les Méaras!” pesta Elsner en dégainant sa lame à l’instar des autres champions qui se jetaient dans la mêlée.
Prudent de nature et pas franchement désireux de foncer ainsi à l’aveugle, le rohirrim s’approcha lentement cherchant à distinguer la provenance exacte des tirs. Il n’eut cependant pas le luxe d’évaluer la situation en détail. Un homme robuste et agile lui bondit alors littéralement dessus, arme au clair. Pris au dépourvu, Elsner préféra se jeter au sol pour éviter la lame qui passa à quelques centimètres de sa gorge. Les deux hommes roulèrent sur quelques mètres et le mercenaire parvint à repousser son adversaire d’un coup de pied. Il s’offrit ainsi quelques secondes de répit pour reprendre son souffle et se mettre en garde. Plissant les yeux, il essayait d’étudier son adversaire dans la pénombre. Un exercice compliqué pour l’ancien Garde Royal qui n’était pas là dans son élément. Elsner était un guerrier d’élite mais il avait fait ses preuves au milieu de grandes plaines ensoleillées lors de grandes charges menées au son du cor d’Eorl. Son adversaire, au contraire, paraissait parfaitement à l’aise dans la pénombre. Il ne devait pas lui laisser du terrain. Dans ses couloirs étroits et obscurs, reculer pour esquiver ou se baser sur des parades en attendant la faille de son adversaire relever du suicide. Stopper les coups de l’adversaire avec une visibilité réduite et une mobilité moindre relevait du suicide. La moindre erreur d’appréciation pouvait se révéler fatale. Et le rohirrim n’avait aucune envie de mourir dans ces galeries si froides. Son parcours n’avait pas été parfait et ses erreurs avaient été nombreuses; mais il ne méritait pas cela.
Avec un rugissement il chargea l’inconnu et se mit à porter plusieurs coups de tailles au-dessus de la tête de son adversaire. Des attaques puissantes et peu précises qui visaient avant tout à briser la garde de son adversaire et le déstabiliser assez pour prévenir toute riposte. La subtilité rohirrim dans toute sa splendeur.
Elsner y était d’ailleurs allé un peu trop fort pour sa pauvre lame rouillée qu’il traînait depuis bien trop longtemps. Sa lame glissa sur la garde de son adversaire et vint heurter les parois sombres du Chemin des Morts. Sous la violence du choc, la lame se brisa en mille morceaux alors que l’onde de choc remontait jusque dans le bras du rohirrim. Décidément les entrailles de la montagne lui jouaient bien des tours. Désormais sans arme, Elsner n’avait plus le choix. Comme la fuite dans ces tunnels n’était pas vraiment une option viable, il lui fallait à tout prix garder le moins de distance possible entre lui et son adversaire pour ne pas lui laisser le temps ou l’espace d’armer un coup mortel avec son épée. Fonçant tête baissée, le mercenaire empoigna le brigand par la taille et tâcha de l’amener une nouvelle fois au sol, veillant au passage à lui asséner un prodigieux coup de genoux dans l’entrejambe. Il entendit son opposant étouffer un juron alors qu’il l’accompagnait dans la chute. De sa main droite il tenait fermement le poignet armé de l’inconnu pour l’empêcher d’utiliser son arme.; du haut de son crâne il frappait son brigand au visage. Il crut même entendre deux ou trois dents être arrachées mais n’y prêta guère attention. “Que diable faîtes-vous ici? Qui êtes-vous?” hurla Elsner
Ce dernier jeta rapidement un œil aux alentours, cherchant la Dame du regard. Mais il ne put la trouver. Ne pouvait-il compter que sur lui-même ?
Il se répéta la promesse qu’il avait faite.
Il ne pouvait mourir dans ces souterrains.
Il se l’était promis. Il l’avait promis à son peuple.
Le blizzard soufflait fort et n’importe quel homme normalement constitué aurait eu du mal à avancer ainsi par ce temps de tempête glacial. Mais Kanin-Dâr n’était pas de ceux-là. Non… Il faisait partie de ces gens qui vivaient avec la montagne, en harmonie avec ses caprices. Un peuple méprisé par les gens de la Vallée, on les appelait “sauvageons” ou “barbares des Montagnes”, on les accusait de réveiller les esprits millénaires qui reposaient au sommet des Montagnes Blanches.
Des pleutres! Seuls des lâches de leur sorte pouvait se montrer craintifs face aux merveilles qui régnaient sur les sommets. Un grand pouvoir veillait sur les sommets blancs et les efforts des gens de Morthond pour le contenir étaient bien ridicule. Non, là n’était pas la solution. Ce pouvoir mystique, il fallait l’épouser, le vénérer. Au lieu de cela, ces brutes de la Racine Noire pensait pouvoir “purger” les vieilles prophéties en organisant de petites expéditions annuelles au sein du Chemin des Morts, lieu qu’ils croyaient être la source de tous leurs maux. Pire encore, Ludgar avait transformé cet événement en foire où tous les seigneurs du royaume se croyait permis de venir ici pour faire des Montagnes Blanches leur terrain de jeu. Des gens d’Eorl, venant de l’autre côté des cols, avaient même rejoint la vallée; occupant leurs terres, utilisant leurs maigres ressources et se préparant même à blasphémer leurs monuments.
Ignares en plus d’être des trouillards.
Les Montagnards avaient longtemps observé avec agacement les Purifications successives. De nombreuses fois, ils avaient hésité à agir mais les sbires de Ludgar étaient bien mieux armés et plus nombreux.
Cependant ce matin-là Kanin-Dâr avait décidé de mettre fin aux profanations des gens d’en bas. Il avait passé de longs mois auprès des Anciens, parmi les plus sages, à recueillir des informations sur la Montagne et ceux qui l’avaient habité, à écouter les histoires du Roi de la Montagne qui s’était dressé face à la tyrannie d’Isildur.
Il arriva enfin à destination.
Le sommet sur lequel il se trouvait était curieusement creux, se finissant par un renfoncement rocheux là où aurait dû se trouver le pic. Etrangement, nulle neige ne semblait pouvoir se déposer sur la poussière noire qui tapissait cet endroit surnaturel.
Au centre, majestueuse, comme venue d’un autre monde, se tenait la Pierre d’Erech.
Kanin-Dâr s’approcha de quelques mètres et tomba à genoux, admirant la beauté de l’édifice naturel qu’il avait face à lui. Sur la surface parfaitement lisse et d’un noir profond, il pouvait voir son reflet. Sa peau marquée par les intempéries et les épreuves ainsi que ses longs cheveux broussailleux qui se mêlait à la fourrure qu’il portait au-dessus de sa tête.
D’une main tremblante il effleura la roche sacrée et murmure dans le dialecte qui était le sien: “Ô Mandos, Maître des Morts et Juge Eternel...Prophète des Temps Sombres et de la Dernière Bataille. Que ton verdict implacable accable les âmes égarées et étrangères à la Montagne! Que celui qui profite de ses richesses et fournit comme seul paiement le blasphème, soit damné comme d’autres avant lui! Que son âme ne connaisse ni repos ni clémence, car de tels hommes ne méritent point d’atteindre tes cavernes.”
Déchirant le ciel, un formidable éclair vint frapper le sommet de la Pierre d’Erech.
Dans un grand fracas de métal et de mailles, Tryon et son adversaire roulèrent au milieu des gravats de la vaste salle souterraine. L’acharnement fou du seigneur de Roncefort avait repoussé Jorund contre une haute paroi et sa seule chance de survie avait été de lui sauter dessus, une seconde fois, comme un cerf acculé charge ses chasseurs. Le goût ferreux du sang lui coula dans la gorge et le géant Rohirrim sut, d’un tâtonnement de langue, qu’il avait perdu une dent en percutant Tryon. Il usa de tout son poids et de toute sa masse gigantesque pour écraser son opposant sur le sol et d’un formidable coup de poing, il lui écrasa le nez au milieu du visage. Les cartilages crissèrent en se brisant et Jorund sentit sous des doigts quelque chose s’enfoncer.
— Charognard ! hurla le Rohirrim en ôtant aussi vite qu’il le put sa main de la face de Roncefort.
Il avait senti cette fois quelque chose agripper ses doigts. L’enfoiré l’avait mordu, si fort, si soudainement, qu’il lui avait tranché un morceau de chair. Jorund regarda dans la faible lumière le morceau de paume qu’on lui avait ôté. C’était sa main d’épée. La douleur lui remonta jusqu’au coude et le paralysa un bref instant. Tryon en profita pour se jeter sur lui.
À quelques pas à peine, Norring luttait pour ne pas perdre ses dents et sa virilité. Des larmes lui étaient remontées jusqu’aux coins des yeux quand le genou d’Elsner s’était enfoncé dans son entrejambe. Et la douleur, tout à la fois sourde et lancinante, lui labourait le bas ventre. Il regrettait d’avoir lâché son arc, ce n’était pas les flèches qui manquaient dans les carquois des gens de Morthond. Il aurait pu abattre quelques secondes plus tôt le combattant qui lui frappait maintenant la tête. La peur lui fouailla les entrailles. Non pas celle de mourir, mais d’avoir fait tout ce chemin pour rien. Il voulait savoir à quoi menaient tous les sacrifices qu’il avait faits. Il voulait voir l’objet des désirs de la Dame. Et il voulait, surtout, rabattre le caquet du Rohirrim qui le chevauchait comme une carne. Malgré les coups qu’il s’était pris, Norring avait reconnu l’accent de son pays et il comptait bien rappeler à cet exilé qu’une ruade était toujours possible.
Il donna un coup de reins puissant et il parvint à peu près à déséquilibrer Elsner qui était trop occupé à lui marteler le visage. Il le tuerait en son temps, mais pour le moment, il lui fallait mettre plus de distance entre les champions et son joli minois. Il crut perdre la tête de douleur, tant l’aine le faisait souffrir. Il ne chercha même pas à frapper son adversaire, il se contenta de le laisser, surpris et pantois sur le sol avant de s’enfuir au cœur des ténèbres.
Kaldor dans sa course rageuse ne prit pas garde au corps couché sur le sol qui barbotait dans son sang et dans l’obscurité croissante de la haute caverne où ils se trouvaient, il s’étala de tout son long. Il tomba nez à nez avec la poitrine froide d’un archer de Morthond, une flèche de la Vallée Noire fichée dans le cœur. L’œil vitreux du mort le fixait. Tandis qu’il se relevait, il sembla à Kaldor entendre un murmure. Les lèvres de l’archer n’avaient pourtant pas bougé. Les mains poisseuses, il put, lui aussi, sentir la terre pulser entre ses doigts, comme si un cœur de pierre battait sous la croûte terrestre. Les murmures se firent plus distincts et plus nombreux.
La Dame devant lui, l’ayant entendu choir, se retourna et l’aida à se relever. La danse des flammes faisait luire de mille éclats son armure de cobalt. Ses grandes serres brillaient et semblaient saillir de ses poignets. Elle observa l’oreille manquante et le sang qui coulait abondamment dans le creux de la nuque de Kaldor. Quelques centimètres plus à droite, et l’archer lui aurait transpercé l’œil et le crâne.
— Ne touchez pas au sang, souffla-t-elle. Essuyez-vous les mains. Vite !
Ils étaient au bon endroit. Quelque part sous leurs pieds, au milieu des souvenirs poussiéreux des hommes devait se trouver ce qu’elle était venue chercher. Trop occupés à se battre pour leur propre vie, les champions ne s’étaient pas rendu compte qu’ils avaient quitté les sombres tunnels étroits et qu’ils parcouraient maintenant une vaste salle haute de plafond, au sol jonché d’ossements secs et de cadavres encore chauds. Les archers de Morthond étaient percés comme des outres, abattus par Jorund et Norring quelques heures plus tôt.
Aidant Kaldor à se remettre sur pieds, elle délaissa Elsner et Tryon. Qu’ils se battent et s’entretuent donc, elle n’était pas là pour eux. Son but était autrement plus important.
— Le trophée doit être quelque part par là, reprit-elle. Regardez !
Elle tendit sa dague pour désigner une ombre parmi les ombres. De forme oblongue, un objet se devinait, plus sombre que la nuit, posé sur un reste de pilier brisé. Au pied de la courte colonne de pierre gisait un corps mort depuis de longues années. Des os saillaient sous une tunique élimée. Le Drug lui en avait parlé. Lome attira Kaldor derrière elle pour l’obliger à s’éloigner des cadavres chauds et des combats acharnés. Elle lui jeta un coup d’œil, pour s’assurer qu’il allait bien. Le maître seul savait ce qu’il pouvait advenir en ces lieux avec ce qu’ils avaient déclenché. Les montagnards étaient encore puissants. Tout ce que lui avait rapporté Eliabel Chaborgne était vrai et une pointe d’excitation gonfla en elle. Les autres champions ne seraient bientôt plus un obstacle.
— On dirait un arc, souffla Lome.
Mais son regard tâtonnait sur le sol et non vers le trophée de Ludgar.
Il y eut un craquement non loin d’eux, le bruit d’une botte qui éclate une main osseuse et sèche, comme une brindille de bois. L’ombre d’un homme se découpa juste devant eux, et s’il n’avait pas bougé en cet instant, ils ne l’auraient pas vu.
Norring se jeta sur Kaldor en grognant. Lome s’écarta juste à temps pour ne pas être percutée. Ayant perdu son arme, l’archer s’était emparé d’une corde d’un des arcs de la vallée noire et sans chercher à lutter ouvertement contre son ennemi, il lui avait ceint le cou avec la corde de chanvre.
— Dites-leur qu’elles s’arrêtent ! hurla l’archer fou en face d’eux.
Ses yeux ahuris cherchaient la Dame des yeux. Le sang lui dégoulinait sur le visage et lui coulait dans la bouche.
— Vous ne les entendez pas ? hurla de nouveau l’archer qui s’attaquait à Kaldor. Elles sont partout ! Arrêtez-les, je vous en supplie, arrêtez-les !
Les voix gonflaient et refluaient comme des vagues sur la grève. Lome les percevait faiblement, car elle s’était méfiée de toucher le sang de quiconque et avait tout fait pour ne pas être blessée. Mais tous ceux qui souffraient de plaies et dont le sang avait été bu par le Dwimmorberg pouvaient les entendre plus nettement. La démence de Tryon ne pouvait qu’enfler en ses lieux et atteindre un paroxysme que le baron de Roncefort lui-même ignorait. Le doigt qu’il tenait dans sa bouche était-il vraiment celui de son opposant ? Que lui soufflaient les voix qui gonflaient dans sa tête et quelles folies lui imposaient-elles de faire ?
Lome recula et fit face à Norring dont l’étreinte autour du cou de Kaldor se desserra un bref instant. Ses yeux cherchaient partout une aide et un soutien qu’ils ne trouvaient pas. Soudain, à ses pieds, Lome vit l’objet de sa convoitise, l’objet qu’on l’avait envoyé récupérer. « Beaucoup de sang, avait dit le maître, sans quoi il te sera impossible de la transporter. Les pierres de garde des Drugs sont pierres de sacrifice pour l’homme. Nous n’avons aucune magie en nous, plus rien à offrir d’autres qui soient dans nos veines. La pierre doit disposer de sa propre vie, en quelque sorte, pour pouvoir être déplacée. Et à défaut d’en posséder une propre, il faudra lui en donner. »
Elle lut le doute dans le regard de Kaldor, mélange de méfiance et d’incompréhension. Se demandait-il enfin pourquoi la Dame n’avait souffert d’aucune blessure ? Pourquoi leurs opposants ne s’en prenaient-ils pas à elle ? Elle lut la fièvre et la peur dans le regard de Norring et un bref instant, elle se demanda lequel des deux elle allait sacrifier.
***
An 251 du Quatrième Âge
Au-dehors, le souffle froid des montagnes le frappa de plein fouet. La face sombre du Dwimorberg était impassible malgré le défi que lui lançait Buri. Qu’il parle, s’il devait trahir son secret ! Qu’il révèle ce qu’il avait fait aux esprits blafards qui courraient entre les glaciers ! Buri s’en moquait. L’homme Frère gisait parmi les siens dans les entrailles vides des éminences rocheuses. Le temps le digérerait comme tous ceux qu’il avait avalés avant lui. La pierre veillerait sur son cadavre et personne ne viendrait la chercher là. Personne pas même cet homme venu du sud lointain, la bouche aussi sucrée que le miel, mais les yeux plus perçants que l’aigle cruel.
Il serra contre lui le trésor d’outre-mer que l’homme Frère lui avait donné. Il frissonnait d’écumes entre ses mains et laissait dans l’air une odeur piquante d’algue salée. Il était lourd de souvenirs et de prières, d’espoirs et d’attentes. Buri réprima un frisson. Il était trop sensible à cette magie pour la conserver longtemps avec lui. Raghan saurait quoi faire. Et il saurait peut-être lui expliquer qui était la déesse que l’homme avait implorée avant de mourir. Le vent s’était levé brusquement, mais ses bourrasques ne parvenaient pas à emporter le nom de Yavanna dans l’esprit de Buri.
Oreille tranchée oreille tranchée oreille tranchée… Bon sang, impossible pour Kaldor de pouvoir se concentrer, d’être en garde. En vérité ce corps mort sur lequel il venait de chuter devait même constituait une sorte d’intervention de son ange gardien, s’il en avait un. Au mieux, s’il était parvenu au contact, la seule chose à laquelle il aurait été bon, ça aurait été de se jeter sur une épée ennemie pendant qu’il s’efforçait de faire la distinction entre amis et ennemis… Faire la distinction entre amis et ennemis… Alors que la Dame lui portait assistance, tous ses à priori d’origine, d’ethnie, de son temps tout simplement, s’envolaient soudain net. Pour ce qui pouvait bien être la première fois de sa vie, Kaldor se montra humble, acceptant gracieusement l’aide et suivant immédiatement les injonctions de la Dame qui savait bien mieux que lui à quoi ils étaient confrontés. S’essuyer le sang… — Le trophée doit être quelque part par là, reprit-elle. Regardez ! Le trophée… Une crise de rire nerveuse commença à s’emparer de Kaldor : il avait passé ces derniers évènements à se couvrir de honte –et son seigneur avec lui-, contre un ours, puis une fois encore, à la vue du baron fou avec lequel il ne saurait rivaliser, puis à la vue d’un autre rival tout à fait à sa portée. Il était blessé, d’une blessure qui lui laisserait une amputation à vie, bon à rien si ce n’est à se laisser guider, mener à pas titubants par la Dame. Au diable le trophée !
Il comprit qu’il n’était pas au bout de ses peines lorsqu’un nouvel agresseur, ou un qui avait fait le mort, le prit par surprise en strangulation, au moyen d’une corde d’arc. Kaldor grogna, le cou contracté et bavant entre ses dents. Appliquant toutes ses forces à lutter contre l’étranglement et la prise de son adversaire dans son dos. L’homme hurlait comme un dément, tenant des propos inintelligibles d’illuminé. Et le pire, pensa Kaldor, c’est qu’avec ce qu’ils avaient vu, la pierre buvant le sang, ces propos pouvaient s’avérer beaucoup plus lucides qu’il ne voulait le croire. Comme en proie à ses propres démons, au détriment de sa lutte plus terrestre, son adversaire finit toutefois par desserrer de peu la corde. Le temps sembla se figer, se distordre sans fin sur ces infimes secondes. Secondes pendant lesquelles Kaldor s’interrogea sur la Dame, si entreprenante auparavant face à un ours, et qui se montrait soudain si passive, spectatrice. De tous ici, elle était la seule à ne pas défendre avec acharnement sa vie. Il n’aurait pas su lire avec exactitude ses intentions dans son regard, mais c’était comme si elle les évaluait, lui et son adversaire.
Puis Kaldor se ressaisit et pour la première fois, remontée de toute la rage et de toute l’humiliation endurée, de la perte de son oreille, il se fit chuter en entraînant son étrangleur au sol avec lui. Face à face, se roulant l’un sur l’autre, l’un contre l’autre. Bien ! Dans la lutte animale, bestiale qui s’ensuivit, Kaldor n’était pas aussi lourd que le Baron, mais il le fut assez, et assez maître de ses mouvements, pour prendre l’ascendant sur son adversaire et se retrouver au-dessus de lui. A présent, les deux mains jointes, il allait avoir tout le loisir de lui casser toutes les dents, et le reste du visage avec. Quand il en aurait fini avec lui, le visage de l’étrangleur ne serait plus que de la bouillie. Certaines des phalanges du champion de Ludgar allaient peut-être craquer dans les impacts, mais il apprendrait à aimer ça. Quant à la roche de la caverne, si elle avait soif de sang, elle allait être servie !
Tryon de Roncefort Baron des Montagnes Blanches
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Sam 27 Fév 2021 - 20:47
Cet espece de geant m'avait fracassé le nez, mais je lui avais arraché la main, je l'avais mangé, en partie.
C'etait un debut car j'allais le devorer. Je mangerais son coeur bientot.
Il n'avais pas bien compris qui lui faisait face, ce géant mercenaire.
Ils me faisaient toujours sourire, et je souriais avec mon nez ruiné
Tant que la vie sera dans ce corps je serais un tortionnaire, terrible.
Pauvre creature, tue moi et vite car je sais que je vais te faire voir tes entrailles.
Je me relevais tel un fou, le fou peut etre c'etait moi.
Je saisissais sa main et la mangeais encore, lui crachant sa chair au visage, et saisis son visage et frappais mon crane sur le sien, inlassablement, lequel allait craquer le premier.
Malgré ma démence, j'avais ccompris que la donzelle qui semblait prendre la direction de cette expedition n'avait cure de nous.
Nous etions des pantins.
Quand j'aurais detruit ce géant rohirrim, avec ma tete mon épée ou mes bottes, j'irais la voir et la confronter car elle me semblait etre une pute qui servait des interets superieurs, et je n'avais pas peur d'elle.
Qu'elle tue un Roncefort et elle devra rendre gorge devant les Barons.
Nous n'etions pas un systeme seculaire pour rien, rien que le fait qu'elle n'essaie pas de me sauver me prouvait qu'elle n'etait pas celle que je croyais, ou alors elle etait soutenue par un parti plus fort encore que les Barronies.
Et alors je devrais m'occuper d'elle.
Pour l'instant j'enfoncais mes doigts febriles dans la gorge du rohirrim et frappais de ma tete sur son crane de toutes mes forces. J'avais perdu un nez, il perdrait la force et la gorge, je lui mordais le visage de mes dents, je le devorais en fait et ne m'en rendais pas compte.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
Nombre de messages : 1079 Age : 25 Localisation : Temple Sharaman, Albyor Rôle : Esclave au Temple Sharaman, Agent de la Reine Lyra, Ex-Capitaine du Rohan
La grande salle avait été creusée au cœur même de la Montagne, dans la roche et la pénombre. D’immenses piliers, dont il était difficile de dire s’ils étaient d’origine naturelle ou création humaine, soutenait une immense voûte en dôme dénuée de toutes décorations ou autres ornements. Il n’y avait que la pierre sombre de la vallée, brute et pure. A son sommet, tout là-haut, une minuscule lucarne laissait entrevoir le jour. L’ouverture circulaire était petite, quelques centimètres tout au plus. Un unique rayon de lumière pouvait ainsi pénétrer au cœur du Chemin des Morts, dans ce qui avait été jadis la salle du trône du Roi maudit, et descendait en flèche pour illuminer un unique promontoire rocheux d’apparence banale mais dont la forme évoquait étrangement la forme d’un immense siège. Au-dessus, en s’approchant plus près, il était possible de distinguer les contours d’un crâne gravé au sein même de la paroi glaciale. Mais là n’était pas ce qui devait intéresser les Champions de la Purification.
Délicatement déposé sur ce qui semblait être un trône, faiblement illuminé par lueur diurne, se trouvait le trophée tant convoité. L’objet était d’une grande beauté et assurément d’une grande valeur. Le magnifique arc ouvragé portait la marque des Premiers Rescapés, ce groupe au noble ayant régné sur la vallée pendant de longs siècles avant son lent déclin. Il avait été fait d’un bois aussi sombre que le charbon et les extrémités de l’arme avaient été taillés en formes de navires de la flotte de Dol Amroth, symbole du lien qui unissait les deux provinces. Les armes d’une telle facture était rare parmi les Hommes et leur réputation légendaires avait été grandement alimentées par les nombreuses rumeurs qui circulaient à leur sujet. Certains disaient que les arcs sombres de la Racine Noire ne pouvaient jamais se briser, d’autres que seuls ceux des elfes étaient plus efficace, les plus audacieux déclaraient même que le guerrier qui en avait possession ne pouvait jamais rater sa cible. Balivernes ou non, ce qui était certain était l’importance de cet objet. L’arc était entretenu, semblait presque neuf et avait dû être déposé ici récemment sur ordre du Seigneur de Morthond.
Spoiler:
Ils avaient face à eux le trophée de Ludgar. Le champion qui sortirait des souterrains en sa possession serait assurément couvert de gloire. Cela n’avait échappé à Kaldor, champion des Rescapés, qui avait là l’occasion de rendre aux siens la gloire qui était leur. Mais toujours aux prises avec Norring, il lui faudrait tromper la vigilance de son ennemi pour se précipiter vers l’arme si convoitée. Du coin de l'œil, il vit également Tryon débouler comme une furie dans la grande salle. Son visage était couvert de sang, le sien mais aussi celui de ceux qui avaient cherché à porter atteinte à sa vie. Et dans son regard, toujours cette même folie meurtrière. Cependant, même les esprits les plus robustes ne pouvaient rester insensibles à la sorcellerie qui gagnait cet endroit. Les palpitations de la Montagne, le sang qui abreuvait la roche, les voix venus d’un autre temps; lui aussi pouvait désormais les entendre. Rester plus longtemps dans ce lieu maudit était dangereux. S’emparer du trophée et en sortir triomphalement représentait sans aucun doute la seule stratégie viable.
Cela, Kaldor et le Baron de Roncefort en avait tout les deux consciences. Leur regard défiant se croisèrent un court instant. La chasse était lancée.
D’autant plus qu’une intervention presque miraculeuse permit à Kaldor de se libérer de l’étreinte de son adversaire. Norring ne sentit que l’acier déchirer ses chairs et le transpercer de part en part. Il laissa échapper un cri étouffé, avant de s’écrouler mollement au sol; répandant des flots de sang sur le sol toujours aussi assoiffé.
Elsner, en sang, se tenait derrière lui. Le Rohirrim essuya sa lame sur sa tunique en adressant un dernier regard à leur ennemi inattendu qui gisait à ses pieds. Ces yeux clairs, ces cheveux blonds. L’origine de l’homme qu’il venait d’abattre ne faisait que peu de doutes. C’était un homme du Rohan, un autre de ses frères. Lui qui s’était exilé pour ne plus avoir à tuer les siens au lendemain de la Guerre Civile qui avait ravagé sa patrie. Le destin était parfois cruel. Chassant ses sombres pensées, il pointa la lame en direction de la Dame. “Les masques tombent traîtresse!” S’exclama le mercenaire d’un ton menaçant.
Malgré sa détermination, son bras tremblait légèrement. Il avait vu avec quelle aisance cette femme s’était débarrassée de l’Ours un peu plus tôt, mais que valait-elle vraiment en duel? Et puis il y avait cette magie qu’il ne comprenait pas, la pénombre et les malédictions. Autant d’éléments qui ne pouvaient que perturber un Rohirrim comme lui. “Ce n’est pas pour le trophée que vous êtes venu ici… vous ne lui avez pas même accordé un regard…”
Kaldor et Tryon pouvaient tout entendre de la conversation intrigante qui se jouait. Choisirait-il de se ruer sur le trophée et la gloire ou chercherait-il à percer le mystère de la Dame et mettre un coup d’arrêt à ses entreprises. “Ces malfrats… ils travaillaient pour vous n’est-ce pas?” hurla Elsner qui avait de plus en plus de mal à contenir sa rage et son anxiété.
Mais Lome avait toujours le regard fixé au sol, aux pieds du mercenaire. Ce dernier se pencha et observa la petite statuette. L’objet n’était pas bien grand ni franchement esthétique. Une silhouette accroupie, les bras croisés dans une posture figés dans l’éternité. Pourtant, dans les yeux creusés sommairement dans le bois, on croyait bien distinguer de la vie. Une puissante magie était renfermée dans cette relique. “C’est donc cela que vous cherchiez…”
Elsner, fasciné et dont la peur avait disparu du regard, saisit l’artefact de pleine main. Il le fit tourner devant son regard admiratif. “Tant de sang déversé pour une si petite chose…”
Alors qu’il contemplait la sculpture, le monde autour de lui n’avait plus d’importance. Tout était devenu flou, chaotique. Sous ses doigts, les palpitations de la relique se faisaient de plus en plus intenses et bientôt des voix gagnèrent son esprit. “Mandos… Parjure… Buri….”
Il n’y comprenait rien mais comme enivré, il tituba légèrement et lâcha l’objet qui vint rouler jusqu’aux pieds de la Dame. La statuette lui avait littéralement filé entre les doigts sans qu’il ne puisse l’expliquer.
D’ailleurs, au bout de ses doigts, il ne ressentait plus rien.
The Young Cop
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Nombre de messages : 77 Localisation : Ringlo Vale - Baronnie de Roncefort
Dim 7 Mar 2021 - 18:02
Mon visage couvert de sang, j'avais l'air d'une creature de l'au dela qui cherchait la mort.
Je regardais Kaldor et lui souriais.
Je lui faisais meme signe.
"Vas y lui" dis je
"Ramene cet objet somptueux a ton maitre."
Ou alors pensais je il y a une autre solution.
"Ou tu le prends et reviens avec moi. Tu deviens Roncefort."
Le moment etait extremement improbable, mais honnetement, je n'avais pas envie de m'entretuer avec Kaldor que je commencais a considerer comme un compagnon.
"Je vois bien ta loyauté, je vois bien qui tu es, ce n est pas une proposition malhonnete.
Je n'apprecie guere ces jeux de guerre."
Je regardais la donzelle.
"Personne ne sortira d'ici sans un consensus."
Ou ce sera une boucherie pensais je , ma fleche dardant de ma cuisse.
Je regardais les protagnistes s'organiser.
Ce n'etait pas parce que l'objet etait a proximité qu'il sortirait de la salle avec quiconque.
Je regardais les forces en présence s'organiser et cassais le bout de bois qui sortait de ma cuisse pour eviter de m'accrocher de plus.
Quelle aventure surréaliste… Simple épreuve de force et de gloire à la base, les événements, les retournements de situation s’enchaînaient les uns à la suite des autres. Tout semblait aller en s’accélérant, et Kaldor à l’oreille amputée et rescapé d’une strangulation avait du mal à suivre. Le chemin des morts se révélait être… Être quoi au juste ? Hanté ? Ou une véritable entité infernale en lui-même, entrailles rocheuses bien vivantes qui se délectaient du sang de ceux qui tombaient dans ses artères ? La perte de son oreille, terrible séquelle physique, l’avait sonné comme jamais et plongé sa capacité de réflexion dans une confusion extrême. Et la femme, alliée salvatrice dans un premier temps, laissait deviner des intentions hautement malveillantes. Tout allait si vite qu’il n’était toujours pas sûr de comprendre ce qui leur était tombé dessus, et il pouvait encore moins prédire comment les choses allaient se poursuivre… L’arc était là, à quelques enjambées. La fierté et la gloire tant convoitée. Kaldor, homme à l’orgueil immense et assumée, n’aspirait qu’à le brandir à la sortie sous les hourras de son peuple. Pourtant, il fallait bien faire savoir un moment faire la part des choses et avoir des priorités, à un moment. Là maintenant, sur le côté de sa gloire personnel, il se dressait une menace nécromancienne, ou quelque chose de cet acabit, qui pourrait avoir d’authentiques répercussions meurtrières sur tout son peuple, une malédiction aux portes de son foyer. Non sans une certaine résignation, Kaldor rassembla toute la volonté qu’il lui restait :
« Je serai honoré de partager la gloire de la Purification avec vous, Baron. Néanmoins, avant cela, nous devons tirer les choses au clair et protéger notre peuple… »
Sur ce, Kaldor vint se tenir aux côtés d’Elsner, faisant face avec lui à la Dame...
Tryon de Roncefort Baron des Montagnes Blanches
Nombre de messages : 77 Localisation : Ringlo Vale - Baronnie de Roncefort
Mar 23 Mar 2021 - 21:10
Cette creature au visage masqué s'etait bien jouée de nous depuis longtemps.
Et il etait l'heure de payer.
Nous etions des inconscients, des fous d'etre venus ici.
Pourtant nous lui faisions face, celle qui servait des maitres qui devaient lui donner or et merveilles. Ils n'etaient que des chiens assoiffés, qui n'avaient que peu a donner.
Elle allait rendre gorge.
Je la regardais et riais; ma cuisse detruite par cette maudite fleche.
Pourtant je ne sentais plus le douleur j'allais massacrer cette Dame et j'en jouissai a l'avance.
Les hommes alentour joueraient de ma penetration, j'allai la detruire, elle deviendrait une creature de douleur et je serai si heureux de la voir soupirer son dernier souffle.
Elle fut surprise.
Kaldor s'avancancant sur elle, pret a combattre, je soulevai le guerrier de ma lame, lui transpercant son coeur, et je courais sur elle, emportant le quintal de chair morte qui me faisait face, et je jetai au sol la dame aux deux dagues, en la couvrant de son corps mort. Elle n'etait pas hanituéee aux attaques aussi frontales telle la mienne. Je jetai le cadavre du beau guerrier qu'etait Kaldor et enfoncais ma lame dans cette belle poitrine qu'elle m'offrait. Petit Pute, croyais tu que tu serais a l'abri de ma colere? J 'arracherai ton masque quand tu seras morte.
Nathanael Espion de l'Arbre Blanc
Nombre de messages : 1025 Age : 35 Localisation : Pelargir Rôle : Espion
Il ne restait de Jorund qu’un gargouillis fétide sur le sol froid de la grotte. La faible lueur qui perçait la pierre au-dessus d’eux faisait luire aux coins de ses lèvres des bulles de sang encore vibrantes de la fureur de Tryon. De Norring, ne demeurait qu’un cadavre exsangue, les doigts figés autour de la corde de son arc, le ventre ouvert par la lame de Kaldor. Ils étaient morts pour elle, pour quelques pièces d’or et la promesse de jours meilleurs, sous le soleil brûlant du Riddermark. Lome ne leur accorda qu’un bref regard, à peine émue par la déchéance d’un peuple qu’elle avait appris à honnir depuis sa plus tendre enfance. Les Rohirrims étaient mus par un honneur et un orgueil démesurés que le temps avait piétinés plus d’une fois, ensevelis sous la poussière des souvenirs. Personne ne se souvenait de leur lignage et de leurs origines, personne ne se souvenait de leurs grandes guerres et de leurs victoires à part eux-mêmes. Et malgré tout, ils s’obstinaient à porter leurs lourdes mailles faites de mensonges et de contes à propos de la splendeur de leur race. Qu’y avait-il de splendide à crever dans la merde, à des dizaines de lieux de ceux qu’on aimait, percé par le bras rageur d’un dément ?
Elle ne bougea pas lorsqu’Elsner se jeta sur la pierre drug à mains nues. Il était couvert de sang de la tête aux pieds et c’était folie que de poser les doigts sur une magie si pure et si primitive. Mais ils n’avaient rien écouté. Aucun d’entre eux et ils en paieraient le prix. Elle avait pourtant tenté de les mettre en garde, mais même Kaldor, au service de Ludgar, n’en avait eu cure. Tryon de Roncefort lui-même, tout noble qu’il était, avait oublié la voix de la montagne et les histoires qu’on ne qualifiait plus que de sornettes. Les vieilles édentées qui mouillaient leurs robes toutes incontinentes qu’elles étaient n’omettaient jamais la part de vérité que contenait chaque légende.
— C’est un autre genre de trophée que je cherche, dit-elle alors qu’Elsner commençait à perdre l’esprit. Les voix vous égareront, homme des plaines.
Elle eut à peine le temps de finir sa phrase que déjà Tryon de Roncefort perçait Kaldor de sa lame et se jetait sur elle comme une bête furieuse. Elle ne put pas parer l’attaque du baron et elle s’effondra sur le sol sous le poids des deux corps. La surprise figée sur les traits morts du guerrier l’accompagna jusqu’à ce qu’elle sente violemment la pierre lui cogner les reins et le dos. Son armure, fort heureusement, avait fait glisser la pointe de la lame de Tryon sans toucher les chairs. Qu’ils étaient sots, ces hobereaux montagnards, incapables de reconnaître la lueur du mithril quand bien même il brillait sous leur nez ! Elle libéra un de ses poignets et enfonça sa courte dague dans l’œil de Tryon, ne cherchant qu’un peu de temps supplémentaire pour se dégager du poids qui lui comprimait la poitrine.
Peu lui importait de savoir qui de la douleur ou de la surprise avait fait reculer le baron. Il portait les mains à son visage pour en retirer la serre d’acier fichée dans son orbite. Du sang avait giclé sur la peau de Lome et, malgré elle, malgré toutes ses précautions, elle sentit enfler en elle les voix lancinantes qui tourmentaient déjà Elsner. Elle se remit sur pieds et bouta la figure de Roncefort d’un grand coup de botte bien ajustée. Il était inconcevable que quelqu’un fût encore conscient après pareilles blessures, à moins d’avoir le crâne vide.
Elsner errait entre deux mondes, quelque part entre les morts et les vivants, entre les souvenirs et le présent. Elle le gifla pour le ramener à lui et l’obliger à reprendre un peu ses esprits.
— Nous crèverons tous ici, avec ou sans l’aide du baron. Les voix nous rendront fous si nous restons.
Elle jeta sur la statuette la cape d’un mort et l’enveloppa dans l’étoffe pour ne pas la toucher. D’un geste vif, dans la pénombre, elle attrapa l’arc de Morthond et le fourra dans les mains d’Elsner.
— Le trophée vous revient, mais il vous faudra d’abord quitter les grottes et nous rendre à la pierre noire. Il n’y a que là-bas que les malédictions peuvent être brisées. Si vous souhaitez sauver les vôtres, de ce côté-là des montagnes, vous devrez m’aider. Et si vous m’aidez…
Lome secoua encore Elsner pour qu’il reste conscient et alerte, pour lui éviter de sombrer dans les limbes tortueux qui déchiraient son âme. Elle laissa sa phrase en suspens quelques secondes, afin de s’assurer que Tryon ne se ruait pas encore une fois sur eux, confondu par la douleur et la rage qui lui battaient les tempes.
— Si vous m’aidez, il est fort probable que vous connaissiez un succès plus important que celui d’un tournoi dans de vieux chemins sous la montagne. Ceci n’est qu’une prémisse. Un balbutiement. Elle serra davantage sa prise sur la statuette drug. Mais il existe des sources de pouvoir, en ce monde, qui dépassent votre entendement. Des objets tels, Tryon de Roncefort, que vous n’auriez plus besoin de l’aide de quiconque, pour dominer les autres seigneurs qui jouxtent vos terres. Tels que vous auriez la possibilité de faire passer Eon Ludgar pour le dernier des nobliaux de basse fosse. Et quant à vous Elsner. Elle le remua encore une fois pour s’assurer qu’il l’entende bien. Vous seriez à même de sauver ceux que vous êtes venus représenter ici. Vous seriez capables de les protéger et de les garantir de tout mal.
Elle darda son regard sur la lumière qui déclinait par l’étroite ouverture dans le plafond caverneux.
— Les voix iront en s’amplifiant quand le soleil se couchera et il sera trop tard pour espérer sortir. Elles nous dévoreront. Quoi qu’il vous en coûte, baron de Roncefort. Prenez cette blessure en offrande, et considérez là comme la première qui vous a ouvert les yeux. Je vous offre une seconde chance. Vous n’en aurez pas d’autres. La prochaine fois que vous vous en prendrez à moi, il n’y aura aucun salut.
Et sur ces mots, elle poussa Elsner, titubant, pour qu’il se mette en marche devant elle.
Nombre de messages : 77 Localisation : Ringlo Vale - Baronnie de Roncefort
Mar 18 Mai 2021 - 22:07
Quelle douleur, elle me ramenait a la vie. J etais remppli par la douleur j avais perdu un oeil à cause de cette pute.
De mon dernier oeil je la regardais.
Je n'avais cure de ses commentaires.
Tu mourreras sous ma lame bientot.
Visiblement c'etait une guerriere emerite que je ne pourrai maitriser aisément.
Pourtant je te hais, sale pute, et je me souviendrai de toi si je ne meure pas.
Promets moi des palais de puissance, des présents, je te retrouverai et je t'arracherai l'oeil ou d'autres choses.
J'essuiyais le sang qui coulait de mon oeil d'un mouchoir improbable.Je n'avais pas de ficelle pour me créer un bandeau autour de l'oeil. J'avais donc a présent un oeil improbable, de couleur vague grise, saignant, l'oeuvre de cette chienne. Je me vengerai, je n'avais cure de ses promesses de puissance. Je ne croyais pas aux sornettes. Je croyais a la realité. La realite, elle m'avait creve un oeil, et etlle avait scellé un pacte de mort. Je n'avais vraisemblablement pas la capacité a la combattre, mais si elle etait fine, elle devrait me tuer à présent, car je passerai le reste de mon existence a lui créer une douleur, un malheur, a elle et ses proches.
Je la regardais de mon oeil valide.
J'hesitais entre te massacrer, et perdre la vie, ou me laisser une chance de te retrouver, de te massacrer, et de detruire ton corps, ton esprit, et t'offrir aux vents, aux temoins des cieux.
Tu seras ma prochaine offrande si je survis, tu ne t'en rends pas encore compte, tu seras ma cible eternelle et je jouirai sur ton corps exsangue.
Je suivais la troupe d'invalides, tel Elsner qu'elle poussait en boitant.
Je n'avais qu'une envie arracher sa tete masquée, son armure etait de vrai argent et c'est son visage que j'aurais du attaquer et je m'en voulais, tue moi vite, salope, sinon je te ferai le pire mal que tu aies pu imaginer, j'aimais souffrir, tu m'as donné mon lot, et à présent ce sera mon tour.
Je maudissais Ludgar et ses jeux malsains, si je sortais de cette epreuve, je me vengerai de toutes et de tous.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Un frisson parcourut l’échine d’Elsner. Devant lui, le champion de Ludgar se faisait massacrer en traître par la fureur du Baron du Roncefort mais le Rohirrim n’y prêta guère attention. Son esprit était ailleurs. Il tituba légèrement, cherchant à retrouver l’équilibre en agrippant l’un des piliers de pierre. Murmures voilées et incantations d’un âge ancien, les voix continuaient à le hanter et il lui fallait désormais redoubler d’effort pour s’accrocher à la réalité. Ce fut l’intervention, cavalière mais salvatrice, de la dame au masque qui le ramena brutalement sur terre. La gifle prodigieuse qu’elle lui infligea eut l’effet escompté, du moins pour le moment, et l’ancien officier revint parmi les vivants. Il se massa légèrement la joue, rougie par l’impact et jeta des regards inquiets autour de lui. Les voix qui hantaient son esprit n’avaient cependant pas disparu, leur intensité s’était estompée mais elles flottaient toujours, dans un coin de sa tête, attendant le moment propice pour reprendre le dessus sur la volonté du champion.
Confiant l’arc de la Racine Noire à Elsner, la Dame prit le contrôle des opérations. De sa voix cristalline, à l’intonation légèrement tamisée par l’étoffe délicate de son masque, elle exposait son plan à ses compagnons d’infortune. Envoûtante et mystérieuse, elle leur faisait miroiter monts et merveilles, richesses et pouvoir, gloire et salvation. Pour se sauver de la damnation et aider les siens, il devait se rendre jusqu’au sommet de la Montagne, près de la Pierre Noire. La Pierre d’Erech. Là où, des millénaires plus tôt, tout avait commencé. Là où les gens du Roi de la Montagne s’étaient parjurés. Là où le Roi Isildur les avait maudits à l’errance éternelle. Là, où Elessar leur avait donné une seconde chance.
Une seconde chance, c’était tout ce que Elsner demandait après une vie d’erreurs et de massacres. Le destin l’avait-il fait croiser la route de cette femme. Son salut viendrait-il de ce rapace sans visage.
Sans qu’il ne sache pourquoi, emporté par le tourbillon d’émotions qui s’était déferlé sur lui depuis qu’il avait effleuré la statuette, Elsner fondit en sanglots à l’écoute de la voix magnétique de sa nouvelle guide. “Aidez-moi je vous en supplie, Ma Dame…. Je vous en prie. Aidez-moi, aidez-les. Aidez-nous…”
Elle resta impassible, ne laissant transparaître aucune émotion sous son masque scintillant mais parvint à saisir fermement Elsner par l’épaule pour l’inciter à se redresser et faire face. Derrière eux, Tryon, grièvement blessé par la précision meurtrière de la guerrière, se remettait lui aussi lentement. Elle ne l’avait pas raté et à présent, le seigneur Gondorien se rappellera en tout temps et toute heure de sa rencontre avec la Dame. Il en garderait les stigmates jusqu’à sa mort. Celle-ci avait pourtant été mesurée dans sa violence. Si elle avait voulu lui transpercer le cœur et se débarrasser du Baron, nul doute qu’elle aurait pu aisément s’en charger.
Pourtant, comme à Elsner, elle lui avait offert à lui aussi une seconde chance.
Un bruit attira leur attention derrière eux. Avec un cri rageur, une silhouette surgit de l’obscurité du Chemin des Morts et fondit sur le Baron de Roncefort, arme au clair. Son armure rutilante et son casque à plume aussi extravagant qu’à la limite du ridicule ne laissait que peu de doutes sur l’identité de l’agresseur. Survivant du pugilat qui s’était joué dans les profondeurs de la Montagne, le Champion du Hautval avait visiblement reçu des instructions très précises de la part du Seigneur Vögel. Pour ce dernier, le trophée n’était nullement celui placé par Ludgar, mais bien la tête de Tryon de Roncefort. Ce dernier, désormais borgne et encore transi de douleur, était-il en état de mener un nouveau combat? Il semblait si atteint, si affaibli pourtant une telle bête n’était jamais plus dangereuse que quand elle était blessée, acculée.
L’affrontement entre les deux ennemies n’eut cependant jamais lieu.
Le sifflement d’une flèche déchira l’air. Le trait vint se ficher avec une précision extrême entre les deux yeux de l’assaillant qui s’écroula immédiatement sans même un cri. Mise à mort nette, précise et efficace. Elsner n’avait pourtant jamais été un archer si talentueux mais l’arme qu’il tenait entre ses mains était d’une valeur rare. Ludgar ne s’était pas moqué des participants à la Purification et l’arc sombre qu’il avait déposé ne ressemblait à nul autre. Stable, précis et particulièrement élégant; le champion qui mettrait la main dessus disposait assurément d’une arme particulièrement dangereuse.
Elsner lança au Baron: "Souvenez-vous de votre dette, Roncefort. Nous sommes désormais lié, dans la vie comme dans la mort."
Pas un mot supplémentaire ne fut prononcé et l’insolite trio poursuivit sa progression dans les entrailles des Montagnes Blanches. Ils quittèrent la grande salle par un petit passage étroit qui montait de manière assez abrupte vers le pic, un courant d’air glacial s' engouffrait insidieusement et venait glacer les chairs des aventuriers assez fous pour emprunter cette galerie. L'ascension fut longue et éprouvante, en plus du froid et de l’obscurité, le terrain penté et accidenté les ralentissait grandement. Plusieurs fois, Elsner manqua de trébucher sur les pierres humides. Sous ses pieds, graviers et cailloux dévalaient dangereusement la pente.
Le trajet fut long, très long. Leurs membres meurtris et organismes exténués avaient de plus en plus de mal à soutenir le rythme et le peu de confiance que s’accordaient chacun des compagnons les forçait à rester sur leur garde, leur pompant au passage un peu plus d’énergie.
Enfin, après de longues heures pesantes durant laquelle Elsner n’avait pas prononcé le moindre mot, la lumière du soleil couchant apparut devant eux, à l’embouchure du tunnel. Le vent se faisait de plus en plus pressant, insidieux, se faufilant à travers leurs corps pour venir toucher leurs âmes. Dans sa tête, les voix étaient progressivement revenues et se faisaient de plus en plus écrasantes. Des voix tantôt féminines, tantôt masculines, parfois non identifiables. Certaines phrases étaient prononcées en Commun quand d’autres mots venaient d’autres langues qui lui étaient inconnues. Il lui était impossible de tirer un quelconque sens de tout cela. Héroïque, il rassembla ses dernières forces pour ne pas céder aux bras séduisants de la folie et poursuivit l'ascension jusqu’à l’extérieur.
Contrairement à ce à quoi ils pouvaient s’attendre, ils ne débouchèrent pas sur le sommet enneigé de la montagne mais sur une sorte de crevasse sombre dénuée de toute neige. Le vent n’y sévissait plus sous forme de bourrasque impétueuse mais s’exprimait avec un souffle lent et langoureux, soulevant de la poussière sombre sur son passage. Le froid y régnait également, mais non plus ce froid glacial et violent qui frappait les ouvriers jusque-là; non, il s’agissait d’une froideur plus insidieuse qui pénétrait dans leurs âmes. Nulle étoffe ne pourrait les en protéger. Au milieu se dressait une énorme pierre, parfaitement circulaire, et à moitié enterré dans le sol; sa couleur et ses reflets faisant penser à de l’obsidienne, étaient encore plus intenses et sépulcraux que ceux des roches qui l’entouraient. L’édifice, parfaitement lisse, semblait provenir d’un autre monde. D’un Noir trop profond pour faire partie du monde des mortels, d’une forme bien trop parfaite pour provenir de la simple nature ou des outils de l’homme.
Devant eux se dressait la Pierre d’Erech.
A bout, Elsner s’effondra cette fois sur le sol poussiéreux, se tenant la main entre les mains. Les voix s'étaient multipliées et étaient désormais accompagnées de hurlements et de cris stridents qu’il ne pouvait plus supporter. “Aidez-moi, par pitié, aidez-moi. Brisez la malédiction Ma Dame.”
Le Champion des réfugiés rohirrim implorait pour sa vie. Il était venu jusqu’à Morthond pour redonner un certain honneur à ces femmes et ces vieillards qui avaient traversé les montagnes pour fuir la guerre civile. Des réfugiés qui avaient tout quitté, pays, foyers et familles. Il avait été désigné lui pour les représentés dans les entrailles de la Montagne et c’était lui qui avait mis la main sur le trophée. Mais ses frères le verraient-ils revenir triomphant, apportant gloire et renommée à son peuple? Rien n’était moins sûr.
Plus loin, près des glaciers, de sombres silhouettes semblaient se mouvoir.
The Young Cop
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Mer 23 Juin 2021 - 22:18
Ainsi elle regnait.
Cette catin que jamais je ne supplierai tel ce Elsner.
Il m'avait sauvé face au Champion ridicule de Vogel, sa plume en l'air, pourquoi pas dans son cul!
Je ne repondais pas au regard d'Elsner.
Il avait choisi de me sauver, c'etait son choix, pas le mien, je n'étais en aucun cas redevable.
Je me redressai.
J'avançais vers cette compagnie qui n'était pas la mienne, ayant noué un morçeau de tissu déchiré autour de ma blessure.
Je les suivais relativement hagard. Je n'avais cure qu'Elsner le chouchou de celle qui un jour rendra entrailles si elle ne m'achève pas ce soir brandisse l'artefact.
Ma quete était simple. La tuer un jour, mais d'abord tuer, massacrer, humilier tout ce qui lui etait cher.
Toujours hagard, je m'interrogeais sur sa capacité a comprendre ma volonté.
Elle devrait me tuer maintenant.
Son cherubin tombait en pamoison face aux rocs qui nous faisaient face, brayant telle une chèvre meurtrie.
Je la regardais et souriais.
Il est beau ton esclave, n'est ce pas?
Un jour, il lavera tes chiottes et il sera heureux.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Aux plaintes d’Elsner comme aux injures du baron de Roncefort, Lome restait sourde. Plongée dans une transe presque mystique, elle s’agenouilla lentement devant la pierre d’Erech. Le monument parfaitement lisse, d’un noir si profond qu’il reflétait le ciel étoilé, dominait les Champions survivants de toute sa hauteur.
Tout autour d’eux , le sommet glacial de la montagne qui dominait la fosse embrumée dans laquelle il se trouvait ne semblait pas désert. Les silhouettes diffuses qu’ils avaient pu entrevoir quelques minutes plus tôt lors de leur arrivée sur les lieux se rapprochaient dangereusement, et leur nombre ne cessait de croître. Une menace diffuse qui fut bientôt matérialisée par un javelot lancé avec précision et qui vint se ficher quelques mètres seulement devant les pieds de Tryon. En l’espace de quelques secondes, des dizaines d’autres lances furent plantées dans le sol noir et poussiéreux du cratère, emprisonnant les trois guerriers au centre du cercle.
S’agissait-il d’une stratégie d’attaque ou d’une simple technique d’intimidation?
Face au danger imminent, l’instinct de guerrier d’Elsner reprit momentanément le dessus et mit de côté les voix qui hantaient son esprit pour saisir sa lame et se poster à la droite de Tryon, prêt à vendre chèrement sa peau. Les deux hommes que tout opposait échangèrent un regard convenu. Malgré leurs différents, ils allaient devoir se battre en alliés pour avoir une chance de s’en sortir.
Car l’ennemi était nombreux.
Bien trop nombreux.
Là-haut, les toisant depuis la bordure de la falaise qui bordait la cavité, se tenaient des dizaines d’hommes armés. Ils étaient grands et forts mais ne ressemblaient en rien aux hommes de la vallée de Morthond. Leurs cheveux étaient longs, leurs barbes hirsutes et leurs armes rudimentaires. Ils portaient d’épaisses fourrures en guise de vêtement et échangeaient entre eux dans un langage guttural qui leur était inconnu.
Au vu des regards qu’ils leur réservaient, ces Hommes des Montagnes voyaient d’un très mauvais oeil la présence de gens d’en bas en cet endroit qu’il considérait certainement comme sacré. Pourtant, depuis leur entreprise initiale, ils n’avaient pas montré le moindre signe d'agressivité. Comptaient-ils s’organiser pour mieux les éliminer ? Ou alors, eux aussi, craignaient ce lieu maudit?
Pourtant, malgré l’animosité palpable entre les deux groupes, les Champions pouvaient clairement voir que certains des montagnards tenaient de longues cordes brunes qui pouvaient leur permettre de gravir les parois du cratère dans lequel ils étaient désormais piégé. L’autre échappatoire était le souterrain pouvant les ramener dans la Grande Salle du Chemin des Morts, un lieu que nul ne semblait vouloir retrouver.
L’un des “sauvages”, sensiblement plus grand et plus poilu que ses congénères, s’approcha de quelques pas. Il se mit à parler d’une voix grave et puissante dans un Westron correct teinté d’un fort accent. “Voyageurs, aventuriers, champions du chien Ludgar! L’appât du gain et de la gloire ont poussé vos cœurs vers la profanation et vos âmes vers la damnation! La malédiction est lancée et nous ne pouvons la laisser se propager.”
Sur ces mots, ses compères s’approchèrent à leur tour, brandissant leur javelot en poussant des cris de guerre. Elsner jeta un regard derrière son épaule en direction d’une Lome toujours plongée dans sa transe incompréhensible.
Avec un brin de panique dans sa voix, il souffla à Tryon: “Que fait on? “
Pris dans le piège des montagnards, dominés par leurs ennemis en nombre comme en position, les deux Champions faisaient sans doute face à leur plus grand défi.
Et la Dame ne semblait, pour le moment, pas disposé à les aider.
The Young Cop
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Dim 6 Mar 2022 - 21:57
De mon œil solitaire a la lueur sauvage, je regardais Elsner l'éphèbe et souriais.
Que fait on ? pensais je
Il avait donc besoin de moi le serviteur de sa Dame, quand elle était partie dans ses rêveries.
C'était un serviteur décidemment, destiné à servir, toujours, il passait d'une maitresse a un maitre.
Un bon dogue, il mordait bien cependant.
Je lui souriais, légèrement méprisant.
Laisse moi faire.
Nous n'avions guère le choix de toutes les manières, et cet imbécile devait bien s'en rendre compte.
Seuls nous n'avions aucune chance.
Il fallait négocier.
Je m'avançais vers le plus poilu et grand, et m'adressai a lui de ma voix forte.
Nous sommes ici en paix !
Quel menteur fais je, pensais je en riant intérieurement.
Nous ne pensions pas profaner.
Je marquais une pause, le visage inquiet, me voulant convaincant.
De quelle malédiction parlez vous? Pourquoi va t'elle se propager ? Nous ne comprenons pas.
Je me voulais convaincant, et d'une certaine façon devait l'être car véritablement je ne savais quelle malédiction nous avions déclencher.
Que pouvons nous faire pour que la malédiction s'arrête?
Une douleur aigue venait d'assaillir mon orbite massacrée, et je refrénais un hurlement de douleur, une sorte de grognement de bête blessée sortait de mes dents serrées.
Je redressais la tête et je devais faire peine à voir, mais mon regard interrogatif attendait une réponse.
Déjà je sentais la menace peut être s'éloigner de nos têtes si un dialogue s'instaurait.
Learamn Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Kanin-Dâr toisa l’homme qui avait pris la parole de toute sa hauteur. Le pauvre hère semblait bien mal en point, là où aurait dû se trouver son œil droit il n’y avait qu’une orbite encore sanguinolente sur laquelle les vents glacés soufflaient avec force. La douleur était certainement insoutenable et beaucoup seraient déjà en train d’agoniser au sol avec une telle blessure. Lui était encore debout, feignant l’innocence pour sauver sa vie insignifiante. Le montagnard barbu s’appuya sur son robuste et s’approcha du Baron de Roncefort, une expression de rage contenue sur son visage sauvage. “En paix?” Gronda-t-il “Est-ce cela que vous appelez la paix parmi les gens d’en bas? Du sang pour le divertissement et des morts pour un soi-disant honneur? Vous qui vous vantez d’être des nobles, des gens supérieurs?”
Tout autour des Champions restants, le cercle formé par les habitants des sommets des Montagnes Blanches se resserra encore. Kanin-Dâr, reprit d’un ton plus calme et fataliste: “La malédiction? Vous vous l’êtes amené sur vous-même. Il ne s’agit pas d’un autre tour de magicien de pacotille. Mandos en a décidé et il en sera ainsi jusqu’à la fin des âges. La mort serait peut-être préférable pour vous Gondorien.”
Ses hommes s’agitèrent quelque peu, cela faisait des années qu’ils attendaient l’occasion de pouvoir se mesurer enfin aux guerriers venus de la vallée. Voyant leur fin proche, Elsner, toujours hanté par des voix qui se faisait de plus en plus proche, tomba à genoux, voyant cet affrontement mortel comme une libération pour son âme damnée. Seul, Tryon ne ferait pas le poids. Au-dessus de la tête du Baron, un hululement se fit entendre alors que la silhouette d’un rapace nocturne fendait l’air glacial en spirale. L’oiseau, une chouette effraie de grande taille, tournoya autour des acteurs de cette scène étrange avant de finir son vol en se posant paisiblement sur l’épaule de la Dame qui s’était détournée de la Pierre d’Erech. Mais le spectacle le plus surprenant venait sans nul doute de la petite statuette, source de tant de maux. La sculpture s’était subitement animée et, dressée sur ses deux pieds ouvragés, avançait d’elle-même sur le basalte volcanique, mû par une magie obscure et ancestrale qui s’était réveillée au contact de ce lieu maudit.
Le regard de Kanin-Dâr changea alors subitement, passant de la rage à la surprise. “La Dame aux oiseaux! Lome…” Souffla-t-il incrédule.
D’un pas gracieux, la Dame au visage toujours masqué s’approcha du chef hirsute des montagnards. “Kanin-Dâr…Il vous a sans doute parlé de moi, n’est-ce-pas? Tout comme Il m’a parlé de vous…Nous avons toujours un accord, n’est-ce pas ?”
Face à l’hésitation de son interlocuteur, elle insista: “Voyons ne soyez pas effrayé. Vous-même êtes capable d’invoquer les forces surnaturelles de ce monde.” Elle se tourna vers la statuette qui se tenait fièrement à son côté. “Une telle magie peut surprendre mais cela n’est rien en comparaison de ce que vous pourrez voir si vous me suivez par-delà ces montagnes. Vous recevrez de nombreuses richesses, oui, mais serez surtout témoins de pouvoirs qui dépassent votre imagination. Des pouvoirs qui pourraient vous permettre de rendre à votre peuple ce qui lui revient de droit et d’enfin pouvoir vous mesurer aux gens de la vallée.”
Après quelques secondes de réflexion, Kanin-Dâr acquiesça et abaissa légèrement la tête en signe de révérence. D’un geste, il fit signe à ses hommes de baisser leurs armes. Ceux-ci s’exécutèrent et disparurent dans le brouillard. “Et eux?” demanda-t-il simplement en pointant les deux Champions en souffrance.
Lome porta son regard en direction d’Elsner, toujours prostré sur lui-même et murmurant des paroles incompréhensibles. “Celui-ci est allé trop loin. Son âme est condamnée mais son désespoir peut le rendre utile à notre cause. Il aura encore un rôle à jouer, sous une forme ou une autre.”
Elle se tourna ensuite vers Tryon: “Le processus sera sûrement plus lent sur son esprit mais il portera également la malédiction si son arrogance ne le perd pas avant. Laissons-le ici. Laissons un champion pour Ludgar et ses laquais, qu’il comprenne ce que la Montagne fait aux plus forts d’entre eux.”
Avec un grognement, Kanin-Dâr, qui se serait bien vu égorger le noble, se contenta d’asséner un formidable coup de bâton sur le crâne de Tryon de Roncefort qui perdit immédiatement connaissance.
Lome n’était pas venue à Morthond pour rien. Elle avait trouvé ce pour quoi elle était venue. De plus, ses deux agents massacrés dans le Chemin des Morts été dûment remplacé par un mercenaire au destin damné et un chaman des peuplades des Montagnes Blanches. Jamais n’avait-elle envisagé de voyager seule. Pourquoi se salir les mains, quand les basses besognes pouvaient être réalisés par de dévoués serviteurs? Voilà bien une paresse qu’elle assumait entièrement.
Quand Tryon se réveilla enfin, il était encore bien faible. Fort heureusement, la morsure du vent des cimes avait cédé sa place au doux crépitement d’un feu de cheminée. Sa plaie avait été nettoyée, traitée et bandée; plus jamais ne verrait-il de cet œil mais au moins il survivrait. Le Baron voulut se redresser mais une voix familière s’y opposa: “Allongez-vous mon seigneur. Les drogues administrées sont encore bien trop fortes pour que vous puissiez vous lever.” fit le vieux Elisahan.
Le fidèle conseiller de la famille de Roncefort se tenait près de l’âtre, une expression satisfaite sur le visage. Il poursuivit avec quelques éclaircissements pour son sire. “Les archers de Morthond vous ont retrouvé, gisant et le corps gelé sur les hauteurs de la Montagne il y a près de deux jours. Nul ne sait précisément ce qui a pu se passer lors de la Purification mais le nombre de cadavres sur cette édition dépasse tout ce qui a pu se produire lors des éditions précédentes. Même les gardes envoyés par Ludgar y sont passés, vous seul êtes revenu du Chemin des Morts et, en conséquence, avez été déclaré Champion de la cérémonie. Un grand honneur et un prestige qui pourrait nous servir dans la région. En temps normal une fête aurait été organisée en votre honneur, mais au vu des circonstances...”
Elishan déposa un bol de soupe chaude au chevet de Tryon avant de se diriger vers la porte de la chambre. Il déclara avant de quitter la pièce. “Quand vous aurez assez de forces, je conseille de retourner au plus vite sur vos terres après avoir rendu vos hommages au Seigneur Ludgar. De nombreuses tâches vous y attende. Le Gondor est sur le point de subir de nombreuses transformations politiques, et il nous faut nous y préparer au mieux.”