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 Un magicien n'est jamais en retard

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Learamn
Agent de Rhûn - Banni du Rohan
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Learamn

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Un magicien n'est jamais en retard EmptyDim 7 Fév 2021 - 14:59

L’atmosphère au sein de la salle de classe était pour le moins intrigante. Il y régnait un désordre incroyable alors même que peu d’élèves y avait mis les pieds depuis plusieurs semaines désormais. Les bancs avaient été déplacés, poussés, certains même retournés et le sol était jonché de plumes et d’éclats d’encrier brisé. Le parquet, autrefois parfaitement lustré, était à présent terni par plusieurs centimètres de poussière qui s’élevait en volutes dès qu’on faisait le moindre pas. Une forte odeur âcre de renfermé et d’encre en aurait également repoussé plus d’un et faire entrer un peu d’air frais en ouvrant simplement les larges fenêtres de l’Université aurait été le réflexe logique de toute personne normale.

Seulement voilà, l’homme qui se tenait devant le tableau sombre, à griffonner formules et schémas n’avait rien d’une personne normale. Pas le moins du monde dérangé par le fouillis ambiant, l’érudit semblait complètement absorbé par sa tâche. Avec vigueur, il faisait crisser sa craie blanche sur l’ardoise à un rythme surhumain, alignant chiffres et termes qui ne faisait que bien peu de sens, y compris pour la majorité des pensionnaires de l’Académie. Le chaos de la pièce se retrouvait d’ailleurs sur le tableau sur lequel les inscriptions ne suivaient aucune organisation logique. Un calcul par-là, un dessin dans un coin, un texte cryptique au centre. Difficile de faire sens de tout cela. Et pourtant. Et pourtant Erelius, en transe intellectuelle, semblait savoir exactement ce qu’il faisait. L’excitation était perceptible dans son regard brillant et il transpirait désormais à grosses gouttes qu’il ne daignait éponger qu’une fois qu’elle lui gênait la vision. On avait bien déposé un pichet sur le bureau à côté de lui mais, trop concentré dans son travail, il n’y avait pas touché.  Ce matin-là il était particulièrement pris par la réalisation d’un long calcul obscur qui regroupait un grand nombre de données, systèmes, modèles. Un projet sur lequel il avait entamé ses recherches depuis de nombreuses semaines déjà. Le regroupement d’informations avait d’abord représenté un travail colossal. Ambitieux, Erelius voulait utiliser des données venant de plusieurs milieux et domaines variés, y compris ceux dont il n’était absolument pas expert. Il lui avait donc fallu démarcher de nombreux savants à travers la capitale pour recueillir assez d’informations tout en restant assez discret pour ne pas attirer l’attention des autorités qui étaient décidé à lui mettre du bâton dans les roues. Les puissants cachaient quelque chose, ils préféraient que certains éléments ne s’ébruitent pas et ils s’étaient donc lancés dans de grandes campagnes de propagande et autres décisions visant à détourner le regard. Les politiciens manipulaient, très bien d’ailleurs ; mais les chiffres eux ne mentaient pas. Et Erelius était bien plus ami avec les nombres qu’avec n’importe lequel des humains.

Une fois la recherche achevée et les informations amassées, il avait fallu passer par une phase de triage, d’agencement et de regroupement ; un travail tout aussi fastidieux et surtout bien plus barbant que la collecte de renseignements. Finalement, était venu le temps de vérité et la mise en place du modèle auquel il avait réfléchi. Si ce dernier se révélait être cohérent, alors il aurait prouvé à tous qu’il ne courait pas après une chimère. On l’avait tellement moqué, méprisé, traité de timbré perdu dans une quête obsessionnelle de la formule impossible. Mais il avait gardé le cap en se faisant sourd aux quolibets, convaincu de détenir la flamme de la vérité, il s’était cloîtré dans cette pièce pour poursuivre sa quête loin des regards méfiants et oreilles indiscrètes. Désormais, il était si près du but.

Il écrivait encore et encore, multipliant, divisant. Parfois il revenait en arrière après avoir échappé un juron en se rendant compte d’une erreur de raisonnement. Il s’empressait alors d’effacer la craie à l’aide d’un chiffon déjà bien noirci avant de reprendre inlassablement.

Puis il arriva au bout.

Il y était arrivé. En poussant un cri de joie, il encadra son résultat final. Pour la première fois depuis de longues heures, il s’autorisa à s’asseoir et contempler fièrement son œuvre. Il avait eu raison depuis le début. Ses hypothèses étaient vérifiées. Ses prédictions étaient vraies.

Ses prédictions étaient vraies…

Le sourire d’Erelius s’effaça peu à peu. Plongé dans la fièvre des mathématiques et l’excitation de la recherche, le savant avait souvent tendance à oublier tout ce qu’il y avait autour. Y compris le but même de sa recherche. Son plaisir était avant tout intellectuelle et en travaillant sur la théorie, il oubliait ce qu’elle impliquait en réalité. Son modèle fonctionnait oui… Mais dans son enthousiasme académique il ne s’était pas rendu compte que cela n’était un bon signe pour personne. Pas même pour lui. Ses pupilles s’écarquillèrent et Erelius laissa tomber sa craie de stupeur.

“Par la barbe des Mages !”
souffla-t-il d’une voix terrifiée.

Ni une, ni deux ; l’érudit se redressa d’un coup avant de se saisir de sa sacoche et de sortir en trombe de la salle de recherche. Courant à travers les larges couloirs richement décorés de l’Université de Minas Tirith, couloirs cependant bien vides depuis de longues semaines, il finit par croiser Horas, un des doyens parmi les savants.

“Horas ! Horas ! Je dois parler à Niklas Makiaveel, au plus vite ! C’est urgent !”

Horas se passa une main sur le visage et retint un soupir d’exaspération. Visiblement les sautes d’humeur d’Erelius étaient plutôt courantes et il en avait l’habitude.

“Voyons...tu sais bien que maître Makiaveel s’est absenté pour plusieurs jours.
-Par les joyaux du Pinnath Gelin !
Fulmina Erelius. Où est donc le fondateur de la Société quand on a le plus besoin de lui ?
-Tu peux tout me dire ; je lui transmettrai ton message à son retour.”

Pas apaisé pour un sou, Erelius s’était mis à faire frénétiquement les cents pas autour de son interlocuteur qui fut vite pris de tournis.

“Non ...non...non il n’y a pas le temps. Il n’y a pas le temps.”

Agacé, le professeur le plus âge posa une main ferme sur l’épaule de son collège, le forçant à s’arrêter devant lui.

“Erelius !
fit-il avec fermeté. Que se passe-t-il ?”

La terreur dans les yeux du mathématicien n’était pas feinte. Horas savait bien qu’Erelius était impulsif, sujet à l’exagération mais il ne le croyait pas fou, bien au contrait. Si un génie solitaire comme lui se montrait si inquiet, c’était qu’il y avait bien quelque chose de grave qui se tramait. Ce dernier bégayait désormais des phrases qui ne faisaient ni queue ni tête en fuyant le regard de Horas.

“Erelius !”
insista l’aîné en forçant Erelius à le regarder à nouveau.

“Nous...nous allons tous mourir…”


-------------------------------------------------------------------------

Le mage Mithrandir était désormais tout proche de l’entrée de l’Université. Sur son trajet, personne n’avait osé l’aborder ou lui adresser la parole. Les rues étaient étrangement vides, bien moins actives qu’il y a quelques années. Que s’était-il donc passé à Minas Tirith ? Avant qu’il ne s’isole dans sa tour d’ivoire, la capitale était pleine de vie et d’activité ; elle présentait désormais un bien triste visage. Il avait tout de même croisé quelques passants ; la plupart l’avaient regardé avec curiosité sans pour autant le reconnaître. Le magicien avait disparu de la circulation depuis si longtemps que beaucoup l’avaient oublié, d’autres avaient simplement conclu sa mort ou son exil. D’autres, plus rares et perspicaces, avaient remarqué son bâton et la longue toge de l’homme mais ils n’avaient pas approché le mage pour autant.

L’Université était désormais tout proche.

Quelle ne fut pas la surprise de Mithrandir en découvrant que les grandes portes ouvragées de l’Académie étaient closes. Cela était plutôt inhabituel. Habituellement, les érudits laissaient leur bâtiment ouvert à tous, invitant ainsi chaque sujet du Gondor à venir s’instruire sur les bancs des plus grands érudits d’Arda. Deux gardes aux armures rutilantes se mirent alors à héler le nouveau venu.

“Hé toi là !”

Des soldats ? A l’entrée de l’Université ? Quelque chose ne tournait définitivement pas rond. Ceux-ci s’approchèrent un peu plus près en avisant ce drôle d’intrus. L’un d’eux, qui avait l’air très jeune, eut un regard amusé face au grand bâton et à la longue tunique de Mithrandir, se demandant à quoi pouvait rimer cet accoutrement original.

“Les Portes de l’Université sont closes ! Seuls les résidents, professeurs et élèves peuvent désormais y entrer. Ordre du général Cartogan. Qui êtes-vous  et que venez-vous chercher chez ces vieux fous?”


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Un magicien n'est jamais en retard EmptyDim 7 Fév 2021 - 20:04
Une fois la place des artisans et son intriguant placard laissés derrière lui, Mithrandir continua sa route vers l'Université de Minas Tirith. Bien des années s'étaient écoulées depuis le jour où il avait franchi les portes de la Cité Blanche, pourtant ses pas ne l'avaient conduit en ce lieu que très rarement. Le temps avait filé et ses fonctions l'avaient amené à être plus présent dans d'autres quartiers de la cité, tant et si bien qu'on ne le vit plus que dans les cercles supérieurs, puis plus du tout. La salle d'audience qui lui avait été allouée au Palais n'avait ainsi pas été utlisée depuis un âge assez lointain, et les personnes désireuses de s'entretenir avec lui se dirigeaient vers sa tour ou lui écrivait. C'est pourquoi les abords de l'Université furent presque une découverte pour le Mage.

Son regard détailla chaque pierres de l'édifice. Bien que ces murs ne soient pas particulièrement hauts, il en émanait une impression de grandeur. Les multiples tourelles qui parsemaient l'Académie et les passerelles permettant de circuler entre elles conféraient une certaine majesté et un certain mystère au bâtiment. Au travers des larges fenêtres qui en décoraient la façade, on pouvait ça et là apercevoir de grandes salles de classes et de longs couloirs à la décoration chamarrée. Le monument était barré de lourdes portes ouvragées. C'est sur elles que se posèrent les yeux de Mithrandir en dernier.

- Voilà encore une nouveauté, pensa-t-il après en avoir admiré les ornementations. La dernière fois que j'ai eu à me rendre dans les parages, l'entrée de l'Académie grouillait de monde et les portes étaient grandes ouvertes. Mais où sont donc les gens ? Se dit-il en constatant que la zone était encore plus déserte que les rues qu'il avait parcourues jusque ici, ce qui était en soit, un fait remarquable.

Grand lieu d'érudition, l'Université était réputée dans toute la cité. Elle avait donc naturellement tendance à attirer bon nombre de monde qu'il s'agisse de touristes ou de badauds curieux, de personnes désireuses de s'instruire, ou, bien évidemment, d'étudiants. Trouver l'Académie ainsi cadenassée n'augurait rien de bon. Trop occupé qu'il était à s'interroger, il ne remarqua pas les deux gardes qui flanquaient les portes avant que ceux-ci ne le hèlent et ne lui intiment de se présenter.

- Bien le bonjour messieurs ! Je suis Mithrandir, le Mage de la Cité, comme mon accoutrement vous a sans doute permis de le deviner, fit-il en tapotant d'un doigt son bâton et en posant ses yeux vifs sur le jeune soldat qui l'avait détaillé des pieds à la tête avec l'air amusé.

L'Université était donc gardée ! Et si on se fiait à ce qu'on pouvait lire sur le placard signé « Hugin l'Avisé », il y avait fort à parier que ce n'était pas là une façon de protéger l'Académie contre l'extérieur. Cartogan avait-il décidé de museler les érudits ? Mais pourquoi diable ?! Gardant ses réflexions par devers lui, Mithrandir repris la parole.

- Quant à mes affaires ici, elles ne concernent que moi, quelques soit les ordres que vous ayez reçus. Il ne vous appartient pas d'autoriser ou non mes déplacements, si rares soient-ils. Après avoir maintenu un air courroucé quelques instants, il éclata de rire pour détendre l'atmosphère et se montrer plus amical : nul besoin de s'attirer des ennuis.

- Pour dire vrai je suis à la recherche d'un ouvrage qui doit se trouver ici. Voyez-vous je parcourais un traité de botanique sur les vertus des plantes médicinales, j'ai emprunté cet ouvrage à mon ami alchimiste qui l'a d'ailleurs griffonné en tous sens, le rendant assez peu lisibles, et euh... où en étais-je ? Ah oui, je parcourais ce traité, je devais en être rendu quelque pages après la passiflore... ou bien était-ce la belladone ? Je ne sais plus... Il faut dire que mon fils venait d'entrer dans la bibliothèque et qu'il y a mis un sacré remue-ménage ! Bref, je lisais ce traité quand je suis tombé sur la mention d'un livre détaillant d'autres usages de certaines de ces plantes. Comme je tentais de me perfectionner en alchimie... alors vous pensez certainement qu'en la matière la pratique est plus utile que la théorie, mais voyez-vous j'ai toujours aimé la théorie. C'est utile à savoir ce que l'on fait, à comprendre ce que l'on fait, avant de le faire. Donc j'aurais besoin de ce livre. Il doit s'agir de milles et un usages des plantes médicinales par... mince, quel est son nom déjà ? Enfin bref, peut-être pourriez-vous m'aider à trouver un professeur de botanique qui saurait où trouver ce livre ? Voyez-vous j'ai déjà parcouru l'intégralité de ma bibliothèque, en vain, je me suis ensuite rendu à...

Tout en continuant son monologue et en s'arrangeant pour le rendre aussi dense que flou, il observa les gardes. S'il continuait ainsi peut-être ces derniers mettraient-ils un terme à son soliloque et lui permettraient-ils de passer sans heurt. Il lui semblait plus pertinent de jouer le mage un peu farfelu que de leur rappeler sèchement son rang dans la hiérarchie de la Cité, d'autant plus que son isolement dans sa tour avait dû alimenter plusieurs rumeurs, certains le pensaient sans doute mort...

#Mithrandir #Horas
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Un magicien n'est jamais en retard EmptyMer 10 Fév 2021 - 12:07
“Ma...Mage de la Cité?”

Les deux gardes échangèrent un regard incrédule. Leur entraînement avait impliqué beaucoup de choses mais ne les avait définitivement pas préparés à ça.  Leurs ordres concernant les allées et venues à l’Université étaient également très clairs mais Lord Rhydon ne leur avait absolument pas fait mention de la présence potentielle d’un tel personnage. Un magicien... Les soldats avaient effectivement entendu parler de l’existence d’un tel être aux pouvoirs surnaturels qui s’était autrefois mis au service du Gondor et de son Haut-Roy. Pourtant, personne ne l’avait vu depuis de nombreuses années. Certains disaient qu’il était mort, d’autres qu’il s’était enfermé à jamais dans sa tour, lassé des affaires de ce bas monde. L’intrus avait une certaine prestance avec sa longue toge de couleur et son bâton scintillant mais de là en voire un mage…

Visiblement conscient de l’hésitation de ses interlocuteurs, Mithrandir, après s’être brièvement courroucé, reprit avec un long monologue cherchant à expliquer la raison de sa présence ici. Magicien ou pas, ce qui était certain était que les deux gardes ne comprirent pas grand-chose à son discours. La moitié des termes employés leur était totalement inconnu et ils continuèrent à fixer le vieil homme d’un air de plus en plus confus. “Alchimiste?” “Passiflore”? Et puis “Belladone”? Il y avait bien la fameuse vendeuse de charmes du Premier Cercle qui répondait de ce nom mais les gardes doutèrent fortement que c’était à elle que l’inconnu faisait référence. A moins que…

Finalement, fatigué des élucubrations de nouveau venues, le plus vieux des deux hommes tapota sur l’épaule de son frère d’armes.

“Laisse c’est encore un de ces vieux fous de l’Université… Ils aiment se moquer de nous de la sorte.”


Le cadet approuva d’un geste de la tête et les deux gardes rangèrent leurs armes et se détournèrent du vieil sans un mot de plus.

Mithrandir faisait désormais face aux lourdes portes de l’Université, inexplicablement fermées.



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“Maître Horas! Maître Horas!”


Manahil, jeune élève de l’Université, courait à en perdre haleine. Depuis l’aube, il était de garde à l’entrée de l’Académie, les érudits plaçaient souvent des étudiants là-bas afin qu’ils puissent ouvrir discrètement les portes aux visiteurs de l’Université quand les Gardes avaient le dos tourné. Mais celui qui venait de frapper n’avait, à sa connaissance pas été invité. L’étudiant finit par trouver son professeur, plongé dans une intense discussion avec maître Erelius, l’un des pensionnaires les plus farfelus et étranges de leur institution. Le vieil homme écoutait attentivement son collègue avec un air grave.

“Maître Horas! Maître Horas!”
répéta l’adolescent.

L’érudit détourna alors son attention d’Erelius, alerté par l’urgence dans la voix de son élève. Frustré d’être ainsi interrompu dans son raisonnement - il avait horreur de cela - Erelius fronça les sourcils avant de jeter un regard noir à Manahil qui frémit légèrement. Le mathématicien n’était pas réputé pour sa clémence à l’égard des élèves.

“Qu’y a-t-il mon jeune garçon?”
demanda Horas d’un ton paternel en posant une main rassurante sur l’épaule de l’adolescent.

“-Eh bien, eh bien… Quelqu’un est à l’entrée de l’Université…
-Le gamin m’a donc interrompu pour un simple visiteur ?"
s’offusqua Erelius.

Ne se laissant pas démonter par la remarque du savant, l’étudiant poursuivit.

“ Il s’est présenté comme Mage de la Cité; et dit porter le nom du magicien d’antan…
-Mithrandir…”
murmura Horas.

L’élève était encore bien trop jeune pour se souvenir de ce personnage particulier. Il ne devait être qu’un poupon quand Mithrandir avait disparu de la circulation pour se réfugier sa fameuse tour qui dominait les hauts cercles de la Cité Blanche. Il y avait depuis eu beaucoup de spéculations sur le sort du puissant semi-elfe mais tous avaient fini par abandonner l’espoir qu’il ne s’intéresse un jour à nouveau au sort du Gondor. Erelius quant à lui ne réagit pas à cette annonce, il était bien trop dans son monde fait de chiffres et de graphes pour se soucier du retour d’un simple porteur de bâtons. La magie d’un homme ne pouvait égaler celle des nombres.

“ Bon allons voir ce qu’il en est!”


Les deux érudits suivirent le jeune garçon jusqu’au vestibule majestueux de l’Université. La pièce étaient éclairés par les puissants rayons de soleil, filtrés et colorés par les vitraux des hautes fenêtres circulaires du hall principal. D’immenses arches soutenaient l’édifice et entre chacune d’elles trônaient les statues des plus grands savants de l’histoire des Hommes. Gondoriens comme étrangers. Numénoréens comme Roturiers. Malgré le coût souvent élevé d’une éducation, l’un des crédos de l’Université était que “ le savoir n’a ni frontière ni titre de noblesse.” Afin de respecter ce serment, les érudits recueillaient régulièrement dans leur fief sacré, des jeunes enfants aux orphelinats de la ville pour les instruire et préparer les futurs Académiciens.

Mithrandir, que Manahil avait dit d’attendre à l’entrée, attendait patiemment l’arrivée des érudits. Horas ne fut pas encore arrivé à sa hauteur qu’il reconnut la silhouette caractéristique du magicien.

“Mithrandir!”
s’exclama-t-il avec un large sourire en écartant les bras. “Quel plaisir de vous revoir parmi nous! Quel bon vent vous amène donc en direction de notre modeste collège?”

Un simple regard autour de soi indiquait que l’Université de Minas Tirith n’avait rien de modeste.



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Un magicien n'est jamais en retard EmptyMar 16 Fév 2021 - 12:17
Mithrandir faisait les cent pas dans le vestibule, heureux d’avoir réussi à passer les soldats sans avoir à en découdre. Il avait cru un instant que ceux-ci ne se montrent excessivement zélés et ne lui barrent le passage. Finalement ses interminables élucubrations avaient eu raison d’eux et il avait pu approcher des lourdes portes ouvragées et y asséner son bâton par trois fois. Après quelques minutes de silence, c’est un jeune garçon qui avait répondu à l’appel en ouvrant l’un des battants d’acier, les yeux écarquillés, il ne s’attendait certainement pas à de la visite. Il s’était écarté pour laisser le mage se glisser dans l’interstice et ce n’est qu’une fois à l’intérieur et la porte fermée avec précaution, à l’abri des oreilles indiscrètes, qu’il s’était enquis de l’identité du bonhomme et des raisons de sa venue en ce lieu. Le frêle garçon, qui arborait des cheveux brun mi-longs et était vêtu de la tenue caractéristique des étudiants de l’Université, affichait une mine fatiguée, sans doute liée à l’heure fort matinale. Il avait accueilli Mithrandir avec politesse et l’avait écouté attentivement avant de partir en quête du doyen de l’Académie, il ne voyait pas qui d’autre aurait pu recevoir cet étrange intrus.


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Cela fait si longtemps ! J’avais presque oublié de quoi avait l’air l’intérieur de l’Université...

Laissé seul dans le vestibule, Mithrandir laissa courir ses yeux ça et là tout en arpentant le dallage. La pièce était d’une taille impressionnante et sa décoration, luxueuse, ne laissait aucun doute sur le prestige qui fut celui de ce lieu de savoir. La lumière, teintée par les divers vitraux qui ornaient ses fenêtres, jouait sur les majestueuses statues positionnées entre les grandes arches. Les figures de pierre projetaient leurs gigantesques ombres au sol, renforçant l’impression d’écrasement que pouvait ressentir le visiteur. Certains des noms apposés sur leur socle étaient familiers au magicien, d’autres en revanche lui étaient totalement inconnus. Il tenta donc de deviner la discipline d’étude de ceux qu’il ne connaissait pas en étudiant les traits de leurs visages et les quelques artefacts que certains portaient. Il fut tiré de son observation par un mouvement rapide à la périphérie de son champ de vision. Après un court instant, il réalisa qu’il ne s’agissait que d’une feuille de papier portée par un léger courant d’air provoqué par une petite fenêtre ouverte un peu plus loin.

Désertique...

Si de prime abord c’est la magnificence de la pièce qui frappait le visiteur, une fois le regard habitué, d’autres éléments sautaient aux yeux, qu’il s’agisse des volumes posés sans ordre par endroit, de l’épaisse couche de poussière qui recouvrait certains objets, des parchemins qui traînaient au sol ou encore de la vacuité du hall. Il aurait dû grouiller de monde et de vie, mais tout semblait mort et abandonné. L’Académie restant un lieu réputé, il semblait impensable de la trouver ainsi déserte, Mithrandir s’était déjà fait la réflexion lorsqu’il avait atteint ses abords, mais le constat ne manquait pas de l’étonner. Comment se pouvait-il que l’Université soit à ce point laissée à l’abandon alors même que la Missive des Erudits n’aurait pas manqué d’attirer curieux et académiciens de toutes les Terres du Milieu. Les érudits avaient alerté le monde sur un danger imminent et se retrouvaient cantonnés dans leurs quartiers, c’était à n’y rien comprendre !


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C’est alors que Mithrandir lisait d’un air distrait un parchemin trouvé sur une petite table de bois disposée non loin des lourdes portes, sans doute des notes de cours de Manahil, que des bruits de pas se firent entendre au bout du vestibul. Lorsqu’il leva la tête, il vit que trois personnes se portaient à sa rencontre. Le jeune homme qui avait conduit les deux autres jusqu’au hall, s’effaça pour les laisser passer et leur emboîta le pas, l’air penaud. Les deux savants étaient aussi semblables que le jour et la nuit. Alors que celui qui les menait affichait un large sourire, malgré un air quelque peu soucieux, son acolyte quant à lui affichait une mine bien plus sombre. L’air grave, le sourcil froncé et le visage émacié contrastait avec la douceur mêlée de fermeté qui semblait émaner d’Horas.

- Horas ! Le plaisir est partagé ! Il y a bien longtemps que je n’ai pas arpenté les couloirs de l’Académie et j’aurai aimé que ce soit en d’autres circonstances… Lança le mage en gratifiant le doyen d’une accolade amicale et en saluant aimablement Erelius d’un signe de tête.

- J’ai été bien trop absorbé par mes travaux ces dernières années et les choses semblent avoir pris une tournure bien étrange. Comment se fait-il que l’Université soit déserte, et que diable font ces gardes à l’entrée ? J’ai bien cru que j’allais finir echarpé ou du moins que j’aurais à me battre pour entrer ! Il jeta un bref coup d'œil au savant qui accompagnait Horas, resté silencieux jusqu’à présent, puis continua.

- Est-ce là une demande du Collège des Érudits pour garantir votre sécurité ou bien est-ce une décision qui émane de plus haut ? J’avoue que je m’attendais à trouver l’Académie en pleine effervescence, vu le contexte... Il se tut ne sachant s’il était bien avisé d’en dire plus à proximité des portes et en présence des deux autres témoins. Si la décision avait été prise par Cartogan pour museler les universitaires, comme semblait le penser Hugin l’Avisé, il n’était guère prudent d’en questionner la pertinence en public. Il en allait de même des sujets aussi délicats que ceux mentionnés dans le placard dénonciateur. Quant à la Missive des Érudits, raison principale de sa venue, il était sans doute tout aussi raisonnable d’attendre un peu pour en parler.
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Un magicien n'est jamais en retard EmptyDim 21 Fév 2021 - 14:00
Les deux Erudits échangèrent un regard inquiet à la suite des interrogations, pour le moins légitimes, du mage de la Cité. Horas, cependant, s’efforça de garder son large sourire.

“Maître Mithrandir! L’heure est matinale et le trajet depuis votre Tour vous a très certainement creusé l’estomac! Allons aux cuisines prendre un peu de pain et d’eau, et verser un peu de vin pour célébrer votre retour dans notre Académie!”

La remarque du vieil homme avait de quoi surprendre. Il n’avait absolument pas répondu aux questions du visiteur dont la réputation n’était pas celle d’un homme incapable de maîtriser son appétit. Mais Horas insista, d’un geste de la main, pour que Mithrandir le suive. Ce dernier s’approcha de son hôte qui lui glissa subrepticement:

“Pas ici Maître Mithrandir! Pas ici… Il pourrait y avoir des oreilles indiscrètes…”

Pourquoi tant de secret? Pourquoi tant de craintes? Depuis de longs siècles les sages de la Cité Blanche avaient disposé d’une liberté académique presque totale et les résidents de l’Université n’avaient pas à se soucier de ce qu’ils pouvaient dire et déclarer. Une telle attitude était pour le moins inattendue. De toute évidence, Horas et ses pairs redoutaient quelque chose, ou quelqu’un.

Manahil reprit son poste à l’entrée du bâtiment alors que le professeur se dirigea vers l’intérieur du bâtiment, Mithrandir et Erelius sur ses talons. Ils traversèrent le grandiose hall de l’Université et s’engouffrèrent dans une porte dérobée près d’une grande statue à l’effigie de l’un des Fondateurs de l’Académie. De toute évidence, ils ne se dirigeaient pas vers les cuisines. L’ouverture donnait sur un étroit couloir dénué de tout apparat qui contrastait grandement avec l’architecture prestigieuse du reste de l’édifice. Les Erudits cherchaient-ils à cacher des choses.

Alors qu’ils avançaient à la lueur des torches disposées sur les murs à nus, Horas jugea qu’ils se trouvaient assez loin des personnes qu’ils craignaient et daigna enfin donner quelques explications à son invité qui devait sûrement être de plus en plus confus.

“Maitre Mithrandir! Beaucoup de choses ont changé depuis que vous vous êtes isolé dans votre Tour. Beaucoup trop de choses ont changé et la sacralité de notre Collège a été bafouée.”


Ils prirent à droite au niveau de l’intersection; Horas savait pertinemment où il allait. L’Université était un bâtiment ancien et seuls les plus sages de ses résidents en connaissaient les moindres recoins et passages.

“Le général Cartogan règne sur la Cité d’une main de fer. Son pouvoir est bien entendu légitime, surtout en ces temps troubles. L’Intendant lui a conféré les pouvoirs militaires et le Haut-Roy ne semble plus intéressé par l’exercice du pouvoir. Les récentes actions du Général ont permis de nettoyer les bas-quartiers des organisations criminelles qui y sévissaient depuis bien trop longtemps et de s’attirer par la même le soutien d’une grande partie de la population. Cependant…”

Il marqua une pause et jeta un regard derrière son épaule, comme pour s’assurer qu’ils n’étaient pas suivis.

“Cependant Cartogan a peur...Nous ignorons encore l’origine de ses craintes, pour ne pas dire de sa paranoïa, mais les causes pourraient être multiples. La mystérieuse armée orientale qui a écrasé la garnison de Cair Andros a fait planer la menace d’un siège de la capitale. Le général en a renforcé les défenses en prévision d’une bataille qui n’est jamais venu... Cela fait des mois que l’on nous prédit la mort mais l’ennemi ne s’est jamais approché du Rammas Echor, certains affirment même qu’ils ont pris la direction du Nord et s’apprêtent à quitter nos frontières. Malheureusement, les informations sont rares et peu précises...Et puis il y a la peste…
-Une peste qui finira par tous nous tuer,
commenta Erelius. L’épidémie a frappé peu après la chute de Cair Andros et s’est insidieusement introduite dans tous les cercles de Minas Tirith.
-Les pouvoirs publics ont bien tenté de réagir mais il était trop tard.
-Ils ont surtout cherché à cacher par tous les moyens la gravité de la situation.  Mais selon mes calculs, les morts se compteront bientôt par milliers si rien n’est fait d’ici là. Les guérisseurs les plus émérites sont en quête d’un remède mais ils vont d’échec en échec. Si mes modèles sont justes, nous allons à la catastrophe, et malheureusement mes chiffres ne mentent jamais.”


Les deux hommes laissèrent quelques secondes à Mithrandir pour digérer cette prodigieuse quantité de mauvaises nouvelles. Les derniers mois avaient été quelque peu agités dans la Cité Blanche.

“Mais ce n’est pas tout…”
Rajouta finalement Horas.

Erelius lança alors un regard réprobateur à son aîné, visiblement furieux que le doyen décide d’en dire plus au visiteur.  Horas rassura immédiatement son confrère:

“Nous pouvons lui faire confiance. Mithrandir a maintes fois œuvré pour le bien de la Cité. Il est un homme sage aux grands pouvoirs...peut-être saura-t-il  quoi faire…”


Le mathématicien se renfrogna; il ne voyait pas quelle légitimité un tel manieur de bâtons aurait à entrer dans la confidence. Mais si telle était la volonté des Erudits.

Ils arrivèrent finalement au bout du couloir et entrèrent dans une aile de l’Université dans laquelle Mithrandir n’avait encore jamais mis les pieds. De beaux tapis pourpres recouvraient le sol et étouffaient le bruit de leurs pas et de beaux chandeliers d’or éclairaient l’endroit. Ici, au contraire du reste du bâtiment, nulle grande fenêtre ne permettait de faire entrer la lumière de l’extérieur. L’existence de lieu était dissimulée aux yeux du monde. De jour comme de nuit, les chandelles se chargeaient de remplacer l’astre solaire. Les chercheurs qui venaient ici ne comptaient pas leurs heures et s’arrachaient à leur routine quotidienne pour apporter leur pierre à l’édifice. Ici, le temps n’avait aucune emprise sur le savoir. Le petit groupe s’arrêta alors un court instant et Horas se tourna vers son invité.

“Maître Mithrandir: Bienvenue à la Société des Chercheurs!”

Les trois sages reprirent leur avancée jusqu’à une porte en bois bien banale mais derrière laquelle se cachait bien des trésors.

“Comme je vous le disais:  il y a autre chose. Autre chose que Cartogan, ainsi que tous les puissants d’Arda, convoitent et craignent à la fois.”


Il glissa alors une clef de fonte dans la serrure et poussa la porte révélant l’intérieur d’un bureau au sein duquel de nombreuses piles de documents obscurs faisaient vaciller les meubles de chêne sur lesquels ils étaient entreposés. Les murs étaient recouverts de larges parchemins remplis de symboles et de signes étranges ainsi que d’une grande carte des Terres du Milieu sur laquelle plusieurs lieux clefs avaient été identifiés.

Horas alla se placer derrière le pupitre, visiblement à la recherche de quelque chose. Tout en fouillant parmi les parchemins, il demanda au mage de la Cité:

“Maître Mithrandir...Tout d’abord que savez-vous de la Missive des Erudits ainsi que de la Fraternité de Yavannamirë?”


#Erelius #Horas #Mithrandir


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Un magicien n'est jamais en retard EmptyMar 9 Mar 2021 - 12:18
Une fois passés par la porte dérobée, les compères se mirent en route d’un pas décidé. Horas ouvrait la marche, son homologue lui emboitait le pas, silencieux comme une ombre, Mithrandir venait derrière. Le couloir par lequel le menaient les Académiciens n’avait rien de très accueillant. Austère, sombre et lugubre, son dénuement contrastait grandement avec le faste du reste des lieux et lui conférait quelque chose de surprenant et d’inquiétant. Son dallage usé témoignait des nombreuses bottes qui l’avaient foulé des années durant. Cependant il ne semblait occuper aucune fonction cérémoniale, c’était un couloir dont la seule fonction n’était que d’être un lieu de passage discret et rapide, une alcôve secrète vers une destination toute aussi inconnue. Où donc se rendaient-ils ?

Etrange…

Alors qu’il contemplait la lueur vacillante des torches qui jalonnaient le chemin, Mithrandir songeait encore à l’éclair de crainte qu’il avait cru saisir dans les yeux d’Horas à la suite de ses interrogations et au regard entendu qu’il avait brièvement échangé avec  son collègue. La réponse du savant et les quelques mots qui avaient suivi, en aparté, avaient été tout aussi déroutants. Aussi craignait-il également que des oreilles indiscrètes ne se soient insinuées dans l’Académie ? Cette pensée avait de quoi faire frémir. Qui donc pourrait avoir assez d’influence et de moyens pour infiltrer les lieux et épier les sages, et dans quel but ? Mithrandir fut soulagé d’avoir écouté son instinct et de ne pas en avoir dit davantage. Mais peut-être en avait-il quand-même trop dit ?

Après quelques minutes de marche effectuées dans un silence monacal, à peine perturbé par le bruissement des pans de robes et le léger martèlement du bâton du magicien sur le sol, ils arrivèrent à un croisement. Le couloir secret semblait donc desservir différents lieux de l’Académie…

Fascinant !

Horas marqua une halte. D’une voix feutrée, il commença son exposé. Quasiment immobiles, ces trois figures figées dans la pénombre en plein conciliabule auraient eu de quoi glacer d’effroi quiconque aurait osé arpenter ce couloir, mais qui donc aurait cette idée saugrenue ? Le doyen de l’Université reprit la marche en empruntant l’ouverture située sur la droite. Il poursuivit son explication, un peu plus haut cette fois, même si ces fréquents regards en arrière témoignaient d’une certaine forme d’inquiétude. L’Université était-elle si peu sûre ? A cette pensée la main droite de Mithrandir se resserra machinalement avec plus de fermeté sur son bâton tandis que la gauche vint se poser sur le pommeau de la dague qu’il portait à la ceinture.

Le général Cartogan règne sur la Cité d’une main de fer. Son pouvoir est bien entendu légitime, surtout en ces temps troubles. L’Intendant lui a conféré les pouvoirs militaires et le Haut-Roy ne semble plus intéressé par l’exercice du pouvoir. Les récentes actions du Général ont permis de nettoyer les bas-quartiers des organisations criminelles qui y sévissaient depuis bien trop longtemps et de s’attirer par la même le soutien d’une grande partie de la population.

Le contexte géopolitique de la Cité avait vraisemblablement subi de profondes transformations, bien plus que le magicien ne l’aurait imaginé. Il ne connaissait que peu Cartogan, l’ayant vaguement croisé lors de ces quelques discrètes escapades vers le Haut de la Cité, mais il voyait d’un mauvais œil la concentration de pouvoirs entre ses mains. Jadis lorsque ni le Roi ni l’Intendant ne dirigeaient, c’est le Conseil du Sceptre et ses différents représentants qui devenaient le centre du pouvoir. Les décisions étaient donc collégiales ce qui permettait d’éviter qu’un seul de ses membres ne s’approprie ou s’empare du pouvoir en lieu et place du Roi. Le Conseil était une sorte de garant de la neutralité du pouvoir. Toute légitime que pouvait être la position de Cartogan, elle n’en était pas moins inquiétante à bien des égards pour Mithrandir.

Il va vraiment falloir que je m’entretienne avec Cartogan et les membres du Conseil, se dit-il tandis qu’Horas jetait un nouveau coup d’œil en arrière. Il me semble étrange que l’Intendant lui ai confié les pleins pouvoirs alors qu’il aurait pu se reposer sur le Conseil. Il faut que je m’assure que le Conseil a toujours un œil sur ce qui se passe, d’autant plus quand on voit la manière dont le Général semble assujettir l’Université.

Il écouta avec attention l’érudit poursuivre ses explications. Mithrandir avait l’impression que les nouvelles s’enchaînaient toutes les unes après les autres telles des coups de massue. Il avait eu vent de certaines rumeurs, mais les entendre ainsi confirmées avait quelque chose d’alarmant. Leur acolyte ouvrit finalement la bouche pour poursuivre les propos  d’Horas. L’épidémie était donc bien plus sérieuse que ce que laissaient penser les informations qu’il avait obtenu… Tandis qu’Horas les précédait de nouveau pour les mener dans une salle un peu moins austère que l’obscure alcôve, le Mage considéra avec gravité celui qu’il devinait être Erelius

Un mathématicien… Il a donc étudié la manière dont se propage l’épidémie ? Je serai curieux de jeter un œil à ses recherches, encore que je doute qu’il goûte l’idée. Il a l’air encore plus méfiant que moi… Est-ce à cause de ses travaux de projection que l’Université semble muselée et contrôlée par Cartogan ou bien est-ce une mesure décidée par l’Assemblée des Erudits pour le protéger ? Si la situation est si grave, le placard que j’ai lu aurait donc bien plus qu’un simple fond de vérité ? Je vais devoir creuser cette affaire…

Mithrandir était encore en proie à toutes les questions que soulevait cette rencontre lorsqu’il pénétra dans ce qui semblait être une salle de recherche. Une fois entré, il salua d’un bref signe de tête les quelques chercheurs qui levèrent la tête à leur arrivée avant de replonger aussitôt dans leurs ouvrages. Le mage ne manqua pas de s’en amuser, voyant ainsi ce à quoi il pouvait ressembler lorsque son fils ou son épouse lui rendaient visite dans sa bibliothèque. Son regard se promena sur les chandeliers, disposés un peu partout, qui parvenaient à arracher des ténèbres cette salle aveugle. L’absence de fenêtres conférait à la pièce une atmosphère étouffante.

Maître Mithrandir : Bienvenue à la Société des Chercheurs !

Bien que le couloir ne lui ai pas donné l’impression de les faire descendre, il avait l’impression d’avoir pénétré dans un étrange souterrain, cette sensation ne fut pas levée lorsqu’il suivit Horas dans le bureau dont il venait d’ouvrir la porte. Le sentiment d’enfermement était ici accentuée par la multitude de feuilles de parchemins qui couvraient les murs et les ouvrages entreposés sur différents meubles. Le tout semblait sur le point de céder. Bien que la bibliothèque de la Tour du Mage ait des points communs avec cette pièce, Mithrandir n’avait jamais vu un amoncellement si conséquent dans un espace tel que celui-ci, c’était tout bonnement prodigieux !

Maître Mithrandir...Tout d’abord que savez-vous de la Missive des Érudits ainsi que de la Fraternité de Yavannamirë ?

Et bien Horas, fit-il le souffle court, si je m’attendais à avoir autant d’informations à digérer en un si bref instant ! La situation est catastrophique. J’ai eu vent de certaines rumeurs, mais ce que vous me racontez là dépasse l’entendement.

Mithrandir s’arrêta, contemplant les différentes cartes sur les murs, passant machinalement la main dans sa barbe, pensif. Avant de reprendre la parole.

Pour être tout à fait honnête, c’est la raison initiale de ma venue. Voyez-vous, il y a quelques années, lorsque je me suis retranché dans ma tour, j’étais en proie à une forme de lassitude mêlée d’inquiétude, sans que je ne m’en explique vraiment la raison. Alors que je me renfermais sur mon cercle proche, je fus sorti de ma torpeur par une visite quelque peu inattendue : une demoiselle désireuse de parfaire ses connaissances en magie. Ce fut comme une renaissance, un vent frais dans une pièce à l’air vicié. Je me sentis soulagé, résolu à lutter et à trouver la raison de mon inquiétude.

Le magicien marqua une pose en jetant un œil à la couverture poussiéreuse d’un livre posé non loin de lui. Puis il reprit, faisant les cent-pas.

Ces dernières années, j’ai donc passé le plus clair de mon temps à parcourir les divers ouvrages de ma bibliothèque et à échanger des messages avec mes amis de différentes régions d’Arda. Mon inquiétude s’étiola peu à peu, non pas que la menace que j’avais senti planer se soit dissipée… Mais, elle me semblait un peu moins inconnue et donc, moins terrifiante.
Et puis, il y a quelques jours, un de mes contacts m’écrivit au sujet de la missive des Érudits. Voilà qu’elle confirmait mes inquiétudes ! J’ai donc redoublé d’effort, mais en vain. Ce n’est que ce matin que j’ai eu une illumination - encore que ce terme soit quelque peu exagéré vu mon temps de réaction - en réalisant que la réponse ne se trouvait peut-être pas dans les livres en ma possession, mais dans ceux des Universitaires. Je me suis donc mis en route vers l’Académie. Mais en chemin j’ai eu de quoi être distrait…
Je n’avais pas mis les pieds dans les rues en pleine journée depuis des années, l’atmosphère est bien différente des allées vivantes et animées que j’ai connues. Arrivé dans le cercle du bas de la Cité je suis tombé sur un placard vous mentionnant Erelius. Et puis comme vous le savez je me suis retrouvé face aux portes closes de l’Université, gardées par des soldats, ce qui a chassé de ma tête la raison principale de ma venue. Que se passe-t-il Horas ?!


Mithrandir s’arrêta, fixant le doyen d’un air grave. Puis il réalisa qu’il n’avait pas totalement répondu à la question de son hôte.

Quant à la Fraternité de Yavannamirë, c’est la première fois que j’en entends parler… Horas, j’ai tant de questions ! Je suis confus, tant au sujet de la situation politique de la Cité, qu’au sujet de cette épidémie. Sans oublier cette menace et ces artefacts...

Il se laissa tomber sur la chaise la plus proche, les yeux toujours fixés sur Horas.
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Un magicien n'est jamais en retard EmptyDim 21 Mar 2021 - 19:04
Le magicien avait passé de bien longues années enfermées dans sa Tour, reclus aux yeux de tous et aveugle aux malheurs de ce monde. Tant de choses avait changé dans la Cité Blanche autrefois glorieuse mais dont le prestige n’avait fait que décliner depuis la funeste défaite d’Assabia et le retrait du Haut-Roy Méphisto des affaires publiques. L’inquiétude était parfaitement lisible sur le visage de Mithrandir qui devait digérer de nombreuses informations. Même les esprits les plus sages semblaient parfois dépasser par les événements qui agitaient les Terres du Milieu.  Horas, servit un verre de tisane brûlante à son invité et s’assit en face de lui. Erelius continuait à nerveusement faire les cents pas dans un coin de la pièce, comme si toute cette discussion représentait une perte de temps pour lui alors que l’urgence les appelait.

Le doyen sirota sa boisson qui lui apporta un peu de réconfort et ses traits ridés se détendirent quelque peu.

“J’entends votre inquiétude Maître Mithrandir et vos questions sont légitimes. Chaque chose en son temps…”

Le professeur adressa un regard en coin à son collègue mais le mathématicien ne les regardait même plus et ne semblait pas disposé à l’aider dans ses explications.

“Si vous êtes venu jusqu’ici en raison de la Missive des Erudits, alors commençons par là. Il y a de cela quelques mois; neuf des plus grands sages de ce monde se sont réuni à Tharbad et ont signé la Missive des Erudits afin d’alerter les royaumes d’Arda sur la résurgence d’objets anciens et puissants à travers le continent. En voici une copie: “

Horas se redressa légèrement et lui tendit alors un parchemin jaune, retranscription manuscrite exacte du document qui avait été scellé en Arnor.

Spoiler:

“Malheureusement, ce document n’a pas forcément eu l’effet escompté. L’appel à la paix et l’unité s’est mué en folle chasse aux trésors entre Rois et Seigneurs. Chacun servant ses propres intérêts et cherchant à mettre la main sur ces artefacts qui pourraient accroître leur pouvoir. Mais les érudits ne sont pas complètement dupes...”

La Missive avait été une tentative désespérée d’unir les différentes bannières derrière une cause commune pour préserver la paix fragile qui était naît des cendres de l’Ordre de la Couronne de Fer. Mais les Sages qui l’avaient signé ne connaissaient que trop bien la faiblesse du cœur des hommes.

“Le Professeur Makiaveel avait tout anticipé et c’est pour cela qu’il a mis sur pied la Société des Chercheurs. Un groupe de savants complètement dévoué à l’identification et la prévention des menaces qui pèsent sur notre monde. Maître Mithrandir, c’est ici que les véritables protecteurs des peuples d’Arda œuvrent.”

Horas semblait particulièrement de ce titre de “défenseurs d’Arda”. Lui et ses pairs ne savaient manier ni l’épée ni l’arc mais ils considéraient leur rôle comme absolument central. L’âge des grandes armées, où le destin se jouait sur les champs de bataille au prix de sacrifices héroïques était révolu. Les Rois étaient devenus plus retors, des nouveaux acteurs non-gouvernementaux puissants avaient émergé et plus que jamais les guerres actuelles étaient d’influence ou commerciales. Dans ce monde de plus en plus opaque, les chevaliers n’étaient plus de grande aide pour défendre la veuve et l’orphelin. Non, il y avait besoin des esprits acérés des érudits des Peuples Libres.

“Et c’est au cours de nos recherches que nous sommes tombés sur des mentions multiples de cette fameuse confrérie: la Fraternité de Yavannamirë. Leurs origines et motivations sont obscures mais ils semblent se réclamer d’une forme de vénération de Yavanna: Reine de la Terre et Mère des Choses qui poussent.”

La mention d’une Valar était chose plutôt inhabituelle dans ces régions où l’histoire de ces êtres divins étaient peu connue et où aucun culte organisé n’était pratiqué au contraire des royaumes orientaux qui servaient leur Dieu Noir: Melkor.

“Ils auraient été particulièrement actif depuis le début du Quatrième Âge avant de se faire beaucoup plus discrets depuis plus de cinquante ans. Dans l’histoire récente, plus aucun document n’en fait mention et ils semblent avoir subitement disparu, ou ils ont cherché à se faire volontairement oublier…”


Tout ceci était sans doute bien intrigant; et l’évocation d’un groupe secret et ancien cherchant à agir dans l’ombre évoquait de très mauvais souvenirs.

“Cependant, selon nos informations, les Frères de Yavannamirë ne représentent pas une vraie menace militaire. Leurs intentions ne semblent pas belliqueuses leurs propos se rapprochent plus de ceux de passionnés que de conquérants. Ils sont pourtant au cœur des enjeux et leur histoire semble étroitement liée à celle des artefacts. En termes simples, et ceci n’est que mon interprétation,  ils étaient un peu comme des collectionneurs et l’analyse de leurs écrits pourraient nous renseigner sur la localisation des reliques qu’ils auraient cherché à protéger. De toute évidence, d’autres personnes aux intentions plus malveillantes sont en quête de ces objets…”

Ce fut ce moment qu’Erelius choisit pour sortir de l’ombre. L’algébriste tenait dans sa main plusieurs fragments de parchemin qu’il avait pris du bureau au fond de la pièce. Il fixa intensément le mage:

“Ces fragments de parchemins ont été retrouvés aux quatre coins du royaume et tout porte à croire qu’ils aient quelque chose en commun. Il est dur de les dater mais nous les pensons assez récent. Quant aux déchirures, on dirait bien que quelqu’un à chercher à s’en débarrasser.”

L’érudit donna les fameux documents à Mithrandir qui pouvait désormais les analyser à sa guise.

Spoiler:

Horas demanda avec une pointe d’excitation dans sa voix.

“Alors? Quelles conclusions pouvez-vous tirer? “


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Un magicien n'est jamais en retard EmptyMar 27 Avr 2021 - 9:33
Alors qu’Horas s’attelait à verser un liquide fumant dans quelques verres disposés sur le bureau qui les séparait, Mithrandir fixa son regard sur le visage du doyen. Il ne l’avait pas noté de prime abord, distrait par le sourire accueillant qu’il avait arboré en se portant à sa rencontre dans le hall de l’Université, mais les traits du vieil homme étaient bien plus tirés que dans son souvenir. Les soucis avaient laissé leur marque sur l’érudit. Le mage, réalisant qu’il fixait son interlocuteur avec sans doute un peu trop d’insistance, se détourna et posa les yeux sur le verre qui l’attendait désormais, s’en saisit et le porta à ses lèvres, ingurgitant une petite gorgée du breuvage encore brûlant. Tandis qu’il réfléchissait, le regard de nouveau dans le vague, il remarqua qu’Erelius n’avait cessé de parcourir la pièce. Le mathématicien avait-il prévu de creuser une tranchée là à force d’allées et venues ?

Etrange bonhomme, encore qu’il doit sans doute se dire la même chose à mon sujet… Se dit-il en réalisant qu’il avait lui aussi commencé à tracer une travée quelques minutes plus tôt…

Mithrandir reporta finalement son attention sur Horas lorsque celui-ci revint sur la Missive des Erudits dont il lui tendit une copie. Après avoir jeté un œil sur les noms des signataires du parchemin, le magicien étudia minutieusement le reste du document. Il constata - non sans une once de fierté mal placée - que les informations qu’il avait reçues quelques mois auparavant, et qui lui avait redonné de l’ardeur dans ses recherches, s’avéraient loin d’être lacunaires. Son contentement fut néanmoins très bref, la situation était donc véritablement des plus inquiétantes, il n’y avait pas lieu de se flatter d’être assez bien informé.

Bougre d’idiot ! s’invectiva-t-il intérieurement

Malheureusement, ce document n’a pas forcément eu l’effet escompté. L’appel à la paix et l’unité s’est mué en folle chasse aux trésors entre Rois et Seigneurs. Chacun servant ses propres intérêts et cherchant à mettre la main sur ces artefacts qui pourraient accroître leur pouvoir. Mais les érudits ne sont pas complètement dupes...

La cupidité et le pouvoir ont toujours plus d’attrait que l’abnégation et le sens du sacrifice, en ça, rien n’a bien changé, c’est à qui aura le plus de titres, de terres, de pouvoirs…Quand je pense à tout ce que nous avons fait pour lutter contre ces querelles intestines stériles ! En vain visiblement…

Après avoir œuvré pendant des années pour l’unité des Peuples, Mithrandir savait à quel point cette tâche pouvait parfois s’avérer aussi ingrate qu’éreintante. Des années durant il s’était échiné en ce sens et avait entraîné d’autres à faire de même, rassemblés dans une guilde qu’il avait fondée. Épaulés par la Confrérie de Giltirnoth, ils avaient réuni toutes les bonnes volontés désireuses d’œuvrer dans l’ombre pour le bien commun. Bien que la guilde ne se soit pas réunie depuis de nombreuses années, ses membres continuaient, chacun de leur côté, à faire ce qu’ils pouvaient pour maintenir la paix et informer les autres des événements importants du vaste monde. C’est de cette façon que le magicien avait eu vent de la Missive des Érudits, un matin, alors qu’un volatile arrivé à la fenêtre de sa bibliothèque l’avait extirpé du manuscrit auquel il s’intéressait.

Horas poursuivit en présentant un peu plus la Société des Chercheurs et la tâche qui était sienne. Avant de s’attarder sur la Fraternité de Yavannamirë dont ils avaient découvert l’existence au cours de leurs investigations.

Nous ne sommes pas de trop à tenter de maintenir la paix et la collaboration entre les Peuples Libres ! J’imagine que la Société des Chercheurs est plus ancienne que la guilde, mais je devrais mettre à disposition notre réseau aux Chercheurs. Si minime qu’elle puisse être, cette aide pourrait peut-être leur être utile… Quant à Yavannamirë, même si cette organisation ne semble pas représenter une menace militaire, et même si les intentions qui la dirigent ne sont pas néfastes, leurs recherches, elles, pourraient s’avérer dangereuses entre des mains mal avisées.

Toujours silencieux, Mithrandir reporta son attention sur les morceaux de parchemins qu’Erelius lui présenta.

Trouvés au quatre coins du Royaume ? Se pourrait-il que l’un des artefacts que cherchait la Fraternité se trouvent au Gondor ?

Il est trop tôt pour tirer des conclusions, du moins à ce stade. Je ne peux que formuler et avancer des hypothèses… Une chose est sûre, la Société des Chercheurs n’a pas chômé ! Si d’une manière ou d’une autre je peux me montrer utile, n’hésitez pas ! J’ai quelques contacts qui pourraient prêter mains fortes, encore que j’imagine que la Société dispose elle aussi de son réseau.

Il marqua une courte pause durant laquelle son regard s’attarda de nouveau sur les fragments que lui avait tendu le mathématicien.

Vous évoquiez les quatre coins du Royaume ? Poursuivit-il en se tournant vers Erelius. J’imagine donc que ces fragments concernent le Gondor et un artefact qui pourrait potentiellement s’y trouver ? Certains termes m’évoquent des idées, mais de là à savoir si elles sont correctes… Par exemple, un fragment mentionne les anciens et le sanctuaire d’un peuple voué à disparaître. Le premier mot qui m’est venu à la lecture de ce passage, c’est Rath Dinen. Les Hommes sont par définition voués à disparaître, pourtant ce fragment pourrait tout autant traiter d’un bastion elfique. Le temps des Elfes est révolu et on pourrait penser que les qualificatifs de plus sages et brillants les désignent. Ce passage pourrait donc aussi bien concerner les uns que les autres. Reste cette mention de ponts à brûler… Un rapport avec Cair Andros peut-être ?

Mithrandir se mit à lire de nouveau les fragments. Après quelques minutes, il continua.

Certains fragments me restent totalement hermétiques… L’un d’eux présente de nombreux noms qui semblent être des noms propres. Blodvatn m’évoquerait une épée, par intuition… La Princesse des Neiges me fait penser à une Montagne… Les majeurs pourraient désigner les Valar, mais il y aurait sans doute eu une majuscule… Quant à ce masque, il ne me dit rien… Comme vous le voyez, je suis bien loin de tirer des conclusions, me voilà piètre chercheur. On dirait que quelqu’un exhorte son disciple à faire ses preuves. Qui sont D et Arya, là aussi, je l’ignore...

Il reposa les morceaux de parchemins sur le bureau situé entre lui et Horas, reprit le verre qui y était posé et le porta une nouvelle fois à ses lèvres.
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Un magicien n'est jamais en retard EmptyJeu 20 Mai 2021 - 20:06


Horas écoutait avec attention les conclusions, hypothèse et réflexions du mage qui lui faisait face. Ce dernier était déjà centenaire mais il n’avait rien perdu de la vigueur de son esprit. L’érudit se montra particulièrement intéressé par l’aide que pouvait représenter le réseau de Mithrandir. La Guilde qu’il avait mise sur pied s’était montrée très discrète ces dernières années après avoir échoué à protéger les Peuples Libres de la montée de l’Ordre de la Couronne de Fer. Ils s’étaient d’ailleurs montrés muet sur la question des artefacts, qui représentait pourtant un sujet central à leur mission, si bien que de nombreux dignitaires avaient conclu que cette organisation appartenait désormais à un passé révolu. Pourtant ses membres étaient encore bel et bien en vie et leur aide pouvait se révéler hautement précieuse.  La proposition du mage était pour le moins alléchante et le chercheur s’empressa de l’accepter avec joie.

“C’est avec grand plaisir que nous acceptons l’aide de votre Guilde. La Société des Chercheurs a pour but le regroupement des plus grands esprits dans ce monde œuvrant ensemble à la préservation de la paix. L’intégration des membres de la guilde en notre sein me semble bien possible en effet. Je suis persuadé que nombre de vos illustres contacts pourraient se révéler précieux dans cette quête qui est la nôtre. Cependant…”

Il marqua une pause en se passant la main sur son crâne dégarni. Avant d’embarquer Mithrandir et les siens dans cette histoire, il lui fallait bien se montrer le plus transparent possible avec lui sur les risques qui étaient encourus.

“Cependant… il faudra faire très attention. La puissance des artefacts fait tourner de nombreuses têtes autrefois nobles et bien intentionnés. Si d’aventure, des hommes de pouvoirs se trouvent dans vos contacts, assurez-vous de leur réel objectif avant de les intégrer à notre mission. Les gens de confiance se font de plus en plus rares et les puissants de ce monde ne désirent plus que mettre la main sur ces reliques pour accroître leur pouvoir personnel et assouvir leurs ambitions. Il nous faut être prudent Maître Mithrandir...Oui, très prudent…”

S’intéressant à nouveau aux fragments de parchemin que son invité avait eu le loisir d’analyser à sa guise.  Horas reprit sur un ton moins péremptoire.

“Vos hypothèses sont intéressantes et certaines d’entre elles recoupent également nos suppositions. Le langage utilisé est pour le moins hermétique mais nous pouvons aisément assumer que tous ces lieux et expressions font référence à des artefacts ancestraux. Blodvatn pourrait effectivement faire référence à une arme qui serait enfermée dans les glaces du Nord. La mention des majeurs au côté de celles des “Druwidan” fait sans doute référence aux peuplades en Enedwaith qui vénèrent un panthéon animalier. Quant à la mention d’Id-Ursu Gabilgathol… il nous faudrait fouiller dans d’anciens manuscrits de la Bibliothèque relatant la bataille de Nirnaeth Arnoediad, c’est le seul épisode connu de l’utilisation de tels masques par les légions du Roi Azaghâl face aux Grands Dragons mais les détails m’échappent. Quant à ce fameux D…. Il est de toute évidence l’auteur de cette lettre.”


Il se tourna alors vers Erelius qui semblait disposer d’information supplémentaires. Le mathématicien se rapprocha alors de ses deux aînés et daigna enfin intégrer la conversation.

“ Ce D.; nul ne sait à quoi il ressemble, ni ses intentions précises. Mais selon nos informations, son envie de mettre la main sur ces anciennes reliques est claire et il ne compte pas le faire seul. La lettre ressemble à une sorte d’invitation, de test pour rejoindre “son équipe” si je puis dire ainsi. Mais le mystère reste entier. Nous ignorons à qui ce message a pu être envoyé et pourquoi quiconque rejoindrait cet individu…”

Horas reprit alors la parole pour compléter les dires de son pair.

“Si les artefacts venaient à tomber entre de mauvaises mains...alors les Terres du Milieu pourraient bien se retrouver plongées dans une nouvelle guerre.”

Le vieillard marqua une courte pause, comme pour ajouter un effet dramatique à sa dernière phrase.

“Pourtant, à l’heure où je vous parle, tout ceci n’est pas le sujet principal de préoccupations des habitants de la Cité Blanche… Erelius? “


L’heure de la démonstration était venue pour le plus jeune des érudits. Il se dirigea en direction d’un tableau en ardoise poussiéreux qui traînait dans un coin de la pièce, craie à la main.

“Comme vous le savez sûrement les citoyens de Minas Tirith craignent tous pour leur vie. L’armée de ce peuple mystérieux ayant fait tomber Cair Andros a fait planer la menace d’un siège de la capitale, raison invoquée par ce sacré Cartogan pour renforcer sa politique sécuritaire, appeler des renforts et, après un certain temps, confiner entièrement la ville et purger la cité de ses criminels avec l’aide des services de l’Arbre Blanc. Les Griffes d’Ammoth, la Ligue des Ombres et le réseau d’esclavagistes des bas-fonds en ont tous fait les frais.  Jusque-là, tous les choix du général semblent plutôt cohérents. Seulement, en creusant un peu la question, on se rend rapidement compte que quelque chose ne tourne pas rond.”

Tout excité par son récit, Erelius dessina grossièrement une sorte de triangle stylisé censé représenter la grande ville du Gondor. Il l’entoura d’une représentation des champs du Pelennor et de l’Anduin. Un peu plus loin, Osgiliath et Cair Andros. Tout en griffonnant sur son support avec des crissements désagréables, il expliquait:

“L’armée des envahisseurs ne s’est jamais approché de la Cité Blanche et selon nos informations, ils auraient même bifurqué vers le Nord-Ouest, bien loin de chez nous. Pourtant les portes de la cité sont demeurées closes. Car un ennemi bien plus pernicieux s’est glissé entre les remparts du Rammas Echor: la peste.”

Horas, dont les connaissances en biologie et médecine dépassaient celle de son ancien élève, prit momentanément le relais.

“Cependant cette peste-là est d’un genre qui nous était inconnue. D’où les suspicions que nous portons à l’égard des envahisseurs Orientaux qui auraient pu infecter, volontairement ou non , le cours de l’Anduin. La maladie provoque une fièvre intense et des douleurs insoutenables qui mènent presque dans tous les cas à une mort certaine. Mais les autorités ont immédiatement cherché à rassurer en affirmant que l’épidémie était sous contrôle et les rares malades isolés
-Mais non, poursuivit Horas, la Société des Chercheurs a voulu en savoir plus mais s’est heurté à une censure pure et simple des pouvoirs militaires. Mais avec l’aide de quelques oreilles et regards “avisés”, nous avons réussi à estimer plus ou moins le nombre de corps amenés à la morgue chaque jour. Pas un décompte précis, les chariots étaient recouverts de draps et la morgue impossible d’accès mais une estimation. Un chariot le premier jour d’observation, deux dès la deuxième semaine et ce n’est allé qu’en augmentant.”

Il traça alors une sorte de graphique et une courbe qui commençait par monter lentement avant de progressivement devenir une ligne complètement verticale qui semblait vouloir toucher le ciel.

“Progression exponentielle des victimes. Si le point de non-retour est atteint, c’est la population entière qui sera décimée.
-Et où donc se situe ce fameux point? “demanda Horas d’une voix inquiète.

Erelius marqua d’une croix l’endroit où la courbe se redressait franchement pour devenir vertical.

“Ici.
-Et où en sommes-nous?
-Selon mes projections statistiques le fameux seuil de non-retour devrait être atteint d’ici une semaine tout au plus si nous n’arrivons pas à inverser la tendance immédiatement.”


Avec un petit sourire satisfait d’avoir épaté son petit auditoire, Erelius se servit un grand verre de vin qu’il commença à siroter tranquillement. Visiblement la perspective de voir la cité s’effondrer totalement ne pouvait pas entamer son plaisir purement didactique des modèles mathématiques qu’il avait manié avec succès.  Horas, qui n’avait visiblement pas été mis au courant de tous ses détails auparavant, était au bord de la crise de panique.

“Maître Mithrandir… je vous en prie. Vous êtes un Grand Mage, le sang des Eldar coule dans vos veines. Vous partagez la vie d’une Première Née. Je sais quel peut être le pouvoir de leur peuple, leurs remèdes et médecines n’ont aucun équivalent… L’avenir de la Cité Blanche se joue désormais; vous en avez été l’emblème, le défenseur, le gardien…”

Le vieil érudit, qui s’était montré si flegmatique et mesuré depuis leur rencontre implorait désormais son invité. Erelius observait la scène d’un air curieux, le sourcil légèrement relevé.

“Maître Mithrandir...Pouvez-vous sauver les citoyens de Minas Tirith du Mal qui les frappe?”


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Mithrandir
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Un magicien n'est jamais en retard EmptyMar 16 Nov 2021 - 15:35
Après avoir exposé ses suppositions au sujet des fragments que lui avait présentés l’érudit, Mithrandir porta de nouveau son verre à ses lèvres. Silencieux, le mage ne laissa pas paraître le tumulte qui s’agitait dans son crâne où les mots qu’il venait de lire continuaient à résonner, étranges échos de ses réflexions.

Blodvatn, brûler les ponts, Druwidan, le masque d’Id-Ursu Gabilgathol, Arya… Quel sens peuvent bien avoir ces termes ? Je n’y comprends rien alors que la réponse se trouve peut-être sous nos yeux !

Il se contenta d’observer le même silence attentif qu’Horas avait eu la délicatesse d’adopter lorsque le sorcier avait déroulé le fil de ses hypothèses : il était agréable d’avoir le loisir d’exposer ses conjectures sans souffrir la moindre coupure. En règle générale, c'est ce qui lui permettait de ne pas avoir l’esprit parasité par ses propres pensées. Cependant l’exercice s’avera plus difficile qu’à l’accoutumée tant le mystère était épais. Il parvint néanmoins à s’extirper de ses analyses pour écouter Horas qui venait de reprendre la parole.

“C’est avec grand plaisir que nous acceptons l’aide de votre Guilde. La Société des Chercheurs a pour but le regroupement des plus grands esprits dans ce monde œuvrant ensemble à la préservation de la paix. L’intégration des membres de la guilde en notre sein me semble bien possible en effet. Je suis persuadé que nombre de vos illustres contacts pourraient se révéler précieux dans cette quête qui est la nôtre. Cependant…”

Cependant ?
Un sourcil se dressa, bien malgré lui, sur le front de Mithrandir, quand il entendit la réserve d’Horas. Il se tut néanmoins et attendit la suite.

“Cependant… il faudra faire très attention. La puissance des artefacts fait tourner de nombreuses têtes autrefois nobles et bien intentionnés. Si d’aventure, des hommes de pouvoirs se trouvent dans vos contacts, assurez-vous de leur réel objectif avant de les intégrer à notre mission. Les gens de confiance se font de plus en plus rares et les puissants de ce monde ne désirent plus que mettre la main sur ces reliques pour accroître leur pouvoir personnel et assouvir leurs ambitions. Il nous faut être prudent Maître Mithrandir...Oui, très prudent…”

L’embarras d’Horas était compréhensible. Il n’était pas aisé d’accepter une aide, tout en exprimant ses doutes et inquiétudes, sans risquer de paraître impoli. Mais il avait raison : la prudence était de mise. Bien que Mithrandir ait totalement confiance en ses contacts, il reconnut en son fort intérieur qu’il n’avait pas vu certains des membres de la Guilde depuis des années. Beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts, et même si c’est l’intérêt des Peuples Libres qui primait pour tous, il était tout à fait possible que certains aient des lectures différentes des récents événements malgré tout. Ces artefacts n’étaient pas de vulgaires babioles et on ignorait encore leurs pouvoirs et leurs travers éventuels. Mithrandir hocha la tête en adressant un sourire entendu au vieil homme avant que celui-ci ne reporte son attention sur les fragments de parchemin qu’ils avaient étudiés.

Horas reprit donc les hypothèses soulevées précédemment et y apporta l’éclairage de la Société des Chercheurs. Il fut même rejoint par Erelius, au grand étonnement du mage qui se montra aussi attentif qu’il l’avait été jusqu’à présent, continuant à boire de temps à autre le breuvage, désormais tiède, qui lui avait été offert. Malgré les précisions apportées par les deux hommes, l’énigme du parchemin semblait s’épaissir plus qu’elle ne semblait se résoudre. C’était à la fois inquiétant et passionnant !

“Si les artefacts venaient à tomber entre de mauvaises mains...alors les Terres du Milieu pourraient bien se retrouver plongées dans une nouvelle guerre.”

L’engouement du Mage de la Cité retomba instantanément. Il ne s’agissait nullement d’un jeu. Une ombre passa sur le visage d’Horas et le temps sembla se stopper tandis que les trois hommes se dévisageaient, la mine grave, par-dessus la table recouverte de parchemins.

“Pourtant, à l’heure où je vous parle, tout ceci n’est pas le sujet principal de préoccupations des habitants de la Cité Blanche… Erelius? “

Avide d’en savoir plus, Mithrandir s’avança sur son fauteuil

On en vient donc à ce qui était mentionné dans ce placard d’Hugin l’Avisé ! Comme si un mal n’était pas suffisant !

Il observa Erelius commencer sa démonstration, posté à côté d’un tableau noir, lui-même situé dans un coin de la pièce, éclairé par quelques torches et bougies disposées ça et là. Le sage semblait tout aussi excité que l’avait été Mithrandir face à l’énigme du parchemin en morceaux, ce qui ne manqua pas de le faire sourire intérieurement. Tous deux n’étaient peut-être pas si différents, bien que les statistiques parlent sans doute autant au mage que la magie à l’académicien… Les mains du savant parcouraient la surface noire de l’ardoise avec moults crissements de craies, mais aucun des membres de son auditoire n’y prêta attention, tout absorbés qu’ils étaient par le récit d’Erelius.

Se peut-il vraiment que les Orientaux aient contaminé l’Anduin ? Et s’ils sont effectivement à l’origine du mal qui frappe la Cité, est-ce volontaire ? Quelle infamie ! Lors d’une bataille les assaillis ont au moins la possibilité de se défendre, mais là… Encore une chose à tirer au clair... Je vais devoir envoyer quelques corbeaux pour tenter d’en apprendre plus.

Les deux érudits continuèrent à détailler les événements pendant que le mage songeait aux actions qu’il lui faudrait mener pour tâcher de mieux comprendre la situation. Ils en vinrent alors à parler des actions du général. Plus ils avançaient, plus les sourcils de Mithrandir se froncaient, entre incompréhension et agacement.

Que fiche donc Cartogan ? En quoi les recherches de la Société le dérangent-il ? Établir l’origine de l’épidémie et ses effets concrets permettrait d’en savoir plus et d’être plus armé pour lutter contre elle ! Qu’il cache l’ampleur du problème au peuple pour éviter un mouvement de panique c’est une chose, mais il aurait pu œuvrer avec l’Académie plutôt que de la museler de la sorte ! Et pourquoi n’ai-je pas été mis au courant ? J’ai beau m’être retiré dans ma tour, il m’arrive de me rendre dans le Haut de la Cité et d’y envoyer des missives !

Plus Erelius avançait dans son exposé des faits, plus le teint d’Horas blêmissait, Mithrandir réalisa alors qu’il découvrait, lui aussi, les conclusions de son comparse et l’ampleur du danger qui guettait la Cité Blanche. Puis le couperet tomba. Un constat glaçant : d’ici une semaine si rien ne s’arrangeait, tous seraient condamnés. De stupeur, le magicien lâcha son verre, tandis qu’Horas saisissait son bras, implorant à l'aide. Le verre s'écrasa au sol, répandant ses fragments un peu partout dans la pièce. Mais personne n’y prêta attention tandis que l’érudit continuait sa supplique sous le regard, étonnamment calme de son collègue qui sirotait sa propre boisson.

Comment peut-il être détaché à ce point ?! Aurait-il déjà une solution ?

Le calme revint aussi vite qu’il n’avait été troublé par l’incident. Un calme lourd, pesant, rendant l’atmosphère étrangement épaisse. Puis Mithrandir se leva, sans un mot. Il évita de poser ses yeux sur Horas et se baissa pour ramasser les restes de son verre. Il saisit les plus proches, de gestes lents et mesurés et attira d’un signe de main les autres qui firent le chemin inverse à celui qu’ils avaient emprunté après leur chute. Une fois les éclats de verre rassemblés, il les posa en un petit tas sur le bureau. Il s’assit de nouveau et se tourna vers Horas.

Je ne me doutais pas de la gravité de la situation… Je ne m’attendais certainement pas à ça en me rendant ici… Je ne sais que faire Horas. Je peux envoyer des messages aux membres de la Guilde en quête d’informations et de pistes, mais les réponses risquent de s’avérer trop tardives. Peut-être qu’avec l’aide de mon épouse je serai en mesure d’aider certains malades. Mais j’ignore si je serai en mesure de faire quoique ce soit, d’autant plus si Cartogan bloque quiconque essaye d’en savoir plus. Si nous n’avons pas accès aux malades nous sommes démunis, à moins d’opérer sous couvert, mais j’ai cru comprendre qu’il ne faisait pas bon d’adopter la discrétion dans certains quartiers, sous peine de paraître suspect et de se heurter à la milice. Nous pourrions aussi chercher des traces de contagion de l’eau. J’ai longtemps connu un alchimiste qui m’a enseigné quelques rudiments de sa science.

Il lanca rapidement un coup d'œil à Erelius, s’attendant à le voir réagir à l’utilisation du mot science pour désigner l’alchimie, avant de reprendre.

Dans tous les cas nous manquons cruellement de temps, Erelius, auriez-vous une idée de la façon de retarder cette échéance ? Ou d’une source d’eau qu’il serait intéressant d’analyser ? A moins qu’il ne me soit nécessaire de confronter Cartogan ?

Cette pensée n’avait rien de bien plaisant. Bien que les agissements du général et la concentration du pouvoir entre ses seules mains ne soit pas trop à son goût, il n’était guère prudent de confronter un homme de sa stature, encore moins en période de crise. Il pouvait tenter de lui faire entendre raison, mais quelque chose lui disait qu’il risquait fort de se heurter à la roideur et l’intransigeance du militaire. Mais l’urgence de la situation prévalait sur ces quelques mesures de prudence.
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Un magicien n'est jamais en retard EmptyLun 25 Avr 2022 - 18:11

Face à la réaction de Mithrandir et ses requêtes multiples qui n’indiquait rien d’autre que son manque de solutions, Erelius ne put retenir un petit rire. Le grand Mage de Minas Tirith, Maître de la Guilde et protecteur de la Cité Blanche n’avait pas la moindre idée de ce qu’il faisait, et eux, petits universitaires, espéraient pouvoir sauver le destin d’une ville dores et déjà condamnée au chaos?

Le mathématicien ne tirait aucun plaisir du drame qui allait se jouer dans les rues de sa ville mais voir ainsi sorciers et rois se cassaient les dents sur des problèmes qu’il avait anticipé avait quelque chose de presque satisfaisant pour son esprit retors et génial.


“Maître Mithrandir. Vous ne comprenez donc pas…nul ne pourra faire entendre raison à Cartogan. Il est reclus dans son palais, pris d’une panaroïa le poussant à purger chaque recoins de la ville. A peine aurions nous levé la main pour toquer à sa porte et annoncer calmement l’apocalypse, que ses sbires nous auront bien vite jetés en prison…”

Quelque peu agacé par l’attitude désinvolte et défaitiste de son collègue Horas évalua les options qui leur restait.

“Nous avons transmis les informations que nous avons sur cette peste à l’Académie de Médecine. Ils travaillent actuellement sur de possibles remèdes mais sans succès probants pour le moment…Je suis certain que le savoir elfique de votre épouse pourra être d’une utilité capitale pour sauver des centaines de vies. Je vais ordonner que l’on vous transmette les données que nous avons à votre Tour…”

Erelius, qui s’était efforcé d’adopter une mine grave suite à regard réprobateur de Horas, reprit alors.

“Il est trop tard pour “retarder ce phénomène” comme vous le dites. Le taux de reproduction est bien au delà de ce que les autorités peuvent contrôler et la dynamique est enclanchée. La seule chose que nous pouvons faire est de limiter les dégâts en prenant en soin les malades comme il se doit tout en identifiant la source du mal pour, imaginons le, endiguer l’épidémie. Je ne suis pas biologiste mais toutes nos informations concordent pour dire que l’infection nous est arrivée par le biais de corps jetés dans l’Anduin. S’il y a des eaux à analyser ce serait au niveau des caniveaux situées à l’entrée du mur de Minas Tirith…Si avec l’aide de votre magie vous parvenez à lire entre les gouttes et isoler l’agent infectieux alors peut-être serons nous en mesure de fabriquer un remède… Je dis bien peut-être….”

Alors qu’il continuait à débattre de la marche à suivre, la porte du bureau s’ouvrit à la volée laissant appraître la silhouette paniquée du jeune étudiant Manahil qui avait accueilli Mithrandir au sein de l’Académie un petit peu plus tôt. Son visage était blême et son souffle court, comme s’il venait de croiser la route d’un dragon.

“Maître Horas, Maître Horas! Des émeutes éclatent dans toute la ville. Les manifestants s’en prennent à la garde et réclament la tête de Cartogan! Il se murmure même que la découverte de centaine de cadavres morts de la maladie ont lancé une vraie révolte. C’est le chaos.”

Le chaos….

A l’entente de ce terme, Horas ferma les yeux quelques secondes. Depuis ses jeunes années, son peuple n’avait que trop côtoyé ce chaos et à l’heure où enfin ils pensaient avoir atteint un semblant de paix et de sécurité, que ce fléau revenait les poignarder dans le dos. Il se tourna vers Mithrandir d’un air solennel:

“Tous ces évènements sont en train de mener notre peuple à la ruine. Cartogan en qui j’avait placé tant d’espoir ne pourra tenir bien plus longtemps si la vindicte gagne encore en vigueur. Minas Tirith a besoin d’un guide, d’un ancien symbole capable d’unifier derrière lui. Vous pouvez incarner cela Maître Mithrandir. Revenez au-devant de la scène et faites entendre raison à votre peuple. Mais pour y parvenir il vous faut venir avec une solution pour endiguer l’épidémie…”

Erelius s’approcha du mage et lui posa une main sur l’épaule. Cette fois-ci, toute forme de désinvolture avait quitté son regard sombre.

Quoique vous choisissiez Mitrhandir, le temps presse. Si vous pensez être en mesure d’isoler le mal qui tue les nôtres et fabriquer un remède alors suivez moi. Je connais un chemin jusqu’aux égoûts que les gardes auront tôt fait d’abandonner pour mater la révolte.”


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