Evart Praven
Trésorier Royal du Gondor
Nombre de messages : 312
Age : 31
Localisation : Minas Tirith
Rôle : Trésorier Royal du Gondor
~ GRIMOIRE ~
 -: Humain
 -: 21 ans
 -:
 |  Sam 15 Mai 2021 - 22:32 | | Pour beaucoup de gondoriens, passer le Poros s’était déjà se retrouver dans une contrée bizarre et lointaine. Plus ou moins vassal du Roi Mephisto, le Harondor était pourtant une terre parfaitement étrangère aux mœurs dégénérées de sûderons ainsi qu’à la langue gutturale et incompréhensible. Se retrouver à dresser le camp sous les scintillements des astres célestes au milieu des plaines d’herbes sèches était encore plus inquiétant pour la plupart des soldats. Nombre d’entre eux avaient participé à la campagne d’Assabia, quant aux autres, ils en avaient suffisamment entendu parler. Ceux qui en avaient le souvenir se rappelaient des longues marches sous le soleil harassant du désert, étouffé par les lourdes armures de métal mais aussi ce siège interminable où ils manquaient de nourriture et d’eau. Traumatisés par ce sanglant échec, tous espéraient que leur expédition ne connaitrait pas le même sort. Cela pesait lourdement sur la confiance de l’armée en elle-même et il avait fallu toute la volonté du Général Cartogan pour redonner un semblant d’unité aux troupes du Roi. Il avait éloigné pléthore d’officiers, essentiellement les moins loyaux et compétents, et recruté de nouveaux soldats. Ces jeunes conscrits compensaient leur manque d’expérience par une dévotion et une loyauté sans faille. Heureusement qu’il restait quelques vieux briscards pour encadrer tout ça.
Le plus grave, c’était que, depuis Assabia, les troubles s’étaient multipliés dans les régions limitrophes du Harad. Ils étaient loin les temps glorieux où le nom même du Roi suffisait à apporter la paix et la soumission. Désormais les pirates d’Umbar et les bandits du Harad lançaient des expéditions dans le Harondor jusqu’à prendre la riche cité et forteresse de Dur’Zork. La capitale du Harondor tombé, les barbares du Sud avaient poussé l’outrecuidance jusqu’à couronner un second émir pour le Harondor : Taorin l’Usurpateur. Heureusement, on avait profité de sa venue à Minas Tirith pour le jeter dans une geôle sombre et humide, comme le méritait n’importe quel bandit de grand chemin. En attendant, ses petites aventures personnelles avaient plongé le Harondor dans bien des troubles. Dans les temps anciens, les harondrims respectaient l’autorité naturelle et légitime du Gondor pour le bien tous. Le puissant royaume respectait les libertés locales mais assurait la paix avec les voisins pour la prospérité et la quiétude de tous. Aujourd’hui, les plus fidèles des autochtones le faisaient par intérêt et encore avec mauvaise grâce et apathie. Les plus déloyaux complotaient ouvertement pour couper les ponts avec le grand voisin, si ce n’était pas pire. Les rues de Minas Tirith bruissaient de rumeurs, on parlait de bandes de sauvages harondrims qui attaquaient les domaines et les nobles.
Le soleil était sur le point de se coucher quand le chevalier d’Aygeon arrêta l’expédition gondorienne. Quelques semaines auparavant, les hautes autorités militaires avaient décidé d’envoyer des renforts au Harondor. Plusieurs compagnies d’infanterie et quelques escadrons de cavaliers s’étaient ébranlé en direction de Djafa. Au début, ils avaient traversé les belles plaines de l’Anduin avant d’arriver dans les collines harondrim et leurs paysages de garrigue. Peu à peu, leurs terres et leurs maisons s’éloignaient. Rapidement le camp prit forme, des tentes étaient montés alors que les soldats organisaient un rempart de chariots et des murets de palissades. Une fois leur dur labeur effectué, ils purent attaquer le repas : une sorte de gruau tiède accompagné de viande salée. Sous les lueurs du feu de camp, les hommes discutaient à bâtons rompus :
- Je me demande bien ce qu’on vient foutre ici.
- C’est clair. Y’a du rififi dans le Nord en plus.
- Et vous chef ? Vous savez pourquoi on est de retour dans le Sud ?
Face à l’impossibilité de conclure, les soldats s’étaient naturellement tournés vers leur chef. Tant par son expérience que par sa capacité de meneurs d’hommes, Dalérion avait acquis une grande aura auprès de ses hommes. La plupart des jeunes conscrits espéraient apprendre beaucoup du vieux chevalier. Peut-être pourrait il apporter un peu de sens là où eux n’en trouvaient pas… Ainsi la discussion s’engagea pendant quelques minutes jusqu’à l’arrivée d’un jeune page qui faisait aussi office d’ordonnance. Le garçon devait avoir au plus une quinzaine d’années et apprenait encore le métier des armes. D’une voix légèrement aigue sous de longs cheveux bouclés, il déclara cérémonieusement :
- Messire Dalérion, le chevalier d’Aygeon vous demande.
Lentement, les deux hommes traversèrent le camp. Même pour un cantonnement provisoire, l’armée gondorienne essayait de faire les choses proprement, les tentes étaient alignées, les latrines avaient été creusés un peu plus loin et leur petit monde s’organisait. La plupart des soldats finissait de manger avant de prendre une nuit de sommeil bien mérité, ils avaient une longue journée de marche. Quelques vigies épiaient les alentours. Au centre, leur étendard trônait fièrement à proximité de la tente de leur chef. Lorsqu’il entra dans cette dernière, Dalérion put constater qu’Aygeon n’avait pas tout à fait renoncé au confort, les tapis de laine ouvragée de Dol Amroth en disputait aux pièces d’orfèvrerie de Minas Tirith. Assis à une lourde table de chêne, le chevalier achevait son demi-poulet quand il accueillit le caporal :
- Messire Dalérion, approchez je vous prie. J’aurais une mission un peu délicate à vous confier. Nous allons passer d’ici quelques jours sur les terres du seigneur Nesrin. C’est un homme influent dans la région, évitons de nous le mettre à dos. Je souhaite vous charger d’aller négocier avec lui un droit de passage sur ses terres ainsi que, éventuellement, l’achat de provisions. Est-ce que vous avez des questions ?  |
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