Ólfr avait toujours eu une grande admiration pour les métiers du peuple, s'intéressant à des domaines fort éloignés les uns des autres. Les bergers et éleveurs rohirrims ne faisaient pas exception. Eux qui, des mois durant, avaient fait paître leurs bêtes dans les prairies d'Azanulbizar pour échapper à la chaleur et à la sécheresse estivales des plaines du Riddermark, rentraient à présent au pays pour y passer l'hiver dans des conditions plus propices que la vallée des Rigoles Sombres et ses rudes rafales. Ils redescendaient dans les bergeries de l'Ouestemnet et de l'Estemnet qui leur assurerait chaleur et abri pour la mauvaise saison.
Mais cette belle caravane comptait quelques têtes de plus que celle qui était montée au nord, car l'ambassadeur de la Moria avait décidé de prendre son poney et d'aller avec Eorl et ses gens, accompagné de quelques-uns de ses suivants. Il avait un message, ou plutôt une requête, à faire passer aux autorités rohirrimes.
- Pensez-vous que votre demande sera acceptée ? lui demanda Eorl tandis qu'ils chevauchaient.
Eorl était le meneur de l'estive et un homme intelligent qu'Ólfr avait appris à apprécier. Il avait été jusqu'à lui parler de la demande qu'il comptait faire, ne voyant pas vraiment d'inconvénient à ce qu'il soit au courant, quoi qu'il lui enjoignit de tenir sa langue et de ne point divulguer l'information.
- Je l'ignore, nous verrons bien... Mais nous pouvons en tirer de grands avantages mutuels.Les troupeaux de brebis et de chèvres avaient passé à gué le Celebrant et la Nimrodel avant d'évoluer dans la plaine séparant la Lórien de Fangorn, les deux forêts qui avaient fait tourner l'imagination et nourri les contes des Rohirrim pendant des siècles. Ils ne s'approchèrent guère de leurs lisières mais continuèrent plutôt en direction de la Limeclair qu'ils traversèrent également pour arriver dans la Marche de l'Est, où la plus grande partie du cheptel rejoignit les bergeries tandis que le restant continua sa route en direction de l'Ouest, notamment vers la ville agricole d'Erian.
Eorl continua néanmoins d'accompagner l'ambassadeur de la Moria et sa suite, car il souhaitait lui aussi gagner Edoras pour faire un compte-rendu détaillé de l'estive aux autorités. Cela arrangeait bien Ólfr car, l'estive s'étant déroulée à merveille et ayant été d'une grande aide aux bergers et éleveurs du Rohan, sa requête serait d'autant mieux accueillie. Ils continuèrent donc leur route vers le sud, se rapprochant toujours davantage des Montagnes Blanches qui leur faisaient face. Ils arrivèrent devant les portes d'Edoras le lendemain en fin de matinée.
- Qui êtes-vous et que venez-vous faire à Edoras ? demanda le garde en faction sur un ton assez sec qui trahissait une certaine anxiété.
Il n'était guère habituel de voir un petit groupe de Nains demander à entrer dans la capitale.
- Ils sont avec moi, déclara Eorl en se portant au-devant d'eux.
Il s'agit là de l'ambassadeur Ólfr de Khazad-dûm et de ses gens.Le visage du garde s'illumina quelque peu à la mention du Khazad-dûm, dont une compagnie leur avait prêté main forte lors de la bataille d'Aldburg. Il les laissa passer tandis que l'un de ses collègues montait au pas de course annoncer l'arrivée inattendue de cet hôte de marque au Château d'Or.