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 [Chapitre 1] Une chose si fragile

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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[Chapitre 1] Une chose si fragile EmptyDim 6 Oct 2024 - 17:06
La nuit était déjà fort avancée. Quelques corbeaux observaient les environs avec curiosité, percevant sans doute que la mort ne tarderait pas à emboîter le bas de cette immense horde qui paissait tranquillement dans les plaines du Riddermark, pour l’heure.

Ils profitaient d’un repos bien mérité, après leur fuite effrénée de ces derniers mois. Les hommes soignaient leurs blessures, tandis qu’on avait célébré deux accouchements qui s’étaient déroulés à merveille. Les Trois Sœurs avaient tour à tour béni les enfants, leur promettant un avenir radieux, et un destin héroïque.

Le premier avait été appelé Kaara.

Un honneur indescriptible pour le vénérable chef du peuple des Quatre Fleuves, qui l’avait pourtant empêché de dormir ces derniers temps. Était-il digne d’une telle marque de respect ? Avait-il guidé son peuple de la meilleure des manières, alors que tant de voix semblaient remettre en cause ses décisions ? Son fol espoir de paix avait galopé vers l’Ouest sous la forme d’un cavalier solitaire, rescapé d’une bataille aussi sanglante qu’inutile… Mais depuis, rien.

Rien, sinon le silence et la grogne des autres chefs qui réclamaient qui la reprise de la marche en avant, qui l’envoi d’une délégation vers la capitale du Rohan pour y négocier une paix fructueuse pour les deux peuples. On s’était beaucoup disputé à ce sujet, dans les premiers jours. Puis on avait cessé d’en parler, dans l’attente d’une décision.

Kaara était patient. Il avait choisi d’attendre.

Attendre jusqu’au retour des hommes envoyés pour s’enquérir de l’avancée des négociations. Neuf des meilleurs pisteurs de tout le Nurn, qui avaient appris à dompter les chevaux pris à l’ennemi, et formaient la première cavalerie nurnienne de l’histoire. Et cette cavalerie était fièrement commandée par son presque-fils, Threvedir. Dès leur retour, il fut convenu que les chefs devaient se rassembler et délibérer. Il y avait évidemment Adaira et Alaric, ce dernier représentant assurément la faction la plus belliqueuse à laquelle était opposé Kaara, mais Rokko était absent. Lui et ses hommes avaient choisi de prendre un autre chemin.

Le vieux chef embrassa son presque-fils, soulagé de le voir revenir en vie, sain et sauf.

- Threvedir, que les Valar soient loués, te voilà revenu parmi nous en pleine santé !

- Je suis là, et par la grâce la grâce des Puissances, j’ai pu accomplir la mission qui m’avait été confiée.

On se tut pour l’écouter.

Il fit d’abord le récit de son voyage dans les terres du Rohan, et de tout ce qu’il y avait vu. De vastes plaines, qui semblaient fertiles et capables d’accueillir tout leur peuple. Des hommes et des femmes effrayés, fuyant devant leur progression en abandonnant leurs fermes et leurs champs, sans même avoir le courage de les défendre jusqu’à la mort. Une armée désorganisée, mais néanmoins dangereuse, qui semblait manquer de discipline et d’organisation.

- C’est l’opportunité parfaite pour frapper ! Lança Alaric. Profitons de leur désorganisation pour nous emparer de ces terres qui nous reviennent de droit, au nom de tout ce que le Royaume Réunifié a promis à nos ancêtres. Prenons par la force dès demain ce qu’ils refusent de nous donner aujourd’hui.

- Patience, Alaric. Patience… Threvedir, as-tu des nouvelles du messager ? Que disent les gens du Rohan de notre proposition ?

Le visage du cavalier se fit soudainement très sombre. Il semblait ne pas vouloir décevoir Kaara, mais dans le même temps se refusait à lui mentir, sous aucun prétexte. Il prit la parole d’une voix plus hésitante :

- Nous avons pisté le messager… Ou plutôt, les messagers, car nous avons rapidement repéré plusieurs traces de sabots. Sans doute d’autres survivants de la bataille, mis en déroute par nos preux guerriers. Nous nous sommes approchés aussi près que nous le pouvions de leurs grandes cités, mais hélas, père… Ce n’est point la paix que nous avons vu…

- Explique.

- Une armée a semblé quitter la grande cité du Rohan, en direction de l’Ouest. D’autres hommes sont partis, quelques heures plus tard, dans toutes les directions possibles… sauf la nôtre. Nous avons veillé, nous avons attendu… Mais nulle délégation ne s’est formée pour venir à notre rencontre. Les gens du Rohan se préparent à la guerre, il n’est plus permis d’en douter aujourd’hui. Leurs forces se regroupent, leurs cités se fortifient. Je crains que l’affrontement soit inévitable : le roi du Rohan ne semble pas disposé à entendre nos demandes, et à nous envoyer une ambassade.

Les autres chefs secouèrent la tête. Alaric lui-même n’en revenait pas de l’outrecuidance du roi du Riddermark. Il voulait la guerre, naturellement, mais il aurait pensé qu’il chercherait tout de même à négocier avec les envahisseurs… Un tel mépris pour les Nurniens était un affront qu’ils ne pouvaient tolérer :

- C’en est assez, Kaara. Tu as entendu Threvedir, tu vois désormais que la guerre est la seule issue. Les hommes du Rohan sont en train de lever des régiments dans tout le royaume pour nous arrêter. Devons-nous vraiment attendre qu’ils aient érigé une armée si nombreuse qu’elle pourrait nous repousser jusqu’aux contreforts de l’Ephel Duath, avant de reprendre notre longue marche ?

La dernière carte de Kaara venait de s’envoler.

Il sentait presque le poids de l’avenir peser sur ses vieilles épaules. La guerre. Était-ce là le destin du peuple des Nurniens ? Devaient-ils réellement éradiquer les hommes de la marche du Rohan pour trouver enfin une place en ce monde ? Le vieil homme ne le croyait pas, et il ne le croirait jamais. Mais s’il voulait préserver une chance d’obtenir un jour une paix pour le peuple des Quatre Fleuves, il devait accepter la défaite, et se plier à la volonté des siens.

- Alors ce sera la guerre, souffla-t-il, résigné. Faites passer le mot. Nous partons dès demain.

Ils hochèrent la tête avec enthousiasme, mais réaffirmèrent par ce simple geste qu’ils reconnaissaient encore à Kaara son rôle de chef. Il n’avait pas tout perdu.

- Nous avons besoin de vivres si nous voulons pouvoir poursuivre notre progression. Nous devons envoyer des hommes plus loin encore, récupérer tout ce qui est possible pour nourrir nos familles. Du reste, si le Rohan se prépare à la guerre, nous ne devons pas les laisser s’organiser. Tant qu’ils sont dispersés, ils sont vulnérables. Nous enverrons un détachement de nos meilleurs guerriers pour exploiter cela. Ils connaissent mes ordres. Vous aussi, désormais. Allez.

Alaric et Adaira quittèrent la pièce sans attendre. Leur vision venait de l’emporter dans cette affaire, et ils avaient astucieusement profité de l’absence de Rokko, notoirement plus pacifiste, pour imposer leur vision de cette campagne. Threvedir était sur le point de quitter la tente, mais Kaara l’arrêta d’une parole.

- Oui, père ?

- Je ne sais pas qui fera partie de notre détachement. Alaric y placera sans doute ses hommes les plus violents. Assure-toi que Klea les accompagne. Sa présence maintiendra peut-être l’espoir.

- L’espoir, père ?

Le vieil homme ne répondit pas. La concorde était une chose trop fragile pour qu’il osât même l’exposer aux oreilles de son presque-fils.


_________________
#Kaara #Threvedir #Adaira #Alaric


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[Chapitre 1] Une chose si fragile EmptyLun 28 Oct 2024 - 12:28
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Threvedir avait trouvé Klea assoupie, au milieu de la nuit noire.

Il n’avait pas apprécié de devoir la déranger au beau milieu d’un sommeil qu’il savait difficile à trouver ces temps-ci. Parmi leur peuple, nombreux étaient ceux qui ressentaient le mal du pays, et qui regrettaient de ne plus se sentir entourés par la silhouette des montagnes… Ces vastes plaines les inquiétaient, leur donnaient l’impression que le danger pouvait survenir de toutes parts. C’était particulièrement le cas pour ceux qui avaient des enfants. Klea était de ceux-là.

Il avait murmuré doucement son nom, en espérant ne pas réveiller son fils qui semblait être agité par de mauvais rêves à en juger par les plaintes qu’il laissait échapper à intervalle régulier. Un mal que d’autres familles connaissaient, ici. Threvedir avait dû insister quelque peu, à l’extérieur de la tente, avant de se résoudre à en soulever un pan pour la secouer délicatement.

Une lame posée sur sa gorge l’accueillit aussi froidement que le regard cinglant qui était posé sur lui. Encore embrumée par ses songes, Klea le regardait sans le reconnaître.

- La paix, murmura-t-il. La paix. C’est moi… Threvedir…

Elle ouvrit de grands yeux étonnés, et s’excusa à voix très basse, avant de lui faire signe qu’elle arrivait.

Il sortit, gêné.

La jeune femme l’imita bientôt, ayant refermé une épaisse pelisse qu’elle resserrait autour d’elle de ses bras croisés. Elle avait chaussé à la hâte des bottes de cuir qui avaient vu de meilleurs jours. Non sans étouffer un bâillement, elle lui demanda ce qui valait d’être dérangée à cette heure tardive, mais il l’invita à faire quelques pas pour s’éloigner d’éventuelles oreilles indiscrètes.


Les rayons de la lune leur permettaient de se repérer sans grande difficulté, et maintenant que les nuages étaient passés, il la voyait mieux. Elle avait des traits beaux et apaisants qui n’avaient jamais manqué de l’attirer, même alors qu’ils n’étaient que des adolescents essayant de construire leur vie dans les plaines du Nurn. Ils avaient grandi en empruntant des chemins différents, elle s’était mariée, avait eu un fils… Mais la tendresse qu’il éprouvait à son égard n’avait jamais vraiment disparue. Elle s’était seulement muée en autre chose : une amitié presque fraternelle, qui le poussait à se montrer très protecteur vis-à-vis d’elle.

- Pardonne-moi encore de t’avoir réveillée… Fit-il. Je sais à quel point ces derniers temps ont pu être difficiles pour toi, et si j’avais pu faire autrement, crois-moi, je l’aurais fait.

- Ne t’inquiète pas pour moi, répondit-elle simplement. Je suis mère, je peux survivre à une nuit tronquée.

Ils partagèrent un sourire fugace. Cependant, le silence de Klea incita Threvedir à lui confier la véritable raison de cette entrevue nocturne.

- Je quitte à peine une réunion avec les chefs. La situation a évolué. Nous reprenons la marche demain. Les hommes du Rohan n’ont pas voulu négocier avec nous, et nous nous dirigeons vers la guerre, hélas…

Elle l’écoutait sans mot dire. Ses yeux parlaient là où ses lèvres ne bougeaient pas. L’inquiétude maternelle le disputait à la résolution et à la détermination d’une véritable fille des Quatre Fleuves. Comme tous les siens, elle ferait face à ce que les Valar dresseraient sur sa route. Elle triompherait, ou mourrait en essayant.

- Cependant, ce n’est pas pour ça que je tenais à te parler… Une mission t’a été confiée par Kaara lui-même. Les chefs ont décidé d’envoyer une avant-garde pour ouvrir la voie, récolter des informations, et nous aider à localiser ce dont nous pourrions avoir besoin. Vivres. Places sûres. Alliés… quoique nous n’ayons pas encore croisé quiconque prêt à nous aider en ces terres maudites. Kaara veut que tu les accompagnes. Il craint ce que les hommes d’Alaric pourraient faire…

- Il croit encore que les gens du Rohan voudront faire la paix ?

- Pas toi ?

Elle hésita.

Lorsqu’ils étaient partis, elle avait cru dans les paroles du vieux chef… Elle avait cru les promesses d’un monde meilleur, d’un avenir plus radieux pour les leurs, qui ne pouvait être pire que celui promis par les plaines de Nurn et de l’infâme Mordor. Elle avait cru dans la voie pacifique, dans la raison qui devait forcément animer les Hommes de l’Ouest et leur faire prendre conscience qu’ils devaient s’asseoir à la table des négociations. Mais depuis qu’ils étaient partis, qu’avaient-ils connu sinon la guerre et la violence ? Combien des leurs étaient tombés parce que le roi du Gondor et ses suppôts n’avaient pas daigné poser un regard humain sur leurs frères ? Les hommes du Rohan, qui semblaient n’avoir pas acquis davantage de sagesse que leurs voisins, méritaient-ils mieux que le sort réservé à la forteresse de Cair Andros ?

Méritaient-ils réellement d’être épargnés, alors qu’ils ne souhaitaient pas rendre ce qu’ils devaient ?

- Je crois… commença-t-elle prudemment. Je crois que la position de Kaara est sage et juste. Je crois que la paix est un noble objectif, et que nous devons tendre de toutes nos forces vers cela. Cependant… il faut être deux pour la faire, et si le Rohan veut la guerre autant que les hommes d’Alaric, devons-nous la leur refuser ? Nous sommes hélas habitués à nous battre : devrions-nous oublier des siècles de nos traditions guerrières pour quémander ce qui nous devient de droit ?

- Je ne te savais pas si belliciste, Klea.

Elle le regarda en coin, avec dureté.

- J’ai un fils, Threvedir. Le Gondor lui a-t-il ouvert ses portes pour lui prodiguer les soins dont il a cruellement besoin ? Le Rohan le fera-t-il ? C’est sa vie qui m’importe, et l’avenir qu’il pourrait avoir ici. Me demandes-tu d’attendre de voir si l’opportunité se présente de le sauver du mal qui le ronge ? Me demandes-tu de retenir mon bras si c’est un homme du Rohan qui détient le remède ?

- Oui, souffla Threvedir en retour. Je te le demande, au nom de tout le peuple des Quatre Fleuves… La guerre nous apportera sans doute de précieux succès, qui donneront l’illusion que nous sommes sur la bonne voie. Mais après ? Pourrons-nous survivre dans ce monde en n’étant que les brutes qu’ils voient déjà sans doute en nous ? Ce remède pourrait se trouver à portée de main, c’est vrai, mais il pourrait aussi se trouver dans l’esprit de celui dont tu prendras la vie. Retenir son bras, c’est préserver l’espoir…

Klea leva les yeux au ciel. Ils étaient embués de larmes.

- D’espoir, je n’en ai plus guère…

Elle marqua une pause, lourde de sens, avant de revenir à son interlocuteur qui semblait peiné. D’une voix douce, qui semblait avoir retrouvé une certaine chaleur, elle conclut :

- Malgré tout, je tiendrai compte de tes paroles, Threvedir. Si Kaara le demande, je ferai de mon mieux. Mais le caillou peut-il réellement arrêter le cours du fleuve ?


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