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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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Fragments EmptyMar 29 Oct 2024 - 19:30
Quatre jours de traque.

Elle n’aurait pas cru les Dunlendings si persistants… ni même capables de donner la chasse à leur groupe lancé au galop pour rejoindre la sécurité des rives orientales de l’Isen. Les cavaliers de Wulf avaient sauté sur l’occasion pour les traquer, déterminés à prouver à leurs frères que les chevaux ne servaient pas seulement aux sacrifices.

Quatre jours de poursuite, au cours desquels ils avaient dû éviter les villages dunlendings pour ne pas donner d’indication à leurs ennemis, et donc se priver du confort relatif qu’offraient les habitants de ces régions hostiles. Ils avaient dû plusieurs fois dormir en selle pour ne pas ralentir l’allure outre mesure, et cette épreuve avait mis leurs nerfs à rude épreuve.

Une demi-douzaine d’hommes avaient déserté, purement et simplement.

Disparus un beau matin, dans une autre direction, pour essayer de se donner de meilleures chances. La chef du groupe leur en avait su gré. Ces marchands véreux qui ne pensaient qu’à eux et à leurs profits potentiels ne se rendaient pas compte qu’ils divisaient leurs poursuivants, et facilitaient donc la fuite du groupe le plus large.

Au quatrième jour, ils avaient finalement aperçu la silhouette serpentine du fleuve.

La promesse du salut.

C’était au petit trot qu’ils avaient approché du fleuve, relâchant involontairement leur vigilance à mesure que la sécurité du Rohan leur tendait les bras. Ils n’auraient jamais pensé que leurs poursuivants pouvaient avoir trouvé d’improbables alliés chez les peuples qui vivaient dans les environs. Une erreur qui devait leur coûter cher…

Erkenwald fut le premier à les repérer, et il força la compagnie à s’immobiliser. Les hommes n’étaient plus qu’une dizaine, exténués et guère assez bien équipés pour affronter la quarantaine de Dunlendings qui bloquait actuellement les gués de l’Isen. Armés de lourds javelots, parfaits pour abattre des cavaliers de loin, ils venaient eux aussi de repérer l’arrivée du petit groupe, et se déployaient pour prendre une position défensive et leur barrer l’accès au Rohan.

- Pas de panique ! Cria Erkenwald. Pas de panique ! Il nous reste du temps pour trouver une solution.

- Avec les autres sur nos talons ? Lança ironiquement un des cavaliers. Nous avons déjà perdu toute perspective de nouer un accord avec ces sauvages, devons-nous maintenant leur céder nos vies ?

Les hommes s’agitaient. Aucune parole rassurante ne parvenait pas à maintenir le calme dans les rangs, mais ils savaient tous que la cohésion était leur meilleure chance de survivre. S’ils se séparaient maintenant, ils risquaient tout simplement d’errer dans les plaines du Dunland jusqu’à ce que la mort les cueillît, d’une manière ou d’une autre.

- Mademoiselle Tallenbär… Essaya Erkenwald. Que pensez-vous ?

Fragments Mo10

Elle regardait le lointain en silence, sans paraître inquiète outre mesure de la situation. Sa respiration était calme, comme si cette affaire devait se résoudre sans violence. Le marchand du Rohan insista légèrement, craignant qu’elle ne l’eût pas entendu :

- Mademoiselle ?

Elle sursauta, et revint à lui brusquement.

- Tout va bien… Je vais bien…

Elle déposa quelque chose dans sa poche, et raffermit sa prise sur les rênes de sa monture. L’index de sa main gauche pointa en direction du Nord.

- Les neiges des Monts Brumeux n’ont pas encore totalement fondu. Les gués de l’Isen permettent de traverser facilement le fleuve, mais il existe d’autres passages, plus près de l’Isengard, par lesquels nous pouvons passer. Allons, et ne désespérons pas ! L’aide que nous attendons finira bien par arriver.

Les hommes la regardèrent, partagés entre la confiance qu’ils lui accordaient, et une certaine inquiétude quant à la dangerosité de son plan. En effet, remonter le long de l’Isen sur cette rive risquait de les amener dans un entonnoir dont ils ne pourraient sortir aisément. Si les cavaliers qui les poursuivaient les rattrapaient, ils se retrouveraient bloqués, ou contraints à une traversée périlleuse du fleuve.

Elle n’attendit pas de connaître leur décision pour lancer sa monture dans un galop allongé en direction des montagnes. Ce rythme avait l’avantage de mettre en difficulté les fantassins qui gardaient les gués et qui voudraient peut-être les suivre, tout en ménageant largement leurs montures déjà éprouvées.

- Vers le Nord ! Cria Erkenwald pour donner du courage à ceux qui hésitaient, avant de s’élancer lui-même.

Vers la liberté, ou la mort.

Il n’avait aucun moyen de le savoir.

#Monelle #Erkenwald


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Fragments EmptyMar 26 Nov 2024 - 20:37
Fragments Mo10

Les cavaliers qui avaient surgi dans leur dos avaient l’air tout aussi épuisés qu’ils l’étaient. Ces longues journées passées à courir après des ombres avaient eu raison de leur volonté et de leur ardeur initiales. Ils avaient désormais la mine basse, le front soucieux, et les yeux enfoncés dans leurs orbites. Pourtant, magiquement, toute trace de leurs soucis semblèrent s’évanouir lorsqu’ils posèrent les yeux sur leurs proies.

Erkenwald eut une moue atterrée en voyant leur chef faire de grands signes pour haranguer ses compagnons, et lancer ses chevaux à leurs trousses. Il tourna la tête dans l’autre direction, et avisa les fantassins qui gardaient les gués de l’Isen, qui essayaient de ne pas se laisser distancer outre mesure. Ils savaient sans doute qu’ils ne rattraperaient jamais des cavaliers lancés au galop, même léger, mais s’ils pouvaient les rattraper au moment où ils franchissaient le fleuve… Alors leurs javelots feraient merveille, et ils n’auraient à abattre comme des lapins les fuyards incapables de se défaire des griffes de l’Isen.

Le Rohirrim qui menait la compagnie de marchands encouragea ses compagnons :

- Allez ! Allez ! Encore un effort !

Ils forcèrent l’allure quelque peu.

Les montures étaient épuisées, les hommes aussi. Mais la perspective de la mort qui les talonnait leur donnait ce petit sursaut d’énergie dont ils avaient besoin. Le sol s’élevait en pente douce à mesure qu’ils approchaient des contreforts des Monts Brumeux, parsemé de rochers épars qui les obligeaient parfois à de longs détours pour trouver un chemin sûr et praticable. Les pentes devinrent des collines, et bientôt les collines devinrent des buttes escarpées qui mettaient les organismes de leurs montures à rude épreuve. Ils montaient parfois en se penchant en avant pour ne pas se laisser déséquilibrer, avant de redescendre quelques dizaines de mètres plus loin en s’allongeant presque sur la croupe pour compenser la raideur de la descente, alors qu’ils essayaient de ne pas s’éloigner du fleuve.

Erkenwald avait les yeux rivés sur l’Isen.

Il y cherchait une porte de sortie.

Une issue.

N’importe quelle inflexion dans le cours du fleuve, n’importe quelle coloration anormale de l’eau qui aurait pu lui indiquer un banc de sable suffisamment haut pour leur permettre de traverser. Ils n’avaient pas le temps de mener leurs chevaux dans l’eau pour tester sa profondeur… Toute tentative se devrait d’être la bonne, sans quoi elle risquait d’être la dernière.

Erkenwald ralentit quelque peu. Il croyait avoir vu quelque chose…

- Continuez ! Cria une voix dans son dos. Plus loin encore !

- Mademoiselle Tallenbär, vous êtes sûre que… ?

- Sûre ! Continuez !

Ils continuèrent.

Cette fois, Erkenwald avançait à l’aveugle. Il n’était plus certain de rien, et attendait simplement que la jeune femme qui le suivait décidât que le moment était venu pour eux. Il n’avait aucune raison particulière de lui faire confiance, sinon qu’elle leur avait sauvé la vie en les aidant à échapper à la folie furieuse des Dunlendings, et qu’elle avait réussi à les guider sains et saufs jusqu’ici. Il s’était rangé à son avis de longer l’Isen… il était logique de lui laisser le commandement encore une fois. En espérant qu’elle n’avait pas épuisé la bonne fortune qui l’avait aidée à faire les bons choix jusqu’ici.

- Là !

Il se retourna, puis suivit du regard l’endroit qu’elle lui indiquait. Il ne vit que de l’eau, et un courant aussi fort qu’ailleurs. Mais la femme aux cheveux blonds n’attendit pas d’avoir son assentiment, et engagea sa monture en travers du fleuve qui déferlait vers le Sud. Pendant un instant, il crut qu’elle allait mourir de sa folie. L’eau monta lui immédiatement aux genoux, puis aux cuisses, et son cheval ralentit de manière anormale, incertain sur ses jambes. Le sable devait se dérober sous ses sabots, et il chancela un instant, à la recherche d’un appui plus sûr.

Elle s’efforça de rester calme, lui murmura quelques paroles à l’oreille, et au bout d’un combat qui dura une longue minute, elle finit émerger de l’autre côté des flots, trempée et grelottante, mais bel et bien vivante.

- Venez ! Nous y sommes presque !

Erkenwald laissa échapper un soupir de soulagement, puis s’engagea à son tour. La morsure de l’eau glacée était infiniment plus douce que celle de l’acier, et il serra les dents en s’efforçant de ne pas déstabiliser sa monture avec un mouvement brusque.

Ils furent sept à passer, l’un après l’autre.

Sept qui parvinrent à sauver leur vie, alors que les trois derniers étaient rattrapés par les Dunlendings enragés qui les taillèrent en pièces. Il n’y eut pas de quartier. Pas de pitié. La mort s’abattit sur les malheureux qui moururent dans d’atroces souffrances. De l’autre côté du fleuve, les cavaliers observaient la scène avec consternation. Une telle violence n’avait rien d’humain.

- Allons nous-en ! Fit Erkenwald alors que leurs ennemis achevaient leur œuvre sinistre.

Les premiers commençaient déjà à s’élancer à leurs trousses en empruntant le même passage, poussant des cris de guerre destinés à les effrayer.

- Mademoiselle Tallenbär, nous ne pouvons pas rester !

Elle leva la main pour l’interrompre. Ses yeux fixaient le fleuve et les Dunlendings aux prises avec le courant. Pendant un instant, il crut qu’elle allait révéler quelque sortilège, et transformer les eaux impétueuses en une arme mortelle pour détruire leurs ennemis. Elle n’en fit rien, et se contenta de lui répondre doucement :

- Ils sont là. Nous sommes sauvés.

Dans leur dos, en effet, une masse sombre approchait à pleine vitesse. Des silhouettes en armures, montées sur de puissants destriers aux muscles saillants, qui galopaient vers l’Isen en rangs serrés. Des lances aux lames effilées accrochaient la lumière tombante du soleil, jetant des éclats brillants comme la promesse d’une juste fureur. Et dans le vent qui soufflait sur les plaines du Riddermark, s’agitait un oriflamme reconnaissable entre mille.

Un cheval blanc sur fond sinople.

L’étendard du Rohan.

Les renforts venaient d’arriver.


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