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 Concours d'Automne - Et si... ?

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Sirion Ibn Lahad
Intendant d'Arnor - Comte d'Amon Araf
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Sirion Ibn Lahad

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Concours d'Automne - Et si... ? EmptyMar 12 Nov 2024 - 11:15
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Nouveau Concours !
'Et si ... ?'


Concours d'Automne - Et si... ? Illu-concours-What-if-OCF

Like a Star @ heaven Contexte :

Et si l'Ordre de la Couronne de Fer l'avait emporté sur les Peuples Libres ?

Vieille-Tombe, Juillet de l'an 300 du QA.
Bien que vaillants et braves, les Passeurs d'Etoiles et leurs alliés sont vaincus par l'Orchâl et l'Ordre de la Couronne de Fer. Décimés et affaiblis, ils sont impuissants lorsque l'Ordre finit par prendre l'ascendant en Terre du Milieu.
Imaginez à quoi pourrait ressembler le monde dans ce contexte.


Like a Star @ heaven But du jeu :

Écrivez un RP dans cette Terre du Milieu alternative post-OCF où les Peuples Libres ont cédé devant la menace de l'Ordre. Vous êtes libre d'incarner n'importe quel PJ ou PNJ du forum et de les y faire évoluer comme bon vous semble.

Like a Star @ heaven D'accord, mais l'Ordre de la Couronne de Fer, je ne connais pas. Comment en savoir plus sur cette ancienne trame du forum ?

Vous trouverez ci-dessous un récapitulatif concis ainsi qu'un extrait de la Chronologie du Quatrième Âge retraçant tous les évènements liés à l'Ordre de la Couronne de Fer.

Citation :
L'Ordre de la Couronne de Fer était une organisation secrète qui dans les années 299-301 a constitué une des plus grandes menaces du Quatrième Age pour les Peuples Libres. Dirigé par le mystérieux Orchâl, qui s'était avéré être l'esprit d'un être ancien nommé Arzazath ayant pris le contrôle d'une jeune fille nommée Kallista, l'Ordre rongeait les royaumes de l'intérieur avec une série de complots, assauts surprises et assassinats, dont ceux des héritiers du Gondor et de l'Arnor. A son apogée, l'OCF avait sous son contrôle complet la plupart du royaume du Rohan (le roi Hogorwen en faisant partie), Fondcombe, Pelargir, Dol Guldur et Vieille-Tombe. Les principaux adversaires de la Couronne de Fer étaient les Passeurs d'Etoiles, un petit groupe de héros secrètement dédiés à une lutte inégale, comprenant notamment Sirion Ibn-Lahad, Gallen Mortensen, Etelion et Erco Skaline. Après une série d'affrontements mémorables dont l'embuscade dans la mine abandonnée, le combat dans les ruines de Dol Guldur et le siège d'Aldburg, les Passeurs des Etoiles et leurs alliés ont réussi à découvrir la cachette de l'Ordre et vaincre l'Orchâl, en libérant Kallista et Chaytann, le jeune fils du roi Méphisto.

Les guerriers d'élite de la Couronne de Fer étaient surnommés 'les Pies' pour leurs uniformes noirs et blancs. Le symbole de l'OCF était la couronne de Morgoth. Les membres redoutables de l'Ordre de la Couronne de Fer étaient, entre autres, #Lammath , #Warin, #Balthazar et #Hogorwen .

Apprenez-en plus sur l'Ordre de la Couronne de Fer dans le numéro spécial du White City Herald. . Les événements de la Chronologie liés à l'OCF se trouvent ici:

Spoiler:


Like a Star @ heaven Critères de vote du jury :

- L'ambiance : dans ce Et si ... ? le monde voit l'Ordre sortir vainqueur de sa lutte face aux Passeurs d'Étoiles et leurs alliés. À quoi aurait alors pu ressembler la Terre du Milieu ? Des royaumes ravagés par le chaos ? Une stabilité étonnante ? Un monde pas si différent ? Une nouvelle guerre ? Un âge d'or ? Ou bien encore autre chose ?
- Le style : soyez unique et original(e) - Utilisation de l'IA interdite
- L'incarnation : vous êtes libre de faire apparaître n'importe quel personnage du forum (PJ ou PNJ, vivant ou mort), alors imprégnez vous de ces personnages, cela n'en rendra le résultat que meilleur.
- Les références : le lore de Bienvenue à Minas Tirith est dense et complexe, les personnages et leur passé également. N'hésitez pas à vous appuyer sur ces choses afin de rendre plus crédible votre RP.

Like a Star @ heaven Règles sur la forme et le fond :

- Votre participation sera sous la forme d'un seul RP (un message) posté à la suite de celui-ci.
- La longueur du RP est laissée libre
- Votre RP peut se dérouler en l'an 300 juste après la victoire de l'OCF mais bien plus tard également, 1 an après, 5 ou même 10 ans.

Like a Star @ heaven Inspiration :

- Si vous avez du mal à imaginer une situation, voici quelques pistes de réflexion :

> Sans héritiers, veuf et ayant perdu l'un de ses précieux bras droits, comment le roi Aldarion va-t-il s'en sortir en Arnor ?
> Le seigneur Warin reviendrait-il en Gondor pour tenter de s'emparer de la couronne ?
> Qui parmi les Passeurs et leurs compagnons partis pour Vieille-Tombe auraient survécu ? Quel aurait été leur destin ?
> Les Elfes auraient-ils fini par agir ? (Rustor, Angrod, Arminas, ...)
> Est-ce que Lyra et le Rhûn auraient officiellement pris partie ? Une offensive orientale vers le Gondor ou le Rohan aurait-elle été ordonnée ?
> La Compagnie du Sud se serait-elle mise à négocier avec l'Ordre ?
> Une nouvelle forme de résistance voit-elle le jour au sein des peuples libres ?
> Des rois deviennent des fugitifs recherchés dans toute la terre du milieu...
> ... et bien plus encore !


Like a Star @ heaven Derniers détails :

- Votre création n'a pas à tenir compte des créations des autres participants, chaque participation est indépendante.
- Les membres du jury se réservent le droit de participer eux aussi au concours. Notez toutefois que leur participation comptera "pour du beurre", 100% plaisir.
- Le concours est ouvert jusqu'au SAMEDI 30 NOVEMBRE 23h59 !
- Une question ? Un doute ? Vous pouvez poser vos questions directement sur le serveur Discord ou par MP.
- N'hésitez pas à en discuter sur la chatbox du Discord mais prenez garde à ne pas trop dévoiler de vos idées Wink Concours d'Automne - Et si... ? 4174339721
- Le jury est constitué de Evart Praven, Gallen Mortensen et Sirion Ibn Lahad.

À VOUS DE JOUER !

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Kryss Ganaël
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Concours d'Automne - Et si... ? EmptyJeu 14 Nov 2024 - 23:25

Beaucoup racontaient d’Imladris qu’elle fut la plus grande victoire de l’Ordre de la Couronne de Fer. Une lutte héroïque pour faire triompher l’ordre, préserver les connaissances du peuple des Terres du Milieu, apporter la paix et la prospérité à tous. Ceux-là n’avaient probablement pas pris part à cette bataille sanguinaire qui s’était vue affronter les légions de l’OCF contre les elfes et leurs mercenaires. Une lutte inégale où le désespoir avait soulevé son épée longue plus de fois que son courage. De ce combat, de ce contrat, Elen ne se souvenait que de sa défaite écrasante.
Avant le salut. Avant de « voir » enfin.
Mais toute absolution avait un prix à payer.

Elle se souvenait s’être effondrée sous la lame d’un elfe portant une tenue de noir et de blanc. Mae Govannen, l’avait-il accueilli de son épée, visant directement sa gorge. Malgré sa blessure à sa hanche elle l’avait évité mais déjà l’étau se refermait sur elle. Le prix de sa propre vie qu’elle avait signé avec son sang en bas d’une page qu’elle ne pouvait même pas lire. Ils avaient lutté un long moment au milieu du chaos et elle se souvint avoir été éblouie par sa prouesse, son agilité qui déviait avec aisance la brutalité de son épée longue. Deux ignorants qui ne se connaissaient pas. Mais bientôt, bientôt la lame de l’elfe mordit son visage, entaillant profondément sa chair de son sourcil jusqu’à sa pommette, tuant à jamais la vue de son œil gauche. Un ignorant seulement, finalement. L’arme de l’adversaire se nicha ensuite entre ses côtes, lui soutirant un hoquet de surprise.
La femme des terres du Nord s’écroula sur une pile de cadavres qui avait perdu toutes couleurs, toute appartenance, âmes en dérive pour les cavernes de Mandos.


***

Les heures et les jours se fondirent en un tourbillon monochrome et ses brefs moments de lucidité ne lui permirent pas d’abord d’appréhender son environnement. Le lourd bandage en travers son visage n’aidait en rien. Elle reçut bribes d’informations dans cet espace qui semblait faire résonner chaque éclat de voix même infime. Cependant son tortionnaire ne l’avait pas oublié et ses « adaneth » accompagnaient chacune de ses visites. Son ton, cependant ne se réchauffa guère malgré l’état affaibli de la mercenaire. Et sa voix dont il tira des cris jusqu’à l’en briser, à arracher des sons qui parurent inhumains tant la souffrance retransmise glaçait le sang de ceux qui entendaient. Encore et encore, apportant un goût de sang dans sa bouche. Tout…toutes les maigres informations qu’elle possédait, elle lui livra. Chaque soupir articulé de la bouche de la jeune femme était recueilli avec gratitude, avant qu’il ne lui offre une gorgée d’eau, un baume pour ses blessures.

Qu’il était étrange de constater la dualité de cet elfe qui prenait un soin tendre à lui essuyer le sang de ses mains dont il avait éclaté les phalanges une à une un instant auparavant. La douceur d’une caresse dans sa longue chevelure blonde, après qu’il lui ait appliqué un tison rougeoyant sur sa cuisse. Elle avait appris à attendre son retour autant qu’à le redouter. Car seulement en sa présence le temps semblait prendre une signification, un sens. Elle attendait une délivrance, qu’importe la forme fut-ce t-elle une mise à mort ou une libération. Ou qu’on l’oublie tout bonnement et la laisse se faner telle l’adaneth qu’elle était pour lui.

Il arrivait, par ses mots et ses mains cruelles, à tout lui faire avouer, autant que son contraire. Il l’éduquait, pour la rendre belle et libre lui disait-il et elle finit par le croire. Dans chaque fibre de son être. D’interpréter dans ce regard froid une lueur d’encouragement. De se convaincre que ses supplices s’espaçaient de plus en plus. Que ces gestes affectueux avaient une sincérité qu’ils ne possédaient pas avant. Qu’il changeait tout autant qu’elle. Et bientôt, assuré de son allégeance à son nouveau maître, la mercenaire des terres du Nord était prête à prouver ses compétences. Elle se souvint de ce jour car alors il lui avait retiré son bandage et lui avait dit qu’elle était toujours une belle fleur, pour une femme mortelle, et lui avait remis entre ses mains cicatrisées l’épée longue de son père. Une larme avait roulé de son œil valide en signe de gratitude. Car il l’avait sauvé. Sauvé de cette fosse commune qu’était devenue les plaines autour d’Imladris et avait passé de longs mois à la visiter et la soigner. A lui montrer qu’elle pouvait être tellement plus. Tellement plus qu’une mercenaire d’un clan terrassé. Elle pouvait appartenir. Lui appartenir, ainsi qu’à L’Ordre.


***

Combien d’années avaient passées depuis ? Une poignée… l’Ordre avait respecté toutes ses promesses et la prospérité et la stabilité était revenue sur les Terres du Milieu. Daugon le lui avait expliqué lors de leurs entrevues. Une nouvelle ère avait débuté et Elen, bien qu’honteuse d’avoir osé lever l’épée contre son sauveur, réparait ses erreurs du passé avec une loyauté exemplaire qui lui valut au bout de deux années le port d’une cape sombre et d’épaulettes marquant son rang de Caporal d’un détachement de lefnui en charge des patrouilles dans la région du Rhudaur. Sa haute stature et son apparence peu commune faisait généralement forte impression auprès de la population. Elle était plus grande que la majorité des femmes et dépassait régulièrement les hommes également. Son œil bleu placide tranchait vivement avec celui grisé qui fixait dans le vide au milieu de son affreuse cicatrice déformant une partie de son visage. Sa longue chevelure blonde contrastait avec sa tenue sombre sur lequel était brodé la Couronne de Morgoth.

Ses pas la menèrent dans une boutique d’un boucher pour une vérification de certificat. Une procédure des plus routinières. Deux hommes l’accompagnèrent tandis que le reste de son détachement s’éparpillait dans la ruelle en pierres pavées en une formation maintes fois répétées. Leur présence même dans la bourgade évitait bon nombre de débordements, car tel était le souhait de l’Orchal. Son œil détailla un instant les étalages de la petite pièce modeste au fond de laquelle elle trouva le maître des lieux qui l’accueillit d’un ton jovial :


- Bien le bonjour ! C’est pour ?
- Contrôle des autorisations commerciales.



L’homme dans la fleur de l’âge se tourna alors vers l’arrière-boutique et appela :


- Poupette ! Ramène les papiers, y a une autre gueule-cassée pour l'inspection. Si y a bien une chose que la guerre a changé, c'est le nombre d’estropiés. Pas contre vous ma ptite-dame


Il ponctua sa phrase d’un coup de hachette qui finit de sectionner la jambe d’un lièvre. La violence du coup en fit trembler le plateau de bois recouvert des entrailles du gibier précédemment vidé. La Caporale observa le geste expert du boucher en silence, soudainement pensive. Un bref souvenir de sa vie d’antan revint à la surface. Après tous ils n’étaient pas si différents, tous deux vendaient de la chair pour sustenter les plus aisés. Quelle différence y avait-il, entre un champ de bataille et l’arrière-cour d’un boucher ? Tous deux étaient des professionnels de la mort, charcutant les membres d’une proie, d’un inférieur en échange de quelques pécules. Quiconque ayant participé à une guerre pouvait attester de la bestialité des échanges. Le sang coulait rouge, qu’il soit arraché de la gorge d’un bovidé ou d’un soldat.
Elle lui indiqua d’une voix protocolaire :



- Cela ne prendra pas longtemps.
- J’en doute pas ! Vous vous êtes fait ça où ?



Demanda-t-il en relevant sa main ensanglantée qui tenait son couteau, dangereusement proche de son œil.


- Imladris.


Il hocha la tête d’un air entendu. Tout le monde connaissait la victoire d’Imladris. Sa femme les rejoint dans la boutique, apportant dans ses bras un épais dossier relié en cuir dans lequel plusieurs documents étaient soigneusement entreposés. Elle eut un léger mouvement de recul à la découverte de la blessure d’Elen, mais passé sa surprise vint lui déposer le dossier dans ses bras et la jeune femme entreprit de les consulter alors que le boucher prit à nouveau la parole :


- J’suis bien contente que ce soit fini toute cette histoire. C’pas bon pour les affaires ça, les guerres, tout ça.


Elen releva la tête et la pencha légèrement sur le côté, observant l’homme tout occupé à ses affaires. Elle n’avait pas de mal à le croire tant l’homme dégageait une aura de convivialité et de professionnalisme. Elle lui demanda donc :


- L’état de votre commerce se porte bien ? Les taxes ?
- Oh vous savez ma bonne dame, les taxes restent pareilles seuls les collecteurs changent ! Puis ça augmente toujours, quand y a grabuge. Alors je vous le dis, fit !



Un autre coup de son outil finit par décapiter la tête qui roula quelques centimètres plus loin. Elen approuva d’un signe de tête et conclut :


- Ordre et Prospérité !
- Ordre et Prospérité !



S’empressèrent de répondre les commerçants, puis la jeune femme remit sur le comptoir propre le dossier avant de ressortir dans la rue.
Au loin elle vit des flammes s’élever de la place centrale. Un bucher, un autre semble-t-il. La cendre déjà s’envolait dans l’air à mesure qu’ils s’approchaient de l’esplanade, observant le comportement des curieux et des badauds. L’accusé était un résistant, selon la lecture du crieur public. Elen croisa les bras et son œil parcourut la foule pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’écerveler voulant briser l’ordre si chèrement acquis. La jeune femme ensuite croisa le regard du condamné tout de noir vêtu qui semblait la défier. Elle ne réagit pas à cette provocation vaine.
Se rendait-il seulement compte de l’harmonie enfin trouvé en ces terres ? Membre de l’Ordre, ou même prétendu résistant, tous étaient vêtus de couleurs sombres. Comme si le monde enfin portait le deuil d’un idéalisme naïf.
Que les braises purifient les pensées traites et deviennent terreau fertile d’une nouvelle ère.
Ordre et Propérité.
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Sighild Baldrick
Adepte des Arts Secrets
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Concours d'Automne - Et si... ? EmptyVen 15 Nov 2024 - 16:03
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Enchaînée dans sa prison depuis une semaine, la magicienne attendait son jugement. On lui apportait une fois par jour un repas ainsi que de l’eau. Jamais elle ne fut détachée pour manger ou pour boire, cette tâche revenait aux gardiens.
Un guérisseur de l’Ordre de la Couronne de Fer venait chaque jour lui soigner sa cicatrice et vérifier l’état de ses poignets, marqués par les menottes de fer.

Personne ne la regardait, ni ne lui parlait.

Sa cellule était la plus sombre d’Imladris. Elle ne voyait que très rarement le soleil.

Sighild entendait parfois les gardes discuter des pourparlers sur la prise d’Imladris et sur la suite à donner. Cela passait des travaux de reconstruction, au jugement réservé aux prisonniers et jusqu’à la succession de Sombre Chêne.

Les missives semblaient aller et venir à tout-va. Il leur fallait solidifier cette base pour éviter toutes nouvelles tentatives de reconquête.

Pour ne pas sombrer dans la démence, Sighild se remémorait des instants précis de sa vie. Ils étaient parfois joyeux – essentiellement des souvenirs familiaux – et parfois plus sombres la nuit.

Dans ses songes, Sighild revivait son dernier combat.

Calion Palantir était tombé par l’épée de Lammâth et sous ses yeux. La colère s’était alors emparée d’elle, au point de sentir une sorte d’explosion en son être.

La magie avait alors opéré et chaque ennemi autour d’elle vola littéralement dans les airs, Lammâth y compris. Sighild était entourée d’une sphère magique, qui s’estompa peu à peu.

Elle s’était tenue, courageusement, face à Lammâth, protégeant la dépouille de son ami. L’elfe millénaire vit pour la première fois de la rage dans le regard de la magicienne, et en fut amusé.

Ils s’affrontèrent à nouveau. Leur combat fut plus violent que la première fois. Lammâth ordonna aux soldats de l’OCF de ne pas intervenir : il semblait désirer ce duel ardemment.

Sighild subit les coups du guerrier, mais les rendit à son tour. Les paroles du guerrier résonnaient encore dans son esprit :

*« Magicienne de pacotille, tu penses sincèrement me battre moi ?! Notre premier combat ne t’a donc pas servi de leçon, soit. »« Rends toi à l’évidence, tu es seule, plus personne ne viendra te sauver. » «Je te domine. Finissions-en, martyre. »*


Le visage d’Ariel se superposa à plusieurs reprises sur celui de Sighild, ce qui déstabilisa Lammâth et donna l’avantage à la magicienne. Sa lame effleura d’ailleurs le visage de son ennemi et elle lui lâcha un « nous sommes désormais quitte » en lui montra sa propre cicatrice au visage, qui saignait encore.

Tout espoir de victoire et de fuite était vain, Sighild en était bien consciente, mais elle voulait affaiblir, si ce n’est tuer ce monstre qui se tenait devant elle.

Après plusieurs minutes de combats, la magicienne, à bout de forces, céda sous les coups de Lammâth. Son épée se brisa. Elle était trop faible pour lancer un dernier sort.

Agenouillée devant son bourreau, Sighild le défia une nouvelle fois du regard avant de s’évanouir. Lammâth ordonna qu’on l’enferme jusqu’à nouvel ordre de sa part, uniquement.

La dernière vision de Sighild fut le corps sans vie de Calion Palantir.

Un matin, la porte de sa cellule s’ouvrit. Plusieurs soldats entrèrent et détachèrent ses chaines du mur. Deux passèrent devant, l’un tenant la chaine et la tirant vers eux tel un animal, deux restèrent derrière par mesure de précaution.
Sighild eut d’abord du mal à marcher, les gardes derrière elles lui apportèrent assistance. La lueur du jour l’éblouit quelques minutes.

On l’escorta dans une Imladris encore marquée par la guerre. Qu’il était triste de la voir ainsi, bafouée par le Mal.  
Ses forces la quittèrent lorsqu’elle passa devant les dépouilles pendues des perdants. C’est là qu’elle vit le corps sans vie de Calion Palantir. On l’empêcha de s’arrêter, mais elle lutta en hurlant :

« Calion ! Non ! Calion ! »



L’on tira sur ses chaines et elle tomba au sol, en larmes. Qu’il était violent pour elle de voir le corps de son ami si peu respecté en ces lieux :
« Je suis désolée Calion. Je suis tellement désolée. » murmura-t-elle

Sighild fut soudainement saisie fermement par les soldats, qui continuèrent leur avancée. Elle se tourna une dernière fois vers le corps pendu de feu son ami.

Elle fut conduite dans ses appartements et en fut surprise. L’un des soldats la détacha sans ménagement. Sans la regarder, il lui dit :

« Tu restes prisonnière de l’Ordre de la Couronne de Fer. Le Conseil d’Imladris a décidé de te laisser ici. Lave-toi. On t’a laissé des vêtements dans la salle d’eau. À la moindre tentative de fuite, tu meurs. Est-ce bien compris ?! »


Sighild opina de la tête et laissa le soldat sortir. La porte fut fermée à clé.

Tout en se massant ses poignets, la magicienne redécouvrit ses appartements marqués eux aussi par la guerre. Les murs avaient perdu de leur éclat, les meubles ainsi que les draps de son lit étaient d’une saleté sans nom. Seul sa table de salle à manger avait été nettoyée.

Il n’y avait pas eu de pillage ici, à l’exception de ses armes et de ses livres qui avaient disparu.

Dans la salle d’eau, un bain fumant. Méfiante, Sighild effleura l’eau et la sentit : rien à signaler. Elle quitta ses vêtements en lambeaux et ne se fit pas prier pour s’allonger dans une eau chaude. La belle ne s’attarda cependant pas comme à l’accoutumé.
Une fois propre et sèche, elle enfila la tenue qui lui fut préparée : une robe noire.
Sighild regarda le vêtement en détail et en fut surprise : il appartenait à sa mère. Son odeur lui apporta force et courage. Elle resta un instant contre le vêtement, comme s’il s’agissait du propre corps de sa mère, et se mit à pleurer. La magicienne avait besoin de ce réconfort maternel apaisant.

En attendant les prochains ordres, l’aînée des Baldrick demeura à son balcon et contempla le triste paysage qui s’offrait à elle.
La nuit tombée. Ses geôliers entrèrent et déposèrent de quoi dîner. Pas un regard, ni aucune explication.

Ils se postèrent devant la porte d’entrée et se mirent au garde-à-vous : l’un des membres du Conseil arrivait.

Et pas n’importe lequel.

Lammâth.

Concours d'Automne - Et si... ? Concou11


Sighild resta derrière sa chaise : à la fois méfiante et apeurée.

Les soldats refermèrent la porte derrière lui, les laissant seuls.

Un long silence s’installa entre eux. Ils s’épièrent chacun à leur façon.

Il retira sa cape, laissant apparaître une armure en cuir noir. Il s’assit et l’invita à en faire autant.

Chacun était à l’extrémité de la table de la salle à manger. Se servant un verre d’hydromel, Lammâth parla enfin :



« Notre Conseil s’est réuni séance tenante pour décider de ton sort ainsi que celui des autres prisonniers de guerre. » il joua avec son verre sans la regarder puis bu « Ils seront exécutés demain. » il sentit l’effroi dans le visage de Sighild  puis reprit « Quant à toi…. » il la regarda droit dans les yeux « ta vie sera sauve. » il but tout en la fixant.


Sighild eut un air dédaigneux face à Lammâth, ce qui le fit sourire :

« Tu ne croyais tout de même pas que nous allions t’accorder la même mort que tes camarades. Voyons, je sais que tu aspires à devenir une martyre, mais tu nous seras bien plus utile vivante, toi, la sang mêlée que tu es. Sighild Baldrick, fille d’Albérick. Qui aurait pu d’ailleurs croire qu’un Homme serait capable d’engendrer une créature telle que toi…»


Face au manque de respect envers son père, la magicienne allait réagir, mais Lammâth tapa du poing sur la table pour la faire cesser de suite. Il se servit un nouveau verre, se leva et se dirigea vers la magicienne :

« À l’avenir, je te déconseille de me contredire ou de protester. Tu pourrais te voir hériter d’une nouvelle balafre au visage ou sur une autre partie de ton corps que je n’aurais pas encore marqué. »



Il tendit son verre à Sighild, elle le refusa et ne le regardait plus :

« Si je te dis de boire, tu le feras. Si je te dis de manger, tu le feras également. Magicienne de pacotille. »



La captive prit le verre tendu. Lammâth fut satisfait de la voir aussi rapidement docile.

Cependant, Sighild lui lança en plein visage avant de bondir de sa chaise, brandissant le couteau mis sur la table pour le dîner comme arme.

Cela ne fut pas une menace pour Lammâth, qui fut à nouveau amusé par cette attitude rebelle. Désarment non sans mal Sighild, Lammâth l’agrippa par le cou, la colla contre le mur et l’étrangla légèrement :

« Il te coûterait très cher de menacer le nouveau Seigneur d’Imladris. Petite. Prends garde à toi. »


Son regard, gorgé de sang, se posa pile en face du doux regard de la magicienne :

« N’oublie pas que si tu es encore en vie, c’est ma part seule volonté. À ta place, je me montrerai plus reconnaissante que revancharde. » il sentit alors le parfum de la magicienne et contempla son visage « Sans moi, tu serais déjà pendue comme ton ami Calion Palantir. »


Il lâcha prise.

L’elfe millénaire s’apprêtait à quitter les lieux, lorsqu’il entendit :



« C’est une chimère que vous maintenait en vie. »

Il se stoppa net et se retourna vers sa prisonnière :

« Cette Ariel que vous n’avez cessé de crier lors de notre dernier combat. C’est elle que vous maintenait en vie, pas moi. »




« Comme oses-tu prononcer son prénom misérable créature. »


Il se dirigea d’un pas rapide vers la magicienne, qui se protégea en se positionnant sur un autre côté de la table. Face à face, Sighild vit la rage apparaître sur le visage de son geôlier :



« Cela n’est pas par bonté d’âme que vous m’avez épargnée, vous n’en avez d’ailleurs pas. C’est cette femme, la vôtre, cette Ariel qui vous hante… »



Sighild n’eut pas eu le temps d’en dire plus que Lammâth sauta sur la table, puis sur elle.

Allongée violement au sol, Sighild sentit le corps de son geôlier l’immobiliser au sol. Il sortit un poignard et le posa sur son visage :
« N’oublie pas que je fais preuve d’une grande clémence à ton égard. Petite. »



C’est alors qu’il la vit, son Ariel, à la place de la magicienne. Il laissa poser son arme sur la poitrine de sa « femme » et se lova dans son cou pour sentir à nouveau son parfum, puis sa peau.

Cela ne dura qu’un court instant, car il fut interrompu par des tambourinements à la porte : les soldats souhaitaient s’assurer que tout aller bien. Lammâth se redressa et releva sans ménagement la magicienne.

Rangeant son poignard, il quitta les lieux sans dire un mot.

Déconcertée par ce qu’il venait de se produire. Sighild reprit sa place à table dîna seule, l’air de rien. La faim la tenait au corps. Il lui fut agréable de dîner seule, la simple présence de Lammâth lui coupait l’appétit.

Le lendemain, on lui apporta une nouvelle robe, blanche cette fois-ci. Une robe qui devait appartenir à une Noble.

Les soldats vinrent l’escorter jusqu’au centre d’Imladris, là où les prisonniers seraient jugés. Sighild fut installée aux côtés des membres du Conseil : composées des plus valeureux combattants de la reconquête d’Imladris.

Le nouvel Hérault d’Imladris prononça un discours et fut salué par les troupes. La magicienne quant à elle, fut la seule à ne pas applaudir, trop concentrée par les prisonniers bientôt exécutés. Parmi eux, Cirth, son ami d’enfance. C’est impuissante que Sighild le vit périr sous les flèches ennemies. La captive qu’elle était ne regarda pas son geôlier, mais elle savait que Lammâth jubilait de la voir ainsi.

La matinée fut ponctuée par les exécutions, les corps seraient à leur tour pendus pour l’exemple pendant quelques jours.
Pensant être reconduite dans ses appartements, Lammâth agrippa Sighild et autorisa les soldats à les laisser. La tenant fermement, ce dernier l’amena jusqu’à la salle du Conseil.

Sur la table se trouvait son épée brisée ainsi que son artefact magique. La pierre de Lune étincela à l’arrivée de sa propriétaire.
Les membres du Conseil lui donnèrent sa sentence : elle sera déchue de son titre de magicienne jusqu’à nouvel ordre et elle portera un bracelet magique à chaque poignet. À l’approche de tout artefact magique, les bracelets deviendront très lourds dans un premier temps, avant de serrer les poignets de la magicienne.

La démonstration fut assez révélatrice pour la prisonnière qui se tordit de douleur devant un Conseil hilare.

Aucun d’entre eux n’avait de respect pour elle. Elle n’était qu’une prise de guerre à leurs yeux.

Lammâth avait eu le titre d’Hérault d’Imladris compte tenu de ses exploits. Il demanda également d’être le seul responsable du sort de la magicienne et cela lui fut accordé.

Les jours passèrent et se ressemblèrent.

Chaque matin, Sighild était autorisée à se balader dans Imladris, sous escorte. Le parcours changeait au gré de la volonté de Lammâth. Il décidait également de ce qu’elle devait porter, de ce qu’elle devait manger, qu’elle soit contente ou non.

Il arrivait que ce dernier vienne dîner avec elle le soir. Il était parfois peu loquace, ce qui arrangeait Sighild. Lorsqu’il se mettait à lui parler, c’était généralement pour la dénigrer ou la complimenter s’il voyait son Ariel en elle.

Lammâth ne l’appelait pas par ses prénoms, uniquement des « toi », « petite », « magicienne de pacotille » , « sang mêlé » ou encore « créature ».

Lorsqu’il voyait Ariel en elle, Sighild tentait d’en jouer pour avoir quelques faveurs complémentaires, mais Lammâth n’était pas dupe à ce point. A force de dîner ensemble, la magicienne avait appris à déjouer les provocations de son bourreau et de composer avec ses humeurs.

Les mois s’écoulèrent. Il lui accorda quelques livres, quelques vêtements plus masculins. Un jour, on lui amena les instruments de musiques de sa mère. Lammâth semblait prendre plaisir à écouter les airs joués par sa prisonnière. Cela ne fut pas parfait au début, mais elle avait largement le temps de s’entraîner chaque jour pour s’améliorer.

Sa seule chance de vivre était de ressemblait à cette Ariel ou plutôt de devenir cette Ariel. L’idée de satisfaire ce fou ne lui plaisait guère, mais il en dépendait finalement de sa survie. Au fond d’elle-même, Sighild savait que cette solution lui serait bénéfique.

Puis, Lammâth partit quelques semaines. Les consignes concernant «sa possession de guerre » ne changèrent pas. Avant de partir, et exceptionnellement, Lammâth avait indiqué à Sighild que Rustor tentait de reconquérir Imladris, aux côtés d’un certain capitaine Amnel. Ce nom ne lui était pas inconnu, mais Sighild se garda bien de le dire à son geôlier.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Sighild priait pour que Rustor en sorte victorieux.

Concours d'Automne - Et si... ? Concou12


Une nuit, son escorte habituelle vint alors la réveiller : elle devait être amenée au campement sans plus tarder.
Rustor avait rassemblé ses troupes, qui s’étaient dirigées vers Imladris. Elles traversèrent le Loeg Ningloron (les Champs aux Iris) pour montèrent ensuite leur campement. La bataille se ferait sur les plaines, entre les Champs aux Iris et la vieille route qui menait vers la Forêt Noire.

Le prince de Gar Thulion demanda à ses frères et alliés de venir à son aide : la Lothlórien accepta sans grand étonnement du fait de l’alliance qui les unissait avec Rustor. Cependant, Angrod, Seigneur de Vertbois-Le-Grand  refusa de lui porter assistance. Il reprocha à Rustor ses décisions antérieures qui avaient conduit à la perte de la cité d’Imladris, plus de soldats auraient permis à Calion Palantir de sauver ces lieux. Rustor lui-même aurait dû intervenir et se battre. Angrod le voyait désormais comme un lâche.

Ce que le prince de Gar Thulion ignorait, c’est que Lammâth avait lui-même passé un accord avec le Seigneur Angrod, d’égal à égal, en lui assurant que son peuple ne risquerait à rien à une invasion de l’OCF. Angrod et son peuple serait alors considéré comme des alliés. Dans le cas contraire, l’OCF s’engagerait à réduire à feu et à sang cette forêt, l'évinçant totalement de la carte de la Terre du Milieu.

Sighild fut conduite dans la tente du Hérault d’Imladris, qui était en train d’établir le plan de bataille à venir. Pour l’heure, ils avaient réussi à maintenir l’envahisseur loin d’eux, mais les troupes de Rustor étaient plus nombreuses. Sighild trouva cette information fortement ironique…

Lammâth demanda à ses commandants d’aller donner les ordres aux troupes pour la bataille à venir. Il n’eut aucune réaction face à la présence de la magicienne. Buvant un verre d’hydromel, il ôta son armure encore immaculée de sang. Contemplant la carte qui se tenait devant lui, il finit enfin par lui dire :
« Rustor veut récupérer la Cité d’Imladris, c’est assez amusant, ne trouves-tu pas ?! Je lui ai dis de retourner dans sa tour d’ivoire. » il eut alors un rictus et reprit « Il n’a fait aucune mention de toi, soit il s’en moque, soit il te pense morte…ce qui arrange mes affaires. »

Il se leva vers la magicienne et lui saisit ses poignets pour lui ôter ses bracelets. Comme à son habitude, il ne fit preuve d’aucune délicatesse. Posant les bracelets sur sa table de campement, il sortit d’un coffre en bois le bâton de la magicienne ainsi que son épée reforgée :

« Tu me serviras demain. C’est un ordre. Un seul faux pas, un semblant de traîtrise et tu es morte.»



C’est ainsi que Lammâth lui révéla son plan et ce qu’il attendait d’elle. La magicienne était libre de lui indiquer sa limite en tant qu’adepte des arts secrets.

Le Hérault d’Imladris avait fait venir un lit de camp supplémentaire dans sa tente. Avant qu’elle ne s’endorme, Lammâth lui remit ses bracelets. Elle s’assoupit, les yeux remplis de larmes en repensant au plan annoncé.

Avant d’aller se coucher à son tour, Lammâth déposa sa cape sur le corps de son Ariel.

L’ultime tentative de reconquête débuta le lendemain. Sighild demeurait loin du champ de bataille mais elle avait en sa possession une broche donnée par Lammâth et qui lui appartenait. Avec l’aide de cet objet, et grâce à sa magie, elle l’aidera.
Les bracelets lui furent à nouveau retirés et un soldat fut posté près d’elle dans l’éventualité d’une trahison de la part de la magicienne. L’idée de s’enfuir était très tentante mais elle savait qu’elle n’irait pas bien loin.

Grâce à son don, Sighild se dédoubla pour se battre aux côtés de Lammâth. Elle sera comme son ombre, comme son bouclier. La magicienne présente sur le camp de bataille n’était qu’une illusion, mais une illusion qui pouvait porter des coups et utiliser sa magie. Le Seigneur d’Imladris ne voulait pas prendre de risque à ce qu’on lui retire sa prisonnière, mais il avait besoin de ses dons.

Ils tuèrent en duo, un duo étonnement complémentaire. De nombreux elfes tombèrent sous leurs coups et sous la magie de Sighild.

Vint alors le guerrier que Lammâth attendait : Rustor, lui-même, qui fut surpris de voir Sighild encore en vie et aux côtés de cette ordure.

Le Hérault et le Prince entamèrent un combat acharné et épique.

De son côté, elle croisa le fer avec autre guerrier : Voronwë Amnel, le poète. Ce dernier retint ses coups en la voyant, surpris de la savoir en vie et avec l’ennemi.

Alors que Lammâth prit le dessus sur Rustor et le blessa.

La magicienne réussit à bloquer l’épée de son ancien compagnon d’armes grâce à son don et lui dit :

« Fuyez. Sauvez votre vie. Faites-le en mémoire de Calion. »



La retraite fut alors sonnée, car d’autres troupes envoyées par l’OCF arrivèrent par la vielle route de la forêt. Rustor assena un dernier coup à Lammâth qui le blessa et le fit tomber. Cela lui permit de s’enfuir aux côtés de Voronwë. Le capitaine Amnel soutint le prince qui semblait lui aussi blessé.

Sighild sentit le regard de Voronwë sur elle : il l’invitait à s’enfuir avec eux, mais elle resta immobile, près de son Hérault.
En d’autres circonstances, l’amour aurait sans doute naquit entre eux, un amour pur et sincère. Mais en cette heure précise, il éprouvait une haine sans merci envers elle, cette traitresse.

Lammâth se redressa et vit l’illusion de sa magicienne, attristée, disparaître sous ses yeux.

Le message fut clair pour les troupes de Rustor qui retournèrent à Gar Thulion. Le cor sonna et les guerriers de l’OCF hurlèrent en l’honneur de leur nouvelle victoire.

Dans la tente de Lammâth, la magicienne demeurait agenouillée au sol, blessée au plus profond de son âme.

Le Seigneur d’Imladris regagna sa tente : blessé sur le côté gauche de son corps. Cela n’était pas profond, aussi ordonna-t-il aux soigneurs de s’occuper des troupes : il laissait le soin à sa compagne d’arme de le soigner.

S’appliquant avec minutie, la magicienne commença par désinfecter la plaie :

« Cela te plaît de me faire souffrir. » affirma Lammâth, en grimaçant au contact du remède.


« N’inversez pas les rôles. » rétorqua-t-elle immédiatement tout en continuant à l’appliquer.


Lammâth eut un petit rictus. Il observa un court instant sa captive qui semblait tout aussi concentrée qu’attristée. Il se remémora son regard vers Amnel à la fin du combat : quelque chose était mort en elle à ce moment-là.

Ce constat semblait lui plaire :

« As-tu apprécié le combat ? »



Son sadique patient semblait lire en elle comme dans un livre ouvert : bien entendu qu’elle avait détesté cette bataille, se battre contre le sien et contre le capitaine Amnel équivalait à se battre contre-elle, contre ses propres valeurs.

Sighild demeurait silencieuse, faisant fi des dires de Lammâth. Elle commença à le recoudre :
« Je peux t’accorder une faveur. Tu n’auras en revanche qu’une seule chance pour qu’elle te soit accordée. »


Le message était clair : réclamer sa liberté était totalement exclu. Même blessé, il voulait encore jouer avec sa marionnette préférée. Voyant cela comme une provocation, la magicienne resta muette et continua son ouvrage. Il la laissa un instant, le temps de finir de le recoudre.

Alors qu’elle allait bander la plaie, il la stoppa et la força à le regarder :

« Allons. Un seul souhait. Ta récompense pour le service que tu m’as rendu. J’attends. »


Il y eut encore quelques secondes de silence avant qu’elle ne lui dise :


« Permettez-moi d’écrire à ma famille. »



Lammâth vit une faible lueur d’espoir dans le regard de Sighild. A son tour de ne pas lui répondre de suite, il lui ordonna de finir le soin dans un premier temps.

Lorsque tout fut terminé et qu’elle se lavait les mains, il lui répondit :

« Un seul courrier. À chaque nouveau printemps. Une seule feuille. Je relirai, cela va de soi. Si tu t’avises de me décevoir, ta faveur s’arrêtera et nous n’en resterons pas là. »



Ses menaces, Sighild en était habituée, assez pour ne rien répondre. Elle sentit cependant les mains du guerrier se poser sur ses bras et la forcer à se retourner :

« As-tu bien compris, sang mélée ?! »



« Oui. Mon Seigneur et Maître. » lâcha-t-elle


Le guerrier arbora un large sourire, très satisfait de la réponse de sa captive. Cet esprit rebelle était petit à petit devenu totalement soumis. Cette phrase était aussi savoureuse que sa victoire et aussi agréable que les coups portés à Rustor.

Il sortit de sa tente pour aller voir ses capitaines ainsi que les blessés. Lammâth avait certains, voire de nombreux, défauts, mais il attachait de l’importance au respect de ses troupes.

Sighild, quant à elle, demeura assise sur son lit. Elle pleura en silence en se remémorant le regard haineux de Voronwë. Essuyant ses larmes, la magicienne eut cependant une lueur d’espoir : celle de pouvoir écrire à sa famille.

Elle finit par se lever et ranger les affaires du Hérault.

Sur la table, son poignard. Sighild contempla la lame et se vit dans son reflet.

Cette idée lui avait traversé l’esprit à de nombreuses reprises. Un coup sec, sur ses poignets ou dans son corps. C’était sans doute la seule manière de se libérer de tout cela après tout. Elle serait satisfaite de le voir surpris par son geste, en colère de ne plus avoir son jouet…oui l’idée était plaisante. Cependant, et comme pour chaque moment où cette idée avait germé en elle, quelque chose la retint : sa volonté de vivre.

Elle rangea alors le poignard et continua ses tâches.

Le lendemain, les troupes regagnèrent Imladris. Sighild s’attendait à marcher pendant que son Seigneur serait à cheval. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque ce dernier arriva avec une jument : un nouveau cadeau. Il lui annonça qu’elle pourrait désormais remonter et faire quelques balades en sa compagnie. Un semblant de faveur pour lequel Sighild resta méfiante.

Chevauchant aux côtés de son persécuteur, Lammâth lui parla comme s’il parlait à son Ariel et comme à son habitude, elle joua le jeu.

Après le retour des troupes, la routine quotidienne de la magicienne revint. La nouveauté fut effectivement ces balades à cheval avec Lammâth. À sa plus grande surprise, il se montra aimable à son égard. Ils contemplèrent la Nature qui s’offrait à eux et il lui parla de sa vie antérieure, de ce qu’il envisageait de reconstruire et de construire à Imladris pour lui rendre sa beauté d’antan. Il lui arrivait même de lui demander son avis. Un jour, le Hérault d’Imladris autorisa une course, il vit alors le plaisir que prit Sighild face à ce semblant de liberté. Il la vit sourire et amusée d’avoir gagné contre lui.

Il fut pour une fois bon joueur, mais ne la félicita pas pour autant.

Concours d'Automne - Et si... ? Concou14


Le Conseil de l’OCF célébra la victoire par un grand banquet. Sighild siégeait à la table d’honneur, aux côtés de Lammâth. Elle portait une très belle robe noire, confectionnée spécialement pour l’événement.

Le Seigneur d’Imladris tint un discours en félicitant ses hommes pour leur courage sans égal. L’heure était désormais aux festivités qui durèrent jusqu’au bout de la nuit. La magicienne avait un goût amer face à cette victoire, elle demeura silencieuse et ne mangea guère.

Son escorte allait la ramener à ses appartements lorsqu’elle reçut un autre ordre. Serait-ce annonciateur d’un mauvais présage ?

Cela faisait désormais un an qu’elle était sa captive et c’était bien la première fois qu’elle était conviée dans les appartements du Hérault.

L’escorte la laissa entrer dans ce qu’elle considéra comme étant l’antre du monstre. Le lieu était d’une beauté sans nom. Plusieurs armures y étaient présentées telles des œuvres d’art. Il y avait des livres en tout genre également.
Lammâth apparut dans la pièce principale. Vêtu d’une simple tunique rouge, il accueillit Sighild avec un grand sourire et lui fit signe de venir vers lui.

Il lui servit un verre d’hypocras. Ils burent ensemble en commentant la bataille puis la soirée qui venait de se passer. Ayant pris l’habitude de flatter l’ego de son bourreau, Sighild ne tarit pas d’éloge sur la victoire ainsi que sur le discours de Lammâth.

Le Hérault lui tendit la main, la prit dans ses bras et entama quelques pas de danse.

Un monstre qui dansait avec sa belle créature. Le Mal qui tentait de prendre la pureté d’une âme fatiguée.

Sighild savait danser avec beaucoup de grâce, cela devait être d’ailleurs sa vocation avant qu’elle ne décidât d’être « comme son père ». Pour ne pas laisser cet instant plus déplaisant qu’il ne l’était, Sighild ferma les yeux et imagina des temps plus joyeux où danser était un réel plaisir.
« Quelle belle danse n’est-ce pas…» elle sentit alors ses mains descendre dans le bas de son dos.

Lammâth remarqua que l’esprit de sa partenaire était ailleurs, il la voyait souvent ainsi, rêveuse. Il était conscient qu’il lui avait tant enlevé…mais pas ses rêves non, il n’y touchera pas.

« Regarde-moi…allons. »


Sighild s’exécuta et regarda le Seigneur d’Imladris. Pour la première fois, il ne vit pas le visage de sa défunte épouse sur celui de sa captive. Lammâth plongea dans ce regard vert, qu’il vit souvent triste, souvent las. Puis il se remémora ce regard combatif, rêveur et heureux : c’était celui-ci qu’il aimait voir.

Sans plus attendre, et avec beaucoup de délicatesse, il l’embrassa. La magicienne eut un mouvement de recul, mais il la garda contre lui. Elle n’avait pas envisagé cela, recevoir son premier baiser par cet être si étrange.

Cependant, et pour la première fois, il se montrait doux. Etait-ce vraiment envers elle ?! Ou avait-elle enfin réussi à être cette Ariel ? Il la contempla une nouvelle fois et lui caressa cette fois-ci le visage :

« Vous êtes si belle…Elwing. »


La réponse lui fut donnée par ses mots. Elle se surprit en caressant à son tour le visage du Seigneur d’Imladris, comme si elle le découvrait.

A la plus grande surprise de Lammâth, elle l’embrassa. Pour une fois, c’était elle qui menait la danse par ce baiser tendre, une facette qu’il ne lui avait jamais permis de montrer depuis sa capture.

Sans plus attendre, il l’entraîna vers sa chambre.

Sighild se mit alors à hurler de douleur : son bâton ornait le lit de Lammâth et ses bracelets lui firent sentir que la distance était bien trop proche. Il réagit très rapidement et se saisit de l’artefact, le lançant à travers ses appartements, comme s’il ne s’agissait que d’un vulgaire morceau de bois.

Ce geste fendit le cœur de la magicienne, c’était comme si on lui arrachait une part de son être. Elle fixa un instant son bâton au sol avant d’être attirée dans les bras de Lammâth.

Il lui caressa alors son visage, ainsi que sa cicatrice. Cette tendresse était si surprenante :

« Elwing…»


Il continua à lui caresser le visage puis le reste de son corps, avant de faire glisser sa robe au sol.

Il la porta et la conduisit dans son lit. C’était la première fois qu’elle voyait un elfe nu, le corps de Lammâth était marqué par de nombreuses cicatrices. Elle aussi en avait, des cicatrices de ses combats antérieurs, dont les plus récentes laissées par son « partenaire ».

Après plusieurs étreintes et plusieurs baisers, leurs corps se confondirent pour le reste de la nuit.

Le lendemain, la belle se réveilla dans les bras de Lammâth, encore endormi.

Comme il était étrange de se sentir protégée dans les bras de son persécuteur. Le dégoût parcourut son âme. Accueillir Lammâth en elle était la pire des choses qu’elle pouvait faire…mais jusqu’où devait-elle aller pour assurer sa propre survie ?! Quelle devait-en être la limite, elle qui était si seule...

Et si, finalement, cette situation était devenue normale, au point de lui plaire ?!

Des douleurs la prirent : au sein de son corps, car elle n’avait pas connu de pareilles expériences auparavant, mais aussi au sein de son âme.

Elle fut sortie de ses pensées par les mouvements de Lammâth. Regretterait-il également ?! Il ne le sembla pas au vu des tendres caresses qu’il fit parcourir sur le corps nu de la magicienne. Le Hérault poursuivit ses marques d’affections et continua sur la même lancée que la nuit précédente…

Les mois suivants, Sighild fut traitée avec beaucoup plus de considération.

Lammâth ne fut pas totalement aveuglé par ce nouvel émoi que lui procurait sa captive, mais son comportement changea quelque peu. La magicienne fut considérée comme la Dame d’Imladris, sans pour autant avoir le moindre pouvoir, si ce n’est le respect des soldats et du Conseil.

Elle était désormais considérée comme l’une des leurs.

Partageant régulièrement la couche de Lammâth, son bâton ainsi que sa pierre de Lune furent déplacés dans l’armurerie personnelle du Hérault pour lui éviter de souffrir. La pierre de Lune avait désormais une lueur très faible.

Désormais, et lorsqu’il se rendait dans les appartements de sa Dame, le Hérault parlait de tout comme de rien, gardant parfois ce fonctionnement schizophrénique : il était tantôt amant attentif et protecteur, tantôt un bourreau.  

Un matin, Sighild était dans ses appartements et se brossait les cheveux. L’air pensif, la magicienne se vit avant sa captivité dans son miroir : une Sighild plus lumineuse, combattive et forte. Laissant tomber sa brosse de stupeur, elle effleura son reflet :

« Mais qu’ai-je fais… »


La magicienne posa délicatement ses deux mains sur son ventre.

Sighild Baldrick attendait l’enfant de Lammâth, cela faisait plusieurs jours qu’elle le savait.

Pour l’heure, le Hérault d’Imladris n'était pas informé de la situation. Il siégeait au en Conseil suite à l’annonce de la mort de Rustor.

Le Prince de Gar Thulion avait péri dans d’atroces souffrances suite aux blessures laissées par Lammâth. Cette nouvelle avait procuré une importante satisfaction de la part du Seigneur d’Imladris.

Le reflet que lui renvoya son miroir venait-il tout simplement de son imagination ? Elle ne saurait le dire.

Quoiqu’il en soit, cette prise de consciente fut aussi violente qu’une gifle sur son visage.

Une chose était désormais certaine : elle ne pouvait laisser son enfant grandir dans un pareil environnement et avec un tel père.

Elle devait fuir.

Fuir oui. Mais où ?!
***

Concours d'Automne - Et si... ? Concou15
Tour de Mithrandir - Minas Tirith

« Encore une fois, je ne peux rien faire pour votre fille, Messire Baldrick. »

Dans son palais, le maître se tenait face au père, l’un avait l’air grave tandis que l’autre semblait désespéré.

« Vous seul pouvez lui porter secours mon Seigneur. Je vous en prie, je ne veux pas la perdre. »


Le chevalier gondorien se mit soudainement à tousser. Bienveillant, Mithrandir lui offrit un verre d’eau et l’invita à s’assoir.

« Je sais que le temps vous est compté…mais Sighild a choisi un chemin obscur dont elle devra elle-même s’échapper. En d’autres circonstances, croyez bien que je serai de ceux qui retourneraient ciel et terre pour lui venir en aide…Sighild est mon élève, elle était porteuse d’une étincelle d’espoir si forte…mais il semblerait qu’elle se soit malheureusement éteinte. »


Le magicien tourna le dos à Albérick Badrick et regarda le flambeau que son élève avait jadis ramassé. Il était posé sur un meuble et il n’avait, dès lors, pas bougé depuis leur première rencontre.

Il avait lui aussi des obligations envers la couronne, il rencontrait régulièrement le Roi Méphisto et son épouse pour s’entretenir sur la suite des événements. C’est par ce biais qu’il apprit que sa disciple était encore vivante.

Mithrandir était attristé et tout aussi inquiet qu’Albérick pour son élève :

« Au plus profond de moi, j’espère de tout cœur que notre Sighild nous reviendra. Si tel était le cas, je m’engagerais à la protéger. »

Mithrandir effleura le flambeau et ferma les yeux :

« Pour l’heure, Messire Baldrick, considérez votre fille comme morte. »


Ses mots furent durs à prononcer et à entendre, mais tous deux savaient qu’ils furent malheureusement justes.

Mithrandir avait vu en Sighild sa successeure.

Aujourd’hui, il la voyait comme son ennemie.

Il avait ouï dire récemment qu’on la dénommait désormais : la Dame d’Imladris…ou encore…

Sighild La Sombre…
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Concours d'Automne - Et si... ? EmptyVen 22 Nov 2024 - 21:44
Concours d'Automne - Et si... ? Plague_doctor_by_mitchellnolte_d3l1tmg-414w-2x.jpg?token=eyJ0eXAiOiJKV1QiLCJhbGciOiJIUzI1NiJ9.eyJzdWIiOiJ1cm46YXBwOjdlMGQxODg5ODIyNjQzNzNhNWYwZDQxNWVhMGQyNmUwIiwiaXNzIjoidXJuOmFwcDo3ZTBkMTg4OTgyMjY0MzczYTVmMGQ0MTVlYTBkMjZlMCIsIm9iaiI6W1t7ImhlaWdodCI6Ijw9MTYwNSIsInBhdGgiOiJcL2ZcL2RiNGQ2M2VmLWE4YmQtNGQ4YS1iOWUzLTIxNDE0YWFlNzAzMFwvZDNsMXRtZy0wOWUwMWRhYi05NmZjLTRlNTYtOTUyYy04YmJiMDViYmQyMzUuanBnIiwid2lkdGgiOiI8PTkwMCJ9XV0sImF1ZCI6WyJ1cm46c2VydmljZTppbWFnZS5vcGVyYXRpb25zIl19

Ainsi c'était chose faite, derrière son masque Lumière arbora un sourire satisfait en contemplant la Cité Sombre de Minas Morgoth depuis la Place de la Fontaine. Il se retourna, son maître était là et le regardait. En lieu et place de l'Arbre Blanc symbole d'espoir du Gondor pendant des millénaires trônait une statue de son maître sculptée dans le bois même de l'Arbre Blanc. Il trônait, triomphant, l'épée à la main, le pied posé sur un soldat mort tenant dans sa main un bouclier orné du symbole du Gondor désormais révolu. Ses yeux brillaient d'un rouge vif, cette statue avait l'air vivante et elle l'était dans un sens. Tout ce qui représentait le Maître était une partie du Maître après tout. Il était omniscient.

Lumière fut perturbé dans sa contemplation par une voix derrière lui, l'homme qui se tenait près de lui inclina respectueusement le buste:

" - Mon frère, les Rossignols sont réunis"

Il hocha la tête après avoir rendu son salut à son camarade et quitta la Place de la Fontaine. Il était habillé sobrement, un masque au long bec crochu, une longue cape noire le recouvrant intégralement, quand il se déplaçait il semblait qu'il flottait. Lumière était l'un des Faucon, chargés de veiller à la sécurité du Royaume. On aurait presque pu dire qu'il était un général en quelque sorte. Il n'adressa pas un mot aux Rossignols, soldat de l'Ordre chargé de la sécurité intérieure de la Cité. On disait qu'ils étaient comme leur homonymes, partout, ils voyaient tout, entendaient tout, ils savaient tout.

Lumière marcha lentement à travers les rues de ce qui avait été Minas Tirith, la pierre blanche de la cité s'était foncée comme pour s'accorder avec son nouveau maître, la pierre était grisâtre, elle semblait suinter une humidité peu ragoutante. Les rues étaient vides, désertes, la nourriture était rationnée distribuée aux habitants selon leur mérité par les hommes de la Mère chargé de l'approvisionnement en nourriture. Le commerce avait été interdit depuis longtemps et tout les habitants étaient des Hirondelles, des hommes et des femmes chargés d'effectuer des tâches de maintenance pour l'Ordre en échange de nourriture. Les champs de Pelenor avaient été convertis en immense champs où la population de Minas Tirith œuvrait chaque jour.

Il n'y avait plus de paysans, plus de bourgeois, plus de nobles, les classes avaient été abolies, l'égalité régnait pour tous. Quelques Hirondelles méritantes de part leur dévouement à l'Ordre avaient la chance de devenir des Rossignols, quasiment aucun ne devenait des Pies ou des Faucons. Pour garantir la stabilité de la cité la démographie était soignement maîtrisée, quelques enfants étaient prélevés dès leur naissance en vue de devenir des Faucons ou des Rossignols, leur pureté était garantie.

Cela faisait maintenant bien longtemps que l'Ordre avait remporté la victoire finale et les années étaient passées. Toute garantie de rébellion avait été matée depuis longtemps, quelques poches émergeaient quelques fois de ça de là mais rien de vraiment inquiétant. La simple vue des Rossignols ou des Faucons suffisait à faire mourir dans l'œuf la plupart des révoltés qui regagnaient calmement et docilement les champs le lendemain.

Ils arrivèrent devant la porte, Lumière sortit une dague de sa cape, lentement et minutieusement il traça bruyamment Sa Trace sur la porte, le crissement de l'acier dans le bois alertait tout le voisinage dans cette ville tombeau et tous savaient ce que cela signifiait.

Toujours en silence, Lumière fit signe aux Rossignols d'ouvrir par la force la porte. Ils entrèrent en chahut dans la maison, des cris résonnèrent bientôt, des pleurs, d'autres cris puis le silence. Sa Voix avait été portée, sa Justice avait été rendu, sous son masque, Lumière sourit. Il était satisfait et le Maître aussi.
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Concours d'Automne - Et si... ? EmptySam 23 Nov 2024 - 14:28



Automne 320 du Quatrième Âge.

Minas Tirith, Capitale du Protectorat Militaire d’Anórien


Les mains sur ses genoux douloureux, le front perlant de sueur, le vieil homme prit quelques secondes pour reprendre son souffle au milieu de son ascension de la tour de garde en ruines de ce qui jadis avait été la Caserne de la glorieuse armée du Gondor. Cela faisait bien longtemps que la bannière à l’arbre et les fiers guerriers à l’armure rutilante avaient disparu des rues de la Cité Grise. Ceux qui avaient poursuivis une lutte vaine après la chute du Royaume et la mort du Haut-Roy avaient tous dû fuir ou mourir, ce qui revenait peu ou prou à la même chose quand on savait les dangers qui menaçaient au-delà des murailles de la ville. D’autres encore avaient rendu les armes, revêtant désormais l’uniforme noir et blanc des pies qui avaient investi le Palais et tous les Cercles, faisant régner l’ordre et la terreur.

Le regard de Nathanaël se porta sur les ruelles des cercles inférieurs de la cité, autrefois emplis de vie et de gens qui prenaient du plaisir à flâner passant d’une échoppe à une autre. Des clients joyeux et enivrés sortant d’une taverne après une soirée bien arrosée sous les quolibets d’une vieille résidente dont la patience avait déjà été bien entamée par le passage d’une troupe de gamins turbulents quelques minutes auparavant. Cela faisait de longues années que de telles scènes n’avaient pas eu lieu. Les établissements avaient été fermés et les enfants ne vagabondaient plus dans des rues, dont la propreté et la tranquillité était désormais entretenue de manière aussi remarquable que terrifiante.

Au loin, le soleil commençait à descendre à l’Ouest, d’ici moins de deux heures le couvre-feu allait commencer. Il valait mieux ne pas traîner dans ce coin-là. Il réajusta la lanière de son sac qu’il portrait en bandoulière et monta la dernière volée de marche pour se retrouver au sommet de l’édifice en ruines. Là-haut se trouvait une silhouette familière, adossée contre un rocher. De noir et blanc vêtue. Nathanaël ne trembla pas une seule seconde, bien au contraire, l’agent de l’Ordre semblait bien plus nerveux que lui ; comme s’il craignait d’être vu en telle compagnie.

L’homme, qui devait avoir la quarantaine, son visage ; qui avait autrefois pu être charmant et harmonieux, était désormais marqué par des cernes profondes et des traits creusés.

“De Siznoff” Salua-t-il d’un ton laconique.

Le visage triste du soldat se fendit d’un large sourire, pourtant ce n’était pas le nouvel arrivant qu’il semblait vraiment ravi de retrouver.

“Ah voilà le vieux conteur ! Tu as ce qu’on a convenu ?”

La mention de son ancienne occupation n’émut pas Nathanaël, ces temps-là étaient révolus depuis bien longtemps. Conteurs et troubadours étaient des faiseurs de rêves, l’Ordre avait horreur de ce genre de choses, décidé à ancrer ses sujets dans une réalité cruelle et parfaitement ordonnée. Il avait eu de la chance de ne pas avoir été une figure des auberges assez connue pour être pendue au côté des Marco Volo et autres Hugin l’Avisé.

Le vieux contrebandier sortit d’une des poches de sa sacoche, un petit sachet en tissu qu’il tendit à Zehev de Siznoff. Celui-ci se saisit avidement de la précieuse marchandise qu’il s’empressa d’analyser, d’abord en la soupesant puis en reniflant le contenu du sac.

“Tout y est.” Précisa Nathanaël, légèrement impatient.
-Pure ?
-Oui, des nouveaux fournisseurs. Trois larrons des Montagnes Bleues.
-Hmm, ok c’est bon.”


Zehev fouilla dans le revers de la tunique et en ressortit six pièces de monnaie en fer marquées du symbole de la Couronne. Il les plaça dans la main du trafiquant qui ne bougea pas d’un iota.

Quoi ?
-Je t’ai dit que c’était de la pure.
-Prends ce que je veux bien te donner et barre-toi avant que je te fasse arrêter.
-Non.”


Nathanaël, nullement impressionné par les menaces, n’esquissa pas le moindre geste. Ce garde vieillissant ne ferait pas le poids s’ils en venaient aux mains. Quant à une dénonciation, le fier de Siznoff risquait fort de se mettre dans l’embarras en révélant cette affaire. De plus, il lui faudrait trouver un précieux fournisseur pour ce genre de substance particulièrement illicite. Le Concile Militaire avait banni jusqu’à l’alcool, alors la présence de ce genre de drogue pouvait lui causer bien des soucis. L’homme étouffa un juron et sortit plusieurs autres pièces qu’il plaça brutalement dans la main de son interlocuteur.

“Que Melkor t’emporte, sale escroc.”

L’homme s’éloigna ensuite, sa précieuse poudre avec lui, laissant Nathanaël seul en haut de la tour. Il plaça soigneusement son gain dans sa bourse et s’assis sur le rebord, s’accordant quelques minutes de calme et sérénité.

Il ferma les yeux, se laissant doucement bercer par le croassement des corbeaux et le jacassement des pies.

Les trompettes sonnèrent. Pourtant, le soleil n’était pas encore tout à fait couché, il y avait encore au moins une bonne heure avant le début du couvre-feu. On sonna à nouveau et Nathanaël finit par comprendre.

“Bordel !”
Fit-il en s’empressant de ranger son paquetage.

Neige l’avait pourtant prévenu que des exécutions publiques étaient prévues pour ce soir. Le genre de cérémonies où la présence des habitants était quasiment obligatoire. Le seul “loisir” macabre ayant remplacé foires et pièces de théâtres. N’ayant plus la moindre seconde à perdre, il descendit à toute vitesse en direction de la ville et regagna une ruelle adjacente à l’ancienne Caserne en se faufilant derrière un mur pour se fondre dans la foule qui se dirigeait déjà vers la grande place où l’on avait désormais placé l’échafaud.

Une potence avait été érigée, autour de laquelle on avait noué trois cordes destinées aux trois condamnés qui feraient bientôt leur apparition. Le bourreau, visage masqué par un sombre cagoule se tenait déjà prêt tandis qu’un héraut déclamait les chefs d’accusation d’une voix forte.

“Oyé ! Oyé ! Ordre et prospérité !
Sur ordre du Gouverneur Warin et du Généralissime Cartogan, les criminels qui se trouvent devant vous ce soir se sont rendus coupable de terrorisme, de trouble à l’ordre public, de conspiration envers le peuple d’Anórien, de meurtres d’innocents et d’atteinte à l’intégrité des agents de l’ordre.”


Quelques heures plus tôt, Nathanaël avait eu vent d’une rumeur portant sur une évasion organisée au sein de l’ultra-protégée prison de la capitale. L’Ordre avait évidemment cherché à étouffer l’affaire mais ces exécutions décidés le soir-même était sûrement un message envoyé aux derniers résistants.

Les trois condamnés finirent par monter sur l’estrade alors que le héraut les présentait nommément.

“Drake, Bekin et Syp de Sora. Voilà le nom des trois terroristes ayant…”

Nathanaël détourna son attention des trois prisonniers, pas que la vue de leur mort ne l’importune, il avait déjà vu bien pire, mais une telle mascarade ne méritait pas forcément son attention. Seule la mention du patronyme des Sora, jadis puissante famille du Gondor, fit, l’espace d’un instant, vibrer quelque chose au fond de ses tripes. Un sentiment à peine perceptible et bien éphémère.  

Son regard sombre se porta sur un petit garçon, qui lui aussi s’était désintéressé du spectacle macabre qui s’offrait à lui. Derrière la jupe de sa mère, il n’avait de yeux que pour son cheval en bois qu’il faisait galoper sur les pavés de la cité. Au bout de quelques secondes, l’enfant leva les yeux vers le vieux conteur et leurs regards se croisèrent.

L’enfant lui adressa un sourire. Nathanaël aurait voulu le lui rendre, mais en fut incapable.

Puis ce fut le chaos. Une déflagration retentit, qui fit trembler jusqu’au sol sous leurs pieds. Propulsé à terre, Nathanaël eut toutes les peines du monde à se relever. Un sifflement strident résonnait dans ses oreilles tandis qu’un goût de sang et de poussière le prenait à la gorge. Tout autour de lui, des gens couraient dans tous les sens en hurlant ; là où le gamin se tenait quelques minutes auparavant  ne se trouvait qu’un amas de chair sanguinolente.
Puis le bruit des bottes et des armes que l’on tirait couvrit les cris des innocents et les plaintes des blessés.

“Pour la liberté ! La Flamme qui brûle dans la Nuit !”
Entendait-on distinctement de la part d’une poignée d’hommes qui avaient quitté la foule pour charger les pies de l’Ordre qui cherchaient désormais à se réorganiser.

“Bordel !”
Répéta Nathanaël en cherchant une issue.

Il récupéra son précieux sac, qui par chance n’avait pas été soufflé trop loin et trottina dans la direction opposée au combat.

Cette journée n’avait que trop duré.



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Nathanaël ouvrit péniblement les yeux en grognant légèrement. Il n’avait jamais été un grand matinal mais le doux parfum de sa partenaire et la caresse de sa longue chevelure immaculée adoucissant quelque peu les premières secondes de cette nouvelle journée.

“Val’...”Murmura-t-il en caressant sa joue.

Celle-ci lui sourit avant de se redresser légèrement et pointer l’éraflure rougeâtre qu’il avait l’épaule.

“Tu comptais m’expliquer comment tu t’es fait ça?”

Nouveau grognement.

“L’explosion d’hier lors de l’exécution. Je me trouvais un peu trop près…
-Et toi tu laisses ça comme ça. Par les Valars, Nath’ tu n’apprendras donc jamais.”

La femme se releva du lit et se dirigea vers un meuble disposé dans un coin de la chambre poussiéreuse sous le regard encore légèrement endormi mais néanmoins attendri de l’ancien conteur. Des années durant, il ne l’avait connu que sous son nom de couverture. Une “collègue de travail” aussi mystérieuse qu’implacable qui avait jadis, fait les beaux jours des services de renseignement du Gondor. Avec la chute du Royaume, Neige était redevenue Valeraï et leurs anciennes missions menées pour les intérêts de la Couronne s’étaient mués en un simple combat pour la survie. Au fil des années, des épreuves et des pertes subies par l’un et l’autre, le rapprochement entre ces deux anciens défenseurs éprouvés des Peuples Libres avait fini par opérer.  Sûrement l’un des seuls bons choix qu’il avait fait durant toutes ces dernières années.

Valeraï revint avec un petit pot contenant une sorte de pâte visqueuse qu’elle appliqua sur la plaie de son compagnon. Ce dernier ronchonna à nouveau avant de remarquer:

“Je ne t’ai pas entendu rentrer la nuit dernière.
-Non, tu dormais comme un ours en décembre. Je suis rentrée tard. Allez lève-toi, ton premier quart va bientôt commencer, il y a du thé encore chaud sur la table. Tu as eu des nouvelles de ton frère?
-Non, rien. On a juste reçu un autre de ces putains de messages dévoilant les secrets de la tarte aux pommes de l’autre grand-mère. Un jour faudra vraiment qu’on trouve où son petit-fils habite vraiment.”


Nathanaël se retourna sur le côté et sortit péniblement du lit, ses genoux le faisaient encore souffrir de son ascension de la veille. Il nota pour lui-même de songer à changer de lieu de rendez-vous avec l’officier lors de la prochaine transaction. Dans le reflet de la fenêtre crasseuse qui donnait sur une ruelle sombre du Premier Cercle, il s’observa quelques instants ; les cheveux ébouriffés, les traits tirés et la barbe broussailleuse.
Neige, sur un ton espiègle, commenta :

“Si c’est la question que tu te poses ; tu ne ressembles à rien.”

L’homme sourit légèrement.

“Parfaitement ton style donc.”

Il enfila une chemise de lin et son pantalon avant de se saisir de la tasse d’infusion fumante qui avait été déposée sur la table. Valeraï, de son côté, sirotait sa boisson tout en lisant les dernières nouvelles rapportées par le “Iron Crown Herald”. Il souffla sur son thé pour le refroidir légèrement et demanda :

“Qu’est-ce que ça dit?
-Ils prétendent avoir repris Fornost et mis en déroute les rebelles du Nord, repoussant le Loup Blanc jusqu’à la Baie de Forochel.
-Prévisible.”


“Le Loup Blanc”, un patronyme qui le renvoyait à un passé depuis longtemps révolu. Ce genre d’idéaliste incapable d’accepter la réalité du nouveau monde et chercher à y survivre du mieux possible. Ce genre de héros qui poursuivait vainement une guerre qui avait depuis longtemps rendue son jugement. Il avait obtenu quelques succès éphémères en prenant le commandement du reste de l’armée de feu Aldarion après la chute de l’Arnor et rallié plusieurs clans de Lossoth à sa cause pour mener bataille au Nord. Mais les armées du Roi Caleb d’Angmar et d’Eneron du Cardolan avaient rapidement repris le dessus.

Nathanaël plongea ses lèvres dans le liquide brûlant tout en gardant un œil sur l’horloge, à moitié délabrée, qui trônait près de la porte d’entrée. Ce matin-là il était de corvée dans les égouts de la cité. Un travail ingrat et répugnant mais qui avait le mérite de payer un petit peu mieux que le reste. De plus, se rendre dans les souterrains de la ville représentait toujours une occasion de repérer les endroits plus ou moins surveillés par l’Ordre, et donc, à éviter lors de sa prochaine escapade en dehors des murailles pour y retrouver un fournisseur ou passer clandestinement de la marchandise interdite.

Il fut tiré de ses pensées par la voix de Valeraï.

“Ah oui, j’ai aussi eu une nouvelle proposition de contrat pour nous deux. Une mission de contrebande.”

Nathanaël haussa les sourcils, se demandant pourquoi elle n’avait pas commencé par là. La contrebande représentait leur spécialité et, au fil des années, leur couple s’était forgé une solide réputation auprès des employeurs du monde “criminel” de Minas Tirith.

“S’il te plaît dis-moi que ça ne vient pas du Conseiller Praven. Quelle pince celui-là…
-Non, non. On m’a transmis la missive hier, dans la nuit, après le début du couvre-feu.”

Le conteur fronça les sourcils. L’homme derrière cette offre était donc prêt à prendre des risques importants pour les contacter. Il observa attentivement le rouleau de parchemin que lui présentait sa compagne et s’attarda particulièrement sur le sceau qu’elle avait déjà brisée. Toutefois, le “G” stylisé surmonté d’une étoile à cinq branches était toujours bel et bien reconnaissable. Un symbole qu’il n’avait pas revu depuis des années.

Gilgamesh.

Décidément la vieille Tête de l’Arbre Blanc était bien increvable.

“Non, non, non ! Pas avec lui, on avait dit qu’après Edoras on en avait fini pour de bon avec ces conneries.
-Nath’ écoute-moi veux-tu ?
-Non ! Ce sera sans moi !”


Il faisait de son mieux pour contrôler la colère qu’il sentait bouillonner en lui. Comment ce vestige du passé pouvait se permettre de refaire ainsi irruption dans sa vie ? Lui aussi ne pouvait-il pas lâcher prise ? Passer ses dernières années de vie sans avoir à manigancer ou comploter ? Au fond, il avait toujours vécu pour cela.

“Il a des hommes ici qui veulent nous rencontrer cet après-midi.
-J’ai dit non.
-Ils sont prêts à payer, à très bien nous payer. Plus de trois cents couronnes.”

L’homme hésita quelques secondes ; Neige, curieusement insistante, s’engouffra dans la brèche qu’elle venait d’ouvrir et s’approcha de son partenaire.

“Songe à ce que l’on pourrait faire avec cet argent. On pourrait enfin quitter cet endroit, retrouver Harding ou rallier les Havres et y acheter un navire. Alors on pourrait voguer à travers mers, plus libres que jamais. Un nouveau départ. “

Nathanaël poussa un long soupir ; il devait bien avouer qu’elle savait parfois se montrer convaincante. La perspective d’une nouvelle vie, un nouveau départ. Une chimère qui avait entretenu une dernière once d’un espoir vain dans leur sombre routine quotidienne.

“Ok pour les rencontrer, mais ça n’engage à rien. Et ils ont intérêt à payer une avance.
-Je ne pouvais pas plus en demander.”

Elle lui déposa un baiser taquin sur ses lèvres et le poussa vers la sortie pour qu’il puisse commencer sa journée de travail.


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Une fois n’était pas coutume, Nathanaël avait pris un bain rapide après son quart, l’odeur pestilentielle des eaux usées avait imprégnées ses vêtements et nul n’aurait pu se tenir plus de quelques secondes en sa présence s’il n’avait pas fait un tour par les bains publics, dont l’usage était strictement régulée par les autorités. Deux minutes par personne dans un petit baquet avec quelques grammes de savon payés à prix d’or.  

Un tableau bien surprenant pour un gouvernement qui prônait l’ordre et la prospérité.

Il s’arrêta finalement devant la bâtisse que lui avait indiqué Neige quelques heures plus tôt, là où jadis se tenait la très populaire auberge du Chameau qui Tousse. La porte avait été laissée entrouverte, mais il fallut quelques secondes pour qu’une fois à l’intérieur, Nathanaël ne repère la trappe près de l’âtre qui devait mener jusqu’au lieu de rendez-vous. Une échelle grinçante lui permit de descendre jusqu’à la cave, une pièce exiguë très faiblement éclairée par quelques bougies.

Valeraï était déjà là. Face à elle, deux silhouettes qui ne lui étaient pas inconnues.

“Putain c’est pas vrai ! Le monde peut bien s’écrouler mais rien pour séparer les deux idiots utiles du vieux Gil.
-Heureux de te voir également Nathanaël.”

La réciproque n’était pas forcément vraie. Il aurait sûrement préféré ne jamais revoir les visages de Nârwel Rusk-Iâr et Daren Dervorin. Ces deux-là ne pouvaient décidément pas se lâcher. Daren reprit la discussion là où son compère l’avait laissée, provoquant un roulement des yeux d’un Nathanaël agacé. Si ils se mettaient à finir respectivement leurs phrases, alors cette entrevue s’annoncerait particulièrement pénible.

“Les affaires ne sont pas trop rudes ? Prendre tant de risques pour quelques couronnes de fer…Ce n’est pas lassant à force ?
-On s’y fait. Vous ? Vous courez toujours après une cause perdue depuis dix ans ?
-Tant que la flamme des Passeurs brillera, l’espoir subsistera. Nous sommes les Gardiens, la flamme qui brûle dans la nuit, Nous sommes les rayons de l'aube lorsque tout semble perdu…
-Oh par pitié…”


Nârwel s’avança et parla d’un ton calme, cherchant visiblement à apaiser la situation.

“Il aura toujours une place pour toi parmi nous, Nath’...
-Non ça ira…Le corps décharné du gamin que vous avez tué hier soir a été une bonne piqûre de rappel…
-Parfois la lutte pour la liberté requiert certains sacrifices.
-Tu veux bien répéter ça ? J’ai cligné des yeux et j’ai cru entendre un Canthui de l’Ordre.”

Cette fois c’en était trop pour Daren qui s’avança d’un air menaçant, sa main sur le pomment de son arme. Le conteur, nullement impressionné, se contenta de le défier du regard. Neige, légèrement exaspérée par le comportement des hommes en présence, se plaça entre les deux hommes et intervint avec ce ton autoritaire dont elle avait le secret.

“Allez ! On arrête les gamineries ! Regardez-vous bon sang ! On est tous ici pour travailler ENSEMBLE. Nârwel, venez-en au fait je vous prie, en quoi consiste ce contrat ?’

Le principal intéressé hocha de la tête et fit signe à Daren d’ouvrir une petite porte, à peine visible dans un coin de la pièce. Une fillette, âgée d’un peu plus d’une dizaine d’année en sortit. Elle avait de longs cheveux roux bouclés et un visage au teint albâtre, l’enfant semblait terrorisé.

“Mais qu’est ce que c’est encore ce bordel ? Vous faîtes dans le trafic d’enfants maintenant ?”

Neige posa sa main sur le bras de son conjoint et reprit.

“Nous sommes contrebandiers. On fait passer de la marchandise, pas des gosses.”

Le regard perplexe du conteur s’attarda sur l’enfant ; Gilgamesh était un homme parfois retors mais loin d’être un idiot, à moins que la vieillesse ne finisse enfin par affecter son esprit. L’ancienne Tête de l’Arbre Blanc n’était pas forcément un grand sentimental non plus et s’il avait contacté Neige, son ancienne protégé, la raison devait être importante.

“Qu’est-ce qu’elle a de spéciale ? C’est la p’tite fille du vieux ?”

Daren et Nârwel échangèrent un regard, le plus jeune hésita à prendre la parole mais se ravisa alors que l’aîné balaya la question du conteur d’une réponse sèche.

“Quelque chose du genre…Peu importe.”

D’un geste nonchalant, il lança une bourse remplie pièces sur la petite table en bois qui les séparait. Un tintement métallique se fit entendre depuis l’intérieur, présageant d’une jolie somme.

“Voilà la première moitié du paiement. La Tête vous paiera l’autre quand vous l’aurez escorté jusqu’à Tharbad…
-Tharbad…C’est un long voyage. Pourquoi nous ? Pourquoi impliquer deux âmes ayant abandonné la lutte quand tant de héros comme vous subsistent encore ?
-Gil a insisté. De plus la Loge de Minas Tirith aura besoin de nous sur place quand l’heure sera venue.
-L’heure ? Quelle heure ? De quoi tu parles ?”

Aucun des deux Passeurs d’Etoiles ne daigna répondre à la dernière interrogation du contrebandier. Daren se contenta de désigner l’argent du bout du menton.

“Alors marché conclu ou pas ?”


Neige demanda alors à ce qu’on leur accorde un instant de délibération. Le dos tourné, elle chuchota à son compagnon.

“C’est un somme importante Nath’.
-Je le sais bien…mais un enfant…le vieux Gil…les Passeurs. Je n’aime pas du tout la tournure que ça prend ; tu sais ce que je penses de ces conneries.”


Elle posa une main rassurante sur le thorax de son mari.

“Je le sais bien mais ce serait notre dernier contrat. Après on pourrait changer nos vies et ne plus jamais songer à tout cela jusqu’à notre dernier jour.”

Le conteur se mordit la lèvre, un petit toc qu’il avait développé avec les années et qui se manifestait quand il s’apprêtait à faire quelque chose qu’il risquait fort de regretter dans un avenir très proche. Puis il fit volte-face, s’empara de la bourse et fit simplement.

“C’est d’accord.”


Nârwel resta impassible mais Daren ne put s’empêcher d’afficher un sourire satisfait, accueilli par le plus grand des mépris par un Nathanaël qui le fusilla du regard.

“Vous devrez partir dès ce soir. Ce n’est qu’une question d’heures avant que les espions du Corbeau n’aient vent de tout cela.”

Valeraï approuva et s’approcha doucement de la jeune fille aux cheveux bouclés. Sur un ton doux, elle demanda.

“Tu as un nom ?”

L’enfant leva ses grands yeux noisette en direction de la femme aux cheveux d’argent et acquiesça d’un lent mouvement de tête.

“Kal’. On m’appelle Kal.”

Neige lui sourit et posa sa main sur sa joue, sa peau était glacée.

“Eh bien Kal, avec nous tu n’as pas à t’en faire. On va te mener à destination, en toute sécurité.”

La jeune fille marmonna un timide “Merci” et se mura à nouveau dans son mutisme. L’ancien espionne indiqua alors à son partenaire que le temps pressait et que s’ils comptaient partir cette nuit-là, alors certains préparatifs devaient être bouclés rapidement.

“Je vais aller nous dégotter quelques vivres pour le voyage et soudoyer De Siznoff pour qu’il allège la présence de gardes dans les souterrains Nord. Tu veux bien la surveiller à l’appartement ?
-Ouais.”


Cette fois le regard de la jeune fille croisa le regard beaucoup plus dur, et amer, de Nathanaël et tressaillit légèrement. L’homme semblait habité d’une rancœur et d’une rage sans commune mesure.

“Bonne chance mes amis.”
Fit Nârwel.
“Ouais c’est ça…” Rétorqua simplement le conteur avant de claquer la porte.


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Neige était partie depuis près de trois heures et déjà le soleil commençait à décliner derrière les hautes tours de garde des murailles de la Cité Grise. Pourtant, Nathanaël n’était pas particulièrement inquiet ; elle finirait par revenir, comme elle l’avait toujours fait. Allongé sur le lit, l’homme cherchait à trouver un peu de repos avant une nuit qui s’annonçait d’ores et déjà agitées. Il brava régulièrement le confinement mis en place par les autorités et ses escapades en dehors de Minas Tirith avaient fait sa réputation, mais à mesure que les années défilaient, chacune de ses expéditions devenaient de plus en plus périlleuses. Il ne voyait ni n’entendait plus comme jadis, ses réflexes avaient considérablement ralenti et son endurance drastiquement diminuée. Toutefois, ce qu’il avait perdu en vitesse ou en force ; il l’avait gagné en expérience.

Il fut toutefois tiré de ses pensées par la petite voix fluette de Kal, installée près de la fenêtre et qui n’avait pas prononcé le moindre mot depuis son arrivée dans les quartiers de ses nouveaux protecteurs.

“La ville a l’air bien triste.”

Nathanaël se redressa, quelque peu surpris par cette remarqua inattendue.

“Tu sais parler toi ?”

L’enfant soutint son regard, au fond duquel toute trace de peur avait désormais disparu.

“Bien sûr que je parle.
-C’est bien. Mais ne te sens pas obligé de le faire.”
fit finalement l’homme d’un ton cassant avant s’allonger sur le côté.

Cependant Kal n’en avait pas fini.

“Je ne suis jamais sorti au-delà des murs. Je me demande ce qu’il y a là-bas au-dehors.”

Sans qu’il ne sache trop pourquoi, Nathanaël lui répondit.

“Toutes sortes de dangers, bien pires que les pies. Des orcs, des loups, des araignées et pleins d’autres choses dont tu aurais préféré ignorer l’existence.”

Au lieu de l’effroi qu’il s’attendait à lire sur le visage de l’enfant à la mention de toutes ces monstruosités, il ne vit que son sourire innocent qui trahissait une certaine forme … d’excitation ?

Bordel mais d’où sortait cette gosse ?

“Tu t’appelles Nath’ c’est ça ? Daren m’a dit que tu as été un grand héros, il y a bien longtemps.
-Non…j’étais juste un con.”


Cette-fois ci Nathanaël lui tourna complètement le dos, faisant comprendre que la discussion était terminée.


Neige revint finalement juste après le coucher du soleil, avec un sac rempli de vivres et d’outils de première nécessité ainsi qu’un plan. En échange de quelques couronnes et de grammes de farine supplémentaires, Zehev de Siznoff avait consenti à alléger la présence de gardes sur une partie spécifique du réseau de tunnel d’égouts qui s’étendaient en dessous des rues de la ville. Là-bas, un passage secret, qu’ils avaient découvert des années auparavant, leur permettrait de gagner les Champs du Pelennor en toute discrétion. C’était la traversée de cette large étendue, à découvert et à la merci des archers postés sur les murailles, qui s’annonçait comme étant l’étape la plus périlleuse de cette première partie du périple.


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Décidément, il ne s’habituerait jamais à l’odeur pestilentielle de cet endroit. Cela faisait plus d’une heure que le trio était descendu dans les égouts par une bouche située dans une ruelle peu fréquentée du Premier Cercle. Nathanaël, muni d’une torche, ouvrait la voie; Valeraï et le précieux enfant quelques mètres derrière lui.

Ils progressaient ainsi en silence, soucieux de ne pas éveiller l’attention de potentiels soldqts qui patrouillaient parfois dans ces souterrains. Parfois, le contrebandier indiquait aux autres la route à suivre. Il connaissait ce lieu pour l’avoir emprunté à de nombreuses reprises, sa première escapade remontant bien avant l’avènement de l’Ordre.

“Plus que quelques centaines de mètre. On approche.”
Murmura-t-il.

Cette partie-là du cloaque de la cité était particulièrement sombre. Les aventuriers durent bientôt s’en remettre à la seule lueur de la torche du conteur pour pouvoir progresses, les yeux plissés et les jambes de plus en plus lourdes sous leurs vêtements gorgés d’eau.
Une ombre familière passa furtivement devant leur champ de vision. Un autre de ces gigantesques rats comme il s’en trouvaient des milliers par ici.

Un bruit de chute et d’éclaboussures derrière lui le fit sursauter. Sur ses gardes, prêt à bondir comme un vieux félin, il fit volte-face. Fausse alerte. La petite avait glissé sur une dalle et était tombée sur ses genoux. Elle émit un petit cri de douleur au moment du choc, mais se releva presque immédiatement sans se plaindre. Bien, ce n’était pas une pleurnicharde.

“Tout va bien Kal’ ?”
s’enquit Valeraï.
“Je crois bien oui, je me suis légèrement coupé en voulant me rattraper mais ça ira.”


Nathanaël fronça les sourcils, au vu des conditions insalubres de cet endroit, chaque minuscule blessure ouverte pouvait potentiellement représenter un danger. Il recula de quelques mètres pour se mettre au niveau des deux autres.

“Fais-moi voir.”
Grogna-t-il en saisissant le bras frêle de l’adolescente sans attendre qu’elle ne réponde.

Il ressentit une légère résistance de la part de cette dernière mais examina tout de même la blessure. Si elle venait à mourir au bout de trois jours d’un bête infection, Gil ne paierait certainement pas la seconde moitié.

Ce qu’il vit lui glaça le sang.

De la petite éraflure, au lieu de quelques gouttes du sang vermeil qui auraient dû se trouver là, s’écoulait un liquide visqueux et noir comme le jais. Une petite brume sombre s’échappait également en volutes de la plaie.  Immédiatement, Nathanaël eut un mouvement de recul. Il n’était pas expert en la matière, mais il avat déjà vu ce genre de chose. Il y a bien longtemps, quand il avait fait face à l’un des plus grands dangers de ce monde.

“De la magie noire. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? ”

Kal poussa un long soupir et rabattit la manche de sa chemise pour cacher ce curieux spectacle.

“C’est rien.” Fit-elle simplement.

Mais le conteur ne comptait pas lâcher l’affaire.

“Qu’est-ce que tu es?”

L’enfant sembla hésiter pendant un long moment, puis finit par désigner Neige qui était restée muette jusque-là.

“Elle le sait.”


Trois mots qui eurent l’effet d’un véritable couperet poule vieil homme qui reporta son attention sur sa partenaire.

“Val’? Qu’est ce qui se passe ? J’te jure que je fais pas un seul pas de plus tant que j’ai pas toute l’histoire.”

Neige avait le souffle court, consciente qu’elle ne pouvait désormais plus reculer ; elle semblait chercher les bons mots, à la fois pour apaiser le courroux de son compagnon mais également lui apporter une partie des réponses qu’il attendait.

“Nath’...Kal n’est pas une enfant comme les autres. Elle pourrait être la clef…”

L’adolescente retroussa alors fièrement sa manche, présentant au vieux conteur, de plus en plus confus, sa blessure noirâtre comme un trophée. Le liquide visqueux avait désormais entièrement enrobé la plaie qui commençait déjà à se résorber, comme par miracle.

“Je ne suis pas la fille d’aristocrates richissimes, ni la petite-fille du vieux. J’ai aucune idée de qui sont mes parents. Tout ce dont je me souviens c’est cette cellule, les incantations de ce maudit sorcier et toutes les douleurs que les changements qu’il cherchait à faire dans mon corps. Pour pouvoir être prête à accueillir Arzâzath quand l’heure sera venue.”

La dernière phrase prononcée par Kal resta un long moment en suspens, de longues qui s’écoulèrent lentement alors que le conteur cherchait encore à comprendre le sens réel de ces mots. Sentant la situation sur le point de dégénérer, Neige posa une main sur l’épaule de l’homme, cherchant à l’apaiser comme elle en avait l’habitude.

“Les pouvoirs croissants de l’Orchâl ont commencé à consumer son enveloppe charnelle. C’est pour cela qu’il a quémandé à son sorcier de lui préparer un autre hôte, en tout point semblable mais plus résistant. Les Passeurs l’ont libéré des prisons et Gilgamesh pense qu’elle pourrait être la clef pour vaincre l’Ordre.”

Cette fois c’était Nathanaël qui avait de plus en plus de mal à respirer normalement.  Un mélange d’émotions négatives montait progressivement en lui. En d’autres temps, une telle annonce l’aurait rempli de joie et d’espoir. Aujourd’hui il n’en était rien. La colère, l’amertume, le sentiment d’avoir été trahi, la peur; voilà tout ce qu’il ressentait.

Le conteur plongea ses yeux sombres dans les pupilles bleues de l’ancienne espionne.

“Comment tu sais tout ça ?”

Neige implora :

“Nath’ je t’en prie, cela importe peu. Avançons.”

Cependant, lui n’avait pas la moindre intention de faire le moindre pas, il saisit l’avant-bras de sa compagne et le serra fortement avant de répéter en articulant chaque syllabe. Derrière sa voix rauque, elle pouvait entendre de légers craquements, signes à peine perceptibles des traumatismes qui habitaient cette âme tourmentée.

“Co-mment tu le sais ?”

Neige soupira, consciente qu’elle n’avait plus d’autre choix de lui révéler la vérité.

“La Tête prépare ce coup depuis longtemps. Il m’a informé de ses intentions par le biais de plusieurs messages codés…”

Bien entendu, les recettes soi-disant envoyées par cette grand-mère un peu sénile à son petit-fils imaginaire était en réalité des messages cryptés rédigés par le vieux Gilgamesh à l’endroit de celle qui, finalement, n’avait jamais cessé d’être sa protégée.
“Depuis combien de temps ?” Demanda le conteur.

Aucune réponse, mais une seule larme solitaire coula le long du visage de Valeraï. Nathanaël hocha la tête d’un air déçu. Trahi, trompé. La présence de Valeraï avait été le seule phare dans cette nuit éternelle. Cette lumière avait-elle était une autre illusion?

“Donc tout n’était que mensonges.”

Il desserra les lanières du sac qu’il portrait sur le dos et le tendit à sa partenaire, le visage fermé.

“Va à Tharbad avec cette abomination si c’est ce que tu désires. Moi je rentre.
-Nath’...je t’en prie…
-Ce n’est plus mon combat.”


Il lâcha le précieux paquetage et sans un regard derrière lui, rebroussa chemin.


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Seul. Affreusement seul. Au fond, comme il l’avait toujours été. C’était mieux ainsi, au moins personne ne pouvait être témoin des sanglots qui secouaient sa vieille carcasse et des larmes qui venaient se perdre dans sa barbe poisseuse.

Combien de temps s’était écoulé depuis qu’il avait laissé Valeraï et l’enfant maudit ? Quelques minutes ? Plusieurs heures ? Un jour entier ? Il avait perdu toute notion du temps. La reverrait-il un jour ? Avait-il seulement envie de la revoir ?

Le déni avait cédé sa place à la colère qui avait elle-même engendrée une amère incompréhension. Pourquoi avait-elle persistée dans cette voie? Au vu des conditions, ils avaient enfin trouvé un semblant de stabilité ensemble. Pourquoi tout risquer à nouveau alors que tout espoir avait déjà été anéanti, là-bas dans les plaines calcinées du Riddermark ?

Le vieux conteur, qui errait ainsi sans réel but au milieu du dédale de souterrains, fut alors tiré de ses pensées noires par des éclats de voix et le bruit des bottes sur les dalles humides. Par réflexe, il se pressa contre le mur, à l’intérieur d’un renfoncement placé derrière une petite arche de pierre, à l’abri des regards et tendit l’oreille.

La patrouille de soldats passa sans le remarquer au pas de course.

“Allez on se dépêche. Selon De Siznoff, les fugitifs devraient se trouver près de la sortir du Mur Est.”

Le sang du conteur ne fit qu’un tour.

Ils avaient été trahi.

Avec un cri rageur, il sortir de sa cachette et bondit sur les pies. Prêt à répandre sa fureur meurtrière.


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Nathanaël avait fini par les retrouver, tout près du passage vers la sortie orientiale de la ville comme l’avait supposé le soldat qui avait croisé sa route quelques minutes plus tôt et dont les entrailles s’étiraient dorénavant parmi le torrent d’eaux souillée.

Neige était là, faisant face à trois adversaires et protégeant de son corps la petite Kal qui s’était recroquevillée contre un mur. Le conteur, qui avait récupéré une dague sur l’un des nombreux cadavres qu’il avait laissé derrière lui se rua sur l’un des sédéistes avec un cri bestial. Pris par surprise, l’homme eut à peine le temps de tourner la tête et voir la mort arriver que sa gorge fut transpercée de part en part.

Le deuxième adversaire fut plus prompt et se jeta sur ce nouvel assaillant, le forçant à une lutte au corps-à-corps. Nathanaël sentit les doigts du garde se referma sur sa gorge et bientôt se retrouva sous la surface de l’eau, incapable de reprendre sa respiration. L’homme était plus jeune et vigoureux et dans cette situation, la rage et l’expérience du conteur n’étaient plus suffisants. Proche de la suffocation, il chercha à se libérer de cette étreinte mortelle en se débattant et faisant de grands moulinets avec ses bras. En vain.

Ainsi mourrait il? Au milieu des excréments et des rats ? Sans que personne ne se souvienne de lui ou ne pleure sa disparition au petit matin ?

Puis soudain, comme par miracle, l’emprise se libéra et il put remonter à l’air libre et prendre une longue inspiration qui lui brûla les poumons. Il lui fallut quelques instants pour reprendre ses esprits et constater que l’agent qui avait failli le vaincre gisait sans vie, une dague fichée dans son œil. La petite Kal, sourire carnassier sur son visage tâché de sang, se tenait juste derrière lui. Leurs regards se croisèrent pendant un long moment de flottement durant lequel les cauchemars les plus profonds du conteur refirent surface.

Face à l’Orchâl. Il s’attendait désormais à ce que l’adolescente fonde sur lui pour le massacrer, toujours en affichant ce terrifiant rictus.

Il n’en fut rien. Le sourire disparut du visage de l’enfant et la petite fille innocente revint prendre la place de l’être maléfique. Son regard, désormais embué de larmes, se détourna de sa victime pour se poser sur la silhouette de Valeraï étendue contre un mur, une plaie béante au niveau de l’abdomen.

“Oh non, non, non. Val’...”


Nathanaël se précipita auprès d’elle, de ses mains tremblantes il la souleva légèrement pour soulager sa peine et observa sa blessure. Le sang continuait à s’écouler et des organes vitaux avaient probablement été touchés. Pire que tout, il sentait déjà la force vitale de sa partenaire filer entre ses doigts. Il avait vécu cette scène de bien trop nombreuses fois au cours de sa misérable existence.

Pour la dernière fois, Neige lui posa une main apaisante sur l’épaule. Comme elle en avait l’habitude.

“Nath’...Fais-le pour nous. Fais-le pour toi.”

Le conteur ne parvenait plus à refouler ses sanglots.

“Ferme-la Val’, je vais te sortir de là…”

D’une voix faible et à peine audible, elle ajouta:

“Ne perds pas espoir…”

Puis sa tête bascula, son regard se figea.

Déjà au loin, le clinquement des armes des soldats de l’Ordre se faisaient entendre. D’autres renforts étaient en route et ne tarderaient pas à les retrouver. Nathanaël déposa délicatement le corps de Neige et se tourna vers Kal.

Ses larmes avaient disparu. Dans son regard, une détermination nouvelle.

“Allez ! Vite !”

L’homme et l’enfant escaladèrent jusqu’à la trappe qui devait les mener à la surface, laissant derrière eux la dépouille de l’ancienne espionne.

Dans le monde de l’Ordre de la Couronne de Fer, il n’y avait point de place pour le deuil.




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3 mois plus tard




“Par les Valars ! Que s’est-il passé ici?”

Nathanaël sourit légèrement en entendant l’enfant utiliser une des expressions que lui-même avait répété si fréquemment au cours de leurs péripéties de ces dernières semaines. La question qui suivait pourtant était bien moins réjouissante.

Après de nombreux détours et dangers qu’ils avaient surmontés, le duo avait enfin terminé leur traversée des Montagnes Blanches et progressaient désormais parmi les terres arides de ce qui jadis avait été le Royaume du Rohan. De longues étendues planes et stériles, à l’exception de quelques parterres d’herbes mauvaises et jaunies par le manque de lumière. Au-dessus de leurs têtes, une colonne de nuage obscurs assombrissait toute la région en permanence. Il n’y avait plus aucune saison dans le Riddermark, seul un plafond ténébreux qui semblait inamovible depuis près de dix ans.

“Jadis, ces terres étaient verdoyantes et fertiles. Hommes et chevaux les parcouraient sous un soleil éclatant. C’est là que j’ai grandi.”

Cela faisait bien longtemps que l’homme n’avait pas évoqué ce passé lointain, ces origines avec quiconque. D’un ton grave, qu’il avait si souvent employé pour raconter ses histoires du temps où il travaillait dans les auberges, près d’un feu de cheminée ; il poursuivit.

“Il y a plus d’une dizaine d’années c’est ici qu’une folle espérance a vu le jour. Le Prince Orwen venait alors de renverser son père, à la solde de l’Ordre comme tous les dirigeants d’Arda. Alors la résistance à la tyrannie s’organisa ici et tous les défenseurs des Peuples Libres, ou même d’autres, répondirent à l’appel du jeune Roi, se regroupant à Edoras pour mener la révolte. Elfes et nains manquaient à l’appel, retranchés dans leurs refuges, comme toujours depuis l’avènement de l’Ordre mais les Hommes…des hommes vinrent de partout. Dunedains, Semi-Hommes, Lossoths, Suderons et même varkayin; tous se battant désormais sous une même bannière. J’étais parmi eux, au côté de Valeraï, au côté de mon frère et de mes anciens compagnons d’armes. Six mois. Cela dura six mois, six mois d’exaltation et d’espoir. Six mois de victoires et de conquêtes. Mais tout cela n’était qu’illusion et bientôt l’Orchâl mobilisa ses troupes pour mater la révolte. Les rebelles commencèrent à reculer, perdant rapidement du territoire jusqu’à se retrancher entre les murs de leur capitale. Le siège d’Edoras dura six autres longs mois. Six mois d’un cauchemar sans fin.
-Les troupes de l’Ordre ont fini par gagner ?”


Un rire cynique secoua la vieille carcasse du conteur.

“Oh non. Si seulement cela avait été si simple. Ils ont fait le siège, coupé le signes d’approvisionnement ; puis ils ont simplement attendus. Au bout de quelques jours, les premières tensions à l’intérieur de la cité apparurent. Des affrontements entre factions, des luttes intestines pour prendre la main. Puis quand la nourriture et l’eau vinrent à manquer cela ne devint qu’une quête de survie. On commença par voler les chevaux de la cavalerie pour manger, puis quand il n’y en eut plus, alors on…”


Il s’arrêta dans sa phrase, conscient qu’il en avait probablement trop dis pour une fillette de cet âge. Les images de ces nuit d’horreur où l’on chassait vieillards et nourrissons revenaient assez souvent hanter son esprit endurci pour ne pas avoir à les partager avec une âme encore si candide.  Il passa donc sur ce passage, ô combien traumatisant, de son récit.

“Finalement, l’Ordre n’eut pas même besoin de tuer une seule personne à Edoras. Les libérateurs avaient fini par s’entretuer et détruire leur cité. Quand les portes s’ouvrirent finalement, tout n’était déjà que ruine et désolation. Certains survivants avaient réussi à fuir à temps. Beaucoup rejoignirent le camp de l’Ordre, convaincus qu’un ordre tyrannique valait mieux qu’une anarchie cruelle. D’autres fous, allèrent se terrer pour continuer une guerre déjà perdue. Certains, comme mon frère, furent assez chanceux de pouvoir rallier la colonie du Seigneur Boréac dans les Cavernes Etincelantes et vivre une vie ascète mais paisible.
-Et toi ?
-Ah moi. J’ai laissé tout cela derrière moi et cherché àm'en sortir du mieux possible.”

Ils continuèrent à avancer en silence jusqu’au niveau d’un puits dont Nathanaël se souvenait. Ce dernier remonta le seau à l’aide de la corde et renifla l’eau pour s’assurer qu’elle n’était pas viciée. La petite Kal’ de son côté était resté muette depuis plusieurs minutes. Quand elle lui posa une nouvelle question, le conteur haussa les sourcils, lui qui pensait qu’elle avait assimilé ce récit avant de passer à autre chose. Visiblement cette histoire continuait à la préoccuper.

-C’est ce jour là que tu as arrêté de croire que le monde pouvait être sauvé ?
-Non. C’est ce jour-là que j’ai arrêté de croire qu’il méritait de l’être.”


Nathanaël se redressa et tendit son outre remplie à Kal.

Allez petite, ne traînons pas ici. La route est encore longue.”


The Young Cop


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Forlong
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Concours d'Automne - Et si... ? EmptyDim 24 Nov 2024 - 18:58


Citation :
“Même si peu d’entre nous s’en doutaient à l’époque, la mort du roi Méphisto lors de sa charge désespérée sur la cité d’Assabia il y a sept ans, en janvier de l’an 300 du Quatrième Age, était le début réel de l’avènement de l’Ordre de la Couronne de Fer.

Les assassinats du prince Aleth et des enfants du roi Aldarion s’étaient ensuivis, et jusqu’à ce jour on parle de l’année du fléau de la lignée d’Isildur. La reine Idril avait rejoint son mari et son fils aîné aux Maisons des Morts moins d’un an après; certains prétendent qu’elle était morte d’un coeur brisé comme Arwen, d’autres qu’elle fut atteinte d’une maladie rare, et certains murmurent qu’on l’avait empoisonné.

Le roi Aldarion, obligé de se retrancher avec ses fidèles dans la province du Cardolan suite à un coup d’état, n’était pas là pour combler le vide et prendre les rênes du Royaume Réunifié. Ce fut donc avec soulagement et enthousiasme que le Conseil du Sceptre accueillit deux ans plus tard le retour du prince Chaytann, fils de Méphisto, escorté jusqu’à Minas Tirith par le Général Cartogan et le Seigneur Warin. Ce dernier fut choisi comme Intendant du Gondor et les deux hommes assumèrent la co-régence du royaume…”  

Niklaas Makiavel déposa sa plume avec un soupir. Il ressentait une certaine admiration pour l’Ordre de la Couronne de Fer, mais son coeur de gondorien se déchirait face au sort de la lignée d’Elessar. La suite de son dernier livre, ‘Après le Fer, que devient la Couronne’, devrait attendre. Il était attendu à la cérémonie de mariage. Mais avant celle-ci, une exécution…

***

Depuis quelques jours la ville était devenue une véritable ruche, avec des centaines de commerçants, artisans, voyageurs et soldats se préparant au mariage royal. Le général Cartogan, responsable de la sécurité, avait renforcé la garnison de la cité afin d'éviter tout incident. Tous les voyageurs et invités ne bénéficiant pas d'un permis signé par la main de l’Intendant devaient s'installer sur les champs de Pelennor. Un océan de tentes était apparu devant les portes de Minas Tirith.

Et pourtant, l’événement qui avait attiré une petite foule sur la place en face de la caserne n'avait aucun rapport avec ces festivités. Un grand échafaud, dressé spécialement pour cette occasion, était entouré par un bataillon de Gardes de la Fontaine, la formation d'élite de l'armée du Gondor. Les spectateurs se tenaient à une distance raisonnable de leurs lances brillantes.

Une rangée de chaises fut installée sur un des côtés de la plateforme, recueillant un groupe plutôt impressionnant. Il y avait donc Warin, l’Intendant du Gondor. Le célèbre général Cartogan, chargé de rétablir l'ordre dans le royaume, et à sa gauche le commandant de la Milice. Niklas Makiaveel, professeur réputé de l'Université de Minas Tirith, murmurait quelque chose à l'oreille de Tiber Goloth, juge et représentant de la Compagnie du Sud. Finalement, Dalia de Ronce, Grande Guérisseuse de la cité, se tenait droite dans son siège, son regard sévère scrutant la foule.

Il s'agissait du comité convoqué par le Conseil du Sceptre deux mois auparavant, dans le but d'enquêter et juger les crimes d’Eradan, commandant des chevaliers du Cor Brisé.

L'accusé était debout face à eux, surveillé par deux Gardes de la Fontaine, les mains sur les pommeaux de leurs épées longues. Il se tenait droit et ses traits n’avaient perdu rien de leur noblesse, mais son visage portait des signes de fatigue et de désespoir. Il plissait les yeux, ayant perdu l'habitude de la lumière du soleil au cours des semaines passées au cachot.

Concours d'Automne - Et si... ? Makiav10

Niklas Makiaveel fut désigné pour lire le verdict du comité:

-Eradan, descendant illégitime de Boromir II. Une longue enquête nous a permis de découvrir la nature de vos crimes terribles. Vous avez rejeté l’autorité du Conseil du Sceptre et de l’Intendant, levant une force armée qui a tué, lors d’une bataille fratricide, les soldats d’un otharrimion de l’armée du Gondor. Vous avez assassiné avec préméditation Swan, le gouverneur de Pelargir. Vous avez tenté de soulever la province d’Ithilien contre la Couronne. Enfin, vous avez hébergé d’autres criminels, ces Passeurs d’Etoiles, une organisation obscure tentant de prendre contrôle de la Terre du Milieu. Pour trahison du plus haut degré, meurtres et complots, vous serez à jamais connu comme ennemi des Peuples Libres. Par la force de ce document, signé par le Prince Chaytann et les jurés ici présents, je vous condamne à mort, Eradan! Il serait de mauvais augure de verser du sang en un jour pareil, celui d’un mariage royal. Ainsi, nous condamnons Eradan à être pendu par le cou jusqu'à ce que la mort s'ensuive. Maître bourreau, faites votre devoir.


Dalia de Ronce détourna le regard lorsque le bourreau dégagea le tabouret sur lequel se tenait le condamné d’un coup de pied habile. La nuque d’Eradan se brisa immédiatement, une mort rapide. La lumière s’éteignit dans les yeux du dernier descendant de la lignée de Faramir.

***

Loin des foules, dans une pièce sous les rues blanches de Minas Tirith, une femme envoûtante dont la tenue laissait deviner les formes enivrantes de son corps, se tenait devant un homme attaché à une chaise. Elle passa la langue sur ses lèvres, dévoilant ses dents blanches.

-Te voilà donc à ma merci une fois de plus, mon beau maréchal. Tu ne peux pas rester éloigné de moi pendant trop longtemps n’est-ce pas?

Gallen Mortensen cracha, et tira en vain sur les cordes qui reliaient ses mains.

-Cette fois, je vais briser ta petite nuque, femme.

Concours d'Automne - Et si... ? Shiva10 Concours d'Automne - Et si... ? Gallen10

Shiva sourit, et passa son pouce sur la barbe du rohirrim, essuyant le filet de bave d’un geste sensuel.

-On peut s’essayer à ce genre de jeu si tu veux, mon chéri. Mais d’abord…tu connais bien le quartier général de la Loge. Juste un nom de cité à me donner. Ensuite, tu auras tout ce que tu…désires.

Elle s’était penchée sur lui, sa poitrine généreuse au niveau de son visage, et il pouvait deviner le rythme accéléré du coeur de la femme à la vue de son sang qui pulsait sous la peau de son long cou.

-Nous n'avons pas de quartier général car nul n'a connaissance des autres. Les Loges ne sont pas vulnérables à la faiblesse d’un seul de ses membres. Et de toute façon, j’ai déjà perdu tout ce que j’avais à perdre.

La porte s’ouvrit soudainement, et Shiva se retourna, avant de se détendre à la vue d’un messager vêtu de noir et de blanc.

-L’autre prisonnier a parlé. Nous connaissons le Quartier Général des Passeurs. C’est Tharbad.

La femme se tourna vers Gallen, rapide comme l’éclair. Le combattant légendaire n’eut pas le temps de dissimuler ses émotions derrière une muraille d’indifférence, et avec un sourire triomphal, elle le sut.

-Oui. Son regard le confirme. Préviens les autres.

Le messager la salua avant de disparaître de l’autre côté de la porte. Shiva soupira:

-Sepsis a quelque chose de spécial de prévu pour toi. Une mort douloureuse pour un de nos ennemis les plus redoutables. Il dit qu’il a vu ta mort dans les flammes dans ses rêves, mon beau maréchal. Un bûcher t’attend. Une mort flamboyante pour une étoile brûlante comme toi.

Elle se pencha à nouveau sur lui et l’embrassa longuement, sa langue dansant sur la sienne.

-Oui, aussi chaud que le premier…même si tu es déjà mort. Je peux au moins t’éviter le bûcher, chéri.

Gallen sentit une pointe froide mordre sa chair et s’enfoncer dans son coeur. La femme l’avait poignardé tout en l’embrassant. La tête du Champion du Rohan retomba, il murmura juste:

"Je meurs encore une fois pour le Rohan"

***



Chaytann était vêtu d’une splendide tunique noire brodée d’argent. Une cape blanche portant le symbole de l’arbre et des sept étoiles tombait de ses épaules, donnant au garçon des dix ans un air de noblesse et de maturité.

Le général Cartogan et quatre gardes de la citadelle l’accompagnèrent jusqu’à l’estrade. Le garçon soupira à la vue de la belle jeune femme vêtue de blanc. Il était encore trop jeune pour tout ça, mais le prince était entièrement sous le charme de Kallista. Au début, certains membres du Conseil du Sceptre s’opposèrent à l’idée du mariage du prince à une fille d’un capitaine défunt de la garde, mais Nogard venait d’une ancienne famille noble, et les Illustres finirent par soutenir la proposition. De toute façon, Warin et Cartogan ne supporteraient aucune opposition à ce sujet.

L’Intendant Warin tendit un sceptre à Kallista, puis posa une couronne de fer sur la tête du fils de Méphisto, et mit la main de la jeune femme dans celle du garçon. Les invités de marque étaient assis dans la première rangée. Le prince Aelas d’Arnor et son intendant Alcyon. Le roi Hogorwen du Rohan. La reine Lyra de Rhûn. Tahar, Seignur de la Moria. Les dignitaires du Conseil du Sceptre.

Chaytann, prince du Gondor et héritier de la Couronne du Royaume Réunifié épousa Kallista Nogard dans la Cité des rois le jour du Solstice d’Eté. Alors que les cloches se mirent à sonner et la foule triomphait, un être plus ancien que les murailles blanches de la cité riait, sans que personne ne puisse l’entendre. Arzâzath avait accompli ce dont Sauron lui-même avait été incapable. La lignée d’Elendil, d’Isildur et d’Elessar lui appartenait à présent, et l’enfant de Chaytann et de Kallista porterait la couronne de fer et instaurerait l’Ordre dans toute la Terre du Milieu.


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Lithildren Valbeön
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Concours d'Automne - Et si... ? EmptySam 30 Nov 2024 - 10:43


Ruines.

Chaos.

Imladris.

Les troupes de la Couronne de Fer se battaient dans le feu et le sang, dans les ombres et le fer. La bataille était déjà largement entamée lorsque la femme voilée de rouge passa la barrière de fumée noire pour observer ses alentours. Son regard argenté, glacial, sondait les elfes tentant de rogner un orteil de terrain. Ils se faisaient écraser par la puissance de l'Ordre.

Parfait, se disait-elle.

Elle méprisait cette ville qui ne l'avait jamais secourue. Ces gens qui l'avaient méprisée pour être née sous le blason qu'elle portait autour du cou. Elle avança. Lentement. A chacun de ses pas, une lame abattait ou blessait un elfe. Elle en était satisfaite. Ses cheveux d'argent flottaient un peu à chaque fois qu'elle posait un talon au sol. Elle arriva à une plateforme reliant les jardins à d'autres parties de la cité. Là, elle s'arrêta.

De l'autre côté, une silhouette aux cheveux noir et aux yeux bleu azur lui barrait la route. L'homme était éclaboussé de sang, épuisé. Elle fronça les sourcils.

- Une belle journée pour mourir, n'est-il pas...

Elle tira sur le foulard écarlate cachant son visage, se dévoilant. L'homme écarquilla d'abord les yeux puis se crispa, prenant une pose de combat. Une larme roula sur sa joue.

- Mon frère.

Ils s'élancèrent. Ils croisèrent le fer et combattirent avec la férocité de deux lions combattant pour leur place à la tête. Mais #Nodreth n'était plus de taille. Elle prit l'avantage après de nombreux échanges égaux, tir une dague dissimulée et la lui planta dans le foie. Il tituba, laissant tomber son épée. Elle retira la dague d'un coup sec, donnant un coup de talon au même endroit pour faire tomber son frère, ennemi et victime. Il leva les yeux sur le ciel embrasé de sa cité, celle qu'il aurait voulu défendre plus tôt. Son incompétence le faisait saigner. Elle vint se pencher au-dessus de lui, un sourire aux coins des lèvres.

- Ainsi s'achève la lignée des Valbeön, mon frère. Que ta mort signe le renouveau de notre peuple.

Il tenta de cracher mais elle lui entailla la gorge d'un mouvement vif. Elle l'abandonna là, le laissant mourir seul face aux étoiles mourantes derrière les nuages noirs. Elle ramassa son foulard rouge et le noua de nouveau autour de son visage pour ne laisser apparaître que ses yeux et son front. Après lui, elle traqua Geraïhn et ses parents dans la bataille. On lui avait promis leur vie. Elle prit vengeance et laissa sa rage couvrir les pavés autrefois sublimes de la cité de sang.



Les braises de la ville dansaient encore lorsqu'elle rejoignit un elfe qui se tenait sur les hauteurs. Ils se regardèrent sans prononcer un mot avant de se tenir la main. La rage brûlant dans les deux cœurs avait aidé à détruire la ville où ils étaient nés. Leurs retrouvailles ne s'étaient pas faites sans quelques coups mais, désormais, les flammes s'éteignaient autour comme en eux. Ils regardaient l'Ordre dominer les lieux. Elle baissa son foulard et vint poser un baiser sur la joue de son aimé.

Ils n'étaient que des outils à une fin. Ils le savaient. Et ils avaient l'intention d'en profiter. Avec l'Ordre qui enchaînait les victoires, plus personne ne pourrait les arrêter. Personne ne pouvait les enchaîner, les critiquer, leur reprocher de ne pas être "assez elfes". Ils pouvaient jeter leur héritage au loin et s'épanouir dans le bonheur à leur manière, selon leurs envies et combler le moindre de leur désir.

A commencer par celui qu'elle portait dans son ventre.
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Sigismond Ruisseauvert
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Concours d'Automne - Et si... ? EmptySam 30 Nov 2024 - 10:47
Accourez ! Accourez d'un pas preste créatures de la terre, esprits souterrains ou lueurs éphémères dans la nuit, approchez ! Le vieux Troublefeuille tient conseil. Il est trop longtemps resté endormi sous les ombres des feuillages, dans la fraîcheur apaisante de la forêt lors des chaudes journées d'été.

Qu'il est éloigné le temps ou des amoureux venaient s'embrasser sous son tronc millénaire et qu'il les regardait, bienveillant. Ses soucis ne se résumaient alors qu'aux dérangement que provoquait l’installation d'une famille d'écureuil dans ses branches noueuses. Quand Troublefeuille convoque, tout ce qui vit dans la terre, dans l'eau ou dans les airs vient, et ce malgré les années.

Chaque fois que le vent rapporte de sombres nouvelles, que la nuit se fait pénétrante et que mêmes les cœurs les plus braves faillissent, alors tout le monde vient demander conseil au vénérable Troublefeuille et chaque fois, grâce à ses sages conseils, la région est préservée.
Mais aujourd'hui tout est calme car Troublefeuille ne dit rien;

-Est il souffrant ? S'inquiète le lièvre
-Non, il réfléchit. Répond la chouette
-Le soleil  s'est déjà couché trois fois depuis le début de l'assemblée. Remarqua l'épervier
-Qu'arrive t'il réellement ? dit le mulot

Alors la corneille qui voyage tant et qui sait tant de ce qui se déroule de par le monde, leur raconta ce qu'elle avait vu et entendu:

-Les Humains sont devenus fous, un ordre ancien et puissant s'est donné pour but de remettre de l'ordre sur la terre du milieu au détriment de ceux qui y vivent. Tous, les uns après les autres se sont prosternés. Ils avaient le choix entre la honte et la guerre, ils ont choisi la honte et ils ont eu la guerre. Même Fondcombe n'est plus un refuge sûr, que nous arrivera t'il à nous lorsque les légions de la Couronne de Fer arriverons dans notre forêt de Chet ?


-Cet histoire est peut être une aubaine, les humains ne viendront plus couper nos chênes millénaires et construire leurs maisons dans nos bois. Dit le renard

-Fou que tu es ! Rappelle toi lorsque le Roi Sorcier régnait, il envoyait ses orques nous faire des choses bien pires, nous devons agir. Harangua l'écureuil.

Alors se firent entendre des sons gutturaux dans la forêt, des voix malsaines et hideuses s'élevaient. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire tous les habitants du bois de Chet se cachèrent sous des racines ou dans des terriers. Ils virent apparaitre un groupe d'humains au visage mauvais qui se frayaient un chemin en coupant des branchages à tout va.

-Les Pies seront contentes, nous avons trouvé un endroit parfait pour installer notre camp, tous les récalcitrants à l'ordre nouveau seront rééduqués ici ! Dit celui qui semblait être leur chef

-Moi tu sais tant qu'on me paye...
Dit un des mercenaires

-Vermine, tu ne peux pas comprendre la mission civilisatrice que nous menons !


-Très bien Baldwin, si tu le dis. Répondit le mercenaire apeuré.

Baldwin s'approcha de ce qu'il pensait être un arbre, toucha son écorce millénaire et cria:

-Cet arbre fera une très bonne potence où nous pendrons les traîtres, pour l'exemple. Mais nous n'avons pas besoin de toutes ces branches, coupez-les !


À ces mots, les mercenaires commencèrent à grimper le tronc robuste de Troublefeuille avant de sortir des scies pour couper les branches trop luxuriantes. Mais cela Troublefeuille ne pouvait l'accepter et dans un rugissement qui fit trembler la terre elle même, il s'ébroua, laissant tomber les hommes vénaux, qui se fracassèrent sur les pierres coupantes au pied de celui ci. Le visage de Baldwin d'abord horrifié, se mua en une expression de haine et ordonna:

-Mettez y le feu ! Que toute cette forêt s'embrase !

Les animaux, terrés dans leurs cachettes, étaient affolés. Ils savaient que Troublefeuille malgré sa force ne pouvait résister au flammes. De sombres souvenirs revenaient aux plus anciens, des temps obscurs où la lumière du soleil ne venait que rarement dans les sous-bois. Déjà, des braseros avaient été installés, l'espoir quittait le bois de Chet.

Alors survint un miracle, des frondaisons épaisses de la forêt volèrent des flèches qui fauchèrent les incendiaires. Des ombres encapuchonnées en sortirent pour achever les survivants. Enfin, ils se révélèrent, des hommes venus d'un autre temps, des Rôdeurs. Une voix profonde et caverneuse s'éleva:

-Hmm... Grâce vous soit rendue hommes de l'ouest, votre intervention était inespérée. Quand à vous, vous pouvez sortir.

À ces mots, les habitants de la forêt sortirent de leurs abris en regardant avec curiosité leurs sauveurs. Ceux-ci, quelques peu interloqués, étaient abasourdis devant ce spectacle:

-Un arbre qui parle ?! S'écria l'un d'eux.

-Mon père me racontait souvent des légendes des elfes à propos d'arbres parlants et marchants Dit un autre, puis il se tourna vers Troublefeuille:

Mae Govannen, je suis Aragost et voici ma troupe de Dunedain, nous avons fui Annúminas lorsque les troupes de la Couronne de Fer sont entrées dans la ville, nous sommes parmi les derniers Rôdeurs d'Arnor.

-Vous allez avoir besoin de courage, les temps à venir son sombres

-Nous avons convenu avec les autres qui refusent de se soumettre de nous retrouver à Amon Sûl, nous y tenterons de continuer le combat

-Hmm... En signe de reconnaissance, Madthos vous accompagnera


Le renard dont le nom signifiait en Sindarin "Celui qui mange la peur" s'avança vers les Dunedain.

-Nous apprécions grandement cette aide, puissiez vous vivre à l'abri de la colère de la Couronne de Fer

Après que Troublefeuille ai distribué des baies des sous-bois aux Rôdeurs pour leur voyage, ils se dirent au revoir en sachant au fond d'eux mêmes qu'ils ne se reverraient jamais.

Madthos et ses nouveaux compagnons d'infortune arpentèrent les voies anciennes et autres chemins de chèvre en évitant soigneusement la route de l'Est. Il marchaient d'un bon pas quand ils arrivèrent dans le marais de l'eau-aux-cousins. La progression se fit plus difficile, les bottes des rôdeurs s'enfonçaient dans la boue et Madthos devait faire preuve d'agilité pour ne pas rester embourbé,  s'ajoutaient les insectes qui les harcelaient, tout cela commençait à peser sur le moral des hommes. Cederon, le sergent de la compagnie profita d'un pause pour questionner son chef:

-Aragost ! Nous n'en pouvons plus, à quoi bon continuer dans ce marais putride et nauséabond pour atteindre une forteresse en ruine où nous ne sommes même pas sûrs de trouver âme qui vive.

-Que propose tu Cederon? nous rendre ?! abandonner la lutte ?!

-Fuyons dans les montagnes bleues, personne ne nous trouvera, nous pourrions vivre en autarcie sans nous soucier de la Couronne de Fer !

-Et abandonner ceux que nous avons juré de défendre ?! Te souviens tu de notre serment ?!

-Il n'y a plus de Gondor ni d'Arnor, la lutte est vaine. Il faut choisir entre honorer un serment obsolète et dépassé ou vivre heureux avec ceux que nous aimons. Nous ne pouvons sauver la terre du milieu !

-Alors nous mourrons en essayant.


Cette dernière phrase d'Aragost mit fin à la discussion, les Dunedain reprirent la marche d'un pas plus ferme, le soleil qui pointait ses rayons à l'horizon annonçait un avenir incertain.

Le soir tombait lorsque ils arrivèrent éreintés à la Colline du vent, cette tour portait bien son nom. Le vent soufflait tel un cheval au galop, les Rôdeurs s’emmitouflaient dans leurs longues capes alors qu'ils s'avançaient vers la forteresse qui fut détruite par le Roi-Sorcier il y a bien longtemps. Un feu avait été installé à l'intérieur et après que ils se soient identifiés, ils furent admis dans l'enceinte délabrée.

Madthos s'était un peu éloigné du groupe, il regardait les forces que possédaient les peuples libres: une quarantaine de Dunedain fatigués d'avoir trop longtemps fui, des vieux soldats n'ayant pas entendu le son de l'acier depuis bien longtemps et un groupe d'elfes silencieux que personne n'approchait.
Venaient également les civils, nombreux et désespérés se partageant une maigre pitance.

Curieux, Madthos s'approcha de la compagnie d'elfes, ils restaient entre eux à chanter des lais d'autres temps. Ils remarquèrent la présence du renard et semblèrent s'en amuser. Jusqu’à ce que celui ci prit la parole:

-Pourquoi êtes vous si mélancoliques ? demanda t-il naïvement

-C'est notre façon d'apprivoiser la mort lui dit un elfe

-N'êtes vous pas étrangers à celle ci ? C'est ce que nous disait Troublefeuille

-Au contraire, elle nous connaît plus que quiconque, du moins tant que nous restons en terre du milieu...


-Pourquoi ne la quittez vous pas alors ? Désirez vous donc trépasser ?

-Je pense que que tu pose beaucoup de questions pour un renard, qui me dit que ceci n'est pas un rêve ?


-Si j'étais un rêve je pense que je le saurai ! Sur ces mots le goupil quitta les elfes pour rejoindre ses compagnons.

Aragost était en pleine discussion avec les autres commandant de la place, il y avait Deorlas, un vieux Rôdeur aux cheveux d'albâtre,Meriadoc Bophin, un hobbit au regard fier qui était prêt à défendre la Comté et le pays de Bree à tout prix et enfin Skraeling Tintagel, simple habitante de Bree qui avait su rassembler autour d'elle les opposants à la Couronne de Fer? Tous étaient accompagnés de leurs lieutenants et ils discutaient activement sur la marche à suivre:

-D'après nos estimations, nous possédons quelques 600 combattants Dit Skraeling

-C'est trop peu, d'autres viendront !
S'exclama Deorlas

-Les peuples libres se sont perdus dans le confort de la paix, plus personne ne viendra. Répondit Aragost.

-Si nous perdons espoir messire Dunedain, nous n'avons rien à défendre.
Lança Meriadoc d'un ton agressif

-Cessons de nous quereller, nous devons rester unis. Je propose d'envoyer notre maigre cavalerie à l'encontre de la leur pour les attirer dans les marais de l'eau-aux-cousins, cela la rendra inutile, du moins pour un temps. Proposa Deorlas

La discussion continua durant la nuit, Madthos ne comprenait que partiellement leur conciliabule, il se lova donc dans un coin et s'assoupit. Il était près de minuit quand le renard se réveilla en sursaut, il avait un mauvais pressentiment. Ses yeux habitués à l'obscurité aperçurent la silhouette d'un homme munit d'une lanterne qui se dirigeait vers une tour abandonnée remplie de courants d'air.

Trouvant cela suspect, le canidé décida de le suivre. Le vent soufflait sur la forteresse endormie, de temps en temps s'entendait le râle d'un homme assailli de mauvais rêves mais la nuit restait calme. Madthos gambada silencieusement derrière la silhouette jusqu'à la voir se pencher à la fenêtre depuis longtemps cassée de la petite tour. Celle ci agita la lanterne comme si elle parlait au vent. Là bas dans la lande, une autre lumière lui répondait, le renard trouva cela suspect. Il s'approcha pour lui parler:

-Bonsoir, que faites vous avec cette lanterne ?

En entendant ces mots, la silhouette se retourna et, prise de peur, s’échappa à toutes jambes. Madthos couru après lui, la course ne dura pas longtemps et il sauta sur le fugitif, le faisant tomber dans la boue. Attirés par ce remue-ménage, certains rôdeurs sortaient de leurs tentes près à voir surgir un ennemi, puis ils se jetèrent sur Madthos qui avait déjà mordillé son oreille. Aragost s'approcha:

-Que fait tu ? Est tu devenu fou?

-Cet homme faisait des signaux avec une lanterne à quelqu'un dans la lande, cela m'a parut suspect


-Que dit tu ?!

A cet instant, la silhouette se révéla, c'était Cederon, le sergent de la compagnie d'Aragost. Celui ci avait l'expression de celui qui n'a plus rien à perdre.

-Tu donnais des informations à nos ennemis ?! Moi qui te considérais comme mon frère !
Lança le Aragost

-Il le fallait bien, tu refuse de prendre tes responsabilités et de sauver ton peuple. Répondit le félon.

-Jusqu'à ce qu'il n'y ai plus aucun Homme de l'Ouest sur cette terre nous nous battrons

-Les Pies avaient raison, vous n'êtes que des imbéciles suicidaires. Le monde aurai couru à sa perte avec vous.

À peine le traître avait il craché son venin que les rôdeurs l'embarquèrent pour qu'il soit attaché à un piquet. Aragost avait une expression grave. Être trahi par l'un des siens est sans doute la pire chose qui puisse arriver à un homme, pensa Madthos. Meriadoc Bophin observa la lande à travers une fenêtre délabrée et il lui sembla voir des formes se mouvoir dans la nuit.

-Mes amis ! Venez voir !

Comme si elle l'avait entendu, se révéla dans la nuit une forêt de lances. L'armée de la couronne de fer était là, prévenue par félonie du bon moment pour s'approcher.
Deorlas, le vieux rôdeur qui avait vécu tant d'hivers n'en crut pas ses yeux, le désespoir l'envahi alors qu'il se reposait un instant sur la pierre.
Les tambours grondaient alors que l'armée aux milles étendards contournait la place forte. Les archers elfes se positionnèrent sur les murs délabrés, les quelques cavaliers se réunirent et enfourchèrent leurs montures. La Tour des vents sera le théâtre d'une ultime bataille qui décidera du sort de la terre du milieu.

Alors que des échelles de bois et de cordes jaillissaient à l'attaque des murailles, une pluie de flèches enflammées s’abattit sur les assaillants. Deorlas demanda qu'on ouvre les portes et s'élança accompagné de ses fidèles et de quelques paysans sur leurs chevaux de trait à la charge. La terre tremblait sous les sabots de leurs chevaux, mais l'ennemi avait prévu cette éventualité et c'est bientôt un mur de piques et de hallebardes qui se dressa face aux cavaliers, courants vers une mort certaine.

Soudain, Deorlas leva son épée et vira vers la gauche suivi des siens sous le regard incrédule des hommes de la couronne de fer.
Mais ils ne mirent pas beaucoup de temps à réagir, déjà leurs rangs s'écartaient pour laisser passer leur cavalerie d'élite qui chargea au rythme effréné de leurs noirs chevaux.

C'était un jeu du chat et de la souris qui s'opérait, les chevaux de Trait résistants des assiégés pénétrèrent le marais de l'eau-aux-cousins puis en ressortirent facilement de par leur habitude des lieux. La cavalerie de la couronne de fer, attirée par cette opportunité s’enfoncèrent dans la tourbe et fut à la merci des flèches mortelles des elfes.

Un instant l'avancée des assaillants s'en trouva ralentie mais leurs soldats fanatiques franchirent bientôt les murailles où une lutte féroce commença contre des défenseurs en sous-nombre. Malgré leur vaillance la retraite était inévitable, Meriadoc Bophin chargea l'ennemi avec ses hobbits armés de fourches et de faux pour assurer la retraite des assiégés des murailles:

-Fuyez ! Retranchez vous au sommet de la tour !

Ce furent ses derniers mots, une flèche l'atteint à la tête. Le dernier chef des hobbits libres n'était plus.

Les derniers survivants y compris les cavaliers battirent en retraite au sommet de la Tour des Vents, là où, il y a longtemps, trônait un palantir.

-Que pouvons nous faire ? Ils arrivent de tous les côtés ! S'écria Skraeling.

-Tentons une sortie, peut être que certains pourront s'échapper. Dit Aragost

Tout le monde acquiesça.

-Quoi qu'il arrive, ce fut un honneur de tirer l'épée avec vous. Moi qui me morfondait de ne pas avoir un destin aussi illustre que mes ancêtres ! Deorlas partit d'un rire cynique.

Les cavaliers enfourchèrent leurs chevaux, les fantassins levèrent leur épée en signe de défi et les elfes restants chantèrent une ode à Elbereth. Les défenseurs dévalèrent la colline et sortirent par la grande porte défoncée. Le choc avec les rangs serrés de la couronne de fer fut féroce mais les Dunedain de Aragost parvinrent à se frayer un chemin, l'espoir revenait.

Soudain, une ombre vint cacher le soleil, un cavalier vêtu de noir et de blanc. De nombreuses rumeurs courraient à leurs compte, on les appelait les Pies mais ils ressemblaient plutôt à des corbeaux, celui ci n'était autre que Lammath, celui qui avait fait tomber Fondcombe. Aragost, épuisé par le combat, se tourna vers cette nouvelle apparition et leva son épée.

Lammath chargea le Dunedain, ce dernier le désarçonna en décapitant son cheval. Ils étaient maintenant à égalité, enfin si on pouvait l'être face à une Pie. Les lames s’entrechoquèrent dans un fracas de métal et de sang, après des minutes qui semblèrent des heures à Aragost son épée entailla le flanc de son adversaire. Il ne se rendit compte que trop tard que du sang sortait de son ventre, il s'écroula. Lammath savoura sa victoire quelques instants avant de se retourner pour voir Deorlas, Skraeling et les autres tomber un à un, le dernier espoir des peuples libres était mort.

Madthos s'était caché durant toute la bataille, toutes ces armures noires lui faisaient peur. Il s'approcha du corps d'Aragost qui avait été abandonné aux vautours par les armées de la couronne de fer. Il lui restait un souffle de vie:

-Jeune renard, ...dis moi que cette bataille... restera gravée dans l'histoire de la terre du milieu. Dit il dans un râle d'agonie.

-Nul ne l'oubliera, vous avez ma parole. Répondit Madthos.

Le soleil se levait à l'horizon, sa lumière dorée envahi la lande. Le Dunedain se tourna péniblement vers lui:

-Il est... si beau...

Ses yeux se fermèrent doucement alors que les rayons naissants réchauffaient son corps meurtri.
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Radamanthe
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Concours d'Automne - Et si... ? EmptySam 30 Nov 2024 - 11:23
Concours d'Automne - Et si... ? Neiger10

Tout était perdu.

Neige regarda le cadavre de la vieille femme tomber lentement au sol, une flèche à travers le cou. Des semaines d’enquête dans l’ombre pour rien. Mais l’espionne n’avait pas le temps de s’apitoyer. Le trait suivant lui était destiné. D’un bond derrière une armoire, elle se mit à couvert, juste à temps pour qu’un sifflement strident ne fasse que frôler sa chevelure blanche.

Par l’angle du projectile qui venait de se ficher dans le mur de chaume, elle devina grossièrement la position de l’archer. Quand elle passa la tête à découvert, elle confirma l’emplacement de sa cible en une fraction de seconde et décocha un seul carreau de son arbalète de poing. Un instant plus tard, l’assassin s’effondra dans un râle d’agonie.

Ses yeux perçants avaient aussi confirmé qu’il y avait un second tueur. Neige, tu deviens incapable, se dit-elle en serrant les dents de rage. Une piste d’une importance capitale et elle avait réussi à se faire prendre en filature par pas moins de deux suppôts de la Couronne de Fer, sans même les remarquer. Celui qui fonçait vers elle avait préféré une courte épée à l’arc de son défunt congénère, plus adaptée au combat rapproché.

Neige se porta à sa rencontre, une dague dans chaque main. Elle plongea vers ses jambes pour esquiver le premier coup et ce faisant, elle lui cisela le tendon. L’assassin se laissa à peine déstabiliser par cette blessure qui aurait dû l’emmener au sol, et il se retourna rageusement en dessinant un large éventail avec son épée. L’espionne du Gondor l’évita sans difficulté et enfonça sa lame dans le cœur de son adversaire.

— Ils n’étaient même pas bien entraînés, se lamenta-t-elle, furieuse d’avoir été suivie par des sous-fifres dans sa précipitation.

Sa négligence avait coûté la vie à une innocente et lui avait fait perdre tout espoir de confondre celui qui avait réussi le plus grand coup de dupe de l’histoire de Minas Tirith. L’attention de Neige se reporta sur le cadavre de Hilda Cartogan. La vieille femme était morte, sans l’ombre d’un doute. Avec elle périssait la seule personne capable de prouver que le général qui prétendait préparer la Cité à résister à l’assaut de l’edwen Warin n’était en réalité qu’un autre pion aux ordres de la Couronne de Fer. Un pion prêt à commanditer l’assassinat de sa propre mère.

***

Du haut du chemin de ronde du cinquième cercle, Neige contempla l’ampleur de son échec. Une horde sans fin couvrait les Champs du Pelennor, arborant haut les bannières noires et blanches qui avaient conquis la quasi-totalité de la Terre du Milieu. Après Edoras, Fondcombe et Pelargir, ce serait au tour de Minas Tirith de tomber sous la couronne de Morgoth. Tout ça par sa faute, parce qu’elle avait laissé filer, une semaine plus tôt, la seule preuve que le premier général de Gondor était un traître. Cartogan, elle en était désormais persuadée, allait livrer la Cité Blanche aux mains de Warin.

Personne n’allait les aider à briser le siège. Les elfes avaient été défaits. Le Rohan, après une intense lutte intestine, avait rejoint les osts de la Couronne de Fer. Le Harondor était tombé comme son Emir Radamanthe, son ancien patron.

Neige se laissa choir dos contre le parapet, incapable de continuer à regarder les légions de la Couronne de Fer. Elle se sentait si seule. Pourquoi était-elle l’une des seules parmi les Passeurs d’Étoile à ne pas avoir participé à l’expédition à Vieille-Tombe ? Cette opération de la dernière chance destinée à frapper l’ordre à la racine, de laquelle personne n’était revenu. Peut-être aurait-elle réussi à faire pencher la balance en leur faveur…

Si pas, au moins serait-elle déjà morte, au lieu de faire face seule devant la marée et le mensonge. Les Loges, dans leur grand secret, s’étaient protégées en cachant jalousement l’identité de leurs membres. Résultat : elle ne savait pas si elle pouvait compter sur d’autres à Minas Tirith. Le hobbit Etelion, qui l’avait intronisée après lui avoir révélé cette organisation qui luttait dans l’ombre contre l’Ordre, gisait quelque part en Rhûn.

— Idiote, tu n’as pas le droit de regretter d’être en vie, s’admonesta-t-elle tout haut.

Je peux encore décider que faire du temps qui m’est imparti. Neige reprit sa marche, jusqu’à la petite place adjacente au quartier général du Service de l’Arbre Blanc. D’un observatoire qu’elle seule connaissait, elle se mit à scruter les allées et venues.

Depuis les accusations à peine voilées qu’elle avait portées contre le militaire le plus puissant de la Cité, elle n’était évidemment plus la bienvenue à l’intérieur du repaire des espions. Sans preuve, personne ne l’avait suivie. Mais il restait quelques êtres dignes de confiance, parmi ses collègues. Elle espérait particulièrement voir apparaître la figure barbue de Nathanael. Même si elle l’avait peu côtoyé, elle savait que le conteur avait été recruté par Gilgamesh en personne, avant sa disparition.

À la place, la silhouette qui quitta le bâtiment était un fantôme sorti tout droit de son passé. Après le choc, elle se mit à sa poursuite, sans prendre la peine d’être discrète : elle voulait qu’il la voie. Quand elle rattrapa cette apparition au détour d’un croisement, elle l’appela doucement de sa voix cristalline.

— Rusk-Iâr…

Le murmure était assez fort pour capter son attention.

Concours d'Automne - Et si... ? 1400-76

— Nârwel… continua Neige en constatant que c’était bien lui.

Les deux espions restèrent un moment à se fixer sans un mot, subjugué par la tension de cette rencontre. Leur dernière n’avait pas été heureuse. Elle avait dû faire un choix qui avait brisé leur confiance à jamais. Neige sentit une larme couler sur sa joue. Que lui arrivait-elle ? Elle n’avait pas la réputation d’être émotive. Elle ne se reconnaissait plus depuis… tout ça.

— Je ne pensais pas te revoir un jour, continua Neige. Et de retour à l’Arbre Blanc, à ce que je vois.

— Je ne l’ai pas quitté très longtemps, en fait. Cela fait un moment que j’ai repris du Service. Depuis l’enlèvement du prince Chaytann au Rohan. La Tête ne te l’a pas dit ?

— Gilgamesh a disparu. Et il y a beaucoup de choses qu’il ne m’a pas dites.

Comme son allégeance aux Passeurs d’Étoile, par exemple. Neige était persuadée qu’il appartenait à une Loge, peut-être même qu’il en était un des fondateurs. Mais c’était via un explorateur hobbit qu’elle avait été intronisée dans cette organisation secrète, pas par son mentor envolé. Pourquoi ce manque de confiance ? Soudain, elle eut une idée et commença à réciter :

Mon Bras et mon coeur, mon sang et ma vie,
Au sort des Peuples Libres à jamais je dédie,


Elle s’interrompit, attendant que Nârwel reprenne la suite, mais l’espion secoua la tête avec un petit rire moqueur.

— Je reconnais ces vers, mais je n’en sais pas la fin. Je ne fais pas partie de votre organisation, même si j’ai côtoyé plusieurs de ses membres au cours de mes missions. Sirion Ibn-Lahad, le maréchal Mortensen… Le comte Skaline ?

— Tous sont morts.

— Je sais.

Les deux espions gardèrent un moment le silence à contempler la fatalité. Il semblait qu’ils avaient affronté la même marée, chacun de leur côté. Même à deux, les vagues restaient trop grosses.

— Je suis rentré à Minas Tirith peu avant que l’armée de l’Ordre installe son siège, reprit Nârwel. Tout a changé ici. Ce n’est plus le même Service. Rhydon est très différent de Gilgamesh.

— Je sais. C’est un militaire avant tout. Je le déteste. Et le pire c’est que je ne suis même pas sûre qu’il soit à la botte de la Couronne de Fer. Mais il est férocement loyal à Cartogan, donc il fait son œuvre.

— Qu’est-ce que tu racontes ?

— Cartogan sert l’Ordre de la Couronne de la Fer. Il va nous trahir dès que Warin lancera son attaque. Ma seule preuve a été assassinée il y a une semaine. Personne ne me croit.

Nârwel Rusk-Iâr hocha la tête, lentement. À nouveau, un silence pesant s’installa. Pourtant, lorsqu’il fut rompu, une évidence s’était établie.

— Qu’est-ce qu’on fait ?

***


Neige souffla sèchement dans la sarbacane et la fléchette empoisonnée vint se ficher dans la nuque de la sentinelle. Quelques instants plus tard, celle-ci s’effondra, assommée par le chloroforme. Même en cette heure désespérée, l’idéalisme de Nârwel lui interdisait d’utiliser des méthodes plus radicales. Neige n’approuvait pas. La vie de quelques soldats ne pesait guère face au destin de toute la Cité Blanche. De tous les peuples libres. Nous sommes le dernier bastion. C’était le prix pour faire équipe avec lui. Après des semaines à œuvrer seule, elle le payait volontiers.

Les deux espions enjambèrent le garde endormi pour pénétrer dans la caserne. Leur plan était hâtif, simple et naïf. Indigne d’agents de leur trempe. Mais c’était le mieux qu’ils aient imaginé. Ils comptaient sur leur talent et un peu sur la chance.

Celle-ci semblait pour une fois être avec eux. Ils ne durent endormir que deux gardes supplémentaires pour atteindre le quartier des officiers. Celui-ci était paisible. Neige ne comprenait pas comment les gradés arrivaient à trouver le sommeil avec cette armée qui campait à leur porte. Avaient-ils vraiment une telle confiance aveugle envers Cartogan ? La chambre de celui-ci n’était même pas gardée.

— C’est trop facile…

— Quelque chose cloche.

Malgré leurs appréhensions, ils pénétrèrent dans le dortoir du général. Un coup d’œil rapide leur permit de voir que le lit était vide. Mais un corps gisait au sol. Neige osa allumer une bougie de son briquet d’amadou.

— Nooon !

Elle laissa tomber sa chandelle et il fallut que Nârwel en rallume une. Neige s’était entre temps déjà approchée du cadavre voûté, sur qui les vêtements de voyage d’un brun discret paraissaient si inconvenants, lui qui d’habitude était toujours habillé de couleurs criardes. La tête de la Tête avait quitté son corps et roulé à côté d’une table renversée, témoignage d’une lutte intense. Même sa longue barbe avait été tranchée net, volute grise sur le sol rougeoyant.

— Pourquoi ?

Gilgamesh n’avait jamais été un grand guerrier, ni un homme de terrain. Un sage excentrique oui, capable d’arriver aux mêmes conclusions qu’eux, de quelque manière. Pourquoi avait-il essayé d’assassiner le général Cartogan lui-même, alors que ses deux meilleurs agents étaient dans la Cité ? Qu’avait donc fait Neige pour perdre sa confiance ?

Neige se retourna brusquement vers Nârwel, la main crispée sur sa dague. Son apparition était trop fortuite, ça ne pouvait pas être une coïncidence. L’ancien éclaireur se contenta de la pointer d’un doigt accusateur.

— Je t’interdis de me soupçonner de trahison ! lança-t-il dans un rugissement sourd. Ce n’est pas moi qui suis prêt à sacrifier des innocents ! Je t’ai cru dans tes affirmations insensées sans l’ombre d’une preuve…

Neige relâcha son poing et laissa tomber son arme.

— Je suis désolée.

— Mais le vieux pensait manifestement la même chose que toi. On fait quoi maintenant ?

Neige ne put retenir un ricanement silencieux. Le vieux… Même lorsqu’elle le maudissait pour avoir disparu, elle ne s’était jamais permise de l’appeler ainsi. Et maintenant qu’elle le retrouvait, mort, elle se disait qu’il le méritait. Il avait tout gâché.

— On dégage, si on y arrive.

Elle entendait le fracas des bottes. C’était sans doute un piège. Mais aucun garde ne déboula dans le couloir ni à aucun moment de leur fuite. Ils ne comprirent que quand ils firent irruption à l’air libre. Dans la noirceur de la nuit, des soldats couraient dans tous les sens. Certaines compagnies fonçaient vers le bas de la Cité. D’autres avaient abandonné tout ordre et se repliaient vers les cercles supérieurs. L’assaut avait commencé.  Suite à la tentative d’assassinat, Cartogan avait dû abattre les masques et ouvrir les portes de Minas Tirith à Warin.

— Le tocsin ne sonne pas, les feux d’alarme sont éteints. C’est une catastrophe.

— Il y a un seul homme capable de rassembler l’armée du Gondor après la trahison de son général en chef.

— Le Roy !

— Tu es plus jeune que moi, plus agile… Cours ! Va réveiller Méphisto !

— Et toi ?

— Je vais poursuivre notre objectif de ce soir. Tuer le traître, si j’y arrive.

— C’est trop tard.

— Il reste les portes des autres cercles… Il faut arrêter Cartogan avant qu'il les ouvre de l’intérieur. J’en fais mon affaire.

Neige acquiesça, une grimace sur le visage. C’était une mission suicide que Nârwel s’était attribuée. Elle qui était relayée au rang de messagère… Mais il avait raison. Seul le Roy pouvait empêcher la chute de la Cité Blanche.

— Adieu, Valeraï d’Illicis.

Nârwel disparut dans la nuit, sans qu’elle ait le temps de répondre. Il lui fallut un moment pour reprendre ses esprits et se mettre à courir vers le haut de la Cité. Idiot… Il ne l’avait jamais appelée par son vrai prénom ni par le nom de son père auquel elle n’avait pas droit. Pourquoi commencer aujourd’hui et semer le trouble dans ses pensées, alors qu’elle avait besoin de toute sa tête ? Parce qu’aujourd’hui nous mourons. Adieu Nârwel Rusk-Iâr.

***

Lorsque Neige atteint la Cour de la Fontaine, elle fut arrêtée par un bataillon de gardes aux heaumes ailés qui, bien que perchés au dernier cercle et coupés de tout signal d’alarme, avaient compris que quelque chose ne tournait pas rond. La jeune femme se retrouva face à une vingtaine de lances brandies.

— Je suis Neige, capitaine de l’Arbre Blanc ! La Cité est attaquée, il faut prévenir le Roy !

Après un instant d’hésitation, les Gardes de la Fontaine la laissèrent passer. Arrivée face aux portes du palais, elle rencontra une nouvelle troupe. Elle commença à répéter son message quand les deux battants s’ouvrirent à la volée.
Il était là, revêtu de son armure, comme alerté par la clairvoyance de sa lignée. Sans heaume ni cape, il ne paraissait pas aussi bien apprêté qu’à chaque fois qu’elle l’avait vu sur un champ de bataille, mais sa figure altière dégageait tant de majesté et de colère qu’il n’avait besoin d’aucun apparat. Le Roy Méphisto partait à la guerre, et il brandissait déjà Andúril, la Flamme de l’Ouest.

Concours d'Automne - Et si... ? 1-57

— Valeraï, qu’est-ce qu’il se passe ?

Pas lui aussi, se dit Neige en mettant un genou au sol.

— Votre Altesse, la Cité est attaquée, les portes ont été ouvertes par traîtrise. L’armée est en déroute, vous seul pouvez rallier les hommes.

D’un geste sec, il lui intima de se relever et de le suivre. L’heure n’était pas au protocole. Après sa course effrénée à travers les cercles, Neige peinait à talonner le Roy et ses grands pas. Pourtant elle le devait, elle était au service de l’Arbre Blanc et ne savait pas sur qui on pouvait se fier. Elle devait à tout prix empêcher que Méphisto se prenne un poignard dans le dos. Il allait leur permettre de reprendre le dessus, elle en était persuadée à présent. Il allait...

MOUAHAHAHAHAHIhihihiii

Concours d'Automne - Et si... ? Burnin11

Un rire démentiel déchira le calme mensonger de la nuit. La lueur brûlante du feu viola son obscurité. Le fracas des chaînes enflammées retentit sur le pavé blanc de la Cour de la Fontaine. À leur extrémité, une silhouette les manipulait avec une dextérité empreinte de folie. Un fantôme issu des cauchemars de tous les Gondoriens. Profitant de la traîtrise, Balthazar le Noir s’était introduit dans la Cité Blanche, et par des passages secrets que lui seul connaissait, il avait grimpé jusque tout en haut.
Pour finir un duel commencé des années plus tôt.

— Toi ! Tu m’as pris mon fils ! rugit le Roy.

— Toi ! Tu m’as pris ma main… rétorqua le Démon, les yeux exorbités.

Au bout de son bras gauche, les maillons de la chaîne étaient directement incrustés dans son moignon, comme un prolongement de son être. Elle était rongée par le feu et il ne pourrait jamais s’en dissocier, pourtant le Démon n’en avait cure. Le brasier était son berceau. Il était né par le feu.

Et il mourrait par la Flamme de l’Ouest. Méphisto le chargea avec la rage d’un père et le courage d’un Roy. Dans la pénombre, l’éclat scintillant d’Andúril répondait à l’orange écarlate des chaînes du Démon, décrivant des arcs lumineux. Malgré l’allonge incroyable des fers de son adversaire, le dernier souverain des Peuples Libres parvenait à le maintenir à distance. Mieux, il le faisait reculer, l’emmenant sur la proue du Mont Mindolluin, qui fendait la Cité.

Neige devait agir. Elle n’avait pas le droit de laisser son Roy seul face à ce monstre. Mais comment pouvait-elle s’approcher, avec ses petites dagues ? Aussi fou qu’il soit, elle savait la dangerosité du Démon et ses prouesses martiales. N’avait-il pas tué Sirion Ibn-Lahad, le meilleur agent de la Rose Noire, son équivalent Arnorien ?

Quand Balthazar fit claquer son arme comme un fouet qui s’enroula autour d’Andúril, Neige saisit l’ouverture. Profitant que la main ferme du Roy tenait le Démon en place, elle bondit, esquivant la deuxième chaîne d’une pirouette sur le côté puis sautant par-dessus quand déjà elle décrivit un nouvel arc de cercle enflammé. Enfin l’espionne fut à portée de son ennemi. Sa dague trouva son visage et s’enfonça dans l’orbite marquée par les cernes de la folie de son œil gauche.

— Raaahaarrggg

Soudain les maillons de la première chaîne cédèrent sous le tranchant d’Andúril. Libéré de l’emprise de Méphisto, Balthazar abattit le restant de son arme sur l’espionne, qui ne put l’éviter. Neige fut projetée en arrière. Son flanc labouré par les fers était à vif, ses vêtements déchirés parcourus par des petites flammèches. La douleur de ses côtes cassées l’empêcha de se relever. Le Démon, lui, tenait toujours debout.

— Il devrait être mort, se lamenta Neige entre deux soubresauts.

Malgré la dague qui dépassait de son visage, Balthazar n’en était que plus fou. Il poussa un nouveau ricanement démentiel, qui n’arracha même pas un froncement de sourcil au Roy. Méphisto avait déjà vaincu cet être. L’héritier d’Elessar n’en avait pas peur. Il évita l’attaque suivante avec une feinte digne de l’espionne et en profita pour riposter. Andúril trancha net le dernier poignet valide du Démon, envoyant la chaîne cassée en deux valdinguer au sol.

— Et une autre main ! ricana le Roy.

MOUAHAHAHAHAHIhihihiii

Balthazar avait complètement perdu la tête. Chez lui, la folie avait depuis longtemps remplacé la douleur et chaque nouvelle blessure entraînait un peu plus son corps meurtri dans l’hystérie. Il prit la fuite, traversant le promontoire rocheux qui fendait la Cité. Neige crut un instant qu’il allait sauter mais il s’arrêta au bord du vide. Le Roy se mit à sa poursuite.

— Votre Altesse, non ! Méphisto, revenez !

C’était exactement ce que voulait le Démon. Balthazar ne craignait pas le vide. Il était mort et né de l’abysse, c’était Méphisto qui l’avait façonné quand il l’avait précipité dedans des années plus tôt. Les deux hommes n’avaient besoin de continuer leur duel au bord du rocher. Le suppôt de la Couronne de Fer était déjà vaincu.  

Tout se passa alors très vite. Le Roy trouva enfin une vraie ouverture, et d’un geste souple, il planta Andúril dans les entrailles de son adversaire. Balthazar laissa échapper un râle d’agonie entrecoupé de son ricanement habituel et s’avança, enfonçant un peu plus la Flamme de l’Ouest dans son thorax, jusqu’à la garde. Méphisto tint bon et se retrouva bientôt face à face avec le Démon. Son haleine de soufre lui fouetta les narines.

Alors Balthazar frappa son moignon le plus récent dans le dos du Roy. Même dépourvu d’arme, les éperons de son brassard de fer mordirent l’armure du souverain. Simultanément, Balthazar fit claquer sa chaîne restante dans le vide. L’extrémité trouva la paroi rocheuse et s’y accrocha. Balthazar tira de toutes ses forces et entraîna les deux hommes dans l’abîme.

Non ! Le cri de Neige mourut sur ses lèvres.  Malgré la douleur qui déchirait son flanc, elle parvint à se traîner jusqu’au bord du précipice. Les premières lueurs de l’aube lui permirent de deviner les deux corps désarticulés plusieurs centaines de pieds en contrebas. Dans la Cité Blanche, les forces de la Couronne de Fer avaient déjà atteint le cinquième cercle. Le dernier bastion des Peuples Libres tombait.

Tout était perdu.
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