18 résultats trouvés pour Forlong

AuteurMessage
Sujet: Un retour à Annuminas
Forlong

Réponses: 5
Vues: 112

Rechercher dans: Annúminas   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un retour à Annuminas    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 15 Mar 2024 - 5:23
Forlong observait l'homme avec méfiance. Voilà pourquoi il ne raffolait pas des grandes villes. Ici, rien n'était simple, même commander un repas dans une auberge. Dès qu'il avait passé le seuil des portes d'Annuminas, il s'était retrouvé emmêlé dans la toile des intrigues. «Lorsque la crainte me prend, je regarde une rose » - la devise de la Garde de la Rose ne lui était pas inconnue. Au moins, il avait affaire à un serviteur du royaume.

L'homme aux cheveux blancs avait décidé de garder le silence et de commencer son repas comme si de rien n'était, mais en réalité il écoutait attentivement les paroles d'Isan. La lampée de bière dissimula son étonnement lorsqu'il apprit qu'Aleth Enon n'était plus Intendant. Il eut plus de mal à cacher sa surprise lorsque le nom de son remplaçant fut prononcé. Sirion Ibn Lahad...Il n'avait jamais eu affaire à cet homme, mais sa réputation le précédait. Le capitaine de la Rose Noire. Le Fantôme. Le limier d'Aldarion.  Ce n'était pas les liens entre le nouvel Intendant et le monde de l'ombre qui l'inquiétaient – après tout, Forlong avait lui-même travaillé avec l'Arbre Blanc lors de la campagne d'Assabia. Mais d'après les rumeurs, les méthodes employées par Ibn Lahad étaient peu orthodoxes, tandis que l'enthousiasme avec lequel il traquait les survivants de l'Ordre de la Couronne de Fer montrait son caractère cruel et obsessif. C'était surprenant de voir le roi Aldarion choisir un homme pareil, un Khandéen qui plus est, pour un poste aussi représentatif. Décidemment, entre Forlong Tribun et Sirion Intendant, le roi aimait bien s'entourer de parias. Ca ne devait sans doute pas plaire aux anciennes familles de la noblesse arnorienne.

Les derniers mots d'Isan le sortirent de ses pensées. « c'est pour moi ». Des paroles prononcées sur un ton bienveillant, mais un agent de la Rose Noire saurait très bien camoufler ses vraies intentions. Un humble espion qui offrait un repas à un des hommes les plus haut gradés du royaume...de l'insolence ou une pitié mal placée ? Les deux options étaient complètement inappropriées. le dunadan regarda son interlocuteur droit dans les yeux pendant un long moment, ne laissant dévoiler aucune émotion. Les secondes s'écoulaient lentement comme des gouttes de sève épaisse coulant le long d'un tronc d'arbre. Finalement, Forlong leva sa chope et répondit, avec son demi-sourire si caractéristique :

-Je vous remercie, Isan. Ou cette dépense fait-elle partie du budget de la Rose Noire? En tout cas vous avez raison, j'ai plusieurs soldes de retard que je n'ai pas encore eu le temps de récupérer : j'ai été...pas mal absent. Et il serait impoli de faire attendre l'Intendant en allant d'abord les chercher à la caserne, n'est-ce pas?

D'une voix plus forte, il appela l'aubergiste.

-Tavernier, préparez-moi une bassine d'eau chaude, un miroir et un rasoir affûté.

Laissant Isan payer pour le repas, le Tribun fouilla un moment dans sa sacoche avant d'en sortir une chemise noire simple mais de bonne facture. Une fois la bassine mise en place, il enleva sa tunique de voyage, dévoilant un torse musclé mais amaigri et recouvert de cicatrices. Après s'être passé de l'eau sur le visage, Forlong commença le rasage.

-Le seigneur Aleth Enon...qu'est-ce qui lui est arrivé exactement ? - La dernière fois que Forlong l'avait vu, l'Intendant était en pleine possession de ses facultés mentales.

Il termina son rasage en écoutant la réponse d'Isan, avant d'attacher ses longs cheveux blancs en queue de cheval. Forlong enfila sa chemise noire et attacha l'épée du Commandant Sodden à la ceinture. Enfin, il épingla une broche en forme d'étoile au-dessus de son cœur.

-Allons-y, Isan. J'espère que l'Intendant se trouve bien à Annuminas et que mon rasage n'a pas été précoce ?


L'homme aux cheveux blancs enfila sa cape de voyage avant de sortir de l'auberge. L'air glacé piquait ses joues irritées par la lame du rasoir. Il inspira, puis expira longuement, constatant avec surprise qu'il était anxieux. Comment est-ce que ce nouvel Intendant allait accueillir le Tribun après des mois de vadrouille et de captivité ? Il avait payé un lourd prix pour retrouver le régiment perdu, et rentrait à Annuminas sans ses compagnons et sans sa chevalière de Tribun.

Allez, vieux loup. - se moqua-t-il à voix basse – t'as passé l'âge d'avoir peur des fantômes.


#Forlong
Sujet: Un retour à Annuminas
Forlong

Réponses: 5
Vues: 112

Rechercher dans: Annúminas   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un retour à Annuminas    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 21 Fév 2024 - 22:57
Forlong arrêta son cheval pendant un instant, profitant de la vue dégagée du haut de la colline afin d'admirer le gigantesque Lac Evendim qui s'étendait à ses pieds. En été, on pouvait s'amuser à compter les bateaux et barques de toute sorte sur ses eaux, aussi nombreux que les étoiles dans le ciel. Mais alors que la 301ème année du Quatrième Age touchait à sa fin la glace s'était emparée d'Evendim, rendant la grande cité d'Annuminas accessible uniquement par voie terrestre.

Le Tribun enfila la capuche de sa cape; le vent était glacial, même si c'était rien par rapport à ce qu'il avait vécu lors de ses vadrouilles à travers les montagnes d'Angmar. Il avait hâte de retrouver la chaleur d'un feu de cheminée. La route du Chemin des Trolls jusqu'à la capitale avait été longue, et il avait donné l'ordre à ses hommes de monter leur campement à environ une journée de la cité sous l'oeil attentif du sergent Ranan. Forlong n'avait pas envie que les soldats commencent à boire et parler dans les tavernes et maisons closes d'Annuminas avant qu'il n'ait l'opportunité d'annoncer son retour.

Personne ne l'arrêta à l'entrée de la ville. Il n'était qu'un voyageur parmi les centaines qui passaient les portes de la capitale tous les jours et l'Arnor était un royaume en paix relative; contrairement à Minas Tirith, le port d'armes n'était pas interdit ici.

L'homme aux cheveux blancs regarda autour de lui. Il n'avait jamais vraiment aimé les grandes villes, préférant les étendues sauvages ou les petites auberges de village. Pourtant, il sentit sa gorge se serrer à la vue de ses compatriotes qui marchandaient, discutaient et riaient dans les rues d'Annuminas. La vie ici semblait si paisible après son séjour à Gundabad et les longs mois de vadrouille en la compagnie de soldats et de brigands.

Instinctivement, Forlong se dirigea vers une auberge près de la Porte Est de la ville. Il donna les rênes de son cheval au palefrenier, lui glissant une pièce dans la main, avant de mettre sa sacoche sur son épaule et son épée à la ceinture.

Il était encore tôt, et l'établissement était à moitié vide. Mais pour Forlong, qui avait pris la route dès l'aube, il était plus que temps pour une bière froide et un repas chaud. Il commanda au comptoir, avant d'aller trouver une place pour s'asseoir.

Son regard se posa sur une table dans un coin. C'était la même table, dans la même auberge où il avait rencontré pour la première fois les hommes qui allaient l'accompagner à la recherche du régiment perdu. Le serpent se mordait la queue. Des mois plus tard, il était de retour. Le régiment été retrouvé, mais parmi ceux qui étaient partis à sa recherche, aucun n'était là aujourd'hui pour trinquer avec le Tribun. Quant à lui...sans sa chevalière, sans Lunerill. Mais il était là.

Perdu dans ses pensées, Forlong ne remarqua pas la silhouette qui s'était approchée de lui, pensant sans doute qu'il s'agissait du tavernier qui lui apportait son repas.

#Forlong
Sujet: Am Stram Gram ... Les désirs de Baltog sont des ordres
Forlong

Réponses: 3
Vues: 174

Rechercher dans: Mont Gram   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Am Stram Gram ... Les désirs de Baltog sont des ordres    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 4 Fév 2024 - 20:16
Estef se glissa comme une ombre jusqu'à la position de la sentinelle. Là, en contrebas du col du sorcier, un important groupe d'hommes s'approchait. Un homme avançait à leur tête. Estef sourit largement, il aurait reconnu cette tignasse parmi mille autres.

L’homme en question avait détaché une hampe de sa selle et la leva au-dessus de sa tête, en dévoilant un étendard vert orné d’étoiles : celui du royaume d’Arnor. Il avait maigri et ses rides s’étaient approfondies, mais pour ceux qui le connaissaient aucun doute n’était possible.

Forlong Neldoreth d’Arnor, Tribun du Royaume du Nord et commandant des armées du roi Aldarion était de retour.



Derrière lui se trouvaient quatre cent hommes dont les uniformes avaient vu des jours meilleurs, mais les broches en forme d’étoile brillaient sur leurs capes et leurs épées étaient propres et affûtées. Les survivants du régiment perdu du Commandant Sodden.

L’heure n’était pas aux longues retrouvailles, et Forlong se contenta de serrer l’avant-bras d’Estef dans un salut guerrier avant d’écouter son compte rendu de la situation et de la bataille en approche. Ils devaient prendre à revers l’armée du Mont Gram prise au piège par le gros des forces dunedaines. Les quatre cent hommes du Tribun ne seraient pas de trop.

Ils entamèrent la montée vers le Chemin des Anes. Au loin un halo rouge indiquait que la première partie du plan avait fonctionné et que les gobelins étaient pris au piège. Lorsque les premiers bruits des affrontements se firent entendre, Forlong tourna son cheval vers les quelques centaines des guerriers assemblés derrière lui, et s’exclama :

-Hommes du Nord ! Je vous ai promis que si vous faisiez preuve de loyauté et de courage vous seriez reintroduits dans les rangs de l’armée. Ce jour est arrivé. Une opportunité pour vous de redevenir des soldats d’Arnor ! Une opportunité pour vous d’honorer le nom du Commandant Sodden en accomplissant la mission qui vous avait été donnée, celle de combattre les gobelins du Mont Gram !

J’ai moi-même été prisonnier dans les cachots de Gundabad et sachez que je préfère mourir plutôt que d’y retourner, ou de laisser un autre de mes compatriotes subir le même sort. Alors en marche, guerriers du Nord ! Que la mémoire de nos lames brillantes reste à jamais gravée dans les esprits de ces sombres créatures, et qu’elles n’osent plus jamais sortir de leurs trous pour souiller nos terres !

Les yeux du Tribun brillaient à la vue de plusieurs centaines d’épées sorties en unison de leurs fourreaux. Il se tourna vers un homme qui était resté silencieux et recroquevillé sur lui-même. Son  visage pâle et ses mains liées aux poignets.

-Qu’on m’apporte une épée.

Un de ses soldats lui donna sa lame. Forlong se tourna vers le prisonnier, et leva l’épée en l’air, avant de couper ses liens d’un geste précis.

-Malor. Pour toi aussi c’est une opportunité de redevenir un soldat d’Arnor. La cour martiale t’attend, mais même un homme qui a perdu son chemin peut faire preuve de noblesse avant la fin.

Il retourna l’épée, l’atrappant par la lame avec son gantelet, et la tendit à l’homme qui le regardait les yeux écarquillés. Le Tribun se tourna vers son second  en commandement, un homme à la moustache impressionnante qui tenait un arc en main.

-Sergent Ranan. Si l’ancien capitaine Malor tente de fuir ou de s’attaquer à un des notres, abattez-le.

Le sous-officier acquiesça d’un hochement de la tête.


Forlong leva sa propre épée, une splendide lame dont la garde ressemblait à des ailes d’aigle. C’était l’arme du feu Commandant Sodden, et aujourd’hui elle goûterait à nouveau au sang des ennemis du royaume.

-Pour l’Arnor !

Ils chargèrent. La stratégie des hommes du Nord ainsi que la présence des renforts inattendus leur avaient garanti la victoire, mais tels des rats pris au piège, les gobelins de Mont Gram étaient plus dangereux que jamais. La plupart des guerriers de la Garde des Landes et du Régiment Perdu n’avaient jamais vu de troll auparavant, et beaucoup périrent lorsque les lignes se heurtèrent. Alors qu’il combattait, Forlong vit d’un coin de l’oeil l’ancien capitaine Malor enfoncer son épée dans le cou d’un troll en lui infligeant une blessure mortelle, avant d’être à son tour écrasé par l’arme gigantesque de la créature. Il avait choisi sa fin. Les hommes de Forlong et d’Estef avaient tenu bon, en empêchant les gobelins de reformer les lignes et d’organiser une retraite vers les tunnels.

C’était le sergent Ranan qui abattit le terrible Epouvanteur de deux flèches meurtrières. Un grognement terrifant des trolls se fit entendre lorsque le soleil perça au-dessus des montagnes, avant de laisser place à un silence de pierre.

La bataille du Chemin des Anes était terminée, et un danger terrible dont le roi des nains Thorik ignorait l’existence fut écarté, laissant Baltog de Gundabad seul face aux forces de la Coalition.



Forlong marchait sur le champ de bataille, en admirant les créatures gigantesques pétrifiées qui ornaient à présent le sentier qui porterait à présent le nom du Chemin des Trolls.

Il avait discuté longuement avec Fein de Cameth Brin et Estef Lapertz. A présent, il était temps pour lui de rentrer à Annuminas et de faire son rapport, afin d’expliquer sa disparition et le sort du Régiment Perdu et de ses malheureux officiers. Cela faisait des longs mois qu’il n’avait pas vu l’Intendant Aleth Enon qui lui avait confié le rang de Tribun ainsi que sa mission. Il se demandait comment le vieil homme qu’il avait appris à respecter le recevrait...

Au loin, une colonne de cavaliers attira son regard. Ils portaient des capes bleues, ce qui ne correspondait à aucun régiment qu’il connaissait. En attendant leur arrivée, il ferma pendant un moment les yeux, laissant le soleil matinal réchauffer son visage. Il était de retour.



#Forlong #Malor #Ranan
Sujet: Entre les lignes
Ryad Assad

Réponses: 38
Vues: 2770

Rechercher dans: Mont Gundabad   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Entre les lignes    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 27 Aoû 2018 - 20:19
Les genoux enfoncés dans la pierre dure comme le diamant, Forlong et ses compagnons de route avaient tout le loisir de pouvoir observer autour d'eux, de contempler l'horreur qui se déployait sous leurs yeux ébahis. Horreur. Le mot était faible. Aucun qualificatif ne pouvait rendre justice à ce qu'ils voyaient sans y croire pour autant. Leurs gardes leur avaient bien dit, avec un sourire moqueur et en leur pinçant les côtes, qu'ils allaient les amener en plein cœur du territoire Gobelin. A Gundabad même, avaient-ils précisé. Mais auraient-ils pu imaginer, même dans leurs cauchemars les plus fous, à quoi ressemblerait la capitale de leurs ennemis ?

Sans doute pas.

Ils pullulaient, s'agitant de toutes parts comme des insectes qui grouillaient le long des murs, dans les alvéoles creusées à même la pierre, galopant le long de coursives précaires suspendues au-dessus du vide. Des milliers. Des dizaines de milliers de Gobelins aux visages mutilés, aux sourires carnassiers et aux yeux jaunes malveillants. Leurs plaintes reprises en écho par les parois sombres de la cité souterraine étaient rythmées par les coups de fouet que l'on entendait claquer dans l'air lourd et vicié. Il y en avait de toutes sortes et de toutes tailles. Certains étaient de toute évidence des serviteurs, des esclaves même, qui trimaient sous le poids d'une cargaison trop lourde. D'autres étaient des soldats, dont les armures cliquetaient contre le sol. De ceux-là, il y avait un grand nombre. Des régiments entiers qui entraient et sortaient de corridors à peine visibles, comme s'ils patrouillaient inlassablement.

Il fallut un moment aux prisonniers pour comprendre que ce n'étaient pas les mêmes qu'ils voyaient à chaque fois.

Gundabad était sur le pied de guerre. La cité l'avait toujours été, à sa façon : les ingénieurs gobelins n'avaient guère de talent que pour donner la mort, et ils travaillaient sans relâche pour faire de leur cité une forteresse imprenable. Mais aujourd'hui plus que jamais, la bataille était proche. Les Nains, disait-on, poussaient leur avantage et entendaient abattre d'un seul coup la puissance des Gobelins dans les Monts Brumeux. Une ambition bien présomptueuse, quand on voyait la détermination que mettaient les créatures de la nuit à défendre leur foyer. Du promontoire sur lequel ils se trouvaient, les captifs pouvaient assister aux préparatifs d'un bataillon. C'étaient des archers légers, qui enduisaient leurs flèches d'une substance noire peu rassurante. Sans doute une forme de poison local, aussi mortel que douloureux. Les archers se mirent à pousser des cris, des croassements, des hululements, avant de grimper le long d'un à-pic particulièrement raide. Leur agilité était saisissante ! Ils se coulèrent un à un dans un tunnel qui se trouvait à une trentaine de pieds du sol, et disparurent bientôt, émissaires sombres porteurs d'un funeste message à l'attention de la coalition Naugrim.

Le champ de vision de Forlong fut soudainement barré par l'arrivée d'un Gobelin. Un de plus. C'était au moins le troisième qui venait pour l'examiner depuis qu'il était arrivé ici. Un acheteur potentiel qui venait négocier avec les esclavagistes, pour obtenir de la marchandise fraîche. L'ancien marchand dont il avait fait la connaissance peu de temps auparavant lui avait expliqué qu'il était préférable d'être acheté rapidement. Ceux qui ne trouvaient pas preneur étaient souvent envoyés dans les mines, où ils mouraient en quelques années tout au plus. Pour survivre à Gundabad, il fallait se montrer utile, d'une manière ou d'une autre.

Toutefois, il n'était pas facile de prouver son utilité quand les seuls critères qui paraissaient intéresser les acheteurs potentiels étaient strictement physiques. Ils suivaient perpétuellement le même rituel. Deux gardes commençaient par remettre le prisonnier sur pied, avant qu'on lui administrât un solide coup de gourdin dans le foie. Celui que Forlong reçut cette fois fut particulièrement douloureux, et plia le Tribun en deux à la recherche de son souffle. Ensuite, ses geôliers le forçaient à ouvrir grand les yeux, et à plonger son regard dans celui de l'acheteur, qui lui examinait les pupilles. Ils n'avaient jamais dit ce qu'ils cherchaient en faisant cela. Par la suite, on lui ouvrait la bouche pour regarder ses dents, on inspectait soigneusement ses mains, et on lui donnait deux coups de barre en fer sur les oreilles. Selon la vitesse à laquelle elles devenaient rouges, quelques commentaires étaient échangés dans la langue brutale et désagréable de ces créatures, et un avis était formulé. Un débat parfois animé s'ensuivait, lequel aboutissait à la détermination d'un prix acceptable. Selon le mode de paiement, l'infortuné esclave pouvait avoir une idée du sort qui l'attendait.

L'un d'entre eux s'était même mis à pleurer en voyant que son acheteur avait payé avec des minerais relativement rares, probablement extraits au fin fond des mines. Cela avait beaucoup fait rire les gardes.

Ayant subi l'examen, Forlong fut amené à se remettre à genoux – position particulièrement douloureuse. Il n'avait pas été jugé suffisamment intéressant, suffisamment utile. Le Gobelin s'éloigna de quelques pas, avant de s'arrêter devant le marchand, celui qui avait fait commerce avec les Gobelins dans le passé.

- Toi… Que fais-tu là ? Grinça l'acheteur comme s'il connaissait personnellement le prisonnier.

Saisissant sa chance, le marchand souffla :

- J'ai été capturé par malchance… J'essayais de retrouver ma cargaison, quand vos collecteurs me sont tombés dessus…

Les autres captifs tournèrent le regard vers lui, interloqué. Il n'y avait que Forlong qui connaissait la vérité à son sujet. Cet homme avait décidé de pactiser avec les Gobelins pour survivre, et il faisait commerce avec la vermine de Gundabad. Il comptait de toute évidence utiliser ses relations ici pour échapper à un destin tragique. Le Gobelin fit signe au maître-fouet Zatôgh, celui qui avait ramené les prisonniers, d'approcher. Il lui glissa quelques mots, et en quelques secondes l'affaire fut entendue. Le marchand fut détaché, relevé, et on l'escorta un peu plus loin. Probablement vers la sortie. En passant devant les malheureux qui le regardaient avec un mélange d'envie, de dégoût et d'abasourdissement, il leur lança « désolé », puis s'en alla sans se retourner.

Il vivrait.

Ce n'était pas le cas de tous les autres. L'acheteur finit par terminer son tour, récupérant deux hommes qui paraissaient bien chétifs, mais qui devaient répondre à son besoin du moment. Il les échangea contre des sachets d'une poudre étrange, noirâtre, dont les Hommes ignoraient la nature. Peut-être un composé chimique que les artificiers Gobelins utilisaient pour leurs fumées étranges. Les prisonniers se mirent à trembler, en se demandant à quoi ressemblerait le prochain acheteur. Serait-il meilleur que le précédent ? Pire ? Quel sort atroce leur promettait-il ? Il ne tarda pas à arriver, et avant même d'avoir ouvert la parole, il fut immédiatement clair que la mort était préférable à devenir son esclave.

Car ce n'était pas un Gobelin.

Sa haute stature et ses jambes droites ne trompaient pas le moins du monde. Il avait le bras fort, le torse large, contrairement aux créatures malingres que l'on voyait parfois déambuler dans la cité souterraine. Pratiquement deux fois plus haut que Zatôgh, qui n'était pas le plus petit de son peuple, il aurait pu écraser chacun d'entre eux sous sa botte sans le moindre effort s'il l'avait voulu. Au début, certains prisonniers crurent même qu'il s'agissait d'un Homme… Mais les Hommes n'avaient pas de tels crocs conçus pour tailler la chair, ni des yeux jaunis et maléfiques qui vous transperçaient sans la moindre once de pitié. Celui dont le pas faisait trembler le sol, et dont l'aura faisait chavirer les cœurs était un des Uruk-Hai. Une race guerrière parmi les plus formidables engendrées par les ennemis des Peuples Libres, dont la seule présence inspirait la crainte et le respect.

Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! Golgot10

Contrairement aux autres acheteurs, il ne prit pas la peine d'examiner les différents spécimens mis à sa disposition. Au lieu de quoi, il marcha droit vers le Tribun Forlong, et s'arrêta devant lui pour le dévisager. Il avait sur le visage un sourire carnassier. Ses doigts s'emparèrent d'une mèche de cheveux de son prisonnier, qu'il fit glisser lentement entre ses mains gantées.

- Shôra nash…1

Son sourire s'élargit légèrement, comme s'il venait de mettre la main sur un précieux trésor perdu depuis trop longtemps. Il se tourna vers les collecteurs, et leur lança par-dessus la tête de Forlong :

- Tungid mod nash ?2

- Ishor kirma.3

L'Uruk-Hai entra dans une rage folle en une fraction de seconde. Il rompit la distance qui le séparait de Zatôgh et referma son immense main sur le cou du maître-fouet, le faisant décoller du sol sans la moindre difficulté. En chemin il avait bousculé les prisonniers sur son passage, Forlong y compris, lesquels avaient pu sentir la puissance sauvage et brutale de cette créature. Les veines de ses bras et de son cou étaient gonflées de fureur, tandis que son regard n'appréciait pas particulièrement l'insulte qui venait de lui être faite. Zatôgh était terrorisé, tandis que ses compagnons n'osaient même pas intervenir pour l'aider, de peur d'aggraver la situation et d'y laisser leur peau. L'Uruk-Hai enchaîna :

- Kairgi, migul.4

Le maître fouet voulut dire quelque chose, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. L'Uruk desserra son emprise pour le laisser parler, et Zatôgh couina de manière tout à fait pathétique :

- Hurnash ! Kairza… Hum silig az…5

Apparemment satisfait, l'acheteur laissa retomber le Gobelin, et tourna son attention vers Forlong. D'une voix rocailleuse et menaçante, il gronda :

- Tu vas venir avec moi.

Ce n'était de toute évidence pas une demande.


~ ~ ~ ~


Un vulgaire animal de compagnie. C'était ce que Forlong était devenu. Tout du moins la cage dans laquelle il avait été enfermé lui donnait-elle ce statut. Trop petite pour qu'il pût se tenir entièrement debout, elle l'obligeait à rester assis ou à se déplacer accroupis dans le meilleur des cas. De toute façon, elle n'était pas assez longue pour qu'il pût se dégourdir les jambes, et il était contraint de rester dans un espace restreint, toujours à portée de vue du grand Uruk. Les détails de son transfert lui avaient échappé, puisqu'il avait été drogué avant d'être déplacé, seulement pour se réveiller totalement désorienté, nu comme un ver, dans sa nouvelle demeure. Ses effets avaient disparu, et il n'y avait aucune trace d'eux.

La demeure de l'Uruk était étrange… Du moins, elle ne correspondait pas à ce que l'on pouvait imaginer comme habitat pour un guerrier assoiffé de sang. Ce n'était guère plus qu'une grande chambre adaptée à la taille inhabituelle de son habitant, dans laquelle ce dernier avait entassé une collection d'objets divers et variés et, plus surprenant, de livres. Quand Forlong avait ouvert les yeux pour la première fois, il avait d'ailleurs découvert son nouveau maître penché sur une lecture apparemment compliquée, à la lueur d'une bougie vacillante. De toute évidence, la pénombre ne le dérangeait pas le moins du monde, mais l'objet de sa curiosité lui résistait, et il avait froncé les sourcils avant de s'arracher à son travail, seulement pour découvrir que son nouveau jouet était réveillé.

Sans un mot, il s'était levé, et avait attrapé un morceau de pain qu'il avait glissé par une petite trappe dans la cage, à peine assez grande pour y faire passer une main. Il avait bien pris garde de ne pas mettre les doigts à l'intérieur, comme on l'aurait fait pour un chien agressif dont on craindrait la morsure. Le repas était frugal et répugnant, et il eut pour effet d'ouvrir encore plus l'appétit du vétéran. Un homme de son gabarit avait des besoins bien plus conséquents. L'Uruk le savait à l'évidence, car il sortit un deuxième morceau de pain, et quelque chose qui ressemblait à de la viande de chauve-souris passée à la broche. Il déposa le plat sur le sommet de la cage, dont les barreaux étaient trop solides et trop étroits pour pouvoir être brisés facilement par le prisonnier. La nourriture était si proche et à la fois si loin. Une véritable torture.

Le maître s'assit lourdement devant la cage, sur un tabouret qui avait vu des jours meilleurs.

- Raconte-moi ton histoire, Shôra…

Shôra… Le Pâle… C'était le surnom que lui avait donné l'Uruk à défaut de connaître sa véritable identité – dont il se fichait par ailleurs. La créature paraissait curieusement intriguée par Forlong, mais pas forcément pour les aspects les plus évidents. Il y avait une forme d'intelligence mystérieuse chez cet Uruk-Hai, et le voir plongé dans une lecture était une indication suffisante du danger qu'il représentait. S'il en fallait une autre, les ossements humains qui traînaient hors de portée de la cage du Tribun étaient là pour rappeler à ce dernier la nature du risque. En y regardant de plus près, il pouvait même voir les petites marques de dents qui parsemaient les os.

A Gundabad, tout le monde se montrait utile.

D'une manière ou d'une autre.


__________

1 : Ils sont pâles…

2 : Quel est son prix ?

3 : Trois épées.

4 : Ta vie, misérable.

5 : C'est entendu ! Ma vie… Maintenant lâchez-moi…

#Forlong
Sujet: Sur les traces du régiment disparu
Forlong

Réponses: 49
Vues: 2862

Rechercher dans: Annúminas   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Sur les traces du régiment disparu    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 10 Aoû 2015 - 3:00
L'homme assis à une table dans l'auberge se trouvant près de la Porte Est d'Annuminas regardait le contenu de son verre, pensif. A première vue, l'on aurait pu croire qu'il s'agissait d'un simple voyageur comme on en voyait plein dans les parages. Les traits abîmés par le vent et les lames ennemies, la veste en cuir brun qui avait connu beaucoup de nuits à la belle étoile, la longue lame glissée dans un fourreau, posée contre la table, à portée de main. Les signes caractéristiques d'n mercenaire ou d'un chasseur de trésor typique...

Et pourtant, quelque chose ne collait pas dans cette image. Quelles étaient ces runes étranges sur le manche de son épée? Où avait-il trouvé l'étoile argentée qui ornait son épaule gauche? Et comment, par le rôt de Manwë, est ce qu'un vagabond pareil avait pu s'offrir une chevalière comme celle-ci, qu'un bijoutier aurait reconnu immédiatement comme un anneau de mithril orné d'une émeraude solitaire...

Non, il ne s'agissait pas, ou plutôt plus d'un mercenaire, ni d'un aventurier sans but. La posture de l'homme, son dos droit et son regard vif montraient une confiance calme et une détermination dont seuls les ceux qui servaient une cause plus grande qu'eux mêmes étaient dotés. Cet homme n'errait plus. Cet homme était nul autre que Forlong Neldoreth, Tribun Militaire du Royaume d'Arnor.

Son compagnon, qui aspirait bruyamment une bière ambrée, était maigre comme un clou, quelque chose que sa cape de voyage grise n'arrivait pas à dissimuler. Une multitude d'amulettes étranges pendaient à son cou; d'autres ornaient ses poignets, recouvrant à moitié un tatouage délavé. Un chasseur d'esprits. Un de ces individus étranges que l'armée arnorienne recrutait, car loin du luxe et de la sécurité de la capitale des choses ancestrales et terrifiantes rôdaient dans la nuit. Des choses que l'acier simple ne pouvait tuer.

Cet homme étrange, originaire des frontières entre l'Arthedain et le Rhudaur, fut le premier à enquêter sur la disparition du régiment arnorien il y a plus de deux mois. Il était revenu à Annuminas afin de rejoindre et guider Forlong, à qui la mission de retrouver les soldats perdus avait été confiée par l'Intendant Aleth Enon. Crowken, car tel était le nom du chasseur d'esprit, presque aussi étrange que lui même, était un représentant typique de sa confrérie. Sombre et instable bien que loyal, il était persuadé de sa propre supériorité par rapport à tous ceux qui n'avaient pas affronté les cauchemars des plaines glacées du Grand Nord. Néanmoins, s'attendant à rencontrer un officier pompeux tout droit sorti de la cour royale, il fut pris au dépourvu, et finit par accorder une certaine dose de respect réticent au Loup Blanc.

Les missives furent distribuées parmi les soldats et mercenaires de la capitale, sans trop dévoiler sur la nature de la mission afin d'éviter les rumeurs et la panique. Le nouveau tribun militaire recherchait des hommes dignes de confiance pour une mission périlleuse dans le Grand Nord. Une paie augmentée et des possibilités de promotion rapide étaient la cerise sur le gâteau, mais ceux des candidats qui étaient aveuglés par l'avarice et l'ambition avaient peu de chances d'être sélectionnés par le Dunadan aux cheveux blancs.

Le guerrier vétéran s'impatientait. Chaque journée passée à la capitale effaçait davantage les traces du régiment perdu. La route l'appelait...La route vers le danger inconnu. La route vers le Grand Nord. La route vers son destin...

#Forlong
Sujet: Un chevalier pour l'Arnor
Forlong

Réponses: 4
Vues: 879

Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un chevalier pour l'Arnor    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 20 Déc 2014 - 2:36
Forlong ne resta pas longtemps dans les rues de la Cité Blanche après avoir visité la tente du roi Aldarion et de sa nouvelle épouse. La chaleur et la foule lui donnaient l'impression de s'étouffer, d'être un animal sauvage en cage. Il n'avait pas vu un attroupement aussi grand et bruyant depuis la Grande Bataille dans le Nord, et les souvenirs de la plaine enneigée imbibée de sang lui donnaient la nausée; le chevalier sentit la sueur froide dans son dos malgré la chaleur étouffante. Il oublia donc le banquet et se fraya le chemin jusqu'aux portes de la ville.

Il s'offrit un repas, pensif, puis se retira dans sa tente épuisé par les émotions de cette journée étrange. Lorsque lle soleil commença à descendre dans le ciel et la fraîcheur de la soirée se fit ressentir dans l'air, Forlong alla chercher Asulf aux écuries et  l'emmena pour une cavalcade dans la direction de l'Anduin. Il avait besoin de solitude et du temps pour réfléchir.

Les paroles d'Aldarion résonnaient dans sa tête, encore et encore. La bienveillance du souverain et son pardon avaient été inattendus, inespérés même, mais une phrase lui perçait le coeur, pesante, brûlante, douloureuse. Ce qu'il est plus difficile d'accepter c'est qu'un homme fuie ses responsabilités. Bannor lui avait dit la même chose, et peu à peu il commençait à comprendre...Comprendre quelle avait été la vraie raison de son exil, celle qu'il n'avait pas osé s'avouer à soi-même. Etre capitaine, un meneur d'hommes, et voir ses hommes et ses amis périr un par un sous les lames ennemies. Glisser sur la neige, la glace et le sang et lever l'épée encore et encore, tuer et survivre, jusqu'à ce que ces gestes perdent tout leur sens, jusqu'à ce que toute valeur et toute loyauté deviennent abstraites. Jusqu'à ce que la pensée, le courage, les sentiments soient remplacés par la mécanique froide de l'instinct de survie.

Voir la reine Elarea immobile dans la neige...c'était comme sentir le dernier point d'appui glisser sous ses doigts, et tomber en arrière, dans les abysses. Si même les innocents n'étaient pas à l'abri, quel avait été l'intérêt de la boucherie entre les deux armées? Où était la gloire de la victoire lorsque tout était perdu?

L'homme qui avait toujours suivi la voie de l'épée fuit alors. Le mercenaire devenu chevalier vacilla, et recula. Comme un animal sauvage blessé il se retira dans l'ombre pour guérir ou mourir dans la solitude. Il chercha pendant longtemps, pendant six ans, qui il était. Le justicier chercha l'acclamation du bas peuple, mais échoua, noyant ses cauchemars dans l'alcool. L'agent de l'Arbre Blanc tenta d'empêcher l'échec d'Assabia, mais sans succès. Le Chevalier du Loup Blanc arrêta l'escarmouche fratricide dans le camp Gondorien, mais à quel prix? Et Beauclair finalement...la sensation de fraîcheur, de réveil en présence de la guérisseuse elfique. La tentative de goûter à la vie sédentaire, d'assumer les responsabilités d'un seigneur. Et la réalisation qu'il en était incapable. Il s'était rendu compte que pendant six ans il avait été incapable de poser son épée, de fermer les yeux lorsque l'injustice régnait autour de lui, ou de se cacher dans un lieu utopique et faire semblant que le monde extérieur n'existait pas. La vie de guerrier était la seule qu'il connaissait, et il mourrait sur le champ de bataille, la main sur le pommeau de Lunerill. Il n'y avait qu'un seul souverain pour lequel il n'hésiterait pas à donner sa vie. C'était pour cela qu'il était revenu.

Il incita son étalon de passer au galop sur le chemin de retour, sentant le vent dans ses cheveux. Demain, il connaîtrait son sort. Aujourd'hui il se contenterait de savoir qu'il avait retrouvé le chemin.

***

Le lendemain matin il avala un déjeuner conséquent malgré l'angoisse qui serrait son estomac d'une poignée froide. Une habitude de guerrier vétéran: ne jamais manquer un repas avant une bataille, qui sait si et quand il y en aura un prochain.

Forlong sortit de sa tente vêtu de la même façon que la veille: en armure complète fraîchement polie, la cape au loup sur ses épaules. La plupart des invités et des citoyens dormaient encore après une nuit de beuverie intense, et les rues de la ville étaient suffisamment vides pour les traverser à cheval. Il choisit néanmoins Erwin son vieux cheval fidèle du Rohan pour cette tâche, un animal plus calme et plus facile à contrôler que son destrier de guerre.  

La traversée des sept niveaux de la Cité Blanche lui prit plusieurs dizaines de minutes au rythme régulier des sabots d'Erwin sur les pavés de la ville. Le bruit était apaisant, et une légère brise rendait la chaleur estivale supportable. Néanmoins le chevalier ressentait l'angoisse qui lui pesait dans le ventre et nouait ses épaules. Il ne remarqua même pas les regards curieux que lui jetaient les passants, et même les deux gardes de la citadelle qui lui donnèrent la permission d'entrer dans le dernier cercle de la cité après avoir vérifié ses papiers.

Le dunadan laissa son cheval aux écuyers du palais et regarda le soleil. Il lui restait encore un peu de temps avant midi...il se promena alors dans la grande cour, admirant l'Arbre Blanc en fleur et la vue toujours époustouflante sur le royaume du Gondor. Le campement dans les Champs de Pelennor bourdonnait d'activité avec des petites silhouettes de toutes les couleurs, tandis qu'au loin la majestueuse Osgiliath reliait les rives de l'Anduin scintillante.

***

Lorsqu'il annonça son arrivée à un serviteur, ce dernier vérifia quelque chose dans un carnet, puis dit au chevalier:

-Oui, seigneur Forlong est-ce bien ça? Le roi ne pourra vous accueillir aujourd'hui, mais l'Intendant Aleth Enon vous attend dans ses appartements.

La nouvelle prit le chevalier au dépourvu. Le roi lui montrait-il son mépris de cette manière? Il chassa cette pensée rapidement, Tar-Aldarion n'était pas un enfant impétueux. L'homme aux cheveux blancs ne savait pas quoi penser...il était à la fois déçu de la décision de son souverain et soulagé de ne pas devoir lui faire face. Il se laissa guider par le serviteur jusqu'aux quartiers de l'Intendant, incapable de chasser la sensation d'être un condamné en route vers l'échafaud.

Forlong se retrouva seul dans un petit salon, où deux fauteuils étaient installés devant un petit bureau en bois exotique, face à un siège plus grand et confortable dédié à l'hôte.

Lorsque Aleth Enon rentra dans la pièce, Forlong se leva rapidement mais avec la grâce d'un guerrier. Il regarda l'homme âgé, ses traits nobles, le sourire léger sur ses lèvres, et une partie de ses doutes disparurent. Il ne pouvait pas dire qu'il connaissait bien l'Intendant; ils s'étaient croisés plusieurs fois à l'époque où le capitaine servait Aldarion mais ces mois furent trop courts et tumultueux pour se faire une véritable idée du caractère du plus fidèle des serviteurs de la famille royale de l'Arnor. En tout cas cet homme était le véritable chef d'orchestre du royaume, et le dunadan comprit qu'une réunion avec lui était un honneur et non un affront. Cette réalisation ne l'empêcha pas de se sentir mal à l'aise lorsqu'il ressentit le regard de l'Intendant se poser sur lui, l'analyser, le juger...Mes yeux vous ont toujours suivi, attendant le moment où vous viendriez à nouveau à moi. Ces paroles du roi Aldarion prononcées la veille restèrent gravées dans sa mémoire, et il se rendit compte qu'Aleth Enon savait beaucoup de choses sur lui.

- Est-ce que vous savez ce qu'est un chevalier ?

Forlong ne s'était pas attendu à une conversation qui commence de la sorte. Pendant un moment, une partie orgueilleuse de lui s'indigna devant cette question; lui, un administrateur, un bureaucrate noble osait demander au vétéran des plus grandes batailles des dernières années s'il savait ce qu'était un chevalier? Le dunadan se maudit intérieurement; il était ici pour demander pardon et pour accepter les conséquences de ses actes plutôt que d'hérisser le poil à la moindre remarque. Avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, Aleth répondit à sa propre question. Il le vit faire couler un liquide précieux dans deux verres de cristal, et s'installer dans la fauteuil derrière le bureau.

La prochaine question rhétorique de l'Intendant fut comme un coup de fouet, ou plutôt comme une gifle, brûlante, douloureuse, humiliante. C'était la troisième fois qu'il entendait cette accusation en trois jours, de la part de trois hommes dont l'opinion lui importait profondément. Trois fois maudit pour sa trahison...dont la nature il commençait peu à peu à saisir.

Le verre de vin demeura posé sur la table devant Forlong, la surface du liquide à présent lisse et immobile comme un lac des montagnes. Le chevalier, s'il méritait encore d'être appelé ainsi, était resté debout face à son interlocuteur. Il se tenait droit, une main sur sa ceinture, l'autre dissimulée par les plis de sa cape noire.

L'Intendant continua son monologue, énonçant en quelques phrases simples ce que le dunadan avait été incapable de saisir ou d'accepter pendant six longues années. Il fut surpris lui-même lorsqu'il entendit sa propre voix, un peu rauque, répondre à la question d'Aleth Enon:

-On craint et on désire à la fois ce qu'on ne possède pas. C'est la grande tare des Hommes, la raison pour laquelle l'Ile de Numenor disparut à jamais sous les vagues. Six ans...ce fut une longue errance, même pour un dunadan. Aujourd'hui, je comprends quelles sont les choses que je ne connaîtrai jamais. La paix. L'insouciance. J'y renonce sans regrets. Il n'y a qu'une seule voie qu'un vieux loup peut emprunter, et je suivrai ce chemin...tant qu'une étoile brille dans le Nord pour me guider.

Forlong sentit ses jambes se plier légèrement sous lui et sa gorge se nouer en entendant la réponse d'Aleth Enon. Je crois en vous...Quatre simples mots qu'il n'avait pas entendu depuis des années. Il expira l'air de ses poumons de manière contrôlée dans un exercice de guerrier, fermant un instant les yeux, tentant de calmer ses émotions. Ses doigts se posèrent sur le verre de vin, le tremblement presque imperceptible de sa main dérangeant la surface lisse du liquide. Il le porta à ses lèvres, notant de manière absente la qualité du breuvage.

Il leva les yeux, rencontrant ceux d'Aleth Enon, cherchant une trace de moquerie ou de mensonge dans son regard. Il n'en trouva pas. Le dunadan dit alors:

-Un homme juste et indulgent sait donner une deuxième chance. Mais la confiance...la confiance est quelque chose qui se mérite, Sir Enon. Peut-être qu'un jour j'en serai digne...mais vous n'avez pas tord de me donner l'opportunité de la mériter, car c'est un privilège que je ne prendrai pas à la légère...

Il posa le verre sur la table. La noirceur. Les ténèbres. Les sortilèges...Le sang. Oui. Il avait affronté toutes ces choses là, dans les souterrains de Minas Tirith, dans les plaines de l'Arnor et dans le désert Khandéen...Etait-il vraiment prêt à les affronter une fois de plus? A mener des hommes à nouveau? A prendre responsabilité sur des vies..? Quel était le sort que le Roi et l'Intendant lui réservaient?  Vous vous remettez à ma disposition avec l'intention de me servir jusqu'à la fin...tes furent les mots de Tar Aldarion, et Forlong ne serait pas surpris si on lui confiait une mission suicidaire...

La main dissimulée dans les plis de sa cape se posa sur un petit objet lisse et rond...trouvé dans les cachots de l'ancienne forteresse du Roi Sorcier d'Angmar lors de sa première expédition aux côtés du roi Aldarion, il s'agissait d'un trésor digne d'orner la couronne d'un prince elfique...une lampe créée par les elfes du Premier Age, d'après certains par Fëanor lui-même, elle émanait une lumière qui perçait les plus profonds des ténèbres...elle était chaude sous ses doigts, et il sentit quelque chose se réveiller en lui. Etait-ce la magie des elfes, ou le souvenir du combat dans les couloirs de Carn-Dûm au service de son jeune souverain? Cela n'avait aucune importance.

N'est-ce pas, Forlong Neldoreth ?

Le chevalier de l'Arnor inspira profondément et lorsqu'il leva les yeux il n'y avait plus de doute ni de crainte dans son regard.

Oui, mon seigneur...je suis cet homme. L'Arnor a besoin de moi...et j'ai besoin de l'Arnor.

#Forlong
Sujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence
Forlong

Réponses: 40
Vues: 6542

Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 14 Juin 2014 - 2:08
Forlong s’étira, constatant avec plaisir l’air matinal déjà chaud. Il regarda l’océan de tentes de toutes les tailles, couleurs et formes imaginables dressé sur les champs de Pelennor; le campement de l’armée du Gondor sous les murailles d’Assabia aurait paru petit à côté. Qui plus est les invités n’avaient pas fini d’affluer, après tout il restait encore un jour avant le mariage. Plusieurs seigneurs et marchands avaient choisi de s’arrêter dans la ville d’Osgiliath, et profiter des auberges confortables, augmentant ainsi les fortunes déjà absurdes des membres de la Compagnie du Sud. Le dunadan aurait peut-être suivi leur exemple, n’appréciant guère le bruit et la foule qui régnaient au campement, mais il n’était pas ici uniquement pour le plaisir.

Il avait passé la plupart de l’hiver dans le fief Beauclair, au Belfalas. Tel un loup, il s’était retiré dans un endroit sauf pour guérir. Le repos dans un lit confortable et les doigts habiles de la guérisseuse elfe avaient fait des merveilles pour soigner sa terrible blessure. Calimehtar…Forlong sourit légèrement en y repensant, gêné. Après des années passés avec comme uniques compagnons une bouteille de vin et son sens du devoir, la rencontre de l’elfe fût un réveil rafraîchissant. Il s’en voulait d’avoir été victime de sentiments impossibles. Une femme elfe, si différente de lui. Même si elle avait accepté ses avances, que feraient-ils par la suite? Au fond de son cœur, il savait que la vie sédentaire n’était pas faite pour lui. Néanmoins, la présence de la guérisseuse avait été un baume non seulement pour ses blessures, mais aussi pour son âme. Ils s’étaient quittés en bons amis, et Forlong espérait la revoir un jour. Il fut bouleversé en apprenant les nouvelles du mariage imminent du roi Aldarion d’Arnor. Le dunadan se rendit compte qu’il devait s’y rendre, bien qu’il ignorait encore pourquoi.

Avant de partir, il avait investi une partie non négligeable de sa petite fortune dans le fief, qui avait souffert pendant l’hiver. Des réparations furent faites, des moutons et porcs achetés au marché de Dol Amroth, et la veille de son départ une grande fête fut organisée pour accueillir le printemps. Les habitants du village avaient apprécié sa générosité, même s’il savait très bien qu’il ne serait jamais vraiment leur seigneur. Le guerrier aux cheveux blancs les avait peut-être jadis sauvés du joug d’un maître cruel, mais c’était l’intendant Mhoram qui veillait sur leur bien-être au quotidien. Forlong avait d’ailleurs décidé de profiter de sa visite à la Cité Blanche pour voir un notaire, et désigner l’intendant en tant que son héritier si jamais il mourrait sans descendants. Ceci semblait d’ailleurs probable étant donné son manque de succès avec les femmes et son style de vie hasardeux.

Ainsi, lorsque l’Arbre Blanc lui proposa un autre contrat consistant à veiller sur l’ordre dans le campement sur les champs de Pelennor, Forlong accepta volontiers. La tâche n’allait pas être facile…des représentants de tous les peuples de la Terre du Milieu s’étaient rassemblés ici, et les patrouilles des soldats du Gondor étaient bien plus rares ici qu’à  l’intérieur de la ville. Pendant cinq ans, le Loup Blanc avait été le justicier anonyme du Bas de la Cité Blanche, ce qui lui avait permis d’acquérir des connaissances non négligeables sur le monde criminel gondorien. Il était certain que des dizaines de voleurs circulaient dans la foule…des voyageurs riches, des biens précieux laissés dans des tentes…tellement de possibilités. Ainsi, en arrivant au campement il avait payé cher pour une place aux écuries pour ses deux chevaux, le fidèle Erwin et le fougueux Asulf. Un peu plus tard, deux chariots impressionnants avaient attiré son regard. Il s’agissait de véritables forteresses sur roues : des énormes coffres de chêne renforcés en acier y étaient posés, avec des serrures d’une complexité qu’il n’avait jamais vue auparavant. Six nains armés jusqu’aux dents avaient dressé un petit campement à côté. Le dunadan comprit aussitôt de quoi il s’agissait; les voyageurs pouvaient, pour un prix scandaleux, laisser leurs biens les plus précieux  dans cet endroit sans avoir à craindre les voleurs. Il n’hésita pas, et finit par se mettre d’accord avec le chef de la troupe naine sur un prix douloureux de 1000 pièces d’or pour trois jours de stockage.

Ce matin, il avait décidé de s’offrir un déjeuner dans un des stands dressés sur le champ ; l’odeur de nourriture était parvenue à ses narines et son ventre grogna sourdement. Attachant Lunerill dans son dos comme à son habitude, il se dirigea vers l’établissement en souriant légèrement, s’imaginant du pain fraîchement sorti du four accompagné de tranches de lard et une pinte de cidre léger.  
Il fut tiré de ses rêveries lorsqu’un coup de poing puissant lui coupa le souffle, et se tordit en deux sous le choc et la douleur. Les réflexes prirent rapidement le dessus, et le dunadan fit un pas en arrière et se mit en garde avant que son cerveau n’ait le temps de récupérer de l’attaque soudaine. Sa veste en cuir avait absorbé une partie de la force derrière le coup, mais cela n’avait pas suffit.

Son adversaire portait des gantelets renforcés d’acier…Forlong se maudit un instant pour son inattention; si l’ennemi avait tenté de le poignarder, il serait déjà mort. Son regard se porta sur l’homme en face de lui, alors qu’il tentait de calmer son souffle. Il remarqua d’abord le pommeau caractéristique d’une épée d’un vétéran de la Grande Bataille du Nord ; il avait confié une arme semblable aux nains la veille.  Une cotte de maille sur une silhouette musclée, un visage aux traits dissimulés par une barbe épaisse…mais qui ne lui était pas inconnu. Tout cela avait duré une poignée de secondes, et son corps se tendit en anticipant une autre attaque…

-Salaud !- L’homme se précipita sur lui en une tentative de le pousser brutalement. Il y a six mois, le Loup Blanc aurait été mis à terre avec le premier coup de l’inconnu…mais beaucoup avait changé depuis. Il avait entièrement récupéré de sa blessure, et les exercices quotidiens lui avaient permis de regagner sa forme d’il y a six ans. Le dunadan fit un pas sur le côté, et attrapa le bras de son adversaire afin de le déstabiliser. Ce dernier ne se laissa pas faire, mais la manœuvre donna un moment de répit à Forlong. Il  regarda l’assaillant plus attentivement…et ouvrit grand les yeux, choqué. Bannor?! Il reconnut enfin les traits du guerrier, son ancien écuyer, qui l’avait suivi de Dol Amroth jusqu’en Arnor, qui lui avait sauvé la vie en Comté, et qui avait combattu à ses côtés lors de la Grande Bataille du Nord…

Sa surprise aurait pu lui coûter très cher, et il eut juste le temps de lever son avant bras pour parer, non sans peine, un autre coup de poing destiné à son visage.
-Lâche! –Bannor grogna, furieux. Le Loup Blanc sentit la colère l’envahir à son tour. Lorsque son ancien compagnon tenta une autre attaque, il riposta avec un coup de pied vicieux juste au dessus de son genou.  

-T’es devenu complètement fou ? Qu’est-ce qui te prend ?!

-Qu’est-ce qui me prend ? Six ans ! Six ans sans aucune nouvelle, je te croyais mort ! Tu as fui, sans te justifier, sans même faire tes adieux, au moment où nous avions le plus besoin de toi. Quand le roi avait le plus besoin de toi ! Tu crois peut-être que c’était noble de ta part, de t’exiler ?  C’était l’action d’un lâche ! Tu n’étais pas responsable de la mort de la reine, aucun d’entre nous ne l’était. Elle est morte sous la protection de l’escorte elfique, et même eux ont donné leurs vies en essayant de la défendre. Nous sommes arrivés trop tard, c’est tout…et tu as fui plutôt que d’affronter les responsabilités et le deuil. Le royaume avait besoin de toi pendant ces années, mais  tu n’étais pas là.

Les quelques spectateurs qui observaient cette scène de loin retinrent leurs souffles en voyant la colère terrible qui était apparue dans les yeux de l’homme aux cheveux blancs au fur et à mesure que son adversaire continuait sa tirade. Les muscles du dunadan étaient tendus, on aurait cru qu’il allait sortir l’épée pendue dans son dos et abattre le barbu sur place.

Il ne le fit pas. Il relâcha un soupir, et la tension disparut de ses épaules. D’une voix fatiguée, distante, il dit:

-Un lâche…peut-être…mais il y a des choses que l’on ne peut fuir. Viens Bannor, je te paye un déjeuner…

L’homme en face de Forlong resta bouche bée un instant, le souffle encore court après son monologue, les poings serrés. Il ne s’attendait pas à cette réaction. Désorienté, il hocha de la tête et accepta de suivre son ancien maitre.

Ils mangèrent, dans le silence d’abord, puis se mirent à parler. Méfiants au début, ils furent presque surpris de la facilité qu’ils éprouvaient à partager leurs histoires. Les liens qui les avaient liés jadis n’étaient pas complètement rompus, et le cidre favorisait l’élocution. Forlong lui conta sans fierté mais sans fausse modestie ses années en tant que justicier du Bas de la Cité Blanche, l’expédition à Assabia, sa blessure et sa convalescence. L’histoire n’avait pas laissé son ancien écuyer indifférent. Bannor expliqua à son tour son adoubement, ses difficultés à trouver sa place parmi les nobles pompeux d’Annuminas, sa participation aux affrontements contre les gobelins dans les Montagnes du Nord et son service temporaire dans la Garde de la Rose qu’il finit par quitter après une dispute avec un de ses supérieurs. Il évita le sujet de la raison exacte de sa présence à Minas Tirith, et Forlong ne le pressa pas. Le Loup Blanc regardait son ancien écuyer attentivement; il avait grandi et ses épaules étaient larges à présent, habituées à manier une arme. Le dunadan était fier de Bannor et des éperons en forme d’étoiles accrochées à ses bottes, mais l’ombre dans son regard et l’amertume dans sa voix l’inquiétaient quelque peu. Toujours est-il que lorsqu’ils se séparèrent au bout de plus d’une heure, il n’y avait plus de rancune entre les deux hommes. Ils se dirent au revoir avec un salut de guerrier, serrant chacun l’avant bras de l’autre. Avant de partir, Bannor dit encore, sur un ton hésitant :

-Ca fait six ans, Forlong…il est temps d’arrêter de vivre dans le passé.

Le dunadan le regarda s’éloigner, pensif.

***

Forlong ne dormit pas beaucoup cette nuit, anxieux. Cependant les cauchemars si récurrents de ces dernières années ne vinrent pas le hanter, et lorsqu’il se réveilla à l’aube il se sentait frais et déterminé, bien que le poing de Bannor ait laissé un bleu imposant sur son ventre. A son plus grand regret, il fut obligé de laisser Lunerill auprès des nains ce matin, le port d’armes étant interdit dans la cité.

L’homme qui sortit de la tente ce matin n’était pas Lost Ore, un rôdeur vêtu de cuir, mais Forlong Neldoreth d’Arnor, seigneur de Dol Amroth et Chevalier du Loup Blanc. Il portait une armure argentée, un chef d’œuvre de l’art elfique du Quatrième Age. Relativement légère et permettant une liberté de mouvement adaptée à son style de combat, elle était néanmoins d’une solidité surprenante. Malgré sa beauté, quelques rayures sur l’acier argenté montraient qu’elle avait déjà connu un champ de bataille. Il ne portait pas d’heaume, ses longs cheveux blancs attachés avec un ruban noir. Une belle cape noire coulait dans son dos, ornée d’un grand loup blanc; une médaille de vétéran de la Grande Bataille du Nord lui servait de broche pour tenir la cape en place. D’un pas décidé, Forlong se dirigea vers les Portes de la Cité.

Deux kunaï étaient dissimulés dans sa botte gauche, une fiole d’huile d’évanouissement dans la droite. Il ne fut cependant pas fouillé par les gardes à l’entrée. Au pire des cas, il pourrait leur montrer une lettre avec un sceau qui l’identifiait en tant qu’agent de l’Arbre Blanc. Forlong se félicita de s’être réveillé aussi tôt; le passage à travers les rues étroites de la cité était encore relativement facile à cette heure-ci. Il finit par s’arrêter dans un troquet à quelques rues du lieu de la cérémonie. Le chevalier profita volontiers de l’ombre et commanda une boisson rafraîchissante, en ravalant un juron lorsqu’il entendit le prix exorbitant demandé par le marchand. Il passa une bonne heure dans cet endroit avant de rejoindre la foule.

Il y a quelques années Forlong n’aurait pas supporté le port d’armure par une chaleur pareille. Cependant, après la campagne militaire dans les déserts de Khand il avait développé une bien meilleure résistance au soleil. Le dunadan sentait de nombreux regards sur lui. Son armure attirait l’attention, et beaucoup de vétérans d’Assabia se trouvaient dans la cité aujourd’hui, se rappelant sans doute du mystérieux Chevalier du Loup Blanc. Heureusement pour lui, les délégations de toutes les contrées de la Terre du Milieu détournèrent bientôt l’attention des curieux.

Il écouta attentivement les paroles du Roi Méphisto, aux côtés duquel il avait eu l’honneur de combattre, et ses muscles se serrèrent en pensant à ceux qui avaient péri ces dernières années. La cérémonie fut brève à son soulagement, car la foule et la chaleur commençaient à laisser leur empreinte sur lui. Forlong laissa les dignitaires importants prendre les meilleures places dans la file qui s’était formée devant la tente royale, et alla boire une grande coupe d’eau froide au banquet avant de la rejoindre.

L’attente fut longue, et le dunadan se distrayait comme il le pouvait en observant les invités venus des quatre coins de la Terre du Milieu, en essayant de deviner leurs rangs et origines. Il admira aussi l’équipement et la posture des Gardes de la Citadelle qui surveillaient l’entrée du pavillon.
Lorsque son tour vint enfin, il sentit son cœur battre plus vite. Il franchit le seuil de la tente…

C’était étrange, mais la première chose qui attira son regard étaient les gardes présents dans la salle. Il fut surpris de découvrir qu’il s’inquiétait pour le roi Aldarion et son épouse. Deux chevaliers imposants se tenaient près de l’entrée, un portant l’armure de la Garde de la Rose, l’autre clairement d’origines gondoriennes. Deux autres hommes étaient postés plus près des mariés. Forlong reconnut la manière de se tenir détendue et la tenue originale d’un d’entre eux: un mercenaire sans aucun doute. Quant à l’autre…il portait une armure de noble toute neuve, mais son visage était celui d’un guerrier vétéran. Il se sentit rassuré ; ces hommes savaient ce qu’ils faisaient.

Le dunadan se concentra à nouveau en entendant un homme annoncer son entrée : « Forlong Neldoreth, seigneur de Dol Amroth ».

-Reine Dinael…voici le Pendentif Sacré, un collier ayant appartenu à la Reine Beruthiel. L’on dit qu’il rend le visage de celui qui le porte noble aux yeux de tous, mais vous n’en aurez pas besoin. Beaucoup de joyaux sont sortis des mines d’Erebor, mais seul l’Arkenstone pourrait égaler la beauté de votre sourire. Qu’il puisse réchauffer les cœurs du peuple d’Arnor pendant des longues années à venir.

Spoiler:


Son regard se porta enfin sur le Roi Aldarion. Il ne dit rien pendant un moment, en regardant la posture noble du souverain, son visage marqué à jamais par la tristesse…

-Mon Roi...Je n’ai rien à vous offrir, hormis mes excuses. Je vous ai servi loyalement jadis, bien que je me sois avéré incapable de protéger votre trésor le plus précieux. A présent, mon sort est entre vos mains…

Prononcer ces paroles à son souverain après six ans d’exil sans perdre contrôle de sa voix avait exigé un effort monumental de la part du dunadan. Il sentit sa gorge se nouer, et baissa la tête, en espérant que la pénombre de la tente empêcherait aux personnes présentes de voir les larmes briller dans ses yeux…Le chevalier attendait le jugement de Tar-Aldarion d’Arnor. Allait-il subir le même sort que le seigneur Warin ?

#Forlong
Sujet: La Lune n’a rien à craindre des Loups…
Forlong

Réponses: 15
Vues: 1816

Rechercher dans: Le Royaume de Gondor   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Lune n’a rien à craindre des Loups…    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 18 Fév 2012 - 18:33
Le cœur de Forlong s’accéléra lorsqu’il entendit les paroles prononcées par l’elfe. Elle le suivrait. Par tendresse, par sens de devoir ou autre encore, il ne savait pas. Mais elle ne comptait pas le quitter malgré les évènements de la nuit passée…il ressentit une pique de jalousie lorsque la femme étreignit le vagabond, tout en se rendant immédiatement compte de l’absurdité de cette pensée.

Nathanael et Calimehtar semblaient le percevoir en tant qu’animal blessé, en besoin de soins et de protection…ils avaient malheureusement raison. Le Loup Blanc regarda autour de lui. Un blessé, un vieux paysan et une femme aux yeux bandés. Il ne leur restait plus qu’à espérer que les routes du Gondor seraient bien gardées par les soldats du Roy.  

Il fut arraché de ses pensées par les paroles de Nathanael. Il identifia sans problème le sens caché du monologue…Lost Ore, la Tête, et la Couronne de Fer. L’homme du Nord ne put s’empêcher, encore une fois, d’admirer l’esprit vif du conteur. Cependant son discours n’était en aucun cas rassurant. Après le chaos, la destruction et la déception de la campagne d’Assabia, ces quelques journées passées en compagnie du conteur et de la guérisseuse avaient eu un effet bénéfique sur le vétéran. Comme tout loup blessé, il désirait simplement se retraiter quelque part, et guérir ou mourir en paix. Et pourtant son repos ne durerait pas longtemps…assez peut être pour guérir son épaule, mais probablement pas pour soigner son âme tourmentée.

Les adieux furent brefs et simples. Forlong regarda l’homme barbu dans les yeux, et lui souhaita bonne chance dans ses aventures. Il espérait sincèrement revoir un jour Nathanael; une amitié avait lié ces deux hommes si différents, et ils savaient qu’ils pouvaient compter l’un sur l’autre. Un luxe rare dans ce monde corrompu.

C’est ainsi que leurs chemins se séparèrent…l’homme du Nord et l’elfe se dirigeaient à présent vers un avenir incertain au rythme irrégulier du chariot rempli de foin.

La proximité de Calimehtar n’avait pas laissé Forlong indifférent, et le contact presque imperceptible avec sa jambe lui fit contracter ses muscles. Il sourit intérieurement ; le bandeau qui recouvrait les yeux de l’elfe lui permettait de l’observer sans qu’elle s’en aperçoive, du moins il espérait que ca soit le cas. Le dunadan regarda les traits délicats du visage de la femme, traça du regard la ligne gracieuse de ses épaules…des épaules qu’il avait senti frémir légèrement sous son toucher il y a quelques heures à peine. Il tenta tant bien que mal de penser à autre chose.

Ses pensées revinrent vers son fief…le château Beauclair. Il n’avait pas posé pied sur ses terres depuis plus de six ans à présent. Les habitants du village le croyaient sans doute mort, même s’il s’était assuré qu’une somme d’argent soit régulièrement versée dans les coffres du château, afin que ses hommes ne souffrent pas de faim ou de froid en hiver. Forlong n’avait pas dit à l’elfe qu’ils se dirigeaient vers son propre fief. Elle ne savait pas qu’il était un seigneur. Un chevalier, qui jadis marchait aux côtés des grands de ce monde. Aujourd’hui, il ne restait plus qu’un vétéran blessé, vêtu d’une vieille veste de cuir. Non…il ne lui avait pas dit. Pourquoi ? Il ne savait pas vraiment lui-même. Peut être qu’il avait encore peur de faire entièrement confiance à quelqu’un, surtout une personne qu’il connaissait depuis quelques jours seulement. Et pourtant, il ne pouvait penser à Calime’ en tant qu’inconnue. Ces nuits passées devant le feu de camp, ses mains délicates remplaçant ses bandages, son chant doux à son oreille…sa peau chaude sous ses doigts. Oui…elle était devenue une part de sa vie. Cependant la méfiance n’était pas la seule raison de son silence ; le Loup Blanc ne savait pas comment il allait être accueilli dans son fief. Avec haine ? Méfiance ? Peut être que le château avait à présent un nouveau seigneur, après la mort présumée de Forlong Neldoreth d’Arnor…il ne savait pas. Les questions se multipliaient dans sa tête, et il soupira légèrement. Il ne lui restait plus qu’à attendre.


Ils ne parlèrent pas beaucoup. L’absence du conteur se faisait ressentir…mais il ne s’agissait pas d’un silence inconfortable.  Le Loup Blanc était habitué à la solitude et au bruit seul de ses pensées, et la proximité de l’elfe semblait remplir le vide de son cœur. Il fronça les sourcils lorsqu’il s’aperçut qu’il attendait avec impatience les soins quotidiens de la guérisseuse. Bien que douloureux, ces séances représentaient pour lui un moment de tranquillité sans pareil, et une intimité étrange avec Calimehtar.


***


Forlong espérait arriver dans son fief dans la soirée, mais la chance ne leur souriait pas. Le soleil hivernal s’apprêtait déjà à se coucher lorsque le vieux paysan, habituellement silencieux, lança un juron, accompagné d’un secouement brusque qui éveilla une douleur brûlante dans l’épaule du guerrier. La réponse du Gondorien aux questions des voyageurs fut brève ; la roue du chariot était cassée. Il pouvait la réparer, mais cela prendrait plusieurs heures. Ils allaient passer la nuit ici.

La nuit fut glaciale, et un vent froid sifflait autour des voyageurs, faisant danser les flammes frêles de leur petit feu de camp. Ils étaient tous fatigués, et l’humeur noire du paysan avait mit fin à toutes tentatives de conversation. Le vieillard s’empara de ses outils, et se mit à travailler sur la roue. Forlong quant à lui s’aperçut du froid que devait ressentir l’elfe. Espérant que son action ne dérangerait pas Calimehtar, il s’approcha d’elle, et l’entoura de son bras sain, mettant une couverture par-dessus leurs corps. De l’autre côté, il avait posé Lunerill, son épée fidèle qu’il espérait ne pas devoir utiliser cette nuit. Le sommeil finit par envahir les voyageurs, et la chaleur de leurs corps les protégea en partie de la colère du vent…


***


Ils furent réveillés par le paysan peu de temps après l’aube. La roue était réparée, mais l’homme était aussi amer que la nuit passée. Il se contenta de lancer un regard douteux aux deux voyageurs, qu’il associait à présent avec la maison de joie de Pelargir.

Lorsque le soleil était au zénith, Forlong et Calimehtar partagèrent un repas modeste sur le chariot. Le Dunadan mangea avec appétit, ce qu’il considéra comme un signe qu’il revenait doucement à la santé. Il tenta de penser à autre chose qu’au corps de la femme à côté du sien la nuit passée. Il s’aperçut soudainement qu’il avait commencé à neiger ; des grands flocons de neige virevoltaient dans l’air, et tombaient sur ses cheveux blancs. Le spectacle lui rappela son Arnor natal, et il sourit brièvement malgré lui. Le charretier ne semblait pas partager son enthousiasme, et cracha sur le côté de la route.

Au bout de quelques heures, le guerrier commença à reconnaitre le paysage. Il s’agissait de la route menant vers Dol Amroth, la cité du cygne. Ils n’étaient plus très loin. La voix du paysan se fit entendre:

-Le chemin vers le fief Beauclair se trouve à gauche…à cheval vous devriez à arriver en une heure ou deux. Je n’ai pu réparer la roue du chariot que provisoirement, et je veux l’emmener à Dol Amroth le plus tôt possible. Surtout avec cette satanée neige. Nos chemins se séparent ici…

Bien que le paysan leur avait jadis promis de les emmener jusqu’au fief, le dunadan ne protesta pas. Il comprenait que l’homme avait envie de retrouver sa famille, et se débarrasser enfin de ces voyageurs étranges. Il pensait être à présent capable de monter à cheval…il paya généreusement le charretier, et lui remercia pour ses services.

Forlong et Calimehtar assemblèrent leurs affaires, et l’homme du Nord dissimula son armure et ses autres possessions dans les sacoches d’Asulf, montant lui-même sur son vieux cheval du Rohan, Erwin. Il faisait plus confiance à son ancien compagnon qu’à l’étalon jeune et fougueux de Dol Amroth. Il attendit que l’elfe monte gracieusement sur sa jument, et ils partirent ensemble dans la direction de Beauclair.


***


La neige tombait à présent plus lourdement, et bientôt la route fut recouverte d’un tapis blanc…la nuit tombait vite, et les cavaliers avaient du mal à voir. Cependant ils ne pouvaient pas s’arrêter ; ils étaient si près de leur destination, et ne voulaient pas risquer une autre nuit passée dans le froid. Les trois chevaux avançaient lentement dans la neige, et les heures passaient une après l’autre…La précipitation fit place à une véritable tempête, et les voyageurs sentirent le froid percer leurs vêtements et les envahir. Ils n’avaient pas d’autre choix que d’avancer…Forlong se sentait faible à cause de sa blessure, mais s’inquiétait surtout pour sa compagne, sans savoir si elle était habituée à ce genre de conditions…heureusement leurs chevaux étaient expérimentés, et les guidaient tant bien que mal à travers le paysage nocturne…

Ce fut seulement lorsque le dunadan commençait à douter de leurs chances de survie qu’il aperçut au loin les contours noirs de bâtiments. Il bénit intérieurement les Valar, et son cheval accéléra, en sentant la proximité de la civilisation. L’homme et l’elfe descendirent tant bien que mal de leurs chevaux, et Forlong frappa lourdement sur la porte d’une grande maison en pierre et en bois. Des bruits de pas se firent entendre, et un homme assez gros vêtu d’une chemise de nuit ouvrit la porte, une bougie à la main. L’homme du Nord reconnut ses traits, il s’agissait d’un des villageois de Beauclair…mais ce dernier ne semblait pas reconnaitre le Loup Blanc dans la pénombre.

-La tempête nous a piégé, et nous avons failli y rester…nous avons besoin d’un endroit pour passer la nuit…

L’homme les regarda, et dit :

-Voyager par ce temps de chien…quelle idée…je n’ai malheureusement pas de place dans ma maison, mais mes écuries sont presque vides en ce moment. Vous pouvez y laisser vos chevaux ; le bâtiment est solide et chaud, vous y trouverez aussi du foin. Il ne s’agit pas d’un palais royal, mais vous serez à l'abri de la neige.

Forlong le remercia, et, suivi de près par l’elfe, se dirigea vers les écuries, en titubant légèrement. Lorsqu’il entra dans le bâtiment, il jeta sa cape enneigée sur le sol, et guida les chevaux dans les boxes. D’une main un peu tremblante, il sortit une bouteille d’alcool de son sac de voyage, et but une gorgée généreuse. Il sentit l’effet bénéfique du breuvage, et la chaleur se répandit dans son corps. Il voulut en proposer à l’elfe, mais il se rappela du fait qu’elle ne buvait pas. Le dunadan sortit alors quelques couvertures, et s’approcha du foin dans le coin des écuries. Il lui semblait qu’il s’agissait d’un lit royal, et il se posa lourdement dessus ; Calimehtar était déjà couchée. L’homme du Nord mit les couvertures par-dessus leurs corps, de façon maladroite à cause de sa blessure et du noir complet qui régnait dans le bâtiment.

Ils ne dirent rien, épuisés par le combat contre la tempête…ils étaient juste heureux d’être en vie, et profitaient de la chaleur du foin. Et pourtant…Forlong ne pouvait pas dormir. La proximité de l’elfe remplissait ses pensées, et son cœur battait rapidement. Il ne savait pas si c’était la fièvre, l’alcool, ou autre chose encore, mais il ne put s’empêcher. Doucement, sa main vint se poser sur l’épaule de la femme, et se glissa sous ses cheveux, dans sa nuque. Il s’approcha d’elle, la serrant contre lui avec force mais délicatesse.

Ce fut dans ces écuries désertes, dans le noir complet, alors que la neige virevoltait dans le vent dehors, que les lèvres du Loup trouvèrent celles de Calimehtar…

#Forlong #Calimehtar
Sujet: Un retour sans bouclier...
Forlong

Réponses: 46
Vues: 5169

Rechercher dans: Khand   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un retour sans bouclier...    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 26 Déc 2010 - 16:02
La nuit s'achevait. Le dunadan et le vagabond n'avaient pas fermé l'oeil...trop de questions sans réponses tournoyaient dans leurs têtes et chaque ombre projetée par les flammes leur rappelait cette créature terrifiante qui était apparu dans la nuit, laissant en souvenir des longues traces rouges sur le cou de Nathanael.

Le soleil se levait à présent, les premiers rayons aveuglant tous ceux qui n'avaient pas trouvé le sommeil cette nuit. Ils accueillirent la chaleur avec plaisir, voulant réchauffer leurs os gelés.
Mais aujourd'hui le soleil levant n'apportait pas d'espoir, mais une nouvelle journée remplie de déshonneur, disputes et des cris des blessés.

***

Des centaines des soldats s'étaient assemblés au centre du campement, écoutant le héraut royal décréter les ordres de la journée.

-Oyez, Oyez! Notre Roy Méphisto, la Flamme de l'Ouest, héritier d'Elendil et d'Elessar, Haut Roi et Souverain du Gondor a décidé de mettre fin à cette guerre, ayant reçu des nouvelles informations essentielles! Nous levons le campement dès aujourd'hui, tout retard sera sévèrement puni! Ce matin trois hommes ont été pendus pour leur tentative de mettre feu aux tentes des guerriers de l'Emir de Harondor! Ce sera le sort de tous ceux qui trahissent leurs alliés! Gloire au Gondor!

Personne ne s'opposa, aucune pierre ne vola dans la direction du héraut. Mais dans la pénombre des tentes des conversations prenaient place. Abandonner le siège? Etait ce une défaite? Le célèbre Méphisto avait il perdu une guerre contre des chiens de l'Est, des simples barbares? Impossible...où était l'or promis à ceux qui avaient participé? Où étaient les coffres de bijoux et les femmes exotiques? Pourquoi étaient ils venus ici...

***

Forlong avait rapidement rassemblé ses affaires, attachant la tente légère à la selle de son étalon du Rohan, et marchant à côté. Son armure resplendissante était huilée et dissimulée dans un grand sac. Il entendait les rumeurs et les remarques des soldats. Il était inquiet. Si une rébellion avait lieu, le dunadan aurait beaucoup du mal à protéger son Roy. Il avait déjà vu quelques fois dans sa vie ce dont est capable une foule enragée. Une foule qui était à la fois plus et moins que l'ensemble des individus qui la formaient. Une foule qui avait ses propres lois, sa propre dynamique. Sa propre soif de sang...

Il dit doucement à Nathanael:

-Je pense que vous ne trouverez pas vos gamins ici...ils doivent être morts. Ou ils ont déjà déserté. Si vous désirez continuer votre mission, essayez, mais je pense que ce sera mieux de joindre nos forces dans un but plus important; la sécurité du Roy. Si Méphisto meurt...avec le prince Aleth dans le coma et son autre fils disparu...ce sera la fin du Gondor comme nous le connaissons. Assemblez des informations, infiltrez vous parmi les conspirateurs éventuels. Tenez moi au courant, car vos yeux et vos oreilles peuvent être plus utiles au roi qu'une vingtaine d'épées tenues par des mains sûres.

Sur ces mots Forlong mit une main sur l'épaule du vagabond, un rare geste d'affection ou peut être de fraternité. L'Arbre Blanc semblait bien distant dans ce lieu cruel. Et pourtant ils étaient tous les deux venus ici pour le servir.

***

Le campement fut levé avec discipline, sous l'oeil attentif des officiers armés. Eux aussi sentaient bien la tension qui régnait dans le camp.
Bientôt, ils partirent dans la direction du lointain royaume du Gondor. Beaucoup restèrent à jamais, leurs os blanchis par le vent et le sable. Morts dans le désert pour une cause perdue.

A la sortie du camp, trois gibets attiraient les regards des soldats. Trois hommes pendus, leurs visages à présent pâles et leurs yeux morts grand ouverts. Deux soldats du Gondor, et un troisième, tellement jeune encore. Ayant voulu suivre ses compagnons et se debarasser des chiens de l'Est qui les avaient apparemment trahi. Des hommes de l'Emir Radamanthe. A présent ils étaient eux mêmes pendus pour trahison...ironie du sort.

Le vieux vétéran qui la nuit passée était assis avec les trois pendus cracha par terre avec dégoût. Salope de guerre. Encore un piaf pendu pour sa connerie. Recruté trop tôt pour comprendre la vie. Assez tard pour connaitre la mort.

***

Au loin, du côté de la ville, des cris et des feux d'artifices se faisaient entendre. L'ennemi avait été repoussé.

#Forlong #Nathanael
Sujet: Devant les murailles d'Assabia...
Forlong

Réponses: 60
Vues: 7877

Rechercher dans: Khand   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Devant les murailles d'Assabia...    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 24 Mai 2010 - 0:18
Le voyage fut long, mais ils étaient enfin arrivés sur place. Le soleil brillait impitoyablement, et le sable était partout...mais le moral était haut, et les guerriers se préparaient pour la bataille avec enthousiasme.

Le campement du Gondor était vaste; au milieu se trouvait la grande tante Blanche du Roy, où prenaient place les conseils de guerre. Elle était entourée des quelques grandes tentes appartenant aux seigneurs, généraux et autres, ainsi que d'un grand carré de tentes militaires.
Le reste du campement était beaucoup moins organisé; des chariots, des tentes de toute taille et couleur, des feux...les elfes se tenaient d'un côté, les groupes de mercenaires d'un autre, les chevaliers errants s'étaient assemblé autour d'un grand feu, s'isolant des autres guerriers.

Les chariots des filles de joie accueillaient déjà leurs premiers clients, prêts à dépenser leur argent pour quelques moments de plaisir charnel...

Des soldats travaillaient intensivement, déployant une palissade autour du campement, et rassemblant des machines de siège. L'armée mixte du Roy était déjà nombreuse, mais il attendait encore l'arrivée des mercenaires, notamment des cinquante Chiens du Désert.

Un conseil de guerre prenait place dans la tente du Roy, les dirigeants de l'expédition planifiaient l'attaque sur la cité d'Assabia.

***

Forlong était assis devant sa tente, l'ombre de celle-ci lui donnant une protection agréable du soleil du désert. Le voyage fut long, mais il avait connu pire. La bataille s'approchait à présent...le dunadan était curieux à quel point le roi Méphisto serait capable de faire de cet amas de guerriers de toute sorte une armée capable de conquérir une cité.
L'atmosphère d'enthousiasme excessive le déplaisait...il connaissait très bien les risques d'une campagne militaire, surtout sur un territoire ennemi et peu connu.

Il ne devait pas perdre des yeux le vrai but de sa présence ici. Protéger le Roi; telle était la mission que lui avaient donné les services secrets de l'Arbre Blanc. Il avait déjà pensé à un moyen pour se rapprocher de Méphisto lors de la bataille imminente, sans pour autant dévoiler son ancienne identité, qu'il tenait à maintenir en secret.

Il avait en effet déjà rencontré le Roy à plusieurs reprises; lors des combats contre la secte aux amulettes dans les rues de la Cité Blanche, lors de la Bataille de Minas Tirith et de la Grande Bataille au Nord.
Bien sûr, le souverain du Gondor rencontrait des milliers des nobles, officiers, soldats et diplomates, et ne devait pas se rappeler de l'ancien capitaine de l'Arnor aux cheveux blancs. Cependant, Forlong ne voulait pas prendre des risques...

Calmement, il se mit à aiguiser une de ses deux épées...

#Forlong
Sujet: Un loup au palais
Forlong

Réponses: 13
Vues: 1423

Rechercher dans: Le Palais   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: suite    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 8 Déc 2009 - 19:48
Forlong avait toujours prefere le confort de sa vieille veste en cuir aux ouvrages magnifiques des armuriers gondoriens. Au combat, du moins a pied, il preferait la rapidite a la protection souvent douteuse d'une armure complete.
Cependant il ne pouvait s'empecher d'apprecier la beaute des  plastrons des gardes, et de leurs armes.

Ses levres se deformerent en une grimace ironique sous sa capuche; ils etaient tombe sur un lieutenant particulierement ennuyeux...naturellement, ce dernier remplissait a merveille les criteres d'un garde parfait; son but apres tout etait d'assurer que personne d'inadequat ne penetre dans le palais.

La surprise fut facile a voir sur le visage du capitaine en exil lorsque l'espion utilisa le nom de "Gauvin". Une autre ombre venant l'hanter du passe...son vieil ami, le jeune lieutenant de l'Arnor. Ce marchand connaissait t'il aussi cet aspect de son passe? Ou etait ce un simple hasard? Apres tout il s'agissait d'un nom populaire au Gondor...
L'homme barbu etait rempli de surprises.

Le dunadan fut surpris en entendant les dires de Nathanael. Ce marchand de bovin avait un talent particulier pour le mensonge, a un tel point que celui semblait bien plus probable que la verite....curieux. Forlong decida de ne croire a aucune chose que Nathanael lui dit depuis leur rencontre. Son identite, son metier, ses intentions...il fallait se mefier.
La ruse le decrivant comme une victime de la peste etait un chef d'oeuvre...chaque habitant du Gondor, et surtout un haut grade de la garde de la Porte, qui devait servir  l'Arbre Blanc depuis des annees, avait dans sa memoire les souvenirs terribles de l'epidemie cruelle qui ravagea les rues de la Cite Blanche cinq annees auparavant...

Cette fois, lorsque Nathanael lui adressa la parole, il ne repondit pas d'une voix severe et mefiante, mais chuchota avec ironie:

-Si jamais je sortais d'ici en tant que cadavre sur une planche, notre cher lieutenant serait encore capable de refuser de me laisser sortir avant que je ne lui montre mes papiers.


Derriere ces paroles remplies de sarcasme, et derriere le tissu epais de sa capuche, Forlong etait nerveux...au bout de ce couloir du palais, un tournant l'attendait...un tournant dans sa vie. Allait il y trouver la mort? La prison? Une disgrace? Ou bien allait il y trouver un chemin vers son honneur perdue...

#Forlong #Nathanael
Sujet: Négociations vagabondes
Forlong

Réponses: 3
Vues: 1231

Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: suite    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 5 Déc 2009 - 0:34
Le ton de Nathanael etait desagreable...Forlong n'appreciait vraiment pas les menaces, mais se tut cette fois. L'espion avait raison; il etait seul, un loup solitaire, a la merci d'une horde de chiens sauvages...
Cependant parmis les menaces voilees se trouvait une information importante...l'Arbre Blanc. Ainsi il s'agissait vraiment du service pour le Gondor.

Forlong parcourait les rues du Haut de la Cite pour la premiere fois depuis des annees, et son coeur battait avec une rapidite deconcertante. Il se sentait mal a l'aise, et chaque muscle de son corps etait tendu comme une corde.
L'Arbre Blanc avait besoin de ses services...allait il revoir le Roy Mephisto et l'Intendant Radamanthe? Allaient ils reconnaitre l'homme aux cheveux blancs qui avait participe a tant de combats a leurs cotes?
Allaient ils l'emprisonner et l'envoyer au Roi Aldarion, pour qu'il puisse etre juge par son ancien Seigneur? Toutes ces pensees et questions traversaient la tete du dunadan, augmentant ce sentiment d'angoisse qui remplissait deja son esprit.

Aussi desagreables que les paroles de Nathanael puissent etre, il avait raison...Car chacun sait ce qu’il en est de la politique en Terre du Milieu.
Effectivement, Forlong en savait beaucoup. La diplomatie, les guerres, les alliances, la trahison...il en avait vu assez tout au long de sa carriere.

Gilgamesh...ce nom sonna dans les oreilles du capitaine en exil, reveillant des souvenirs des temps anciens, et il dit, avec une voix distante:

-Gilgamesh...ainsi le vieillard est toujours vivant...Le loup blanc a attire l'attention de l'eminence grise.

Un sourire ironique etait apparu sur ses levres, mais il etait surpris que Gilgamesh soit implique dans l'affaire. Cela insinuait que le travail que lui proposerait le Gondor serait assez important...bien plus qu'un simple poste a la milice ou dans la Garde.

L'homme aux cheveux blancs fronca ses sourcils, mais enleva son epee de son dos, et la pris en main, sans pour autant la sortir du fourreau. La suggestion meme qu'il soit oblige de laisser Lunerill entre les mains d'un garde lui donnait des frissons dans le dos...il esperait que cela n'arriverait pas, malgre que meme Aragorn fut, pendant la Guerre de l'Anneau, laisser Anduril entre les mains des gardes du Palais d'Or.

-C'est rare que pour repondre a une offre de travail on doive entrer illegalement dans la demeure de la personne qui propose le contrat...
Mais nous jouons sur votre terrain, maitre Sangar. Je vous laisse faire et je vous suis.

Gilgamesh...il ne pouvait s'arreter de penser a ce vieillard mysterieux, qu'il allait bientot rencontrer. Il avait rencontre cet homme quelques fois, au cours des missions diverses pour le Roy du Gondor. Gilgamesh savait il qui Lost Ore etait vraiment...?

Les deux hommes s'approchaient des portes du Palais.. Une idee curieuse parcourut la tete de Forlong; si les gardes decouvraient les achats que j'ai fait a l'Antre des Ombres, ils penseraient sans doute que je m'apprete a assassiner un haut dignitaire...
Un leger sourire apparut sur les levres du dunadan...

#Forlong
Sujet: Négociations vagabondes
Forlong

Réponses: 3
Vues: 1231

Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: suite    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 30 Nov 2009 - 0:34
Forlong avait remercie Hasharin, tout en glissant la fiole dans une poche de sa veste en cuir. La generosite du maitre assassin lui semblait etrange...surtout apres tant d'annees passees en exil et solitude, en compagnie seule de son epee fidele et de ses souvenirs obscurs...
Cela faisait du bien d'avoir un ami...de pouvoir compter sur quelqu'un. Ca lui rappelait une epoque ou il etait entoure de compagnons...Gebir et Meneldir, Balak, Gauvin, son fidele ecuyer Bannor, la dame Alira...et d'autres encore.
Cette epoque lui semblait tellement distante aujourd'hui.
Cependant il faisait attention de ne pas entierement faire confiance a Hasharin; cet homme etait un assassin apres tout, et quelqu'un de riche et puissant...ils ne s'etaient pas vu depuis plus de cinq ans. Il esperait que les intentions du maitre assassin etaient bonnes, mais ne pouvait en etre sur. Il lui avait confie la vie des trois naugrims...pourvu que ce ne soit pas une grave erreur.

***

Le dunadan se maudit dans ses pensees; il devrait garder l'oeil sur l'entourage plutot que de se perdre dans ses meditations. Il ne connaissait pas assez ce Sangar; qui sait quelles pouvaient etre ses intentions...

Le Loup Blanc fronca ses sourcils lorsque Nathanael parla de son manque de visite dans le haut de la cite au cours de dernieres annees. Cet homme savait il tout sur lui? Pendant longtemps Forlong se croyait anonyme et en detache de son passe...mais ces derniers jours sa vie precedente le hantait. Les nains, Hasharin, ce marchand de bovin mysterieux qui etait si bien informe sur le passe de l'homme aux cheveux blancs.

Des qu'ils penetrerent dans le Haut de la Cite, Forlong attacha ses longs cheveux blancs en queue de cheval avec un fil de cuir noir, puis sortit une cape de son sac, et la mit sur lui, tout en recouvrant sa chevelure remarquable avec la capuche grise. Il ne se distinguait a present pas vraiment d'un voyageur habituel; seule l'epee batarde dans son dos attirait quelques regards curieux.

Forlong jetta un regard attentif a Nathanael, lorsque ce dernier prit la parole. Il fronca ses sourcils...l'homme venait de dire que son travail des dernieres annees manquait de noblesse. Il avait libere des dizaines de femmes de mains de violeurs, il avait sauve des hommes d'assassins et de tueurs...et ce marchand qui achetait du poison pour tuer ses concurrents osait douter en sa noblesse?! Le dunadan s'appreta a lancer une replique piquante, mais soudainement il se calma, et seul un sourire ironique apparut sur ses levres. Le marchand de bovin avait raison; il n'y avait rien de noble dans l'acte de jouer le bourreau du Bas de la Cite, et exterminer les vermines qui y habitaient...
Il finit par dire:

-Je decouvrirai volontiers l'offre que me proposeront les personnes qui vous envoient...mais je vous previens que si elle ne me plait pas, je partirai sans un mot. Et j'espere qu'ils ne feront pas l'erreur d'essayer de m'arreter.

Forlong savait bien se servir de son epee, et avait quelques objets utiles dans son sac, qui pourraient lui sauver la vie en cas de probleme...de plus il connaissait a present le bas de la Cite mieux que la plupart de gens. Cependant le dunadan n'etait pas fou. Un carreau d'arbalette bien place, ou une dizaine d'hommes armes, et il n'aurait aucune chance. Il prenait un risque, et il le savait bien. Mais sa vie valait peu pour lui en ce moment...

Un frisson parcourut le dos du dunadan, lorsque Nathanael prononca les mots "honneur et gloire". C'etaient les paroles exactes qu'il avait entendu dans la crypte de l'ancien roi du nord il y a cinq ans...le marchand de bovin ne pouvait le savoir...un simple accident sans doute.
Et qui etaient ces hommes mysterieux qui desiraient les services du capitaine en exil? S'agissait t'il d'officiers d'une armee etrangere? Du commandant de la milice? D'une organisation secrete et independente?
Il pouvait s'agir d'un personnage comme le Comte de Sora, qui avait rassemble sa propre milice pendant la longue absence du Roy et de l'Intendant...un seigneur justicier. Qui sait...Ou bien le marchand de bovin lui mentait, et c'etait une organisation criminelle qui souhaitait l'embaucher, ou bien se debarasser de lui...Les possibilites etaient nombreuses.

#Forlong
Sujet: Ardentes recherches
Nathanael

Réponses: 1
Vues: 684

Rechercher dans: L'Antique Bibliothèque   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Ardentes recherches    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 28 Sep 2009 - 11:07
Il soupira profondément et se frotta les yeux presque machinalement. Un coup d’œil par la fenêtre lui apprit qu’il avait passé déjà plus de deux heures dans l’antique bibliothèque. Le soleil était passé au dessus du toit de la bâtisse adjacente aux archives ; il était presque midi. Il n’avait toujours rien trouvé. Il ne s’était pas douté un instant que l’armée Arnorienne avait pu être aussi importante au temps de la Grande Bataille. Il avait rapidement délaissé le registre de l’armée pour se concentrer sur le déroulement de ce grand évènement historique. Si jamais Lost Ore avait été grand capitaine, son nom serait cité. Cependant il avait prit la lecture depuis les premières querelles politiques, les invasions ennemies et il n’était parvenu jusqu’à présent qu’au départ des différentes armées pour la bataille finale. Il espérait en apprendre plus sur le personnage en en apprenant plus sur le contexte social et géopolitique de l’époque ; l’un n’irait pas sans l’autre. Bien que la mission de Gilgamesh avait seulement pour but de ramener Lost Ore dans les bras du pouvoir officiel, il souhaitait à titre personnel en apprendre plus.

« … [les armées] prirent la suite de leur roi respectif dans les différents pays concernés. Les troupes avaient le moral. Partout il est rapporté que les soldats quittèrent leur logis en chantant la victoire future. Femmes et enfants, contre toutes craintes, suivaient leur mari et père en leur lançant des gerbes de fleurs, symboles de chance. Les cors du Gondor se répondaient, semblant entamer de longs discours encourageants… »

Il ne se souvenait pas de telles manifestations de joie lors du départ des soldats pour la guerre. Si effectivement les guerriers avaient pu se montrer hardis et volontaires, il n’en demeurait pas moins que tout un chacun savait ce qui les attendait : une longue marche fatigante et lassante et pourtant, une forme de répit, avant la réalité des combats. Il vilipenda intérieurement la propagande supportée par les historiens officiels des différents royaumes.

Il délaisse ce parchemin et prit le suivant qui traitait plus en détails le déroulement des premiers combats et les premiers changements manifestes du moral des soldats. Au registre élégiaque succédait une forme épique de narration qui le rebuta quelque peu. Il mit ce parchemin-ci de côté également.

Hasard ou destin, sur l’instant il ne s’en préoccupa aucunement, ses yeux tombèrent sur ce nom qu’il avait entendu de la bouche d’un soldat démobilisé : Forlong. Son attention en fut émoustillée et il s’attacha plus calmement à lire l’ensemble du document. Suivant le nom du roi, Aldarion, une liste des différentes sections de l’armée et le nom des capitaines qui les dirigeaient. Parmi ceux-ci : Forlong Neldoreth.
Le jeune soldat ne lui avait pas menti. Cet homme avait réellement existé. Il devait exister encore, s’il portait aujourd’hui le nom de Lost Ore.

Il reprit fébrilement le registre de l’armée de l’Arnor et parcourut rapidement les différentes pages qui regroupaient les noms des officiers gradés. Il en lut deux ou trois avant de tomber une fois encore sur le nom de Forlong Neldoreth. En dessous de ce patronyme était indiqué : Seigneur de Dol Amroth, capitaine de l’Arnor. Il retint les indications complémentaires, d’aucune utilité réelle en cet instant.
Pris d’un doute, il se leva et chercha le registre de l’armée arnorienne de l’année succédant à la Grande Bataille. Le livre était moins épais, sans doute les morts et les démobilisations avaient-elles affectées les effectifs. Il sauta les premières pages, et de nouveau chercha uniquement le nom des capitaines et autres gradés. La liste était presque la même, l’ordre des noms avait été préservé, marque d’une forme de continuité dans l’administration anorienne. Cependant Forlong Neldoreth n’apparaissait plus. Mort, disparition, démission ? Rien n’était indiqué. Il maudit une fois de plus le manque d’esprit des copieurs et la mainmise du pouvoir officiel sur les registres administratifs.
Une confirmation cependant, Forlong disparaissait des registres courants après la guerre. Ceci aussi correspondait aux dires du soldat qu’il avait rencontré. Forlong devenait en cet instant un personnage mystérieux, délaissant ces titres officiels pour agir officieusement. Parallèlement, les parchemins narrant l’histoire de la Grande Bataille n’en disaient pas plus. Le brouillard s’installait à partir de cette date : mois d’avril de l’an 294 du Quatrième Âge ; l’homme disparaissait de la circulation.

Nathanael prit une profonde inspiration, signe que débutait une intense réflexion. Son regard se perdit dans le vague, le menton appuyé sur la paume de sa main. Il manquait encore trop d’informations à son goût. Il avançait pas à pas dans un vide informatif, presque palpable.
Le vrombissement d’une abeille et le cliquetis qu’elle réalisait en tapant contre la vitre le fit sortir de ses brèves pensées. Il lui fallait encore découvrir ce que signifiait Lost Ore.  Sans s’y connaître parfaitement en langues étrangères, le nom avait quelques consonances elfiques certaines. Il embrassa du regard les parchemins étalés sur la table et les trois ou quatre livres reliés. Il n’avancerait pas plus loin aujourd’hui de ce côté-là. Il s’empara des manuscrits et se leva pour aller les poser sur une étagère : il laissait le soin au bibliothécaire de les ranger plus tard. Celui-ci n’était d’ailleurs toujours pas réapparu.

Il se dirigea vers la pièce jouxtant celle dans laquelle il travaillait. Là, les étagères portaient tout autant d’ouvrages, mais d’une autre sorte. Ce bureau devait être réservé aux ressources linguistiques de toute la cité. Il n’avait que rarement mis les pieds en cet endroit. Une inscription lui indiqua que les dictionnaires et les publications en langues étrangères se trouvaient au troisième couloir. Dix étagères étaient seules concernées par les différentes langues elfiques. Il soupira, une fois encore – les investigations dans les bibliothèques étaient toujours fastidieuses.
Il parvint après un bon quart d’heure de recherches à trouver les trois dictionnaires qui lui fallaient : Sindarin, Eldarin commun et Quenya. Il retourna s’asseoir à sa table de travail.

Il ne savait pas s’il devait prendre en compte le fait que Lost Ore soit un surnom d’origine elfique. Forlong avait-il un lien avec les elfes ? Après l’avoir vu combattre en présence de nains, fait totalement inattendu en la Cité Blanche, il ne s’étonnerait plus de rien. On aurait pu lui dire l’instant d’après que le roi Méphisto était un proche membre de sa famille, il n’en aurait même pas été surpris. Il sourit bêtement, en pensant aux inepties que ses réflexions pouvaient parfois lui apporter.

Une nouvelle fois assis devant différents livres, il se saisit du dictionnaire Quenya. La recherche des noms fut plus simple cette fois. L’organisation alphabétique des ouvrages lui simplifia grandement la tâche. Cependant il ne fut qu’à moitié satisfait.
Point de « Lost » en quenya, mais simplement « losta » dont la signification lui parut incongrue en rapport avec le personnage étudié : « fleurir » en langage commun … Il se retint de rire entre les murs silencieux de la bibliothèque. Si jamais il apprenait que ce surnom avait un rapport avec la floraison il ne pourrait plus jamais s’empêcher de rigoler à chaque évocation du nom ou à chaque fois qu’il rencontrerait Forlong.

Il mit un certain temps à se ressaisir. La fatigue des recherches pesait un peu sur lui et ses nerfs se détendaient à travers ces petites crises d’hilarité. La quête fut plus fructueuse avec le terme « Orë », signifiant « coeur » en Quenya. Il retint mentalement sa petite découverte avant de poursuivre ses recherches dans le dictionnaire de Sindarin.
« Lost » trouvait son équivalent en langage commun : « vide », tandis que rien ne correspondait en Sindarin à « Ore ». Décidemment, cet homme avait quelque peu l’esprit torturé. Non seulement il n’utilisait pas le langage commun, mais en plus il était allé chercher son surnom dans deux branches différentes de la langue elfique.

Il se massa les tempes un bref instant. Le surnom « Lost  Ore » ne figurait pas dans les registres officiels. Et le soldat avec lequel il avait conversé lui avait indiqué que ce surnom était plus connu aujourd’hui que le véritable nom de l’ancien capitaine. Il se l’était donc donné, ou bien le lui avait-on attribué, après la Grande Bataille. Indications complémentaires : un évènement important, inconnu, avait du se produire et faire en sorte que l’homme choisisse l’ombre à la lumière. Mais lequel ? Il n’en savait rien.
«  Et franchement, je n’ai pas envie de le savoir aujourd’hui … »

Il regarda une dernière fois les dictionnaires avant de se lever. Le soleil avait encore prit de la hauteur et dépassait son zénith. Son ventre gargouillait et les fourmis dans les jambes lui indiquaient qu’il n’était plus temps de se préoccuper de détails historiques et patronymiques. Il ne prit pas même la peine cette fois de ranger les ouvrages linguistiques et quitta la pièce dans laquelle il se trouvait pour regagner l’extérieur.

Une fois sous les rayons du bénéfique astre solaire, il s’étira nonchalamment, sans prendre la peine de remettre son capuchon. Il n’en aurait pas besoin. Il reprit conscience de l’arme à son côté et de la mission qui l’attendait à présent. Ces quelques heures écoulées, Lost Ore et ses compagnons avaient du prendre la fuite, ou plus sûrement, chercher un endroit dans lequel il pourrait trouvé sécurité et soins. Il lui faudrait repérer et indiquer un tel endroit à Gilgamesh.

En attendant il irait prendre de quoi se restaurer puis se dégourdirait les jambes entre les différents niveaux. Lost Ore n’irait pas bien loin avec des blessures sur tout le corps…

#Nathanael #Forlong
Sujet: Dans la recherche de l'honneur perdu...
Forlong

Réponses: 0
Vues: 1051

Rechercher dans: Minas Tirith - Le Bas de la Cité   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dans la recherche de l'honneur perdu...    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 22 Aoû 2009 - 23:55
Forlong se leva assez tard compare a d'habitude. Il n'avait pas beaucoup dormi cette nuit, trouble par l'alcool et les visions du visage immobile de la reine morte.

La matinee etait froide, et l'air semblait frais...l'idee que la peste regnait dans la cite semblait presque absurde...
Et pourtant c'etait vrai. Lorsqu'il sortit de l'auberge, le capitaine en exil put encore une fois voir les rues desertes, les cadavres des chats, chiens et d'humains, les maisons abandonnees dont les fenetres etaient recouvertes de planches en bois, des demeures pillees et brulees...

Le dunadan avait laisse son etalon du Rohan a l'auberge, il ne voulait pas risquer que cet animal noble fidele tombe malade.

Forlong ne craignait pas la mort...il avait perdu le sens de sa vie. Cependant il avait decide la nuit precedente de ne pas la chercher, et d'essayer de regagner son honneur perdu.
C'est pour ca que apres s'etre leve, il avait sorti de son sac de voyage quelques feuilles d'athelas sechees, et les avait jette dans de l'eau bouillante. Ensuite il y trempa un chiffon, et l'attacha autour de nez et de sa bouche.  

L'athelas etait une plante tres respectee parmis les dunedain, et Forlong etait certain qu'il le protegerait de l'epidemie qui regnait dans les rues de la cite.

Les quelques personnes qui rodaient dans les rues de la Cite Blanche se tenaient a l'ecart de Forlong. C'etait pas si etrange...un grand homme aux longs cheveux blancs, son visage recouvert de cicatrices, un foulard noir recouvrant le bas de son visage, une epee batarde dans le dos et des vetements en cuir...

Il s'avancait dans les rues, traversant les ruelles et les coins les plus obscurs, qu'il n'avait jamais visite auparavant.
La Cite Blanche etait le siege de la royaute du Gondor, et un des endroits les plus glorieux des terres du milieu...mais c'etait aussi un lieu dangereux; un lieu des guerres de gangs, de vols, de viols et d'assassinats.

C'est dans une ruelle puante et sombre que Forlong entendit un cri feminin.
Une flamme de colere froide dans ses yeux, il sortit son epee et se dirigea dans la direction d'ou provenait le cri.

Il put bientot distinguer un homme et une femme. Celle ci etait poussee contre le mur, sa robe dechiree a moitie. L'homme etait pres d'elle, une main sur son corps, l'autre tenant un couteau. Il n'y avait pas besoin d'etre un genie pour comprendre ce qui se passait ici.

-Laches la.

Le dunadan avait prononce que deux mots, et on pouvait entendre la glace dans sa voix.
Le bandit se retourna, et cracha sous les pieds de Forlong, puis dit:

-Fermes ta gueule, enfoire. Tu vois pas que je suis occupe? Casses toi avant que je ne t'ouvre le bidon!

Aucun muscle n'avait bouge sur le visage du capitaine en exil.
Il fit trois pas en avant, son epee antique coupa l'air avec un sifflement bref, et se planta dans la poitrine du bandit.
Celui ci ouvrit grand ses yeux et un jet de sang coula de ses levres. Forlong arracha la lame du cadavre avec un coup de pied, puis essuya son epee dans les vetements du bandit.

Apres avoir remis Lunerill dans son dos, il prit le cadavre par le col de sa veste, et le tira jusqu'a la rue principale. La il s'arreta, et cria d'une voix puissante qu'on pouvait entendre a plusieurs centaines de metres:

-Ecoutez moi bien, vermines. Cet homme a essaye de violer une femme. Je l'ai tue, et je tuerai chacun qui essaye quelque chose de semblable.
Je ne peux rien faire contre la peste. Mais l'autre epidemie, celle repandue par les bandits, je compte eliminer avec cette lame.

Il lacha le cadavre du bandit, et leva Lunerill au dessus de sa tete; la lame antique brilla d'une flamme bleue pour la premiere fois depuis des semaines.

Le capitaine en exil revint dans la ruelle obscure, enleva sa veste, et la mit autour des epaules de la femme, couvrant sa robe dechiree. En murmurant des mots rassurants, il la guida jusqu'a l'auberge de Minas Tirith.
Les gardes a l'entree verifierent que la femme ne porte aucun signe de la peste, mais, satisfaits du resultat, laisserent entre le dunadan et sa compagne dans la taverne.

Forlong s'arreta devant l'escalier et dit a celle qu'il venait de sauver:

-Tenez. Voici deux mille pieces d'or. Ca vous suffira pour louer une chambre a l'auberge et vous nourrir pendant quelques semaines, a l'abri de l'epidemie et de bandits. Faites attention a vous...si jamais quelque chose se passe, venez me le dire.

Il se retourna et s'appreta a repartir, lorsqu'il sentit la main de la femme se poser sur son epaule. Il se retourna lentement, et vit les larmes dans les yeux de la jeune dame.
Celle ci dit:

-Merci...vous m'avez sauve la vie...dites moi au moins qui vous etes...D'une main tremblante le dunadan essuya une larme qui coulait sur la joue de la jeune femme. Lorsque celle ci regarda dans les yeux de Forlong, elle put voir que une douleur profonde y avait remplace la froideur.
Il parla, a travers les dents serrees:

-Je ne suis...plus personne...

puis sortit de la taverne, laissant la femme seule.

#Forlong
Sujet: La ou tout a commence...
Forlong

Réponses: 0
Vues: 734

Rechercher dans: Hauts des Galgals   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La ou tout a commence...    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 2 Juin 2009 - 20:11
Les obscures plaines de l'Arnor...ou le seul bruit est le sifflement du vent.
La nuit est noire, les nuages couvrent la lune, privant la terre meme de cette delicate lueur argentee.

Les plaines sont desertes...seul un cri d'agonie d'une souris se fait entendre de temps en temps lorsqu'elle voit la mort s'abattre sur elle sous la forme d'un hibou.

Aucun humain ne s'aventure ici, surtout en pleine nuit...Aucun?
Pourtant quelqu'un a l'ouie d'elfe pourrait distinguer le bruit regulier de sabots parmis les soufflements du vent.
Et si ce quelqu'un disposait d'une vue d'elfe aussi, il pourrait voir un etalon noir comme la nuit, et un cavalier aux longs cheveux blancs.

Forlong, car c'est bien lui, s'arrete devant une petite colline recouverte d'herbe, et descend de sa monture. La lune, connue pour son dramatisme pathetique, en profite pour sortir des nuages, et eclaire le visage pale du dunadan, l'entourant d'un halo argente et fantastique.

Un sourire ironique s'affiche sur les levres de l'ex capitaine...tant de souvenirs...

***

Des longues annees plus tot... le jeune rodeur Forlong traverse les plaines de l'Arnor en recherche de gobelins et de gibier. Il se retrouve sur cette meme colline...et decouvre par hasard une entree faite de pierre. Jeune, curieux, et aventurier, il n'hesite pas un instant, et penetre dans les souterrains. C'est une crypte, il n'y a aucun doute...les tombeaux des rois et chefs des temps anciens ne sont pas rares sur ces plaines, mais rares sont ceux qui osent deranger le sommeil eternel des monarques depuis longtemps oublies...
Le coeur de Forlong commence a battre plus vite lorsqu'il decouvre un sarcophage de pierre, et posee dessus, une magnifique epee batarde, entouree d'un aura bleuatre.

Il sursaute, lorsqu'une voix sourde se fait entendre dans la crypte.
"Prends cette epee, Dunadan, et fais en bon usage, car ton bras est fort et ton coeur est pur"
Avec un melange de crainte et de curiosite, Forlong prend l'arme en main; la lame de celle ci se met a bruler d'un feu bleu, laissant voir des runes antiques. Une arme royale des anciens temps...

Cette epee l'accompagna dans toutes ses aventures. A Minas Tirith, au distant Harad, sur les plaines du Rohan, ou il lui donna le nom de Lunerill, la flamme bleue, au service du Prince Berund de Dol Amroth et du roi Tar-Aldarion.
Elle fut sa plus fidele compagne, et lui sauva la vie plusieurs fois...

C'etait il y a longtemps. Cette epee l'accompagna pendant les annees glorieuses, lorsqu'il fut connu en tant que Forlong Neldoreth, Seigneur de Dol Amroth et Capitaine de l'Arnor, un officier sage et un guerrier redoutable.

Elle vit aussi sa chute... La mort de la reine de l'Arnor. La disparition de son enfant. C'etait il y a deux semaines. Depuis ce jour, Forlong n'avait pas dit un mot. Juste une lettre ecrite a Tar Aldarion, annoncant sa resignation du poste de Capitaine...

***

Forlong retrouve l'entree de pierre, aide par la lumiere argentee de la lune. Il penetre dans la crypte, comme il l'a fait il y a tant d'annees...
Rien n'a change ici. Comme si le temps ne coulait pas dans cet endroit sinistre et froid.
Il s'arrete devant le sarcophage, et s'assied les jambes croisees, son epee, Lunerill, sur ses genoux. Il ferme les yeux, et essaye de liberer sa tete de toute pensee. Le noir. L'acier glacial de son epee sous sa main.

Une presence mysterieuse...

Lorsqu'il entend la voix, il n'ouvre pas ses yeux. Il ecoute.

"Dunadan, tu es revenu. Sans honneur. Sans gloire. Ayant decu ton Roi. Tu t'es appelle Lost Óre, Coeur Vide. Et tu maintiendras ce nom jusqu'a ce que tu retrouves ton honneur. Pars, Forlong, et cherches la gloire perdue..."

Un silence complet. Forlong reste encore un moment sans bouger, puis ouvre ses yeux. Lunerill, son epee, est glaciale, mais ne brille presque pas.
Il se releve, et reste encore un moment debout devant le sarcophage, puis se retourne sans un mot.

***

A la sortie de la crypte, il monte sur son etalon, et part dans la nuit.

Les plaines obscures de l'Arnor...desertes...seul un cavalier solitaire aux longs cheveux blancs les traverse en silence. Son coeur vide.


Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! 35607668

#Forlong
Sujet: Prologue : La Mort, grande princesse...
Forlong

Réponses: 12
Vues: 1158

Rechercher dans: Annúminas   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: suite    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 7 Sep 2008 - 21:48
Forlong repondit a Manwe:

-Ainsi, dunadan, nous serons compagnons d'armes dans cette bataille. Et mon coeur se rejouit a la nouvelle que je vais me battre a tes cotes.

Il sortit son epee antique du fourreau, se trouvant sur son dos. Les inscriptions anciennes brillerent d'une lueur bleue, semblant se rejouir de la rencontre d'un dunadan.

-Voici Lunerill, la flamme bleue. Elle fut forgee au Arnor, il y a des siecles entiers. Que nos lames combattent comme des soeurs dans le combat a venir.
Mais, tu ne m'
as toujours pas devoile ton nom...


Ils furent interrompus par l'arrivee des rangers. Ils etaient nombreux. 750 veterans du roi Aldarion, sous la commande du capitaine. Combien survivront la bataille? Bannor, l'ecuyer de Forlong, et Berenghir, le sergeant des rangers, s'approcherent du capitaine. Berenghir dit:

-Nous sommes prets, capitaine. Dirigeons nous vers l'endroit du rassemblent.


Forlong hocha de la tete, et les rangers se mirent en route, avancant silencieusement a travers le campement desert.
Ils arriverent juste avant le discours du roi Aldarion. Forlong sentit son coeur battre plus vite aux paroles de son roi, et lorsqu'il finit, lui aussi sortit son epee, la levant devant lui, et cria:

-Mort ou Gloire! Pour l'Arnor! Pour les Terres du Milieu!

Il regarda autour de lui. A ses cotes, Bannor, Berenghir, Manwe, et Felix, le lieutenant de l'unite des chariots. Ses troupes positionnees tout autour.
Et plus loin des nains, des elfes, des hommes du Gondor, du Rohan, et des fiefs. Des mercenaires. Tous ceux qui allaient defendre leurs terres, et celles de milliers d'autres. Aujourd'hui. Ici.
Il pouvait distinguer les silhouettes des dirigeants des armees; Radamanthe, Firion, Aldarion, les capitaines...
Son coeur battait de plus en plus vite.

#Forlong #Radamanthe #Rômrhun
Sujet: Une taverne
Forlong

Réponses: 21
Vues: 1126

Rechercher dans: Dol Amroth   Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: suite    Tag forlong sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 30 Mai 2007 - 18:35
Un grand homme aux cheveux blancs avec une epee sur le dos entra dans la piece. Il demanda a l'aubergiste une biere, et chercha du regard une place libre pour s'asseoir. Il vit Reznor et souria. Il se rappella de la recitation faite par celui ci au concours de la joute orale. Il s'approcha de la table. L'autre homme le regarda avec curiosite; meme si ils ne s'en apercevaient pas, ils se ressemblaient beaucoup, non seulement par la couleur des cheveux, mais aussi par l'age et la posture. Forlong demanda:
-Cette place est elle libre?
Reznor fit un signe de tete affirmatif, et Forlong s'asseya.
Il dit:
-Je suis Forlong, mercenaire du Arnor, momentanement au service du Prince Berund.


#Forlong #Reznor
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
Sauter vers: