38 résultats trouvés pour Neige

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Sujet: L'influence et ses limites
Learamn

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'influence et ses limites    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 19 Mar 2024 - 12:41



Les rayons du soleil matinal illuminaient les rues de la cité depuis plusieurs heures déjà mais, ainsi filtrées par les minces rideaux rouges, ils baignaient la chambre d’une lumière apaisante. Zehev avait émergé paisiblement de son sommeil et, le regard fixé sur le mur qui lui faisait face, caressait langoureusement la frêle épaule de sa partenaire qui s’était blottie contre lui.  Il plongea son nez dans ses cheveux bruns, légèrement ébouriffés après leur nuit passée au lit, humant les parfums de lavande et d’amande qui s’en échappait. L’espace de quelques minutes, tous ses tourments semblaient disparaître face à ces moments passés en si agréable compagnie. Au moment où il voulut relever la main, la jeune femme remua légèrement en poussant un petit gémissement de protestation, poussant l’officier à reprendre ses délicats massages. Quelques minutes supplémentaires passées au lit ne seraient pas du luxe.

Elle s’approcha de lui et lui murmura langoureusement à l’oreille :

“Mon preux capitaine, ne désirez-vous pas démarrer cette nouvelle journée de la meilleure des manières.”

Zehev sourit ; il devait l’avouer, elle savait se montrer convaincante, et sans utiliser beaucoup de mots. Il chercha à adopter son ton le plus charmeur.

“Voilà une proposition bien prometteuse. Il faudra faire vite cependant, des affaires de la plus haute importance nécessitent ma présence aujourd’hui.”

La belle gloussa légèrement et laissa glisser ses doigts sur le torse musculeux du soldat.

“N’ayez crainte mon fier héros, je ferais en sorte que vous ne soyez point en retard.”

Il frissonna légèrement et ferma les yeux d’un air satisfait, laissant sa partenaire prendre les devants. Il appréciait sa douceur, sa répartie et surtout ses compétences certaines ; avant de partir, il devrait sans doute trouver un moyen de lui faire répéter son prénom qu’elle lui avait révélé la veille. L’alcool jouait de mauvais tour à sa jeune mémoire.

Mais alors qu’elle n’avait qu’entamé son labeur, il sentit la pointe métallique d’une lame se poser sur sa glotte. Les yeux toujours fermés, il émit un petit rire.

“Voyons voyons… je n’ai jamais demandé ce genre de services.
-Ce genre de services ?
Répéta une voix familière d'un ton moqueur.

Alerté, Zehev rouvrit les yeux et voulut se redresser brusquement avant de se raviser promptement en voyant l’épée qui le pointait.  Sa partenaire, s’était réfugiée dans un coin de la pièce, visiblement en état de choc mais indemne. Devant le lit, tenant l’arme, une autre silhouette féminine, bien plus menaçante.

Le soldat, complètement estomaqué, bafouilla quelques paroles inaudibles avant de retrouver un semblant de contenance.

Neige ? Mais qu’est-ce que tu fais là ?
-Je pourrais clairement te retourner la question. Le Général Cartogan n’avait-il pas fait fermer ce genre d’établissements ? Visiblement certains ont échappé à sa vigilance.”


Nu comme un ver, seulement couvert par les draps blancs et quasiment transparents de l’hôtel, le jeune homme se trouvait à la fois impuissant et humilié face à la plus brillante des agents de l’Arbre Blanc. Neige, de con côté nullement gênée, se tourna vers la jeune femme qui se prostrait toujours, immobile, dans un coin.

“Ne t’en fais pas ma belle, je ne te ferais rien. Tu peux te vêtir et t’en aller.”

Pour agrémenter ses paroles, elle lança vers elle une bourse de pièces d’or bien garnie qu’elle avait récupérée au chevet du lit.

“Tout travail mérite salaire. De toute évidence le vôtre a été bien fait.”

La belle courtisane récupéra l’argent, sa nuisette et quitta la chambre sans demander son reste sous le regard agacé de Zehev.

“Il y avait bien plus dans cette bourse que ce que je lui dois !”
Chercha-t-il à protester.

Neige esquissa un sourire.

“Crois-moi, cette bourse sera bien le cadet de tes soucis si je choisis de parler de tes petites activités nocturnes au commandement.”

Il grogna mais ne répondit pas, signe que le message était passé.

“Je peux au moins enfiler un caleçon ou tu veux pousser l’humiliation jusqu’au bout ?”

Le visage du capitaine de la Garde d’ordinaire si fier et hautain était désormais rouge comme une pivoine. Il en fallait si peu pour briser la fierté de ce genre d’hommes, elle ne le savait que trop bien.  D’un signe de tête elle indiqua à son interlocuteur qu’elle ne l’embrocherait pas s’il se levait de son lit pour s’habiller mais elle ne détourna pas le regard pour autant. De Siznoff restait un agent de l’Arbre Blanc et un redoutable adversaire, baisser sa garde, ne serait-ce que quelques secondes pouvaient représenter une erreur fatale.

“Qu’est-ce que tu veux Neige? Tu n’es déjà pas assez occupé à laver ton honneur avec les déserteurs ?”
Demanda l’homme en enfilant son pantalon, retrouvant un semblant d’assurance au fur et à mesure qu’il s’habillait.

“Mon honneur se porte parfaitement bien. Je compte simplement rétablir la vérité.”


Ils échangèrent un regard défiant mais dénué de haine. Tant de choses séparaient ces deux serviteurs de la couronne, dans leurs histoires personnelles comme dans leurs caractères. Pourtant, ils servaient ensemble la même cause depuis de nombreuses années. Ensemble ils avaient tant sacrifié pour les valeurs qu’ils défendaient et ce simple fait établissait une certaine forme de respect entre les deux officiers. Les qualificatifs qui venaient à son esprit pour désigner son vis-à-vis ne manquaient pas : prétentieux, mesquin, ambitieux, et bien d’autres. Pourtant, il restait un frère d’armes et, contrairement à Rhydon ou d’autres, elle n’avait jamais pu se résoudre à le haïr véritablement.

“Zehev…La lettre…
-De quoi tu parles ?”
Fit-il d’un air innocent.

Elle pencha légèrement la tête sur le côté, voyant clair dans son jeu.

“Ne te moque pas de moi. Tu sais très bien de quoi je parle. La lettre de démission signée par Nârwel et Daren n’incriminait pas que Rhydon mais quelqu’un l’a censurée.”


Zehev passa sa main dans ses cheveux sombres. Un toc qu’il faisait régulièrement quand sa nervosité prenait le pas et que Neige avait repéré depuis bien longtemps.

“Ce n’est pas moi qui l’ai fait Neige, je peux te le jurer. Je n’ai jamais vu cette lettre. Seuls le Commandant de Vigo et l’archiviste de l’Arbre ont pu y voir accès.
-Peu importe qui l’a fait. Nous savons tous deux qui était visé…”


Le capitaine poussa un long soupir, visiblement de plus en plus mécontent de la tournure que prenait la conversation.

“Et je te répète que ce ne sont que des rumeurs infondées.
-Je ne le crois pas. La faussair a été claire.
-Une originale qui a disparu dans la nature juste après les émeutes. Tu me permettras de douter de ses racontars.”


Zehev se redressa comme un ressort pour se mettre à sa hauteur. Son air embarrassé avait disparu, laissant place à un visage où pouvait se lire la colère et l’indignation.

“Et qu’est-ce que tu comptes faire ? Remettre en cause le maigre équilibre que la Reine a permis de retrouver ? Tout ça en se basant sur de simples rumeurs.”


Elle voulut répliquer immédiatement mais se retint. Inutile de s’éterniser dans un autre débat sur le sujet avec un homme qu’elle ne pourrait convaincre.

“Non. Ma mission est d’entériner la culpabilité de Rhydon et c’est ce sur quoi je vais me concentrer ; cependant je compte bien mettre la lumière sur cette affaire.
-Cet homme est innocent Neige ! Un héros de notre royaume ! Je peux le prouver.
-Dans ce cas là…bonne chance...mon preux capitaine.


Sur ces mots, elle tourna les talons et s’éloigna dans le couloir de la maison de joie, laissant un Zehev, encore à moitié nu, et rendu bien perplexe par cette discussion matinale.


#Neige


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Face au refus initial de Floria, l’homme ne s’était pas laissé démonter et avait insisté pour qu’elle lui ouvre la porte. Bien lui en avait la pris, car la curiosité de la jeune femme finit par prendre le dessus. S’approchant du judas, il donna quelques explications :

“Je suis Ginhu mais mon nom ne revêt que bien peu d’importance. J’ai longtemps travaillé avec Judia, nous collaborons dans le domaine de la restauration depuis de nombreuses années. Sa fameuse Baraque à Frites commençait à devenir bien célèbre dans certains cercles, je faisais le lien entre elle et les organisateurs de différents évènements à travers la cité. On m’a récemment informé de sa tragique disparition et je comptais passer par ici pour déposer une gerbe de fleurs. J’ai entendu du bruit à l’intérieur et je me suis dis que c’était peut-être un de ses proches.”

Il marqua une petite pause et agita le bouquet qu’il tenait à la main face à l’ouverture de l’œil-de-bœuf. Quand enfin la porte s’ouvrit, il salua son hôte d’un air poli et lui répéta ses condoléances.

“Vous êtes bien de sa famille ? Sa sœur, sûrement, la ressemblance est frappante.”

Il s’installa sur un tabouret à l’intérieur de la maison. Aucun signe inquiétant ou agressif venant de sa part, de toute évidence il n’avait pas rusé pour pénétrer dans la demeure et cambrioler les biens qui y restaient.

Ils discutèrent un peu autour d’un thé, évoquant leurs souvenirs respectifs au côté de la regrettée Morbise. Après un bon quart d’heure, l’étranger reposa sa tasse et remercia son hôte avant de reprendre.

“Il y a autre chose dont je voulais vous parler. Peu avant sa disparition, Judia et moi avions négocié un contrat avec l’un des plus hauts dignitaires du royaume. Celui-ci fête son anniversaire et j’avais réussi à le convaincre d’engager votre sœur pour se charger d’une partie du buffet qui y serait servi. Je suis bien navré de parler affaires au milieu de votre deuil mais c’est un contrat important mais l’argent ne sera sans doute pas de trop pour éponger les dettes qu’elle avait contractée et organiser des funérailles dignes d’elle. Nous pourrions honorer ce dernier contrat pour elle.”

Il se pencha légèrement en avant en affichant un sourire compatissant à son interlocutrice.

“Ce n’est pas votre métier mais je peux vous assister et je m’engage à renoncer à ma part pour que tout revienne à votre famille.”


L’homme leva sa tasse.

“En souvenir de Judia.”



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Postés au coin de la rue, et engagés dans une discussion qui n’avait à priori bien peu de rapport avec l’objectif de leur mission, Syp et Orline durent attendre près d’une heure avant que la porte de la boutique du tailleur de luxe ne s’ouvre à nouveau. Angelus Munthor, visiblement satisfait de sa visite, en sortit d’un air satisfait. Un autre homme, de très haute taille et à la silhouette longiligne l’avait accompagné jusqu’au palier. Leur conversation parvint aux oreilles des deux espions en herbe.

“Votre costume sera prêt pour samedi matin monsieur.
-Vous avez intérêt ! Je fête mon anniversaire samedi soir et il faut que tout soit parfait pour l’occasion. Tout le gratin de la capitale y sera ! Alors sans retard Iweçain, sans retard ; sinon gare!”


Le commerçant jaugea les deux brutes qui accompagnaient le haut-fonctionnaire mais ne trembla pas. Il se faisait bien assez confiance pour savoir qu’il délivrerait sa commande à temps. Ils se serrèrent la main et déjà le commissaire s’éloignait avec ses gardes.

#Angelus #Iweçain
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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'influence et ses limites    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 11 Fév 2024 - 22:50
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#Neige  





Neige fronça les sourcils d’un air perplexe. Elle se doutait que la collaboration entre Syp er Orline ne serait pas de tout repos mais elle ne s’attendait pas à ce qu’ils se donnent ainsi en spectacle devant leur supérieur hiérarchique. Derrière ce désaccord autour de l’implication de la famille de la jeune, la capitaine de l’Arbre Blanc voyait un sous-texte trahissant quelques tensions. L’espionne n’avait pas sa pareille pour lire les personnes comme dans un livre ouvert, c’est ce qui avait fait sa réputation au sein de l’organisation. Quand elle voyait quelque chose en un interlocuteur, elle visait toujours juste.

Des sentiments divers s’emmêlaient dans l’esprit des jeunes recrues: rancœur, attirance, colère… Autant de distractions qui pourraient leur faire perdre de vue ce qui importait vraiment ici: la mission. Pourtant, dans l’idée, la proposition de Syp n’était pas la plus saugrenue. Elle avait lu dossier concernant la famille Haradiel, en particulier les activités financières pour le moins obscures de Daeron Haradiel. Des éléments que Lord Rhydon avait allègrement utilisé lors du recrutement d’Orline, lui promettant une protection à la fois physique et juridique pour elle et sa famille. Un exemple parmi tant d’autres des manipulations et chantages de l’Ancien Directeur. Des cas comme celui-ci, il en existait des dizaines. Toutefois, Syp avait mal évalué la chose en proposant de mêler la famille d’Orline à toute cette affaire. De quelle manière s’attendait-il à ce qu’elle réagisse? Mêler la famille de l’un des agents dans une mission hautement confidentielle n’était pas forcément la meilleure des idées. De plus, les Haradiel ne faisaient pas partie des gros poissons que Neige comptait bien démasquer. Malgré leurs affaires, rien n’indiquait que Daeron faisait activement partie du réseau mis en place par Rhydon à travers toutes les strates de la société de la Cité Blanche. Du moins rien ne l’indiquait à priori. Neige nota dans un coin de sa tête qu’elle devrait sans doute regarder ce dossier de plus près. Mais de cela, Orline n'avait pas à être au courant.

L’officier soupira légèrement face aux demandes des recrues; la formation des recrues n’était pas son fort. Elle détestait avoir un novice dans ses pattes durant ses missions; elle travaillait bien mieux en étant seule. Apprendre, transmettre avec patience; Sined avait toujours été plus doué qu’elle dans ce genre de choses. Pourtant dans le cas présent, elle n’avait d’autre choix que de composer avec ceux qu’on avait bien voulu lui donner.


“Inutile de mêler la famille d’Orline à cette affaire. Si des crimes ont été commis, le Haut-Juge effectuera son travail, mais les Haradiel ne font pas partie des personnes pouvant établir clairement la culpabilité de Rhydon. Il nous faut viser plus haut, des collaborateurs proches de l’Ancien Directeur travaillant activement avec lui, parfois sous les menaces, ou alors en perspective de faveurs et récompenses…Les trois noms listés sur la lettre en font assurément partie.”


Elle grimaça légèrement quand les deux recrues évoquèrent les agents ayant apposés leur signature sur le parchemin. Si seulement ils étaient là.

“Nârwel et Daren ont fait partie des meilleurs éléments de l’Arbre Blanc. Cependant, ils ont fui la capitale peu après avoir remis cette lettre au Directeur. Depuis, plus aucune nouvelle d’eux. On ne retrouve pas aisément un agent de l’Arbre Blanc qui désire rester caché aux yeux du monde. Quant au Commandant De Vigo…”

Neige insista lourdement sur le grade de l’actuel chef de l’Arbre Blanc tout en fusillant Syp du regard; lui faisant comprendre que le respect de la hiérarchie n’était pas optionnel au sein de l’Arbre, en particulier à l’égard d’un homme qu’elle respectait.

“Quant au Commandant de Vigo, il a tout simplement mieux à faire. S’il nous a confié cette tâche, c’est bien qu’il avait d’autres dossiers à gérer. Pour le moment nous ne pouvons compter que sur nous-même.”

La capitaine reprit le parchemin des mains de Syp et parcourut à nouveau les quelques lignes rédigées par ses anciens frères d’armes. Elle en connaissait le contenu par coeur mais en relisait chaque mot avec attention, comme si elle espérait en tirer quelque chose de plus qu’à sa dernière lecture.

“Il nous faut nous concentrer sur ces trois noms. De toute évidence ils étaient de mèche avec Rhydon d’une façon ou d’une autre. Il nous faut les faire parler, les pousser à témoigner devant la Cour même. Peut-être ont-ils d’autres noms que nous ne soupçonnions pas? Voyons voir… Sauer est introuvable depuis les émeutes et Avner réside en ce moment au Palais et je n’ai pas encore trouver le moyen de nous y infiltrer. Ce qui nous laisse avec…Angelus Unthor, le Commissaire aux impôts. Un parvenu et un fonctionnaire corrompu jusqu’à la moelle, il ne devrait pas être trop compliqué de l’exposer. Il est un homme prudent cependant; et protégé depuis les émeutes, s’en approcher à l’improviste ne sera pas chose aisée. Selon mes informations, il a ses habitudes dans l’une des avenues commerçantes du Haut de la Cité. L’allée des Couturiers. Il y a été aperçu plusieurs fois cette semaine déjà, il fait ses emplettes peu avant le déjeuner. ”

Neige jeta un regard à l’horloge.

“Et vous êtes déjà en retard. Vous feriez mieux d’y aller.”

Pas de formation, pas d’instructions précises. L’espionne avait très bien entendue les nombreuses demandes de Syp de Sora mais n’avait pas forcément tenu à lui répondre clairement.  Il pouvait bien tirer les conclusions de lui-même. Des armes? Le port d’arme était toujours en vigueur et se balader avec une épée à la ceinture n’était clairement pas le meilleur moyen de passer inaperçu. Il pouvait bien tirer un couteau de la cuisine de sa tante si cela le rassurait. Une formation au combat? Le temps leur était compté, elle n’était pas là pour dispenser des cours d’escrime. Quant au matériel pour écrire des notes…elle préféra oublier qu’un agent de l’Arbre Blanc ait pu lui formuler une telle demande. S’ils étaient incapables de dégotter un stylet et un calepin, alors débusquer des tâches incriminant Lord Rhydon allait être une tâche encore plus ardue que prévue…

“Vous ne m’avez pas entendu? Vous êtes déjà en retard.”

Sur ces mots secs, elle saisit sa cape de voyage et rabattit sa capuche, laissant Orline et Syp à leur mission. De son côté, elle comptait bien confronter la personne qui avait censuré la lettre.



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L’Allée des Couturiers étaient une des rues commerçantes les plus fréquentées du Sixième Cercle. Les enseignes y étaient réputés et toute la noblesse de la ville venaient ici pour refaire sa garde-robe ou trouver une tenue de qualité avant un évènement. Il y en avait pour tous les goûts: tailleurs, chapeliers, cordonniers; tous spécialisés dans la confection de pièces luxueuses dont le raffinement n’avait d’égal que le prix exorbitant. Mais pour les clients qui parcouraient ces magasins, le prix importait peu.

Postés au coin de la rue, Orline et Syp observait les allées et venues, en quête de leur cible qui ne tarda pas à poindre le bout de son nez. Crâne dégarni, moustache bien garnie, un embonpoint bien bombé qui tirait sur les boutons de son veston et toujours accompagné de deux gardes non inquiétés pas l’interdiction du port d’armes. Pas de doute, il correspondait bien à la description que Neige avait fait du Commissaire aux Impôts.

Angelus échangea quelques mots avec l’un de ses gardes et s’approcha d’une boutique. Les deux colosses se postèrent de part et d’autre de la porte, tandis que le haut-fonctionnaire entrait à l’intérieur.  Sur l’écriteau, était inscrit en lettre d’or:

Citation :

“Chez Iweçain Loran, Tailleur.”



Un intitulé bien sobre pour l’un des meilleurs artisans dans son corps de métier. Reconnu à travers tout le royaume, il recevait même des commandes depuis l’étranger. Confectionnés à partir des meilleurs tissus importés des quatre coins du continent, ses pièces étaient reconnues pour leur finesse et justesse. Il se murmurait même que, victime de son succès, Loran s’était mis à refuser des clients et que seuls les habitués pouvaient désormais mettre le pied dans son magasin.

De toute évidence Angelus était un de ces habitués. Un endroit bien luxueux pour un simple commissaire aux comptes. C’était également l’un des rares moments où il se trouvait relativement éloigné de ses gardes.

Syp et Orline échangèrent un regard. Tenter de pénétrer dans la boutique pour en savoir plus ou attendre qu’il en sorte pour continuer à le suivre? Ils devaient choisir vite.


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Sitôt le Palais des Sora quitté, Floria Morbise avait remis en ordre la maison de Judia, encore hantée par les souvenirs de sa sœur disparue. La tâche lui avait pris plusieurs heures depuis son arrivée. Peut-être la tâche lui aurait pris moins de temps si elle ne s’était pas longuement arrêtée sur chaque objet, relique personnelle; essayant de se remémorer ce que cela pouvait représenter pour Judia.

Alors qu’elle pensait enfin avoir terminé et qu’elle s’accorda quelques minutes pour s’asseoir et dessiner; on toqua à la porte.

“Floria? Floria Morbise? Vous êtes bien ici?”

Le sang de Floria ne fit qu’un tour, de qui pouvait-il bien s’agit. Qui avait bien pu la retrouver encore une fois? Un autre agent de l’Arbre mécontent envoyé par le capitaine Zehev? Un émissaire de la Comtesse de Sora? Ou alors pire…son fiancé?

En risquant un regard à travers le judas de la porter elle put souffler de soulagement. Il ne s’agissait à priori d’aucune de ces options. Un homme, la quarantaine d’années, le front légèrement dégarni, signe d’une calvitie naissante; un regard vif et intelligent. Il portait un bouquet de fleurs.


“Je…je voulais vous présenter mes condoléances. Judia était une amie…Je…je peux rentrer?”
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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'influence et ses limites    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 20 Jan 2024 - 22:56
Suite de : De mal en pis







La table du petit-déjeuner avait été dressée dans la grande salle à manger qui les avaient déjà accueillis lors du dîner de la veille. Toutefois, seulement deux couverts y avaient été disposés face à face. Jenifaël et Floria, avaient toutes les deux quitté le Palais des Sora dès l’aube, retournant à leur quotidien et leurs vies “normales”. L’absence de la Comtesse de Sora était plus surprenante, elle avait partagé avec eux l’intégralité du repas de la veille et leur avait assuré qu’elle serait présente à leurs côtés tout au long de leur séjour. Pourtant, elle manquait déjà à l’appel. Sûrement une manière d’indiquer à ses convives que leurs petits déboires n’étaient pas sa seule préoccupation; en ce moment même des invités bien plus prestigieux arpentaient les allées du château pour des affaires de la plus haute importance. Alessa Erina de Sora était une personnalité hautement importante à Minas Tirith, et dans ce contexte de transition politique et sociale à Minas Tirith, ses conseils étaient tout aussi précieux que son soutien financier.

Ce fut donc l’imperturbable Eved qui accueillit, tour-à-tour Orline et Syp qui descendirent de leurs quartiers à une heure relativement tardive. Le manque de ponctualité avait le don d’agacer le majordome qui hésitait désormais à remplacer le café, déjà refroidi, qui se trouvait à table. La Comtesse avait ordonné à ce que on les traite au mieux et ainsi Eved n’avait pas lésiné. Des plateaux de fruits venus du monde entier trônaient au centre, peut-être Orline pouvait y reconnaître des produits exotiques qui ne poussaient que dans sa région natale. Des viennoiseries et gourmandises en tout genre ainsi que plusieurs choix de boissons chaudes et d’infusions visant à leur donner l’énergie nécessaire pour affronter cette nouvelle journée d’hiver.

Dehors, ils pouvaient voir à travers les larges vitres du réfectoire, que le temps était particulièrement maussade. Un ciel grisâtre et quelques gouttes de pluie qui venaient s’écraser sur le sol dallé de la cour intérieur. Les deux anciens agents de l’Arbre Blanc purent manger à leur faim, l’estomac encore creusé par des jours de captivité et de frugalité. Eved remarqua cependant qu’un silence légèrement perturbant régnait entre les deux, était-ce le signe d’une gêne relative à des événements survenus la nuit passée? Il le saurait tôt ou tard, rien de ce qui ce passait entre ces murs ne pouvait pas remonter à ses oreilles.

Une fois les invités rassasiés, Eved ordonna aux autres domestiques de débarrasser la table et de quitter les lieux. Il s’adressa ensuite à Syp et Orline sur un ton parfaitement neutre, comme s’il énonçait simplement des affaires quotidiennes et banales du château.

“La Comtesse vous prie de l’excuser pour son absence ce matin. Des affaires pressantes ont requis sa présence.”

Il se dirigea ensuite vers l’une des grandes tapisseries brodées qui ornaient l’un des murs de la pièce. Un lion majestueux tenant entre ses griffes un gigantesque serpent y était représenté avec un talent certain. Il repoussa légèrement l’épais tissu et poussa des deux mains sur un pan du mur. Celui-ci s’enfonça soudainement révélant un passage dérobé qui donnait sur une volée d’escaliers donnant sur les sous-sols. Eved les invita à s’approcher de la porte secrète.

Ces escaliers vous conduiront vers une pièce qui vous servira de quartier général jusqu’à la fin de votre séjour. Tous les détails de votre mission vous y attendent.”

Sans dire un mot de plus, Eved quitta les lieux, laissant Syp et Orline en face de leur destin. Après quelques secondes d’hésitation, tous deux se décidèrent à emprunter l’escalier qui descendait en colimaçon. À mesure qu’ils s’enfonçaient dans les souterrains du palais, il devenait de plus en plus difficile de ne pas penser aux geôles glaciales qu’ils avaient quittés la veille. Cette fois-ci pourtant ils étaient libres; du moins le pensaient-ils…

Les marches s’arrêtèrent finalement devant une épaisse porte en bois; une immense serrure rouillée avait curieusement été placé en son centre. Au travers de l’entrebâillement ils purent distinguer la lueur de torches qui venaient d’avoir été allumées. De toute évidence quelqu’un se trouvait déjà en ce lieu mystérieux?

Un cambrioleur? Un espion ennemi? Un officier de l’Arbre Blanc? Se pourrait-il que Zehev soit parvenu à les retrouver après avoir négocier la responsabilité de cette mission?

N’ayant pas véritablement d’autre choix, ils poussèrent la porte. La pièce secrète était bien exiguë, une chambre circulaire dont le diamètre ne dépassait pas quelques mètres. Il y était compliqué de se mouvoir avec aisance à cause de la quantité impressionnante de mobilier qu’on y avait disposé. Il y en avait pour tous les goûts; des bureaux ouvragés, d’immenses bibliothèques dont les étagères ployaient sous le poids des livres qu’elles soutenaient, ou encore de grands tableaux noirs sur lequel on avait épinglé des documents et images diverses, parfois liés entre elles par des traits de craies ou des rubans de couleur rouges.
Au centre de ce curieux spectacle, leur tournant le dos se tenait une femme. Les nouveaux arrivants n’avaient pas encore vu son visage, mais Syp avait bien reconnu cette chevelure nivéenne si unique.

Elle se tourna finalement vers eux, les analysant de la tête aux pieds de son regard perçant.

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#Neige  


“ Soyez-les bienvenus au Repaire. Je suis Neige, Capitaine de l’Arbre Blanc.”




Neige…Ce nom évocateur était, au fil des années, devenues l’un des symboles des services de renseignements du Gondor. Si elle gardait sa véritable identité secrète aux yeux du monde, y compris auprès de ses alliés, le surnom qu’elle avait adopté n’était pas inconnu pour ceux qui s’intéressaient à la sécurité de leur royaume. Beaucoup d’histoires circulaient au sujet de celle que l’on considérait comme le meilleur agent de la Couronne. Certaines étaient probablement exagérées, voire carrément fantaisistes, mais tous témoignaient des états de services de la belle espionne aux cheveux blancs. Syp pouvait en témoigner. Il l’avait vu se battre dans l’enceinte de l’Université face aux hommes de Rhydon. Grâce ç son intervention salvatrice et ses talents, le groupe menée par Petrus dont faisaient partie Syp et Judia étaient parvenus à prendre le dessus sur le Directeur.

“Depuis de longues années, ce lieu abrite des défenseurs de la liberté et des Peuples Libres. Passeurs d’Etoiles, Chevaliers du Cor Brisé, Arbre Blanc. Tous ont pu bénéficier de la protection des Sora pour préserver la sécurité des habitants de la Cité Blanche.”

Neige plongea la main dans le revers de son veston en ressortant deux petits médaillons représentant un petit arbre.

“Si vous êtes ici, c’est que vous avez déjà accepté la proposition de l’Arbre Blanc.”

Elle leur tendit les pendentifs.

“Tâchez de ne pas les perdre cette-fois ci. Et bien entendu, ne les portez pas en évidence sur vous en public.”

La dernière instruction emblait évidente pour des espions mais avec le fiasco qu’avaient représentés certaines des recrues les plus récentes, il valait mieux se montrer prudent. Zehev et Sined avaient vraiment rempli leurs rôles d’instructeurs par-dessus la jambe.

“Vous vous êtes engagés à servir la Couronne du Gondor et, ce faisant, laver votre honneur…”

Elle marqua une pause, hésitant à poursuivre sa phrase.

“... ainsi que le mien.”

Présente lors du meurtre de Rhydon, et figure cachée mais cruciale du soulèvement de la cité Neige avait été déclarée comme traître à sa patrie par le Général Catogan. Malgré la mort de ce dernier, son statut n’avait pas officiellement changé. La Reine avait conservé sa confiance en elle mais elle devait agir vite pour prouver le bien-fondé de toutes ses actions. Pour ce faire, Syp et Orline joueraient un rôle important.

“Ce n’est pas une nouvelle, Lord Rhydon était un salaud. Je connais les liens qui vous lient à notre ancien Directeur, Orline, mais croyez-moi, aucun serviteur loyal au Gondor ne pleure son décès.”


Elle lança un regard appuyé à Syp, le bras qui avait prématurément mis fin à la carrière du chef de l’Arbre Blanc.

“Cependant le Haut-Juge a été assez clair sur le fait qu’être un salopard ne peut être un motif pénal méritant la peine de mort. Ce qui fait donc de nous, des meurtriers. Ce qui explique votre passage par la case prison. Toutefois, tout n’est pas perdu, à la suite de négociations fructueuses, la Cour nous accorde deux semaines pour assembler assez de preuves afin d’établir la culpabilité de Rhydon mais également localiser les alliés et autres dignitaires corrompus qu’il a fait placer dans chaque strate de la société de Minas Tirith.”

Le regard de Neige se porta sur le tableau sur lequel elle avait déjà disposés de nombreuses pistes, réflexions et autres indices.

“Là était la force du Directeur. Il ne se salissait quasiment jamais les mains de manière directe, ce qui rend notre tâche encore plus difficile. Notre meilleure chance est de recueillir des témoignages pouvant l’incriminer et montrer qu’il ne servait pas les intérêts du Royaume. Il y’a des preuves de nature différente que nous devrons regrouper également mais je dois encore creuser le sujet…”


Le regard émeraude se posa sur Syp.

“Des questions?”


Elle se tourna ensuite vers Orline.

“Des objections?”


En étudiant leurs dossiers, elle savait que ces deux recrues seraient délicates à gérer. Syp ne poserait aucun problème sur le plan idéologique, son aversion pour Rhydon et le système qu’il avait contribué à renverser quelques jours plus tôt ne souffrait plus d’aucun doute. Petrus avait fait du bon travail sur ce plan-là, et puis c’était un Sora, et ceux-ci ne se trouvaient que rarement du mauvais côté de l’Histoire. Toutefois son sens de l’honneur rigide à souhait, sa maladresse émotionnelle et son manque de sang-froid dans certaines situations pouvaient représenter un souci dans une mission si délicate.

Quant à la belle du Harondor, elle regroupait certains des atouts les plus importants pour un espion de l’Arbre. Intelligente, capable de manipulations, prête à dépasser les limites pour arriver à sa fin. Des éléments que la Capitaine comptait bien exploiter. Cependant il y avait l’histoire sombre de sa famille que Rhydon avait instrumentalisé pour la prendre sous son aile et assurer la protection des Haradiel, dans ce qui n’était qu’un odieux chantage. Tout cela pouvait compliquer les choses. Mais Neige devait travailler avec ceux qui étaient à sa disposition.

“Bien maintenant que tout est clair. Voici mes instructions générales: je serais votre officier superviseur. Vous ne ferez de rapports à nul autre que moi. Chaque élément recueilli, même le plus insignifiant, devra m’être rapporté dans les détails les plus précis. Chaque preuve devra être ramenée ici et nuls autres yeux que les miens ne pourront les regarder.  L’ordre semble être rétabli dans les rues, mais il y a encore des forces dans la capitale qui ne désirent pas nous voir réussir dans notre entreprise. Est-ce bien compris?”

Une fois l’approbation des deux recrues obtenus, Neige passa derrière le massif bureau qui trônait au centre de la pièce. Elle ouvrit le tiroir et en retira un morceau de parchemin soigneusement plié qu’elle tendit à Syp et Orline.

“Voici un document que j’ai pu retirer des archives de l’Arbre Blanc.”

Spoiler:


Elle leur laissa plusieurs dizaines de secondes pour leur laisser le temps de lire la lettre énigmatique.

“Alors qu’en pensez-vous?”
Sujet: [RP Lithildren] Bons Baisers de Minas Tirith
Forlong

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Rechercher dans: Le Quartier Marchand   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [RP Lithildren] Bons Baisers de Minas Tirith    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 3 Juil 2023 - 21:11
Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! Neiger10
#Neige  


La ville portait encore les cicatrices des événements tumultueux qui avaient culminé par l’assassinat du Général Cartogan. Certaines pierres blanches étaient noircies par le feu, certains pavés arrachés, certaines fenêtres encore barricadées. Minas Tirith était à nouveau silencieuse. Plongée dans le deuil après la mort du Général, et celles de toutes les victimes de la peste et des combats fratricides.

Neige avait retrouvé Lithildren au lieu de rendez-vous qu’elles s’étaient données à l’une de ces tavernes itinérantes qui continuaient leur activité malgré la disparition de leur fondatrice.

Elle gardait sa capuche sur la tête; les avis de recherche avaient été enlevés, mais le groupe d’aventuriers n’était pas encore sorti de l’affaire. Le rôle qu’ils avaient joué dans la mort du directeur Rhydon était méconnu du grand public mais les dirigeants de la Cité avaient commencé à remettre les pièces de l’énigme en place.

La Capitaine de l’Arbre Blanc regarda l’elfe qui l’avait accompagné en des moments sombres. Il y avait quelque chose d’inquiétant dans le comportement de Lithildren et ses motivations restaient un mystère, mais on ne pouvait pas renier le rôle qu’elle avait joué dans l’enquête sur Cartogan et Rhydon. Neige lui avait promis le soutien de l’Arbre Blanc, mais les circonstances avaient changé, et elle n’était plus sûre de pouvoir tenir cette promesse. Comme à son habitude, la Capitaine décida d’être directe:

-La Couronne n’est pas aveugle aux témoignages et preuves qu’on a pu présenter au sujet du directeur Rhydon et du général Cartogan. Les actions de l’ancien directeur de l’Arbre Blanc ont été mises à découvert et il sera jugé post-mortem. Quant au général…sa réputation doit rester immaculée, pour le bien du Gondor. Rares sont ceux qui connaissent son visage réel. D’après certains témoignages secrets, le réel général Cartogan serait mort il y a longtemps, à Assabia, remplacé par son frère ambitieux. Si c’est la vérité, on peut au moins se consoler avec la pensée que c’est le nom et la mémoire du réel général Cartogan, victime de fratricide, qui seront célébrés. Dans tous les cas, la Couronne nous offre une amnistie.


Neige fit un pause, en regardant Lithildren dans les yeux.

-Mais l’amnistie concerne uniquement les crimes commis sur le territoire du royaume du Gondor. Les autorités ont reçu une demande officielle de la part des cités elfiques te concernant, Lithildren. Les elfes demandent à ce que le Gondor te remette à leurs représentants pour t’emmener en justice. Et si la  Couronne est prête à fermer l’oeil sur nos actions, elle n’ira pas jusqu’à créer un incident diplomatique, surtout que les relations avec les elfes sont importantes pour la reine Idril. Clairement, je ne devrais pas te dire tout ça. En tant qu’officier du royaume, je devrais indiquer ta localisation à la garde pour qu’elle t’arrête. Mais pour que l’Arbre puisse garder son blanc immaculé, il nous faut parfois saisir les nuances de gris qui se cachent sous l’ombre de ses feuilles. Le Gondor, tout comme moi, avons une dette envers toi. Je ne peux rien faire de manière officielle, ma position actuelle au sein de la hiérarchie est plus qu’instable. Mais je peux encore t’offrir une sortie. Eradan et ses chevaliers se sont arrêtés à l’auberge du Grand Mur sur les champs de Pelennor, à moins d’une demi-lieue de Minas Tirith. Demain matin, ils partiront vers l’Emyn Arnen où se trouve leur quartier général. Ils y emmèneront Sonja Kol, la faussaire. On soupçonne qu’elle est en danger, vu qu’elle détient des informations sur des personnages très dangereux. Cette nuit, la Grande Porte sera tenue par des hommes que je connais. Si jamais ils essaient de t’arrêter au moment de quitter la ville, prononce le mot ‘Gilgamesh’, et ils te laisseront passer. Si tu rejoins Eradan, tu seras en sécurité, du moins temporairement. Tu es une femme libre et tu suivras le chemin qui te semblera être le meilleur, mais c’est le seul moyen à ma disposition pour que tu ne perdes pas ta liberté.


Sur ces mots, la capitaine de l’Arbre Blanc termina son verre de vin et se releva.

-Je dois partir, avant que mon absence ne devienne suspecte. Je n’oublierai pas ce que tu as fait pour nous, Lithildren. J’espère que nous pourrons nous retrouver en des temps meilleurs.


Neige lui tendit la main, avant de s’éloigner d’un pas rapide.
Sujet: [OUTRO IRL 18 ANS] Les racines profondes de l'Arbre Blanc
Forlong

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Bas de la Cité   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [OUTRO IRL 18 ANS] Les racines profondes de l'Arbre Blanc    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 30 Mar 2023 - 21:03
Les jeunes recrues ne tardèrent pas à trouver une approche peu orthodoxe, qui consistait à utiliser la charrette et l’âne pour monter jusqu’à l’étage. Syp et Hoshen réussirent à ouvrir les volets en bois et bientôt nous nous retrouvions tous à l’intérieur de la bâtisse. Personne n’avait pensé à emmener une torche, et les couloirs étaient plongés dans une obscurité quasi-totale. C’est à ce moment là qu’Edna se rendit utile:

-Je connais l’Université comme ma poche, je peux vous guider jusqu’à une salle de classe où nous trouverons des bougies et de quoi les allumer.

Elle n’avait pas exagéré, et nous guida sans aucun problème jusqu’à la salle. C’est à ce moment-là qu'on entendit quelque chose tomber de l’autre côté de la porte. Nous n’étions donc pas seuls. Timéon ouvrait la marche, et ouvrit la porte d’un geste décidé. Quelque chose bondit sur lui dans l’obscurité, mais il ne perdit pas son sang froid. Il l'attrapa en plein vol, dévoilant aux autres qu’il s’agissait d’un simple chat. Impressionnant.

Comme prévu, nous trouvâmes des bougies dans la salle, ce qui nous permit de reprendre notre chemin de manière plus sécurisée. Après avoir descendu l’escalier nous nous retrouvions dans le grand hall d’entrée. Derrière l’escalier se trouvait une porte menant aux sous-sols, notre destination finale.

Lorsque que Timéon l’ouvrit, je constatai qu’elle avait dû être huilée récemment car elle ne fit aucun bruit. J’ordonnai à Edna de rester à l’entrée, en guise de sentinelle. C’était en partie parce qu’elle était celle qui connaissait le mieux ce lieu et pourrait s’en sortir s’il s’agissait d’une embuscade. Et en partie parce que je ne lui faisais pas vraiment confiance.

Notre groupe commença la descente d’un étroit escalier en colimaçon, mais celle-ci fut interrompue de manière abrupte. Timéon, qui ouvrait toujours la marche, s’était retrouvé face à face avec un homme armé d’une arbalète qui nous ordonna de laisser nos armes et avancer un par un. Lorsqu’il nous demanda combien nous étions, Timéon lui dévoila qu’on était cinq, il avait donc habilement omis de mentionner la présence d’Edna à l’étage. Face à un arbalétrier dans un escalier étroit, nous étions dans une situation fort défavorable. Je me maudis dans mes pensées de ne pas avoir pensé à une meilleure tactique, avant de dire à mes recrues de lâcher leurs armes.

Nous étions à présent réunis dans une grande pièce souterraine. Un feu brûlait dans l’âtre, éclairant les visages de ceux qui nous avaient capturés. Elle était là. Fine, à la musculature subtile d’une acrobate, ses yeux brillaient sous sa frange blanche mais son regard ne trahissant comme d’habitude aucune émotion. Neige, Capitaine de l’Arbre Blanc. Mais elle n’était pas seule. Une elfe au teint pâle avait supervisé le désarmement des recrues, et la ressemblance avec l’avis de recherche était indéniable: c’était Lithildren.



Mais ce qui me surprit davantage encore, c’était de voir les hommes qui les accompagnaient. Ils ne portaient pas d’uniforme, mais leurs tenues montraient clairement leur appartenance à la noblesse. Il ne me fallut qu’un instant pour reconnaître un homme qui était devenu emblématique au Gondor: Eradan, le dirigeant des Chevaliers du Cor Brisé. Descendant illégitime de la lignée de Faramir, il avait joué un rôle clé pendant le siège d’Aldburg et porté le coup fatal à l’Ordre de la Couronne de Fer dans les catacombes de Vieille-Tombe en compagnie des Passeurs des Etoiles. C’était Eradan qui avait ramené le prince Chaytann à son père, et par conséquent c’était un des rares hommes à pouvoir demander à n’importe quel moment une audience avec le roi Méphisto.


En jetant un coup d’oeil rapide sur mes compagnons, je pouvais constater qu’ils avaient eux aussi reconnu Neige, Lithildren et Eradan, et que les voir réunis mettait en doute la version officielle des événements. Comment est-ce que l’homme qui avait sauvé l’héritier du Gondor pouvait être un traître?

-Petrus. Tu es venu. Mais pas seul je vois…suis-moi. Nous devons discuter de certaines choses en privé avec Eradan.

Les recrues, d’abord surprises de voir que c’était bien une femme recherchée pour trahison qui m’avait donné rendez-vous ici, s’échangaient à présent des petits sourires moqueurs insinuant que nous allions faire bien plus que discuter dans la pièce à côté. Je les foudroyai du regard.

Une fois la porte fermée, je m’adressai à Neige et Eradan:

-Qu’est-ce que tout cela veut dire?


-Si tu es venu, ce que tu pressentais déjà ce que je vais te dire. Je n’ai pas trahi le Gondor. Cela fait des mois que je mène une enquête dangereuse, qui m’a fait découvrir des secrets qui feront trembler les fondations du royaume. Lord Rhydon a ordonné l’assassinat d’un commandant de l’armée. Il a aussi fait fabriquer des faux documents incriminant plusieurs dignitaires du Gondor, et compte s’en servir pour leur faire du chantage et renforcer sa position et celle du général Cartogan. Il pensait avoir tué le faussaire qui les avait fabriqués pour effacer les traces, mais leur véritable auteur est toujours en vie. Mais c’est pas fini, Petrus. Le professeur Nallus a découvert que les actions de Rhydon étaient entièrement soutenues par le Général Cartogan en personne. Les meurtres, les emprisonnements, les corps des victimes de la peste brûlés en secret afin de les cacher du public.


J’étais sous le choc. J’avais mes soupçons concernant Rhydon, mais le général Cartogan? Cet homme était perçu par beaucoup comme le symbole de la renaissance du Gondor après l’échec d’Assabia et la crise de la Couronne de Fer. Le royaume pourrait-il se relever si cela devenait public? Les vautours circulaient déjà autour de la Couronne, n’attendant qu’un tel signe de faiblesse pour attaquer.

Sans rien dire, Neige me présenta le livre de notes de la faussaire Sonja Kol, ainsi qu’une lettre qu’avait reçu le professeur Nallus. Ce n’étaient pas des vraies preuves, mais plutôt des éléments d’un casse-tête qui se mettaient en place.

-Et le rôle d’Eradan dans toute cette histoire? Et le mien?

-Avec les hommes de Rhydon à nos trousses et la moitié des dignitaires du royaume à la solde du général ou victime de son chantage, je ne pouvais pas rendre cette affaire publique. Il nous fallait plus de preuves, et surtout nous devions pouvoir ramener les témoins jusqu’à la justice en vie. Et en dernier recours, arrêter Rhydon et le Général. C’est une tâche que je ne pouvais pas accomplir seule. Dans les moments difficiles, il n’y a parfois pas d’autre choix que de mettre son sort dans les mains d’un autre. Eradan et Félian, son second en commandement, sont des hommes nobles et des véritables défenseurs du royaume.
Le chevalier du Cor Brisé prit la parole à son tour:

-J’étais là, avant le mariage du roi Aldarion et de la princesse Dinaelin, lorsque le tribunal dirigé par le Général Cartogan en personne avait condamné Warin à mort. . Je me souviens encore aujourd’hui du regard froid que le général avait lancé à l’homme accusé d’être le dirigeant de la Couronne de Fer lorsqu’il donnait l’ordre de le pendre. Si tout ce que nous avons appris est vrai, il se peut que Catogan faisait lui-même partie de l’Ordre. Et qu’il mérite lui aussi de se retrouver devant ce même tribunal. Nous sommes là pour nous assurer que justice sera faite, même si les sbires de Rhydon essaieront de l’empêcher. Malheureusement, avec l’interdiction du port d’armes, la peste et maintenant les émeutes, nous nous retrouvons pratiquement sans armes. Nous avons besoin de renforts, et Capitaine Neige semble persuadée que vous êtes un homme honorable. Serez-vous des notres?

-Ce ne sera pas à moi ni à vous de juger Cartogan et Rhydon mais oui, la version des faits que vous m’avez présentée est convaincante et mérite d’être revue par un tribunal, de préférence impartial si on peut réellement parler d’impartialité en vue de l’identité des accusés…Je vous aiderai.

Le regard froid de Neige croisa le mien.

-Si nous ne sommes pas trahis par tes…camarades. Tu devais venir seul, Petrus. Et en plus tu as ramené qui, des recrues…?

-Dans les moments difficiles, il n’y a parfois pas d’autre choix que de mettre son sort dans les mains d’un autre. - Je souriais du coin des lèvres, prenant du plaisir à lui ressortir ses propres mots. - Je n’avais pas vraiment le choix, Neige. Je m’attendais à moitié à tomber dans un piège, et je n’ai pas eu entièrement tort. Mais je suis d’accord avec toi, je ne peux pas garantir votre sécurité maintenant que les recrues connaissent votre localisation. Je ne les connais pas assez pour ça. Ecoutez, je vais revenir ici d’ici ce soir, pour vous emmener dans un endroit plus sécurisé, dont personne hormis moi ne connaîtra la localisation. On pourra y réfléchir à notre prochain mouvement.

Lorsque j’étais revenu dans la pièce principale, je vis les recrues en train de discuter avec Félian, le second en commandement d’Eradan. Ce chevalier redoutable ne m’était pas inconnu - il s’était fait un nom en gagnant un tournoi organisé par le roi de Dale. Lithildren se tenait à côté de lui, et avait posé sa main sur son épaule, comme pour l’empêcher d’en dire trop. Mais la discussion semblait avoir marqué les jeunes agents de l’Arbre Blanc qui se regardaient, pensifs.


Bientôt, on nous rendit nos armes et nous retrouvions Edna Lestir à la sortie des souterrains. Le petit groupe m’entoura, et une vague de questions déferla. Capitaine, capitaine, qu’est ce que tout cela signifie? Je ne pouvais pas leur en vouloir, je les avais mis dans une position très difficile. Ils venaient d’intégrer les rangs de l’Arbre Blanc, et ils se retrouvaient déjà face à des gens désignés comme traîtres à la Couronne par les autorités. Je levai une main, puis dis:

-Je comprends votre confusion, je ne savais pas entièrement à quoi m’attendre en venant ici. Mais je pense que mon instinct ne m’a pas trahi, et que vous pressentez vous aussi que Capitaine Neige n’est pas réellement coupable de trahison, ni responsable des émeutes dans la cité. Je vous avais dit tout à l’heure du fait que nous ne servons pas les ambitions d’un seul homme. Je crains que celles du directeur Rhydon ne soient pas entièrement pures. C’est une chose sur laquelle je devrai enquêter. Quant à vous, continuez pour l’instant à servir la Couronne et le Peuple avec dignité et honneur. Retournez à l’Auberge du Chameau qui Tousse avant que votre absence ne devienne suspecte, et attendez la suite de votre formation. Je vous contacterai quand j’en saurai plus. Et surtout, ne dites rien sur cette rencontre à personne.
Sujet: Sur les pavés de la rébellion
Forlong

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Rechercher dans: Le Peregrin   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Sur les pavés de la rébellion    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 29 Mar 2021 - 1:01
Nallus regarda Lithildren avec un mélange de surprise et de respect. Ses paroles étaient percutantes et osées ; parler d'esclavagisme, de rébellion et de tentative de complot contre le Haut Roy dans le contexte de la vie dans la Cité Blanche était clairement risqué et aurait pu, dans d'autres circonstances, lui valoir une place dans l'aile des Maisons de Guérison qui accueillait les fous. Mais cette fois-ci, ses mots étaient tombés sur un sol fertile ; un malaise s'était installé à Minas Tirith, alimenté par l'épidémie, par les repressions des hommes de Lord Rhydon et la quasi-totale absence du Roi dans la vie publique. Le général Cartogan était aimé et admiré par la plupart de la populace, mais pas par tout le monde. Que ce soit par ses talents d'oratrice ou par l'évocation du nom de Félian, Lithildren avait réussi à convaincre le forgeron de risquer sa vie pour la cause.

-Hmm, vous faire passer pour des soldats de la garnison de Minas Tirith qui inspectent les chariots me semble très risqué. Il faudrait trouver les bons uniformes et, excusez-moi pour la remarque, mais vous n'avez pas exactement la même carrure que les jeunes gondoriens parmi lesquels le Général choisit ses recrues...Et puis hormis l'équipement, il faudrait encore connaître les bons mots de passe pour vous identifier auprès des autres patrouilles...


Il s'arrêta, pensif :

-Sanson ? Le conducteur de chariot un peu simplet.. ? Oui, je vois lequel c'est...qu'est-ce que vous voulez que je lui demande exactement ? Qu'il se charge de ces tonneaux précis ? Ca me va, mais je compte pas lui dévoiler leur contenu, ni de lui donner uniquement les tonneaux avec les armes. Je prends assez de risques comme ca, sans mettre ma vie entre les mains d'un conducteur de chariot que je connais à peine. La prochaine cargaison des déchets partira tout à l'heure. Bien sûr les épées ne seront pas encore prêtes, il me faudra deux jours pour les forger et encore, ne vous attendez pas à des lames dignes d'un roi en si peu de temps...mais vous pourriez tenter de suivre la cargaison d'aujourd'hui pour voir où elle va.

C'est exactement ce qu'ils firent. Ils avaient réussi à suivre le chariot de manière discrète et leur enquête confirma les soupçons de Lithildren. Les tonneaux remplis des cendres arrivaient au même endroit d'où parvenait l'odeur...ce mortuaire secret et étrange dans lequel étaient dissimulés les corps des victimes de la peste.

Leur mission à présent accomplie il ne restait plus qu'à attendre que les armes soient prêtes et que les Chevaliers du Cor Brisé arrivent dans la cité. Ainsi, Nallus et Lithildren retournèrent dans la cachette de Sonja et furent rassurés en découvrant que les deux femmes s'y trouvaient encore. Neige avait meilleure mine et semblait avoir retrouvé son calme froid habituel. Les quelques heures de repos dont elle avait pu bénéficier étaient nécessaires pour la remettre sur pieds; elle était encore affaiblie par sa blessure. Laissant Nallus et Lithildren se reposer à leur tour tout en surveillant la faussaire, Neige quitta la cachette pour mener sa propre enquête.

Elle revint quelques heures plus tard; l'expression sur son visage n'annonçait rien de bon.

-Je n'ai pas pu entrer au Sanctuaire ni vérifier si Réland y était...le lieu est entouré par les soldats du général, aucun moyen d'y entrer ni d'en sortir. On ne peut qu'espérer que Réland ait trouvé un autre abri. Mais ce n'est pas tout...Il y a quelques heures, l'ordre a été donné de fermer les Cercles de la Cité Blanche. Le passage entre les différents niveaux de la ville n'est plus possible, les gardes contrôlent chacune des grandes portes. Ils ont aussi changé tous les mots de passe, donc mes anciens codes de l'Arbre Blanc sont désormais inutiles. Il faut qu'on arrive à rejoindre le Premier Cercle pour pouvoir accueillir le Cor Brisé et leur faire part des informations sur le lieu où ils pourront trouver les armes cachées, sinon tout ça n'aura servi à rien.


Elle rajouta, plus lentement:

-Il y a un endroit...une maison très ancienne du deuxième cercle qui dispose d'une cave dont l'existence est inconnue des autorités. Une cave qui rejoint une autre bâtisse du Premier Cercle...C'est un lieu tenu par des criminels, mais pour une somme appropriée ils faciliteront le passage de n'importe qui. Je n'y suis jamais allée mais je pense pouvoir trouver l'endroit. En revanche, il faudrait peut-être faire le point sur l'état de nos bourses...Il me reste encore quelques pièces, mais je ne suis pas sûre que cela suffira à payer le passage.

Neige regarda ses compagnons. Une fois la somme nécessaire assemblée, il était temps de partir. Après une courte discussion, ils décidèrent d'emmener Sonja avec eux, ne voulant pas laisser leur précieuse témoin seule.

***

Environ une heure plus tard, ils se retrouvèrent dans une bâtisse du Deuxième Cercle qui, à première vue, n'avait rien d'inhabituel. Un homme les laissa rentrer, et les guida jusqu'à une pièce sans fenêtres où deux de ses compagnons étaient assis autour d'une table éclairée par quelques bougies. Les trois hommes étaient des vrais gondoriens; grands, avec des longs cheveux marrons qui tombaient sur leurs épaules larges. Ils se ressemblaient, comme s'ils étaient de la même famille.

Neige leur expliqua la raison de leur venue et sortit la bourse, à présent bien remplie, qui devait servir de paiement. Mais l'homme qui les accueillit se contenta de sourire et s'exclama:

-Bramir, Varion, regardez! Ce serait pas l'elfe, l'espionne et le vieillard des affiches? Je l'ai toujours dit qu'il était temps pour nous de trouver un emploi honnête, pourquoi pas commencer par aider les autorités en leur ramenant ces dangereux fugitifs?

Les deux hommes ricanèrent, se levant à leur tour et dévoilant leurs armes. Le dénommé Bramir portait une épée courte, Varion une masse renforcée de métal, et leur hôte un long poignard. Les traits de leurs visages avaient beau être nobles, il n'y avait rien ni beauté ni noblesse dans les regards des trois hommes.

Trois femmes, dont une blessée, et un vieillard, voilà qui faisait face aux trois géants gondoriens. Réland leur manquait cruellement, il aurait été un allié de taille dans cette situation. Neige avait réagi immédiatement en tirant à son tour sa dague et s'attaqua à l'adversaire le plus proche. Mais les deux autres hommes se dirigèrent vers Nallus et Sonja. Lithildren avait la possibilité de barrer la route d'un d'entre eux, il ne lui restait qu'à choisir...

Beaucoup d'habitants de la Cité avaient risqué leur vie pour leur permettre d'arriver jusqu'à là. Réland, Félian, Cadrach, Alatar, Sanson, les guérisseuses de Dame Dalia...ils devaient survivre pour que le combat pour le coeur de la Cité Blanche puisse continuer.

#Sonja #Nallus #Cadrach #Neige

Sujet: Chronologie du Quatrième Âge !
Learamn

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Rechercher dans: Contexte   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Chronologie du Quatrième Âge !    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 29 Jan 2021 - 13:52
La voilà enfin! L'Administration et le Staff de Bienvenue à Minas Tirith sont heureux de partager avec vous le nouveau chapitre de la Chronologie du Quatrième Âge faisant suite à la Chute de l'Ordre de la Couronne de Fer. L'an 301 du Quatrième Âge nous aura permis de fermer un chapitre pour en ouvrir un nouveau et poser les bases de la nouvelle trame.
L'immense majorité des évènements référencés ci-dessous ont été joués en rp et il vous suffit de cliquer dessus pour retrouver les sujets si vous voulez approfondir.

Bonne lecture à tous!


Citation :
Légende:

Like a Star @ heaven Evenements majeurs connus de la Terre du Milieu.

Like a Star @ heaven Naissances, morts et couronnements de la royauté.






301 du 4A

Janvier:

-Le 20: Disparition d'un régiment de l'armée de l'Arnor au Rhûdaur

Février:

- Le 12: Sur ordre de Gallen Mortensen, le Capitaine Learamn part à la rencontre du Prince #Orwen pour le convaincre de la nécessité d'un accord politique. Orwen prend la fuite devant les troupes du Roi Fendor.  
-Le 16: Mort de Krohr, Roi des Nains
-Le 21: Orwen est  nommé Ambassadeur du Rohan auprès des Nains. Il s'exile ainsi de sa patrie pour ne pas y  semer le trouble.

Mars:

-Le 5: Début d'un été précoce en Terre du Milieu
-Le 13: #Saemon Havarian, Grand Maître de la Compagnie du Sud, nomme #Ella Desbo Grande Marchande du Sud.
-Le 15 : Exécution de Warin, accusé d'être le dirigeant de l'Ordre de la Couronne de Fer.
-Complotant pour arrêter Taorin, L'arbe Blanc décide d'utiliser les services de Ryad Assad, espion rhûnadan.
-Le 16 : Mariage d'Aldarion et Dinaelin
-Le 17: Des objets précieux et parchemins sont dérobés dans le Palais Royal de Minas Tirith
- Couronnement de Thorik comme Roi des Nains
-Le roi Méphisto accorde au royaume du Rohan d'occuper Isengard et d'en disposer à sa convenance pour surveiller la Trouée.
-Taorin, émir autoproclamé du Harondor Libre, rencontre secrètement Evart Praven , noble ambitieux du Gondor, dans l'optique de nouer des liens commerciaux.
- Echange d'informations entre l'Arbre Blanc et la Compagnie du Sud.
-Le 18: L'Intendant Aleth Enon d'Arnor offre le poste de Tribun Militaire à Forlong Neldoreth.
-La Compagnie du Sud complote pour rétablir l'ordre au Harondor en évitant l'intervention militaire.
-Grâce aux informations du jeune Evart Praven, le Gondor cherche à endiguer la menace de l'invasion pirate au Harondor.
-Le 19:  Arrestation de Taorin, Emir du Harondor Libre.
-Shiva, ancienne membre de l'Ordre de la Couronne de Fer, est interrogée à Minas Tirith par les représentants des Peuples Libres. Elle révèle la présence de l'Ordre à Pelargir. Les alliances occidentales commencent à se déliter.
-Le 20: Shiva est tuée dans une embuscade malgré l'escorte de la Rose Noire et de l'Arbre Blanc. Sirion Ibn-Lahad est banni du royaume de Gondor par Capitaine #Neige.
-Le 21: Un tueur de l'Orbe tente d'assassiner Dame Aelyn dans les Maisons de Guérison. Le Comte Skaline s'interpose.
-Le 22: Le guerrier du Rhûn, Rokh est sauvagement assassiné alors qu'il s'apprêtait à combattre le Vice-Roi Mortensen en duel. La reine Lyra envoie Iran, guerrière de sa garde, à Edoras pour trouver les tueurs.  
- Le 24: Retour de la délégation d'Aldarion vers l'Arnor
-Le 27: Avec l'accord de l'Ent VertGland, le jeune Roi Fendor s'installe en Isengard et fonde l'Ordre des Lames.
-Le 29: Création des Âmes Perdues à Lossarnach. Ce  groupe de mercenaires d'élite est dirigé par le Bras de Fer et ses lieutenants.

Avril:

-Le 2: La Régence de Calion Palantir prend place à Fondcombe. Les travaux de reconstruction s'accélèrent.
-Les Nurniens demandent audience au Roi du Gondor. Ils sont renvoyés sans ménagement par le général Cartogan.
- Le 4: La lyre de Vairë est rendue aux elfes de Lothlorien par l'Intendant Bahin de Khazad dûm en signe de bonne foi.
-Du 7 au 9: Le Capitaine Learamn du Rohan, homme de confiance du Vice-Roi Mortensen, et Nathanaël de l'Arbre Blanc mènent une expédition à Pelargir pour chasser les survivants de la Couronne de Fer qui dirigent la ville. La victoire est acquise dans un bain de sang. Chute du dernier bastion de l'Ordre de la Couronne de Fer.
-Le 14: Vol des artefacts dans les Caves d'Or d' #Asthrabal. Les Âmes Perdues tentent de retrouver les coupables.
- Un groupe d'aventuriers se lancent à la quête d'un ancien trésor enfoui dans les Montagnes Blanches. L'artefact est finalement dérobé.
-Le 15: Bataille de Cair Andros.  La forteresse est prise par des étranges envahisseurs venus du Sud-Est.
-Le 16: L'Arc de Vertfeuille, ancienne arme de Legolas, est rendue aux elfes de Vertbois par Oin, compagnon de la Croix de Fer.
-Le 18: L'ost du Gondor se rassemble à Minas Tirith pour faire face aux envahisseurs.
-Le 19: L'Anneau de Laurelin est restitué aux elfes de Lindon par Olfr, ambassadeur de la Moria. Le rapprochement entre Nains et Elfes face à la cupidité des Hommes se précise.
-Le 21: Ella Desbo, Grande Marchande du Sud, nomme Evart Praven comme son secrétaire personnel.
- Le 22: Pourparlers entre le général Cartogan du Gondor et l'envahisseur.
-Le 23:  Un orc sème la terreur à Dur'Zork.
-Le 25: La missive des érudits traitant du nouveau Mal qui guette le continent est rédigée à Tharbad. Elle est envoyée aux dirigeants d'Arda.
-Le 26 : L'armée des envahisseurs qui a conquis Cair Andros se dirige vers les plaines du Rohan.
-Le 27: Les nains envoient une expédition vers le gisement de mithril
-Le 29:Lord #Rhydon est nommé Directeur de  l'Arbre Blanc . La Tête, ancien chef de l'Arbre Blanc, reste introuvable.
- Le Gondor réagit à la Missive des Erudits et se lance dans la course aux artefacts.
-Le 30: D'importants documents sont volés dans la Bibiothèque de Minas Tirith.

Mai:
-Le 2: A Umbar, la grogne monte contre le Gondor.
-Le 4: Début d'épidémie à Minas Tirith
- Le 7: Les armées du Gondor rallient Minas Tirith pour se préparer à l'affrontement  avec les Nurniens qui se font attendre.
-Le 8: Face au retrait du Roi Mephisto, le Sénateur Arnorien #Halbagost défend la nomination d'Aldarion comme Haut-Roy et la mise en place d'une domination de l'Arnor à l'Ouest.
-Le 11: Départ du Tribun Forlong et de ses compagnons à la recherche du régiment perdu au Rhûdaur
-Le 12: Des navires disparaissent à Esgaroth. Delaynna, Elfe de Lorien et Dame de l'Eau, mène l'enquête. Sigval Lingwë s'allie à des réfugiés du Rhûn pour percer le mystère du mal qui sévit sur Lacville.
-Le 15: Début de la Grande Estive.  Les Rohirrims mènent leurs cheptels sur les versants de la Moria pour échapper à la sécheresse dévastatrice.
-Le 18: Bataille de Kalil Abad. Défaite des nains. Hadhod Croix de Fer, Seigneur de la Moria, est fait prisonnier par les gobelins de Gundabad.
-Le 19: Premiers combats entre les Nurniens et les Rohirrims.
-Le 20: #Alessa de Sora arrive à Blankânimad. Elle tente de convaincre la Reine Lyra d'ouvrir son royaume aux savants de l'Ouest pour contrer les plans de la Fraternité de Yavannamirë.
-Le 22: #Dalia de Ronce arrive à VertBois pour alerter le seigneur #Angrod du danger des artefacts.
-Le 23: Les rumeurs des artefacts atteignent Khazad-dûm.
-Le 24: L'aventurier Girion Vernon arrive au Sanctuaire de Minas Tirith, à la rencontre d'un vieil homme vêtu de bleu.
-Le 26: Les pirates fondent un poste avancé à Tolfalas.
-Le 28: L'elfe Lithildren trahit les siens à Fondcombe et prend la fuite avec un survivant de l'Ordre.
-Le 30: Les Melkorites sèment la terreur à Albyor.

Juin:
- Le 1er: Les rumeurs sur  l'infidélité du Haut-Roy Méphisto remontent jusqu'aux palais.
-Le 3: Arrivée de Ryad Assad à Pelargir. Il se retrouve associé à Nathanaël pour une bien curieuse mission.
-Le 7: Arrivée d'Ella Desbo et d'Evart Praven à Djafa.
-Le 11: Tractations chez les Béornides. Les Nains en difficulté face aux gobelins appellent à l'aide.
-Le 12 : L'armée du Rohan se mobilise face aux envahisseurs Nurniens. Arrivée des premiers cheptels du Rohan chez les Nains.
-Le 13:  Capture du Tribun Forlong et d'Elenduril par les gobelins du Mont Gram. Les prisonniers sont menés vers le Mont Gundabad.
-Le 18: Lithildren et Oropher, deux elfes en cavale, pénètrent dans les ruines d'Ost-in-Edhil  où sévit le sorcier #Gier.
-Le 24: Le Grand Prêtre de Melkor, Jawaharlal, cherche à étendre son influence dans tout le royaume de Rhûn.
-Le 26: Les Dunlendings, lourdement impactés par le Rude Hiver et l'été précoce, s'attaquent aux habitations et caravanes arnoriennes dans les alentours de Tharbad.
- Du 28 au 30: Négociations tendues entre Rhûnadans, Nains et Dalites au Comptoir commercial du Rhûn.

Juillet:

-Le 1: Face aux divisions qui déchirent son royaume et l'influence croissante des Melkorites, la Reine Lyra du Rhûn manœuvre pour rétablir son pouvoir.
- En marge de la Grande Estive, les Dunlendings attaquent les cheptels des rohirrim au nord de l'Isen
-Le 4: Arrestation de Nallus, membre de la Société des Chercheurs, par les hommes du général Cartogan.
-Le 5: Les hommes du Sergent Eofend du Rohan prennent en chasse les voleurs d'artefacts dans le Riddermark. Les Rohirrims tombent dans une embuscade.  et sont massacrés. Théomer, un des cavaliers survivants, part vers Edoras.
-Le 11: Troubles au Rohan, Aelyn est enlevée au sein même du Château d'Or de Meduseld. Le Capitaine Learamn, aidée par Iran guerrière du Rhûn, mènent secrètement l'enquête. Le Cavalier de la Marche Théomer fait un rapport inquiétant au Vice-Roi Mortensen. L'elfe Qewiel est retenue dans les géôles d'Edoras.
-Le 13: Le guérisseur Rihils arrive en Isengard.
-Le Vice-Roi  Gallen Mortensen envoie #Harding sur les traces d'anciens compagnons d'armes pour en apprendre plus sur la missive des érudits et les artefacts.
-Le 14: Dame Aelyn, compagne du Vice Roi, est retrouvée sauve. Le Vice Roi Mortensen la demande officiellement en mariage. Son ravisseur Sellig, dernier canthui de l'Ordre de la Couronne de Fer, est abattu par Mortensen. Le Capitaine Learamn est banni de l'armée du Rohan pour insubordination; il s'exile avec une #Iran grièvement blessée.
-Le 17: Arrivée de Lithildren à Minas Tirith où elle rejoint la Société des Chercheurs.
-Le 19: Le faussaire Kaj Olson, soupçonné d'avoir laisser les voleurs s'introduire dans le palais royal, est mystérieusement assassiné dans les geôles de Minas Tirith.
-Le 20:  Le Capitaine Neige et Lithildren s'infiltrent dans les géôles et libèrent Nallus. Les fugitifs rejoignent le Sanctuaire, Alatar les y accueille.
-Le 23: L'Intendant Aleth Enon d'Arnor est atteint d'une maladie qui l'empêche de remplir ses fonctions. #Nivraya l'épaule dans la gestion du royaume.
-Le 29: Les hommes de la Rose Noire prennent d'assaut la demeure du Seigneur Péocle, contrôlée par l'Ordre de la Couronne de Fer. Sirion Ibn-Lahad abat Madhel, adepte du mystérieux groupe "Le Cercle et le Crâne". Mort d'Azami.


Août:

-Le 2: Wald est nommé Capitaine de la Garde Royale du Rohan par Gallen Mortensen.
-Le 5 : Des explorateurs partis en quête de trésors découvrent que des nains occupent toujours les Cavernes Etincelantes.
-Le 8: Le Roi Aldarion nomme Sirion Ibn-Lahad Comte d’Amon Araf et Intendant d'Arnor.
-Du 9 au 11: Le Roi Aldarion d'Arnor  convoque ses gouverneurs et Tribuns à Annúminas
-Le 12: Le Capitain Draggo se met au service du Prince Khaldun d'Assabia
-Le 13: Drake, Sergent de la Garde de la Fontaine,mène l'enquête au sujet d'une intrusion dans le Palais.
-Le 16 : Victoire des nains et de leurs alliés à Therka Nâla grâce au soutien d'Orwen et des renforts dalites et béornides.
-Le 20: La capture d'une prisonnière Dunlending sème le chaos en Isengard, fief du Roi Fendor.
-Le 26: Forlong Neldoreth, Tribun d'Anor, s'échappe des entrailles du Mont Gundabad avec le concours de l'Orc Snardat.


Septembre:

-Le 2 : Mort du Seigneur Alart de Roncefort. Son fils Tryon lui succède comme Baron et affirme ses ambitions.
-Le 4: L'elfe Namarien se joint aux Chevaliers du Cor Brisé qui cherchent à rallier Minas Tirith pour y sonner la révolte contre Cartogan.
-Le 7: Après une mission houleuse sur les Havres d'Umbar, l'assassin Issam Ibn-Djamal intègre la Guilde des Ombres.
-Le 11: L'ambitieux Raz'Oûl, chasseur de prime de renom, part de Djafa dans l'espoir de rallier la légendaire Bibliothèque Interdite du Khand.
-Le 15:  Aurhen, ranger elfe, est envoyé à Morthond.
-Du 22 au 23: La Cérémonie de la Purification se tient à Morthond alors qu'une ancienne malédiction resurgit.
-Le 27: Soulèvement d'esclaves à Albyor. Sanglante répression.
-Le 28: Une tempête de sable menace le Harondor.


Octobre:


-Le 4: Le Seigneur Sharrin Sharh-Narag défie le Conseil des Monts du Fer et mène un groupe de guerriers pour soutenir la reconquête des Nains.
-Le 10: Nimrod Ben-Elros, héritier déchu du Sultanat de Haradwaith, sort de prison.
-Le 13: Iran du Rhûn succombe à ses blessures dans les Terres Sauvages du Rhovanion.
-Le 15: Mise en place du Blocus de Pelargir par les pirates d'Umbar.
-Le 17: Le Conseil de Zulg-ai-Gathol envoie des soldats à la poursuite de Sharrin Sharh-Narag.
-Le 18: Les Gardes de Fer, menés par le Seigneur Sharrin, rallie la coalition de Thorik.
-Le 20: Le Sage Alatar, accueille un groupe d'insurgés dans son Sanctuaire.
-Le 25: La coalition de Thorik quitte Therkâ Nâlâ et marche vers Gundabad.
-Le 30: Le Roi Gudmund mène l'armée de Dale pour soutenir la reconquête des Nains.

Novembre:

-Le 3: Arrivée d'une délégation de Rhûnadans au palais du Roi Shomeri du Khand. A l'Est, des alliances se forment.
-Le 6: Le Roi des gobelins, Baltog, se prépare à affronter la coalition de Thorik.
-Le 7: Une malédiction s'abat sur le clan Lossoth des Ilivaa.
-A partir du 9: Purge de Minas Tirith. Les autorités s'attaquent aux organisations clandestines des bas-fonds de la ville: la Ligue des Ombres, les Griffes d'Ammoth et le Réseau d'Anakel en font tous les frais.
-Le 11: L'ex-capitaine Learamn arrive à Blankânimad. Il prête allégeance à la reine Lyra.
-Le 12: La coalition de Thorik s'empare de Nal Gunir.
-Le 17: Fimbulfambi, Seigneur du Mont Gram, envoie une armée menée pour répondre à l'appel de Baltog.
-Le 20: Arminka, capitaine des varkayin du Rhûn, s'empare de l'épée mythique Lasgarnë sur le sable de l'arène de Kryam.
-Le 23: Des placards appelant au soulèvement populaire fleurissent dans les rues de Minas Tirith.
-Le 25: À l'approche de l'hiver, les Nurniens arrêtent momentanément leur avancée dans les terres du Rohan.
-Le 27: Le Mage Mithrandir intègre la Société des Chercheurs de Minas Tirith afin de lutter contre l'épidémie.

Décembre:

-Le 2: L'Oeil de la Lune, un puissant artefact, refait surface à Tharbad.
-Le 3: Désireux de passer quelques semaines loin de sa capitale, le Roi Aldarion se retranche à Caras Aur avec son épouse.
-Le 4: Début du siège de Gundabad.
-Le 5: Départ d'un commando de la coalition, en quête d'un passage vers Gundabad dans les montagnes.
-Le 6: Nomuas Arnarion, alias le Sabre Noir, établit une antenne des Âmes Perdues à Pelargir. Les mercenaires aident la cité à lutter contre les pirates.
-Le 7: Des éclaireurs de l'Arnor élaborent un plan pour piéger les troupes du Mont Gram, en partance vers Gundabad.
-Le 9 : Arrivée d'Arminka  à Djahar'Mok en Harad dans l'espoir d'y trouver de nouveaux alliés pour sa Reine.
-Le 10: Bataille du Chemin des Trolls. Le Tribun Forlong Neldoreth refait surface avec le régiment perdu et met en déroute les armées du Mont Gram.
-Le 11: Les armées de la coalition pénètrent dans Gundabad.
-Le 12: Fin du siège de Gundabad et de la Reconquête des Nains. Mort du Roi Baltog.  Thorik conclut un accord avec le Grand Gobelin. Gundabad redevient naine mais seule une garnison peut y résider.
-Le 16: Une importante cargaison d'armes  tombe entre les mains des Melkorites d'Albyor.
-Le 20: L'elfe Qewiel vogue vers le Sud en quête d'une carte ancestrale.
-Le 27: Les Chevaliers du Cor Brisé parviennent à entrer dans Minas Tirith.
-Le 30: Naos Ibn-Lahad fait ses adieux à son frère Sirion, Intendant d'Arnor.
Sujet: Sur les pavés de la rébellion
Forlong

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Rechercher dans: Le Peregrin   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Sur les pavés de la rébellion    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 29 Nov 2020 - 18:43
Sonja avait posé son couvre-chef sur la table et s’assit sur la chaise unique, les jambes recroquevillées. Elle prit quelques fruits secs soupoudrés de sucre dans une petite assiette et les mangea, perdue dans ses pensées.

Elle sourit tout d’abord face à l’avalanche de questions de l’elfe, mais son expression devint rapidement plus sérieuse :

-Vous dites que la femme masquée a tué mon ange gardien.. ? Cela change tout...
J’étais persuadée que c’était les hommes de Rhydon et qu’ils l’avaient fait pour se débarrasser de tout témoin de leurs crimes. Il y a quelques mois, des hommes sont venus à l’atelier. Ils avaient passé plusieurs commandes suspectes. Ils voulaient que j’écrive des documents soi-disant signés par plusieurs personnages importants, des nobles surtout mais aussi des membres de l’armée...notamment le Général Ingthor. La thématique était variée...des lettres critiquant la famille royale, des incitations à la rébellion, des références à la Couronne de Fer...Tout pour incriminer ces personnes aux yeux de l’opinion publique et de la royauté si jamais les lettres venaient à être dévoilées. Bien sûr ils n’avaient fait aucune référence à Rhydon, mais ils n’ont pas eu de chance.
Les criminels d’Anorien connaissent mieux les structures de l’Arbre Blanc que vous ne l’imaginez...Les broches, les planques, et les identités des plusieurs agents. C’est un mécanisme défensif, visant à protéger les princes du crime d’une éventuelle tentative de l’Arbre Blanc de nuire à leurs opérations. L’un des hommes qui était venu à l’atelier était un agent connu de l’Arbre Blanc, rapportant à Rhydon encore à l’époque où ce dernier ne dirigeait pas les services. J’ai donc tout de suite compris que ces fausses preuves incriminant les nobles et militaires devaient être commandées par Rhydon pour renforcer son influence. Je suppose que ses hommes voulaient s’assurer que personne ne pourrait remettre en question l’authenticité des documents, c’est pour ça qu’ils ont emprisonné mon employé.
Mais si vous dites que c’est la femme masquée...et Gier...non non non. C’est une chose de s’opposer aux sbires de Rhydon ou du général, mais ces gens là, c’est une toute autre paire des bottes. Je ne suis pas suicidaire...


Le teint déjà très pâle de la faussaire sembla le devenir encore plus suite à la mention de Gier et de la femme masquée. Voyant le regard insistant de Lithildren elle se mordit la lèvre et sortit un petit objet cylindrique d’une des poches dissimulées de sa tenue :

-C’est un cryptex. Une combinaison de six lettres que je suis la seule à connaitre. A l’intérieur se trouvent les preuves contre eux...si vous essayez de l’ouvrir par force, cela brisera une fiole de liquide corrosif qui s’y trouve, et qui détruira les documents. Si vous rentrez le mauvais code, la fiole se brisera également... Entre cette femme masquée qui a déjà tué mon associé, le sorcier et Rhydon, ce serait suicidaire de ma part de jouer toutes mes cartes en restant dans la Cité. Je vous aiderai uniquement si vous assurez ma sécurité. Mais pour l’instant, il est clair que vous n’êtes même pas capables de garantir la votre.

La faussaire cacha à nouveau le cryptex dans sa tunique. Elle soupira, puis tendit sa main :

-Mettez le livre sur la table.

Lorsque Lithildren le déposa, la femme l’ouvrit et se mit à feuilleter les pages. L’elfe put apercevoir rapidement des pages entières recouvertes des notes et croquis d’objets de toute sorte. Il s’agissait clairement d’un journal appartenant à la faussaire.

-Voilà. Regardez.

Sonja s’arrêta sur des pages en papier calque, sur lequel Lithildren put découvrir les copies des lettres qu’elle avait mentionnées auparavant, incriminant plusieurs personnages importants de la haute société gondorienne.

Neige se releva sans faire de bruit et s’approcha à son tour de la table. C’était pas sûr si elle avait entendu toute la conversation ou juste la dernière partie. Elle inspecta les pages, concentrée, avant de dire :

-Si Rhydon, ou peut-être même Cartogan en personne sont vraiment à l’origine de ces lettres, cela montre clairement à quel point ils sont dangereux pour le royaume et avides de pouvoir. Mais malheureusement ces copies ne sont pas une preuve admissible...vous êtes la seule à savoir qui sont les hommes qui ont passé cette commande, et rien ne prouve qu’ils agissaient sous les ordres de Rhydon. Il pourrait nier le tout avec une facilité déconcertante, surtout que nous ne possédons que des copies. Je crains que même l’Intendant Illicis ne sera pas persuadé par ces documents. La seule chose que nous pourrions faire c’est rentrer directement en contact avec les personnes incriminées par ces lettres pour les prévenir et les avertir que Rhydon essaie de les manipuler. Mais bien que ça nuira peut-être au Directeur, ça ne suffira pas pour le mettre en prison. Chaque nouveau élément me renforce dans l’idée que Rhydon et Cartogan sont des ennemis du Gondor mais leur pouvoir est déjà tellement conséquent que trouver des preuves tangibles contre eux paraît presque impossible...La confrontation semble être le seul moyen.



Neige semblait entièrement concentrée sur Rhydon et Cartogan ; elle n’avait fait aucune référence au cryptex ni au lien que Sonja semblait faire entre Gier et la femme masquée. La faussaire semblait terrifiée par le concept de confrontation avec le dirigeant de l’Arbre Blanc.

-Je ne sais pas ce que vous espérez accomplir, mais ne comptez pas sur moi pour prendre les armes contre l’armée du Gondor. Je suis une artiste pas une guerrière. Quant à votre dernière question, je ne connais pas votre compatriote elfique, Oropher. Ce nom ne me dit rien.

Alors que Lithildren dévoilait à ses compagnons son intention d’aller à la Maison des Compagnons, le Professeur Nallus rejoignit lui aussi la conversation :

-Mademoiselle Kol ne semble clairement pas nous suivre jusqu’à la Maison des Compagnons, et elle n’a pas entièrement tort. Les preuves ne sont peut-être pas admissibles, mais les documents et son témoignage sont importants, surtout si on les joint au mien. Nous devrions la garder en sécurité, du moins jusqu’à l’arrivée de nos alliés du Cor Brisé. Neige, vous devriez rester ici avec Sonja et veiller sur elle. Vous pouvez en profiter pour réfléchir à un moyen de rentrer en contact avec le vieux sage du Sanctuaire. Je ne pourrais pas faire grand chose pour la protéger si je reste ici de toute façon, je préfère donc accompagner Lithildren voir le forgeron. Ne désespérez pas. Malgré le danger qui guette Réland, nous sommes dans une bien meilleure position qu’hier. Nous avons un autre témoignage contre Rhydon, et une promesse de soutien de la part de Félian. A présent nous devons juste survivre et préparer l’arrivée des chevaliers.


Le professeur apportait une note d’optimisme importante en ces temps troublés. Sa suggestion faisait sens. Ce qu’il ne dit pas à voix haute c’est que il valait mieux garder un oeil sur Sonja pour l’empêcher de disparaître. Elle l’avait dit elle-même, pour l’instant elle n’était pas persuadée par leur capacité à la protéger, et ils ne pouvaient pas se permettre de perdre une alliée aussi précieuse.

Alors qu’ils s’apprêtaient à partir, Sonja s’approcha de Lithildren, lui tendant un mortier rempli d’une espèce de pâte brûnatre qu’elle avait préparé quelques instants auparavant à l’aide d’ingrédients inconnus.

-Mettez ça dans vos cheveux pour en changer la couleur, cela attirera beaucoup moins les regards, surtout si vous rajoutez un foulard pour dissimuler vos oreilles.

La Maison des Compagnons se trouvait près du Quartier Marchand de Minas Tirith. La bâtisse impressionnante était financée en partie par le Roi du Gondor, qui faisait parfois appel au savoir des maîtres qui y travaillaient en cas de crise ou de projet exceptionnel. Dans la grande cour intérieure, on pouvait voir les ateliers des différents artisans : forgerons, bouchers, boulangers, maçons, charpentiers et autres. C’était un lieu où l’artisanat devenait une forme d’art, et où le savoir était transmis à ceux qui avaient le talent et les moyens de se permettre un apprentissage auprès des maîtres.

Il ne restait plus qu’à trouver ce Cadrach parmi les nombreux forgerons qui travaillaient ici, et trouver un moyen de lui expliquer leur demande ainsi que le convaincre de rejoindre leur cause...tout en faisant attention de ne pas éveiller les soupçons des autres artisans ou des quelques soldats qui patrouillaient dans les alentours.

#Sonja #Neige
Sujet: Sur les pavés de la rébellion
Forlong

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Rechercher dans: Le Peregrin   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Sur les pavés de la rébellion    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 20 Sep 2020 - 0:01
-Exact, il ne faut surtout par rester piqués là, sinon on va se faire découvrir. – Une note d’irritation se laissait entendre dans la voix de Neige. C’était inhabituel pour la Capitaine de l’Arbre Blanc, généralement si froide et dépourvue de toute émotion. Etait-ce parce qu’elle n’avait pas l’habitude de devoir partir en mission avec un groupe aussi hétérogène et composé à moitié de civils ? Ou peut-être que sa blessure encore très récente se faisait ressentir. – Chaque changement de tenue et chaque pause représente un risque d’attirer l’attention des soldats qui sont nombreux ici, nous sommes après tout près de la muraille extérieure de la Cité. Nous allons tenter d’entrer dans l’auberge dans nos déguisements, et comme Lithildren le dit, prétendre qu’un compagnon du chevalier est malade. Espérons juste qu’il jouera le jeu...


C’était sans doute une sage décision, car peu de temps après, ils virent une patrouille avancer dans leur direction. Alors que Nallus commençait à paniquer, Réland leur indiqua une grande bâtisse sur leur gauche. Le Pérégrin ! Le petit groupe traversa le seuil de l’établissement, disparaissant ainsi de la vue des soldats. Ils mirent un moment avant de s’habituer à la pénombre et pouvoir discerner les détails de la pièce. Le Pérégrin était rempli et bruyant, mais il ne s’agissait pas d’un ce ces établissements lugubres et dangereux que l’on pouvait trouver dans les ruelles de Minas Tirith. Une auberge qui portait le nom d’un hobbit devait après tout se caractériser par son aspect accueillant et chaleureux. Le Pérégrin était souvent le premier arrêt pour les voyageurs arrivant dans la Cité Blanche.

Neige pointa discrètement du doigt une table à laquelle se trouvait un homme solitaire aux cheveux longs. Il portait un tabard jaune orné d’un dragon rouge, et sirotait une coupe de vin, pensif.


Ils s’approchèrent de lui jusqu’à ce qu’il lève les yeux, surpris de voir quatre guérisseuses devant lui.

-Sir, nous avons reçu votre message sur votre compagnon malade. Nous sommes venues aussi vite que possible. Où se trouve le malade ?


-Mon compagnon.. ? Je..

Le regard perplexe du chevalier se tourna vers le petit objet que Neige avait dissimulé dans la paume de sa main, afin que seul lui puisse l’apercevoir. Il s’agissait d’une broche en forme de l’Arbre Blanc. Il leva à nouveau les yeux, toujours autant surpris, avant de reconnaitre le visage de Neige sous la coiffe.

-Euh oui, vous pouvez me suivre dans ma chambre...le blessé...le malade s’y trouve.


Le chevalier se leva et invita les quatre aventuriers à le suivre d’un geste de la main. La scène ne passa pas inaperçue, et quelqu’un fit une remarque salace sur ce que l’homme allait faire avec quatre guérisseuses dans sa chambre, ce qui suscita une vague de rires. Félian, rouge écarlate, ne répondit pas à la provocation et disparut dans l’escalier menant à l’étage du Pérégrin.
Lorsqu’ils se retrouvèrent dans sa chambre, il se tourna vers Neige, visiblement énervé :

-Capitaine Neige, qu’est ce que vous faites-là ? C’est quoi ces tenues, et cette histoire de compagnon malade ?! Mais qu’est-ce que...

Le chevalier resta bouche bée lorsqu’il vit Nallus et Réland enlever leurs coiffes.

-Félian...excusez-nous pour cette ruse étrange mais l’heure est grave et nous sommes en danger. Le temps presse alors je vais être très directe. Une fois de plus, une menace invisible met le Gondor en péril. Malheureusement, détruire la Couronne de Fer n’a pas suffit pour débarasser le royaume de la corruption. Plusieurs sources sûres, dont le professeur Nallus ici-présent ont confirmé une vérité terrible. Le Général Cartogan n’est pas l’homme qu’il prétend être, et compte utiliser son influence ainsi que la présence de ses soldats dans la Cité Blanche à ses propres fins et pour prendre contrôle du royaume. Qui plus est, il est soutenu par le Directeur de l’Arbre Blanc Lord Rhydon, qui mène une purge dans les services et les soumet entièrement à l’autorité de l’armée, et donc du Général. Le Professeur Nallus a été emprisonné à cause de cette découverte; la même raison pour laquelle l’ancienne Tête de l’Arbre Blanc a choisi de s’exiler. Les limiers de Rhydon sont à nos trousses, il souhaite nous éliminer avant que le secret ne soit dévoilé. Nous ne savons pas à qui faire confiance, hormis quelques fidèles et...et vous. Félian, le Cor Brisé a combattu vaillament contre la Couronne de Fer dans les plaines du Rohan, dans le port de Pélargir et sur les terres lointaines de Rhûn. Si Cartogan et Rhydon ne sont pas arrêtés, cela aura été en vain. Dans le meilleur des cas, le Gondor deviendra un royaume sous dictature militaire, sans aucun contrepoids à la toute-puissance du Général. Dans le pire...chaque opposant de Cartogan sera éliminé, et qui sait dans quelle guerre inutile le Royaume sera attiré. Nous avons besoin d’alliés pour arrêter Rhydon et Cartogan. Je ne sais pas encore si nous pouvons trouver un tribunal honnête qui les jugera de manière juste, même si je pense que l’Intendant Alcide d’Illicis est un homme de confiance. Ce que je sais c’est que Rhydon et Cartogan ne se soumettront pas volontairement à un jugement. Nous sommes venus demander l’aide du Cor Brisé.


Félian faisait partie des Chevaliers du Cor Brisé les plus raisonnables ce qui, en plus de ses talents de bretteur, lui avait valu une place dans l’entourage proche d’Eradan ainsi que le commandement du groupe des chevaliers envoyé pour éliminer les restants de la Couronne de Fer à Pelargir.

-Par la barbe d’Elessar ! Je n’ai jamais aimé la décision de Cartogan d’interdire le port d’armes à Minas Tirith et d’y installer une garnison permanente aussi importante, mais de là à dire qu’il s’agit d’un traître...Si c’est vrai, le Gondor est réellement en danger. Mais sans vouloir remettre en cause la véracité de vos paroles, Capitaine Neige, est-ce que vous avez des preuves... ? Qu’est-ce que vous avez découvert sur Lord Rhydon et sur le Général qui les qualifierait des traîtres ?
Neige se tourna vers Lithildren. La Capitaine de l’Arbre Blanc ainsi que Réland ne seraient pas les mieux placés pour rassurer le chevalier, il y avait un rapport beaucoup trop direct entre eux et Lord Rhydon. Les elfes après tout étaient reconnus pour leur sagesse et honnêteté.


Les paroles de Lithildren furent apparemment suffisantes pour convaincre Félian. Il se redressa, une étincelle dans les yeux.

-Il n’y a pas de temps à perdre. Je pars avant la fin de la matinée en direction des collines d’Emyn Arnen pour prévenir Eradan de la situation. La décision lui appartient mais le connaissant il ne refusera pas son aide au Gondor. Néanmoins, je ne suis pas certain qu’il approuvera de vos méthodes, cela reste à voir. Si tout se passe comme prévu, nous serons de retour à Minas Tirith dans quelques jours. Tâchez de rester à l’abri du danger jusqu’à là. Bien qu’il y ait une chose que vous pourriez faire pendant ce temps-là. Avec mes compagnons nous pourrons rentrer dans la Cité Blanche, mais nous serons obligés de laisser nos armes à la Grande Porte. Sans armes, nous ne pourrons pas arrêter Lord Rhydon ni le Général, alors que la ville grouille de soldats. Allez à la Maison des Compagnons et trouvez un des forgerons ; il s’appelle Cadrach. Dites lui que le Cor Brisé sonne à l’aide et qu’il faut des lames pour défendre le royaume. Il vous donnera les armes dont nous aurons besoin. Dites-moi juste le point de rendez-vous pour quand je serai de retour.

Une fois le point de rendez-vous convenu, Félian se mit à préparer ses affaires pour le voyage qui l’attendait. A peine une demi-heure s’écoula avant qu’il ne soit prêt pour le départ. Le charismatique chevalier leur souhaita bonne chance et partit dans la direction des écuries.

-Vous aviez raison, Neige, ces hommes du Cor Brisé sont assez incroyables – Nallus se gratta le menton, pensif - Tout abandonner d’un instant à l’autre pour partir en mission périlleuse. Si les chevaliers que Félian nous ramènera seront pareils que lui, nous aurons peut-être une chance face au général ! Mais en attendant, nous avons quelques jours pour nous préparer, et surtout rester à l’abri des hommes de Lord Rhydon. Quelle est la prochaine étape ?

Ce fut Réland qui prit la parole, tout en regardant par la fenêtre de la chambre de Félian.

-Professeur Nallus, vous aviez parlé d’un faussaire incarcéré et retrouvé mort pendant votre séjour en prison...Kaj Olson. Ce nom est connu de l’Arbre Blanc, nous avions un dossier sur lui suite à l’histoire de la tentative de cambriolage au trésor royal. Son atelier se trouve dans le Premier Cercle de la Cité, pas loin d’ici. Si vous pensez qu’il peut y avoir un lien entre le faussaire et Cartogan alors nous devrions enquêter. D’après ce que Félian nous a dit, Eradan tiendra peut-être à ramener le général devant un tribunal ; si c’est le cas, nous allons avoir besoin de quelque chose de concret contre lui.


Neige acquiesça, et regarda autour d’elle pour vérifier si Nallus ou Lithildren avaient quelque chose à rajouter.

-Il ne reste plus qu’à sortir du Pérégrin...Eviter la porte principale serait la meilleure option, mais je ne sais pas si c’est possible.

Le sens de l’observation de la Capitaine était clairement affaibli par sa blessure ; elle avait besoin de toute son énergie pour jouer son rôle et rester debout.

Lorsqu’ils se retrouvèrent dehors, Réland les mena à travers les rues de plus en plus remplies de la Cité. Bientôt, ils s’enfonçèrent dans le réseau des galeries abritées creusées à l’intérieur du Mindolluin. Il faisait plus frais ici, et seules les quelques ouvertures taillées dans la roche lassaient passer la lumière du jour.

-C’est ici je crois...

Réland s’arrêta devant une porte qui ne payait pas de mine. Il n’y avait pas d’enseigne ni de vitrine, juste un symbole gravé dans le mur, représentant deux plumes identiques côte-à-côte. Vérifiant qu’il n’y avait personne dans les alentours, le second de Neige crocheta discrètement la porte. Ils pénètrerent dans l’habitation, et Nallus referma la porte derrière eux. Ils se retrouvèrent soudainement plongé dans l’obscurité totale. La sueur perla le front du professeur, qui ne se sentait clairement pas à l’aise dans ces conditions qui lui rappelaient un peu trop la prison de Minas Tirith. Neige chuchota :

-Lithildren, vous pouvez voir dans le noir, non ? Trouvez-nous une lampe à huile ou une torche...

Alors que le petit groupe restait près de la porte, l’elfe fut obligée de s’enfoncer plus profondément dans l’atelier étrange creusé dans la montagne. Etonnement, elle ne trouva aucune torche ni lampe près de l’entrée, et dut traverser une deuxième porte avant de se retrouver dans une autre pièce. Elle y vit une bougie éteinte dans un bougeoir en métal. Un autre objet attira son attention, il s’agissait d’un livre ouvert, ou plutôt un cahier des notes rempli d’écriture chaotique et de croquis étranges.

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Avant qu’elle ne puisse se pencher dessus, Lithildren entendit un bruit, comme le grincement du parquet sous une paire de bottes. Le bruit venait du fond de la pièce, donc de la direction opposée par rapport à celle de ses compagnons. Un choix s’offrait à l’elfe mais elle n’avait qu’un instant pour se décider. Se cacher ? Appeler ses compagnons à l’aide ? S’attaquer au personnage mystérieux dans le noir ? Signaler sa présence.. ?

#Neige #Réland #Nallus
Sujet: Zoom sur le Gondor
Forlong

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Rechercher dans: Zooms   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Zoom sur le Gondor    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 17 Mai 2020 - 13:41
Armée du Gondor  


Le Roi est le dirigeant incontesté de tout sujet du royaume de Gondor, le Haut-Roy Mephisto est ipso facto le chef de toutes les forces armées qui s'y trouvent. Son autorité est absolument incontestable, et à l'exception notable des Princes de Dol Amroth qui jouissent d'un statut particulier mais qui lui reconnaissent cependant leur allégeance, on peut considérer qu'il est directement à la tête de tout homme portant le blason du Gondor. Lorsqu'il mobilise l'ost royal, le souverain dispose théoriquement d'une des plus puissantes armées de la Terre du Milieu, disciplinée, et particulièrement bien entraînée. Celle-ci est composée des forces venues de toutes les provinces du royaume, et elle est commandée à différents niveaux par des officiers et des seigneurs qui constituent une chaîne hiérarchique en général très respectée.


Les Généraux : Contrairement aux Commandants qui sont pour la plupart nommés par les autorités locales – sauf dans le cas de l'Anorien –, les Généraux sont nommés directement par le Roi pour diriger l'ensemble des forces d'une région. Ils pallient à l'absence d'une autorité provinciale suffisamment influente pour contrôler les hommes du rang. Lorsque Radamanthe était encore Intendant et prenait activement part aux opérations militaires du royaume, les trois généraux étaient de rang égal, et aucun d'entre eux n'avait d'autorité sur les autres. Les Intendants Alcide puis Dalia ayant un rôle purement civil, le Roi Méphisto décide de donner un rôle plus important au Général de Minas Tirith.
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#Artheyrn, Général de Minas Tirith

Le Général de Minas Tirith : Arthyrn est l'officier le plus haut gradé du Gondor. Il assume le commandement de toutes les forces du royaume en l'absence du souverain, et coordonne la défense des différentes régions en veillant à ce qu'elles soient suffisamment pourvues en hommes. En pratique, cependant, il ne gouverne que les forces de l'Anorien au nom du Haut-Roy et plus particulièrement la garnison de Minas Tirith. Son rôle est tout autant politique que militaire, et on peut considérer qu'il est un des principaux conseillers de Mephisto. Formellement, le Général de Minas Tirith a autorité sur toutes les composantes militaires du royaume en temps de paix comme en temps de guerre, mais il apparaît que son influence s'étend surtout sur les hommes qui se reconnaissent une grande proximité avec la capitale du Gondor, beaucoup moins sur ceux originaires des régions les plus autonomes. Cependant, Artheyrn provenant lui-même des Fiefs du Gondor, il peut compter sur la loyauté de ses alliés proches.
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#Ingthor, Général de Pelargir

- Le Général de Pelargir : Aussi surnommé le Général aux Frontières, il est traditionnellement étranger à la cité de Pelargir, et représente le pouvoir royal dans la ville. Il commande toutes les forces du Lebennin, et assure la protection d'une région stratégique souvent mise à mal par les incursions des pirates d'Umbar ou des Haradrim. Le Général aux Frontières est également responsable pour la coopération de l'armée régulière avec les forces de l'Ithilien et du Harondor, ce qui le met en relation directe avec l'Emir Radamanthe. Ce poste est actuellement détenu par le Général Ingthor, un homme originaire du Lamedon et le plus âgé des trois généraux. Ingthor avait servi comme Capitaine lors de l'invasion orque de 283 du 4A. Il fut nommé Commandant pour ses services lors de la défense de Minas Tirith et de la reprise d'Osgiliath et Cair Andros, puis Général en l'An 290 après le départ du Stratège Silence. Entouré par ses troupes fidèles et le regard toujours tourné vers le Sud, Ingthor se tient loin de la vie politique du royaume. On dit que même le Général Cartogan hésitait à donner des ordres à cet homme impressionnant mais Ingthor, toujours aussi réservé, n'a jamais dévoilé son opinion sur le Général de Minas Tirith, sauf peut-être à ses officiers les plus fidèles. Ingthor est considéré comme incorruptible, une chose peu commune dans la Cité portuaire de Pelargir. Son caractère direct et sévère lui vaut le respect de ses hommes, mais aussi l'animosité de plusieurs personnages puissants du royaume.
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#Aerith, Général de l'Anfalas

- Le Général de l'Anfalas : Son rôle est moins militaire que les autres, et il a principalement pour tâche de veiller à l'entretien des troupes de l'Anfalas, région protégée et peu inquiétée. Il s'y trouve beaucoup de petits seigneurs, que le Général a la tâche de mobiliser en temps de guerre pour apporter son soutien à l'ost royal. Sa position est particulière, puisqu'il n'a pas de siège fixe, et qu'il se déplace régulièrement du fief d'un noble à un autre. Cependant, l'Anfalas est également la localisation de l'Académie Militaire du Gondor, et le Général en est le recteur, ce qui lui donne en réalité la possibilité d'influencer toute la prochaine génération des Capitaines et Commandants du royaume. L'intégralité de l'Artillerie du Gondor est également sous la charge officielle du Général de l'Anfalas. Ce dernier est responsable de la production des machines des guerres, l'approvisionnement des forteresses du royaume en artillerie et en munitions, ainsi que de l'entrainement des artilleurs. Le poste appartient actuellement à Aerith, le plus jeune des trois Généraux. Originaire d'une des plus anciennes familles d'Anorien, cet homme au regard perçant fait souvent référence à l'héritage numénoréen de sa famille et de son peuple. Son influence au sein de l'Académie et du Conseil du Gondor est non-négligeable, bien qu'il soit beaucoup moins connu du peuple que le Général Cartogan. Très ambitieux, Aerith utilise également la position politique de sa famille pour trouver des alliés au Gondor et renforcer sa position. Cependant, le Général ne doit pas sa position uniquement à la noblesse de son sang. Lors de ses études à l'Académie d'Anfalas, il obtint les meilleurs résultats dans les quatre-vingt dernières années du fonctionnement de l'école.

L'armée régulière :



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L'Anorien étant la région la plus peuplée et prospère du Gondor, elle fournit la plupart des soldats de l'armée régulière du royaume. Il s'agit des troupes professionnelles, facilement reconaissables à leurs uniformes et armement caractéristiques ainsi que leur célèbre discipline. Les soldats de l'armée régulière sont placés en Anorien, mais aussi dans les principales forteresses sur les frontières du royaume. Tous les fiefs du Gondor doivent également envoyer annuellement des recrues pour alimenter les rangs de l'armée régulière, ainsi que des candidats à l'école des officiers du Gondor se trouvant en Anfalas. Il est estimé que l'armée régulière compte environ dix-mille hommes, bien que ce chiffre fluctue selon les périodes.

Commandants: Issus de la haute noblesse, en général après avoir servi de très nombreuses années dans l'armée, et pouvant se prévaloir d'états de service irréprochables, les Commandants constituent le grade le plus élevé auquel la majorité des militaires peuvent prétendre. Ils commandent à une ou plusieurs Compagnies (« Otharrimion ») composée d'environ cinq cents hommes, et sont responsables de la défense de secteurs de première importance, voire même de villes entières.

Officiellement, il n'existe pas de hiérarchie claire entre les différents Commandants, et tous sont censés exister sur un pied d'égalité. En réalité, certains jouissent d'un plus grand prestige que d'autre. On reconnaît le plus influent au fait qu'il commande le premier Otharrimion de son secteur, ce qui est une marque de prestige importante. Chaque Otharrimion a le droit de choisir son propre étendard et sa devise. Certaines des Compagnies ont une longue histoire illustre, et les rejoindre n'est pas chose facile. C'est bien sûr le cas de l'Otharrimion des Gardes de la Citadelle et de celui des Rangers d'Ithilien, mais aussi d'autres telles que la Compagnie Etoilée et les Boucliers d'Ithil.

On trouve des Commandants partout où les hommes du Gondor se rassemblent en grand nombre, mais les principaux se situent dans quatre lieux clés :

- A Cair Andros, tout d'abord, où le Commandant a la charge de la défense de l'île qui constitue un point de passage stratégique du fleuve Anduin. C'est un poste important, mais considéré comme assez sûr par rapport aux autres. Il rend compte de son action au Général de Minas Tirith.

- Le Commandant d'Osgiliath a la charge de la défense de la cité, sise sur le fleuve, qui est le second point de passage de l'Anduin. Historiquement, sa mission était de première importance, et l'histoire troublée de la ville poussait le Gondor à placer un officier particulièrement compétent à la tête des troupes de la cité commerçante. Le Général Ingthor détenait le poste de Commandant d'Osgiliath avant sa promotion en l'an 294. Les Accords de Lótessë laissèrent la gestion militaire de la cité à la milice de la Compagnie du Sud. Le commandant d'Osgiliath a donc actuellement un rôle de représentant du Roi dans la ville; il est placé sous l'autorité directe du Général de Minas Tirith. Cependant, la milice de la Compagnie du Sud est souvent perçue par l'armée régulière comme une formation servant à combattre le crime à Osgiliath plutôt qu'à affronter un réel danger extérieur.

- Le Commandant de Pelargir est chargé d'assurer la défense de la cité, et commande le premier Otharrimion. Ses troupes stationnent dans le Triangle de la ville, et ses prérogatives concernent principalement la défense de celui-ci, des membres du Conseil des Fidèles, et des principaux dignitaires. Il est sous l'autorité du Général de Pelargir.

- Le Commandant d'Emyn Arnen, principale cité d'Ithilien, a vu son rôle s'accroître quand le titre de Prince d'Ithilien est passé entre les mains de Radamanthe, qui siège au Harondor. Son rôle de gardien de la cité de Faramir est primordial dans la défense d'une région perpétuellement menacée par les dangers du Mordor. Il étend son autorité sur toute la région, et dépend directement de l'Emir du Harondor.

La plupart du temps, les Commandants sont secondés par un Premier-Lieutenant, un officier de haut-rang chargé de veiller à l'application de leurs ordres. Pour beaucoup de Commandants, ce ne sont rien de plus que des aides de camp, et on plaisante souvent parmi les hommes du rang de leur propension à subir les coups de sang des officiers.


Capitaines : Très largement issus de la noblesse du Gondor, les Capitaines commandent à un bataillon (« Thangion ») composé d'une centaine d'hommes. Ce sont les officiers les plus nombreux, et leur qualité varie très largement d'un individu à l'autre. Certains sont des vétérans aguerris, ayant survécu à de nombreuses batailles. D'autres, à l'inverse, sont de jeunes nobles sans expérience, disposant de connaissances théoriques acquises auprès de précepteurs. Sauf rare exception, devenir Capitaine du Gondor exige de passer par l'Académie Militaire d'Anfalas. Les Capitaines ne partagent pas le quotidien de leurs hommes, ou très rarement, et s'occupent autant de questions militaires que de questions administratives. Ils planifient les exercices, les manœuvres, et dirigent parfois seuls la défense de positions stratégiques, notamment certaines frontières. Ils peuvent rendre la justice parmi leurs hommes, et en temps de guerre il n'est pas rare de voir des Capitaines particulièrement abusifs punir sévèrement des hommes accusés d'avoir reculé au combat.

Les Capitaines s'entourent parfois de lieutenants, des hommes de confiance souvent eux-même issus de la noblesse, mais pas systématiquement. Comme leur nom l'indiquent, ils remplacent leur officier quand celui-ci est absent, et sont chargés de faire appliquer ses ordres auprès des soldats. Ils peuvent également servir de messagers personnels si besoin. Les lieutenants veillent le plus souvent à la discipline, et se chargent de faire remonter les doléances du bataillon à qui de droit.

Du fait de leur noblesse, les Capitaines aiment se mettre en avant lorsqu'il est possible de faire des actes de bravoure. Certains, particulièrement audacieux et courageux, mènent personnellement leurs hommes au combat et n'ont pas peur d'occuper les premiers rangs. Quand Minas Tirith est attaquée, le Capitaine le plus prestigieux et le plus compétent est désigné comme Capitaine de la Grande Porte, avec pour tâche de défendre au péril de sa vie l'accès au premier niveau de la cité.

Sergents : Hommes particulièrement valeureux et charismatiques au sein de la troupe (« Erith ») qu'ils commandent, les Sergents sont souvent choisis pour leur capacité à inspirer leurs camarades. Ils ont pour mission de transmettre les ordres et de soutenir le moral de groupes réduits, pas plus d'une vingtaine d'hommes en général. Ils ne sont pas considérés comme des officiers à part entière, et vivent le plus souvent auprès des simples soldats dont ils partagent le quotidien, les difficultés. Ils sont très appréciés de leurs hommes, qui leur font confiance et sont souvent prêts à les suivre dans l'enfer des batailles.

Afin d'accomplir au mieux leurs missions, les Sergents sont parfois secondés par des Caporaux qu'ils peuvent choisir à leur discrétion. Les caporaux assistent et peuvent remplacer le Sergent si celui-ci est blessé. Ce sont des hommes de confiance, souvent voués à protéger la vie de leur supérieur coûte que coûte.


Hommes du rang : Les simples soldats représentent la base de l'armée du Gondor. Reconnaissables à leurs armures argentées et à leur équipement de grande qualité, ces combattants sont entraînés régulièrement aux manœuvres et représentent des adversaires redoutables. On trouve parmi ces régiments des unités de piquiers, des épéistes, ou encore des archers. La plupart des groupes ne sont pas spécialisés, et peuvent être amenés successivement à combattre à l'arc puis à la lance selon les besoins de leurs supérieurs et les impératifs du moment. Peu mobiles, mais extrêmement disciplinés, les hommes du Gondor qui se rassemblent en compagnies d'infanterie lourde sont en général particulièrement à l'aise dans les affrontements en terrain dégagé, ou dans la défense de leurs nombreuses forteresses. Ils ont hérité beaucoup de leurs traditions militaires et de leurs tactiques des Dunedain, notamment en ce qui concerne la prise et la défense de places fortes.


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Les unités spéciales :


Les Artilleurs : Les armées du royaume peuvent compter sur le soutien de nombreuses machines de guerre, actionnées par d'habiles artilleurs. Ceux-ci, qu'ils soient assignés à des balistes, des mangonneaux ou des trébuchets, jouent un rôle crucial dans la défense des principales cités du Gondor. Leur formation est continue, avec de solides bases de mathématiques et des compétences de génie. L'entretien et le bon fonctionnement de l'arme dont ils ont la charge font partie de leurs attributions, afin d'optimiser la précision des tirs qu'ils délivrent. L'Artillerie n'est pas l'arme la plus noble qui soit, mais elle est certainement une des plus décisives dans les batailles, et les officiers de ce corps d'élite ont bien conscience de leur capacité à faire pencher l'issue de la bataille. La maîtrise de l'artillerie est un art ancestral au Gondor, et une des caractéristiques qui explique la supériorité militaire du royaume par rapport aux autres peuples de la Terre du Milieu. Certains attribuent d'ailleurs la défaite à Assabia à la décision du Roi Méphisto de lancer un assaut hâtif plutôt que de faire venir les machines de guerre du Gondor.


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Les artilleurs sont répartis en groupes, dont le nombre varie selon l'arme : au moins deux hommes pour une baliste, au moins six pour une catapulte, et au moins douze pour un trébuchet. Les groupes d'artilleurs fonctionnent en relative autonomie, mais sont toujours dirigés par un Sergent-Artilleur, lui-même soumis aux ordres d'un Maître-Artilleur. Le Maître-Artilleur, dont le grade est presque équivalent de celui de Capitaine dans l'infanterie, commande à différents groupes dont il coordonne le tir et désigne les principales cibles. Il arrive rarement que des capitaines donnent des ordres directs aux artilleurs, mais le cas échéant ils sont tenus d'y obéir.

Parmi les principales machines de l'armée du Gondor, on retrouve :

- Les balistes sont les machines que l'on trouve le plus couramment au Gondor. Positionnées à l'entrée des forts, elles permettent de pilonner les unités ennemies les plus dangereuses, à l'instar des Trolls. Leur grande précision leur permet en outre de s'attaquer aux machines de siège, aux béliers, voire même aux chefs ennemis.

- Les mangonneaux ont pour objectif de projeter des pierres, de la poix enflammée ou tout autre projectile mortel droit sur les lignes ennemies. Leur déploiement est lent, et ce sont des armes de siège utilisées principalement lors de campagnes militaires extérieures, quand il est difficile de trouver le temps et les ressources pour déployer les immenses trébuchets, fierté de l'armée Gondorienne.

- Les trébuchets sont des armes massives, à la portée incroyable, et aux dégâts incommensurables. Une seule de ces machines peut méthodiquement détruire une cité entière. En revanche, fabriquer un trébuchet en campagne est très difficile, et la plupart du temps ces précieuses machines ne sont pas déployées là où elles sont susceptibles d'être prises par l'ennemi, qui en fait sa priorité. On trouve des trébuchets dans les principales villes du royaume, à l'abri de murs épais, et on construit exceptionnellement un d'entre eux en campagne lors d'un siège particulièrement long et difficile.

La Cavalerie du Gondor :


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Les cavaliers du Gondor sont issus de la noblesse du royaume, à l'exception notable de quelques gens du commun si braves et si héroïques qu'ils ont été nommés cavaliers par le Roi lui-même. Ces hommes comptent parmi les meilleurs combattants de l'armée, et ils sont formés au maniement de la lance et de l'épée à cheval. Leur nombre est relativement faible, si l'on compare à d'autres armées, mais leur pouvoir de destruction est stupéfiant. Capables de traverser les lignes ennemies en semant la mort sur leur passage, ils apportent souvent le coup de grâce et leur charge sonne habituellement la fin des hostilités. Auréolés de gloire et de prestige, les cavaliers du Gondor sont réputés pour être particulièrement hautains, impétueux et prompts à se jeter dans la bataille. La couardise et le déshonneur sont honnis par ces hommes de guerre.

La Cavalerie du Gondor a ses propres grades, du fait du faible nombre de ses membres par rapport à l'infanterie. Il n'existe pas de Sergents, ni de Commandants. Les Cavaliers sont placés sur un pied d'égalité, seulement commandés par des capitaines. Ces derniers sont en général des hommes expérimentés, issus de la haute noblesse, ayant des qualités de meneurs évidentes. Il est à noter que les Princes du royaume détiennent de naissance le grade de Capitaine de Cavalerie.


La Marine du Gondor :


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La flotte de Dol Amroth :

Les vaisseaux de Dol Amroth comptent parmi les plus beaux et les plus résistants de la flotte du Gondor. Alliance du savoir-faire elfique et numénoréen, les Nefs de la cité du cygne sont des navires élégants, d'une finesse incomparable, capables de traverser de longues distance à grande vitesse. Lourdement armées, avec à leur bord une douzaine de balistes, et une centaine de marins redoutables, les Nefs tiennent les pirates à l'écart des côtes en patrouillant inlassablement. Depuis les terribles combats contre l'Empire Austral, leur nombre fait cependant défaut, et si ces navires sont splendides et particulièrement redoutables en combat, ils ne peuvent protéger parfaitement l'ensemble de la Baie de Belfalas.

La flotte de Pelargir :

La Corvette est le navire principal de la flotte de Pelargir, du fait de son excellent rapport qualité-prix. Ce sont des navires solides, relativement faciles à construire, et surtout très rapides. Ils sont les seuls à pouvoir donner la chasse efficacement aux navires d'Umbar, avec les fameuses Nefs de Dol Amroth. La Corvette est équipée de huit balistes à longue portée, actionnées par des artilleurs de marine compétents et très bien entraînés. En outre, elle compte à son bord la présence d'une Troupe de Marine, une compagnie de 80 soldats formés à l'abordage, à la défense d'un navire, et qui sont capables d'employer des arcs pour cribler de flèches les ponts des navires ennemis. Les Corvettes de Pelargir se déploient en grand nombre dans les eaux du royaume, mais elles sont plus fragiles que les Nefs et subissent de lourdes pertes quand elles engagent les navires venus du Harad.

Les Rangers:


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Devise : limbe ith dinen (rapide et silencieux)


Ils étaient des Rôdeurs de l'Ithilien, car ils descendaient de gens qui y vivaient autrefois, avant l'invasion. Le seigneur Denethor choisissait parmi ces hommes les fourrageurs qui traversaient  secrètement l'Anduin (ils ne voulurent pas dire où ni comment) pour harceler les Orques et autres ennemis qui rôdaient entre l'Ephel Duath et le Fleuve. - Les Deux Tours

Aussi appelés rôdeurs d’Ithilien, les rangers sont une formation d’élite de l’armée du Gondor. Les forêts d’Ithilien sont sous leur protection, bien qu’il leur arrive aussi d’être assignés à des missions spéciales autre part. Les nouvelles recrues sont souvent des habitants d’Ithilien qui connaissent très bien cette contrée, et doivent, dans la plupart des cas, avoir servi dans l’armée régulière auparavant. Ils combattent à l’épée, à l’arc et à la lance, mais ne portent pas de boucliers ni d’armures de fer.


Deux avaient à la main des lances à larges fers brillants. Deux avaient de grands arcs, presque aussi hauts qu'eux, et de grands carquois de longues flèches empennées de vert et de brun de divers tons (…) Des gants verts couvraient leurs mains, et leurs visages étaient encapuchonnés et masqués de vert. - Les Deux Tours

Ces guerriers utilisent un dialecte elfique pour communiquer lors des missions, ce qui empêche les espions ennemis de découvrir leurs plans.


Ils se parlaient d'une voix douce, usant au début du Langage Commun, mais à la façon d'autrefois, puis passant à une autre langue qui leur était particulière. A sa stupéfaction, Frodon s'aperçut en les écoutant que c'était de l'elfique ou un idiome approchant, et il les regarda avec étonnement, car il savait que ce devaient être des Dunedains, hommes de la lignée des Seigneurs de l'Ouistrenesse. - Les Deux Tours

Les rangers sont stationnés dans plusieurs bases secrètes. Leur sanctuaire le plus sacré est Henneth Annûn, la Fenêtre du Soleil Couchant, une caverne cachée par le rideau d’une cascade d’eau, et donnant sur un petit lac d’eau cristalline.

Les rangers ont joué un rôle  essentiel dans les années 245-248 du Quatrième Age, lors de l’invasion et la reprise d’Ithilien. Ayant assuré la fuite des centaines d’habitants de la région, et combattu incessamment sur le territoire occupé, ils sont aujourd’hui encore le véritable bouclier du Gondor aux yeux du peuple. Seuls quelques rangers accompagnèrent l’armée de Méphisto lors de la Grande Bataille du Nord, car c’est cette formation qui fut chargée de la protection des frontières lors de l’absence du Roi.


Les Gardes de la Citadelle:

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Devise : Les gardiens ne dorment jamais

Les Gardes de la Citadelle sont chargés de la sécurité du septième cercle de la Cité Blanche, qui comporte la Maison du Roi, la Tour Blanche et la Place de la Fontaine. Ils se divisent en trois compagnies : les Gardes de la Tour, les Gardes de la Fontaine, et les Gardes du Roi.  Ces guerriers sont recrutés parmi les meilleurs et les plus loyaux soldats du Gondor, car ils protègent la lignée d’Elendil et l’Arbre Blanc. Leur uniforme est facilement reconnaissable, et les casques sont passés de génération en génération.

Les Gardes de la porte étaient vêtus de noir et leurs heaumes avaient une forme étrange, hauts de fond avec de longs oreillons très ajustés à la figure, au-dessus desquels se voyaient les ailes blanches d'oiseaux de mer, mais les casques étincelaient d'une flamme d'argent, car ils étaient en réalité faits de mithril, héritages de la gloire de jadis. Sur les surcots noirs était brodé un arbre en fleur d'un  blanc de neige sous une couronne d'argent et des étoiles à nombreux rayons. C'était la livrée des héritiers d'Elendil, et nul ne la portait plus dans tout le Gondor que les Gardes de la Citadelle devant la Cour de la Fontaine où l'Arbre Blanc avait autrefois poussé.  - Le Retour du Roi


Les Gardes de la Citadelle maitrisent le combat à la pique à la perfection, avec bouclier et sans, mais sont aussi entrainés à l’épée par les meilleurs maitres d’armes de la cité. En cas de bataille, ils se servent des anciennes formations de combat numénoréennes : la thangail (mur de boucliers) et le dirnaith (formation en coin).

Isildur ordonna que l'on formât une thangail, un mur de boucliers sur deux rangs serrés qui, s'il était pris de flanc, pouvait s'incurver aux deux bouts jusqu'à devenir un anneau fermé. Si le terrain avait été plat, ou si la pente avait été en sa faveur, il aurait fait former un dirnaith, et il aurait chargé les Orques, confiant en la force plus grande des Dúnedain et de leurs armes, et en leur capacité de se tailler un chemin dans la masse de leurs ennemis et de les disperser en semant l'effroi parmi eux ; mais en l'occurrence, cela ne pouvait se faire.  - Contes et Légendes Inachevés


Généralement les Gardes de la Citadelle ne quittent Minas Tirith que pour escorter le roi ou un membre de sa famille, bien qu’il leur arrive d’être assigné à des missions spéciales. Ainsi, la compagnie des Gardes du Roi a assisté à la Grande Bataille du Nord et à la Bataille d’Assabia. La Garde de la Citadelle est la formation la plus prestigieuse de l’armée du Gondor, et peut-être la plus célèbre en Terre du Milieu. Cependant, la mort du Prince Aleth et l’enlèvement du Prince Chaytann ont laissé des cicatrices sur l’honneur de ces guerriers, qui sont déterminés à laver cet affront d’une façon ou d’une autre.

Non, non, dit Beregond, riant. Je ne suis pas capitaine. Je n'ai ni fonction, ni rang, ni seigneurie, n'étant que simple homme d'armes de la Troisième Compagnie de la Citadelle. Mais, Maître Peregrïn, n'être qu'homme d'armes dans la Garde de la Tour de  Gondor est considéré comme une dignité dans la Cité, et pareils hommes sont honorés dans le pays -Le Retour du Roi

L'Arbre Blanc:

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Au début du Quatrième Age, alors que la quasi-totalité des contrées humaines étaient sous l'influence directe ou indirecte du Royaume Réunifié le besoin d'établir un réseau efficace d'agents et d'informateurs pour protéger la Couronne des complots et insurrections devint évident. Néanmoins, ce fut seulement sous le règne de Méphisto que les services secrets de l'Arbre Blanc prirent leur forme actuelle, Le rôle de l'Arbre Blanc est d'assurer la défense du Gondor contre tout ennemi invisible et danger provenant de l'extérieur ou de l'intérieur.

Il est difficile d’estimer les effectifs réels de l’Arbre Blanc. D’après les documents de l’intendance datant de l'époque de Radamanthe, le Gondor dispose d’environ deux centaines de vrais agents. Ceux-ci font partie d’une hiérarchie bien établie et historiquement quasi-indépendante de l’armée.  Seul un Général du Gondor a le droit de donner des ordres aux agents de l’Arbre Blanc, tandis que les Capitaines de l’Arbre Blanc, au nombre de six, obéissent seulement à la Tête, au Roi et à l’Intendant. Ceci cause parfois des problèmes avec les seigneurs des fiefs du Gondor, qui n'apprécient pas nécessairement le fait d'avoir des espions indépendants de leur autorité sur leur territoire. En dehors des agents à proprement parler, l’Arbre Blanc dispose aussi d’un réseau très développé de collaborateurs sur contrat, ainsi que d’agents ‘dormants’ dans le Royaume mais aussi au-delà de ses frontières. Ces derniers ont leurs propres familles, vies sociales et métiers dans l’armée ou civils, mais sont prêts à répondre à l’appel du Gondor au besoin pour héberger un agent, fournir des renseignements, ou procurer des ressources utiles. Afin de protéger l'organisation et ses membres, même les Capitaines ont accès à seulement une partie des noms et localisations des agents qui ne répondent pas directement à leurs ordres.

Lorsqu’ils ne sont pas infiltrés, les agents portent souvent des tuniques ou armures de cuir ornées d’un Arbre Blanc sur le torse. Chaque agent dispose d’un parchemin, livre ou lettre qui, bien que différents l’un de l’autre, ont tous une caractéristique commune : ils contiennent un message chiffré à l’aide d’un code dont seul l’Arbre Blanc détient le secret, et qui sert d’identifiant à ses agents. Les capitaines de l’Arbre Blanc ainsi que quelques agents exceptionnels ont le droit de porter un objet unique : une broche en forme d’arbre, sculptée dans un morceau du troisième Arbre Blanc du Gondor, celui qui avait orné le Haut de la Cité avant le retour du roi Elessar. Ces fragments de relique sacrée mettent à la disposition de leurs propriétaires toutes les ressources militaires et financières dont ils pourraient avoir besoin.

Il est important de noter que la Tête, le mystérieux vieillard #Gilgamesh qui dirigeait l'Arbre Blanc, a disparu sans laisser aucune trace. Initialement ce fut sa disciple #Neige, Capitaine de l'Arbre Blanc qui dirigeait les opérations en son absence et la disparition de la Tête était un secret jalousement gardé par les six Capitaines. Cependant, un officier de l'armée du Gondor fut récemment promu pour diriger les services secrets du Gondor. Lord #Rhydon, préférant utiliser le titre moderne de 'Directeur' plutôt que 'la Tête' répond directement au Général Cartogan ce qui fait de  l'Arbre Blanc une partie intégrante de la hiérarchie de l'armée régulière. Malgré les protestations du Capitaine Neige qui souhaitait garder l'Arbre Blanc sous les ordres directs de l'Intendance, l'Intendant Alcide d'Illicis ne s'opposa pas à la décision du Général Cartogan de prendre contrôle de cette organisation.




L'Armée des Fiefs du Gondor


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Aussi appelés Terres Extérieures, les fiefs semi-autonomes du Gondor apportent un soutien militaire au Gondor. Lors du Siège de Minas Tirith au Troisième Age, les fiefs envoyèrent trois-mille hommes pour défendre la Cité Blanche. Ce nombre était fortement limité par la necessité de défendre leurs propres terres des incursions des corsaires et haradrims. Il est estimé que les vassaux de Méphisto sont capables de lever dix-mille hommes ; l'équivalent de l'armée régulière du Gondor.

Bien que plus hétéroclites et souvent moins disciplinées, les troupes des Terres Extérieures sont redoutables. Grâce à l'obligation qu'a chaque fief d’ennoyer des hommes à l'Académie des Officiers du Gondor, un réseau de Capitaines connaissant les formations, signaux et tactiques du royaume est mis en place et permet de coordonner les mouvements des troupes.



Les Gouverneurs des Terres Extérieures: Dans les provinces particulièrement indépendantes, à l'instar de Belfalas, ou bien dans celles plus reculées à l'instar de la vallée de Morthond, le seigneur local assure les fonctions de chef des armées de toute la région, et il peut convoquer les hommes du Roi en cas de besoin, en plus des troupes qu'il dirige personnellement. Fruits de l'histoire, ou de la nécessité, ces situations particulières sont devenues la norme au sein du Gondor, et ces six illustres personnages comptent parmi les plus influents du royaume :



- Le Prince de Dol Amroth : Issu d'une lignée ancestrale, et jouissant d'une grande autonomie au sein du royaume, le Prince de Dol Amroth dirige sa propre armée personnelle, constituée notamment des célèbres Chevaliers du Cygne. Quand le besoin s'en fait sentir, il peut ordonner à toutes les troupes du Belfalas et coordonner leur action en s'imposant aux Commandants des forces royales.
Et en dernier le plus fier, Imrahil, Prince de Dol Amroth, parent du Seigneur, avec des étendards d'or portant son emblème du Navire et du Cygne d'Argent, et une compagnie de chevaliers en grand arroi, montés sur des chevaux gris, et derrière eux sept cents hommes d'armes, grands comme des seigneurs, aux yeux gris et aux cheveux bruns, chantant tandis qu'ils s'avançaient. - Le Retour du Roi

- Le Prince d'Ithilien, qui occupe également la fonction d'Emir du Harondor, jouit d'un statut exceptionnel. Du fait de la position stratégique de la région, il s'est imposé comme le chef de toutes les forces de la région, qu'il s'agisse des Rangers, des forestiers, ou des hommes envoyés par le Roi pour protéger ce passage crucial vers l'intérieur du Gondor. Cette liberté lui permet de mieux réagir aux incursions ennemies, fréquentes dans cette province très exposée.

- Le Seigneur de Calembel, qui gouverne la province du Lamedon, dirige sa population qui a toujours fourni de vaillants guerriers au Gondor. Les troupes du Roi sont peu nombreuses à patrouiller dans cette région peu menacée, et de fait aucun Général n'y réside. Le Seigneur assume donc pleinement la direction des opérations militaires quand le besoin s'en fait sentir.

Les hommes du Val de Ringlô derrière le fils de leur seigneur, Dervorin, marchant à pied: trois cents. (...) De Lamedon, quelques farouches montagnards sans capitaine.  - Le Retour du Roi

- Le Roi de Lossarnach, région particulièrement fertile du royaume, peut se prévaloir d'être le seul sujet de Gondor à détenir un titre théoriquement équivalent à celui du Roi du Gondor, même si en pratique sa soumission à la couronne est totale. Du fait du maintien d'anciennes traditions, le Roi du Lossarnach dirige les troupes sur son sol, qu'il s'agisse des hommes qu'il entretient personnellement, ou des soldats envoyés par Minas Tirith pour assurer la défense du « grenier du Gondor ».

En tête de la file marchait un grand cheval membru, sur lequel était assis un homme aux larges épaules et à la vaste panse, celui ci était vieux, et il avait la barbe grise, mais il n'en était pas moins vêtu de mailles et casqué de noir, et il portait une longue et lourde lance. Derrière lui marchait fièrement une colonne poussiéreuse d'hommes bien armés et portant de grandes haches d'armes, ils avaient le visage farouche, et ils étaient plus courts et quelque peu plus basanés que tous ceux que Pippin avait vus en Gondor. - Le Retour du Roi

-Le Seigneur de Pinnath Gelin, Gebir, dirige une région rurale et assez peu développée en comparaison des principaux pôles commerciaux du royaume. Dès lors, il n'est pas nécessaire d'y entretenir une administration militaire de première importance, et aucun Général n'a été nommé pour assurer la défense de la région, confiée au Seigneur local.

Hirluin le Beau des Collines Vertes, venu de Pinnath Gelin avec trois cents vaillants hommes vêtus de vert. - Le Retour du Roi

- Le Seigneur de la Vallée de Morthond est le seul maître des forces militaires de son fief. Quelques hommes du Roi assurent la sécurité des voies commerciales vers les autres provinces du royaume, mais en pratique les hommes de Morthond, qui comptent parmi les meilleurs archers de la Terre du Milieu, assurent eux-mêmes la défense de leurs terres. Bien rares sont les bandits à oser s'aventurer dans cette région sauvage, où les hommes sont particulièrement bien formés à la guerre.

Des hautes terres de Morthond, la grande Vallée de la Racine Noire, le grand Duinhir avec ses fils, Duilïn et Derufin, et cinq cents archers. - Le Retour du Roi


Les Provinces du Gondor  

Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! Provin10


Anfalas

L'Anfalas est une région reculée du Gondor, située le long des côtes occidentales du royaume. C'est un territoire fertile et prospère, placé sous l'autorité de la couronne. On y trouve de nombreuses familles de la petite noblesse, qui y exploitent des terres, parfois pour le compte de seigneurs plus puissants.


Anorien

L'Anorien constitue le cœur politique et économique du Gondor, marqué par la présence des deux cités les plus importantes du royaume : Minas Tirith et Osgiliath. Largement fortifiées après la Guerre de l'Anneau, les deux villes font office de rempart stratégique entre les territoires de l'Est et les Peuples Libres. Si Minas Tirith accueille la cour du Roi, ainsi que la majorité des hauts dignitaires du Gondor, le véritable pouvoir économique se trouve à Osgiliath. Cette dernière cité, avantageusement située sur l'Anduin, jonction entre les richesses du Nord – Dale et Erebor –, et du Sud – Harad et Harondor – est contrôlée par la puissante Compagnie du Sud. Ce conglomérat de marchands richissimes étend son influence sur toute la région.


Belfalas

Le Belfalas se trouve entre l'Anfalas et le Lebennin. Cette région prospère et fertile a donné son nom à la Baie de Belfalas, ce qui atteste de son importance à l'échelle locale. Bien que le Nord de la région soit relativement sûr, éloigné des zones de raid habituelles d'Umbar, les villes et villages de la côté Sud sont souvent pillées lors d'attaques éclairs. Si les habitants reconnaissent l'autorité du Gondor, et qu'ils ont toujours fourni des hommes pour les guerres du Roi Mephisto, ils comptent en général sur leurs propres moyens pour se défendre. Cet esprit indépendant se retrouve tout à fait dans le cas de la principale cité du Belfalas, Dol Amroth.


Le cas de Dol Amroth



Dol Amroth, la Cité du Cygne, a toujours été une des plus puissantes seigneuries du Gondor. Dirigée par des princes au sang elfique et numénoréen, elle envoya le plus grand contingent de toutes les provinces gondoriennes pour soutenir Minas Tirith lors de la Guerre de l’Anneau. Reconnue pour ses chevaliers, la source principale de sa puissance reste néanmoins sa flotte qui défend les côtes du Gondor contre les incursions pirates depuis des siècles. Dol Amroth rivalise avec Pelargir pour le titre du principal port du Gondor, et étant plus éloignée de la capitale, a pu garder un important degré d’autonomie. Après quelques années troublées par les soucis de succession, la Cité du Cygne s’épanouit à nouveau sous le règne du Prince Eaque. Bien que Dol Amroth n’abandonnerait jamais le Gondor en cas de guerre, l’autre nom du Belfalas, ‘Dor-en-Ernil’-la Terre du Prince, ne fait que souligner son quasi-indépendance administrative et son identité distincte.


Ethir Anduin



Le Delta de l'Anduin est une région relativement pauvre du Gondor, qui subsiste essentiellement par la pêche et quelques activités commerciales. En dépit de leur position stratégique, les habitants n'ont jamais réussi à prospérer à cause des raids pirates fréquents. Aucune cité de grande taille n'a jamais pu se développer. Pour se défendre, les hommes de l'Ethir Anduin comptent essentiellement sur les flottes de Dol Amroth et de Pelargir, qui patrouillent dans la région.


Ithilien



L'Ithilien est la longue bande de territoire qui s'étend entre le Mordor et l'Anduin. Cette zone, sous l'influence du Gondor, constitue encore aujourd'hui la première ligne de défense du royaume contre les incursions d'ennemis venus de l'Est. Sa seule cité majeure est Emyn Arnen, bâtie par le prince Faramir après la Guerre de l’Anneau. Siège des princes d’Ithilien jusqu’à la mort de Boromir II, sa population chuta fortement après cet événement tragique ; néanmoins, elle continue à jouer un rôle défensif et commercial. La région demeure sauvage et boisée. Les principaux habitants de la région sont les Rangers d'Ithilien, qui en assurent la défense depuis des siècles, ainsi que les bûcherons, chasseurs et commerçants, qui profitent des richesses de la grande forêt. Les rangers se rassemblent dans leur base secrète d'Hanneth Annûn, dont nul ennemi n'a jamais pu s'emparer. En raison de son intérêt stratégique majeur, la région est placée sous l'autorité du Prince d'Ithilien, Radamanthe, qui est également Emir du Harondor.


Lamedon



Le Lamedon se situe au pied des Montagnes Blanches, dans une région relativement riche et très peuplée. Sa principale cité est Calembel, réoccupée à l'issue de la Guerre de l'Anneau. Elle n'a pas retrouvé sa gloire d'antan, mais c'est là qu'on y trouve le Seigneur de Lamedon. La région est habitée par des hommes rudes et vaillants, qui répondent toujours à l'appel du Gondor en cas de guerre. Bien qu'habitués aux travaux des champs plutôt qu'au maniement des lames, ils sont valeureux au combat, et courageux face à la mort.


Lebennin

Le Lebennin désigne la zone qui s'étend au Sud de Minas Tirith. C'est là que l'on trouve la dernière grande ville du Sud et le principal port du royaume, Pelargir. La région est riche du commerce entretenu avec le Harad, et de sa situation stratégique sur le fleuve Anduin qui en fait un lieu d'échanges. Du fait de son importance et de son rôle dans la défense du Gondor, la ville de Pelargir est défendue par une garnison professionnelle.


Lossarnach



Lossarnach, la Vallée Fleurie, est une région généralement épargnée lors des guerres. En effet, elle est protégée par les Montagnes Blanches au nord, l’Anduin et la forteresse de Minas Tirith à l’Est, et suffisamment éloignée de la mer pour ne pas craindre les attaques des pirates. Ceci dit, les hommes de Lossarnach sont toujours prêts à défendre le Gondor contre tout envahisseur. La vallée est appréciée par la noblesse gondorienne comme lieu de chasse et de repos, mais sa fonction première est celle de grenier à blé du royaume, ses céréales, légumes, vins et bières étant transportés dans tout le pays. Le peuple de Lossarnach descend des anciens habitants des Montagnes Blanches plutôt que des Numénoréens, c’est pourquoi la contrée est dirigée par un roi, un titre existant déjà avant la création du Gondor. Ceci dit, en réalité le Roi de Lossarnach est un personnage moins influent que les Princes de Dol Amroth et d’Ithilien.


Pinnath Gelin



La région des Collines Vertes se situe à l'extrême Ouest du royaume du Gondor, en Anfalas, et ne compte aucune ville de grande importance. C'est une région rurale, et ses habitants sont essentiellement des éleveurs, agriculteurs, chasseurs ou bûcherons. Sans être pauvres, les gens y vivent dans une certaine simplicité. Les hommes qui assurent la garde de cette partie du royaume sont placés sous l'autorité du Seigneur de Pinnath Gelin, Gebir, et sont traditionnellement vêtus de vert.


Vallée du Morthond



Aussi appelée Vallée de la Racine Noire, il s’agit peut-être de la région la plus sauvage du Gondor. Aucune grande ville ne s’y trouve, ses habitants passent principalement leur vie à chasser et faire du commerce avec Dol Amroth, les deux régions étant reliées par le fleuve Morthond. Ses habitants sont belliqueux et fiers, menés par une lignée de seigneurs guerriers. Les habitants de la vallée se spécialisent dans le tir à l’arc ; même les Rangers d’Ithilien et les Archers Bardides s’inclinent devant leur maîtrise de cette arme. Le contingent envoyé à Minas Tirith par le seigneur de Morthond lors de la Guerre de l’Anneau fut second en nombres par rapport à celui de Dol Amroth. Aujourd’hui encore, les habitants de la valléeengagent volontiers dans l’armée du Gondor ou dans les compagnies mercenaires de toute sorte.


Le cas du Harondor


Le Harondor est une province du Gondor dont la population est composée en grande partie de Haradrim, ce qui fait sa spécificité et pour une part sa faiblesse. En effet, l'Emirat est dirigé par Radamanthe, qui est également Prince d'Ithilien, alors que les habitants sont majoritairement de langue et de culture suderonne. La région est en théorie un fief de Mephisto, mais en pratique elle jouit d'une grande autonomie, du fait des difficultés à y maintenir l'ordre et la cohésion. Son statut de zone tampon entre le Harad et le Sud du Gondor en fait un espace troublé et difficile à maîtriser, car soumis aux attaques des Haradrim ou des Khandéens. La présence du Gondor y est perçue tantôt comme une marque de stabilité et d'amélioration des conditions de vie, tantôt comme une forme d'invasion et d'usurpation du pouvoir.
Sujet: Sous l'œil d'Oromë
Ryad Assad

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Rechercher dans: Le Sanctuaire   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Sous l'œil d'Oromë    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 27 Mar 2020 - 19:29
Lithildren s'était enfermée dans sa chambre, incapable de prononcer plus de quelques phrases. La guerrière immortelle paraissait abattue, épuisée, pour ne pas dire désespérée. La situation était critique, et elle se trouvait enfermée dans la noble cité de Minas Tirith alors qu'elle aurait très certainement préféré parcourir le monde et goûter à la liberté que son peuple méritait plus que tout autre. Ses compagnons n'avaient pas dit mot en la voyant faire, conscients que chacun devait affronter cette épreuve à son rythme, et que le silence et le calme étaient parfois des remèdes plus efficaces que tout ce que la médecine du monde avait à offrir.

Alors, l'Elfe s'endormit d'un sommeil agité mais néanmoins réparateur. Ses compagnons, quant à eux, restèrent parler jusqu'au petit matin. Le gardien du Sanctuaire, notamment, voulait entendre toute l'histoire, et Nallus lui en fit un résumé tout à fait exhaustif à partir de ce qu'il savait. Reinil intervint par touches pour apporter des éléments de réflexion supplémentaires, afin de mettre au courant leur nouvel allié.

- La situation est plus grave que nous le pensions, fit-il en guise de conclusion. Le monde court un grand danger, nous le pressentions, mais nous n'avions pas identifié la menace. Si le général est un traître, alors le Gondor est en péril, et plus largement l'ensemble des Peuples Libres. Nous devons agir.

- Oui, répondit Réland, mais comment ? Nous n'avons pas les ressources pour inquiéter Cartogan, ni d'ailleurs les hommes nécessaires. Aucun de nos anciens alliés n'est sûr, et quand les troupes du général comprendront que nous sommes retranchés ici, elles n'hésiteront pas à venir nous en déloger.

Le vieil homme leva la main pour rassurer son interlocuteur :

- Pour l'instant, le Sanctuaire est sûr. Le général réfléchira à deux fois avant de forcer l'entrée de la demeure des Valar, et cela nous offre la ressource la plus précieuse qui soit : le temps. Le temps pour vous de vous reposer, et pour nous de trouver quoi faire. Laissez-moi vous aider.


~ ~ ~ ~


Reinil n'avait pas voulu réveiller Lithildren, mais il avait bien involontairement fait un peu trop de bruit en circulant dans la pièce, et l'Elfe était sortie de son sommeil pour son plus grand malheur. Confus, il s'approcha d'elle en s'excusant platement :

- Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous déranger… J'apportais seulement un peu de bois pour entretenir le feu dans votre chambre. Il me semblait bien qu'il en manquait hier, et je ne voulais pas que vous preniez froid.

Il dévisagea celle qu'il pouvait désormais appeler son amie, et lui trouva meilleure mine que la veille. Elle s'était débarrassée du sang et de la crasse, qu'elle avait remplacée par un air fatigué qui semblait ne pas vouloir la quitter. Reinil, comprenant qu'elle avait besoin qu'on prît soin d'elle, lui fit signe de rester allongée :

- Je m'occupe de tout.

Il lui adressa un sourire plus brillant que le soleil qui pointait derrière les rideaux, et s'éclipsa avec la diligence du plus zélé des servants, laissant Lithildren seule avec ses pensées pendant quelques temps. Par la fenêtre, elle voyait le jour se lever tranquillement sur la Cité Blanche, elle entendait les oiseaux qui chantaient, et tout cela semblait particulièrement idyllique si l'on faisait abstraction des événements de la veille. La chasse, la course effrénée, le combat, le sang versé… Tant de violence qui semblait disparaître sitôt que le jour revenait, comme si la lumière nettoyait leurs crimes pendant quelques heures, leur offrant un répit qu'ils n'osaient même pas demander.

Reinil refit son apparition, portant un repas simple mais chaud. Du pain moelleux, un potage, un morceau de fromage et quelques fruits. De quoi requinquer l'Elfe, à défaut de transcender ses papilles qui s'étaient depuis longtemps habituées à la frugalité. Le Sanctuaire n'était de toute façon pas un lieu dans lequel on trouvait le luxe et le faste des grandes demeures seigneuriales. Il s'agissait d'une maison simple, ouverte et accueillante où chacun pouvait trouver refuge s'il le souhaitait.

- Allez-y, mangez. Mais ne vous brûlez pas.

Le petit ange qui virevoltait autour de Lithildren en veillant à ce qu'elle ne manquât de rien était adorable, et désormais qu'il avait quitté son rôle d'élève modèle, il se révélait tel qu'il était vraiment : un trop jeune garçon qui s'efforçait de faire plaisir à ses modèles. Au professeur Nallus, tout d'abord, qui incarnait la toute-puissance de la connaissance. A Lithildren, ensuite, qui représentait les valeurs de courage et de loyauté desquelles il se sentait proche. Elle l'inspirait plus qu'elle ne pouvait le concevoir, et il voyait dans sa fragilité une preuve supplémentaire de sa force. Après tout, n'était-ce pas en affrontant l'adversité même alors que la vie vous mettait un genou au sol que l'on trouvait en soi-même une résilience insoupçonnée ?

Même à terre, il savait que Lithildren n'abandonnerait jamais.

Il laissa patiemment l'Elfe se sustenter, et en profita pour aérer la chambre, laissant pénétrer la lumière à l'intérieur de celle-ci. Le garçon s'affairait efficacement, et en silence, donnant tout l'espace nécessaire à son héroïne pour se préparer.

Quand elle fut prête, il la conduisit auprès de leur hôte.


Le vieil homme les attendait dans sa tenue habituelle, assis dans un épais fauteuil, son bâton de marche posé nonchalamment en travers de ses jambes. En voyant arriver Lithildren, il se leva péniblement, et lui tendit la main pour la saluer :

- Bon jour, très chère. J'espère que vous avez pu apprécier votre nuit au sein du Sanctuaire. Vous êtes sous la protection des Valar, et ici nul mal ne peut vous atteindre. Vous êtes Lithildren, c'est cela ? Je suis ravi de vous rencontrer.

Sa voix était étonnamment claire pour un homme de son âge, dont le corps semblait désormais fatigué. Il était affecté par ce mal très humain que l'on appelait la vieillesse, mais son esprit demeurait vif et il avait un certain charisme qui ne laissait pas indifférent.

- Vos amis m'ont raconté beaucoup de choses hier soir. Des choses tout à fait étonnantes. D'autres, je dois l'admettre, beaucoup plus inquiétantes. Vous avez traversé les flammes de la guerre, et vous en êtes revenue pour nous apporter votre aide précieuse. Ceci, en revanche, me semble être un motif d'espoir. Qui peut dire où nous serions sans votre arrivée ?

Il marquait un point. Si Lithildren était encore largement affectée par les combats, les fuites et les morts qu'elle avait dû abandonner tout au long du chemin, il était difficile de ne pas voir sa venue comme une bénédiction. C'était elle qui avait survécu à Ost-in-Edhil, c'était elle encore qui avait retrouvé Gilgamesh, qui s'était rendue à Minas Tirith et qui avait délivré Nallus d'un sort incertain, pour lui permettre de lutter aux côtés de toutes les âmes de bonne volonté contre l'influence du général Cartogan.

Pour terrible que fussent ses expériences les plus récentes, que se serait-il passé si elle était morte dans les souterrains de la cité elfique ? Le monde aurait-il été meilleur pour autant ? Le gardien du Sanctuaire semblait avoir sa réponse, et il voulait la communiquer à Lithidren : grâce à sa présence, ils avaient une chance de changer les choses.

- Je devine que vous vous blâmez, fit-il en repensant à sa réaction auprès de Neige, toujours convalescente. Ne soyez pas trop dure avec vous-même, souvenez-vous que même les princes, les rois et les immortels peuvent être dans l'erreur. Même les Valar, dans leur grande sagesse, sont imparfaits.

Il eut un sourire songeur, indéchiffrable, et revint à des choses plus pressantes.

- Il ne m'appartient pas de me mêler des affaires des hommes au pouvoir, Lithildren, mais ce Cartogan est une menace bien trop grande pour être ignorée. Vous même, Elfe de votre état, avez choisi de vous engager pour défendre la cause des Hommes. Vous savez donc de quoi je parle. Nous avons tous une responsabilité individuelle de nous dresser face à l'adversité, si nous voulons chasser le mal qui nous corrompt.

Il emmena Lithildren marcher quelques pas, et fit signe discrètement à Reinil de ne pas les suivre. Jusqu'à présent, le garçon avait écouté en silence, légèrement en retrait, attentif aux paroles échangées comme s'il écoutait une leçon. Il hocha la tête avec obéissance, mais un brin de déception le saisit alors qu'il jetait un regard désespéré à l'Elfe. Il aurait voulu être à ses côtés. Le gardien du Sanctuaire l'emmena plus loin, sous la voûte impressionnante du Sanctuaire. Les lieux étaient raffinés, d'une beauté simple et pure qui semblait traverser les âges. Le vieil homme allait lentement, prenant appui sur son bâton pour économiser ses forces, sans pour autant renvoyer une impression de faiblesse. Ce paradoxe était curieux. Il observait les fresques sur les murs, qui renvoyaient à des épisodes de l'histoire depuis longtemps oubliés.

- Je vous devine égarée, Lithildren. Il en est ainsi quand on passe trop de temps à arpenter cette terre, sans savoir où est notre destin. Parfois, ce sont les petits riens qui nous maintiennent en vie, qui nous donnent de l'espoir. L'amour, notamment, est une force contre laquelle on ne peut rien. Je l'ai appris d'un vieil ami…

Une pensée fugace passa dans son esprit, lui tirant un petit sourire amusé.

- Souffrir d'amour est incroyablement douloureux, mais l'amour a plusieurs formes. Il s'incarne dans des êtres que nous n'aurions pas cru rêver d'aimer un jour, et parfois nous surprend. Reinil, par exemple…

Il marqua une pause, laissant le temps à l'Elfe de comprendre où il voulait en venir.

- Ce garçon vous aime, c'est évident. Pas de cet amour adulte, qu'il ne connaîtra que plus tard, quand il aura tiré le nez de ses livres et de ses plumes. Mais il vous aime, comme un fils aimerait sa mère. Par amour, il se trouve ici, risquant sa vie pour défendre le Gondor… Il ne connaît ni l'épée ni la lance, et pourtant il tiendrait tête à dix chevaliers pour défendre votre vie. Voyez Réland, il faudrait être aveugle pour dire qu'il n'aime pas Neige. Avec un bras valide, il est prêt à défier Cartogan en personne et à mourir pour cette noble cause.

L'espion avait révélé toute sa fragilité la veille au soir devant le corps inanimé de Neige, et il avait fendu le cœur de ses compagnons, qui l'avaient entendu sangloter doucement la nuit dernière. Personne n'en dirait mot, respectant pudiquement son chagrin, mais une telle dévotion était admirable. Le gardien revint à Lithildren :

- Ce Reinil, je crois que vous l'aimez aussi, au fond. Un jour, nous pourrons parler de stratégie, nous pourrons parler de comment défaire Cartogan, comment échapper à ses sbires et protéger le Gondor. Aujourd'hui, cependant, nous parlerons du pourquoi. Du sens à donner à tout ceci. Si vous aimez ce garçon, dites-le lui, et servez-vous de cet amour pour chasser les nuages qui pèsent sur votre vie. Vous aurez besoin d'avoir l'esprit clair pour affronter les dangers qui se dressent devant nous.

Il leva la tête vers le plafond, et resta un moment à le contempler. Ce qu'il n'osait pas dire à Lithildren, c'était qu'il ignorait de quoi l'avenir serait fait. La mort pouvait les frapper à tout moment, et même s'il était convaincu de l'inviolabilité du Sanctuaire, il ne pouvait pas imaginer que Cartogan resterait passif. Les Eldar étaient destinés à voir leurs esprits perdurer dans les Terres Immortelles, mais s'il advenait quelque chose à Reinil… Si par malheur la mort venait le cueillir, alors Lithildren le perdrait à jamais.

#Nallus #Reinil #Réland #Neige
Sujet: Quand vient le silence
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Geôles   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Quand vient le silence    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 6 Aoû 2019 - 13:58

La réaction de Lihtildren fut marquée par la promptitude et un sens de priorités qui témoignait d'une habitude de ce genre de circonstances. En effet, la guerrière aux oreilles pointues avait déjà eu l'occasion de se retrouver dans des situations difficiles, voire désespérées, et elle en avait conçu une capacité à faire les choix qui s'imposaient sans laisser les paramètres extérieurs et secondaires la distraire une seule seconde de sa mission. Ce fut sans nul doute la raison pour laquelle elle trouva la force de traîner cette table épaisse jusqu'à la porte pour essayer de barrer le passage aux inévitables renforts. Un geste fou qu'un humain normal n'aurait pu accomplir, mais qui leur conférait de précieuses secondes pour parvenir à s'échapper.

Neige encore sonnée, Nallus trop faible pour avancer, la responsabilité de leur fuite reposait entièrement sur les épaules de l'Elfe qui cherchait à parer à tous les dangers au mépris de sa propre sécurité. Une telle stratégie était noble et louable, mais elle présentait l'inconvénient majeur de ne pas être viable. Elle ne pouvait tout simplement pas porter deux personnes, et espérer doubler des hommes déterminés à les rattraper et à ne pas les laisser filer.

Elle avait retardé leur arrivée, mais déjà ils achevaient de déplacer la table, ultime obstacle à leur course poursuite, et s'élançaient à leurs trousses. Lithildren pouvait presque sentir leur souffle bruyant sur sa nuque, comme des taureaux lancés à la charge sur ses talons. Si elle se retournait, si elle prenait même un bref moment de répit, ils la rattraperaient et planteraient leurs cornes d'acier dans sa colonne vertébrale, sans se soucier des raisons pour lesquelles elle s'enfuyait ainsi. Telles des bêtes de guerre, les gardes ne se posaient pas de questions politiques ou philosophiques : ils étaient mus par le désir d'accomplir leur devoir, et sur un plan plus personnel par l'envie de se venger de ceux qui avaient tué leurs collègues.

Fort heureusement pour elle, et pour la cause qu'elle défendait, Lithildren n'était pas seule. Elle pouvait compter sur l'assistance inespérée des hommes de Neige, de fidèles défenseurs du Gondor qui étaient prêts à intervenir à n'importe quel moment. En entendant son appel à l'aide, ils se mobilisèrent comme le leur avait appris leur formidable entraînement, et bondirent au secours des deux guerrières.

- Occupez-vous de Neige, amenez-la au point de rendez-vous ! Cria le premier alors qu'il passait devant elle pour aller cueillir au passage les geôliers.

Le point de rendez-vous. Autrement dit le Sanctuaire, le seul endroit où la garde ne viendrait pas les traquer, et où ils pourraient bénéficier d'une assistance bienvenue. C'était là que se trouvaient Reinil et Réland, c'était là qu'ils pourraient obtenir les réponses à leurs questions, et c'était sans nul doute là qu'ils auraient le temps et l'espace pour interroger confortablement Nallus.

Restait encore à y arriver.

Alors que depuis l'étroit couloir qui menait aux geôles parvenaient des bruits de combat qui indiquaient que les hommes de Neige avaient rencontré leurs adversaires et qu'ils s'arrangeaient pour leur mener la vie dure, cette dernière n'avait toujours pas repris ses esprits. Même quand Lithildren s'attacha à relever Nallus pour l'emmener vers le Sanctuaire, elle demeura prostrée, un genou à terre, incapable de retrouver son souffle et de s'élancer avec sa compagne elfique en direction du Sanctuaire.

L'espionne finit par lever la tête, affichant une grimace qui en disait long :

- Sale soirée, finit-elle par lâcher en montrant sa main gauche couverte de sang.

Sur son flanc s'étirait une blessure qui n'était pas belle à voir, probablement réalisée par une lame. Mais ce n'était pas le colosse qui avait poignardé la guerrière aux cheveux blancs, de cela Lithildren pouvait être certaine, puisqu'elle avait vu le combat. Elle avait vu Neige aux prises avec ce géant gondorien, qui l'avait envoyé à travers la pièce. Elle avait vu l'impact, elle avait vu le corps retomber sur le sol. A aucun moment l'espionne n'avait été poignardée. Et pourtant elle saignait effectivement, comme en attestait les gouttelettes de sang qui recouvraient peu à peu les pavés de Minas Tirith.

- Vous auriez vraiment dû achever ce gamin…

Le gamin. Le jeune garçon que Lithildren n'avait pas su tuer, et qu'elle s'était contentée d'assommer. Bien évidemment, il avait trouvé le moyen de se réveiller au pire moment, et de poignarder Neige alors qu'elle était la plus vulnérable. Voilà quel était le prix de la pitié. Un prix qui se payait dans le sang, et qui avait le goût amer de la trahison. Mais ce gamin n'avait jamais demandé à être épargné, il n'avait jamais demandé à ce qu'on lui sauvât la vie alors que ses deux compagnons trouvaient la mort d'une manière aussi cruelle que violente.

Ne pensait-il pas lui aussi à la vengeance ?

Garderait-il en tête le visage de Lithildren en la maudissant à jamais de l'avoir choisi pour vivre alors que ses amis devaient mourir ? Ou finirait-il par comprendre que la guerrière n'avait pas pu se résoudre à ôter la vie à une âme si jeune, et qu'il avait dû son salut autant à la chance qu'à une extraordinaire compassion de la part d'une Elfe pour qui il ne représentait pas davantage qu'un obstacle de plus sur le chemin de la réussite.

En attendant, il se consolerait dans l'alcool, et dans la satisfaction d'avoir porté un coup décisif à une des femmes venues les agresser. Il pourrait s'en vanter auprès de ses supérieurs quand ils prendraient connaissance de l'affaire, et passerait brièvement pour un héros, avant de sombrer dans l'oubli comme tous les autres.

Neige jura à voix basse :

- Je vais avoir besoin de votre aide, je ne pourrai pas arriver jusque là-bas par mes propres moyens.

Elle était bien consciente que cela exigerait un effort immense de la part de l'Elfe, car soutenir deux personnes blessées n'était pas une mince affaire, surtout en devant éviter les gardes qui se trouvaient dans les rues, et qui ne manqueraient pas de patrouiller dans les environs d'ici peu. Restait cependant un problème : Nallus. Le vieil homme ne semblait pas mécontent d'avoir quitté sa prison, mais il n'en demeurait pas moins un érudit de Minas Tirith, un personnage respectable qui ne souhaitait pas s'attirer plus d'ennuis que nécessaire. Conscient qu'il venait d'être libéré par la force, ce qui faisait de lui un fugitif, il demanda :

- Mais… Mais qui êtes-vous ? Et que me voulez-vous ?

Il était inquiet, effrayé, et une partie de lui semblait vouloir fuir très loin d'ici, voire retourner dans sa cellule pour implorer le pardon royal. Il ignorait cependant tous les enjeux qui pesaient sur lui, et qui le rendaient si important.

- Pourquoi m'avez-vous fait évader ? Répondez !

L'autorité naturelle de ce professeur habitué d'être écouté par ses élèves était revenue sitôt qu'il avait posé le pied dehors, et il était évident qu'il ne bougerait pas de son plein gré avant d'avoir obtenu une réponse satisfaisante. Malheureusement, le temps était leur ennemi en la matière, et les deux femmes ne pouvaient pas tenir une conversation à voix haute au milieu de la rue, au risque d'être reprises par la première patrouille. Lithildren devait apprivoiser Nallus, trouver les mots pour le mettre en confiance, et surtout réfléchir à un plan pour les amener tous jusqu'au Sanctuaire.
Sujet: Quand vient le silence
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Geôles   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Quand vient le silence    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 30 Juil 2019 - 14:18

En voyant Lithildren revenir avec un homme qui correspondait peu ou prou à l'image que l'on pouvait se faire d'un érudit, Neige hocha la tête, satisfaite. Elle avait craint que l'Elfe ne passât trop de temps à essayer de le localiser, mais grâce à un interrogatoire rapide et quasiment militaire des détenus, elle réussit à éliminer ceux qui n'étaient que des usurpateurs, pour mieux se rapprocher du véritable professeur. Nallus, lourdement appuyé contre elle, paraissait ne pas encore réaliser qu'il était en train d'être libéré de manière illégale par deux femmes qu'il ne connaissait pas. L'espionne s'approcha de lui, et l'examina de manière sommaire pour voir s'il n'avait rien :

- Suivez-moi, nous allons essayer de sortir sans nous faire remarquer.

C'était la partie la plus délicate. Après être entrées sans rencontrer une trop grande résistance, elles devaient faire le chemin inverse, avec un homme épuisé et de toute évidence incapable de se défendre si nécessaire. Il représentait un considérable handicap dans ces circonstances, et elles n'avaient pas le temps de concevoir un plan fiable pour s'enfuir. Leur seule option était de repartir par le même chemin, et d'espérer échapper aux gardes, aux patrouilles et aux hommes de Rhydon qui continuaient à les chercher à travers la cité.

Un jeu d'enfant, songea-t-elle avec ironie.

Nallus était à peine conscient, mettant un pied devant l'autre davantage par réflexe que par sa propre volonté. Il occupait presque entièrement Lithildren, qui dans le meilleur des cas pouvait dégager un bras pour se défendre. Neige laissa l'Elfe en charge de l'homme, et prit la tête du petit groupe, fendant les ombres sans se retourner. En d'autres circonstances, elle aurait assumé personnellement la charge de la protection d'un homme aussi important que le professeur, mais pas aujourd'hui. La blessure qu'elle avait reçue un peu plus tôt, bien que pansée soigneusement, la lançait toujours et réduisait sa mobilité. Elle aurait eu du mal à soutenir Nallus au rythme auquel elles avaient besoin d'avancer. Raisonnable malgré son désir de contrôler la situation, elle jugea plus prudent de confier la garde du vieil homme à Lithildren, qui semblait en forme et alerte.

Les deux femmes remontèrent le long couloir, sous les appels de plus en plus nombreux des prisonniers qui se réveillaient les uns après les autres, en espérant être libérés eux aussi. Elles étaient presque arrivées au bout quand elles entendirent une voix en face d'elles :

- Oh, c'est quoi ce bordel ? On n'arrive pas à dormir avec ce boucan !

L'intervention demeura sans réponse.

- Les gars ? Vous êtes là ?

Sans réfléchir, Neige s'élança en avant, abandonnant Lithildren derrière elle. Son esprit de combattante s'était mis en branle, et elle comprit que si elle ne parvenait pas à tuer cet homme assez rapidement, il donnerait l'alarme et réveillerait tout le monde. Ses pieds filaient sur le sol comme si elle était sur le point de s'envoler. Oiseau de proie en quête d'une victime, elle rompit la distance alors que le soldat découvrait, ébahi, les cadavres de ses compagnons d'armes. Au moment où il songeait à se retourner, elle sauta sur son dos massif, lui plaquant une main sur la bouche, tandis que de l'autre elle lui enfonçait sa dague dans le dos.

Trois coups mortels.

Trois coups qui auraient dû le terrasser sans la moindre difficulté.

Toutefois, l'homme était un véritable taureau, au corps large et musculeux. Il était grand comme une armoire, et il pesait presque le double du poids de la guerrière qui venait de le poignarder, vulgaire renard contre un bœuf déchaîné. Avant de s'écrouler, il rua et envoya le corps de Neige valdinguer à l'autre bout de la pièce. La jeune femme s'écrasa contre un buffet avec fracas, et retomba lourdement sur le sol, inerte.

Le garde, quant à lui, se mit à beugler à pleins poumons, alors qu'il découvrait l'étendue de sa blessure :

- À moi ! À moi ! On nous attaque !

Il se recroquevilla sur lui-même, en essayant de sauvegarder ses maigres forces. Hélas pour lui, il n'en avait plus que pour quelques minutes. La tueuse qui l'avait attaqué n'avait pas manqué son coup. Celle-ci recommença à bouger, retrouvant ses esprits progressivement alors que le monde cessait enfin de tourbillonner autour d'elle. Toujours étendue par terre, les cheveux en bataille, et sa dague égarée, elle croisa le regard de Lithildren. Un regard qui ne trahissait aucune forme de peur ou d'inquiétude. Seulement la résolution dont elle avait fait preuve dans la cave, la même résolution qui lui avait permis d'arriver si loin.

L'Elfe se trouvait à cinq ou six mètres de l'escalier, et à sa droite, la porte de laquelle surgiraient les quatre geôliers qui n'avaient pas manqué d'entendre l'appel à l'aide de leur compagnon. A sa gauche, l'espionne couverte de bris de verre et de bois, qui récupérait difficilement du choc qu'elle avait reçu.

Il n'avait fallu qu'une brève seconde pour que leur infiltration discrète se transformât en un désastre.

Une seconde.

C'était tout ce dont disposait Lithildren pour décider quoi faire.
Sujet: Quand vient le silence
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Geôles   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Quand vient le silence    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 30 Juil 2019 - 12:07



Tuer.

Neige l'avait déjà fait, à tel point que le geste de prendre une vie n'avait pas plus de sens pour elle que celui d'enfiler ses bottes. Elle avait depuis longtemps fait le deuil de sa conscience, et sa froideur légendaire tenait principalement à sa capacité à surmonter l'horreur de ses activités pour toujours accomplir sa mission. Aujourd'hui cependant, elle ne put s'empêcher d'avoir un moment de doute alors qu'approchait l'heure de faire couler le sang. Assassiner un ennemi du royaume était une chose, mais tuer un confrère de l'armée royale en était une autre. Elle faisait tout cela par nécessité, elle le savait. Mais était-ce suffisant pour empêcher son bras de trembler au moment de frapper ?

Quand les deux femmes durent passer à l'action, l'Elfe choisit la ruse à la force, et elle utilisa un habile subterfuge afin de s'approcher des trois hommes. Feignant d'être seule et blessée, elle les rassembla autour d'elle, ce qui devait faciliter leur funeste travail. Sitôt que Lithildren fut passée à l'action, Neige entra en scène. Vive comme un fauve, elle bondit hors de sa cachette et se jeta sur son premier adversaire. Un soldat qui lui rendait facilement une bonne tête, mais qui payait cet avantage par une lenteur et une maladresse qu'il n'aurait pas le temps de regretter. La guerrière bloqua sa main forte qui s'était refermée sur le manche de son épée, et lui enfonça sa dague si profondément dans la gorge qu'elle éteignit tout son sortant de sa bouche sinon un horrible gargouillis. Le sang se mit à couler à gros bouillons, éclaboussant son visage et ses vêtements, mais elle ne s'en souciait guère.

Elle avait vu bien pire.

Derrière elle, Lithildren achevait son second adversaire, qui s'écroula. Cependant, l'espionne nota qu'elle avait pris soin de ne pas le tuer, et qu'elle s'appliqua à ce qu'il ne se brisât pas la nuque en chutant. Un moment d'humanité qui pouvait se révéler dangereux pour la suite, mais l'Elfe avait pris sa décision. Elles n'avaient pas le temps ni de quoi le ligoter, aussi devaient-elles espérer qu'il ne se réveillerait pas de manière inopinée. En temps normal, la guerrière aux cheveux blancs lui aurait promptement tranché la gorge, mais ce gamin du Gondor ne méritait pas un tel sort.

Confuse, Neige lança un regard ambivalent à Lithildren, qui oscillait entre la compréhension et le reproche. Tout aurait été plus simple si l'Elfe l'avait tué quand elle le pouvait encore. Cela leur aurait épargné des questionnements moraux qui ne pouvaient que venir parasiter leur mission. Leur plan était en marche, cependant, et elles ne pouvaient pas revenir en arrière désormais. Continuer était la seule option.

Agissant avec un calme qui trahissait son habitude de ce genre de situations, Neige localisa rapidement les clés qui leur ouvriraient les portes de la prison. Un gros trousseau où était suspendue une vingtaine d'entre elles sortit de la poche d'un des gardes. Impossible de savoir laquelle ouvrirait la cellule de Nallus, elles devraient les essayer les unes après les autres, en espérant avoir de la chance.

- On y va, souffla la femme à voix très basse.

Elles se mirent en route, arme au poing, et descendirent dans les cachots à proprement parler. Un escalier sinueux serpentait vers les profondeurs, s'ouvrant sur un long couloir assez étroit, frais et humide comme une caverne. Les cellules se disposaient à droite et à gauche, plongées dans l'obscurité. Des ronflements en sortaient, assez nombreux pour que l'on devinât qu'il s'agissait d'un emprisonnement collectif. Les individus incarcérés ici étaient probablement des délinquants mineurs, pris dans des bagarres de taverne ou pour de menus larcins. Ils n'étaient pas dangereux, et seraient remis en liberté d'ici peu. Les individus qui exigeaient une surveillance plus importante étaient placés plus loin, et les deux femmes pressèrent le pas, suivant leur intuition.

L'absence de lumière ne facilitait pas leur tâche, même pour Lithildren, qui ne voyait qu'à condition de disposer d'un maigre rai de lumière pour lui permettre de distinguer formes et contrastes. Dans cette nuit quasi-totale, elles ne pouvaient distinguer les visages qu'en se rapprochant très près de leur interlocuteur. Elles auraient bien pu prendre une torche, mais leur objectif était de rester discrètes, et non de réveiller la moitié de la prison.

- Vous pourrez reconnaître Nallus ? Demanda Neige.

Elle avait toujours supposé que Lithildren le connaissait, ou du moins qu'elle savait à quoi il ressemblait. Sa question innocente portait surtout sur le degré de luminosité, qui pouvait gêner une identification. Cependant, elle mettait le doigt sur une nouvelle difficulté : comment identifier un homme dont elles n'avaient jamais vu le visage ?

Avant d'avoir obtenu une réponse de la part de l'Elfe, l'espionne entendit une voix surgir à sa droite. Une silhouette, de l'autre côté des barreaux, qui paraissait voûtée et fatiguée.

- C'est moi, Nallus… Fit l'homme.

Neige n'en revenait pas de leur chance. Elle saisit ses clés, se préparant à ouvrir la porte, quand soudainement une autre voix dans son dos l'appela :

- Non, c'est moi… Ne l'écoutez pas, il ment…

Elle s'interrompit dans son geste, et jeta un regard à Lithildren. Les détenus les plus désespérés étaient prêts à tout pour sortir d'ici. Elles virent des mains se tendre dans leur direction, puis une troisième voix s'éleva, et une quatrième. Ils se présentaient tous comme Nallus, en espérant être les heureux élus à quitter ces cellules sordides et crasseuses. L'espionne jura, et tendit les clés à l'Elfe :

- Prenez ça, et trouvez le vrai Nallus. Je surveille l'entrée, j'ai peur que ce vacarme ne finisse par réveiller les autres gardes. Dépêchez-vous !

Leur mission rencontrait une complication inattendue. A défaut de connaître le visage de l'universitaire, Lithidren devrait trouver un autre moyen de vérifier son identité. Elle n'avait pas beaucoup de temps, et qui savait combien de faux professeurs elle devrait croiser avant de trouver l'homme qu'elle était venue libérer ?
Sujet: Quand vient le silence
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Geôles   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Quand vient le silence    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 28 Juil 2019 - 18:06

Le changement de décor était pour le moins radical.

A travers sa quête folle, Lithildren pouvait découvrir toutes les splendeurs de Minas Tirith, une cité renommée à travers toute la Terre du Milieu pour son architecture. Bien des visiteurs s'émerveillaient sans se cacher devant la splendide silhouette de la forteresse taillée dans le roc le plus blanc, et leurs premiers pas derrière les murs se transformaient en une contemplation avide de l'élégance imposante de la grande capitale des Hommes. Pour autant, si l'Elfe avait eu l'opportunité de découvrir les bas-fonds d'une ville qui cachait sa part d'ombre, et le calme exquis de l'Université, elle faisait officiellement ses premiers pas dans les plus hauts cercles de la ville. Les geôles se trouvaient bien plus haut qu'on aurait pu le croire, constituant le seul endroit sombre et humide dans des quartiers qui se distinguaient par une richesse opulente.

Ils avaient pénétré dans le domaine de la haute noblesse du Gondor, et cela se ressentait.

Moulures et décorations spectaculaires ornaient les façades de la plupart des bâtiments, qui se distinguaient les uns des autres par les blasons familiaux inscrits dans la pierre depuis des temps immémoriaux, ou depuis beaucoup plus récemment. On reconnaissait les armes de puissantes familles, notamment les Sora dont le lion rugissait pour effrayer les visiteurs, mais aussi de lignées plus modestes qui ne manquaient pas de s'élever dans les hautes sphères, à l'instar des Praven.

Ici, la nuit ne signifiait pas l'apparition de personnages douteux, de malandrins en quête de méfaits à accomplir, ou de miséreux noyant leur solitude dans l'alcool. Non. Les rues étaient calmes, paisibles, seulement dérangées par les patrouilles fréquentes qui assuraient la sécurité des biens et des personnes. On voyait ici ou là des passants, qui s'éclipsaient bien vite sitôt qu'ils se sentaient observés : probablement des aristocrates en quête d'une chair plus ferme et plus jeune que celle de leur femme, et qui ne tenaient pas à être reconnus à cette heure.

Neige fit un mouvement de la main, et les trois silhouettes qui la suivaient s'arrêtèrent sans un mot.

Aussi silencieux qu'ils pouvaient l'être avec leur équipement, ils se dissimulèrent derrière un pan de mur, et firent en sorte de surveiller les environs dans toutes les directions. On n'était jamais trop prudent. Grâce au concours de plusieurs soldats placés stratégiquement, ils avaient été en mesure de rejoindre le quatrième niveau sans rencontrer la moindre difficulté, mais désormais qu'ils se trouvaient plus proches du centre du pouvoir de Rhydon, ils devaient augmenter leur méfiance. N'importe quel homme en arme pouvait les dénoncer, n'importe quel civil anodin pouvait être un espion à sa solde. Or, ils n'avaient pas le droit à l'erreur.

L'espionne se tourna vers sa compagnie, et leur fit signe d'approcher. A voix très basse, elle leur expliqua la situation :

- J'ai repéré deux gardes en faction à l'entrée. Protocole conventionnel. Il y a certainement trois gardes de plus à l'intérieur, et cinq autres qui dorment dans les baraquements. Un autre groupe de cinq hommes viendra prendre la relève d'ici deux ou trois heures, ce qui nous laisse amplement le temps d'entrer et de sortir avec Nallus sans nous faire repérer.

Elle désigna les deux hommes de l'index :

- Vous deux, vous resterez au dehors et vous assurerez la protection des lieux. Le plus difficile n'est pas d'entrer, mais bien de sortir avec un prisonnier. Faites en sorte de surveiller la progression des patrouilles, et dites-leur ce qu'ils veulent entendre pour les faire partir.

Tournant la tête vers Lithildren, elle ajouta :

- Nous allons entrer. A l'intérieur, nous serons à deux contre trois, ce qui signifie qu'il faudra agir rapidement. Si nous pouvons éviter un massacre, nous le ferons, mais si les trois hommes donnent l'alarme, leurs compagnons se réveilleront et nous serons piégées. Je préfère voir trois cadavres plutôt qu'une dizaine, c'est compris ?

La jeune femme aux cheveux blancs n'avait jamais aimé compter les vies ainsi, a fortiori quand il s'agissait de celle d'enfants du Gondor. Elle n'appréciait pas de devoir décider combien d'hommes justes et bons, qui se contentaient d'accomplir leur travail quotidien, devraient perdre la vie pour réaliser un objectif bien supérieur. La plupart avaient des enfants, une femme, une famille qui les attendait et qui n'aurait pas la chance de les voir revenir demain matin. Mais tout ceci valait la peine, elle devait s'en convaincre au risque de devenir folle. Un regard vers Lithildren lui fit comprendre qu'elle n'était pas la seule à s'interroger. Toutefois, les perspectives d'un échec étaient plus terribles encore, et elles devaient choisir le moindre mal. Ayant terminé de distribuer ses consignes, Neige dispersa tout le monde, chacun à son poste, avant de se présenter seule dans la rue, devant la porte des geôles. Elle jeta un dernier regard à ses compagnons qui progressaient discrètement pour prendre les sentinelles par surprise, avant de feindre de ne pas avoir connaissance de leur existence.

Le pari était risqué, mais d'après ses calculs la prochaine patrouille ne passerait pas avant encore quelques longues minutes. C'était maintenant ou jamais.

- Halte là, lui firent les gardes en s'approchant innocemment. Que voulez-vous ?

- Je suis en mission pour Sa Majesté, j'ai pour ordre de récupérer un prisonnier et de le mettre en sécurité.

Elle leur présenta un petit objet de bois qu'ils n'eurent aucun mal à reconnaître. Lithildren portait le même dans sa tunique, un morceau de bois soigneusement taillé qui semblait doté de grands pouvoirs dans la Cité Blanche. Qu'aurait pensé Neige en sachant qu'elle en possédait un similaire ? L'espionne avait concocté un plan simple : essayer de convaincre les gardes de la laisser libérer Nallus de leur plein gré, et utiliser la force s'ils se montraient peu coopératifs. Elle aurait pu envoyer quelqu'un d'autre pour cela, mais le risque d'échec était au moins aussi grand, et une grande partie de sa stratégie dépendait du fait qu'elle devait être reconnue. Rhydon devait savoir qui avait fait échapper Nallus, afin de le forcer à paniquer. Cependant, pour cela, elle s'exposait à de grands dangers, car peut-être son supérieur avait-il déjà mis sa tête à prix. Pendant une poignée de secondes, elle se demanda si l'un d'entre eux porterait la main à son arme, et si elle serait assez rapide pour lui trancher la gorge avant de lui avoir laissé le temps de réagir.

Ils ne montrèrent aucun signe agressif, cependant, au grand soulagement de tout le monde. L'ordre n'avait pas dû parvenir jusqu'à eux.

- Je suis désolé madame, nous avons reçu des ordres stricts, et vous devez présenter un document signé pour pouvoir accéder aux geôles.

- Oh bien sûr, répondit-elle en se frappant le front.

Sa main glissa dans sa poche pour chercher un papier qu'elle leur tendit sous les yeux. Alors qu'ils s'avançaient pour en prendre connaissance, ils furent prestement neutralisés. Lithildren et un des hommes s'emparèrent du premier, tandis que le second fut mis hors combat par Neige et son acolyte. Ils n'avaient pas eu le temps de prononcer un cri, chacun ayant bien veillé à leur placer une main sur la bouche pour les empêcher de rameuter les autres. Les deux sentinelles furent plongées dans l'inconscience de manière fort peu délicate, mais au moins ils vivraient.

La première partie du plan était lancée.

Lithildren et Neige échangèrent un regard, avant de saisir les clés qu'elles firent tourner dans la lourde porte métallique. Celle-ci grinça bien plus qu'elles ne l'avaient espéré, et elles durent prendre un luxe de précautions pour éviter d'avertir toute la compagnie qui se trouvait à l'intérieur de leur arrivée. Fort heureusement, elles ne perçurent pas de réaction notable. Les autres gardes étaient sans doute installés dans une salle un peu plus bas, occupés à bavarder ou à jouer sans le moindre doute. L'espionne mit un doigt sur sa bouche, et fit signe à Lithildren de passer en premier. L'Elfe avait l'avantage incomparable de pouvoir se repérer aisément tant qu'il y avait un peu de lumière, là où sa compagne serait probablement aveugle. Les torches qui brûlaient à intervalle régulier le long de l'escalier créaient de petites bulles lumineuses au milieu de gigantesques zones d'ombres épaisses qui leur offraient une cachette idéale.

Un poignard glissa dans la main de Neige, qui progressait lentement, tendant l'oreille pour capter la position d'éventuels adversaires. Elle repéra d'abord un bourdonnement, avant de se rendre qu'il s'agissait de l'écho déformé d'une conversation. Les mots, d'abord indistincts, se mirent à avoir toujours plus de sens, jusqu'à former un tout intelligible :

- … bérée hier soir, apparemment quelqu'un a tiré des ficelles en haut lieu pour la faire sortir. Ça restera un mystère cette affaire.

Un deuxième répondit :

- Oui comme tu dis. J'avais jamais vu quelqu'un garder son masque à l'intérieur d'une cellule. Tu as déjà vu son visage, toi ?

- Non, fit le premier. Jamais. C'est vraiment bizarre… d'abord un prisonnier qui meurt sans explication, puis une qui est relâchée sans prévenir. Ce sera quoi demain ? Un qui ira déjeuner avec notre bon roi Mephisto ?

Ils partirent d'un rire amusé. Le front plissé de Neige se détendit soudainement en entendant une troisième voix dans le lot, qui semblait plus jeune que les deux autres. Beaucoup plus jeune. Probablement un garçon qui accomplissait ses premières années, et qui avait été affecté à cette mission peu prestigieuse mais particulièrement importante. Un gamin dans une armure, qui se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment.

- Je m'inquiète pour notre souverain, en parlant de ça, répondit-il à ses compagnons. J'ai entendu dire que sa santé déclinait, et qu'il refusait de voir qui que ce soit.

- C'est normal gamin… Tu imagines, perdre ton fils ? L'héritier du trône du Gondor ? Nous avons participé à la campagne d'Assabia, et je peux te dire que…

Lithildren fut perturbée dans son écoute par Neige, qui lui avait touché le bras pour la ramener aux considérations immédiates. Elle leva trois doigts, qui désignaient de toute évidence les trois geôliers, et fit glisser son index sur sa gorge. Le message était universel. Ils n'avaient d'autre choix que de mettre à mort ces trois hommes, qui leur barraient la route. Le poignard de la guerrière aux cheveux blancs brilla dans la nuit, alors qu'elle se préparait à bondir. Mais c'était bien Lithildren qui se trouvait là en premier. Elle avait confirmation du nombre d'adversaires, mais ignorait tout de leur position, ou encore de la configuration de la pièce. Cela signifiait qu'elle devrait improviser dès qu'elle aurait quitté les ombres rassurantes du couloir pour rentrer dans la salle des gardes. Cela signifiait aussi qu'elle ignorait qui serait son premier adversaire. Un des deux vétérans d'Assabia, probablement des soldats expérimentés et talentueux ? Ou bien le gamin dont la voix trahissait son manque d'assurance ?

Le sort ne leur facilitait pas la tâche.

Neige hocha la tête, comme pour lui dire « je suis avec vous, je ne vous laisse pas tomber ». Un bien maigre réconfort, alors que que les rires des geôliers se firent entendre, comme pour souligner le contraste avec la brutalité qui allait suivre.
Sujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire
Ryad Assad

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 28 Juil 2019 - 12:33

- Rhydon lié à la Fraternité ? Peut-être qu'il est effectivement en contact avec ces gens, mais quoi qu'il arrive il représente une menace et doit être éliminé. Dans la mesure du possible, nous essaierons de lui arracher ses secrets, mais le laisser en vie présente un risque trop grand. Le tuer doit être notre priorité absolue.

Lithildren avait raison, cependant. Si Rhydon n'était qu'un simple pion sur l'échiquier, il fallait être capable de neutraliser celui qui le commandait, et qui était peut-être le cerveau derrière tout cela. Il faudrait de la retenue pour cela, mais Neige n'était pas certaine de pouvoir y parvenir. Elle connaissait assez son supérieur pour savoir qu'il ne se rendrait pas sans combattre. Inflexible, il avait l'âme d'un militaire, et elle ne l'imaginait pas se rendre facilement. Il disposait en outre de toutes les ressources de l'armée régulière pour les arrêter s'il le souhaitait, et pour Lithildren, il exerçait peut-être même son influence directement sur le général Cartogan. Si tel était le cas, alors il pouvait paralyser la machine militaire du Gondor, et tuer leur petite rébellion dans l'œuf.

- Le commandant des troupes du Lebennin, ce Mevan dont vous parlez… Vous pensez qu'il pourrait être de notre côté ?

La question apparemment anodine de Neige ne l'était pas tant que ça. Elle préférait ne pas en arriver à de telles extrémités, mais si nécessaire ils pouvaient peut-être trouver un appui inespéré dans la présence de cette forte garnison à l'extérieur des murs de Minas Tirith. Si, comme l'affirmait Lithildren, la troupe commençait à s'interroger sur ce que les autorités militaires complotaient, et que leur officier supérieur venait à être pris pour cible, cela pouvait conduire le royaume aux portes de la guerre civile. Dans ce cas, les troupes du Lebennin, qui comptaient parmi les plus expérimentées et les plus disciplinées du royaume, pouvaient se révéler être un formidable allié pour contraindre Rhydon et ses partisans à déposer les armes. Pourtant, si le conflit venait à prendre une telle ampleur, ils auraient échoué dans un sens en permettant à leurs ennemis de diviser l'armée du Gondor, alors que les menaces extérieures exigeaient que le royaume s'unît dans la difficulté.

Achevant leur conversation pour se concentrer sur l'immédiat, Neige se dirigea vers ses hommes pour leur donner quelques consignes. Elle savait que beaucoup d'entre eux prendraient des risques inconsidérés en essayant d'arrêter Cereis. Ils connaissaient tous leur cible, et savaient qu'il était un adversaire redoutable. A trois contre un, ils auraient pu en venir à bout facilement, mais il serait probablement entouré par une forte garnison de soldats réguliers qui, ignorant tout de la situation, prendraient les membres de l'Arbre Blanc toujours fidèles à Neige pour des traîtres mal intentionnés.

- Messieurs, fit-elle à voix basse, vous savez de quoi Cereis est capable. Notre nouvelle alliée nous a confirmé qu'il risquait de s'en prendre au commandant Mevan de la garnison de Rammas Echor. Dans l'idéal, vous devez intercepter Cereis avant qu'il ne quitte la Cité Blanche, et le neutraliser. Tuez-le si vous estimez que cela est nécessaire, mais soyez discrets afin de nous donner le maximum de temps pour agir. Ne prenez aucun risque inutile, et ne vous attardez pas. Si vous êtes pris vivant, demandez à être jugés par le général Cartogan. Les formalités administratives sont longues, et le temps qu'on instruise votre procès nous aurons trouvé le moyen de vous innocenter.

Ils hochèrent la tête pesamment, conscients qu'ils n'auraient aucun besoin d'un procès. Ils accompliraient leur mission, ou mourraient en essayant. Il n'y avait pas d'autre alternative.

Pendant ce temps, Lithildren s'était approchée de Reinil, qui semblait encore un peu impressionné par tout ceci. Des complots, des secrets, des mystères… son jeune esprit aventureux n'en demandait pas tant, et il avait l'impression d'être inutile face à ces guerriers sur-entraînés qui allaient tenter de porter un coup fatal à l'ennemi du Gondor. Pour autant, il était là : ils lui faisaient l'honneur de l'accepter parmi eux, et c'était en partie grâce à ses efforts que l'Elfe en était arrivée là. Il éprouvait une profonde fierté à l'idée d'avoir fait ce qu'il fallait, et son désir de poursuivre était grand. Cependant, que valait la connaissance à l'heure de l'action ?

Lorsque Lithildren vint pour lui parler, il s'était déjà résigné. Il comprenait que de tels enjeux le dépassaient, et qu'en tant que novice de l'Université, il était bien plus indiqué pour lui de demeurer à l'arrière.

- Je comprends, ne vous en faites pas. Je trouverai le chemin du Sanctuaire, et je parlerai à sire Alatar. Je suis sûr qu'il me fera bon accueil. Quand vous aurez réussi à libérer monsieur Nallus, vous n'aurez qu'à venir nous y trouver. Je me cacherai là-bas, et je suis sûr que les hommes du roi ne songeront jamais à m'y chercher.

La confiance du jeune garçon était touchante, quoique naïve. Il n'avait aucune idée de la violence qui était sur le point de se déchaîner, et dans son regard juvénile se mêlaient une forme d'assurance tranquille et d'inquiétude de circonstance. Il savait ce que représentait le danger, mais il semblait ne pas réussir à conceptualiser la notion de chaos. Si une guerre civile venait à éclater entre les murs de Minas Tirith, les morts se compteraient par milliers, et la violence n'épargnerait ni les civils, ni les riches, ni les pauvres, ni les femmes ou les enfants. On assisterait à des scènes d'une cruauté sans nom à tous les coins de rue.

Ils devaient absolument empêcher cela.

Reinil rendit son étreinte à Lithildren, en essayant de la rassurer du mieux qu'il le pouvait. Il avait l'impression de se trouver dans les bras de sa mère, et comme à l'époque il essayait de chasser son souci en lui apportant des paroles réconfortantes. Il ignorait si cela apaiserait le cœur de l'Elfe, mais il était d'une telle douceur et d'une telle gentillesse que ses seuls efforts avaient de quoi donner le sourire :

- Tout ira bien, Dame Lithildren. Tout ira bien. Faites bien attention à vous, et quand tout sera terminé, alors oui, nous pourrons nous rendre à Imladris. Ce serait un rêve pour moi que de pouvoir voir la cité des Elfes.

Il se blottissait contre l'Elfe comme s'il s'agissait de sa propre mère et leur relation curieuse, forgée par le marteau de l'impérieuse nécessité, paraissait plus forte que celles qu'ils avaient pu tisser par le passé. Pour Reinil, cette guerrière représentait l'horizon d'un avenir meilleur, d'une vie différente… une vie qui ait du sens. Pour cette raison, il ne pouvait pas envisager sa disparition. Dans son esprit, ce n'étaient pas des adieux… Il était persuadé de revoir la valeureuse guerrière, car les véritables héros ne pouvaient pas mourir, et il voyait en Lithildren une héroïne dont on chanterait les louanges dans le futur. Il ignorait seulement que dans la réalité, la chance et le hasard jouaient un rôle bien plus important que le talent et la bravoure.

Ce fut ce moment que choisit Réland, qui avait suivi la conversation, pour intervenir. Il avait fait bander sa vilaine plaie, et même si son visage était encore marqué, il marchait sans trop de difficulté :

- Si vous le souhaitez, fit-il, je veillerai sur le jeune garçon. Avec mon bras dans cet état, je ne serai pas très utile au milieu de la bataille, mais je peux assurer sa protection et le conduire en sécurité jusqu'au Sanctuaire. C'est le moins que je puisse faire pour rembourser ma dette, puisque vous avez accepté de ne pas me tuer sur-le-champ.

Son sourire malicieux ne trahissait aucune animosité. Il comprenait la méfiance dont l'Elfe avait fait preuve envers lui, et il était sincèrement heureux de savoir qu'elle avait accepté de prêter sa lame à leur cause. Ils auraient bien besoin d'une guerrière immortelle pour réussir dans une entreprise qui semblait perdue d'avance.

- En échange, promettez-moi de veiller sur Neige. Le Gondor perdrait une de ses plus précieuses gardiennes s'il venait à lui arriver quelque chose. Je préfère la savoir en vie pour affronter un avenir qui s'annonce bien sombre.

Cette requête ne serait pas facile à tenir. Neige semblait déterminée à aller jusqu'au bout, et elle était peut-être plus résolue encore que ses soldats, comme s'il l'idée même de survivre à cette mission lui était étrangère. Protéger la vie de cette dernière tout en essayant d'accomplir la mission ne serait pas une mince affaire, assurément.
Sujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire
Ryad Assad

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 27 Juil 2019 - 16:46

La réaction de Lithildren réchauffa le cœur de Neige. Ce n'était pas souvent que des gens qui n'appartenaient pas à l'Arbre Blanc se souciaient sincèrement de son bien être. Voir cette Elfe soupirer de soulagement en la voyant en vie lui tira un sourire. C'était toujours à l'heure la plus noire que les étincelles d'espoir brillaient avec le plus de force, et même si la guerrière immortelle n'en était pas consciente, elle venait de raviver la flamme chez ces hommes traqués qui cherchaient avant tout à donner un sens à leur vie… et à leur mort probable.

L'espionne inclina la tête courtoisement, et répondit avec modestie :

- Votre présence et vos connaissances nous sont d'une plus grande aide encore. C'est nous qui sommes heureux de vous voir ici.

La pensée était honnête, car Lithildren semblait avoir déclenché une réaction en chaîne que rien ne pouvait arrêter, ce qui signifiait qu'elle avait réussi à faire sortir les traîtres de leur tanière. Sa simple présence les agitait comme si elle avait frappé à grands coups de pied dans une fourmilière, rendant leurs ennemis vulnérables à mesure qu'ils se dévoilaient. Afin de clarifier les choses pour tout le monde, Neige fit l'exposé de la situation à voix haute. A mesure qu'elle parlait, elle se rendait compte que leur quête les pousserait forcément vers des extrémités auxquelles ils étaient certes préparés, mais qu'ils auraient préféré ne pas voir de leur vie. Le meurtre ne les effrayait pas tant que la perspective de devoir retourner leurs lames contre leurs alliés d'hier. Des alliés qui pour certains étaient des amis, des compagnons. Simplement parce qu'ils avaient choisi un camp différent, ils devenaient des obstacles à supprimer si nécessaire.

Comme le fit remarquer Lithildren sur un ton acide, de telles décisions n'étaient que rarement prises par les Elfes, qui étaient davantage contemplatifs, méditatifs, et qui évitaient de se hâter. La discorde chez ce peuple pouvait avoir des conséquences dramatiques, et ils évitaient dans la mesure du possible les conflits internes. L'espionne était ravie de tomber sur une représentante du beau peuple qui partageât sa vision des choses. Elle se permit de répondre :

- De tous les Elfes que j'ai pu croiser, vous êtes la première qui me semble suffisamment pragmatique pour comprendre ce que nous faisons, et pourquoi nous le faisons. Je sais que vous ferez ce qu'il faut pour protéger le royaume du Gondor, et peut-être qu'un jour vous parviendrez à convaincre ceux de votre race de nous prêter assistance. Bien que j'éprouve de la colère en pensant aux jours sombres que nous avons traversés sans l'aide des Premiers Nés, je sais également combien une alliance entre nous est nécessaire et profitable. Un jour, vous pourriez être le pont entre les vôtres et les nôtres.

Elle n'ajouta rien d'autre à ces paroles énigmatiques, laissant Lithildren prendre la mesure de ce que cela pouvait impliquer. Retourner auprès de son peuple, d'abord, mais revenir avec un but, une ambition, et des perspectives nouvelles. Pour différente qu'elle fût des Eldar, elle n'en demeurait pas moins une immortelle, et en cela elle demeurait soumise aux lois des siens. Cela ne signifiait pas qu'elle ne pouvait pas en jouer pour convaincre, persuader, et inciter son peuple à agir. Le monde avait besoin de la sagesse des Elfes, aujourd'hui peut-être plus que jamais.

L'entente entre les deux femmes était étonnante, alors que rien ne semblait les rapprocher au premier abord. Pour autant, toutes deux mues par de profondes blessures qui peinaient à cicatriser, elles se battaient courageusement pour protéger un monde qui les rejetait et n'avait de cesse de les blesser. La guerre était leur environnement naturel, et bien qu'elles eussent essayé à de nombreuses reprises de s'en éloigner, l'appel du sang et de la mort les ramenait en permanence sur les chemins de la violence. Ce qui sauvait leur âme, dans cet enfer de feu et d'acier, était la conviction de servir le bien commun, de défendre ceux qui devaient l'être, et de pourfendre ceux qui méritaient la mort.

La justice était leur bouclier, la colère leur épée.

Alors, lorsque Lithildren apprit à Neige l'identité de la fameuse cible que l'espionne attendait, le sang de cette dernière ne fit qu'un tour, et elle sembla soudainement prise d'une fureur à peine contrôlée.

- Rhydon ? C'est Rhydon qui est derrière tout ça ?

Elle se retint de briser le mobilier qui se trouvait autour d'elle, mais de toute évidence ce nom ne lui était pas inconnu. Les hommes autour d'elle semblaient tout aussi choqués, pour ne pas dire dévastés d'apprendre la nouvelle. Lord Rhydon. Voilà en effet un nom qu'ils avaient appris à connaître au cours des derniers mois. Répondant aux interrogations silencieuses des Lithildren et de Reinil, Neige lança :

- Lord Rhydon appartient également au service de l'Arbre Blanc. Il en est le chef depuis la disparition mystérieuse de notre précédent mentor, celui que nous surnommions La Tête. Si Rhydon est derrière tout ça, cela signifie que la gangrène s'est emparée du royaume à un niveau sans précédent. La corruption est pratiquement remontée aux racines du pouvoir, et il nous appartient d'agir rapidement. En sa qualité de directeur du service, Rhydon peut mobiliser toutes les ressources dont il aura besoin pour nous appréhender. Nous devons frapper fort, avant qu'il ait le temps de comprendre.

Neige était bouleversée par cette nouvelle, mais son esprit rigoureux lui intima de se focaliser sur des considérations pratiques. Trouver des solutions, inventer des plans, voilà quelle était sa qualité principale, celle pour laquelle elle était capitaine et non pas simple exécutante. Ses hommes attendaient qu'elle montre la voie, et elle le fit avec brio :

- Si Rhydon a ordonné l'exécution de Mevan, il outrepasse largement ses prérogatives. L'armée régulière est sous le commandement du général Cartogan, et lui seul peut décider de traduire un officier supérieur devant un tribunal. Exécuter un commandant est un acte de haute trahison, a fortiori s'il ne s'agit que de faire pression sur vous. Ne vous inquiétez pas, Lithildren, je mettrai des hommes sur le coup, et ils s'occuperont de Cereis. Ils feront tout pour l'empêcher de mener à bien sa sordide mission.

Elle savait que l'Elfe aurait voulu participer à ce combat, qui avait quelque chose de personnel. Elle avait croisé Cereis, elle l'avait regardé dans le fond des yeux, et il aurait été normal de vouloir mener ce duel à son terme. L'heure viendrait bien assez tôt, mais pour le moment elle devait se concentrer sur le plus important.

- C'est une chance que vous ne soyez pas dehors à l'heure actuelle, sans quoi Cereis aurait réussi son plan. Il vous aurait piégée à l'extérieur de la cité, et à défaut de pouvoir vous éliminer, il aurait au moins pu vous tenir hors de la partie. Au lieu de quoi, lui et Rhydon pensent aujourd'hui que vous vous trouvez soit dans l'Université, soit occupée à essayer de sauver le commandant. Ils ne s'attendront pas à ce que vous essayiez quelque chose d'autre.

Un sourire carnassier apparut sur son visage. Son option n'était pas défensive, bien au contraire. Acculée, elle prévoyait de contre-attaquer avec toutes les ressources à sa disposition pour profiter de l'effet de surprise :

- Nous allons libérer le professeur Nallus, et le mettre à l'abri. Nous neutraliserons Cereis dans le même temps, et cela privera Rhydon de tout moyen de pression pendant un temps. Il nous restera ensuite à éliminer ce dernier, et à utiliser les informations de Nallus pour justifier notre action. Le général Cartogan nous fera peut-être arrêter, mais il entendra notre version et je suis persuadée qu'il verra que nous avons agi par nécessité.

Les risques étaient considérables, mais il y avait effectivement une faille dans la défense de Rhydon, et elles pouvaient l'exploiter. Restait à savoir si elles sortiraient vivantes d'une telle opération, mais cette considération était seconde. Le plus important était de protéger le royaume de cette nouvelle menace intérieure. Neige avait vu l'Ordre de la Couronne de Fer grandir au sein des plus hautes sphères du pouvoir, et elle ne laisserait pas un nouveau mal pernicieux s'épanouir sans au moins tenter de le purger. Si sa vie devait être donnée en sacrifice pour éviter les massacres, les trahisons et la terreur, elle accepterait joyeusement de savoir que son existence aurait servi à rendre ce monde meilleur.

- Lithildren, nous avons une armurerie où vous pourrez trouver tout ce dont vous aurez besoin. Un poignard supplémentaire peut toujours servir, et vous apprécierez peut-être une cuirasse légère à porter sur votre tunique. De quoi éviter les égratignures inutiles. Quoi qu'il en soit, prenez ceci.

Elle tendit à l'Elfe de solides brassards de cuir, frappés aux armes du Gondor. Ils n'étaient pas fait en acier, mais bien utilisés ils pouvaient aider à dévier une lame ennemie. Plus important encore, ils jouaient le rôle de signe de reconnaissance. Neige s'en expliqua :

- Ce symbole est, depuis des temps immémoriaux, celui des serviteurs du Gondor qui œuvrent pour le bien commun. C'est celui des serviteurs de la lignée des rois, les défenseurs de la justice et de la paix. Certains des soldats que nous rencontrerons accepteront peut-être de nous aider en les voyant, et ils pourraient bien vous sauver la vie.

Tous les espions présents dans la pièce en portaient, sans exception. C'était de toute évidence un équipement destiné au combat, car ils se préparaient à lutter férocement pour leur vie. La discrétion était oubliée, ne restaient que l'impérieuse nécessité de réussir. Neige prit Lithildren à part, pendant que tous commençaient à s'équiper, et lui souffla :

- Attaquer la prison en trop grand nombre risquerait de nous compliquer la tâche. Je vous veux avec moi pour aller chercher Nallus, et nous prendrons deux hommes supplémentaires. Reste la question du garçon qui vous accompagne. Il n'a pas l'air de savoir se battre, et j'ai peur qu'il soit tué si nous l'emmenons avec nous. Cela dit, cette cache ne restera pas sûre très longtemps, et il risque tout autant sa vie ici. Je vous laisse décider, et lui expliquer votre choix. Quoi qu'il en soit, trouvez un moyen de lui faire vos adieux, car il n'est pas certain que vous puissiez vous revoir quand tout sera terminé…
Sujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire
Ryad Assad

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 27 Juil 2019 - 1:49
Une simple poupée de chiffon, un pion.

C'était tout ce qu'était Lithildren dans cette histoire plus grande qu'elle.

La Cité Blanche était un labyrinthe dans lequel se mêlaient amis et ennemis, et elle y serpentait sans trouver la sortie, incapable d'échapper à l'étroitesse des lieux, à cet inconfort permanent, à la sensation d'être suivie quoi qu'il advînt. Des hommes qu'elles ne connaissait pas cherchaient à l'aider ou à la tuer, à la guider ou à la perdre. Seule sa raison et son intuition pouvaient l'aiguiller sur ce chemin imprévisible, alors que ses objectifs initiaux se faisaient toujours plus lointains.

Sauver Nallus. Sauver Chance. Sauver la Terre du Milieu.

Chaque pas en avant la rapprochait-elle d'un de ces buts ? C'était ce qu'elle devait continuer à croire, malgré tout. L'homme blessé, appuyé lourdement sur elle, eut un sourire amusé en entendant les menaces de la guerrière. De toute évidence, ce n'était pas la première fois qu'on lui promettait de telles choses, et il ne se souciait plus guère d'être effrayé ou inquiet de son sort. Il avait survécu jusqu'ici, et rien ne lui indiquait qu'il n'en serait pas de même cette fois. Il répondit péniblement :

- Je m'en doutais. Mais ne vous inquiétez pas, je n'ai pas prévu de vous doubler.

Et il ne mentait pas.

Lithildren avait fait le bon choix en faisant confiance à cet homme, qui la conduisit à travers les ruelles du premier cercle. La plupart des soldats se concentraient sur les remparts, et tournaient leur attention vers l'extérieur, si bien qu'ils n'eurent pas vraiment à faire d'effort insurmontable pour échapper à leur surveillance. Les gardes en armure étaient repérables à des dizaines de mètres grâce au bruit de leur lourd équipement qui claquait sur le sol comme s'ils étaient venus en frappant des casseroles les unes contre les autres. Il suffit au trio de s'abriter intelligemment pour laisser passer les patrouilles, avant de reprendre la route. L'homme finit par s'arrêter devant ce qui semblait être l'entrée d'une cave, à l'arrière d'une maison que rien ne semblait distinguer des autres. Il fit signe à l'Elfe et au jeune garçon d'attendre en retrait, et s'avança en titubant pour toquer à la porte selon un code pré-établi.

Tant de mystère, tant de détours pour en arriver là.

Telle était la vie de Lithildren, désormais, condamnée à ramper dans les ombres.

Trois secondes plus tard, la trappe s'ouvrit, et on les invita à entrer. Reinil eut un moment d'hésitation, perplexe à l'idée de suivre un inconnu dans ce qui s'apparentait à un tunnel obscur. Cela ressemblait grandement à un piège, mais ils n'eurent d'autre choix que de suivre leur guide dans les ombres, en priant pour ne pas tomber nez à nez avec un bataillon de soldats de Cereis prêt à les arrêter… ou pire. En réalité, ils descendirent le long d'un petit escalier vers ce qui semblait être une salle aménagée, où se trouvait une demi-douzaine de silhouettes. Des combattants, à n'en pas douter, éclairés par la lueur fade de quelques bougies distribuées ici ou là. Ils faisaient cercle autour d'un chef que Lithildren et Reinil n'eurent aucun mal à reconnaître :

- Neige souffla le garçon sans cacher son soulagement.


La femme aux cheveux blancs se permit un sourire, mais son regard était fatigué, comme si elle avait passé les deux derniers jours à se cacher, à lutter, à combattre pour sa vie. Elle semblait indemne, même si son visage se crispait quand elle bougeait un peu trop rapidement. Tout du moins elle était en vie.

- Vous avez réussi à venir jusqu'ici. Merci d'avoir ramené Réland en vie également, nous n'aurions pas supporté de le perdre.

L'intéressé répondit par un signe de gratitude de la main, mais il s'assit et laissa deux des hommes dans la pièce se pencher sur son cas, et essayer de réparer son bras. Pendant ce temps, Neige prit le contrôle de la conversation, parlant lentement pour essayer de véhiculer toutes les informations qu'elle avait à transmettre sans rendre son propos confus :

- Lithildren, je vous présente les seules personnes en lesquelles vous pouvez avoir une confiance absolue dans cette cité… Les seules personnes qui seront prêtes à aller jusqu'au bout pour vous aider à accomplir votre mission. Ces hommes sont fidèles au Gondor, et à notre cause.

Elle marqua une pause. Ils n'étaient qu'une poignée, mais dans leur regard on lisait une détermination à toute épreuve. Nul doute que ces combattants donneraient leur vie s'il le fallait, et il y avait fort à parier qu'ils ne survivraient pas tous à ce qui allait suivre. Déjà deux d'entre eux – Neige et Réland – étaient blessés, et avaient dû affronter des ennemis cachés dans la Cité Blanche. Les autres seraient probablement pris pour cible dès qu'ils se révéleraient au grand jour. Les armes, théoriquement interdites dans les rues par l'ordre du général Cartogan, étaient pourtant sorties et prêtes à tuer. Le sang avait coulé, et désormais il n'était plus possible de faire machine arrière.

- Vous avez été honnête avec moi jusqu'à présent, et c'est à mon tour désormais de vous confier la vérité. Tout ceci est parfaitement secret, mais vous devez le savoir pour comprendre à qui vous avez affaire. Nous appartenons tous à la branche spéciale de l'armée du Gondor : nous sommes en charge de toutes les missions délicates d'espionnage, d'infiltration, d'assassinat… Toutes les choses que l'armée régulière ne peut accomplir, nous le faisons, et bien plus encore.

Reinil ouvrit des yeux ronds. Il avait bel et bien entendu parler d'hommes au service du Haut-Roy, qui travaillaient incognito à des missions spéciales, mais jamais il n'aurait pensé en rencontrer un. Encore moins tout un groupe, et être lié à eux d'une manière qui rehaussait tout à coup l'intérêt de sa présence ici. Il avait l'impression de vivre un rêve de gosse, sans très bien mesurer le danger qu'une telle révélation représentait. En effet, si Neige s'ouvrait ainsi à Lithildren, elle prenait le risque de voir la jeune femme les trahir involontairement, sous la torture par exemple. Cela signifiait qu'elle attendait de l'Elfe le même degré d'engagement que le reste des espions. Ou plutôt, elle l'exigeait.

La situation était trop grave pour laisser le choix à quiconque.

La neutralité n'était plus une option.

- Nous sommes de ceux qui pensent que notre mission est de protéger le royaume, même contre lui-même. Cependant, certains parmi nous ne partagent pas cette vision, et considèrent que le professeur Nallus, que vous-mêmes et ce que vous savez, constituent une menace pour la sécurité du Gondor. A leurs yeux, vous êtes des traîtres, des fauteurs de troubles. Et nous, qui croyons dans votre bonne foi, ne valons pas mieux.

Elle marqua une pause, en plongeant son regard glacé dans celui de Lithildren. Il y avait chez Neige une forme d'amertume teintée de rage. Traquée, considérée comme une renégate dans son propre royaume, elle était piégée au sein de la ville qu'elle considérait comme son foyer aujourd'hui. Elle observait l'Elfe comme si cette dernière était la seule à pouvoir comprendre ce qu'elle ressentait. Ce sentiment indescriptible quand un prédateur se changeait en proie, et devenait l'ennemi de son propre peuple. L'espionne poursuivit :

- Alors ils nous ont déclaré la guerre, et ils ont décidé de nous éliminer de la partie, purement et simplement. Vous, moi, nous tous qui sommes ici nous trouvons sur la liste des assassins les plus entraînés et les plus redoutables de la Cité Blanche. Les plus redoutables à part nous, bien entendu.

Les hommes partagèrent un rire cynique inquiétant. Lithildren était entourée de lions, de forces de la nature qui ne se laisseraient pas arrêter si facilement. L'Elfe comprit peut-être à ce moment que le discours de Neige ne lui était pas seulement adressé. Elle essayait également de remonter le moral de ses troupes, comme si elle se préparait à un grand combat.

- Nous ne nous laisserons pas prendre si facilement, et nous ne resterons pas passifs pendant qu'ils essaient de nous faire taire. Nous avons des armes, nous avons du talent, et surtout nous avons du cœur. La seule chose qu'il nous manque, Lithildren, c'est une cible. Une cible à frapper, à détruire. Ce que vous avez appris pourra nous aider à comprendre qui nous affrontons, à comprendre qui sont nos ennemis.

Elle s'approcha de l'Elfe et du garçon, posant une main sur l'épaule de chacun d'entre eux, comme pour les intégrer à leur conspiration. Sa détermination était totale, absolue, et particulièrement communicative. Elle porta son attention sur le jeune Reinil, et lui souffla :

- Je n'oublie pas le sens premier de ta quête jeune homme. Le professeur Nallus ne mérite pas de finir ses jours dans une prison sordide. S'il sait quoi que ce soit, nous l'apprendrons, même si nous devons prendre d'assaut les geôles de Minas Tirith pour cela.

Ces paroles résonnèrent longtemps dans l'air. Neige avait parlé d'une guerre, et le mot n'était pas usurpé… Elle était prête à défier ouvertement l'armée, les troupes royales, ses alliés d'hier, si l'Elfe le lui demandait. Quelque chose avait changé. Une rupture dont les conséquences n'étaient pas encore mesurables, mais qui frapperait avec la violence d'un tremblement de terre. Des institutions s'effondreraient dans un fracas terrible, le sang coulerait à flots avant la fin de cette tragédie.

Et au milieu de tout ceci, une Elfe et un jeune garçon.

#Réland
Sujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire
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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 14 Juin 2019 - 15:37
Deux jours.

C'était le temps exceptionnellement court que Neige avait donné à Lithildren pour accomplir sa mission, à savoir localiser Cereis et identifier ses maîtres. Si la première partie du plan avait été relativement aisée à accomplir, et que la filature à distance n'avait pas semblé poser de problème particulier, il avait été fort difficile pour l'Elfe d'obtenir la moindre information. Les raisons étaient simples. Premièrement, elle connaissait trop peu la Cité Blanche pour s'y retrouver aisément, et les endroits où sa cible se rendait ne lui étaient pas familiers, si bien qu'elle ne pouvait pas en tirer la moindre conclusion. Elle aurait pu bénéficier des conseils de Reinil, voire même de Chance Mevan si elle avait pu le faire entrer à Minas Tirith, mais aujourd'hui elle était seule et elle devait se débrouiller ainsi, même si cela limitait considérablement ses possibilités. La seconde raison suivait la première : puisqu'elle ignorait où se rendait Cereis lorsqu'il pénétrait dans un bâtiment, elle ne pouvait décemment pas le suivre, au risque de tomber nez à nez avec une cohorte de soldats armés jusqu'aux dents prêts à l'accueillir.

Alors, réduite à glaner des informations sans grand intérêt pour le moment, elle ne pouvait que guetter l'opportunité. Même si ce temps passé à arpenter les rues de la Cité Blanche pouvait paraître bien court à l'échelle d'une vie elfique, il n'en demeurait pas moins pesant et désagréable. Le sentiment d'être perpétuellement en danger émoussait même les sens les plus affûtés, et la nécessité de se déplacer en permanence par des voies sombres, mal entretenues, odorantes et remplies de rats n'arrangeait rien. Reinil et Horas n'avaient pas été en mesure de lui donner un plan des égouts qui servaient à évacuer les eaux usées depuis le sommet de la cité vers sa base, et le risque de s'y perdre était grand. Pour autant, ces passages peu praticables fournissaient des cachettes fort utiles pour quiconque était assez mince pour s'y glisser, assez fou pour endurer la crasse et l'odeur nauséabonde, et assez fort pour se hisser vers la surface le moment venu, et non déraper en chute libre jusqu'au pied de la montagne. Un humain normal n'aurait jamais pu réunir toutes ces conditions, ce qui expliquait probablement pourquoi les gardes ne songeaient pas à explorer ces passages qui de toute façon ne les intéressaient guère.

Ceux qui cherchaient Lithildren n'imaginaient pas un seul instant qu'elle avait pu quitter sa tanière, et qu'elle se promenait librement au milieu d'eux.

Cereis était un homme méthodique à défaut d'être patient, et qui disposait de toute évidence de ressources considérables. Du peu qu'elle avait pu en voir, il distribuait ses ordres à tous les hommes en uniforme qu'il croisait, leur commandant de veiller soigneusement à ne pas laisser s'échapper une Elfe à l'air farouche. Ils avaient ordre de la prendre vivante – une information pas anodine – mais ils étaient tenus de protéger leur vie, et si Lithildren essayait de s'en prendre à eux, ils risquaient d'essayer de la tuer en état de légitime défense. Confortés dans leur certitude qu'elle se trouvait à l'intérieur des murs épais de l'institution pluriséculaire, les gardes concentraient leurs recherches autour de l'Université, laissant tout le loisir à Cereis de faire quelques voyages vers les niveaux les plus hauts de la Cité Blanche, ceux auxquels Lithildren n'avait pas accès, probablement pour demander à ses supérieurs l'autorisation d'enfoncer les portes qui lui barraient la route. De toute évidence on ne lui en avait pas donné la permission, et il s'était résolu à patienter, parlementant vivement avec un des professeurs à travers l'huis clos qui se dressait entre lui et sa proie comme un mur infranchissable.

Il ignorait naturellement que Lithildren s'était échappée, et que c'était désormais lui la proie.

Il l'ignorait, mais il ne manquait pas de prudence néanmoins, preuve d'un entraînement poussé dans le domaine de la dissimulation. A plusieurs reprises, l'Elfe avait failli être repérée, et elle n'avait dû son salut qu'à la chance. Cereis était vigilant, pour ne pas dire paranoïaque, et il avait l'avantage de connaître le terrain : autant d'atouts dans sa manche, alors que la guerrière n'en avait aucun. Et pour couronner le tout, elle était pressée par le temps…

Deux jours, c'était bien trop court, mais Neige semblait pressée d'agir.

Le premier jour et la première nuit se déroulèrent ainsi, un jeu de dupes dans lequel les deux lutteurs se cherchaient et s'évitaient mutuellement. Cereis, intouchable car souvent entouré de soldats, patrouillait autour de l'Université comme un limier ayant acculé une proie, et attendant l'ordre de la mettre à mort. Lithildren s'efforçait de le suivre, de le guetter, en faisant attention de ne pas elle-même être prise au piège.

A l'affût, elle n'avait pas d'autre choix que d'attendre patiemment, en espérant que Cereis commettrait une erreur avant la fin du temps qui lui était imparti.


~ ~ ~ ~


En entrant dans la pièce, Neige sentit immédiatement qu'elle n'y était pas la bienvenue. Elle avait l'habitude d'agacer son supérieur, mais elle ne se souvenait pas avoir jamais vu une lueur aussi cruelle dans son regard. Il était de toute évidence courroucé, et ce fut à grand peine qu'il contint son envie de lui hurler dessus. Peut-être parce qu'il savait que ce n'était pas la peine. Peut-être parce qu'il avait conscience que malgré sa froideur devenue légendaire au sein du Service, elle pouvait à tout moment se transformer en une tempête mortelle pour quiconque se dressait sur sa route.

- Bonjour Directeur, merci d'avoir accepté de me recevoir.

La politesse feinte, le calme avant le début des hostilités.

- Capitaine, cracha-t-il sans cacher son mépris. Je suppose que vous êtes venue m'expliquer pour quelle raison vous souhaitez interférer avec des ordres directs de votre supérieur hiérarchique.

Neige se redressa légèrement. Elle savait dans quelle direction allait partir cette conversation, et elle s'y préparait déjà. Ses arguments étaient comme ses armes : tranchants et prêts à servir si besoin. Comme toujours, elle frapperait la première, et elle frapperait la dernière. Elle aurait le premier sang et le dernier mot, n'en déplaise à ce « directeur » de pacotille qu'elle n'appréciait ni ne respectait.

- Je crois qu'il y a méprise, monsieur. La femme que vous recherchez n'est pas une menace pour la sécurité du Gondor, et j'ai estimé que…

- Vous avez estimé, capitaine !? Estimé !? Qui êtes-vous pour estimer quoi que ce soit ? Tout ce que vous avez à estimer, c'est combien de pouces d'acier enfoncer dans le cœur de votre cible, que ce soit bien clair. Les libertés que votre ancien maître vous laissait sont inacceptables, et vous mériteriez d'être traduite en cour martiale pour la peine.

Neige ne vacilla pas sous la menace. Elle savait que c'étaient des paroles en l'air. Elle n'était pas assujettie au même régime que les troupes régulières, et elle avait conduit assez d'opérations de ce type pour savoir que lorsque le Service souhaitait se débarrasser d'un agent, le problème était réglé en interne, silencieusement, et de manière définitive. Mais le directeur était un homme de guerre qui respectait la loi et l'ordre au pied de la lettre. Il croyait naïvement que ces paroles auraient un quelconque effet sur la jeune femme, et il se trompait lourdement. Glaciale, elle reprit :

- Directeur, cet ordre de mission a poussé Cereis à enfreindre les limites de l'Université, à bafouer ses privilèges, et à entacher une nouvelle fois l'image de l'armée. C'était une opération illégale, immorale, et de surcroît inutile. Cette femme n'est pas un danger.

Son interlocuteur semblait bouillir de rage devant tant d'insolence. L'insubordination de Neige n'était pas de celles qu'il pouvait tolérer, mais il avait conscience qu'elle n'était pas n'importe qui dans le Service, et qu'il ne pouvait pas simplement la dégrader ainsi. Il digéra sa colère, et rétorqua :

- Capitaine, vous outrepassez vos prérogatives : il ne vous appartient pas de juger de la légalité des ordres qui vous sont donnés, de même qu'il ne vous appartient pas de juger de leur moralité ou de leur opportunité.

- Vous n'avez pas tous les droits, directeur, et vous n'avez pas le pouvoir d'interférer avec les libertés de l'Université.

L'intéressé eut un rictus si malveillant et si plein d'assurance que Neige se sentit soudainement décontenancée :

- Vous apprendrez, capitaine, que ces ordres proviennent directement du général Cartogan, et à travers lui de Sa Majesté le Haut-Roy Mephisto. Un ordre qui a d'ailleurs reçu l'approbation de votre oncle…

Cette information acheva de briser la confiance de la guerrière, qui ne trouva pas quoi répondre. Son oncle ? Impossible ! Jamais il n'aurait signé un tel ordre, qui allait à l'encontre de tout ce en quoi il croyait en tant que diplomate et aristocrate du Gondor. Non, il ne pouvait pas avoir fait une telle chose. Cependant, elle ne pouvait pas le prouver : l'ordre de mission de Cereis ne portait évidemment aucune signature, et elle devait croire sur parole le directeur…

Sauf si elle pouvait obtenir la vérité de la bouche de son oncle…

Changeant subitement de stratégie afin d'écourter au maximum cet entretien, elle ravala sa fierté et inclina légèrement la tête :

- Si ces ordres viennent du Haut-Roy, alors je vous prie d'accepter toutes mes excuses, directeur. Je ne vous dérange pas plus longtemps.

- Vous pouvez disposer, j'ai à faire effectivement. Mais nous n'en resterons pas là, capitaine.

Ces mots glissèrent sur sa nuque au moment où elle franchissait le seuil de la porte, en lui hérissant le poil sur la peau. Elle avait l'impression d'avoir soudainement réveillé un adversaire qu'elle avait eu le malheur de sous-estimer, et qui dardait son regard vorace dans sa direction désormais.

Les heures étaient comptées, elle devait trouver son oncle.

#Rhydon

~ ~ ~ ~


Le second jour de filature s'était étiré en une succession de moments d'ennui profond, et d'intenses périodes de panique chaque fois qu'elle avait cru être découverte par une patrouille inattendue. Cereis lui-même paraissait sur ses gardes, jetant des regards furtifs derrière lui de temps à autre, comme s'il pressentait que quelqu'un le suivait. Pourtant, ce genre de surveillance était domaine que Lithildren maîtrisait de mieux en mieux. Deux jours étaient bien peu pour acquérir les réflexes des espions les plus aguerris qui avaient passé des années à apprendre et perfectionner leurs méthodes, mais les habitudes de bon sens venaient vite, et elle ne faisait plus les mêmes erreurs qu'au départ. Elle avait également une meilleure connaissance des environs de l'université, des cachettes potentielles, des temps de parcours entre elles, ainsi que des espaces les plus propices pour se replier éventuellement. Tout cela lui avait permis de se rapprocher légèrement de Cereis, qui avait la fâcheuse habitude de se poster toujours à peu près au même endroit, certainement pour adopter un point de vue familier quand il observait l'Université, afin de pouvoir repérer plus rapidement une quelconque anomalie. Lithildren était désormais assez proche pour se trouver à portée de voix par endroits, et pour glaner des bribes de conversation avec les soldats.

Ainsi apprit-elle qu'il avait réussi à mobiliser un contingent d'une quinzaine d'hommes, qui montaient la garde à toutes les entrées de l'Université, et qui étaient relayés fréquemment par de nouvelles sentinelles descendues de la caserne. Ce déploiement de force était significatif, particulièrement dans ce contexte de crise, et attestait de l'importance que prenait cette affaire pour les autorités militaires. Par sa faculté à distribuer les ordres, Cereis apparaissait comme le chef officiel de l'opération, et il s'était attiré les critiques de beaucoup de nobles qui étaient venus jusqu'à lui pour manifester leur mécontentement. Il y avait eu quelques menaces pour la forme, des individus outrés par le sort réservé à l'Université qui promettaient d'en appeler « aux plus hautes instances » pour que justice soit faite. Cereis ne paraissait pas ému le moins du monde, comme s'il se savait couvert. Cependant, son agacement était palpable, même s'il s'efforçait de le contenir pour éviter de créer un nouveau scandale qui n'aurait fait que lui faire perdre davantage de temps.

Lithildren captait tout ceci et bien d'autres choses qui la renseignaient sur les équilibres politiques fragiles au sein de la Cité Blanche. Elle nota que les relations entre les nobles et l'armée n'étaient pas au beau fixe, peut-être parce que le général Cartogan avait interdit le port d'armes dans la cité. Cette mesure destinée à accroître la sécurité avait fortement irrité la noblesse d'épée, dont l'esprit chevaleresque n'aurait su se priver volontairement du port d'une arme au côté. Les soldats étaient désormais les seuls à pouvoir se défendre en ville, et pour ces puissants seigneurs, il n'était de toute évidence pas facile d'accepter que de simples roturiers fussent en mesure de brandir une arme alors qu'eux-mêmes n'y étaient pas autorisés. Toutes ces subtilités de la vie gondorienne pouvaient paraître négligeables, mais elles aidaient Lithildren à se faire une image mentale de la vie au sein de la capitale du grand royaume des Hommes, ce qui pourrait l'aider à mieux discerner ses amis de ses ennemis à l'avenir.

Ses ennemis ne tardèrent d'ailleurs pas à apparaître, sous la forme d'un homme solitaire tout de noir vêtu.

En le voyant arriver au départ, elle aurait pu croire qu'il s'agissait d'un noble comme les autres. Il avait le port altier, la démarche énergique et vive, et surtout il semblait savoir exactement ce pourquoi il se trouvait là, marchant droit vers Cereis comme tous ceux qui souhaitaient se plaindre auprès de lui. Pourtant, il n'y eut pas d'éclats de voix, ni de dispute, et encore moins de manifestations d'irrespect. Bien au contraire. L'homme posa une main respectueuse sur l'épaule de Cereis, lui soumettant une question inaudible qui portait de toute évidence sur la situation au sein de l'Université. De là où elle se trouvait, Lithildren distinguait parfaitement le nouvel arrivant : il avait les cheveux courts contrairement aux hommes de la troupe qui affectionnaient de les porter longs, et sa barbe était soigneusement taillée comme s'il mettait un soin tout particulier à apparaître rigide et sec. Il devait avoir entre quarante et cinquante ans, mais l'expérience se lisait davantage dans son regard que dans sa gestuelle encore très assurée.

C'était de toute évidence un guerrier, et pour ne rien arranger il était sorti en arborant une belle épée au côté. Pourtant, il ne portait pas l'uniforme de la garde royale. Son statut était peu clair, mais il semblait connaître personnellement Cereis, et lui parler comme à un proche. Voire un élève. Les deux hommes se mirent à échanger à voix basse, s'éloignant des soldats pour ne pas être entendus d'eux. Ce faisant, il se rapprochaient paradoxalement de Lithildren, dont les oreilles toutes elfiques purent capter une grande partie de la conversation :

- Lord Rhydon, fit Cereis, vous avez obtenu l'autorisation ?

- Pas encore, répondit l'homme. Nous avons eu quelques complications, il semblerait que l'Université ait de puissants amis, et ils utilisent tous les stratagèmes pour nous retarder.

Cereis hocha la tête, visiblement déçu.

- Et Neige ?

- Tout est sous contrôle. Restez concentré sur l'Elfe, ne pensez qu'à votre mission, et tout ira bien. Le reste, j'en fais mon affaire.

Nouveau hochement de tête. De toute évidence les ordres n'étaient pas faits pour être discuter. Obéir était une des qualités premières des bons soldats, mais c'était également cela qui les poussait parfois à accomplir des actes d'une cruauté sans nom. Quand les officiers laissaient leurs hommes déchaîner leurs passions, de terribles drames pouvaient se produire, or qu'y avait-il dans les yeux de Cereis sinon les flammes de la colère et de la vengeance ? Il voulait laver l'affront fait par Neige, et nul doute que s'il retrouvait Lithildren, il lui ferait payer de ne pas pouvoir passer ses nerfs sur la femme aux cheveux blancs. Il y avait quelque chose de répugnant et de dangereux chez cet homme qu'il ne fallait pas sous-estimer.

- J'y pense, reprit Rhydon. J'ai entendu des rumeurs selon lesquelles cette Elfe serait proche du commandant Mevan.

- De Pelargir ? Celui qui garde le Rammas Echor ?

- Lui-même. C'est peut-être un moyen de pression à utiliser.

Cereis parut légèrement déstabilisé. Même s'il était de toute évidence un tueur prêt à passer à l'acte sans la moindre pitié, l'idée de s'en prendre délibérément à un officier supérieur de l'armée du Gondor n'était pas de celles qu'il pouvait accepter aisément. Rhydon capta bien son hésitation, et ajouta :

- Nous travaillons pour le Haut-Roy, nous tenons nos ordres de tout en haut, et nous avons pour mission de veiller à ce que nul ne vienne semer la zizanie au sein de cette cité. Surtout pas maintenant. Vous comprenez, Cereis ? Nous n'avons pas le choix.

- C'est un commandant, monseigneur. Un homme respecté par ses hommes. Je ne sais pas si…

Rhydon fit claquer sa langue :

- Cereis, bon sang, que vous a-t-on appris ? Faites preuve d'imagination, et utilisez votre cervelle pour une fois. Occupez-vous du commandant Mevan, et je me charge du reste. J'ai encore une personne à aller voir aujourd'hui pour m'assurer que nous aurons tout le soutien dont nous avons besoin. Je compte sur vous pour ne pas tout faire échouer.

L'intéressé acquiesça avec raideur, conscient qu'il s'agissait d'un avertissement à prendre au sérieux. De toute évidence ce Rhydon ne plaisantait pas, et il n'était pas de ceux qui toléraient bien les échecs. Il abandonna Cereis, qui demeura un instant immobile, avant de prendre à pas lents la direction du bas de la Cité.

Ce faisant, il mettait Lithildren face à un dilemme épineux. Suivre Cereis était risqué, car il s'aventurerait probablement dans les niveaux inférieurs, où on lui avait déconseillé de se rendre. Mais pouvait-elle véritablement abandonner Mevan au sort qui lui était promis, quel qu'il fût ? Elle pouvait également essayer de suivre Rhydon, pour en apprendre davantage sur ce personnage bien mystérieux dont l'autorité était bien réelle, même si ses limites étaient floues. Ce rendez-vous qu'il avait évoqué était peut-être l'occasion de découvrir pour qui il travaillait, mais l'Elfe aurait-elle l'occasion d'y assister ? Ou même de s'approcher assez près pour voir qui était cette personne que Rhydon devait voir ? Rien n'était moins sûr. Elle pouvait enfin essayer de se faufiler discrètement jusqu'aux ruelles du Premier Cercle, et se débrouiller pour trouver cette fameuse Bâtisse Close où Neige était censée l'attendre dans quelques heures à peine. Lui faire un rapport de ce qu'elle avait découvert était peut-être le plus prudent, voire le plus avisé, mais était-ce bien prudent de vouloir retrouver la femme aux cheveux pâles alors que Rhydon semblait connaître ses moindres faits et gestes ?

Privée des conseils militaires qu'aurait pu lui donner Mevan, ou des informations précieuses qu'aurait pu lui communiquer Reinil, elle devait prendre une décision seule, en son âme et conscience.

Une décision qui déterminerait peut-être le sort de ceux qui comptaient sur elle.

#Cereis
Sujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire
Ryad Assad

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 25 Avr 2019 - 19:27

Neige avait déjà entendu des histoires étonnantes et effrayantes dans sa vie, mais celle-ci faisait sans aucun doute partie des plus extraordinaires. Des hommes capables de retrouver la jeunesse, des anneaux de pouvoir, des cités mystérieuses oubliées depuis des âges… Il y avait là assez d'éléments pour préoccuper n'importe quel individu ayant un minimum de jugement, et pour une raison qu'elle n'arrivait pas à s'expliquer, le Gondor ne s'était pas encore emparé de cette affaire. Au lieu de quoi, on essayait de faire taire Lithildren, Nallus, et tous ceux qui avaient connaissance de ces choses, comme si leur présence dérangeait. Comme si quelqu'un essayait de couvrir les agissements de ces chasseurs d'anneaux… Mais qui pouvait bien avoir un tel pouvoir ? Et pourquoi ?

Le regard de Neige s'égara un instant dans le lointain, alors qu'un silence pesant s'abattait sur tous ceux qui se tenaient présent. Ils avaient tous besoin de digérer les informations communiquées par l'Elfe, et de faire le bilan sur ce qu'ils venaient juste d'entendre. Chacun, guerrier ou érudit, essayait de confronter ces données nouvelles à ce qu'il ou elle connaissait pour dégager des amorces de solution.

Hélas, ils se trouvaient bien impuissants face à l'ampleur prise par leur enquête.

- Je veux bien voir les documents, oui, fit la guerrière encore un peu sonnée par ces révélations.

Elle laissa Reinil récupérer les précieux extraits du journal de Gier, ainsi que la lettre adressée à Nallus, et d'autres feuillets collectés par la Société des Chercheurs au fil des mois. Il y avait beaucoup d'éléments à assimiler, dont certains étaient codés, et elle eut besoin des conseils de Lithildren pour tout comprendre. Son attention se focalisa naturellement sur la lettre à Nallus, qu'elle lut et relut, comprenant vraisemblablement quelque chose qui avait échappé aux yeux de l'Elfe.

- Je suis presque certaine de connaître l'auteur de cette lettre, fit-elle tout à coup. Cette écriture, ce style, et ce qui est dit dans la lettre… Je pense qu'il s'agit d'Haimar, un de mes hommes les plus fidèles.

La guerrière paraissait partagée entre le soulagement et l'inquiétude. Elle poursuivit :

- Il est en mission au Sud, et il a probablement pu récupérer des informations compromettantes sur quelqu'un, au sommet de la hiérarchie militaire, qui veut nuire au pouvoir du Haut-Roy. S'il n'a pas envoyé ce courrier directement vers moi, c'est qu'il craignait qu'il soit intercepté… Il avait de toute évidence raison.

Neige assemblait les pièces du casse-tête dans son esprit, et dessinait un portrait nouveau de la situation, incapable de se détourner de ce qui l'effrayait le plus… la perspective que ses propres rangs fussent compromis. Eux qui étaient censés défendre le Gondor n'auraient jamais dû être les premiers à tomber, et elle avait le sentiment que le malaise qu'elle ressentait aujourd'hui était dû au sentiment inconscient d'avoir été trahie, manipulée. Son instinct ne la trompait jamais. Cette Fraternité était-elle assez puissante pour avoir refermé son emprise aussi facilement sur le Gondor ? Était-il déjà trop tard pour faire quelque chose ?

- Lithildren, reprit-elle, j'ignore exactement quel est le sens de votre quête, mais j'ai le sentiment que nos intérêts convergent aujourd'hui. Vous souhaitez retrouver Nallus pour obtenir des informations au sujet de ce Gier, et je suis persuadée que la clé pour le libérer est de résoudre le mystère qui entoure son emprisonnement. Si nous faisons tomber celui qui se cache derrière ces manigances, Nallus sera remis en liberté, et vous serez libre de l'interroger. C'est de toute évidence le seul moyen.

Au regard de la politique particulièrement rigide de Cartogan, il n'était pas possible d'envisager autre chose, et la moindre demande de rencontrer l'érudit en prison risquait d'alerter ceux qui essayaient de le faire taire. Non, ils devaient contourner le problème, et abattre les racines du mal pour libérer tous ceux qui étaient menacés par leur expansion. Pour Neige, les deux combats étaient liés, et la survie de la Terre du Milieu était indissociable de la protection du Gondor, le grand royaume des Hommes. Elle ignorait si Lithildren voyait les choses ainsi, car elle savait que la longévité des Elfes les incitait à voir les choses sous un angle très différent, et ils étaient parfois prêts à consentir à certains sacrifices pour atteindre un objectif plus élevé. C'était un marché que Neige ne saurait accepter.

Gardant ses préoccupations pour elle-même, elle s'efforça de définir un cap pour la suite, et de faire ce qu'elle faisait le mieux : agir. Elle n'était pas une femme de science et de savoir, sa principale qualité résidant dans sa capacité à prendre les décisions qui s'imposaient et à mener à bien les missions les plus difficiles. En l'occurrence, il lui fallait établir un plan fiable, qui leur permettrait de gagner un peu de temps. Celui-ci leur faisait cruellement défaut, car ils se trouvaient dans la gueule du loup, au cœur d'une cité frappée par tant de malheurs que personne ne songerait à prendre leur défense. Ils devraient s'en sortir seuls, comptant sur leur ruse et leurs quelques relations au sein de la Cité Blanche.

- L'Université n'est plus un lieu aussi sûr qu'auparavant, je le crains. Cependant, elle reste encore respectée, et vos portes ne seront pas forcées sans une raison valable.

- Vous songez à ce que nous fermions les grandes portes de notre institution ? Rétorqua Horas, sincèrement surpris. Celles-ci sont restées symboliquement ouvertes depuis des décennies !

Neige acquiesça, consciente qu'une telle décision ne passerait pas inaperçu.

- Vous l'avez dit, il s'agit d'un geste symbolique. Avec de la chance, cela pourra nous aider à rassembler des soutiens, mais surtout il vous sera possible de maintenir les gardes à l'écart, le temps que Lithildren et moi puissions mener l'enquête.

- Et moi, ajouta Reinil en s'avançant courageusement. Je ne resterai pas en retrait alors que le Gondor est menacé. Bien que je ne sois ni un sage ni un combattant émérite, je veux vous aider.

Dans d'autres circonstances, Neige aurait probablement refusé l'aide de ce jeune garçon manquant d'expérience. Cependant, elle savait qu'elle manquait d'alliés, et qu'elle aurait besoin de toute l'aide disponible pour parvenir à ses fins. Sauver le Gondor nécessiterait peut-être que Reinil sacrifiât sa vie, mais c'était un risque qu'elle était prête à prendre sans la moindre hésitation.

Pour son royaume.

- Très bien, fit la jeune femme. Lithildren, vous ne pouvez pas rester ici. Tout dépendra de votre capacité à échapper aux gens comme Cereis, et à leur faire croire que vous vous trouvez encore à l'Université. Plus longtemps ils croiront vous trouver ici, plus il sera facile pour vous de circuler dans la Cité Blanche. Mais ne sous-estimez pas ceux qui vous cherchent. Toute Elfe que vous soyez, ces hommes sont parfaitement entraînés, à la fois pour vous trouver et vous neutraliser.

Elle parlait en connaissance de cause, ayant supervisé la formation de la plupart d'entre eux. Elle savait qu'ils sauraient maîtriser une Elfe rebelle si besoin, et que Lithildren aurait fort à faire pour leur échapper. Il valait mieux essayer de les éviter, et ne pas croiser leur route tout simplement. L'objectif n'était pas de semer des cadavres, même si en cas de conflit Neige n'hésiterait pas à faire tout ce qui serait nécessaire tant qu'elle aurait la conviction d'agir dans l'intérêt commun. Reinil, qui écoutait attentivement, se permit d'intervenir de nouveau :

- Vous ne viendrez pas avec nous, Dame Neige ?

Cette dernière posa les yeux sur le jeune garçon, souriant devant la vivacité de son esprit :

- Non, en effet. J'ai moi-même des choses à faire, des questions à poser, des réponses à obtenir. Vous accompagnerez Lithildren, et vous la guiderez à travers Minas Tirith pour échapper aux gardes qui ne manqueront pas de vous chercher. Si vous voulez débuter votre enquête, commencez par localiser puis suivre Cereis : il pourrait vous conduire vers ses maîtres. Mais prenez garde, je ne saurais trop vous conseiller de vous méfier de lui. Je reviendrai vers vous dans deux jours, je vous retrouverai dans la Bâtisse Close. A ce moment-là, si tout va bien, nous aurons déjà une vision plus claire des mesures à prendre.

Neige plongea son regard dans celui de Lithildren, attendant d'éventuelles questions. Si d'aventure les choses étaient claires pour l'Elfe, elle quitterait immédiatement les lieux avant le retour des gardes. L'ombre était son alliée, et le soleil qui nimbait la Cité Blanche d'une douce lueur matinale la mettait déjà mal à l'aise.

#Reinil
Sujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire
Ryad Assad

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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 23 Avr 2019 - 16:50

Croyant avoir entendu un bruit suspect, Neige tourna brusquement la tête vers la grande porte de l'université, craignant déjà de voir des hommes d'armes envoyés par Cereis arriver. Elle se demandait s'il l'avait suivie jusqu'ici ou s'il s'était empressé d'aller faire son rapport pour expliquer à quel point elle lui avait mis des bâtons dans les roues. Quoi qu'il en fut, elle savait qu'elle n'avait pas beaucoup de temps, et qu'elle avait pris un gros risque en s'opposant de manière si nette aux directives du Service. Ses supérieurs l'avaient déjà en ligne de mire, et ils n'hésiteraient pas à la réprimander à la moindre occasion. En l'occurrence, elle avait pris soin de conserver l'ordre de mission sur elle, espérant pouvoir se couvrir si quelqu'un venait lui demander des explications. Elle pourrait toujours prétendre avoir voulu mener l'enquête personnellement…

Pressant le pas derrière Lithildren, elle suivit cette dernière dans la salle de travail, accompagnée du jeune Reinil et de Horas. Les deux érudits paraissaient vouloir les protéger, observant autour d'eux pour s'assurer que personne ne venait, mais il était évident pour la jeune femme qu'ils ne pourraient rien faire si de nouveaux gardes arrivaient. Le premier était trop jeune, trop inexpérimenté, et franchement trop timide pour se débrouiller dans une bagarre, même s'il avait affaire à un simple chapardeur. Alors un soldat entraîné ? Le second était quant à lui trop vieux et trop fragile pour tenir tête à un garde de la cité. C'était bien le beau sexe qui se chargerait d'affronter les potentielles menaces qui chercheraient à les détourner de leur objectif, si d'aventure elles se présentaient. La guerrière espérait que non, car elle n'avait pas envie de faire couler le sang de son propre peuple. Cependant, quelque chose lui disait qu'elle ne sortirait pas de cette affaire les mains propres.

Mais enfin, elle avait l'habitude.

A son grand étonnement, Neige se rendait compte qu'elle n'avait que très rarement mis les pieds au sein de l'université, et qu'elle n'avait jamais pénétré dans le moindre bâtiment de l'institution. Elle avait pourtant ses entrées un peu partout dans la Cité Blanche, et elle avait elle-même exploré des lieux dont le commun des mortels ignorait l'existence. Il fallait croire que ses obligations et ses missions l'avaient tenue éloignée des merveilles de Minas Tirith, et une partie d'elle-même se réjouissait de pouvoir encore découvrir des endroits de toute beauté, qui n'avaient pas été corrompus par la cupidité, la vénalité et la violence. Pas encore. Les lieux étaient étrangement apaisants, et elle se perdit quelques secondes à les contempler, égarée dans ses pensées comme lorsqu'elle était plus jeune, et qu'elle essayait de résoudre un problème particulièrement complexe.

Elle avait toujours eu l'esprit affûté.

Aujourd'hui, il y avait beaucoup de choses qu'elle essayait de comprendre, de digérer, et peut-être se trouvait-elle dans le meilleur endroit pour cela. Un endroit de paix et de calme, où l'esprit primait sur le corps. Après avoir gagné la salle de travail, elle s'appuya sur une table avec un soupir de lassitude, prête à écouter les paroles de Lithildren.

L'Elfe semblait toujours tendue, légèrement méfiante, et elle s'en ouvrit à Neige qui comprenait parfaitement son sentiment. Il n'était pas facile de se confier à une parfaite inconnue, surtout dans de telles circonstances. Les allégeances étaient floues, les alliés d'hier pouvaient devenir les ennemis d'aujourd'hui, et la parole donnée semblait ne plus avoir la même valeur. Même au sein de la Cité Blanche, la confiance était rare et précieuse.

- Pourquoi j'ai décidé de vous aider ? Demanda Neige presque pour elle-même.

La vérité était qu'elle n'en avait aucune idée. Elle avait suivi son instinct, comme le lui avait enseigné son mentor, car elle pressentait que quelque chose n'allait pas, que quelque chose clochait au sein de la cité. Suivre les ordres aurait été une option, mais elle ne s'était pas hissée si haut dans la hiérarchie en se contentant de faire ce qu'on lui disait sans réfléchir. Elle regarda les deux érudits et Lithildren, qui semblaient attendre la réponse, avant de lâcher un nouveau soupir :

- Peut-être parce que j'ai le sentiment que ce que l'on vous reproche n'est pas justifié. Peut-être parce que cet ordre de mission (elle sortit de sa poche le document qu'elle avait récupéré auprès de Cereis) vous désigne comme une menace potentielle, alors que je tiens de source sûre que vous souhaitez seulement apporter votre aide à cette cité. Peut-être parce que je suis fatiguée des mensonges et des complots…

Neige se redressa et se mit à faire les cent pas, trahissant involontairement son angoisse :

- J'ai l'impression d'avoir été trompée, et j'ai le sentiment que vous seule détenez les réponses à mes questions. C'est la raison de votre présence ici. C'est la raison pour laquelle j'ai besoin que vous me parliez à cœur ouvert.

Elle jeta un regard appuyé à Reinil et Horas, et leur lança :

- Si vous choisissez de rester, alors vous devez accepter les risques qui pèseront sur vous. Certaines informations ont plus de valeur que votre vie…

- Reinil et moi-même comprenons les enjeux, mais nous savons aussi que vous aurez besoin de toute l'aide disponible. C'est notre mission, en tant que membres de la Société des Chercheurs. Vous pouvez parler.

En disant cela, il avait posé ses mains sur les épaules du jeune garçon, conscient qu'il s'engageait en son nom dans une entreprise potentiellement dangereuse, voire mortelle. C'était une grande responsabilité, mais il avait l'impression qu'en associant Reinil à cette affaire, il formait la jeunesse et la relève de cette association libre d'érudits dont le point faible principal était l'âge. Ils ne seraient bientôt plus en mesure de mener le combat intellectuel, et seule la présence de jeunes âmes comme celle de Reinil pouvait garantir l'avenir de leur cause. Neige acquiesça de manière solennelle, sans chercher à les dissuader davantage. Elle espérait qu'il ne périraient pas à cause d'elle, mais elle savait également que les morts faisaient partie du chemin, et elle ne s'attarderait pas inutilement sur leur sort. Son engagement les dépassait tous. D'une voix maîtrisée, elle reprit :

- Bien, pour commencer vous devez savoir que je suis au service du Gondor, même si je n'appartiens pas à l'armée régulière. Cereis, que vous avez eu le déplaisir de croiser, travaille sous mes ordres, mais son allégeance semble avoir fluctué ces derniers temps. J'ai encore le pouvoir de le contraindre, mais qui sait combien de temps il m'obéira encore ? J'ai bien peur que mes jours ne soient comptés, et que bientôt lui et ceux qui partagent ses idéaux m'évincent pour faire valoir leurs vues. J'ai encore quelques alliés, mais je crains que nous ne soyons pas assez nombreux pour faire pencher la balance.

Elle parlait de plus en plus vite, comme si la perspective d'une guerre civile était imminente au sein de la Cité Blanche. Son regard se braqua sur Lithildren, et elle ajouta :

- J'ai parlé à Erelas. C'est lui qui m'a envoyé vers vous. Il m'a dit que je pouvais vous faire confiance, et que vous aviez des soupçons concernant l'arrestation de Nallus… Je ne le connais pas personnellement, mais je devine que son emprisonnement n'a rien à voir avec ce dont on l'accuse.

Reinil et Horas, qui écoutaient attentivement, hochèrent la tête comme un seul homme, confortant Neige dans ses convictions. La jeune femme fronça les sourcils, comprenant que ses craintes semblaient fondées. Elle n'aimait pas ça.

- Je crois que des forces hostiles essaient de nous miner de l'intérieur, et j'ai peine à croire que l'attaque de ces Orientaux sur Cair Andros soit une simple coïncidence. Si tel est le cas, c'est une aubaine pour ces forces cachées, qui profitent de la terreur pour avancer. J'ai besoin de savoir ce que vous savez, Lithildren, car l'équilibre de ce royaume est fragile et il m'appartient de tout faire pour le protéger. J'espère simplement qu'il n'est pas déjà trop tard…

#Reinil
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Rechercher dans: Université de Minas Tirith   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une page ne se tourne pas, elle se déchire    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 17 Avr 2019 - 11:17
Cereis devait bien l'admettre, l'attitude de l'Elfe le laissait perplexe. Il devinait son caractère impétueux, indomptable, et pour autant elle ne semblait pas encline à s'opposer à lui. Pour protéger le gamin et le vieil homme ? Il savait que les Eldar se pensaient comme les défenseurs d'un idéal de paix et d'harmonie, mais il avait toujours cru que ce peuple mystérieux préférait se soucier de ses propres problèmes que de ceux des simples mortels. Les créatures telles que lui n'étaient que poussière à leurs yeux.

Il ne comprenait tout simplement pas.

Pourtant, un élément décisif le poussa à se méfier davantage que de raison. Elle avait évoqué le nom de Nallus. Elle avait eu beau feindre de ne pas le connaître, elle avait spontanément abordé le sujet, et c'était déjà bien assez pour éveiller la suspicion à son endroit. Ses ordres, comme il l'avait indiqué à l'Elfe, étaient particulièrement stricts. On ne lui avait donné que très peu d'informations, mais il se souvenait encore très bien des mots de son supérieur : « elle est peut-être liée dans le complot de Nallus ». Ces paroles étaient gravées dans sa mémoire, et il n'avait pas le sentiment qu'il s'agissait d'une simple coïncidence. Il avait vu trop d'espions ennemis au cours de sa carrière pour encore croire à ce genre de choses. L'Elfe, quelles que fussent ses intentions, n'était pas aussi innocente qu'elle voulait bien le faire croire.

En la voyant essayer de négocier pour défendre les deux érudits, il comprit qu'il avait là une opportunité à exploiter, une faille dans sa garde qu'elle laissait délibérément ouverte, en espérant qu'il allait faire preuve de clémence envers les innocents. Cereis n'était pas un homme fondamentalement mauvais, et il ne prenait aucun plaisir à ce genre de choses, même s'il accomplissait son devoir avec un zèle louable. Lorsque l'occasion lui fut présentée de mettre un terme à cette affaire sans trop de vagues, il s'en empara sans la moindre hésitation.

- Très bien, madame, nous ferons ainsi. Relâchez-le.

Horas retrouva sa liberté, mais il était encore sous le choc, et il mit un moment à reprendre ses esprits. La scène qui se jouait ici était par trop inhabituelle entre ces murs pour que quiconque y fût préparé. A part Lithildren, naturellement. Cereis la dévisagea, lui faisant comprendre que son geste de bonne volonté exigeait une contrepartie de la part de l'Elfe, et qu'elle devait se soumettre au protocole.

- Si vous nous aviez suivi sagement dans un premier temps, nous n'aurions pas eu besoin de telles entraves. Cependant je serais plus rassuré en vous sachant attachée. Rassurez-vous, à cette heure Minas Tirith dort encore, et vous éviterez l'humiliation publique.

Maigre consolation, mais il s'agissait néanmoins d'un privilège rare. Elle aurait pu être arrêtée avec fracas par les autorités de la cité, conduite sans merci au milieu d'une foule ébahie qui l'aurait prise pour cible avec cruauté. Dans le contexte tendu de ces derniers temps, les espions et les traîtres suscitaient une rage populaire à nulle autre pareille. Le peuple de Minas Tirith cherchait les potentiels rebelles, et se méfiait comme de la peste des nouveaux venus en ville, dont l'allégeance n'était pas claire. La confiance était devenue rare, et les individus comme Mevan ou Erelas – qui accordaient du crédit aux propos d'une inconnue – avaient été marginalisés par la politique du général Cartogan. Cet homme exigeait une loyauté sans faille de la part de ses troupes, afin de maintenir l'ordre.

Toujours l'ordre.

Il n'y avait pas de place pour la sympathie, pour les sentiments ou pour les initiatives personnelles. L'obéissance était la clé de voûte de son armée, et il avait instauré une politique sécuritaire nouvelle et brutale à Minas Tirith qui, il fallait bien l'avouer, avait produit des résultats inespérés. La paix était revenue au sein des sept cercles, on ne parlait plus de sombres complots contre la personne du roi, et même les bandes criminelles qui avaient fait des premiers cercles leurs terrains de jeu avaient été repoussées et se dissolvaient comme des ombres à midi.

Lithildren fut donc attachée, mais de sorte à ce qu'elle ne sentît pas trop durement la morsure de la corde sur ses poignets. Une attention discrète que Cereis avait envers elle afin de lui montrer qu'il n'était pas là pour la faire souffrir inutilement. Il souhaitait simplement lui poser des questions. Ils s'éloignèrent donc rapidement de l'université, et prirent la direction de la caserne, qui se trouvait plus haut dans la cité, les obligeant à remonter progressivement le long du chemin unique qui serpentait à travers la capitale comme un serpent gigantesque enroulé autour de la montagne. Les rues étaient effectivement désertes à cette heure, et ils ne croisèrent ni commerçants, ni artisans, ni même les nobles les plus matinaux qui dormaient encore. Si quelque chose devait se dérouler, il n'y aurait aucun témoin.

Le malaise des soldats était perceptible, et Lithildren pouvait sentir leur tension qui s'exprimait par des contractions nerveuses qui se répercutaient jusque dans leurs doigts, et à travers le tissu sur les bras de la guerrière. Ils étaient concentrés, mais quelque chose les agitait, sans qu'il fût possible de dire quoi avec certitude. Tout à coup, Cereis bifurqua de la rue principale, et s'engouffra dans une artère moins exposée. Cela ne ressemblait pas au chemin de la caserne, à n'en pas douter, mais personne ne jugea utile de faire le moindre commentaire.

Cependant, alors qu'ils continuaient à progresser tranquillement vers des ruelles de plus en plus étroites, ils s'arrêtèrent. Leur route était barrée par une silhouette encapuchonnée qui se tenait trop loin pour pouvoir être identifiée avec certitude.

- Qui va là ? Fit Cereis en portant instinctivement la main à son arme, un réflexe qu'il avait conservé de ses nombreuses missions à l'étranger.

La silhouette s'avança légèrement, et rabattit le capuchon qui dissimulait son visage. Une pluie de cheveux blancs cascada autour d'un visage glacial. Des yeux pénétrants plongèrent dans celui du chef de troupe, et une voix résonna, pure comme le cristal et tranchante comme l'acier :

- C'est moi, Cereis. J'ai l'impression que tu t'es trompé de chemin.


- Neige, feula-t-il. Que veux-tu ?

La femme s'approcha de nouveau, de toute évidence insensible à la présence des deux hommes derrière Cereis. Ce dernier semblait agité… de la peur ? Oui, il avait l'air de craindre cette femme, et ce qu'elle pouvait lui faire. Leur faire. Il fallait s'en méfier, assurément.

- Ton ordre de mission, Cereis. Que dit-il, précisément ?

- Cela ne te concer…

Le regard de Neige s'agrandit légèrement, et ce simple geste suffit à faire regretter au guerrier ses velléités de résistance. Il tira de sa poche un document soigneusement plié et cacheté, qu'il tendit à la femme aux cheveux blancs. Celle-ci s'en empara sans un mot, et le lut attentivement, indifférente à la nervosité presque palpable de tous les autres. Elle agrémenta sa lecture de nombreux « hm » pensifs, avant de reprendre :

- Je vais prendre en charge cette dame à partir de maintenant. Tu peux disposer, Cereis.

- M-Mais…

Un nouveau regard le figea sur place. Neige n'était pas d'humeur à plaisanter, ou à tolérer le moindre signe d'insubordination. Car oui, Cereis était bien son subalterne, et même s'il tenait ses ordres de tout en haut, il n'en demeurait pas moins sous sa direction. Il fit signe aux deux hommes, et ils firent demi-tour sans mot dire, s'éloignant d'un pas pressé pour cacher leur humiliation. Neige les observa s'éloigner au loin, avant de revenir à l'Elfe. Elle tira un poignard, et d'un geste sec fit tomber les liens qui l'entravaient.

- Je suis désolée pour tout ça. Vous arrivez à Minas Tirith dans une situation très particulière, je le crains. Vous êtes Lithildren, c'est bien ça ?

La question pouvait paraître anodine, mais elle en soulevait bien d'autres. Ce n'était pourtant pas le lieu pour en discuter. Neige était énergique, et elle savait rentabiliser son temps. Elle entraîna l'Elfe dans la direction inverse de celle où elle allait, pressant le pas pour éviter de croiser une patrouille par inadvertance. Son pas rapide ne favorisait pas la conversation, mais elle trouva néanmoins le temps de donner de brèves explications.

- Nous retournons à l'université. Je crains que vos amis ne fassent une bêtise si nous les laissons sans nouvelles trop longtemps.

Elle marqua une pause, avant d'ajouter :

- Il est curieux qu'ils aient pris fait et cause pour vous si rapidement, mais s'ils vous ont fait confiance, c'est que vous méritez sans doute que l'on vous écoute.

En arrivant dans les lieux qui avaient accueilli Lithildren, Neige et elle furent accueillies par le rire communicatif de Horas qui semblait immensément heureux de retrouver leur visiteuse. Son sourire s'étendait d'une oreille à l'autre, et il serra chaleureusement la main qui lui était tendue, manquant de danser sur place tant il trépignait d'impatience à l'idée de connaître le fin mot de cette affaire. Mais ce fut la réaction de Reinil qui fut la plus touchante. En voyant l'Elfe revenir, il s'était précipité vers elle et l'avait pris dans ses bras comme un fils retrouvant sa mère. Il la serra fort, avant de lâcher :

- Nous vous croyions perdue ! C'est un miracle !

Neige, qui se tenait tout à côté, afficha un sourire gêné. Elle ne savait jamais comment réagir quand les choses allaient bien… Peut-être parce qu'elle savait que tout allait basculer rapidement. D'une voix qu'elle voulait apaisante, elle demanda à Horas :

- Où pouvons-nous discuter tranquillement, monsieur ? Je souhaiterais m'entretenir avec cette femme.

#Reinil #Cereis #Horas
Sujet: Chasse à l'homme [Scénar' ouvert]
Radamanthe

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Chasse à l'homme [Scénar' ouvert]    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 11 Aoû 2017 - 17:25


Lorsque le Caporal Naesen entra dans la salle, il remarqua tout de suite que sa supérieure directe manquait à l’appel. Neige était reconnaissable en un instant à l’éclat de ses cheveux pâles, mais dans cette réunion, elle brillerait par son absence. Il n’y avait d’ailleurs que deux Capitaines du Service Secret de l’Arbre Blanc de présent. Il avait immédiatement reconnu les cheveux longs de Berton, qui  lui tournait le dos lorsqu’il était rentré mais qui avait fait volte-face à son arrivée, laissant à Naesen le soin de bien voir son visage. Il trouvait toujours que celui-ci avait une expression malsaine, presque perverse, avec un sourire en coin pas très rassurant.

Non loin se trouvait l’autre Capitaine présent. Valgren avait une petite moustache en brosse, blanche, témoignage de son âge avancé par rapport aux autres espions présents. Sa posture dégageait une expression de force et personne ne doutait qu’il fut encore capable de défier n’importe qui dans cette pièce. Non que qui que ce soit en envie. Ses petits yeux d’une pâleur de glace dégageaient une méchanceté sans commune mesure et Naesen savait très bien ce que Valgren était : une brute impitoyable. Décidément, les deux seuls Capitaines présents en ce jour faisaient fière allure…

Un rapide examen de la salle révéla à Naesen qu’en plus de ces deux-là, il y avait trois caporal, en se comptant lui-même, deux sergents et bien entendu le nouveau directeur du Service, Rhydon. Il remarqua également très vite que mis à part un des sergents et lui-même, tous les hommes présents avaient fait une carrière militaire avant de se lancer dans l’espionnage. Il était dont l’un des seuls à avoir toujours été un homme de l’ombre.


C’était loin d’être le cas de leur nouveau chef, qui, avait toujours été quelqu’un de visible. Rhydon les invita à s’asseoir, tandis que lui restait debout derrière le dossier de sa chaise. Il prit la parole immédiatement.

« Bien, je vais commencer par résumer les faits qui m’ont poussé à vous convoquer. Ce matin, un homme a tenté de s’introduire dans les appartements de l’Intendant. Il a échoué, mais a réussi à s’enfuir au nez et à la barbe de quatre agents et du double de gardes de la Citadelle. Ce n’était pas un inconnu, mais un vétéran du Service répondant au nom de Haimar. Il était en semi-retraite depuis un certain temps déjà, donc je doute que la plupart d’entre vous ne le connaissent bien, mais ceux de sa génération doivent s’en souvenir. »

Valgren hocha lentement la tête, les yeux fixés sur son chef. La première pensée qui traversa l’esprit de Naesen était que le Capitaine ne devait certainement pas aimer beaucoup cet intrus. Mais à bien y réfléchir, Valgren ne devait pas aimer beaucoup de monde.

« Haimar a choisi lui-même l’heure se retraite complète en disparaissant au Harondor. J’appelle cela une désertion. Il doit s’en rendre compte lui-même car il a fui lorsqu’il a été repéré. Je cesse donc définitivement de le considérer comme un des nôtres. Nous ne savons pas ce qu’il complote. Mais nous avons quelques idées… »

A ce moment, Rhydon sortit un parchemin, qu’il posa sur la table en invitant les espions présents à le faire circuler.

Spoiler:


« Cette lettre a été interceptée il y a deux mois à l’université de Minas Tirith. Il est évident que ce n’est qu’un fragment et qu’elle est rédigée de manière codée. Nous ne savons pas à qui elle était adressée mais l’écriture correspond à l’homme que nous recherchons.  Tant que nous ne savons pas ce qui se trame, mes ordres sont de le capturer vivant… pour le moment. Un agent est déjà mort en le poursuivant, je ne tolérerai pas davantage de pertes dans notre camp. »

Le directeur du Service se tut un moment pour laisser le temps à ses subalternes de saisir ce qui signifiait ces mots. Le message était clair. Tant que la menace était inconnue, les consignes étaient de capturer le renégat pour l’interroger. Mais s’il lui prenait à nouveau de tenter de résister, leur réaction était écrite : éliminer la menace.

« Autre chose… L’agent Vermote a outrepassé mes ordres lorsqu’il a tenté d’appréhender l’intrus seul. J’avais bien précisé qu’au vu des prouesses martiales du déserteur, il ne fallait pas le confronter seul. Nous aurions peut-être pu l’avoir s’il avait attendu… Vermote est jeune et prometteur, mais surtout influençable et tête-brulée. Il l’avait déjà montré par le passé, et encore à nouveau. Capitaine Berton, je compte sur vous pour que ça ne se reproduise plus… »

***

Non loin de là, dans un bâtiment au fond des Maisons de Guérison, un homme gisait dans son lit et tentait péniblement de trouver le sommeil. Il était dans une annexe de l’antre des guérisseurs de Minas Tirith que peu de citoyens pouvaient se targuer d’avoir vu. Cette salle, qui n’avait à l’évidence jamais été rénovée et n’était pas très grande, était réservée à ceux qui servaient le Gondor dans l’ombre.

L’agent Vermote avait toutes les peines du monde à trouver une position dans laquelle son corps ne le fasse pas souffrir. Il avait manifestement plusieurs côtes cassées, et son dos, qui avait été projeté contre un mur violemment lui faisait horriblement mal. Son nez était certainement cassé lui aussi, et une ecchymose formidable autour de l’œil gauche. Non vraiment, il n’aurait jamais dû sous-estimer l’intrus. Le vieillard l’avait terrassé en trois mouvements.

Et en plus de s’être fait humilier par un homme de trois fois son âge au moins, Vermote avait désobéi aux ordres de leur nouveau chef. Ce dernier les avait pourtant bien averti que l’intrus ne devait pas être sous-estimé mais comme souvent, le jeune homme n’en avait fait qu’à sa tête et était intervenu dès qu’il l’avait vu, persuadé de pouvoir facilement le maîtriser. Et quel résultat : il avait été battu à plate couture, l’intrus avait averti de l’arrivée des agents et avait pu s’enfuir par la fenêtre et un de ses collègues avait fait une chute fatale en tentant de le suivre. Berton, son supérieur direct, allait certainement lui passer une fameuse correction.

Mais à ce moment même, Vermote ne s’en souciait pas trop.  Il était jeune et avait la tête dure, si bien qu’après son affrontement express, il n’avait été qu’à moitié assommé. Il s’était bien gardé de bouger pour éviter de se faire achever, mais il avait entendu des bribes de conversation. Et nettement les dernières paroles de l’intrus : « Cartogan n’est pas celui qu’il dit être… »

C’était une information capitale qui mettrait ses échecs au second plan. Il imaginait déjà la tête que son maître allait faire en apprenant ça. La chasse à l’agent renégat prendrait une nouvelle tournure.

***



« Cartogan n’est pas celui qu’il dit être… »


Dans une demeure du quatrième cercle, Neige, Capitaine de l’Arbre Blanc demanda à sa sœur de répéter une nouvelle fois les paroles de l’étrange intrus qui l’avait bousculée alors qu’ils cherchaient tous les deux à rencontrer l’Intendant. Vedraï était venu aussitôt voir l’espionne plutôt que de se rendre chez Alcide. Elle avait bien compris que Neige ne semblait pas porter Cartogan dans son cœur, et particulièrement son ambition de contrôler toutes les branches armées du Royaume, y compris le service secret.

Si ce que le vieil homme avait dit était vrai, c’est que son intuition était la bonne. Si le général cachait quelque chose de louche, il fallait découvrir quoi à tout prix. Cela leur permettrait peut-être  de convaincre leur oncle l’Intendant qu’il ne fallait pas laisser tous les pouvoirs à Cartogan… Si ce n’était pas pire ! Le vieillard avait l’air paniqué. Pour s’enfuir ainsi, c’était peut-être quelque chose de très grave…

Mais l’homme allait bien sûr être traqué pour tout le Service de l’Arbre Blanc. Que se passerait-il s’ils le trouvaient avant elle ? Après tout, Rhydon était devenu le directeur du service entièrement grâce à l’appui du général… A quel point son nouveau chef était-il loyal envers le général ? Révélerait-il s’il obtenait des informations gravissimes sur celui-ci ? Ou bien le couvrirait-il ?
Neige ne pouvait pas prendre le risque. Elle devait absolument trouver l’intrus avant le reste du Service. Ce n’était plus une simple querelle à propos de la direction du Service. Il en allait potentiellement de l’intégrité du Royaume.  Mais comment faire ? Elle ne pouvait pas compter sur aucun de ses collègues, de peur de les compromettre… ou de se faire trahir. Sa sœur Vedraï avait un esprit d’aventurière, mais elle était sans défense et elle ne connaissait pas la Cité Blanche, où elle venait d’arriver seulement.

Si elle voulait réussir, elle allait devoir trouver de l’aide ailleurs.


HRP : J’ai mis du temps à suivre par rapport au dernier post, mais celui-ci ouvre officiellement ce scénario. Comme vous l’aurez compris, il s’agira d’une sorte de chasse à l’homme pour retrouver en premier ce mystérieux vétéran qui prétend détenir un terrible secret à propos du général Cartogan.
N’hésitez pas à me MP si vous êtes intéressés pour participer !


#Berton #Vermote
Sujet: Une nouvelle Tête
Radamanthe

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une nouvelle Tête    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 7 Juil 2017 - 21:02

« C’est ridicule… Complètement ridicule ! »

Un bruit de raclement de chaise suivi d’un choc sourd contre le sol accompagna la voix cristalline de la jeune femme. Elle s’était levée avec tellement de précipitation qu’elle avait envoyé valser en arrière la chaise sur laquelle elle se prélassait tranquillement quelques minutes plus tôt. Un gobelet en métal se stabilisa finalement sur la table, non sans que plusieurs gouttes de son contenu pourpre ne s’en soient échappées pour venir tâcher la nappe d’un beige déjà sale. Il s’était mis à valdinguer dans tous les sens lorsque Neige avait violemment frappé la table des deux mains.

Son collègue qui venait d’entrer dans la pièce et de lui annoncer la nouvelle lui fit signe de se calmer avec un geste bref et acheva de fermer la porte, avec un air de conspirateur. Neige s’était à peine calmée le temps que Naesen assure leur isolation sonore et elle reprit aussitôt, d’une voix plus forte. L’espion était abasourdi. Jamais il n’avait vu sa collègue perdre son calme de cette façon.

« L’armée n’a jamais interféré avec le Service… Nous avons toujours eu une hiérarchie à part… »

La jeune femme aux cheveux blancs vint se planter devant son collègue. Malgré qu’il soit de quinze ans son aîné, Naesen avait un grade en moins qu’elle, pourtant il avait toujours eût respect et admiration pour Neige et son efficacité légendaire. Rare femme membre du Service et la seule à porter le rang de Capitaine, ce n’était un secret pour personne que leur ancien directeur  la considérait comme son meilleur élément. Lorsqu’était venue se porter à six pouces de lui, les bras croisés, les dents crispées, l’homme pouvait voir à loisir toute la fureur qui animait son regard. S’il était clair qu’il y avait toujours eu une subtile rivalité entre les espions et l’armée, à l’instant présent le Caporal jugeait préférable de ne rien répondre du tout.

« Merde, Naesen, dit quelque chose, quoi ! Tout le monde sait de qui Rhydon tient ses ordres ! Le général intervient encore dans des affaires qui ne le regardent pas ! Personne n’acceptera d’être traité comme l’armée régulière ! »

Neige réfléchissait à toute vitesse et comptait dans sa tête. Et plus elle comptait, et plus se rendait compte à quelle point la dernière phrase qu’elle venait de prononcer était fausse. Elle avait à peine trente ans, et pourtant elle se rendait maintenant pleinement compte à quel point elle était de la vieille garde. Tellement de recrues initiales de la Tête avaient quitté le Service et avaient étés remplacés par d’autres à la formation militaire. D’un réseau d’espionnage, on était passé à une unité de forces spéciales. Et voilà que cette unité passait dans les mains de Cartogan. Elle avait peur de la manie du général de tout vouloir contrôler. Autant de pouvoir détenus par un seul homme, ce n'était pas bon. Mais qui partagerait son avis ?

Nârwel Rusk-Iâr les avait abandonnés par acquis de conscience, après une cinglante divergence d’opinion entre lui et elle lors d’une mission. Ce vieux filou d’Artegor avait été débauché par Radamanthe lorsque celui-ci s’était établi au Harondor. Les dernières nouvelles le disaient mort à Dur’Zork. C’était probablement aussi le sort qui avait échu au jeune et prometteur Eaoden. Son estomac se nouait chaque fois qu’elle songeait qu’ils n’avaient aucune nouvelle de sa dernière mission. Elle l’avait recruté elle-même.

Il y avait aussi les autres qu’elle ne connaissait que par les rapports auxquels son rang de Capitaine donnait accès. Le dossier de Nathanael disait qu’il avait été recruté par Gilgamesh en personne. Elle osait espérer qu’il ferait partie de ceux qui ne verraient pas son remplacement d’un bon œil. Elle n’avait cependant aucune idée d’où se trouvait le conteur en ce moment. Et puis il y avait les autres, bien sûr. Berton était un ancien de la milice. Ce Capitaine avait gagné pas mal d’influence récemment, et il ne pouvait être que le genre d’homme à se réjouir de l’intégration du Service dans l’armée régulière.

« Bon sang Naesen ! Ils remplacent Gilgamesh par Rhydon ! Par Rhydon, merde ! Tout ça alors qu’on ne sait toujours pas si Gilgamesh… si il… »

Sa voix se brisa mi-cri. On ne savait toujours pas si Gilgamesh était vivant ou mort. Cela faisait près de deux ans déjà qu’il avait disparu sans laisser de trace. Elle avait enquêté bien sûr. Elle était pratiquement sûre qu’il était derrière l’évasion du Comte Skaline. Mais après, plus aucune trace. Son enquête avec le hobbit Etelion lui avait l’existence d’une organisation secrète luttant contre l’Ordre de la Couronne de Fer. Son instinct lui disait que c’était précisément pour combattre cet Ordre à sa manière que Gilgamesh avait disparu. Était-il possible qu’il fût un Passeur d’Etoiles ? Mais si c’était le cas, pourquoi ne l’avait-il pas directement recrutée, elle ? N’avait-il pas entière confiance en elle. Cette seule pensée la blessait énormément. Et maintenant que l’Ordre avait été vaincu, pourquoi n’avait-il pas réapparu ? Cela signifiait-il qu’il était tombé au combat ?

Autant de questions sans réponses qui laissaient Neige se perdre dans ses pensées. Elle fut cependant extirpée de ses rêveries par le fracas d’une porte s’ouvrant à la volée. Lord Rydon venait de faire son entrée dans la pièce. De taille moyenne, il était entièrement de noir vêtu. Ses cheveux, noirs également, étaient coupés courts et plaqués en arrière. Sa barbe était taillée avec précision, et il ne souriait pas. Tout chez cet homme évoquait la rigueur militaire.


« Capitaine ! Je vous demanderai d’arrêter de hurler. Dois-je vous rappeler que nous sommes un service secret ? Grâce à vos éclats de voix, je suis certain que la moitié des trois derniers cercles est maintenant au courant de ma nomination à sa tête… »

Neige se raidit instantanément et serra les dents. Elle posa les paumes de ses mains sur la table à côté de laquelle elle se trouvait et inspira profondément, comme pour se calmer. La jeune femme décida que le mieux était encore de ne rien répondre, et elle se contenta de fusiller son nouveau supérieur du regard. Ses yeux d’un bleu glacial trouvèrent les yeux sombres de Rhydon qui, sans sourciller, déclara :

« Caporal Naesen, dehors. »

Celui-ci ne se fit pas prier et s’éclipsa aussitôt. Alors qu’il passait la porte, il tenta d’adresser un petit sourire désolé à Neige, mais celle-ci ne le remarqua même pas. Ses yeux n’avaient pas décollé de Rhydon. Celui-ci reprit la parole aussitôt que Naesen eut quitté la pièce.

« Je comprends votre frustration. Vous n’êtes pas un mauvais élément, Capitaine. Vous avez toujours été la favorite de notre ancien Directeur. Naturellement, cela a dû vous mettre  des idées en tête... Comme l’idée que vous lui succéderiez… Mais cela ne se passe pas comme ça.  La jalousie ne vous… »

« Je ne suis pas jalouse ! Je n’ai jamais revendiqué la direction du Service ! Je ne comprends pas pourquoi… »

« La jalousie ne vous mènera nulle part. » reprit le Directeur comme s’il n’avait jamais été interrompu. « Pas plus que les connections familiales… Peut-être avez-vous imaginé que c’était dans la poche après la nomination de votre oncle ? Vous êtes peut-être sa nièce, mais illégitime avant tout… L’Intendant a approuvé sans hésitation la proposition du Général pour ma nomination. »

« Je ne veux pas diriger le Service ! » s’écria Neige en recommençant à crier. « Je ne comprends pas pourquoi on a besoin de vous nommer à notre tête, Rhydon, alors que nous avons aucune preuve de la mort de Gilgamesh ! »

L’homme en noir esquissa un rictus nerveux qui s’apparentait plus à une grimace de dégoût. Il foudroya la jeune femme du regard.

« C’est Lord Rhydon, maintenant. Ou Directeur. Et franchement, j’attendais mieux de vous, Capitaine. Etes-vous devenue complétement sotte ? Gilgamesh a disparu depuis deux ans, ça ne vous suffit pas comme preuve ? Vous êtes trop âgée pour croire aux contes de fée… votre vieux mentor ne reviendra pas ! Et quand bien même il reviendrait, je ne vois pas pourquoi il récupérerait sa place. Sa gestion de ce Service était tout du moins anarchique… Certains préféreraient le qualificatif catastrophique. Il est temps que quelqu’un remette de l’ordre dans ce foutoir… Manifestement le vieux fou n’en était pas capable. »

L’insulte avait à peine fini de retentir dans l’air que Neige avait déjà bougé. En un éclair, elle se trouvait en Rhydon, à cinq pouces de son visage. Elle était aussi grande que lui, si pas davantage, et elle le foudroyait du regard avec une fureur froide. Par deux fois elle ouvrit la bouche avant d’arrêter aussitôt en grinçant les dents. Elle savait que si elle répliquait maintenant elle allait le regretter.

« Il est grand temps que quelqu’un instaure un peu de discipline ici... Combien de désertions, combien d'échecs faut-il avant que quelqu'un s'occupe à redresser la barre? Et qui mieux qu’un militaire comme moi pour rétablir l'ordre ? Vous vous emportez suite à votre prétendue indépendance par rapport à l’armée mais vous ne voyez pas que la meilleure chose qui puisse arriver à ce service, c’est qu’il s’inscrive dans la hiérarchie établie par le Général Cartogan ! »

C’était Rhydon qui criait maintenant. Au prix d’un effort surhumain, Neige parvint à esquisser ces deux phrases, sur le ton d’un murmure :

« A l’époque de Radamanthe, nous dépendions de l’Intendance… Nous n’avons jamais été liés à l’armée… »

« Et Radamanthe était un bourreau ! Votre noble oncle n’a manifestement pas envie de se mêler aux travailleurs de l’ombre et il est parfaitement heureux de laisser le sale boulot au Général ! Maintenant, Capitaine, j’espère bien que c’était la dernière fois qu’il vous prend de contester ma nomination, ou vous le regretterez ! »

Rhydon agita un doigt menaçant devant ses yeux, la foudroya une dernière fois du regard avant de tourner les talons et de disparaître par où il était arrivé.

Neige resta un instant silencieuse après son départ puis laissa libre court à sa fureur. D’un geste, le gobelet qui avait si péniblement retrouvé son équilibre quelques minutes plus tôt fut fracassé au mur. L’espionne poussa un long soupir. Elle ne pouvait pas croire qu’Alcide avait approuvé cela. Elle devait lui faire changer d’avis. Comment l'Intendant pouvait-il laisser absolument toute la force de frappe du Royaume dans les mains d'un seul homme ? D'un homme avec des idées aussi arrêtées que le Général ?
Mais la bâtarde se rendait bien compte qu’elle n’avait jamais été particulièrement proche de son oncle. Elle avait passé très peu de temps à Linhir et même durant son enfance, le diplomate était souvent en mission à l’étranger. Et bien sûr, il y avait le fait qu’Alcide ne la voyait que comme la fille illégitime de son frère. Il y avait cependant peut-être une solution, se dit Neige. Elle avait une sœur, parfaitement légitime et qui était justement réapparue à Minas Tirith quelques mois plus tôt...Ce n'était pas un cadeau la mêler à ça, mais elle jugeait que retrouver l'intégrité du Service était une priorité absolue.

Elle avait un plan. Neige se précipita hors de la pièce, non sans claquer la porte aussi fort qu’elle le puisse.


#Naesen
Sujet: [Passé] Des Doutes de Pirates
Reznor

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Rechercher dans: Le Port de Harlond   Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Passé] Des Doutes de Pirates    Tag neige sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 25 Juin 2017 - 23:24

23 Mars de l’An 301 du quatrième Âge, 7 jours après le mariage d’Aldarion et Dinael

Où qu’elle aille, dans n’importe quelle direction qu’elle se dirige, Vedraï sentait le poids des regards se tourner vers elle. Certains la dévisageaient ouvertement, d’autres lui lançaient des petits regards furtifs, tandis que d’autres encore attendaient qu’elle ait tourné la tête pour l’observer à loisir derrière son dos. Il fallait dire que depuis le coup de théâtre qui avait suivi l’arrestation du pirate Reznor, la jeune femme était un sujet de prédilection à la cour du Roy de Gondor.

Il y avait ceux, et c’était les plus nombreux, qui se contentaient de trouver incroyable que la nièce de l’Intendant réapparaisse vivante des années après avoir disparu. Et prisonnière d’un bateau pirate qui plus est ! Par les Valar, quel sacré calvaire devait-elle avoir vécu… Il y en avait d’autres qui faisaient part d’une animosité à peine voilée envers la jeune femme. Ceux-là semblaient considérer que c’était par sa faute que l’on avait dû libérer le Capitaine Reznor, qui aurait fait un otage précieux. Ces partisans de la guerre totale avec Umbar en voulaient aussi à son oncle, qui, d’après eux, n’aurait jamais dû accepter l’échange proposé par le pirate. Vraiment, cette Vedraï n’en valait pas la peine.

Il y avait également ceux qui regardaient la jeune noble avec le plus grand intérêt. Elle était après tout célibataire et ma foi fort jolie. D’une noblesse et d’une fortune correcte, cela suffisait de faire d’elle un parti intéressant. Mais bien sûr, le plus important était le fait qu’elle était la nièce du nouvel Intendant de Gondor. Tous ces nobles t estimaient qu’un mariage avec la belle Vedraï, pour eux-mêmes ou pour leur fils, était le meilleur moyen d’entrer dans les bonnes grâces du deuxième personnage du Royaume. Mais à vrai dire, tous ces gens-là, les intrigués, les fâchés, les envieux et les intéressés, Vedraï s’en fichait pas mal. Il restait une dernière catégorie qui la préoccupait nettement plus. Il s’agissait des gens en qui résidait le vrai pouvoir. Ceux qui allait immanquablement s’intéresser à son cas et avec lesquels chaque interaction serait comme marcher sur des charbons ardents, car le moindre faux pas l’enverrait droit au bûcher.

Parmi ceux-là, l’homme qui était le plus proche d’elle, de par ses liens familiaux, était aussi celui qu’elle craignait le plus, car en tant qu’Intendant son oncle Alcide était un des hommes les plus puissants du Gondor. Aussi avait-elle été quelque peu rassurée quand, le soir de l’échange, celui-ci s’était contenté d’échanger avec elle pendant un bref quart d’heure, avant de décréter que sa nièce devait être emmenée aux Maisons des Guérison pour s’assurer qu’elle était en bonne santé et qu’ils poursuivraient leur conversation le lendemain. Vedraï n’avait pas protesté, car elle n’avait aucun intérêt à sous-entendre qu’elle avait bien été traitée par les pirates, et cela lui permettait de peaufiner l’histoire qu’elle allait raconter à son oncle pour justifier sa disparition.
Les guérisseurs qui s’étaient occupés d’elle avait bien trouvé çà et là quelques cicatrices et traces de coups, vestiges de son passage dans la piraterie, ils avaient vite déclaré que la jeune femme était bien portante. Elle ne semblait pas non plus avoir subi de traumatisme, et ils la laissèrent rapidement seule dans sa chambre. Et, après une nuit sans sommeil qu’elle avait passé à s’inquiéter sur son sort, son oncle Alcide s’était présenté en milieu de matinée. Il était seul, ce qui fit grincer des dents à Vedraï. Elle aurait préféré raconté son histoire à toutes les personnes intéressées du premier coup. Moins de risques de se contredire.

Alcide s’était d’abord assuré que la jeune femme allait bien, et qu’il était on ne peut heureux de la revoir vivante, quelles que soient les circonstances, car il devait reconnaître qu’il ne l’espérait plus. Et bien sûr, après quelques échanges divers, le sujet s’était bien entendu porté sur ce qui s’était réellement passé.

« Je m’excuse, mon oncle… » avait commencé Vedraï. « Tout est ma faute. Rien de tout cela ne se serait passé si je ne m’étais pas enfuie de la villa d’Arzawa… »

Elle avait décidé d’opter pour une version qui n’était pas trop éloignée de la vérité. Pas question d’inventer un enlèvement ou quoi que ce soit de ce genre. Le risque était grand, car en admettant sa responsabilité, elle n’avait aucune certitude d’obtenir le pardon de l’Intendant. Elle commença à raconter qu’elle ne voulait pas d’un mariage arrangé avec un noble gondorien, qu’elle avait envie d’aventures. Et elle avait rencontré un homme, un Harondorim qui gagnait sa vie en escortant des caravanes de marchands. Elle en était tombée amoureuse et avait fugué pour le rejoindre. Elle avait parcouru le Harondor avec lui, jusque-là au moins son récit restait proche de la vérité.

« C’est à Al’Tyr que tout a basculé. Il y a eu des troubles dans la cité. Jamil s’est fait tuer. Je me suis retrouvée seule, sans argent, sans rien… Après plusieurs jours à mendier dans la rue, j’ai pu trouver une taverne qui voulait bien m’employer comme serveuse. Non mon oncle, ne vous inquiétez pas, pas ce genre d’établissement. La situation n’était pas glorieuse, mais je ne suis jamais tombée aussi bas. Je mettais péniblement quelques pièces de côté, dans l’espoir de pouvoir me payer une place sur un navire à direction du Gondor ou d’Arzawa… Malheureusement, le nouveau gouvernement d’Al-Tyr n’était pas favorable à la domination du Gondor… La plupart des échanges se faisait vers le sud. J’ai décidé de tenter ma chance par la route, vers Arwa, dans l’espoir de rejoindre Dur’Zork… »

C’est à ce moment-là du récit qu’elle s’était détournée de sa véritable histoire. Car depuis Al’Tyr, c’était directement Umbar qu’elle avait rejoint, avec une toute autre carrière à la clé. Elle avait poursuivi son récit, l’inventant maintenant du tout au tout. Fort heureusement, son oncle ne l’avait quasi jamais interrompue, se contentant que quelques exclamations et interrogations par moment. Et quand elle eut fini, la réaction d’Alcide rassura fortement la jeune femme. Il semblait n’émettre aucun doute la véracité de son histoire, et mieux, il ne lui gardait aucune rancune pour sa fuite. La joie de la revoir vivante semblait être le sentiment dominant auprès de l’Intendant. Il avait poussé un soupir de soulagement lorsqu’elle lui avait annoncé qu’elle n’avait pas été maltraitée par les pirates, qu’elle avait passé tout le voyage prisonnière dans une étroite cabine. Il ne parut même pas déçu quand elle lui dit que du coup, elle n’avait entendu aucune information intéressante fuiter dans des discussions de pirates. La seule chose qu’elle put lui raconter était que, une fois on l’on vint ouvrir la porte alors que les Seigneurs Pirates étaient en pleine discussion, elle avait entendu que Reznor comptait retourner directement à Umbar, mais qu’il devait déposer Yse à Al’Tyr où elle comptait rester un mois… mais elle n’avait pas entendu pourquoi…

Et le jour suivant, elle put compter sur son soutien en public, ce qui lui fit encore plus plaisir. D’abord lorsqu’un nobliau murmura derrière qu’on aurait jamais du l’échanger contre le pirate Reznor. Alcide, qui l’avait entendu, déclara haut et fort que Reznor importait quand Taorin croupissait toujours en prison. Au-delà, de la joie d’avoir été défendue par son oncle, ce fut le choc pour Vedraï. Taorin ? En prison ? C’était une nouvelle source d’inquiétude. Elle n’avait certes jamais échangé avec le Chien Borgne, celui-ci devait tout de même avoir entendu parler d’elle. Et que devait-elle faire ? Tenter de lui porter assistance discrètement, ou l’ignorer du tout au tout ?

Alcide intervint une deuxième lorsqu’une vieille dame au visage outrageusement maquillé vint à critiquer la tenue de Vedraï. S’il y avait bien une chose que celle-ci ne puisse concevoir, c’était de porter les énormes robes pleines de fioritures prisées par l’ancienne aristocratie. Heureusement, l’invitation surprenante de la reine Lyra au mariage avait importé avec elle la mode rhûnienne. Il n’était pas rare en Rhûn que les femmes s’habillent de façon plus masculine, avec des pantalons amples ou simplement une jupe par-dessus des braies classiques. De nombreuses gondoriennes s’étaient rapidement attribuées cette mode et, habituée à sa vie de pirate, Vedraï leur avait emboité le pas avec joie et soulagement. Après qu’ils se soient faits rabroués publiquement par l’Intendant, Vedraï n’avait plus vu ni le jeune noble, ni la vieille dame le lendemain à la cour.

Cependant, il y avait d’autres personnages importants avec qui elles n’avaient pas les rapports privilégiés qu’elle avait avec son oncle. Elle redoutait particulièrement Radamanthe. L’ancienne pirate se rendait bien compte que, même en ayant perdu la moitié du Harondor et sa capitale, même si les gens le raillaient derrière son dos, l’ancien bourreau restait un des personnages les plus puissants du Royaume. Entre la moitié de l’Emirat et la Principauté d’Ithilien, le territoire dirigé par Radamanthe équivalait, au niveau de la superficie, à la moitié du Gondor. Et l’Emir déchu n’avait aucune raison de l’aimer. S’il y en avait un qui devait être particulièrement furieux qu’elle ait été échangée contre la libération de Reznor, ça devait bien être Radamanthe. Ce dernier devait en effet certainement estimer que c’était à cause du capitaine pirate et de ses troupes, que Dur’Zork était tombée. En effet la manœuvre de Radamanthe au moment décisif de la bataille avait été astucieuse, et elle aurait pu lui valoir la victoire… si Reznor n’était pas arrivé du Nord-Ouest au moment opportun, à l’improviste comme à son habitude et ainsi prendre les forces loyalistes en tenaille. Et qui plus est, certains murmuraient qu’il y avait des tensions entre Radamanthe et son oncle Alcide. Le premier avait été lui-même Intendant, poste qu’il avait abandonné lorsqu’il avait acquis le titre d’Emir. L’Intendance était resté vacante plusieurs années, avant qu’Alcide reprenne le poste… peu avant que Radamanthe ne perde sa capitale. Si l’on ajoutait à cela que l’Ithilien, dont Radamanthe restait le Prince, était normalement liée à l’Intendance…
Vedraï comprenait bien que Radamanthe avait toutes les raisons de la haïr, et elle le craignait plus que tout. Elle savait que si elle laissait échapper la moindre information, que si l’Emir avait le moindre soupçon, il avait les moyens de creuser jusqu’à révéler son histoire au grand jour… et ça ne serait pas seulement elle mais aussi sa famille qui en pâtirait.

La première nuit, aux Maisons de Guérison, elle en était même arrivée à faire un nouveau cauchemar à son sujet. Elle revoyait sa face barbue, plaquée à quatre pouces de son visage, et l’Emir lui posait un milliard de questions, toujours plus proches de la vérité. Et soudain, il ôtait le cache-œil qu’il portait depuis l’escarmouche de l’enlèvement du fils de Méphisto, et à la place d’une blessure béante, il y avait une sorte de petit palantir, une pierre de vision, et Radamanthe s’écriait :

« J’ai tout vu ! Je sais tout de toi, Vedraï d’Illicis ! Je t’ai vu trahir ton pays et te vendre aux pirates ! Et pour ça, tu vas mourir !»


Heureusement, elle s’était réveillée avant de revivre la scène d’exécution de son premier rêve. Et la nuit précédente, elle avait pu dormir tranquille. En effet, elle avait appris que Radamanthe n’était plus à Minas Tirith. Il avait, parait-il prétexté une urgence pour repartir dans sa capitale de l’Ithilien. Mais on murmurait qu’il était entré dans une rage folle à la libération de Reznor, et qu’on avait entendus ses éclats de voix tard la nuit dans le bureau de l’Intendance. Il était parti au petit matin. Voilà qui avait le don de soulager Vedraï, mais la jeune femme était bien consciente que Radamanthe finirait tôt ou tard par revenir en la Cité Blanche, et là, elle ne pourrait pas éviter leur face à face.

C’était le deuxième jour qu’elle déambulait à la cour du Roy Méphisto, deux jours depuis l’échange fatidique, et Vedraï se rendait compte que même en l’absence de l’Emir, bien d’autres dangers guettaient. D’abord ce mystérieux général, Cartogan, qui, en tant que chef de l’armée, devait certainement avoir participé à l’arrestation de Taorin et Reznor ? Personne n’avait dit mot à ce sujet, mais elle en était convaincue. Elle devait même se méfier des marchands. On racontait que le maître de la Compagnie du Sud, Saemon Havarian, était un personnage louche, et faisait bien plus que du négoce. Tantôt on le disait au service d’Aldarion, tantôt de Radamanthe. Certaines l’apparentaient à des organisations dont Vedraï n’avait jamais entendu parler, comme la Couronne d’Enfer ou les Pêcheurs d’Etoiles. Mais la jeune femme n’avait aucune envie de mêler le vrai du faux, et se jura de rester bien loin de ce mystérieux personnage. Et puis il y avait ce visage familier qu’elle avait finalement aperçu dans la foule, après avoir passé deux jours à le guetter avec anxiété. A vrai dire, c’était grâce à ses cheveux, d’une couleur si particulière, qu’elle l’avait reconnue tout de suite. Sa demi-sœur, Valeraï. C’était, après tout, un peu à cause d’elle que Vedraï avait fugué. Par jalousie.

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Valeraï était l’aînée, mais avant tout elle était le fruit d’une aventure de jeunesse de leur père commun. Fille illégitime, elle était restée malgré tout à Linhir, avec ses petites sœurs de bonne naissance, du moins jusqu’à ses douze ans. Elle avait alors été envoyée à Minas Tirith, pour poursuivre son éducation, avait-on dit. Vedraï n’avait pas compris, à l’époque. Elle aussi continuait d’être éduquée, mais toujours à Linhir… Ce n’est que quelques années plus tard qu’elle avait saisi qu’il s’agissait d’une éducation particulière, car Valeraï avait été confiée au Service de l’Arbre Blanc.

Ayant disposé d’une éducation de noble, tout en ne pouvant prétendre à aucun titre, Valeraï était la candidate idéale pour entrer dans l’espionnage. Athlétique et aventureuse, Vedraï avait trouvé en elle une sorte de modèle. Et lorsqu’elle apprit ce que sa demi-sœur faisait réellement, elle s’était toujours dit qu’elle voulait suivre la même voix… jusqu’à ce que son père l’apprenne et mette fin à ses illusions. Vedraï était une d’Illicis, sa place n’était pas de faire les sales boulots du Gondor. La jeune fille ne l’avait acceptée bien sûr, et cette frustration avait joué un grand rôle dans sa fugue. Et voilà, que sa grande sœur apparaissait devant elle, dans un contexte différent cette fois. Car Valeraï faisait toujours partie de l’Arbre Blanc, et à en juger par son accoutrement, Vedraï jurait qu’elle devait faire partie des gradés. Elle portait une tunique noire dont les ornements en argent faisaient immanquablement penser à une tenue d’officier. Et elle ne se cachait pas, laissant penser que les basses besognes étaient depuis longtemps derrière elle.

« Vedraï ! J’avais peur de ne jamais te revoir… »

« Valeraï… Je n’en reviens pas moi-même d’être de retour en Gondor après si longtemps… »

« Quel bonheur de te retrouver, petit sœur… »


Elles s’installèrent dans une alcôve à l’écart et parlèrent pendant des heures. Cette conversation permit à Vedraï d’apprendre une foule d’informations importantes. Les circonstances de la mort de leur père Sylphide, lors de ce terrible affrontement aux confins du monde. Qu’il valait mieux ne pas appeler sa demi-sœur par son vrai nom en public, car ici tout le monde la connaissait sous le surnom de Neige. L’ascension de leur oncle au poste d’Intendant. Tous les développements qu’avait connus le Gondor depuis sa fugue. Mais le sujet le plus important fut bien sûr les aventures de Vedraï. Ce fut une épreuve terrible pour la jeune femme. Elle avait cette envie folle de raconter toute la vérité à sa sœur, mais elle se rendait bien compte que son métier était précisément d’interpeller les traîtres. Elle ne savait pas comment sa sœur aurait réagi à la vérité. Pouvait-elle compter sur leur proximité pour la protéger. Au final, Vedraï s’en tint à la même version qu’auprès d’Alcide, et mentit à celle qui était jadis sa confidente.

« … j’étais restée trop longtemps à Urlok et c’est ce qui a causé ma perte. La ville n’était pas prête à l’attaque des pirates. Ce fut un massacre. Une victoire totale et facile pour Umbar. J’ai été capturée, comme des centaines d’autres. J’ai honte Val’… J’avais peur d’être livrée à ses brutes. C’est moi qui leur ai révélé qui j’étais… Ils n’en même pas dû m’arracher cette information de force, je me suis offerte moi-même en tant qu’otage… C’est de ma faute si le capitaine pirate a été relâché… »

L’espionne s’était alors rapprochée de sa petite sœur et l’avait prise dans ses bras.

« Arrête, Vedraï, tu as fait ce qu’il fallait pour te protéger. Peu importe qu’on ait laissé partir ce Reznor. Si les pirates ne t’avaient pas capturée, tu errerais encore aux confins du Harad. L’essentiel, c’est que tu es là… »

Ce jour-là Vedraï avait regagné ses appartements toute heureuse d’avoir revu sa sœur et d’avoir longtemps échangé avec elle. Pourtant, plus tard le soir, c’est en pleurant qu’elle s’effondra dans son lit. Passée l’euphorie du moment, elle réalisait pleinement à quel point son existence allait être ardue. Tant de personnages à qui la moindre parole de travers pouvait provoquer sa perte. Radamanthe, bien sûr, le taciturne Cartogan et même le mystérieux Havarian. Mais surtout ceux qui étaient le plus proche d’elle, son oncle Alcide, le nouvel Intendant, et même sa propre sœur, l’espionne Valeraï.
Non, Vedraï ne se sentait pas prête à vivre une vie dans le mensonge.

Résumé:


#Reznor #Neige #Alcide
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